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9 juin 2025
L’AIGUILLE, SYMBOLE DU GENIE ARTISANAL SENEGALAIS
Depuis le 24 et jusqu’au 26 avril 2025, le Village LOXO est installé dans l’enceinte du Musée Théodore Monod de l’IFAN à Dakar, devenu, le temps de cet événement, une vitrine éclatante du savoir-faire artisanal sénégalais.
Depuis le 24 et jusqu’au 26 avril 2025, le Village LOXO est installé dans l’enceinte du Musée Théodore Monod de l’IFAN à Dakar, devenu, le temps de cet événement, une vitrine éclatante du savoir-faire artisanal sénégalais. Cette rencontre d’exception a constitué un espace d’exposition, de démonstration et d’échanges, réunissant jeunes apprenants, établissements de formation, artisans et acteurs culturels dans un cadre à la croisée de la tradition et de la modernité.
Le Directeur général du 3FPT, Babo Amadou Ba, a salué cette initiative, qu’il qualifie de moment charnière dans la dynamique de valorisation des métiers d’art au Sénégal. Il a rappelé la richesse du tissu artisanal national, structuré autour de 8 branches d’activités, 40 corps de métiers, et 150 professions répertoriées. Toutefois, il a mis en lumière un paradoxe majeur : malgré sa contribution notable à l’économie nationale estimée à 45,5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) selon les données de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD-2023), le secteur reste dominé par l’informalité et souffre d’un déficit de qualification parmi ses acteurs. Pour remédier à cette situation, le 3FPT a déployé un vaste programme de renforcement des compétences, comprenant 1 096 offres de formation en Certificat Professionnel de Spécialisation (CPS), couvrant 127 filières, dans 210 établissements de formation répartis sur 38 départements. Cette politique s’inscrit pleinement dans la vision portée par le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui, lors du Conseil des ministres du 6 novembre 2024, a réaffirmé sa volonté de faire de l’artisanat un levier central de transformation de l’économie informelle.
Le projet LOXO, porté par le 3FPT en partenariat avec l’Ambassade de France au Sénégal et le 19M, incarne pleinement cette ambition. Il repose sur une offre de formation innovante dans quatre filières stratégiques : la broderie, la couture-modélisme, le tissage-textile et la botterie-cordonnerie. Trois axes structurants fondent sa mise en œuvre : la valorisation du savoir-faire, l’orientation des jeunes vers les métiers d’avenir, et la pérennisation d’un dispositif de formation de qualité. Depuis son lancement, le projet a permis la certification de plus de 1 000 apprenants, l’élaboration de 16 nouveaux programmes, ainsi que le renforcement des compétences de plus d’une centaine de formateurs. Il a également généré d’importants investissements dans les infrastructures techniques des établissements partenaires.
De ce fait, le Village LOXO se positionne comme un incubateur d’idées et un véritable catalyseur d’opportunités, en parfaite cohérence avec la Vision Sénégal 2050, qui érige l’artisanat au rang de secteur stratégique du développement économique et social. Lors de l’inauguration officielle, le ministre de la Formation professionnelle et technique, Mamadou Moustapha Ndieck SARRE, a exprimé sa profonde satisfaction. Il a salué le Village LOXO comme une plateforme unique de synergie et de créativité, favorisant les interactions entre jeunes, structures de formation, entreprises et acteurs culturels, tout en insufflant une dynamique nouvelle à l’économie nationale. Il a souligné l’importance d’une offre de formation alignée sur les besoins du marché, en particulier dans des filières porteuses telles que la couture, le tissage, la broderie et la cordonnerie.
Le ministre a conclu en adressant ses remerciements sincères aux partenaires nationaux et internationaux, réaffirmant que seule une coopération concertée et inclusive permettra de construire un écosystème solide au service de l’innovation, de la formation professionnelle et de l’artisanat sénégalais.
LE GOUVERNEMENT HAUSSE LE TON
La traque aux « médias non conformes » est lancée au Sénégal. Le gouvernement du Sénégal vient de poser un nouvel acte dans la procédure de régulation du secteur de la presse.
Le gouvernement du Sénégal vient de poser un nouvel acte dans la procédure de régulation du secteur de la presse. Hier, vendredi 25 avril 2025, le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, relayé par le ministère de l’Intérieur, a rendu public un arrêté daté du 22 avril 2025, enjoignant aux médias qui ne sont pas en règle avec les dispositions du Code de la presse de cesser toute diffusion, toute publication ou toute parution, sous peine de sanctions et autres poursuites pénales. Près de 380 organes de presse seraient concernés.
La traque aux « médias non conformes » est lancée au Sénégal. Dans un arrêté signé par Alioune Sall, ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, le gouvernement sénégalais impose désormais l’arrêt immédiat de la diffusion, de la parution et du partage de contenus non conformes aux règles établies par le Code de la presse. Ce texte, daté du 22 avril 2025, vise explicitement les médias en ligne, écrits et audiovisuels qui ne respecteraient pas les normes légales en matière d’information. « Il est fait obligation aux médias non conformes de cesser toute diffusion ou tout partage de contenus, de supports en application des dispositions du code de la presse », mentionne l’arrêté dans son article premier.
