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9 juin 2025
ALIOUNE FAYE, MÉMOIRE VIVE DE DIOURBEL
Orphelin devenu commerçant puis nommé officier d'état civil en 2014, ce disciple de Serigne Mansour Sy a révolutionné l'administration locale en instaurant digitalisation et rigueur
Officier d’état civil de la commune de Diourbel et président régional de l’Unacois (Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal), Alioune Faye se fait affectueusement appeler Alioune Faye Mansour en raison de son engagement auprès de Serigne Mansour Sy, le défunt Khalife de Tivaouane dont il est un fervent disciple. Ce notable incarne à la fois la rigueur administrative et l’empathie. Depuis 2014, il fait de la lutte contre la fraude à l’état civil un combat personnel, aujourd’hui largement gagné.
Dans les couloirs feutrés du centre d’état civil de Diourbel, son nom résonne comme une promesse de rigueur et de sérénité. Alioune Faye, que l’on appelle ici avec une pointe d’affection Alioune Faye Mansour, incarne bien plus qu’un officier : il est le gardien scrupuleux d’une mémoire collective dans une région longtemps minée par des cas de fraude à l’état civil. Sous son regard vigilant, désormais, les faux actes ont perdu du terrain dans la commune.
Ce mercredi matin 16 avril 2025, alors que le soleil chauffe les murs blancs de la bâtisse, il nous reçoit dans son bureau, entre deux piles de dossiers. Une scène singulière, comme par hasard, se joue sous nos yeux indiscrets, dévoilant d’un coup, toute la gravité et parfois l’ingratitude de sa fonction. Un homme, les traits tirés, vient enregistrer un jugement au nom d’un proche. Mais l’acte qu’il tend comporte une erreur : le nom de la bénéficiaire y est mal orthographié.
Un officier exemplaire
L’officier d’état civil, droit dans sa posture, le regarde avec bienveillance, mais sans détour. « Monsieur, vous nous avez apporté un acte de jugement qui contient une erreur de frappe. Or, c’est bien le juge qui a signé ce document. Je ne peux pas y toucher, encore moins le corriger. Il faut le faire rectifier par qui de droit avant que je puisse l’enregistrer ». Le déclarant s’agace. Il croit à une manœuvre dilatoire. Son regard se durcit. « Mais enfin, c’est juste une coquille ! Le texte entier parle d’Awa Fall. Il n’y a que cette ligne qui est fautive. Vous pouvez bien arranger ça, non ? », insiste-t-il. Alioune Faye garde son calme. Il a vu d’autres tensions, entendu d’autres soupirs. « Je comprends votre frustration, Monsieur. Mais c’est l’écriture d’un juge, pas la mienne. Je n’ai pas le droit d’y changer quoi que ce soit. Retournez avec l’acte pour le faire corriger, puis revenez. Nous procéderons à l’enregistrement dans les règles », rétorque-t-il. L’homme finit par céder, visiblement dépité, convaincu d’avoir affaire à un officier d’état civil « compliqué ». Il s’éloigne à pas lents, l’acte froissé entre les mains.
Alioune Faye soupire doucement, presque avec tendresse. « Compliqué, méchant, rébarbatif… On me donne tous les noms. Mais, en vérité, je ne fais qu’appliquer la loi. C’est tout », tente-t-il de placer entre deux sollicitations dans un état civil grouillant de son beau monde. Sur son bureau, les dossiers s’empilent, le stylo griffonne, le téléphone vibre. Tout autour, l’enceinte de l’état civil bruisse d’une agitation continue : entrées, sorties, appels, des potaches qui patientent… En cette période de veille d’examens et concours, en effet, des groupes d’élèves affluent pour retirer les précieux extraits de naissance.
« La commune est vaste, et cela se ressent dans l’ampleur du travail. Je commence souvent à neuf heures et je ne rentre qu’à dix-neuf heures en raison des nombreux enregistrements et déclarations », raconte-t-il avec calme. Conseiller municipal en 2009, il a été désigné Officier d’état civil en 2014 par l’actuel maire de Diourbel Malick Fall. Chaque année, il traite plus de 10.000 actes. « Cette année, nous en sommes déjà à deux mille actes enregistrés, qu’il s’agisse d’actes de naissance, de mariage ou de décès. Le flux est constant », dit-il.
