DES DEPUTES METTENT DU POISSON POURRI SUR LE PLAT D’ALIOUNE NDOYE
Le passage du ministre des Pêches devant l’Assemblée nationale pour défendre le projet de budget de son ministère n’a pas été de tout repos pour ce dernier

Le passage du ministre des Pêches Alioune Ndoye devant l’Assemblée nationale pour défendre le projet de budget de son ministère n’a pas été de tout repos pour ce dernier. Il a été littéralement descendu en flammes par les députés de l’opposition qui ont déchiré les nouveaux accords de pêche signés avec l’Union Européenne et dénoncé l’attribution sauvage des licences de pêche. Alioune Ndoye a été également interpellé sur le nombre exact de personnes décédées en mer depuis la résurgence de l’émigration clandestine.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les députés n’ont pas raté hier Alioune Ndoye venu défendre le projet de budget de son ministère. Il a été pris à partie par les députés libéraux à l’image de Woré Sarr qui estime que le renchérissement des prix du poisson sur le marché local dû, en partie, à la maladie mystérieuse apparue chez les pêcheurs. Très en verve, elle a sommé le ministre Alioune Ndoye à dire le nombre exact des Sénégalais décédés ou portés disparus ces derniers mois à cause de l’émigration clandestine. Demandant à être édifiée sur le nombre de Sénégalais retenus actuellement aux îles Canaries, la députée libérale a égratigné ses collègues de la majorité qui ont voulu éclipser la question migratoire. Par ailleurs, Mamadou Diop Decroix qui avait initié une question orale sur les licences de pêche juge rassurante la volonté du ministre Alioune Ndoye d’échanger avec tout le monde. Seulement, souligne-t-il, cela ne suffit pas pour régler les nombreux problèmes liés au secteur de la pêche. «Il y a la problématique de la protection de la ressource et de la mer. Pour régler ces contraintes qui étranglent le secteur de la pêche, il faut mettre en place un Fonds national de modernisation de l’armement de la pêche», a-t-il soutenu.
De l’avis de Mamadou Diop Decroix, le ministre des Pêches et de l’Economie maritime devrait se saisir du problème avec les licences de pêche pour aller vers l’élaboration d’un nouveau code de la Pêche. Prenant la parole, Toussaint Manga trouve que la valeur dérisoire de la contrepartie financière rapportée par coup de tonnage de poisson prélevé par les navires de l’UE pendant 5 ans est un problème. «Il ne suffit que de diviser les 15.253.750 Fcfa de redevance payée par l’UE par la contrepartie de 58,75 tonne autorisée pour avoir le prix insignifiant auquel est cédée la tonne de poisson qui est à 259 euros soit 170.000 Fcfa la tonne. Ce qui revient à 170 Fcfa le kg de poisson. Quelle a été la base de calcul de la contrepartie», s’est-il interrogé. Pour Toussaint Manga, la signature d’un accord de pêche doit être basée sur des évaluations scientifiques récentes déterminant notamment le surplus qui correspond aux potentiels halieutiques que la flottille nationale n’est pas en mesure de pêcher. «Sur quelles données scientifiques le ministre s’est basé pour prendre sa décision de brader les merlus noirs qui sont considérés comme des espèces en surexploitation», se demande le jeune député libéral.
CHEIKH BAMBA DIEYE : «DE 1960 A NOS JOURS, TOUS LES REGIMES ONT ECHOUE SUR LE VOLET DE L’EMPLOI DES JEUNES»
En plus des sempiternels problèmes du secteur de la pêche comme les licences de pêche avec la Mauritanie, Cheikh Bamba Dièye estime que l’émigration clandestine est un autre mal qui touche les pêcheurs. «Quelle que soit la manière avec laquelle on veut gérer ce problème, l’émigration sonne comme un aveu d’échec pour nous tous et de quelque bord que l’on se situe. De l’indépendance à nos jours, les offres d’emplois n’ont pas suffi pour absorber l’énormité de la demande des jeunes en matière d’emploi», a indiqué le leader du Fsd/Bj. «Avec tous ces problèmes, l’Etat à travers son nouveau protocole de pêche signé avec l’UE est venu fragiliser davantage les jeunes. Pour arrêter cette tragédie que sont en train de vivre les jeunes, il est important d’adopter d’autres stratégies en développant, par exemple, des accords de pêche un peu partout avec nos voisins», affirme Cheikh Bamba Dièye.