En substance, selon l’arrêté ministériel, les entreprises de presse en ligne qui ne sont pas en conformité avec l’article 178 du Code de la presse doivent suspendre toutes leurs activités de diffusion, sous peine de sanctions prévues à l’article 193. Il en va de même pour les entreprises de presse écrite ne respectant pas les articles 66 à 72 du même code, qui risquent de lourdes sanctions, notamment celles énumérées aux articles 194, 195, 200, 203 et 204. L’audiovisuel n’est pas en reste : toute entreprise de communication audiovisuelle ne disposant pas d’une autorisation conforme à l’article 94 du Code de la presse est tenue également de cesser immédiatement ses activités de diffusion.
L’arrêté cible également la « prolifération de contenus non conformes et de fausses nouvelles. Toute personne ou entité diffusant de tels contenus devra se soumettre aux dispositions du Code pénal ». A travers cette décision, le gouvernement du Sénégal pose un nouvel acte dans sa volonté « de réguler » le secteur de la presse sénégalaise et des communications, en pleine mutation numérique. Et ce, à un moment où les médias traditionnels et numériques évoluent rapidement.
Pour rappel, le ministère de la Communication avait publié, le jeudi 6 février 2025, une liste officielle des médias en règle avec le Code de la presse. Sur les 639 médias déclarés à ce jour, seuls 258 étaient en conformité, tandis que 380 organes ne respectaient pas les exigences réglementaires, selon Habibou Dia, directeur de l’information.
13% DES USAGERS DU BRT ACHETENT LEURS TICKETS VIA LES SUPPORTS DIGITAUX
Au démarrage du Brt en mai 2024, 99,5% d’usagers achetaient leurs titres au niveau des guichets et 0,5 % achetaient leurs titres au niveau de supports digitalisés. Aujourd’hui, 13% des usagers du BRT achètent leurs titres de transport via les supports dig
Depuis la mise en circulation du BRT, des solutions d’achats de titres de transport via les supports digitalisés ont été développés pour rendre le service plus accessible aux usagers. Aujourd’hui, grâce à ces E-solutions, 13% des usagers du BRT achètent leurs tickets de voyage via les supports digitaux.
Au démarrage du Brt en mai 2024, 99,5% d’usagers achetaient leurs titres au niveau des guichets et 0,5 % achetaient leurs titres au niveau de supports digitalisés. Aujourd’hui, 13% des usagers du BRT achètent leurs titres de transport via les supports digitaux. L’annonce a été faite par le directeur général de Dakar Mobilité Cheikh Yatt Diouf. Il intervenait hier, vendredi 25 Avril lors d’un panel portant sur la mobilité urbaine et technologie financière, organisé en marge de la conférence annuelle de Wave. « Notre ambition, c’est de renforcer ces supports digitaux et voir à quel niveau on peut infléchir cette tendance. Renforcer la digitalisation nous permet de rendre le projet encore plus éco-responsable. Parce que c’est préserver nos forêts en vendant moins de titres papiers possibles. L’un des enjeux du Brt, c’est de rendre plus accessibles les services sociaux de base, les lieux de travail et les bassins d’activités hors de Dakar », indique-t-il.
Avec la digitalisation qui permet de renforcer l’inclusion financière soutient-il, on rend plus accessible le service de transport. Selon M Diouf, ces nouveaux produits permettent également de gagner du temps et de minimiser les fraudes « S’il y a moins de personnes qui achètent leurs titres devant les guichets, c’est moins de file d’attente. En développant ces solutions avec Wave, on arrive opérationnellement à apporter des réponses à la problématique de la gestion du temps, de fraude et avoir une meilleure efficacité opérationnelle », a-t-il fait remarquer.
El Hadji Malick Guèye, directeur général de Wave Sénégal a relevé le changement des habitudes des Sénégalais concernant les paiements électroniques.« Au début, quand on échangeait avec certaines personnes sur les potentialités liées au paiement digital d’abord au niveau des guichets et ensuite via les E-solutions, beaucoup étaient dubitatifs sur le niveau de sensibilité des Sénégalais. Mais nous étions agréablement surpris par ce qui s’est passé avec Dakar Dem Dikk, notre partenaire historique, ensuite avec le Ter et aujourd’hui avec le Brt », se réjouit-il Il a par ailleurs souligné la nécessité d’aller dans la coconstruction. «Nous apportons la technologie digitale, le partenaire apporte sa connaissance au métier, mais aussi sa connaissance des habitudes des utilisateurs et ensemble, nous allons arriver à bâtir ce qu’il faut pour permettre aux Sénégalais d’en bénéficier convenablement », a-t-il conclu.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE – SAMEDI 26 AVRIL 2025
Entre rigueur politique, enjeux économiques brûlants et exploits sportifs, la presse sénégalaise de ce week-end peint le portrait d’un pays à la croisée des chemins : engagé, critique et toujours vibrant
(SenePlus) L’actualité nationale est riche et variée, oscillant entre régulation des médias, enjeux économiques, affaires judiciaires et exploits sportifs. Tour d’horizon des principales "unes" de la presse sénégalaise.
