LES BONNES AFFAIRES FONCIERES DU MAIRE THIERNO DIAGNE
Décidément, à Sindia, dans le département de Mbour, les scandales se suivent et se ressemblent. En versions plus aggravées !

Décidément, à Sindia, dans le département de Mbour, les scandales se suivent et se ressemblent. En versions plus aggravées ! C’est en effet sous l’ancienne communauté rurale, alors dirigée par le socialiste Ousmane Lo, qu’est né ce que d’aucuns ont qualifié de « scandale » de Ndengler. Ce même si à notre niveau, ici au « Témoin », nous avons toujours considéré que le Sénégal a besoin de dizaines de Babacar Ngom, le président-directeur fondateur de la Sedima, pour mettre en valeur nos innombrables terres en friche.
Par conséquent, considérons-nous, l’attribution de 300 hectares de terres à ce capitaine d’industries est parfaitement justifiée. En revanche, ce que nous allons vous raconter ici est un véritable scandale d’enrichissement sans cause. À la manœuvre et aux baguettes de ce vrai scandale cette fois-ci, le maire de la commune de Sindia, Thierno Diagne, qui était aussi l’un des principaux lieutenants de Ousmane Lo dans la communauté rurale de Sindia. Aujourd’hui, au vu de ce qui va suivre, l’élève a vraisemblablement dépassé le maître.
Jugez-en vous-mêmes ! Les faits remontent à 2015. La coopérative de construction et d’habitat des employés de la Sonatel introduit une demande pour une attribution de 160 hectares. Le 10 septembre 2015, par délibération N°013/CMS approuvée par le sous-préfet de Sindia le 26 octobre 2015 par arrêté N°949/SP, le maire Thierno Diagne fait adopter une délibération portant sur… 190 hectares ! Les 160 hectares sont pour la coopérative de la Sonatel et les 30 hectares de plus devaient en principe tomber dans l’escarcelle de la Mairie. En réalité, ce n’était que de la poudre aux yeux car le maire Thierno Diagne avait d’autres projets pour ce surplus de 30 hectares qu’il confie à un de ses gendres du nom de Abdoulaye Guèye pour les vendre sous le manteau. Futé, Thierno Diagne dresse une liste de propriétaires terriens à indemniser.
Des propriétaires terriens fictifs...
Entre 2016 et 2017, la Sonatel a effectué des versements pour les propriétaires terriens. Elle a déboursé environ 1,8 milliard de F CFA. Les propriétaires terriens qui figurent sur la liste établie par le maire doivent cependant reverser 10 % de commission à...la mairie. Curieusement, cette liste est composée majoritairement de proches du maire. Charité bien ordonnée commence par soimême ou ses proches ! Hélas, certains propriétaires terriens expropriés courent toujours derrière leur argent. C’est le cas du sieur M. Mb que nous avons joint au téléphone.
À l’en croire, il est tombé un jour sur des agents en train de procéder au lotissement de ses terres « pour le compte de la coopérative de la Sonatel » lui ont-ils dit. Selon notre interlocuteur, sa surprise était d’autant plus grande qu’il n’était ni vendeur, ni au courant d’une quelconque délibération. Il apprend de ses vis-à-vis que ces terres appartiennent maintenant à la Sonatel après délibération du Conseil municipal de Sindia. Une information qui le laisse sans voix. M. Mb interpelle le maire qui lui rétorque, sans autre forme de procès, que les terres ont été cédées et qu’il ferait mieux de se rapprocher des services de la mairie pour obtenir un papier afin de recevoir son paiement. «Le maire m’a dit que les paiements sont plafonnés à 15 millions par propriétaire et ce, quelque soit sa surface foncière» témoigne notre interlocuteur qui, à ce jour, n’a encore perçu aucun sou pour des terres qu’il cultive depuis 1963. I F, un autre propriétaire terrien, est lui aussi dans le même cas. De guerre lasse, il a introduit auprès de la mairie une demande en annulation pour la vente de ses terres. D’autres propriétaires terriens courent toujours derrière le maire pour recevoir leurs indemnisations pourtant déjà versées par la coopérative de la Sonatel. Mais ne croyez pas que tous les soi-disant propriétaires terriens sont logés à la même enseigne. Le maire, pour bien ferrer son affaire a désigné un de ses conseillers, S. N pour conduire les propriétaires terriens chez une notaire qui a son étude à Saly.
Dans le lot des bénéficiaires, M. F de Sindia, ancien conseiller rural, H. D ancienne conseillère rurale et, entre autres...Thierno Diagne lui-même. Le premier nommé, M. F, a bénéficié d’une somme conséquente d’une trentaine de millions de F CFA. La dame H. D a encaissé, pour sa part, 15 019 500 F CFA. Quant au maire Thierno Diagne, il s’est servi à trois reprises. Charité bien ordonnée commençant par soi, Thierno Diagne qui ferait pâlir de jalousie Bouki-l’hyène réputé pour ses partages légendaires, a encaissé au total une quarantaine de millions de F CFA. Ne croyez surtout pas que les lampions se sont alors éteints sur ce scandale du siècle. C’est mal connaître l’édile de Sindia qui, n’en doutons plus, a assurément dépassé son maître. En effet, le lotissement fait par la coopérative de la Sonatel est composé de 2700 parcelles.
Pas encore suffisant pour la Sonatel qui demande 100 parcelles de plus pour caser tout son monde. Thierno Diagne fait alors savoir qu’il peut trouver un site pouvant accueillir les 100 parcelles demandées. En réalité, il ne dispose plus de terres et n’ose pas encore exproprier d’autres propriétaires. Alors, le téméraire maire puise dans les...2700 parcelles de la Sonatel pour faire des doublons. Une ruse qui serait imparable comme... la fibre optique n’eut été la vigilance de la notaire. En juriste avertie, celle-ci a décelé le faux notamment sur beaucoup d’attributions. Le sous-préfet, lui, n’y a vu que du feu ! Convaincue du faux utilisé, la notaire refuse de payer le reliquat de 120 millions de F CFA versé par la Sonatel pour les 100 parcelles supplémentaires. Les 30 hectares confiés à A. G ont été aussi morcelés en 500 parcelles de 200 m2 environ. Des parcelles également vendues et tombées dans l’escarcelle du maire qui a ainsi acheté des bolides qui ornent ses différentes maisons dans la commune de Sindia.
Toutes nos tentatives pour joindre Thierno Diagne qui a déjà fait face aux enquêteurs de l’OFNAC sur la question ont été vaines. Mafall, son chargé des questions domaniales que nous avons rencontré à la mairie de Sindia, n’a pas voulu se prononcer sur la question. Il avait promis de nous rappeler pour fixer un rendez-vous avec son patron mais nous attendons toujours…