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POURQUOI IL FAUT EN FINIR AVEC L'EXPRESSION "RACISME ANTI-BLANCS"

Qu'est-ce que sous-entend en réalité l'expression “racisme anti-Blancs” ? L'essayiste et journaliste Rokhaya Diallo décrypte cette (fausse) idée, et avance quelques pistes de réflexion

LesInrocks.com  |   Fanny Marlier  |   Publication 10/09/2019

"Racisme anti-Blancs." D'un point de vue sociologique, l'expression apparaît comme une fiction, une aberration. Pourtant, sa récupération politique n'a rien de virtuel. Et pour cause. Depuis quelques jours, l'ancien joueur de football Lilian Thuram est accusé d'alimenter un supposé "racisme anti-Blancs".

La raison ? Dans une interview parue le 4 septembre dernier dans le journal italien le Corriere dello Sport, il a répondu à une question sur les insultes racistes visant les joueurs noirs dans les stades.

"Il faut prendre conscience que le monde du foot n’est pas raciste, mais qu’il y a du racisme dans la culture italienne, française, européenne et plus généralement dans la culture blanche. Il est nécessaire d’avoir le courage de dire que les Blancs pensent être supérieurs et qu’ils croient l’être", a-t-il dit. Et c'est l'expression "les Blancs", qui n'est visiblement pas passée pour beaucoup. A tel point que la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra) s'est fendue d'un communiqué pour dénoncer les "risques d’une dérive du combat antiraciste".

Dans la foulée, rebondissant à la polémique autour de Lilian Thuram, le consultant Pierre Ménès s'est attiré de nombreuses critiques après avoir déclaré sur le plateau de CNews que "le vrai problème, en France, dans le foot en tout cas, c’est le racisme anti-Blanc.” Et ce en arguant même que son fils, "nul au foot", en a été victime dans son club. Avant de s'en excuser. Trop tard : comme le souligne l'Obs, Pierre Ménès avait déjà été érigé en héros, malgré lui, de la fachosphère. La journaliste et essayiste Rokhaya Diallo, qui publiera le 2 octobre La France tu l'aimes ou tu la fermes (éd. Textuel), décrypte pour nous ce qui se joue derrière l'expression "racisme anti-Blancs".

Lilian Thuram est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours, accusé de faire du “racisme anti-Blancs”, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Rokhaya Diallo - J’ai créé mon association anti-raciste en 2006, et avec toutes les questions sur lesquelles j’ai travaillé, j’ai l’impression que de nombreuses personnes sont davantage mobilisées pour dénoncer un supposé racisme anti-Blancs que pour agir contre le racisme, qui produit des effets quotidiens. C’est vraiment ce qui me choque le plus : cette disproportion entre l'indifférence par rapport à ce que subissent les personnes minoritaires au quotidien, et la solidarité qui s’est formée pour dénoncer Lilian Thuram.

Traiter quelqu’un de "sale blanc" ou de "sale noir", est-ce vraiment la même chose ?

Ce n’est pas la même chose, parce que cela ne fait pas appel au même imaginaire. Ce n’est pas la même chose de se moquer du premier de la classe que du dernier. Si on dit à quelqu'un "sale premier de la classe", ce n’est pas la même chose que de traiter quelqu’un de "sale cancre". Le dommage psychologique n’est pas le même. Le premier de la classe, quoi qu'il arrive, est le premier.

N’est-ce pas ici significatif de l’impossibilité de penser le racisme comme un tout, un système ?

Oui, cette réaction est aussi symptomatique de ce que l’on appelle "la fragilité blanche" ("white fragility"). Ce concept a été créé en 2011 par l'universitaire américaine Robin DiAngelo et dénonce le fait que les personnes blanches ont grandi dans des sociétés qui les protègent de tout stress lié à leur couleur de peau. Elle explique comment un minimum de stress racial devient alors pour celles-ci intolérables. Il en résulte bien souvent des réactions de défense, comme de la colère ou de l'opposition.

La polémique déclenchée par les propos de Lilian Thuram est pour moi révélatrice d'un mécanisme de défense par rapport à la remise en question d'un petit privilège. Quand je vois que Thomas Legrand (chroniqueur politique sur France Inter, ndlr) s’allie à Eugénie Bastié (essayiste conservatrice et journaliste au Figaro, ndlr) pour expliquer le racisme anti-Blancs, pour moi, c’est un grand écart. Le seul point commun qu’il y a entre ces deux personnes est la volonté de dénoncer le sentiment de stigmatisation d'une personne blanche.

