MOUSTAPHA NAME A COEUR OUVERT
Premier coup de fil de Aliou Cisse et intégration

Moustapha Name revient de loin. Le milieu de terrain évolue actuellement en Ligue 2 avec Paris FC où il effectue une bonne saison avec 13 matchs, un but et une passe décisive. Avant d’en arriver à ce stade, le joueur de 26 ans est passé par plusieurs obstacles qu’il a confessés dans un entretien avec So Foot (Extraits).
Moustapha, comment juges-tu la période actuelle du Paris FC ?
En début de championnat, on a eu une période délicate. On a enchaîné des mauvais résultats et le contenu n’était pas flamboyant. Mais le groupe remonte bien la pente et peut maintenant espérer plus grand. Le PFC s’est stabilisé en Ligue 2 depuis plusieurs années et ça serait mentir que de dire que l’on ne vise pas plus haut.
L’objectif c’est donc d’enfin franchir les play-offs ?
Le club a souvent loupé le coche en toute fin de saison. Les play-offs sont donc un premier objectif à aller chercher. Le prix à payer, c’est que ce système est très long pour les clubs de Ligue 2. C’est un vrai marathon et il est souvent difficile de tenir la distance.
Cette idée de marathon représente assez bien l’ensemble de ta carrière…
Disons que j’ai mis un peu de temps avant de me lancer. Et pourtant, ça aurait pu se décanter très vite pour moi, dès mes débuts au Dakar Sacré-Cœur. En 2011, j’ai été sollicité par le Chievo. Tout s’était bien passé et j’aurais pu rejoindre l’Italie dans la foulée. Malheureusement, j’étais encore mineur, mon club s’est chargé des négociations et ça ne s’est jamais fait, allez savoir pourquoi. Le plus frustrant, c’était de ne pas avoir son mot à dire. Cet épisode m’a particulièrement marqué. Tu es pourtant issu d’une famille assez proche du monde du football. C’est vrai. Dans la famille, il y a beaucoup de footeux : mon père a joué en première division sénégalaise, mon grand frère Abdoulaye était professionnel au Portugal et mon oncle, Amadou Mbodj a longtemps joué à Besançon en D2. Donc oui, je viens d’un milieu assez «privilégié». C’est une force. Surtout quand on vient d’un pays comme le Sénégal, où tout le monde veut devenir footballeur mais où la moitié échoue. Je n’ai pas de quoi me plaindre.
Malgré tout, tu as enchaîné les galères avant de t’installer en Europe.
C’est à partir de 2014 que c’est parti dans tous les sens. À ce moment-là, j’évoluais avec l’Avenir de Dakar. J’étais censé signer à Louhans-Cuiseaux dont l’entraîneur était Bruno Ferry, mon ancien coach à Sacré-Cœur. Mais le temps d’obtenir un visa, le club était relégable en CFA2 et le projet devenait de moins en moins intéressant. Juste après, je reçois une proposition de Lokeren. Tout se passe bien, les dirigeants veulent me faire signer mais je dois à nouveau faire face à des soucis de papiers. J’avais un visa touriste de 30 jours mais arrivé au moment des tests, ce dernier expirait. Je me suis donc retrouvé pendant six mois en Belgique en situation irrégulière, sans pouvoir travailler. Je m’entraînais avec la réserve et je faisais quelques matchs amicaux sans licence.
Elles ressemblaient à quoi tes journées ?
J’enchaînais les essais en Belgique et un peu partout en France. J’ai par exemple tenté l’aventure à Colmar, mais sans visa c’était mort. Je traînais de mairie en mairie et l’administration c’est terrible (rires). À chaque fois, il y avait un document ou une signature qui manquait. Heureusement, en Belgique, j’avais pu rencontrer Patrice Bodian, un préparateur physique sénégalais avec qui je pouvais m’entraîner. Mon frère m’a beaucoup aidé en sollicitant d’anciens coéquipiers pour veiller sur moi. C’est à ce moment-là que tu te rends compte de l’importance de ton entourage et de la chance que tu as. Je pense notamment à Deme N’Diaye (ancien joueur du RC Lens, NDLR) qui m’a longtemps hébergé dans le Nord.
Tu finis donc par rentrer au Sénégal ?
C’était dur. Psychologiquement, j’étais au fond du trou. Rentrer au pays était synonyme d’échec pour moi. J’avais réussi à me sortir de la merde en quittant le Sénégal et là, il fallait que je retourne à Liberté 4 (son quartier dakarois, NDLR). Mais je me suis fait violence. J’en ai parlé avec ma famille puis avec Deme et ils étaient tous d’accord : il fallait que je rentre pour reprendre à zéro. Le problème, c’est que je n’avais aucun projet. Ni proposition, ni contrat. Ma chance, je la dois encore à Patrice Bodian. Il a quitté son poste de préparateur physique pour devenir l’entraîneur de l’AS Douanes à Dakar. En débarquant au pays, je suis l’une des premières personnes qu’il contacte. Je lui ai tout de suite dit oui. Je voulais qu’il me sorte de cette situation.