POLITIQUE ET REGULATION DES MEDIAS : L'ÉTAT SERRE LA VIS
Sud Quotidien ouvre la marche avec un titre fort : "Le gouvernement hausse le ton". Le journal s’attarde sur la fermeté affichée par les autorités dans le cadre de la régulation des médias au Sénégal, dans un contexte où la question de la liberté d’expression suscite des débats intenses. Cette volonté de remettre de l’ordre est perçue par certains comme une mesure nécessaire, par d'autres comme un recul démocratique.
Dans la même veine contestataire, WalfQuotidien affiche un titre provocateur : "Coup pour coup". Le journal décrit une atmosphère de bras de fer entre le pouvoir et certains segments de la presse et de la société civile, alimentée par des mesures jugées liberticides.
Tribune enfonce le clou en titrant : "Une honte dans une démocratie...", dénonçant vigoureusement ce qu’il considère comme des atteintes graves aux libertés fondamentales, notamment à travers des arrestations et intimidations visant des opposants et des journalistes.
DIPLOMATIE ECONOMIQUE ET FINANCES PUBLIQUES : ENTRE AMBITIONS ET CONTROVERSES
Sur le front économique, Le Soleil annonce des perspectives prometteuses avec : "153 milliards de FCFA sur 6 ans", un montant consacré à un ambitieux programme de développement visant à soutenir les projets structurants dans plusieurs secteurs clefs.
Quotidien, pour sa part, nous transporte à Washington avec "Le printemps de l’APR à Washington", où il relate la participation de la délégation sénégalaise, conduite par de hauts responsables, aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
Cependant, le climat économique n’est pas exempt de controverses. EnQuête soulève une interrogation de taille dans sa manchette : "Où sont passés les milliards du Fopica ?". Le journal s’interroge sur la gestion opaque des fonds dédiés au développement du cinéma sénégalais, pointant du doigt un possible scandale financier.
AFFAIRES JUDICIAIRES : UN FEUILLETON POLITIQUE ET JUDICIAIRE
Le volet judiciaire s’impose aussi largement dans les titres du jour. L'Observateur braque ses projecteurs sur une figure politique en titrant : "Mbaye Ndiaye face à la justice", tandis que Le Verdict met en lumière un affrontement verbal : "Moustapha Guirassy apporte sa réplique à Guy Marius Sagna", au cœur d'une polémique politique qui fait grand bruit.
Libération, fidèle à son style incisif, revient sur une affaire judiciaire sensible avec : "Les détails de l'affaire Sophie Gladima", exposant les éléments recueillis dans une enquête qui mêle politique et accusations lourdes.
Subatec et Antenne Quotidien poursuivent dans cette dynamique en évoquant respectivement des affaires impliquant le ministre Alioune Sall et des démêlés judiciaires autour du FMI, révélant les dessous d'enquêtes en cours et la fragilité de certaines institutions face aux scandales.
SPORT : LE SENEGAL BRILLE, L'ESPAGNE RETIENT SON SOUFFLE
Côté sport, c’est l’heure de l’enthousiasme et de la fierté nationale. Le Dakarois et Rewmi Sports célèbrent la performance de la jeunesse sénégalaise avec un titre commun : "Le Sénégal arrache sa place en finale" du Championnat d’Afrique de Football Scolaire. Une victoire qui augure de belles promesses pour la relève sportive.
Sur le plan international, l’Espagne retient son souffle à l’approche de la finale de la Coupe du Roi. Record s’interroge : "32e sacre du Barça ou 21e pour le Real ?", alors que Stades met en avant les enjeux tactiques sous le titre : "Real Madrid - FC Barcelone : 3 duels clés pourraient tout basculer". Cette affiche promet un affrontement épique entre les deux géants du football espagnol.
SOCIETE : LA VOIX DES INTELLECTUELS ET TENSIONS FAMILIALES
Enfin, Grand Panel se distingue en mettant à l’honneur un nouveau visage de la pensée sénégalaise dans son édition intitulée : "Couronné par la voix d'une génération", consacrée à un intellectuel qui incarne les aspirations d’une jeunesse en quête de nouveaux repères.
Les Échos livre, quant à lui, un récit plus intime des tensions politiques au sein d'une même famille : "Demba Ndong, très loin des affaires de son frère Farba Ngom", illustrant comment les parcours familiaux peuvent diverger face aux enjeux du pouvoir.
PAR SAMBA DIOUF
QU’EST-CE QUE L’AFRIQUE GAGNE DE YOUTUBE ?
En cette date anniversaire de la chaîne numérique depuis la première vidéo du 23 Avril 2005, il est judicieux de s'interroger sur l'impact de ce produit Google dans le spectre de l'audiovisuel et dans l'économie numérique des États africains
En cette date anniversaire de la chaîne numerique depuis la première vidéo du 23 Avril 2005, il est judicieux de s'interroger sur l'impact de ce produit Google dans le spectre de l'audiovisuel et dans l'économie numérique des États africains.
Le Sénégal a basculé de l'analogie vers la télévision numérique terrestre, il est donc utile de s'interroger sur l'impact des chaînes you Tube sur notre paysage audiovisuel.
Comment peut on tirer profit des chaînes You Tube?
Est ce que You Tube contribue à la croissance de l'économie numérique de nos États africains?
A ces problématiques, il convient de dire que la monetisation des chaînes YouTube obéit à 4 conditions parfois très difficiles à réaliser.
