LE SENEGAL RESTE DANS LA ZONE ROUGE AVEC 45 POINTS
L’étude sur la perception de l’indice de la corruption publiée par le forum civil, branche sénégalaise de Transparency International, hier 29 janvier, montre qu’il est resté toujours avec ses 45 points sur 100, une note en dessous de la norme (50/100).

Le Sénégal n’est pas un bon élève dans la lutte contre la corruption. L’étude sur la perception de l’indice de la corruption publiée par le forum civil, branche sénégalaise de Transparency International, hier mardi 29 janvier, montre qu’il est resté toujours avec ses 45 points sur 100, une note en dessous de la norme qui est de 50/100.
I l ressort de l’étude de l’indice sur la perception de la corruption menée par le forum civil, la section sénégalaise de Transparency international que le Sénégal n’a pas connu d’avancées sur sa note pendant ces dernières années. Avec ses 45 points, il stagne à ce niveau annuel depuis 2016, informe Birahim Seck. Il soutient dans ce sens que «le Sénégal a cessé de progresser et conserve son rang qui le maintient dans la zone rouge. C’est à dire, en dessous de la moyenne mondiale qui est de 50/100». Avec cette note de 45, le Sénégal est au 67ème rang sur 180 pays dans le classement mondial. Il est 8 sur 49 en Afrique.
Pour Birahim Seck, le Sénégal doit faire beaucoup d’efforts pour sortir de la zone rouge. Selon toujours, le rapport présenté par le forum civil, la stagnation du Sénégal dans la zone rouge après une période de progression est due à un affaiblissement de la volonté politique de lutter contre la corruption. Une absence qui se manifeste par la non transmission de dossiers relevés par les organes de contrôle à la justice que le Président de la République dit «mettre son coude», les réformes juridiques opérées, qui ne vont pas dans le sens du renforcement de l’indépendance des juges et les prolongations injustifiées de mandats ou d’activités au niveau des instances de régulation (juridictions ou autorités indépendantes).
La situation du Sénégal s’explique aussi selon le forum civil par l’arrêt de la politique de traque des biens mal acquis. Le « refus » de l’Inspection générale d’état (Ige) et de la Cour des comptes de publier des rapports d’audits et de redditions des comptes et la tiédeur de l’intervention de l’Office nationale de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), l’amélioration de la gouvernance sont d’autres manquements qui justifient la position du Sénégal, souligne le rapport. La quasi absence du ministère en charge de la bonne gouvernance du champ de la lutte contre la corruption, l’inexistence de commissions d’enquête parlementaire ou de traitement judiciaire de nombreux cas de mal gouvernance soulevés au Sénégal comme dans les affaires Bictogo, Pétrotim ltd, Prodac, la gestion du fonds de promotion féminine, justifient aussi selon le forum civil, le classement du Sénégal.
CLASSEMENT DES PAYS DE LA CEDEAO : Tous corrompus sauf le Cap-Vert
Parmi les 15 pays qui constituent la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), seul le Cap-Vert est en dehors de la zone rouge indique l’étude du forum civil. Il a un score de 57 points. Il devance le Sénégal de 12 points. S’agissant, en revanche des pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), ils sont tous dans la zone rouge. La meilleure note de l’espace est détenue par le Sénégal avec 45 points. Il est suivi du Burkina Faso (41 points), du Bénin (40 points), de la Côte d’Ivoire (35 points). Transparency International, en analysant les résultats de son étude en déduit que le Sénégal est à la 8ème place en Afrique. Il est précédé par Les Seychelles (66), le Botswana (61), le Cap-Vert (57), le Rwanda (56), la Namibie (53) et l’Ile Maurice (51) et le Sao Tomé et Principes (46). L’étude montre qu’entre le 1er africain (Seychelles) et le Sénégal, il y a un écart de 21 points.
SAISINE DU PROCUREUR SUR L’AFFAIRE DES 94 MILLIARDS, AUDIT DES AUTOROUTES ILAA TOUBA ET REFECTION DU BUILDING ADMINISTRATIF : Les recommandations du forum civil au Sénégal
La section sénégalaise de Transparency International recommande aussi à l’Inspection générale d’Etat (Ige), à la Cour des comptes, à l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) et à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp) de publier les rapports d’audits et de reddition des comptes qu’ils doivent aux populations conformément à la loi. Pour le forum civil également, le procureur de la République doit s’autosaisir sur l’affaire des 94 milliards opposant Ousmane Sonko et Mamour Diallo. Le forum civil invite aussi l’Assemblée Nationale, en plus de l’affaire précitée, de mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur les financements et réalisations de l’Autoroute Thies-Touba, l’Autoroute Dakar-Diamniadio, le Pôle Industriel de Diamniadio, la réfection du building administratif, l’autoroute Mbour-Kaolack, l’avance de démarrage de la route FatickKaolack, la cité de l’émergence, le Centre International de Diamniadio entre autres. Le forum civil recommande à l’Etat de procéder à un audit exhaustif sur les réserves financières et le patrimoine foncier des Institutions de protection sociale comme l’Institut de prévoyance retraite (Ipres) et la Caisse de sécurité sociale (Css) ainsi que toutes les transactions immobilières réalisées par la Caisse de dépôts et consignations et par l’Artp. Pour sortir de cette zone rouge, le forum civil propose au Sénégal de mettre en place un cadre de concertation pour définir un Plan de progression efficace (PPE) 3 ans pour porter le score du Sénégal au niveau des pays comme le Rwanda, la Namibie ou l’Ile Maurice. Selon la structure, le plan doit être négocié entre l’exécutif, le parlement, la justice, l’Ofnac, le secteur privé, la société civile et les médias. Ce plan devrait comprendre trois axes. Premièrement signale le forum civil, il doit compléter le dispositif juridique de prévention et de lutte contre la corruption, notamment en adoptant des lois sur l’accès à l’information. Mieux, il s’agira aussi de travailler à changer le comportement des acteurs de la gouvernance pour plus d’intégrité, notamment en mettant en œuvre des programmes d’éducation à la citoyenneté active. L’acte 3 consistera à procéder à des sanctions positives et négatives. Dans le même sens, le forum civil recommande la réforme et le maintien de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) en la rendant conforme aux standards internationaux.