Né à Mbellacadiao en 1956, Alioune Faye a perdu ses parents à très bas âge. Sa mère décède alors qu’il avait huit ans et son père cinq ans plus tard. Recueilli par son oncle chauffeur, il apprend le métier à ses côtés et obtient successivement ses permis de conduire pour poids lourds et transport en commun. Plus tard, il se convertit en commerçant. Travaillant comme gestionnaire pour des commerçants libanais, ces derniers ont fini par lui céder un magasin pour six millions de francs. « En dix-neuf mois, j’ai remboursé la totalité de la dette. Depuis, je tiens une boutique dans le marché central de Diourbel, géré actuellement par un de mes enfants », fait-il savoir.
Un homme d’honneur
L’actuel président de l’Union nationale des commerçants et industriel du Sénégal (Unacois) de Diourbel (depuis 20 ans), en sérère bon teint, d’un noir dru, a l’éthique chevillée au corps. En un laps de temps à l’état civil, Alioune Faye a impulsé un véritable changement. Entre digitalisation, célérité dans la délivrance des papiers, lutte contre les fraudes, etc., l’homme a fait de Diourbel, aujourd’hui, un modèle dans l’administration de l’état civil. Au bonheur des populations et des responsables de la municipalité au premier rang desquels le maire de la commune, Malick Fall. L’édile ne cache pas sa satisfaction pour son officier d’état civil qu’il a nommé après l’avoir bien observé. Il s’enorgueillit : « C’est une personne véridique qui travaille tous les jours du lundi au dimanche. Il a apporté du sang neuf dans l’administration de l’état civil. Un jour, j’étais à Dakar, deux agents policiers parlaient de Diourbel en le prenant comme exemple pour le travail qu’il abat. Je leur ai dit que c’est de mon officier d’état civil dont vous parlez », a-t-il témoigné, fier. Malick Fall n’a pas manqué de relever les hautes qualités humaines de Alioune Faye qu’il considère comme un bon croyant. En effet, malgré son influence dans les cercles économique et administratif de la ville, Alioune Faye reste un homme humble, que l’on peut croiser à la grande mosquée comme au marché central, saluant chacun avec cette égale courtoisie qui désarme. Et sa maison, modeste en apparence, est vaste par l’esprit qui l’habite. Elle est devenue au fil des ans un refuge pour l’étranger perdu, un carrefour de passage obligé pour le visiteur en quête de repères à Diourbel. Alioune Faye n’accueille pas avec ostentation, mais avec cette chaleur discrète qui dit tout sans trop en faire. Sa fille Aminata témoigne : « Le vieux a réservé une chambre pour visiteur dans la maison. Nous accueillons quasiment tout le temps du monde. C’est devenu une tradition d’accueillir des voyageurs », dit-elle en toute modestie.
Un fervent tidiane
Ce disciple de Serigne Mansour Sy ne rate jamais ses Zikrs du matin et du soir. « Serigne Mansour m’a initié à la Tijaniya. De temps en temps, j’allais lui rendre visite, mais il ne me reconnaissait pas. Ainsi, je lui ai écrit une lettre pour lui dire que je voudrais qu’il me reconnaisse, car il n’est pas intéressant d’avoir un guide qui ne peut pas vous reconnaître ». Selon lui, depuis ce jour, le marabout l’a pris sous son aile et a cheminé avec lui durant toute sa vie. « Serigne Mansour a beaucoup fait pour moi. Il me prenait comme son fils, c’est lui qui m’a emmené à La Mecque », se rappelle-t-il, la voix trémolo.
Sa première épouse Fatou Faye témoigne : « Je peux dire énormément de choses sur lui, mais je dirai simplement qu’il est un bon croyant plein d’humilité et un bon père de famille. Son engagement auprès des habitants de la ville a fait de lui quelqu’un de très respecté et qui fait notre fierté », a dit la dame pleine de tendresse.
LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL MAINTIENT LE CAP
Sa dernière décision concernant la loi interprétative de l'amnistie illustre son engagement, alors même qu'un projet de loi visant à le transformer en Cour constitutionnelle attend dans les tiroirs du président de la République
Au-delà de la guéguerre politicienne, ce qu'il faut saluer, c'est la constance de la juridiction constitutionnelle qui a fini de s'ériger en véritable garant de la primauté de la Constitution. Malgré ses faits d'armes, le Conseil constitutionnel pourrait disparaitre prochainement pour laisser la place à une Cour constitutionnelle.
La posture du Conseil constitutionnel est-elle conjoncturelle ? La question s'était posée avec acuité, lors de la dernière Présidentielle, avec les décisions courageuses rendues par les sept sages contre la volonté de l'ancien président Macky Sall. Depuis avant-hier, le doute n'est plus permis. Le Conseil constitutionnel du Sénégal réaffirme toute sa détermination à défendre la primauté de la Constitution, quel que soit le régime en place. À l'agent judiciaire de l'État et au président de l'Assemblée nationale qui invoquaient son “incompétence” à statuer sur la conformité d'une loi interprétative, le Conseil rétorque sans ambages : “Aux termes de l'article 92 de la Constitution, le Conseil constitutionnel 'connaît de la constitutionnalité des lois (...)”
