POURQUOI LE FESFOP DE LOUGA NE REPOND PLUS AUX ATTENTES DES LOUGATOIS
Les manifestations marquant la 18e édition du Festival international de folklore et de percussion (FESFOP) de Louga démarrées le 22 décembre dernier ont pris fin le 1e janvier 2019.

A l’heure du bilan, le constat général qui s’est dégagé du coté d’une bonne partie de la population lougatoise surtout dans ses franges jeunes, femmes et adultes, c’est que le Fesfop ne répond plus aux attentes des Lougatois.
Ainsi certains de nos interlocuteurs lougatois comme Mouhamed El Habib S, Modou Bineta Dieng, Fambaye Niang, entre autres, ont estimé que le Fesfop a commencé, ces dernières années, à perdre de sa popularité, de son attraction, de sa solennité et surtout de l’engouement populaire qu’il suscitait d’il y a quelques années. Ce qui les a poussés à se poser la lancinante question de savoir pourquoi le Fesfop se retrouve-t-il dans cette situation de perdition de sa notoriété et enregistre de moins en moins de participation de certains pays étrangers et même de certaines régions du Sénégal ? D’autres Lougatois accrochés par nos soins dont Saliou Nd. enseignant, A. Cissé, M. Ndiaye, B.T. s’interrogent aussi sur ce qu’ils considèrent comme un désintéressement galopant du gouvernement aux manifestations du Fesfop, en ne se faisant plus représenter à l’ouverture comme à la clôture des manifestations par un ministre de la République, comme d’ailleurs c’est le cas cette année, les ministres concernés, préférant dépêcher des Directeurs nationaux pour les représenter. La subvention allouée au Fesfop se fait également à chaque édition en dents de scie et n’arrive plus au moment opportun. Même si les fondateurs, initiateurs et acteurs de ce festival soutiennent le contraire lors de leurs différents ateliers d’évaluation à la suite de chaque édition. Il n’en demeure pas moins vrai que pour beaucoup de nos interlocuteurs dont A.W, le Fesfop des premières années de sa création, n’est plus celui de ces dernières années, ce qui leur fera dire que le Fesfop au lieu de suivre une courbe ascendante emprunte une courbe descendante.
Une régression au niveau de la popularité…
Ainsi sa régression se situe au niveau de sa popularité, de la participation inclusive des populations, de son attraction, de sa fréquentation, de sa solennité, de son animation, de son ambiance pour ne pas dire de son audience populaire. En tout état de cause, la population de Louga ne semble plus croire à l’aspect culturel du Fesfop, c’est pourquoi elle assiste de moins en moins à ses manifestations. Justifiant les causes profondes de cette démission de la majeure partie de la population par rapport à sa participation inclusive aux manifestations des différentes éditions, nos interlocuteurs les résument en termes d’absence de retombées socio-économique et culturelles, estimant que le Fesfop n’a rien réalisé dans ce domaine en faveur de la ville. Le Fesfop, précisent-ils, n’ayant investi que pour lui-même, avec l’acquisition du campement touristique, la création de la radio-Fesfop, les différents matériels et équipements, les barrières de protection, les tentes, le matériel de sonorisation. Le Fesfop a aussi créé un Musée et formé au niveau local et international quelques jeunes sélectionnés, toutes choses qui, selon eux, appartiennent exclusivement au Fesfop et non à la ville de Louga. Ils dénoncent, par ailleurs, le fait que le Fesfop n’a même pas érigé un édifice de retrouvailles culturelles de grande envergure notamment un grand siège digne du Fesfop, autrement dit un grand théâtre de verdure, qui comprendrait tous les compartiments, les appartements et commodités culturels au profit des acteurs et professionnels culturels de la ville. Cet édifice comprendrait en outre, des réceptifs d’hébergement, de restauration, de loisirs, de détente, de spectacles, de salles d’expositions et de vernissage d’objets d’arts culturels, pour ne citer que ceux-là. Ce qui du reste, participerait ainsi, selon eux, à rehausser la qualité des réceptifs culturels de la ville.
