LES JOURS DE «DAKAR» SONT COMPTÉS
Le débat autour du statut de la ville de Dakar refait surface. Le ministre Oumar Guèye l’a encore invoqué dimanche lors de l’émission JDD sur iRadio

Le gouvernement ne cache plus sa volonté de mettre fin au statut de la ville de Dakar. Invité de l’émission Jury du dimanche (Jdd) sur iRadio, le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l'Aménagement des Territoires a indiqué que cette dernière n’avait plus sa raison d’être.
Le débat autour du statut de la ville de Dakar refait surface. Le ministre Oumar Guèye l’a encore invoqué hier lors de l’émission Jdd sur iRadio. Ce qui, à coup sûr, fera réagir les natifs et autres amoureux de la capitale qui n’avaient pas fini de montrer leur mécontentement quand Aminata Mbengue Ndiaye avait soulevé la question le 8 février 2020. La Présidente du HCCT déclarait qu’il fallait que le statut de la ville de Dakar évolue à l’image «des villes capitales politiques et économiques comme Yaoundé, Yamoussoukro, Douala, Lagos qui disposent d’un statut particulier à la hauteur de leur taille et à la dimension de leurs ambitions».
Si Aminata Mbengue Ndiaye était évasive dans sa proposition, d’aucuns s’étaient indignés en assimilant sa proposition à celle du journaliste Cheikh Diallo et Docteur en Sciences politiques qui laissait entrevoir en novembre 2019 que le maire de la ville de Dakar ne devrait pas être élu, mais nommé par décret présidentiel. Entre autres raisons invoquées, une gestion municipale sous tutelle de l’État en osmose avec le gouvernement au profit des Dakarois ; éviter la bataille autour du contrôle de la ville de Dakar. Quoi qu’il en soit, de nombreux Dakarois ne l’entendaient pas de cette oreille et avaient opposé leur niet catégorique à l’époque. Pour autant, le gouvernement semble ne pas baisser les bras dans son entreprise de faire disparaître la ville de Dakar.
«LA VILLE N’A PAS SA RAISON D’ETRE»
Le ministre des Collectivités territoriales a renouvelé cette intention hier lors de son passage à iRadio. Répondant à une question sur la tenue des élections locales, Oumar Guèye a indiqué que ce scrutin doit prendre en compte la deuxième phase de l’Acte 3 de la décentralisation. Non sans extrapoler pour s’interroger sur la place des villes dans le nouveau Code des collectivités territoriales. «Une entité ne peut être que Commune ou Département. Il y a cinq villes (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès) sur les 599 collectivités territoriales qui existent dans le pays. Donc, nous devons nous conformer au Code des collectivités territoriales, c’est-à-dire à l’existence de deux entités, la commune et le département », a défendu Oumar Guèye.
Pour le cas spécifique de Dakar, il indique qu’il est à la fois commune et département. C’est aussi, dit-il, une commune dont le périmètre, c’est d’autres communes. «C’est une situation hybride. Logiquement, si l’on s’en tient au Code général des collectivités territoriales, on aura un département de Dakar et ses 19 communes. Normalement, la ville n’a pas sa raison d’être. Ainsi, on ne parlera plus de maire de la ville de Dakar. Et il y aura un Président du conseil départemental », soutient-il.
A l’en croire, il n’y a rien de politicien dans cette affaire d’autant que ce sera valable pour trois autres communes dirigées par des membres de la mouvance présidentielle (Guédiawaye, Pikine et Rufisque). Le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l'Aménagement des Territoires a aussi fait état de la nécessité de corriger les incohérences territoriales. Le maire de Sangalkam de rassurer en indiquant qu’il n’y aura ni fusion, ni suppression de communes. «Les communes existeront, mais il y aura des corrections nécessaires. Il y a de grandes communes qui étouffent et qui n’ont plus de terroir. Elles ont des populations denses mais elles ont de faibles superficies. Donc, il faut envisager de pouvoir augmenter ces communes-là. Surtout qu’il arrive qu’on trouve à leurs côtés des communes avec de grandes superficies mais pas très peuplées. Il faut rééquilibrer et amener des corrections sur certains découpages effectués dans le passé», dit-il.
OUMAR GUEYE SUR LA TENUE DES ELECTIONS LOCALES : «Je ne peux m’engager à dire que ce sera en 2021 ou en 2022»
«Les élections vont se tenir de toute façon. Nous sommes dans un contexte de dialogue politique ; et ce sont les acteurs qui vont discuter de tout cela pour trouver des consensus. Puis, le dernier mot reviendra au président de la République. Nous sommes dans un monde de vitesse où tout le monde est pressé. Depuis que le Sénégal existe, les élections locales ne se sont jamais tenues à bonne date. Je ne dis pas que c’est une bonne ou une mauvaise chose. Mais dans le contexte particulier que nous sommes, on doit finaliser un certain nombre de choses. Nous sommes aussi dans un contexte d’Acte 3 de la décentralisation. Cette dernière a comme postulat d’organiser le Sénégal en territoire viable, compétitif et porteur de développement durable. Nous devons évaluer cet acte 3 avant d’aller à sa seconde phase. (…) Les élections locales auront lieu quand toutes les conditions seront réunies, quand les réformes nécessaires seront faites en conformité avec les consensus retenus par la classe politique. A partir de ce moment, le Président prendra une date pour aller vers ces élections locales. (…) Je ne peux m’engager à dire que ce sera en 2021 ou en 2022.»