L’IMAGE QUE LES POPULATIONS RIVERAINES RETIENNENT SOUVENT DES INDUSTRIES EXTRACTIVES
Entre opulence et spoliation fonciere. Entre les industries extractives et les populations riveraines, les relations ne sont pas très souvent au beau fixe.

Entre opulence et spoliation fonciere. Entre les industries extractives et les populations riveraines, les relations ne sont pas très souvent au beau fixe. Et pour cause, elles gardent de ces exploitations l’image du paradoxe de l’abondance avec une unité extractive qui est dans l’opulence, à côté de populations dans une extrême pauvreté, sans compter la spoliation foncière. C’est ce qui ressort de l’enquête initiée par Gorée Institute et qui vient d’être partagée par les différents acteurs à Darou Khoudoss.
Les populations riveraines des industries extractives ne gardent pas toujours une image reluisante de ces exploitations. Elles indexent en effet le paradoxe de l’abondance, avec des industries qui sont dans l’opulence avec des bénéfices à coup de milliards, à côté de populations dans l’extrême pauvreté, s’éclairant parfois à la bougie et sans eau potable. C’est globalement ce qui ressort des enquêtes menées dans plusieurs zones d’exploitation, notamment Kédougou, Matam et Thiès, avec l’exploitation de l’or, du phosphate, du zircon, pour recueillir la perception des citoyens sur l’impact de l’exploitation. L’initiative est menée par Gorée Institute, en collaboration avec le Forum Civil, à travers le programme, « Gouvernance du secteur extractif : pour une meilleure implication des acteurs communautaires ».
Selon Demba Fall Diouf Coordonnateur de la section du forum civil de Darou Khoudoss et environs, il a été procédé à la restitution d’une étude qu’avait menée Gorée Institute. Il s’est agi d’une enquête faite auprès de 10 000 personnes. Il ressort de cette enquête que les populations riveraines des exploitations minières continuent de vivre le paradoxe de l’abondance. C’est dire que les communautés locales ne se sentent absolument pas dans cette exploitation car devenant chaque jour davantage plus pauvres. Il s’y ajoute qu’elles subissent des opérations comme la délocalisation, la perte d’emplois. Pourtant, dit-il, on parle chaque fois de création d’emplois, mais l’enquête a montré tout le contraire, comme en attestent les deux derniers villages à être délocalisés dans le département de Tivaouane, en l’occurrence Mbar Ndiaye et Mbar Diop, avec 600 personnes qui ont perdu leurs emplois locaux, alors que les industries extractives ne comptent même pas 10% d’emplois locaux.
Selon lui, un village délocalisé perd ses surfaces arables et habitables et est orienté vers des contrées où les habitants ne peuvent même pas avoir un centimètre-carré de terre pour s’adonner à l’agriculture, leur seule activité économique, le seul foyer d’emplois dans ce pays d’ailleurs. En ce qui concerne les infrastructures sociales de base, il souligne que monts et merveilles sont toujours promis mais au finish, rien n’est fait. Sur le plan économique, il indique que c’est la morosité totale, les gens s’appauvrissant de jour en jour, à côté d’entreprises qui vivent dans l’opulence, avec des milliards de Fcfa de bénéfices, ce qui ne peut être imputé qu’aux industries extractives qui les ont délester de leur seule source de revenus : la terre. Et chaque fois, les dédommagements et les indemnisations ne sont jamais à la hauteur des pertes.
Pour Sokhna Ndiaye Coordonnatrice du programme consolidation de la paix et prévention des conflits à Gorée Institute, qui a également en charge la gouvernance des ressources minérales, ledit programme est mis en œuvre depuis les années 2013 dans la sous-région, notamment par la publication d’un livre comportant une étude sur plusieurs pays en l’occurrence le Liberia, la Guinée, etc.
C’est en 2013 qu’un projet spécifique pour le Sénégal a été élaboré suivant les approches de la recherche, la réflexion et l’intervention, qui vise à favoriser le partage juste et équitable des ressources minérales dans le pays. Il s’agit donc d’améliorer la gouvernance des ressources et à contribuer à en faire une gouvernance qui soit réellement une vectrice de développement. Le constat fait par les populations, dit-elle, est qu’il y a « plus de retombées négatives que positives et qu’il s’agit de voir comment alerter et faire le plaidoyer afin que la gouvernance puisse être améliorée, mais aussi partager les attentes des communautés impactées, avec tous ceux avec qui nous travaillons, notamment les ministères, le secteur privé, la société civile ».
A la suite de cette enquête et la production d’un rapport, un partage a été fait avec l’ensemble des parties prenantes. Il fallait également à ses yeux, que ces résultats soient disponibles et accessibles aux populations de ces zones d’exploitation. C’est la raison pour laquelle, en collaboration avec le forum civil qui est un partenaire, la rencontre de Darou Khoudoss a été initiée et l’objectif est de collaborer avec l’ensemble des parties prenantes des communautés pour améliorer durablement la gouvernance.