PLUS DE 300 SENEGALAIS RETENUS A SEGOU (MALI)
L’Etat du Sénégal travaille pour les rapatrier

Lors du vote du budget du ministère des Affaires étrangères hier, les députés ont fait état de leurs préoccupations concernant les sénégalais détenus à l’étranger. Rien qu’au Mali, ils sont plus de 300. Et le gouvernement dit travailler pour rapatrier ces derniers ainsi que tous les compatriotes incarcérés en dehors du pays.
Les difficultés des Sénégalais de l’extérieur ont été au cœur du débat lors du vote du Budget du ministère des Affaires étrangères. Les élus ont déploré les nombreux cas d’assassinats et de détentions de nos compatriotes à l’étranger. A ce propos, ils disent s’être informés sur la situation de plus de 300 sénégalais retenus à Ségou, au Mali, et sur le nombre de sénégalais incarcérés dans les prisons à l’étranger. Aussi, ont-ils préconisé le renforcement de la coopération judiciaire avec les pays tiers. Dans ce même ordre d’idées, il a été recommandé la mise en place d’une cellule de veille et d'alerte pour assister nos compatriotes vivant à l’étranger. Répondant à cette interpellation, le chef de la diplomatie sénégalaise a de prime abord déploré les conditions carcérales de nos compatriotes condamnés à l’étranger avant d’indiquer que le Sénégal a signé des accords d’extradition avec beaucoup de pays.
Toutefois, Me Aissata Tall Sall a précisé qu’il faut des conventions particulières pour faire rapatrier les sénégalais qui purgent des peines à l’étranger et a promis à cet effet que son département portera une attention particulière à ce problème. Auparavant, les députés ont également posé sur la table les lenteurs et lourdeurs administratives dans le renouvellement et l’acquisition de documents, notamment les actes d’état civil, ainsi que l’absence d’assistance juridique. Par conséquent, ils ont invité Madame la ministre à accorder une attention particulière et un traitement diligent à la situation des sénégalais établis à l’étranger. A cet effet, ils ont préconisé la réouverture du Consulat au Mali et la mise en place d’une représentation consulaire à Barcelone, au regard de la forte communauté sénégalaise présente dans cette ville. Ils se sont également renseignés sur le projet de mise en place d’un Consulat à Bordeaux.
A ce propos, Me Sall a soutenu que le souhait du président de la République est de mettre les Ambassades du Sénégal dans des immeubles appartenant à notre pays comme c’est le cas de l'Ambassade du Sénégal à Abuja. Elle a assuré que des réflexions seront menées d’une part pour trouver des solutions idoines au consulat du Sénégal à Djeddah, et d’autre part pour la réouverture du Consulat au Mali, compte tenu du travail remarquable de l’Ambassade et de la présence de plus en plus élevée de sénégalais dans ce pays. En ce qui concerne la délivrance des documents d’état civil, la mairesse de Podor déclare que c’est un problème crucial qui touche aussi bien les sénégalais de l’Extérieur que ceux résidents au Sénégal ; non sans rassurer que tout le nécessaire a été mis en place pour permettre à nos compatriotes d'en disposer. De même, elle a indiqué qu’un travail remarquable est en train d'être fait pour la sécurisation et la fiabilité de l'état civil.
RECENSEMENT DES SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR
Elle informe dans la foulée qu’il y aura un recensement des sénégalais de l’Extérieur. La ministre des Affaires étrangères de relever l’obligation pour tout sénégalais de s’enregistrer au niveau des Ambassades. A ce propos, elle a informé que les services du Secrétaired’Etat auprèsdes sénégalais de l’Extérieur ont entrepris des démarches dans ce sens et que les résultats seront communiqués prochainement.
Toujours est-il que, d’après Me Aissata Tall Sall, ce recensement permet de savoir, avec la plus grande exactitude possible, combien ils sont, où ils résident et quelles sont leurs activités professionnelles. De telles données seront d’une grande utilité pour la formulation des politiques migratoires, ainsi que pour la stratégie de veille à l’endroit de nos compatriotes vivant à l’étranger. Par ailleurs, la question de l’émigration irrégulière s’est aussi invitée à l’hémicycle. Les députés ont ainsi attiré l’attention du gouvernement afin que des dispositions soient prises pour remédier à ce phénomène.
Parmi les recommandations émises par les élus, on peut noter la création d’un observatoire de la migration et la définition d’une politique migratoire. Ils ont également préconisé la tenue d’assises nationales et la concertation entre Etats communautaires pour trouver les solutions idoines pour remédier définitivement au problème de l’émigration irrégulière. Mais Me Aissata Tall Sall estime que le problème est très complexe. Selon elle, toute une industrie s’est développée autour de ce phénomène. Elle a appelé de ce fait à déconstruire le discours, à réprimer les passeurs et à soutenir par l’action. A cela s’ajoute, ditelle, le renforcement de la surveillance de nos côtes. Elle salue d’ailleurs la mise en place par le président de la République d’un comité interministériel pour que tous les départements ministériels concernés par la migration irrégulière puissent mener des actions de persuasion, de dissuasion, et de répression contre l’émigration irrégulière.
PERSPECTIVES DU MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES
Me Aissata Tall Sall a profité de son passage à l’Assemblée nationale pour saluer la brillante réélection du Sénégal au Conseil des droits de l’Homme avec le meilleur score de tous les pays élus ; l’élection de notre pays à la Commission Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), au titre de la période 2020-2026, et la désignation du Sénégal au Conseil des Gouverneurs de l’AIEA, pour la période 2020-2021.
En termes de perspectives, elle a indiqué que les priorités vont également porter sur quelques actions, dont l’urgence a été révélée au grand jour par laCovid-19 à savoir : le recensement des sénégalais de l’extérieur, la dématérialisation et la simplification des procédures administratives au niveau des Ambassades et Consulats pour un service public simple, de proximité, moins coûteux et disponible à temps réel ; la rationalisation des effectifs et des ressources du réseau diplomatique, qui va aller de pair avec l’édification de complexes diplomatiques dans la sous-région, notamment en Mauritanie et au Mali ; le renforcement du soutien apporté par l’Etat aux Sénégalais de l’Extérieur à travers les différents instruments que sont le FAISE, les Bureaux d’Accueil, d’Orientation et de Suivi etle projet Gouvernance, Migration et Développement, entre autres. Madame la ministre s’est aussi engagée à faire bénéficier aux sénégalais de l’Extérieur le quota qui leur est réservé dans le cadre des 100 000 logements et ce, dès début 2021.
En définitive, il faut relever que le projet de budget 2021 du Ministère des Affaires Etrangères et des sénégalais de l’Extérieur a été arrêté à la somme 91 586 952 184 FCFA en autorisations d’engagement (AE). Les crédits de paiement(CP) sont fixés à 66 447 748 835 FCFA.