AFFRONTEMENT ENTRE ELEVEURS ET PROMOTEUR AGRICOLE ÉVITÉ DE JUSTESSE
Dans la zone de pâturage du village de Balabougou, le pire a failli se produire

Les éleveurs et paysans du village de Nguéniène qui s’opposent à l’installation du projet agricole d’exploitation de melons ont failli en découdre avec les chauffeurs de tracteurs qui avaient commencé à labourer les 100 ha de pâturage que la mairie a attribués à l’entreprise espagnole. Finalement, les travaux ont été arrêtés. Les éleveurs qui ont repris provisoirement le site demandent l’intervention du président Macky Sall.
Dans la zone de pâturage du village de Balabougou, le pire a failli se produire. Heureusement que les chauffeurs de tracteurs chargés de labourer le périmètre litigieux ont fait machine arrière. Hier, vers 9h, au moment où les paysans étaient dans les champs pour la moisson du mil et que les éleveurs se trouvaient en brousse pour faire paître les bêtes, les bruits des machines ont attiré l’attention de la population du village de Balabougou situé dans la zone nord de la commune de Nguéniène. Constatant que les machines avaient commencé à labourer, certains villageois se sont vite mobilisés. Les autres, informés, ont aussitôt rappliqué sur le site. En un laps de temps, éleveurs et paysans ont pris d’assaut la zone pour s’opposer au démarrage des travaux. Face à la détermination des villageois, les laboureurs ont fait marche arrière.
Très remonté, Ndéné Diogoul, président des éleveurs du village de Nguéniène et par ailleurs président du foirail de ladite commune, a tiré à boulets rouges sur la mairie. Il estime qu’un responsable soucieux du développement de son terroir n’aurait jamais pensé à les exproprier de cette zone de pâturage qui constitue la seule surface qui reste aux éleveurs dans la zone nord. «Comment une telle décision at-elle pu être prise dans une zone qui ne vit que d’agriculture et d’élevage. Au prix de notre vie, nous n’allons pas laisser cet espace au promoteur espagnol. Vouloir nous prendre cet espace, c’est nous appauvrir. Donc j’en appelle à la responsabilité de l’Etat», lance le président des éleveurs de Balabougou.
Pour exprimer sa désolation, Mbade Sarr, habitant du village de Ndofane, déclare : «C’est surprenant d’apprendre que les travaux ont repris, alors que nous avions cru que ce problème était réglé par l’Etat. Le tiers de mon troupeau a passé l’hivernage ici, le reste a été conduit au Djolof pour éviter les divagations. On veut nous arracher la seule zone tampon qui nous reste et où nous gardons le bétail en période d’hivernage. Avant d’en arriver à ce stade, nous résisterons par tous les moyens qui sont à notre disposition. C’est pourquoi nous demandons au Président Macky Sall d’intervenir avant que cela ne soit tard», a lancé Mbade Sarr.
Pour défendre le périmètre pastoral, les éleveurs ont entamé un combat sur deux fronts : la résistance sur le terrain pour interdire tous les travaux et la résistance juridique. Révolté par cette affectation de terre, Mbagnick Diouf en appelle à l’intervention du président de la République. «Nous demandons au président de la République de se tourner vers nous les éleveurs. Aujourd’hui, nous sommes abandonnés à nous-mêmes et laissés à la merci d’une multinationale qui est de connivence avec la collectivité locale. Donc nous demandons au Président Macky Sall d’intervenir avant que cela ne soit trop tard», déclare-t-il.
A rappeler que les éleveurs de la commune de Nguéniène ont entamé, depuis trois ans, un combat contre la mairie sur l’affectation des terres qui constituent la seule zone de pâturage de la zone sud.