ENTRE 2008 ET 2018, 38,9% DES MALADES ONT DISPARUS
Selon le rapport 2020 de l’Alliance francophone des Acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques, la disparition des malades sous traitements est devenue une préoccupation majeure dans les pays d’Afrique au sud du Sahara

L’intensification du traitement antirétroviral (Tar) a entraîné une baisse substantielle de la morbidité et de la mortalité liées au VIH. Cependant, selon le rapport 2020 de l’Alliance francophone des Acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques (AFRAVIH), la disparition des malades sous traitements est devenue une préoccupation majeure de santé publique dans les pays d’Afrique au sud du Sahara. De ce fait, l’étude estime que des interventions innovantes sont nécessaires pour améliorer le diagnostic précoce et la rétention des PVVIH dans les soins dans le contexte sénégalais.
L’objectif de cette étude était d’identifier les facteurs prédictifs de l’attrition chez les adultes infectés par le VIH-1 dans les 12 mois après le début du traitement antirétroviral au Sénégal. En effet, l’attrition est le nombre de personnes qui sont soit décédées soit perdues de vue. Dans le but de mieux comprendre cette préoccupation majeure de santé publique, AFRAVIH a effectué une étude de cohorte rétrospective chez les adultes de 15 ans infectés par le VIH-1 ayant commencé un traitement antirétroviral entre janvier 2008 et décembre 2018, puis suivis pendant au moins 12 mois.
Sur les 20538 participants éligibles, 68,28% étaient de sexe féminin avec un âge médian de 38 ans. Globalement, renseigne-t-on, 7 997 personnes soit un taux de (38,9%) ont subi une attrition à 12 mois après le début du traitement. Alors que la couverture de la thérapie antirétrovirale s’étend dans le monde, il importe de comprendre pourquoi et comment de nombreuses personnes abandonnent le traitement. Sur une autre étude de cas réalisée sur un nombre total de 1853 patients naïfs montre que plus de la moitié des patients (63%) évoluaient dans le secteur informel et environ 10% résidait hors de Dakar. Et, l’indice de masse corporelle était pour un tiers des patients traités inférieur à 18,5 kg/m² à l’ouverture du dossier. Mieux, la moitié des patients était au stade III ou IV de l’OMS.
Chez les patients mis sous TAR, les facteurs associés significativement à l’attrition à 36 mois étaient l’âge, le sexe, l’IMC, le stade clinique et le taux de CD4, mais ces facteurs diffèrent selon que l’on s’intéresse aux perdus de vue ou aux décès. Sur l’ensemble de la période d’étude, les taux de rétention sont de 84%, 77% et 73% à 12, 24 et 36 mois, respectivement. Ces résultats, jugent-on dans le rapport, sont acceptables mais les pratiques doivent être évaluées et des efforts supplémentaires fournis pour arriver à un taux de 90%. Par ailleurs, dans un contexte de «Fast Track» pour l’atteinte de l’ambitieuse cible «90-90-90», le maintien des PVVIH sous TAR dans les soins est essentiel pour améliorer leur qualité de vie, réduire la mortalité liée au VIH et stopper la transmission dans la communauté.
Au Sénégal, où environ 62 % des PVVIH estimées sont sous TAR, la rétention dans les soins est un enjeu essentiel de santé publique au niveau national. En outre, l’AFRAVIH estime que pour faciliter les objectifs de rattrapage en 2020 de son plan de rattrapage lancé en 2018 pour accélérer les interventions vers l’atteinte des objectifs 90-90-90, il faut tenir compte des trois facteurs que sont : l’accès aux médicaments ARV et réactifs; les facteurs institutionnels et la faible couverture de la mesure de la charge virale.