1. Existence du programme de partenariat dans le pays rattaché à votre compte.
2 Mille abonnés à votre chaîne
3. Effectivité sur votre chaîne YouTube de 4.000 heures de vues sur les 12 derniers mois.
4 Effectivité de 10.millions de shorts visionnés sur les 90 derniers jours.
Ces conditions cumulatives, en plus des publicités réalisées sur la chaine YouTube permettent de gagner de l'argent.
En Afrique les chaînes YouTube les plus quotées gagnent entre 7millions et 8millions d'Euros. Il s'agit de chaînes Égyptienne, Algérienne et Nigerianne.
Au même moment, les chaines YouTube plus actives d'Amérique et d'Europe, gagnent entre 200 millions et 300 millions d'Euros.
Le Sénégal ne compte pas de chaînes YouTube dans le Top africian, mais marque l'existence de chaînes YouTube aux contenus variés. ( musique, théâtre et chaîne de tv numériques)
Aujourd'hui, il est urgent que les chaînes de Tv classiques se recréent en produisant du contenu et en créant des plates-formes numériques.
Pour mieux se positionner, l'Afrique a urgemment besoin de créer du contenu pour davantage profiter de l'économie des chaînes YouTube
L'Afrique doit encourager la création d'outils digitaux pour concurrencer YouTube.
Au plan macro économique, YouTube a l'image des GAFAM, ne distribue pas les dividendes au continent africain.
L' Union Européenne a instauré des taxes directes sur les revenus des GAFAM, afin de capter sa part de l'économie.
L'Afrique, notamment le Sénégal, doit appréhender le modèle économique et commercial des données ( DATA) pour maîtriser la facturation de la connexion INTERNET.
La facturation INTERNET très élevée sur la passerelle internationale à l'occasion du visionage des vidéos YouTube occasionne un gain énorme pour les FAI et les opérateurs de câbles sous marins qui pourtant créent des Cashs en Afrique aux fins de rapprocher les contenus à notre continent.
La creation de contenus concurrentiels, la maîtrise de la facturation des données connectées sont des pistes à explorer par l'Afrique pour capter l'économie des chaînes YOU TUBE, en attendant de booster le génie créateur qui va concurrencer ce produit Google.
ÎLES DE BASSE-CASAMANCE, ENTRE BEAUTÉ NATURELLE ET MENACES CLIMATIQUES
Menacées par l’érosion, la montée des eaux et l’enclavement, des îles comme Eloubaline, Carabane ou Diembéring voient leur équilibre fragile mis à rude épreuve.
Paradisiaques ! Elles le sont. Les îles, ces terres bénies par la nature. On y respire de l’air pur. On y mange du poisson frais, à défaut de les vendre pour avoir des ressources. Cependant, d’Eloubaline à Saloulou, en passant par Cachouane et Haër, les habitants constatent, au fil des années, l’avancée fulgurante de la mer et craignent le pire. Ces insulaires qui vivent loin du bruit et de la pollution des centres urbains, sont confrontés aux évacuations sanitaires d’urgence et restent vulnérables aux changements climatiques. Vivre dans les îles, est à la fois un luxe et un pari risqué.
Derrière des forêts drues de palétuviers du village de Kameubeul, on retrouve Eloubaline ou Eloubalire, une île difficile d’accès. Située dans la commune d’Oukout, à l’autre bout de la capitale départementale du Kassa (Oussouye), cette localité d’un enclavement sans précédent est habitée par des populations qui vivent avec dignité. Pour s’y rendre, il faut, à partir de la terre ferme, dans la commune d’Enampore, s’attacher les services d’un bon piroguier car, des fois, le fleuve est très agité. Le samedi 8 mars, nous avons tenté cette expérience pour la première fois. On a foulé les berges du fleuve Casamance vers 10 heures et sur place, en attendant l’arrivée du piroguier Idrissa Bassène, on en profite pour contempler la belle forêt de mangroves.
Dix minutes plus tard, l’embarcation du jeune est à quai. C’est l’heure de la traversée vers l’île d’Eloubaline. A bord, il y a des habitants du village de Djifanghor, dans la commune Niaguis. « C’est parti. On va bientôt accoster. Ça ne sera pas long du tout », renseigne le jeune piroguier Idrissa Bassène qui nous rappelle que la traversée dure 20 à 30 minutes. Dans la barque, seul moyen pour rallier Eloubaline, il y a un calme absolu. Tous, pensifs, se souviennent peut-être du chavirement qui a eu lieu en 2019, sur le même trajet. Cet accident avait fait 8 morts et 24 rescapés. Heureusement que pour cette matinée, le fleuve était tranquille, la marée basse.
A notre gauche, sur la partie qui mène à la Pointe Saint-Georges et Djiramaït (Oussouye), on dépasse une jeune demoiselle de teint noir. Assise seule dans son embarcation de fortune, elle cueille des huîtres. On progresse sereinement. Eloubaline se laisse découvrir un peu plus, même si on a l’impression que la traversée dure une éternité. Plus de 30 minutes après, nous voici dans cette île dont on entendait parler depuis plusieurs décennies, grâce au talent d’une de leur ancienne équipe de football. Au débarcadère, une rive pleine de cailloux et de morceaux de coquillage accueille le visiteur. La végétation de mangroves est luxuriante. On découvre également une population majoritairement de teint clair. Bienvenue à Eloubaline, antre de l’enfant chéri Djignabo Bassène, parrain depuis 1964, du plus grand lycée de la commune de Ziguinchor.
