LES DEPUTES FLINGUENT SEN’EAU
A l’Assemblée nationale, il est rare de voir des députés de la majorité et de l’opposition s’accorder sur un point. Hier, l’entreprise Sen’EAU a réussi cette prouesse en faisant l’unanimité contre elle

Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, était hier face aux députés pour défendre le budget de son département. Bien entendu, les parlementaires n’ont pas raté cette occasion en or pour tirer à boulets rouges sur l’entreprise Sen’EAU qui fait souffrir le martyr aux populations.
A l’Assemblée nationale, il est rare de voir des députés de la majorité et de l’opposition s’accorder sur un point. Hier, l’entreprise Sen’EAU a réussi cette prouesse en faisant l’unanimité contre elle. De l’avis de tous les parlementaires qui sont intervenus, la boîte a l’obligation de revoir son service à l’égard de ses clients. Premier à décocher ses flèches sur Sen’EAU, Mamadou Diaw, député de la mouvance présidentielle, se demande comment la filiale de Suez a fait pour se lancer dans la distribution du liquide précieux. «Quoi qu’il en soit, je ne suis pas content. Sen’EAU, c’est une honte», tonne-t-il avant d’exhiber sa facture qui s’élève à plus de 111.000 FCFA alors qu’il habite seul à Dakar. Abondant dans le même sens, sa collègue Mareme Soda Ndiaye déclare qu’aucun Sénégalais n’est satisfait du service de Sen’Eau.
A la cité Soprim, souligne la jeune parlementaire, les populations n’ont l’eau que 5h par jour. Face à cette situation, elle demande l’audit de la facturation qui, selon elle, ne s’explique guère. Une position que partage Madické Diaw qui s’insurge également contre les nombreuses défaillances dans la distribution. Selon Abdou Aziz Diop (député du Pds), «Sen’EAU a augmenté indument 2.500FCFA dans les factures».
SEYDOU DIOUF : «ON A BESOIN DE COHERENCE DANS LA GESTION DES PROJETS»
Relevant une absence de politique d’urbanisme dans le pays, le président de la commission des Finances, Seydou Diouf estime que le gouvernement a besoin de cohérence dans la gestion des projets. «Je ne comprends pas pourquoi le PROGEP est rattaché aux collectivités territoriales alors qu’il gère l’Assainissement. A l’échelle gouvernementale, il y a un besoin de meilleure harmonisation», tranche-t-il. En outre, plusieurs députés ont fortement décrié les pénuries d’eau fréquentes depuis plusieurs années dans Dakar et sa banlieue, notamment dans les quartiers comme Ben Tally, Grand-Dakar, Grand-Yoff et Rufisque. Raison pour laquelle, ils ont interpellé le ministre Serigne Mbaye Thiam sur la date de mise en service de l’usine de traitement d’eau de KMS 3 et l’effectivité du projet d’Usine de dessalement de l’eau de mer aux Mamelles. Ils ont également invité le gouvernement à multiplier les campagnes de branchements sociaux dans les zones périurbaines pour un accès massif des populations démunies à l’eau potable. Considérant que l’accès universel à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement adéquats constituent un défi pour majeur notre pays, ils préconisent donc l’accroissement considérable des moyens financiers, matériels et humains du département, notamment en faveur des services techniques tels que l’ONAS, la SONES, l’OFOR.
SERIGNE MBAYE THIAM : «ON AURA UN GLISSEMENT EN 2021 POUR LA MISE EN SERVICE DE KMS3»
Répondant aux différentes interpellations qui lui ont été adressées, le ministre de l’Eau et de l’Assainissement a annoncé sa décision de procéder à un audit de la facturation. Toutefois, il estime que la facturation n’a pas connu de hausse. A propos des réalisations de l’actuel régime dans le secteur hydraulique, il a indiqué qu’entre 2012 et 2020, plus de 500 milliards Fcfa ont été injectés dans sous-secteur de l’hydraulique interurbaine. «Cette hausse constante de la production est liée à l’augmentation de la demande à Dakar», explique-t-il.
Concernant l’opérationnalité de Keur Momar Sarr 3, il affirme : «L’usine de KMS 3 est terminée à plus de 80%. On aura un glissement en 2021 pour la mise en service de KMS3. Ce retard dans l’exécution des travaux s’explique par le fait que durant la période intense de la Covid-19, des ingénieurs sont rentrés chez eux».
Par ailleurs, le ministre s’est félicité du fait que le Sénégal a un bon taux d’accès par rapport à l’eau. «Il est stabilisé aujourd’hui à 98,5% en milieu urbain et périurbain, et à 94,5% en milieu rural. Le Sénégal a atteint la cible Eau des OMD et fait de grands pas, dans le cadre de l’ODD6, qui est de garantir l’accès de tous à l’eau et d’assurer une gestion durable des ressources en eau», affirme le ministre de l’Eau et de l’Assainissement.
Néanmoins, il reconnaît que notre pays est confronté à un problème de sécurisation de l’accès à l’eau compte tenu des vulnérabilités constatées dans ce domaine en milieu urbain et rural.