C’EST LA FETE DES SAINTS, PAS CELLE DES MORTS !
La Toussaint célébrée le 1er novembre 2021

La Toussaint fête de tous les Saints a été célébrée ce lundi 1er novembre par les catholiques du Sénégal mais aussi ceux du monde entier. Mais si nombre de nos compatriotes l’appellent la « fête des morts », c’est une erreur. La vraie « fête des morts » a lieu le lendemain, le 2 novembre, ce qui explique que le lundi d’après la Toussaint est devenu un jour férié dans plusieurs pays où le rite, copié sur la tradition romaine, a cours chez les populations catholiques locales. Et ce mardi 2 novembre était justement la fête où les chrétiens célèbrent les défunts qui ont été accueillis au Paradis par les Saints. Le 2 novembre, c’est Saint Hubert.
Selon les historiens de la religion chrétienne, le lundi d’après la Fête de tous les Saints est célébré pour les morts car les Saints qui ont accédé aux Cieux peuvent, par leurs prières de l’au-delà, intercéder auprès de Dieu pour que les défunts qui ont beaucoup pêché de leur vivant, qui n’ont pas accédé à la béatitude et qui sont destinés à durer en Enfer en soient extraits afin de rejoindre le Paradis éternel. C’est parce que le dimanche est un jour de repos, le Jour du Seigneur que les fidèles chrétiens, libres de toute activité professionnelle sont priés de profiter de cette journée pour visiter leurs défunts en leur apportant fleurs et guirlandes. Ceci expliquant cela, les profanes désignent donc le dimanche de Toussaint comme la fête des morts alors qu’il s’agit en réalité de la fête des Saints. Les prêtres et autres spécialistes de la religion en donneront des explications plus savantes (Ndlr : Voir texte sur l’origine de la Toussaint) mais, à l’occasion de cette célébration qui a eu lieu ce lundi 1er novembre 2021, votre journal préféré, Le Témoin s’est fait un devoir d’évoquer une des illustres personnalités historiques que l’on appelle Toussaint pour magnifier l’importance de cette date dans le culte chrétien. Il s’agit de Toussaint Louverture, à l’origine de l’indépendance de la Grande Île d’Haïti.
Toussaint Louverture, Général de France et libérateur d’Haïti
D’esclave affranchi, il se retrouve à la tête d’une armée
François-Dominique Toussaint Louverture s’appelait auparavant de Toussaint de Bréda à sa naissance comme esclave en 1743 dans une plantation sucrière du Cap Français, ville aujourd’hui connue sous le nom de Cap Haïtien. C’est la deuxième ville d’Haïti plus communément appelée Le Cap. On le présente comme le descendant d’un Roi du Dahomey, ce qui expliquerait sa vive intelligence et sa capacité à s’adapter aux situations les plus inattendues. Esclave domestique, il devient le cocher attitré de son maître, un anti-esclavagiste avant l’heure qui accepte sans trop se faire prier de l’affranchir alors qu’il avait 33 ans en 1776, année de l’Indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Marié à une femme noire libre, il s’installe dans une plantation avec quelques esclaves et gagne sa vie en produisant de la canne à sucre. Alors que la Révolution française bat son plein, un grand nombre d’esclaves des Caraïbes, à Saint-Domingue (futur Haïti) surtout, se soulèvent et sont vite rejoints par des hommes de couleur qui ne supportaient plus la captivité et la docilité face aux maître blancs.
Toussaint Louverture en fait partie. Leur chef, Georges Biassou, le remarque assez vite pour ses talents de guerrier intrépide et de négociateur hors-pair. Il doit d’ailleurs son surnom de L’ouverture (Louverture) à sa réputation de bravoure et sa capacité extraordinaire à « enfoncer des brèches». Toussaint, qui souhaitait que tous les esclaves de l’île soient libérés, discute avec le gouverneur de la partie espagnole de l’île (aujourd’hui connue sous le nom de République dominicaine) mais se rend compte très vite que ce dernier n’était pas prêt à lui accorder cette exigence. Il rejoint alors les Républicains alors qu’au même moment la France était en guerre contre l’Espagne à Saint-Domingue. Il quitte alors Biassou, qu’il trouve trop conciliant avec les Espagnols, et, avec ses hommes qui ont rejoint le camp des Républicains, il chasse les Anglais. Avec le grade de général de division, il devient gouverneur de la colonie française de Saint-Domingue. Il enfile les succès, s’empare de la partie espagnole de l’île et s’autoproclame Gouverneur général à vie en juillet 1801 avec la prérogative de désigner son successeur le cas échéant. Il s’était quelque peu éloigné de la France et administrait Saint Domingue à sa guise sans en référer à la métropole. Il conclut même des accords de commerce avec les États-Unis et la Grande Bretagne au grand dam de la France qui était ainsi prise au dépourvu. À Paris, le Premier Consul Bonaparte n’accepte pas les velléités autonomistes de Toussaint Louverture. Il envoie contre lui une puissante armée de 25 000 hommes sous les ordres de son beau-frère Leclerc.
Le 2 mai 1802, peu après la capitulation de la forteresse de Crête-à-Pierrot, Toussaint Louverture est battu et il accepte sa défaite. Il est arrêté le 7 juin suivant, à la suite d’une dénonciation de son lieutenant Jean Jacques Dessalines et déporté en France au fort de Joux, dans le Jura, l’un des endroits les plus froids de France. Victime du froid et du dénuement, il est victime d’une sévère maladie pulmonaire et il meurt en détention. Entretemps, à Saint-Domingue, les Noirs se sont une nouvelle fois soulevés et, sous la conduite de Dessalines et Christophe, vont avoir raison des troupes de Leclerc et Rochambeau.
Haïti proclame son indépendance le 1er janvier 1804 et devient ainsi la première République noire de l’histoire. Toussaint Louverture n’a pas eu le bonheur d’assister à cet événement historique, l’indépendance de sa chère île, mais c’est grâce à lui, à ses qualités de combattant et sa détermination à se détacher du joug colonial que cette occurrence est survenue.