CINQ CANDIDATS A LA PECHE DES VOIX
Ahmad (Madagascar), Augustin Senghor (Sénégal), Jacques Anouma (Côte d’Ivoire), Ahmed Yahya (Mauritanie), Patrice Motsepe (Afrique du Sud), les candidats qui sont annoncés le poste de président de la Confédération africaine de football (CAF)

Ahmad (Madagascar). Augustin Senghor (Sénégal). Jacques Anouma (Côte d’Ivoire). Ahmed Yahya (Mauritanie). Patrice Motsepe (Afrique du Sud). Cinq candidats sont annoncés sur la ligne de départ pour le poste de président de la Confédération africaine de football (CAF). L’élection est prévue le 12 mars prochain à Rabat. En attendant les tests d’éligibilité, chaque camp affute ses armes à la quête des voix. L’Afrique retient son souffle !
AHMAD AHMAD PAIRS ET IMPAIRS D’UN MANDAT
Président sortant. Ahmad 60 ans, sera candidat à sa propre succession. Arrivé à la tête de la CAF avec 34 voix contre 20 pour Hayatou, il s’appuiera sur son bilan pour pencher l’Afrique du football en sa faveur. Dans ce sillage les grandes réformes entamées sous son magistère seront ces atouts majeurs. En plus de l’aide aux fédérations avec une subvention de 100.000 dollars à chaque association membre, le format de la Coupe d’Afrique des Nations a également changé et porté 24 équipes. Tout comme la création d’une Champion League africaine féminine, la création d’une commission de gouvernance, une première dans l’histoire de la CAF. Mais également la dotation des 5 équipes africaines qualifiées à la Coupe du monde d’un équipement sophistiqué capable de donner des informations sur l’état physique et médical du joueur. A côté de ces atouts, le dirigeant malgache risque d’être affaibli par une succession de faits. Interpellé et placé en garde à vue en juin 2019 à Paris, par l’Office anticorruption de la police judiciaire, le président de la CAF devra répondre à des accusations de soupçons de corruption et même de harcèlements. Ce qui fait que sa candidature est aujourd’hui incertaine. Même s’il a déjà nié, les accusations de viols de divers codes de déontologie de la Fifa pourraient aboutir à une invalidation de sa candidature et compromettre sa réélection. Testé positif au Covid-19, puis hospitalisé, le président de la Confédération africaine Ahmad observe actuellement une période de convalescence de 20 jours, jusqu’à fin novembre, durant lesquels il va quitter son poste.
ME AUGUSTIN SENGHOR LE CANDIDAT DU CONSENSUS
Membre du comité exécutif de l’instance africaine du football depuis 2019, Me Augustin Senghor, serait le candidat du consensus. Parrainé par le Sénégal avec le soutien des plus hautes autorités étatiques et sportives de son pays mais aussi par la Gambie et le Gabon, l’avocat sénégalais de 56 ans, bénéficie d’un capital confiance auprès de ses paris. Surtout ceux du membres du Co mité exécutif. Agité depuis quelques années, sa candidature n’a pas été une surprise pour nombre d’observateurs. Me Senghor a gravi tous les échelons. Président de la fédération du Sénégal depuis 2009, il a été membre de la commission des associations de la Fifa (2013-2017), membre de la commission des acteurs du football de la Fifa (depuis 2017), vice-président puis président de la commission juridique de la Caf (2017-2019), membre du comité exécutif de la Caf depuis février 2018, vice-président de la commission d’organisation de la CAN. Sa candidature actée, il a estimé aujourd’hui «avoir les capacités et les valeurs intellectuelles, éthiques et morales pour être ce visionnaire, ce bâtisseur et ce fédérateur dont le football africain a besoin pour se mettre définitivement et irréversiblement sur les rampes du développement qui lui permettra d’effacer progressivement le fossé entre la Caf et les autres Confédérations, tant au niveau sportif que dans la gouvernance». En plus du soutien fédéral et de l’Etat sénégalais, sa candidature est également appuyée encouragée dans par «une quinzaine de fédérations». En plus de ces soutiens, Me Augustin Senghor aurait acquis les faveurs d’Ahmad qui risque d’une très longue suspension. Ce qui pourrait lui ouvrir la voie. Briguer la présidence de la Caf exige, au-delà du programme, d’une importante capacité financière. Même si dans cette posture, le candidat sud-africain dispose une bonne longueur d’avance sur la candidature sénégalaise et celui des autres candidats.