Les reproches faits ux dirigeants du Fesfop
D’autres Lougatois encore comme P. Sylla, estiment de leur côté que le Fesfop, loin d’être une propriété culturelle de Louga, n’est rien d’autre qu’une affaire de « copains » qui n’admet pas le changement de son équipe dirigeante restée inamovible. Le Fesfop, ont-ils ajouté, devrait pouvoir contribuer par le biais de sa coopération décentralisée, un tant soit peu au développement de la ville de Louga, soulignant à cet égard que l’ « aura » dont bénéficie au plan international son président Babacar Sarr s’y prête à merveille. Abordant le volet innovations axé sur la décentralisation des manifestations dans certaines localités de la région, ils s’interrogent sur le bien fondé de cette décentralisation, de son utilité et de son impact économique, social et culturel au profit des localités les abritant. En réponse à ces reproches souvent faits aux dirigeants du Fesfop, ces derniers parlent de retombées économiques issues du séjour des participants étrangers, la location d’immeubles pour abriter les délégations étrangères, l’achat d’objets de souvenirs par les étrangers l’utilisation des taxis urbains, etc etc. Des réponses qui sont loin de convaincre nos interlocuteurs qui dans leurs répliques soulignent que ces dépenses sont des retombées, certes mais pour une infime partie de la population notamment pour les propriétaires d’immeubles loués et pour les vendeurs d’objets d’art et autres. Mais que ces retombées ne sont nullement d’intérêt général et que donc n’impactent pas sur le vécu des populations. Même s’ils reconnaissent, toutefois, par ailleurs, que le Fesfop est ouvert et est élargi à plusieurs franges de la population sans exclusive, désireuses de participer à son œuvre culturelle et à l’atteinte de ses objectifs.
L’appel à la relève après 18 ans de gestion de l’équipe actuelle
Par rapport à toutes ces observations, tous nos interlocuteurs sont unanimes à reconnaitre que la relève doit être assurée par une nouvelle équipe après 18 ans de gestion. Cette dernière bénéficierait de l’assistance des anciens, en s’inspirant de leur expérience et de leur expertise et partant, inculquer un nouveau souffle au Fesfop, en initiant de nouvelles options et orientations, en redynamisant ses acquis pour reconquérir l’attraction populaire et, du coup, restaurer la confiance des populations. Tant il est vrai, que l’usure du temps, l’inamovibilité et la répétition n’encouragent plus la réflexion et l’imagination créatrices, d’où l’impérieuse nécessité pour les dirigeants du Fesfop d’opérer des changements. Tel est le vœu de bon nombre de Lougatois qui se sont exprimés et qui souhaitent le renouvellement de l’équipe dirigeante en conservant Mr Babacar Sarr, initiateur du Fesfop, comme président d’honneur, conseiller spécial et personne morale de l’équipe, avec autour de lui, des conseillers techniques comme Youssou Mbargane Mbaye, Ndiaga Yandé Diop, Ousseynou Tall, entre autres. C’est du moins le sentiment le mieux partagé par une certaine frange de la population qui a émis le désir de voir des changements opérés dans la Direction du Fesfop pour permettre à d’autres de prouver à leur tour, leur savoir faire et leur savoir être, à travers la mise en place d’un nouveau type de management Invité à donner son sentiment par rapport à toutes ces allégations Mr Youssou Mbargane Mbaye, l’un des fondateurs principaux du Fesfop n’a pas fait dans la langue de bois et s’est aussitôt inscrit en faux par rapport à toutes ces allégations, qui pour lui, émanent de personnes encagoulées mal intentionnées, qui de tout temps ont été des détracteurs du Fesfop et que toutes ces fausses déclarations infondées n’engagent que leurs auteurs. Pour Youssou Mbargane Mbaye, le Fesfop n’a rien perdu, ni de sa popularité, ni de son attraction encore moins de sa solennité et de son audience populaire.
Le Fesfop plus que par le passé, est toujours beaucoup plus vivant, beaucoup plus vivace et beaucoup plus vibrant et attractif que jamais. Il n’en veut pour preuve, que l’édition de cette année qui, a-t-il dit, a drainé beaucoup plus de monde que les précédentes et dont les soirées de gala étaient animées tous les soirs en présence d’une importante assistance. Youssou Mbargane a, d’autre part, tenu à préciser que le Fesfop est une association privée dont l’équipe dirigeante ne saurait être changée comme le veulent leurs détracteurs et que ceux qui réclament leur départ n’ont qu’à créer leur propre structure pour se confronter à eux plutôt que de faire dans « le ôtes-toi que je m’y mette ». Pour sa part, le président du Fesfop Babacar Sarr, moins virulent et sans verser dans la polémique, a tout d’abord tenu à dire qu’il concède à leurs détracteurs leurs critiques, tout en souhaitant que celles-ci, soient objectives et ponctuées, tout de même, d’une part de vérité. Babacar Sarr tout en faisant siennes les réponses servies à leurs détracteurs par Youssou Mbargane Mbaye, a néanmoins ajouté que le Fesfop s’amplifie et s’élargit grâce à sa bonne gestion saluée et magnifiée par ses partenaires. Quoiqu’il en soit, le bilan d’évaluation des manifestations de la 18e édition du Fesfop est attendu dans les tout prochains jours, nul doute que la question de la relève de l’équipe ne manquera pas d’être encore soulevée comme par le passé et que la même réponse risque encore d’être servie à ceux qui réclament le départ de cette équipe dirigeante.