CONDITIONS INHUMAINES AU CŒUR DE DAKAR
Situation des refugies au Sénégal, Ivoiriens, Libériens, congolais... plus de 18 réfugiés ont tiré la sonnette d'alarme sur les conditions inhumaines dans lesquelles ils sont.

Ivoiriens, Libériens, congolais... plus de 18 réfugiés ont tiré la sonnette d'alarme sur les conditions inhumaines dans lesquelles ils sont. Profitant de la journée mondiale des réfugiés qui a été célébrée partout, ils ont déploré le manque de considération du haut-commissariat des réfugiés (hcr) au Sénégal.
Loua Diomandé n’a pas été épargné par la vie. Fuyant la guerre en Côte d'Ivoire après l'assassinat de ses parents alors qu'il était étudiant, cet Ivoirien a atterri avec sa famille à Dakar après avoir séjourné en Gambie. Mais depuis 10 ans, il souffre le martyre, lui, son épouse et ses enfants. Comme lui, 18 autres réfugiés venus de la Côte d'Ivoire, du Liberia, ontfui leurs pays respectifs pour venir au Sénégal. Toutefois, force est de constater que leur calvaire continue à cause de l'insensibilité des autorités du Haut Commissariat des Réfugiés (Hcr) et du Sénégal. Logements, soins de santé, sécurité... Ces réfugiés vivent dans des conditions insupportables dans le quartier pourtant très huppé de Mermoz où est niché le siège du HCR.
Au Sénégal depuis 10 ans et laissés à eux-mêmes, ils s'entassent avec leurs enfants à l'intérieur de tentes en carton. «Nous profitons de la journée mondiale des réfugiés pour mettre en exergue notre situation de détresse au Sénégal depuis 10 ans et alerter la communauté nationale et internationale», a déclaré leur porte-parole Loua Diomandé qui insiste qu'ils ont été contraints de venir au Sénégal. Dénonçant le comportement des autorités du HCR, il a indiqué que ces dernières, au lieu de traiter leurs dossiers de manière légale, les ont poussés injustement vers le gouvernement sénégalais. «Elles ne devaient pas nous mettre en rapport direct avec les autorités du Sénégal», se désole le réfugié avec tristesse. A l’en croire, la responsabilité du HCR est engagée.
Fustigeant toujours l'attitude de ces fonctionnaires internationaux, il souligne que lorsqu'ils ont rencontré la représentante de cette institution le 23 septembre 2021, elle a tout fait pour les intimider. «Elle a dit que si nous ne quittions pas la devanture les locaux du HCR, elle allait nous chasser. Une menace qu'elle a mise à exécution en envoyant la gendarmerie nous déloger», révèle-t-il.
Sans emploi et à court de provisions, Loua Diomandé est revenu sur les difficultés auxquelles ils sont confrontés. «Nous vivons des situations très compliquées. Nos enfants n'ont aucun avenir et la situation s'empire. Et il n'y a que quelques bonnes volontés et Caritas pour nous venir en aide», souligne-t-il devant les journalistes.
Rappelons que la gestion de certains conflits, qui constituaient d’anciens foyers de production de réfugiés, n’a pas définitivement réglé la question de leur retour ou de leur installation durable dans leur pays d’immigration.
Le Rwanda, le Tchad, l’Angola, la Sierra Leone, le Liberia, la République démocratique du Congo (RDC) comptent encore des réfugiés hors de leurs frontières. Il faut ajouter à cette catégorie des réfugiés en provenance de pays aux régimes politiques autoritaires. Au-delà de cet héritage légué par les guerres civiles dans certains pays, de nouveaux foyers de tension ont vu le jour au cours des dernières années en République Centrafricaine, au Kenya, en Côte d’Ivoire.
Au niveau mondial, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) dénombre 60 millions de réfugiés et de déplacés. Selon son rapport publié en 2015, 425 000 personnes sont chaque jour poussées à fuir à cause des conflits, parmi lesquelles de plus en plus d’Africains depuis 2012. Ces chiffres augmentent rapidement et cette hausse se poursuivra dans les années à venir. Le rapport évoque une progression de 17 % pour l’Afrique subsaharienne.