LA POLICE DE MBOUR INDEXEE
Voilà une banale affaire de rafle qui vire au drame. Le jeune El Hadji Thiam qui avoisine la trentaine a succombé de ses blessures après avoir été victime d’une violence policière

L’affaire fait grand bruit à Mbour. Un jeune homme, avoisinant la trentaine et répondant du nom d’El Hadj Thiam, aurait été « tué » par des éléments du Commissariat Central de Mbour suite à des brimades que ces derniers auraient exercées sur lui après qu’il a été interpellé lors d’une rafle. Sa famille, se basant sur des témoignages recueillis auprès du défunt avant son décès, dénonce un assassinat et élève la voix pour que des poursuites pénales soient enclenchées contre les policiers. La mère d’El Hadj Thiam, inconsolable, lance un appel solennel aux autorités compétentes pour que le corps de son fils soit remis au plus tôt à la famille aux fins d’autopsie avant l’inhumation.
Voilà une banale affaire de rafle qui vire au drame. Le jeune El Hadji Thiam qui avoisine la trentaine a succombé de ses blessures après avoir été victime d’une violence policière. En effet, lors d’une patrouille, les limiers qui procédaient à une rafle, ont pourchassé un groupe de jeunes. Après avoir mis la main sur l’un d’eux répondant au nom d’El Hadji Thiam, ils l’auraient torturé. Le jeune homme, ne pouvant pas supporter l’atrocité d’une telle barbarie a finalement rendu l’âme après avoir été évacué à l’hôpital Grand Mbour puis à Thiès par la Police. Au quartier Grand Mbour où vit sa famille, c’était l’émoi et la tristesse. Sa mère, inconsolable, revient sur les circonstances dans lesquelles elle a vu son fils partir. «Le lendemain matin de son arrestation, je suis allée à l’hôpital GrandMbour et j’ai trouvé deux policiers avec lui. Ils m’ont dit qu’El Hadji est blessé et nous devons l’évacuer à Thiès. Avant que je n’arrive, les policiers avaient déjà fomenté leur coup. Lorsque nous étions au bord de l’ambulance, j’ai demandé à mon fils ce qui s’était réellement passé. El Hadji m’a dit qu’ils étaient en groupe, lorsque les policiers les ont pourchassés, il a été moins chanceux. Fauché, les limiers lui ont donné plusieurs coups de pied alors qu’il était déjà par terre. Mon fils les a suppliés d’arrêter puisqu’ils lui faisaient mal mais les policiers ont continué de le violenter » a raconté la mère de la victime. Selon Codou Guéye, qui continue de raconter la mésaventure de son fils, soutient que les policiers tortionnaires vont exercer la même violence jusqu’au commissariat. C’est là que le Commissaire est sorti et a demandé à ses éléments d’évacuer le jeune homme qui s’est tordu de douleur durant toute la nuit. Ce qui fait le plus mal cependant à cette mère éplorée, c’est que le corps d’ El Hadj Ibrahima Thiam est jusqu’à présent à la morgue de l’hôpital Grand Mbour.
La victime, originaire d’une famille modeste…
Pour cette pauvre dame, si l’affaire n’est jusque-là pas résolue et qu’une enquête soit ouverte après une autopsie, c’est parce que la victime est issue d’une famille modeste. Le père de famille est d’ailleurs convaincu qu’il y a bien une tentative d’étouffer l’affaire entre le Commissaire, le Médecin et le Procureur de Mbour. « Nous sommes d’une famille modeste. Nous sommes victimes d’une cabale du Commissaire, du Médecin et du Procureur qui veulent étouffer l’affaire. Je veux qu’on fasse l’autopsie de mon fils et je lance un appel pour qu’on fasse l’autopsie de mon fils car depuis vendredi, le corps est à la morgue de l’hôpital » a martelé Ass Thiam. « Mon fils est sorti pour aller au lieudit robinet Abdou Mané. Il ne souffrait de rien. Alors qu’il était avec ses camarades, les éléments de la police centrale ont surgi lors d’une rafle et les ont poursuivis lui et ses amis. Malheureusement, il était pris après une course poursuite. Un des policiers l’a fauché et il est tombé. Au lieu de l’attraper, les limiers se sont mis à lui donner des coups de pied. Ils l’ont traîné et l’ont amené au commissariat. Là, ils se sont rendu compte que l’enfant souffrait. Les policiers l’ont évacué à l’hôpital Grand Mbour puis à Thiès. Ils ont payé les analyses et la radiographie. Lorsque nous leur avons demandé de nous remettre les papiers, ils ont refusé. Après sa mort j’ai demandé l’autopsie mais ils m’ont instruit d’aller auprès du médecin légiste et ce dernier m’a retourné auprès du Commissaire. A la Police, le chef des lieux m’a dit qu’il va me donner un papier que je vais remettre au Procureur pour récupérer le corps. Avant de mourir, El Hadji a raconté à sa mère la torture qu’il a vécue. C’est le médecin qui l’a confirmé en soutenant que l’enfant a été battu» a pesté le pater, la mort dans l’âme, pleurant la perte d’un soutien de famille.
La famille va porter plainte pour que lumière soit faite sur cette mort suspecte.
Au vu de tous ces éléments, ElHadj Sarr, oncle du défunt, estime que le Commissaire de Mbour leur a raconté une histoire à dormir debout pour couvrir ses hommes. « El Hadji est décédé vendredi dernier. Nous sommes partis à la Police et nous avons rencontré le Commissaire dans son bureau. Après avoir lu le papier que nous lui avons remis, il nous rétorque que nous sommes arrivés tardivement et poursuit que c’est la Police qui l’avait arrêté suite à une opération de rafle. Nos éléments l’ont trouvé sur un mur et c’est de là qu’il est tombé. Nous l’avons amené au Commissariat et il a passé la nuit à se tordre de douleur mais nous avions cru qu’il faisait semblant parce que nous voyons des cas pareils. Finalement lorsque nous nous sommes rendu compte qu’il souffrait, nous l’avons évacué à l’hôpital Grand-Mbour dans le but de l’aider. Nous avons payé la radiographie et puis sa deuxième évacuation vers Thiès » a raconté l’oncle du défunt qui faisait partie de la délégation ayant rencontré le Commissaire. Indigné par ce discours du Commissaire, El Hadji Sarr continue de pointer un doigt accusateur sur la Police. Il souligne que l’adjudant de Police leur a juste présenté ses condoléances. « Il nous a dit que c’est la volonté divine et nous a présenté ses condoléances. Je lui ai rétorqué que c’est trop facile ce que tu nous racontes. Il s’agit d’une vie humaine. Donc c’est n’est qu’un début du combat. Les policiers du Commissariat central ont tué El Hadji » a-t-il martelé. Aujourd’hui, l’association Mbour Justice mène le combat aux côtés de la famille pour que la lumière soit faite sur cette affaire. La famille exige une autopsie avant d’entamer des poursuites judiciaires, convaincue qu’elle est que son fils a été tué.