QUAND LES RETROUVAILLES MACKY SALL-IDRISSA SECK BROUILLENT LES CARTES
Sur le terrain, cette nouvelle donne politique a brouillé toutes les cartes au point que différents acteurs politiques ont perdu leurs repères.

Une nouvelle redistribution des cartes politiques s’impose à Thiès, suite aux retrouvailles entre le président Macky Sall et Idrissa Seck patron du principal parti de la cité du rail si l’on se réfère aux résultats des différentes élections qui se sont tenues depuis 2000, en l’occurrence le Rewmi. Sur le terrain, cette nouvelle donne politique a brouillé toutes les cartes au point que différents acteurs politiques ont perdu leurs repères.
«Idrissa Seck voit aujourd’hui encore son électorat s’effriter, se disloquer et migrer vers d’autres horizons où l’offre politique est réaliste, efficace et fondée sur l’égalité des chances et la poursuite de l’intérêt supérieur de la Nation. Il voit une classe politique locale émergente dont les rapports avec les Thiessois sont fondés sur le respect et la solidarité, l’accessibilité et l’échange et non l’égocentrisme et l’abandon».
Tel est le dur réquisitoire qu’avait dressé le député Abdou Mbow contre Idrissa Seck, lors de la rencontre d’évaluation par la coalition Benno Yaakaar de Thiès, des résultats provisoires des élections législatives de 2017. Des propos tenus donc dans un contexte marqué par une rude guéguerre politique entre le Rewmi et la coalition Benno Bokk Yaakaar au pouvoir, portée par l’Alliance Pour la République (APR) de Macky Sall. Mais aujourd’hui, le discours a totalement changé, suite aux retrouvailles entre le Président Macky Sall et Idrissa Seck. Les deux leaders partageant désormais le même camp, il doit forcément s’ensuivre une nouvelle redistribution des cartes sur l’échiquier politique local. Il faut dire que ces retrouvailles ont totalement brouillé les pistes. Avant cet accord entre Macky Sall et Idrissa Seck, qui a permis à ce dernier de revenir aux affaires et d’avoir des ministres dans le gouvernement, le Rewmi et Idrissa Seck ont toujours maintenu leur hégémonie politique dans la ville de Thiès depuis 2007 où ils battent régulièrement le parti au pouvoir, avec de grands écarts de voix. C’est pourquoi d’ailleurs les prochaines élections locales s’annonçaient rudes, car la mouvance présidentielle a toujours affiché sa détermination à inverser cette tendance, d’autant plus que les écarts avaient été fortement réduits lors des élections locales de 2014. C’est dans ce contexte que les deux camps s’étaient déjà retroussés les manches, en perspective des ces prochaines échéances. Mais aujourd’hui, beaucoup d’acteurs politiques, tant de Rewmi que de la majorité présidentielle ne savent plus sur quel pied danser, car ne sachant rien du schéma politique local que ces retrouvailles vont engendrer. En tout état de cause, à travers les nouvelles stations qu’il vient d’occuper, le Rewmi détient plus que jamais les cartes lui permettant de conforter sa position de première force politique de Thiès.
Dans la dynamique globale de ces retrouvailles et pour étendre ses tentacules, le parti présidentiel compte certainement sur le nouveau leadership incarné par Pape Amadou Ndiaye, ministre de l’Artisanat et de la Transformation du secteur Informel, requinqué par sa nomination perçue quelque part comme la réparation d’une injustice subie depuis 2012.
En effet, Pape Amadou Ndiaye fait partie des acteurs clés qui ont élargi la base affective du Président Macky Sall dans la cité du Rail, à travers sa politique sociale marquée surtout par un accompagnement efficient aux groupements de femmes. Mais chaque fois, les nominations lui filaient entre les doigts. Ce poste de Ministre de l’artisanat et de la Transformation du Secteur Informel sonne donc comme une réparation de cette injustice et lui permet de se repositionner sur l’échiquier politique local. C’est parce que ledit poste donne également une certaine légitimité et constitue un levier important de promotion politique locale et même nationale.
LE PDS SE POSITIONNE COMME PREMIERE FORCE POLITIQUE DE L’OPPOSITION
La jonction étant établie entre le Rewmi et la majorité présidentielle, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS) se positionne désormais comme la première force politique de l’opposition dans le département de Thiès. C’est en tout cas ce que laissent apparaître les résultats des élections législatives de 2017 auxquelles toutes ces forces ont participé. C’est finalement par une différence de voix de 28 381 que la coalition Benno Bokk Yaakaar avait battu Manko Taxawu Senegaal à Thiès à laquelle appartenait le Rewmi et qui en constituait l’âme à Thiès.
La coalition gagnante Manko Wattu Sénégal avec le PDS était arrivée en troisième position avec 19 892 voix, suivie du Parti de l’Unité et du Rassemblement (Pur) 13 573 voix. Aujourd’hui dans les habits de principale force de l’opposition selon ces résultats, le PDS décline ses ambitions. En marge du séminaire initié ce week-end par le collectif national des anciens de l’UJTL, Maguèye Sarr Adjoint au Maire de la commune de Thiès Est, membre du comité directeur du PDS et Secrétaire Général de la section communale de Thiès-Est, par ailleurs coordonnateur départemental du collectif, a été pour le moins clair. Il a affirmé : « Les libéraux se préparent aux prochaines élections locales. Nous comptons sur nos propres forces, mais nous ne rejetons pas les vrais opposants qui sont dans la même dynamique que nous.
Le Rewmi et l’APR sont des démembrements du PDS. Nous les avons formés et formatés, nous les avons pratiqués et nous les connaissons et donc ils ne peuvent pas constituer pour nous une équation et ils s’en rendront compte dans un avenir proche. La mobilisation lors de ce séminaire est rassurante pour nous et pour le parti, mais c’est aussi un avertissement pour le pouvoir et ses nouveaux alliés.
Thiès a toujours été le bastion du PDS, au premier rang des combats du parti et notre objectif est de remettre la ville à sa véritable place, c’est-à-dire sur les rails du progrès, du développement. La ville sera également le porte étendard qui permettra au candidat du PDS de gagner les élections de 2024. C’est dans ce cadre que les opérations de vente des cartes et de renouvellement des instances de base sont lancées.»