MENDY, LE RÊVE BLEU
Après une année passée à Rennes, il a posé ses valises à Chelsea. Un transfert record pour un gardien de Ligue 1 (26 millions d'euros environ) et une nouvelle étape dans le parcours atypique du portier sénégalais, qui était encore au chômage il y a 6 ans

Après une année passée au Stade rennais, Édouard Mendy a posé ses valises à Chelsea, où il a signé cette semaine un contrat de cinq ans. Un transfert record pour un gardien de Ligue 1 (26 millions d'euros environ) et une nouvelle étape dans le parcours atypique du portier sénégalais, qui était encore au chômage il y a six ans. À 28 ans, il a tout pour avaler Kepa Arrizabalaga et s'imposer comme le dernier rempart numéro un chez les Blues.
Un soir de mai 2013, dans la nuit de Boulogne-sur-Mer, Édouard Mendy tire la tronche. En déplacement au stade de la Libération avec Cherbourg, le portier, alors âgé de 21 ans, assiste aux deux buts concédés par ses potes, notamment par celui qui occupe alors la place de numéro un : Simon Lugier. Battus, les Manchots filent ainsi vers une relégation en quatrième division après avoir passé deux saisons en National. À l'époque entraîneur des gardiens de Cherbourg, Jérôme Le Moigne n'a pas oublié cette soirée, principalement à cause de la performance XXL d'un petit format dans le milieu de terrain boulonnais. « Je me rappelle m'être focalisé sur Kanté pendant toute la rencontre, rembobine-t-il. Ce n'est pas la première fois qu'on jouait contre lui, il était entré en jeu à l'aller et on l'avait déjà vu l'année d'avant en National. Mais on se disait : "Qu'est-ce que c'est que ce joueur ?!" Il était déjà au-dessus. »
N'Golo Kanté n'a pas encore de chanson à son nom, mais il marque les esprits et inscrit même le deuxième but de la partie dans le temps additionnel. Le dernier pion encaissé par Lugier - aujourd'hui à... Boulogne - sous le maillot de Cherbourg, puisque le staff décide d'installer dans la foulée le jeune Mendy dans les bois pour les trois derniers matchs de la saison, afin de préparer l'année d'après, en CFA. « Il faut que vous alliez voir le résumé de la victoire contre Metz (3-1 pour Cherbourg, N.D.L.R.), la vidéo est sur internet, insiste Jérôme Le Moigne. Édouard fait un super match, il sort des grands arrêts. » La suite est moins prometteuse. Sans Le Moigne, qui regrette toujours aujourd'hui de ne pas avoir pu continuer son travail avec Mendy, le Sénégalais vivra une saison infernale en quatrième division, avant d'entrer dans un tunnel. Un lointain souvenir pour Mendy, qui est devenu cette semaine le coéquipier de Kanté en signant à Chelsea pour cinq saisons. « C'est le Kanté des gardiens de but, blague son ancien coach. Ils ont la même trajectoire. Je suis sûr qu'ils vont bien s'entendre. »
Pôle emploi, le cadeau OM et la Champagne
Comme le champion du monde, Mendy a dû mettre les mains dans le cambouis avant de lancer sa carrière. Pas du genre à fanfaronner, Le Moigne admet d'ailleurs qu'il ne voyait pas forcément son ancien poulain aller jusqu'en Ligue 1 : « Il avait des qualités. Il était bon sur sa ligne, il pouvait compter sur son envergure et il était constamment agressif sur le ballon, mais de là à dire qu'il allait jouer dans l'élite... Ce serait mentir de dire que je savais ce qu'il allait devenir à l'époque. » Encore moins quand, à la fin de l'été 2014, le cousin de Ferland se retrouve au chômage après s'être fait embobiner par un agent qui lui promettait un contrat en troisième division anglaise. Entre deux rendez-vous Pôle Emploi, Mendy rêve d'une belle carrière, mais se demande aussi si le foot est toujours fait pour lui. Puis, un soir d'août 2015, la pièce tombe du bon côté. « On était à la recherche d'un numéro 4 bis à l'OM, rejoue Dominique Bernatowicz, l'entraîneur des gardiens de la réserve marseillaise cette année-là. Ted Lavie, que j'ai connu à Bordeaux, me passe un coup de fil et me dit qu'il faut absolument que je teste un gardien. C'était Édouard Mendy. Il a passé la semaine à l'essai. » Le colosse d'1,97m arrive « la hache entre les dents » et convainc alors le staff marseillais de l'engager.