Les craintes d’une disparition imminente
Village traditionnel, Eloubaline conserve jalousement les vestiges du passé. Ici, toutes les constructions sont identiques. On y trouve toujours des maisons en paille et banco. C’est ce qui fait le charme de cette petite bourgade qui s’ouvre sur les bolongs. Bâtie sur une superficie de 12 km², l’île est peuplée de 300 habitants pour 55 ménages. Elle est limitée au nord par Enampore, royaume du défunt roi Affilédio Manga, à l’Est par le village de Kameubeul, au Sud par Kaléane et à l’Ouest par les bourgs de Edioungou et Djivente. Loin de la terre ferme, les populations disent y vivre paisiblement. Le climat y est doux et généreux mais en dépit de cela, elles craignent le pire.
Chef de village d’Eloubaline depuis 2010, Victor A. Bassène affirme que leur localité pourrait disparaître du jour au lendemain. Pendant la saison des pluies, entre août et septembre, une crue envahit les maisons, et Eloubaline vit avec des inondations. Durant cette période, leur cimetière mixte devient inaccessible. Face à la persistance de ce fléau, les insulaires qui vivent de pêche et de culture du riz, sollicitent l’appui de l’État et de ses partenaires. « Nous avons de l’eau potable, parce qu’on a été raccordés au forage d’Eyoune (Siganar et Carounate). Mais, notre plus gros problème, c’est l’avancée de la langue salée, avec des conséquences incommensurables, avec la perte de beaucoup de nos rizières. Sur l’île, tout est salé et on ne peut pas y développer l’horticulture », regrette Victor Bassène.
Regard lointain, le chef de village pensif, soutient que les habitants pourront être contraints d’abandonner leur île, si rien n’est fait pour protéger les maisons et les rizières. De plus, M. Bassène indique que tous les villageois le savent. « On demande qu’une seule chose à l’État : nous aider à désenclaver notre village. On peut marcher dans les mangroves pour sortir au pont de Niambalang. C’est dans cette partie-là que nous voulons construire une digue car, sans cela, le village disparaitra un jour. Nous avons de l’eau, en plus d’une mini centrale solaire qui alimente le village en électricité. Maintenant, le seul gros problème, c’est le désenclavement qui va nous permettre de maintenir notre village debout », renchérit Victor Bassène.
A Eloubaline, les populations sont au front pour lutter efficacement contre l’érosion côtière qui anéantit tout espoir de développement. Elles s’organisent pour freiner l’avancée de la mer avec les moyens dont ils disposent. Cela passe par la construction d’une digue devant permettre de repousser la remontée saline et ses effets négatifs. Selon le chef de village, tout le monde est mobilisé autour de cet enjeu majeur.
Focus territoire : Freiner l’avancée de la mer par les bras
« Dans le passé, nous avions essayé, mais par la suite, on s’est rendu compte qu’il était impossible, avec nos mains, de relever une digue. Il ne pleut plus comme avant et à cause de l’effet du sel, la digue peut s’affaisser très rapidement. Si ne nous ne réalisons pas ce projet, l’île pourrait être engloutie par les eaux », poursuit le chef de village. Les jeunes du village ne sont pas en reste. Conscients du fait qu’ils sont la boussole de ce vieux et petit village, ils s’investissent à fond. De l’avis de William Bassène, président de l’Association sportive et culturelle (Asc), qui compte plus de 100 membres, l’avenir du village est entre les mains de sa jeunesse. « Les jeunes de ce village luttent contre l’avancée de la mer, qui affecte pratiquement toutes les îles de la Basse-Casamance », renseigne William Bassène. Tout comme son chef, le jeune promoteur touristique souligne l’impérieuse nécessité de travailler à réaliser une digue pour sauver et protéger l’île contre ce fléau.
Pour réussir ce pari, une cotisation a été fixée ; Tout villageois, âgé de 18 ans, doit impérativement donner 2500 FCfa et un comité a été mis en place pour veiller sur l’effectivité des cotisations. « Nous lançons un appel aux autorités étatiques pour qu’elles nous aide à sauver notre île. On se demande où est-ce qu’on pourra trouver refuge si cette île venait à être avalée par les eaux. C’est la plus grande inquiétude », affirme William Bassène, qui dirige l’Asc Eloubaline depuis 2015. Île à double identité, car culturellement rattachée au royaume du « Mof Avi », et administrativement reliée à la commune de Oukout, Eloubaline continue de vivre dans la dignité, tout en tendant la main à l’État du Sénégal, qui pourra l’aider à protéger ses terres et ses maisons.