JACQUES ANOUMA L’EXPERIENCE EN BANDOULIERE
L’ancien président de la fédération ivoirienne de football et de l’UFOA Jacques Anouma est sans doute, l’un des candidats les plus expérimentés parmi les cinq en lice pour la présidence de la CAF. Fort d’une trentaine d’années d’expérience dans le management sportif et membre du comité exécutif de la FIFA depuis 2006, le dirigeant ivoirien, ne sera pas à sa première élection. Il avait poussé le défi avec une première candidature avortée en 2013, contre «l’intouchable» Issa Hayatou. Jacques Anouma, ancien patron du football ivoirien (2002-2011) avec en prime deux qualifications d’affilée de la sélection ivoirienne à une coupe du monde de football, a eu l’onction de l’instance nationale pour briguer la présidence de la CAF. En dehors de sa Fédération, il bénéficie d’ores et déjà du soutien des fédérations kenyane, béninoise et nigérienne. Trois pays qui sont conscients que son accession à la tête de l’institution peut être d’un grand apport pour le football africain dont la gestion depuis l’avènement de l’actuel président est très critiqué. Son expérience fait de lui un des favoris dans cette course à la présidence. Jacques Anouma, qui ne souhaite pas exercer plus d’un mandat à cause de son âge (69 ans), veut « faire en sorte que la CAF soit une vraie confédération avec tout le monde autour d’un seul projet». Sa connaissance des arcanes et des problèmes du football africain sont certainement des atouts. Reste à convaincre l’Afrique du football.
AHMED YAHYA L’HOMME DU RENOUVEAU MAURITANIEN
Benjamin des candidats, président de la fédération de football de la République Islamique de Mauritanienne (FFRIM), depuis 9 ans et 5 mois, Ahmed Yakhya est l’homme qui a révolutionné le football dans son pays. Lorsqu’il accédait à la présidence de la FFRIM mauritanienne, en 2011, les Mourabitounes pointaient à la 190e place dans le classement FIFA. Quelques années plus tard, la sélection mauritanienne se retrouvait à la CAN Egypte 2019, une grande première matérialisée par une symbolique 100e place. Membre de la commission d’organisation des compétitions de la FIFA depuis 2017 en plus d’être un membre du comité exécutif de la CAF, il est considéré comme une proche du sortant. Il est précédé d’une belle réputation et d’un carnet d’adresses fourni. Le Mauritanien a déclaré son ambition de développer les revenus de la CAF mais aussi le football féminin. Il dispose d’une carte et non des moindres dans sa manche : c’est un homme qui apprécié par la FIFA et son président, Gianni Infantino. Sur RFI, le jeune dirigeant mauritanienne n’a pas manqué d’afficher sa confiance en indiquant quelques soutiens de tailles. «J’ai le soutien évidemment de ma fédération mais aussi de l’Ouganda, du Mali et de Djibouti. D’autres fédérations m’ont déjà signifié leur soutien. La campagne ne fait que commencer», a-t-il déclaré. Interrogé sur la position de la FIFA visà-vis de sa candidature, Ahmed Yahya a également évoqué les bons rapports avec le président Infantino. «La FIFA ne doit pas soutenir un candidat. Infantino est venu inaugurer des projets financés par la FIFA en Mauritanie dans le cadre du Goal-FIFA. J’ai de bons rapports avec la FIFA, mais nous devons penser par nous-mêmes pour le bien du football africain», a-t-il lancé.
PATRICE MOTSEPE LE POUVOIR FINANCIER EN AVANT
Souvent présenté comme le «Candidat milliard», Patrice Motsepe (58 ans) sera le seul anglophone en piste, pour la succession de Ahmad Ahmad à la tête de la CAF. Après s’être fait un nom dans l’industrie minière et le monde de la finance, le sud-africain, a laissé son empreinte dans le football de la nation Arc, avec son club Mamelodi Sundowns FC, en le hissant au sommet en l’espace de quelques années (Multiple champion d’Afrique du Sud, Vainqueur de la ligue des champions 2016, Super coupe CAF 2017…) . Avec son poids financier, le milliardaire dispose, à l’orée de la campagne pour la présidence, d’un atout de taille pour aller à la quête des voix à travers les différentes zones africaines. Le 10ème homme le plus riche d’Afrique, selon Forbes, a déjà obtenu le soutien de plusieurs fédérations affiliées à la CAF dont le Nigeria et la Sierra Leone. Mais suffira-t-il pour dérouler son programme de réformer le football continental, le milliardaire africain est attendu sur le terrain.