Mais si le “racisme anti-Blancs” est une fiction d'un point de vue sociologique, la récupération politique de cette expression est bien réelle...

Oui, et elle n’est pas nouvelle. Seulement, cette récupération politique prend vraiment bien racine depuis quelques années. Dans les années 80 déjà, le Front national parlait de racisme "anti-Français". L'idée a été réinvestie ensuite en 2005, en marge des manifestations anti-CPE, à Paris. A l'époque, une tribune dénonçant des "ratonnades anti-Blancs" avait été signée par des intellectuels comme le philosophe Alain Finkielkraut, ou le journaliste de gauche Jacques Julliard.

Encore une fois, on assistait alors à une volonté de relativiser le racisme. L'idée pointe régulièrement son nez dans le discours politique, mais c'est aujourd'hui devenu un véritable argument pour répondre à des victoires qui sont obtenues par des minorités. Et forcément, il y a une opposition, une résistance, qui s'incarne dans le fait de dire : "Mais nous aussi on souffre." Et ainsi, cela permet de relativiser d'une certaine manière le racisme systémique français.

Pourquoi est-ce que l’on a autant de mal en France à parler de ces questions-là ? Le modèle d’intégration français empêche-t-il de s'y pencher ?

Je pense que le problème vient de la culture française. La France se vit comme un pays très à part, comme un pays dont les valeurs sont supérieures aux autres. C'est le pays qui est à l'origine de nombreux droits humains, le pays des Lumières, et donc aux valeurs morales exceptionnelles. Et la remise en question de ces fondements est très difficile.

La République est invoquée comme étant une entité supérieure, et pourtant, il faut rappeler que son instauration est aussi concomitante avec l'extension coloniale. La culture politique française sacralise un certain nombre de valeurs et d'institutions, et empêche toute remise en question d'effets institutionnels qui sont parfois injustes. Lorsqu'une personne comme moi, minoritaire, questionne l'égalité, la réponse qu'on lui donne c'est : "Vous n'aimez pas la France." Dès lors qu'on tente d'ouvrir une discussion rationnelle, on y introduit une réponse irrationnelle. Et c'est quelque chose qui est très présent dans le discours politique.

C’est d’ailleurs ce qu’essayait d’expliquer Lilian Thuram dans son interview au Corriere dello sport…

Tout à fait. Il est important de dire que ce qui caractérise la culture et l’histoire moderne, c’est la structuration du monde entre les Occidentaux et les pays exploités par l’Occident. On ne peut pas ne pas se dire que l’on jouit aujourd’hui d’un passé, sans penser à ce que cela a coûté à d’autres.

En quoi les mots "blanchité " et "racisé" sont-ils importants selon vous ?

Il est très important de nommer les dynamiques de pouvoir. Pour moi, les mots les plus importants qui ont émergé dans le débat sont "Blanc" et "blanchité". En France, on parle toujours du débat anti-raciste en ne parlant que des "minorités visibles", mais jamais de la "majorité invisible". La position blanche est vécue comme un point neutre à partir duquel tous les autres sont définis. C’est pourquoi il est important de dire qu’être Blanc est tout autant une construction politique que d’être Noir ou Arabe.

Et questionner cette position dominante est essentiel, car il ne s'agit pas de questionner des individualités, mais au contraire des positions et ce qui en découle en termes de poids et de privilèges. Ce qu'a fait Lilian Thuram, même s'il l'a fait au prix d'une forte polémique, est profondément salutaire. Placer les Blancs au centre du débat sur la question raciale, c'est capital, car ce sont ces positions dominantes qui sont à questionner. Quand on parle de la question noire ou arabe, on pense finalement que cela ne concerne que les Noirs ou que les Musulmans. Alors que, lorsque l'on parle de blanchité, cela engage davantage la responsabilité collective, et on déplace le débat.

Quand en 2016 Laurence Rossignol - à l'époque ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes - a utilisé le mot "nègre" cela n’a pas fait un tel débat, alors que c’est un terme injurieux reconnu comme étant raciste. Et je suis étonnée de me rendre compte qu’une ministre peut parler de "nègres" sans aucune conséquence... Mais trois ans plus tard, lorsqu'un homme noir parle des "Blancs" il se retrouve au centre d’une polémique incroyable, qui unit toutes sortes de personnes.

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