Carabane la « sainte » vit des heures sombres
Elle a un pied dans l’embouchure du fleuve Casamance et ses nombreux cocotiers, qui donnent sur la plage, ont fait d’elle un endroit paisible, avec un climat doux et agréable. Carabane ! Île mémoire et pleine d’histoires. En Basse-Casamance, on peut affirmer que cette île fût le bastion du colon, déterminé dans le temps, à faire accepter sa culture et sa religion aux autochtones. Pour se rendre dans ce premier comptoir colonial français en Casamance, qui abrite la tombe du capitaine Protêt, enterré debout, dit-on, il faut passer par le village d’Elinkine, dans le département d’Oussouye, commune de Mlomp. A l’image des autres localités insulaires, Carabane n’est accessible que par pirogue. La traversée peut durer plus de 30 minutes.
De loin, même à partir d’Elinkine, on aperçoit cette île. Sur place, l’on découvre un site avec ses bâtiments qui datent de la période coloniale. Au-delà d’être la première capitale administrative, cette île qui abrita la première cabine téléphonique, et la première église de la Casamance inaugurée 1897, n’échappe pas à la furie des vagues. D’une superficie totale de 57 km2, l’île, qui fait face à la pointe de Diogué, dans la commune de Kafountine, département de Bignona, à un peu plus de 500 km de Dakar dispose de toutes les potentialités pour amorcer son processus de développement économique. Mais, au quotidien, elle fait face à la menace de l’érosion côtière qui plombe son essor économique, avec des vagues, qui emportent tout espoir d’épanouissement des populations.
Diembéring, une commune vulnérable
Avec la montée en puissance de l’érosion côtière, la commune de Diembéring est presqu’à terre. Dans cette partie du département d’Oussouye, se déroule une extraction du sable au profit d’un groupe d’individus. D’après des spécialistes, cette activité illicite peut également accentuer le phénomène de l’avancée de la mer. Situé en Basse-Casamance, dans l’arrondissement de Kabrousse, à quelque 10 km au Nord de la station touristique de Cap Skirring, Diembéring, village de pêcheurs et d’agriculteurs, se distingue par ses fromagers géants, ses dunes et ses palmeraies. Mais, derrière ce beau tableau, se cache un phénomène qui expose la commune et menace les zones côtières. Ici, cette dégradation du relief a fini d’envahir les terres arables, de creuser des montagnes et de terrasser des centaines de filaos.
Commune essentiellement littorale, Diembéring vit au rythme de l’avancée de la mer. Au mois de juin 2019, lors de la célébration de la journée mondiale de l’environnement, l’ancien maire de la commune Tombon Guèye avait invité l’État à apporter des solutions à l’érosion côtière qui « menace fortement » l’existence de ladite municipalité. Mais, jusque-là, rien, disait-il. « Nous sommes une localité essentiellement littorale. La vitesse de décapage de notre côte est tout à fait inquiétante, parce qu’il y a des endroits, où nous notons une vitesse de 3m par an », avait souligné le prédécesseur de l’actuel maire Léopold Abba Diatta.
Spécialiste des questions environnementales, Tombon Guèye avait indiqué que la côte, qui s’étale de Kabrousse à Nikine, et distante de plus de 25 km, mérite une attention particulière de la part des autorités étatiques. Dans cette zone, a-t-il soutenu, l’avancée de la mer menace également la survie des hôtels, qui pour la plupart, sont en train de fermer, en plus des rizières déjà envahies par la mer. Nikine, un village qui fait face à l’île de Diogué, accessible à partir de Carabane, connait aussi une érosion côtière, depuis plusieurs décennies. Ce hameau, qui s’ouvre sur l’océan Atlantique, est sans protection. Quand le vent souffle, les arbres, notamment les filaos, tombent. La mer en profite pour avancer vers les rizières et les habitations. Les « Nikinois », eux, continuent d’implorer le Tout-Puissant pour qu’Il veille sur leur village, en attendant, peut-être, qu’un jour, l’État du Sénégal et ses partenaires puissent penser à la zone et apporter un salut majeur aux générations actuelles et futures.
MOUSTAPHA DIOP ET SALIMATA DIOP DANS LE VISEUR DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Mis en cause dans la gestion du Fonds Force-Covid 19, les deux anciens ministres pourraient faire face à des poursuites judiciaires, dans un dossier qui implique plusieurs autres départements ministériels.
Les députés sont convoqués en séance plénière le lundi 28 avril 2025 à partir de 10 heures, pour l’examen de projets de résolutions visant à constituer des commissions ad hoc chargées de statuer sur les demandes de levée de l’immunité parlementaire des députés Moustapha Diop et Salimata Diop. L’annonce a été faite à travers un communiqué officiel de l’Assemblée nationale.
En amont de cette plénière, la Commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains de l’Assemblée nationale s’est réunie pour examiner les projets de résolutions. Cette étape marque le début d’un processus parlementaire qui se poursuivra avec une nouvelle séance plénière prévue le 2 mai prochain.
La demande de levée de l’immunité parlementaire de ces deux députés s’inscrit dans un cadre plus large. Moustapha Diop et Salimata Diop figurent parmi les cinq anciens ministres dont la mise en accusation a été sollicitée par le ministre de la Justice, via le parquet général. Le 17 avril dernier, le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Mbacké Fall, avait annoncé lors d’un point de presse l’ouverture de poursuites judiciaires contre ces anciens membres du gouvernement, en lien avec des manquements relevés dans la gestion du Fonds Force-Covid 19.
