«NOUS PARTAGEONS NOS FRONTIERES AVEC DES PAYS QUI ONT DE GRANDS DEFIS SECURITAIRES»
Pour l’ancienne présidente du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), Mme Aminata Touré , la problématique de l’extrémisme religieux dans le Sahel interpelle le Sénégal

Pour l’ancienne présidente du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), la problématique de l’extrémisme religieux dans le Sahel interpelle le Sénégal. Présidant le séminaire d’Africa Jom Center sur l’Etat de droit et l’extrémisme violent au Sahel, Mme Aminata Touré a affirmé en effet que c’est une question centrale puisque le Sénégal partage ses frontières avec des pays qui ont de grands défis sécuritaires.
Le Sénégal est pour le moment épargné par les attaques des extrémistes religieux. Pour autant, l’ancienne présidente du CESE pense que le pays ne doit pas s’endormir sur ses lauriers concernant cette question. Pour elle, c’est une question centrale parce que le Sénéga lfait partie du Sahel. «Et nous partageons nos frontières avec des pays qui ont de grands défis sécuritaires», souligne Mme Aminata Touré qui a présidé la cérémonie d’ouverture de ce séminaire de deux jours portant sur l’Etat de droit et l’extrémisme violent au Sahel.
Devant d’imminents chercheurs comme le Pr Mamadou Diouf de l’université de Colombia, Pr Fatou Sow Sarr, Pr Abdoulaye Bathily ou encore la ministre et historienne Penda Mbow, elle a indiqué qu’il est important aujourd’hui de réfléchir collectivement, chacun avec son expérience, pour des actions de préventions. Restant dans le même sillage, elle rappelle que ce sont les jeunes qui sont les plus visés par les extrémistes religieux. C’est pourquoi, signale-telle, il urge à travers l’Etat de droit que les jeunes, au même titre que les femmes, puissent participer économiquement, socialement et même politiquement à la gestion du pays. «Ils pourront avoir des actions dans les communautés pour sensibiliser parce que souvent, c’est le désespoir, la pauvreté qui les jettent dans les bras des mouvements extrémistes», souligne l’ancienne locataire de la Primature.
A l’en croire, il faut miser sur la prévention communautaire parce que les extrémistes n’utilisent pas des méthodes conventionnelles. En outre, elle a affirmé qu’il faut lutter contre la paupérisation extrême de la jeunesse et lui donner un espoir. Dans la foulée, l’ancienne ministre de la Justice plaide pour une régulation des réseaux sociaux. «Il ne s’agit pas d’arrêter Internet mais de réfléchir et de trouver ensemble une manière de régulation pour que les messages haineux et de radicalisation ne mobilisent pas les jeunes», préconise-t-elle tout en ajoutant que beaucoup de jeunes se sont radicalisés à travers les réseaux sociaux.
ALIOU TINE : «LA REPONSE A L’EXTREMISME RELIGIEUX N’INCOMBE PAS EXCLUSIVEMENT AUX ARMEES ET AUX FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE»
Pour sa part, le président d’Africa Jom Center, Aliou Tine, trouve que la déconnexion de certaines communautés qui se radicalisent ou adhèrent volontairement ou par contrainte à l’idéologie de l’extrémisme violent mérite d’être étudiée pour trouver les raisons profondes et souvent inexpliquées ou incompréhensibles. «S’il y a un aspect négligé, oblitéré ou subalterne des réponses et stratégies sécuritaires, figure un des aspects les plus importants et les plus complexes qui porte sur la guerre du sens dans un contexte politique et idéologique africain caractérisé par l’entropie, la perte de sens et une crise majeure de la représentation démocratique», renchérit l’ancien secrétaire général de la RADHO.
De son avis aussi, la question de la crise de la représentation démocratique, de la légitimité et de l’autorité de l’Etat ne doit pas être occultée dans la revue sécuritaire au Sahel, du fait de leurs effets sur la paix, la sécurité et la stabilité dans la sous-région. Pour lui, la réponse à ces questions n’incombe pas exclusivement aux armées et aux Forces de défense et de sécurité. «Par ailleurs, la lutte contre l’extrémisme violent doit se fonder sur l’hypothèse selon laquelle les sociétés qui offrent des emplois, des services publics et une éducation à tous leurs citoyens sont à l’abri de l’extrémisme», constate M. Tine avant d’ajouter : «D’où l’intérêt de mener un plaidoyer spécifique pour le respect des droits économiques, sociaux et culturels et du droit à un environnement sain, qui font aujourd’hui l’objet de violations permanentes et continues». Par ailleurs, il soutient que le chaînon manquant pour l’inclusion de la stratégie sécuritaire au Sahel, ce sont les acteurs de la société civile.