Ce texte, soulignent les sages, ne distingue pas les lois en fonction de leur caractère interprétatif ou non. “Dès lors, la loi n°08/2025 du 2 avril 2025, adoptée par l'Assemblée nationale suivant la procédure législative prévue à cet effet, peut, indépendamment de la loi qu'elle interprète, faire l'objet d'un recours par voie d'action, conformément à l'article 74 de la Constitution”, affirment les sages qui en déduisent de manière claire et limpide “que le Conseil constitutionnel est compétent pour contrôler la conformité de ladite loi à la Constitution”.
La décision n'est certes pas si révolutionnaire - le Conseil a eu à prendre des verdicts bien plus audacieux - mais dans une Afrique où les juridictions constitutionnelles ont plus tendance à jouer à plaire aux régimes successifs, de telles décisions sont loin d'être anodines. D'autant plus que pour beaucoup, par le passé, la haute juridiction a usé et abusé de l'incompétence. Il n'y a pas longtemps, le débat est revenu à la surface, notamment dans l'affaire de la déchéance de Barthélemy Dias, mais aussi en ce qui concerne le choix des vice-présidents de l'Assemblée nationale.
L'avant-projet de loi sur la mort du Conseil constitutionnel dans les tiroirs de Diomaye
Juriste chevronné et leader de parti politique, Moussa Tine revenait sur l'urgence des réformes. “Il est inconcevable que les Sénégalais continuent de s'accommoder des déclarations d'incompétence du Conseil constitutionnel. Dès lors, la réforme ne peut plus attendre. Il s'agit là d'un dossier dont le traitement s'avère urgent”, plaidait-il, dénonçant la duplicité des politiques sur le sujet. “Jusque-là, tous les prétendants au pouvoir ont décrié les défaillances du système et annoncé des réformes de l'organe, mais ils ont fini par s'en passer, pour ne pas dire fait exprès d’oublier afin d'éviter d’affronter les rigueurs d’un juge constitutionnel fort”.
De l'avis de l'éminent juriste, très souvent, les politiques font un mauvais procès aux sages. “C’est très lâche de notre part, nous autres politiques, de dénoncer les décisions d’incompétence répétées des juges constitutionnels, alors que c’est le politique qui peut et qui doit modifier la loi en vue de donner une large compétence au Conseil”, disait l'homme politique.
L’incompétence du Conseil, selon lui, “n’est pas seulement due au manque de témérité des juges, c'est surtout parce que la loi ne lui a donné que des compétences limitativement énumérées”.
Malgré donc les limites objectives, le Conseil constitutionnel s'est jusque-là efforcé de jouer son rôle de garant de la Constitution. Au-delà de cette fonction qu'il remplit à merveille, les sages n'ont pas hésité, à des tournants historiques de la vie politique, d'assumer leur fonction régulatrice. Une mission qui a atteint son paroxysme lors de la dernière Présidentielle de mars 2024. L'on se rappelle encore la décision n°1/C/2024 dans laquelle les sages remettaient en cause une loi constitutionnelle votée par le Parlement et annulait un décret présidentiel. Deux domaines sur lesquels la haute juridiction s'est le plus souvent déclarée incompétente.
Des limites objectives, malgré les faits d'armes
À ceux qui pensent qu'avant 2024 c'était le néant, certaines sources rectifient et soutiennent que le Conseil constitutionnel du Sénégal a toujours joué son rôle. “C'est vrai qu'il y a eu un moment de grande hésitation durant lequel le Conseil s'est souvent déclaré incompétent ; cela avait un peu joué sur la perception, mais dans l'ensemble, le Conseil constitutionnel a de tout temps joué son rôle”, témoigne ce spécialiste du droit. Il renvoie à une décision de 1993.
“À l'époque, la commission électorale était complètement bloquée par les tiraillements entre les partis politiques. Elle n'a pu rendre ses décisions à temps. Cela avait installé le pays dans un grand vide, une situation que le droit ne prévoyait pas. Finalement, tous les documents ont été envoyés au Conseil qui venait d'être créé. Le Conseil avait rendu une décision d'anthologie qui avait sauvé le processus”, rappelle le spécialiste, qui ne manque pas d'égratigner les politiques. “Le problème chez nous, c'est que les gens ne sont contents peut-être que quand le Conseil rend une décision défavorable aux régimes en place. Mais de grandes décisions, il y en a toujours eu”, constate notre interlocuteur.