Selon le magistrat, les dossiers concernés ont été transmis à l’Assemblée nationale pour les procédures nécessaires. Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Dakar, Ibrahima Ndoye, chargé du dossier, a pour sa part rappelé que huit ministères sont concernés par les conclusions du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des 1 000 milliards de francs CFA mobilisés pour faire face à la pandémie.
À l’époque des faits, Moustapha Diop était ministre du Développement industriel, tandis que Salimata Diop dirigeait le ministère de la Femme. Les autres ministères cités dans le rapport incluent ceux des Mines, de la Culture, de la Jeunesse, des Sports, de la Santé et du Développement communautaire.
ALIOUNE SALL ORDONNE L’ARRÊT DES ACTIVITÉS DES MÉDIAS NON CONFORMES
Cette mesure s’appuie sur un arrêté officiel et s’accompagne de menaces de sanctions, allant jusqu’au retrait de fréquence ou de signal pour les contrevenants.
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall, a donné l’ordre, vendredi, aux médias déclarés ‘’non conformes’’ au code de la presse de cesser leurs activités, ceux d’entre eux qui n’obtempéreraient à cette injonction s’exposant, selon lui, à des sanctions.
‘’Il est fait obligation aux médias non conformes [au code de la presse] de cesser toute diffusion ou tout partage de contenus et de supports, en application des dispositions du code de la presse’’, est-il écrit dans l’arrêté du ministre parvenu à l’APS.
Les entreprises de presse en ligne, de presse écrite et de communication audiovisuelle doivent respecter le code qui encadre les activités des médias, a argué M. Sall.
Le ministère qu’il dirige a publié, le 6 février 2025, une liste de 258 médias ayant satisfait aux critères fixés en vue de leur reconnaissance officielle par l’État.
Vingt-six chaînes de télévision, 28 quotidiens, 30 radios commerciales, 102 radios communautaires, 22 chaînes de télévision uniquement diffusées par Internet et 48 sites d’information sont en règle, avait précisé le directeur chargé de la communication au sein du ministère exerçant la tutelle technique des médias, Habibou Dia.
Selon M. Dia, 639 médias avaient déposé un dossier sur la plateforme ‘’Déclaration médias du Sénégal’’, mise en place pour leur enregistrement.
À l’époque, 381 médias ‘’n’étaient pas conformes’’ aux dispositions du code de la presse les autorisant à exercer librement leurs activités, avait-il dit en février dernier.
‘’Ils encourent des sanctions allant jusqu’au retrait de leur signaux ou de leur fréquence’’, s’il s’agit de médias audiovisuels, avait prévenu Habibou Dia.
L’arrêté du ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique rappelle que ‘’tout diffuseur de contenus de médias non conformes ou de fausses nouvelles est soumis à l’obligation de respecter les dispositions du code pénal’’.
La direction de la surveillance du territoire va interdire aux médias n’ayant satisfait aux critères fixés par l’État d’exercer leurs activités, selon Alioune Sall.
Ce démembrement de la direction générale de la Police nationale a reçu une telle consigne, mardi dernier, selon un document signé de son directeur et joint à l’arrêté ministériel.
par Hamidou Thiaw
IMMATURITÉ POLITIQUE ET URGENCE D’UN RENOUVEAU
Les promesses électorales se sont évaporées, ne laissant place à aucun programme crédible ni à aucune vision sérieuse pour sortir le pays de la précarité
L’heure est grave. Le peuple sénégalais continue de souffrir dans sa chair, malgré les espoirs nourris lors de la dernière alternance politique. Les promesses électorales se sont évaporées, ne laissant place à aucun programme crédible ni à aucune vision sérieuse pour sortir le pays de la précarité. Seul un projet de migration circulaire, qui s’apparente davantage à une forme de traite négrière moderne, semble émerger.
Pendant ce temps, les responsables politiques s’adonnent à des querelles stériles, focalisés sur des rivalités de posture et de prestige. Chacun revendique une victoire après une interdiction de sortie du territoire ou une décision rendue par la Cour suprême ou le Conseil constitutionnel. Le parti au pouvoir s’enlise dans des échanges vains avec une partie de l’opposition, détournant l’attention des véritables priorités nationales.
Cette scène politique désolante est indigne d’une nation qui aspire à l’émergence. Elle illustre ce que l’on appelle tristement la « politique politicienne » : un théâtre d’ambitions personnelles, déconnecté des réalités du peuple.
C’est face à ce spectacle, empreint de désarroi et de frustration, que se forge ma détermination à m’engager. Je refuse de cautionner un système où les élites, sans contrôle ni responsabilité, se servent de l’État pour s’enrichir tandis que le peuple est sommé de payer toujours plus d’impôts pour entretenir leur luxe et leur opulence.
Oui, je veux me présenter en 2029. Oui, je crois qu’il est temps d’en finir avec ces querelles infantiles. Oui, je crois qu’il est urgent de passer des paroles aux actes.
Je lance un appel solennel à tous ceux qui partagent cette volonté de rupture. Rejoignez-moi pour bâtir une nouvelle gouvernance, centrée sur la justice sociale, la compétence, la transparence et l’intérêt général.
Quant à nos régulateurs sociaux — société civile, leaders religieux — leur silence est assourdissant. Il est temps qu’ils retrouvent leur voix, pour guider, alerter et défendre les valeurs qui fondent notre vivre-ensemble.
LA TENTATION DU DÉFAUT
Le Sénégal sous la direction de Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko pourrait-il envisager l'impensable en matière financière : refuser de rembourser certaines dettes contractées par le régime précédent ?
(SenePlus) - Dans un contexte économique tendu, le Sénégal sous la direction du président Bassirou Diomaye Faye et de son Premier ministre Ousmane Sonko pourrait-il envisager l'impensable en matière financière : refuser de rembourser certaines dettes contractées par le régime précédent ? Cette question, qui résonne comme un séisme potentiel dans les cercles financiers internationaux, mérite une analyse approfondie.
"Il est impossible d'écarter l'idée que cette nouvelle génération de dirigeants puisse être tentée de remettre en question la dette contractée par leurs prédécesseurs", confie à Jeune Afrique un spécialiste de la finance du développement sous couvert d'anonymat. Cette réflexion s'inscrit dans la théorie controversée de la "dette odieuse" ou "illégitime".
Cette doctrine, particulièrement prisée dans les milieux souverainistes radicaux, considère que "la dette souveraine contractée sans le consentement des populations et sans bénéfice pour elles ne doit pas être transférée à l'État successeur", comme le rappelle Jeune Afrique. Les économistes américains Michael Kremer et Seema Jayachandran avaient d'ailleurs théorisé ce concept dans une étude publiée sur le site du FMI, notant que "dans de nombreux pays, la loi dispense les personnes de rembourser les sommes empruntées frauduleusement en leur nom".
Le 26 septembre 2024, plusieurs mois après le lancement d'un audit des finances publiques, le Premier ministre Ousmane Sonko a dressé un constat alarmant lors d'une conférence de presse aux côtés de son ministre de l'Économie, Abdourahmane Sarr. "La politique d'endettement effrénée appliquée sous la présidence de Macky Sall a donné lieu à une utilisation non transparente des ressources et favorable à une corruption généralisée", a-t-il déclaré, évoquant même une méthodologie visant à "détourner en masse des deniers publics".
Ces accusations graves, rejetées en bloc par l'ancien président Macky Sall dans une interview accordée à Jeune Afrique, pourraient-elles servir de fondement juridique à une remise en cause des engagements financiers du pays ?
L'histoire récente offre peu d'exemples de pays ayant franchi cette ligne rouge. L'Afrique du Sud post-apartheid aurait pu légitimement questionner la dette contractée par le régime d'oppression précédent, mais a choisi de la rembourser pour préserver sa crédibilité internationale.
L'Argentine reste le cas le plus emblématique d'un pays ayant refusé volontairement d'honorer une partie de ses engagements. Après la crise de 2001, le pays a été poursuivi par des fonds d'investissement américains qualifiés de "fonds vautours". Malgré une condamnation par la justice américaine, l'Argentine a refusé de payer, craignant que cela n'incite d'autres créanciers à revenir sur la restructuration de sa dette.
"Cela a durablement entaché la réputation du pays sur les marchés", explique à JA un spécialiste. "Au bout du compte, cela a coûté beaucoup plus cher. Cela peut arriver d'être dans l'incapacité de rembourser. Mais faire défaut volontairement, c'est impardonnable pour les investisseurs."
À la fin décembre 2024, selon les chiffres du FMI cités par le magazine, le déficit budgétaire sénégalais s'établissait à 11,7% du PIB, tandis que la dette atteignait 105,7% du PIB. D'ici fin 2025, elle pourrait même grimper à 114% du PIB, plaçant le pays parmi les plus endettés du continent.
"Tout porte à croire que ces leaders sans expérience du pouvoir ont pu l'imaginer [refuser de rembourser certaines dettes], mais depuis, il semble qu'ils se soient ravisés", suggère une source anonyme citée par le magazine panafricain.
L'opération transparence lancée par les nouvelles autorités a déjà eu un coût significatif en termes de réputation financière. En quelques mois seulement, l'agence de notation Moody's a dégradé la note souveraine du Sénégal de trois crans. Fin mars, les intérêts des eurobonds sénégalais ont grimpé à près de 15%, l'un des taux les plus élevés de l'histoire du pays.
"Nous avons tous été surpris par l'ampleur de la dette et les investisseurs sont inquiets", confie un observateur du secteur à Jeune Afrique. "Mais c'est un pays qui a un historique de marché, une bonne réputation. C'est important qu'il s'appuie dessus pour rétablir la situation."
Face aux inquiétudes des marchés, le gouvernement Sonko met en avant plusieurs facteurs positifs : une croissance économique résiliente de 6% en 2024 et surtout les perspectives prometteuses liées au démarrage de l'exploitation du champ gazier de GTA et du champ pétrolier de Sangomar. Ces nouveaux revenus pourraient permettre au pays d'afficher "l'un des taux de croissance les plus élevés au monde" dans les années à venir, et ainsi regagner progressivement la confiance des investisseurs.
Le dilemme est donc clair pour le tandem Faye-Sonko : céder à la tentation souverainiste de questionner la légitimité de certaines dettes au risque d'un isolement financier, ou privilégier le pragmatisme économique en honorant les engagements pris par leurs prédécesseurs malgré les soupçons de corruption qui les entourent.