Ces coups d'éclat n'empêchent pas cependant les plaidoyers de renforcer encore plus la juridiction, pour qu'elle soit encore plus forte. La question était d'ailleurs au cœur des débats lors des assises nationales de la justice. Une des questions sur lesquelles il y a eu un large consensus. Et la commission restreinte qui a été mise en place pour la mise en œuvre des recommandations a d'ailleurs fini son travail sur cette question. Elle “a déjà fini l'élaboration de l'avant-projet de loi portant réforme du Conseil constitutionnel”, révélait ‘’EnQuête’’ dans son édition du 24 mars dernier. Le projet dort dans les tiroirs de Bassirou Diomaye Diakhar Faye qui devrait prochainement le soumettre à l'attention de l'Assemblée nationale.
La volonté des assises était, en effet, de “créer une Cour constitutionnelle avec des compétences et des pouvoirs élargis”.
Le Conseil réaffirme le principe de la non-rétroactivité des lois plus sévères et s'érige en garant des droits des citoyens
Garant du respect de la Constitution et du fonctionnement des institutions, le Conseil constitutionnel s'érige ainsi en défenseur du citoyen. Par sa dernière décision, le Conseil rappelle cet impératif. “L'article 9 de la Constitution dispose, en son alinéa 2, que 'nul ne peut être condamné si ce n'est en vertu d'une loi entrée en vigueur avant l'acte commis'. Ce principe est également affirmé par l'article 8 de la Déclaration universelle des Droits de l'homme et du citoyen 1789, partie intégrante de la Constitution. Ces textes prohibent l'application rétroactive des lois pénales plus sévères, y compris lorsqu'elles prennent la forme d'une loi interprétative”, expliquent les sages.
En mettant hors du champ d'application de la loi les faits se rapportant à des manifestations ou ayant une motivation politique, lorsque ces faits ne sont pas liés à l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique, l'alinéa premier de la loi interprétative pose une règle nouvelle et permet la poursuite de faits déjà amnistiés.
En cela, souligne le Conseil, la loi interprétative “est plus sévère” que celle de 2024 qu'elle est censée interpréter.
SONKO FAIT LE MÉNAGE À PETROSEN
Préférant le pragmatisme à la confrontation, Thierno Seydou Ly a perdu son siège à la direction. Une vision incompatible avec celle du Premier ministre, qui poursuit méthodiquement sa stratégie de reprise en main du secteur énergétique sénégalais
(SenePlus) - Dans une manœuvre stratégique qui témoigne de sa volonté de contrôler étroitement le secteur énergétique sénégalais, le Premier ministre Ousmane Sonko poursuit méthodiquement la réorganisation de Petrosen, la compagnie pétrolière nationale. La dernière victime de cette restructuration profonde est Thierno Seydou Ly, jusqu'alors à la tête de la branche exploration-production (E-P) de l'entreprise publique.
D'après les informations rapportées par Jeune Afrique, Thierno Seydou Ly a été écarté le 5 mars dernier, officiellement « appelé à d'autres fonctions ». Cet ancien cadre de TotalEnergies, qui avait exercé au Gabon et au Nigeria avant de prendre les rênes de Petrosen E-P en mai 2022, a été remplacé par Talla Gueye.
« Thierno Seydou Ly était déjà sur la sellette. Le ministre de tutelle a tenté de le maintenir en poste mais Ousmane Sonko, déterminé à faire table rase du passé et tourner la page Macky Sall, a fini par s'en séparer », confie au magazine panafricain une source interne à Petrosen.
Ce départ ne constitue pas un simple changement de personnel mais s'inscrit dans un contexte particulièrement tendu au sein de la compagnie nationale. Selon JA, l'éviction de Thierno Seydou Ly résulte également d'une fronde d'une partie des cadres contre sa gestion et de relations difficiles avec Alioune Gueye, l'actuel directeur de Petrosen Holding, ancien coordinateur de Pastef aux États-Unis.
La divergence de vues concernant la renégociation des contrats pétroliers semble avoir été déterminante. Alors qu'Alioune Gueye, proche du Premier ministre, considère « la révision des accords indispensable pour garantir au Sénégal un meilleur parti possible », Thierno Seydou Ly prônait une approche plus pragmatique « pour éviter tout conflit avec les opérateurs pétroliers étrangers », rapporte Jeune Afrique.
Cette position mesurée lui aurait valu les « foudres de sa hiérarchie ». Une source proche du dossier citée par le magazine affirme que « Thierno Seydou Ly constituait l'unique fausse note dans le dispositif que Sonko voulait mettre en place pour renforcer son influence sur le secteur extractif ».
Le remaniement ne s'est pas limité au seul directeur général. D'autres nominations ont été annoncées : Papa Samba Ba, jusqu'alors directeur des Hydrocarbures, prend la tête de l'entité du contrôle et du suivi des opérations. À la direction générale des hydrocarbures, Ibrahima Noba devient directeur de l'exploration-production, tandis que Babacar Cissé dirigera la branche approvisionnement, transformation et distribution.
Le gouvernement espère, à travers ces changements, « insuffler une nouvelle dynamique au sein du ministère et de l'entreprise publique afin d'améliorer sa performance et d'affirmer sa montée en puissance », selon les termes rapportés par Jeune Afrique.
Quant au processus de renégociation des contrats pétroliers et miniers, le président Bassirou Diomaye Faye a assuré lors de son discours à la Nation du 3 avril que « les résultats obtenus à ce stade sont plus que satisfaisants » et qu'ils « seront communiqués à temps opportun ».
Ni le ministère du Pétrole ni la primature n'ont donné suite aux sollicitations de Jeune Afrique avant la publication de l'article, précise le magazine.
par Momar-Sokhna Diop
MAMADOU DIA, LA RENAISSANCE D’UN PROJET DE SOUVERAINETÉ
Redécouvrir son œuvre, c’est rouvrir une voie possible pour le Sénégal et pour l’Afrique : celle d’un développement endogène, participatif et souverain
Le combat de Mamadou Dia pour une Afrique souveraine, démocratique et affranchie des tutelles refait surface avec une force nouvelle. Le récent choix du gouvernement sénégalais de débaptiser une avenue emblématique de Dakar, autrefois dédiée au général Charles de Gaulle, pour lui donner le nom de Mamadou Dia, constitue un acte fort de rupture symbolique et politique. Cette décision s’inscrit dans la perspective d’un projet ambitieux pour le Sénégal à l’horizon 2050.
Dans cette même dynamique, un ouvrage coécrit par Roland Colin – fidèle compagnon de Dia – intitulé « Mamadou Dia : un fils du peuple… [1]» remet au goût du jour la pensée et l’action de cet homme d’État visionnaire. Comme Roland Colin, je plaide pour l’intégration de son œuvre dans les programmes scolaires. Toutes les ressources pour faire vivre ses idées sont disponibles, pour peu qu’on s’engage à les mobiliser.
Mamadou Dia, bien plus qu’un homme politique, fut le véritable architecte de l’indépendance sénégalaise. Il a contribué à en poser les fondements, en particulier par sa volonté farouche de rompre avec l’économie de traite, symbole des chaînes coloniales.
Dans son ouvrage « Afrique, le prix de la liberté [2]», Dia retrace son rôle central dans la vie politique du Sénégal entre 1948 et 1962. Dès la proclamation de la République du Sénégal le 20 août 1960, aux côtés de Léopold Sédar Senghor, il participe à l’élaboration d’un régime institutionnel bicéphale. Chef du gouvernement dès le 7 septembre 1960, il impulse une série de réformes majeures destinées à enraciner la souveraineté politique, économique et sociale du pays.
Mamadou Dia réorganise l’administration, réforme les structures politiques et économiques, donne un nouveau souffle à l’agriculture par la promotion du paysannat, met en place une politique de développement autocentrée reposant sur les réalités locales. Il initie la décentralisation, crée l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) et l’École Nationale d’Économie Appliquée (ENEA), destinées à former une nouvelle génération de cadres au service du développement.
Sur le plan économique, il engage l’aménagement du Delta et la vallée du fleuve Sénégal, développe les cultures vivrières, lance des projets d’irrigation en Casamance, dans le Sine Saloum, et autour du Lac de Guiers. Il fonde la Société Africaine de Raffinage (SAR) et les Industries Chimiques du Sénégal (ICS), exploite les ressources nationales comme les phosphates et pose les bases d’une souveraineté énergétique.
Pour soutenir ce modèle, Dia met en place des institutions financières comme les Crédits populaires et la Banque Sénégalaise de Développement (BSD). Les résultats sont tangibles : croissance du PIB, amélioration des conditions de vie des populations, montée en puissance d’un État solidaire et efficace.
À l’échelle africaine, Mamadou Dia joue un rôle moteur dans la création de l’Union Africaine et Malgache (UAM), d’Air Afrique et de la Banque Africaine de Développement (BAD), institutions destinées à renforcer l’intégration continentale et l’autonomie économique des pays africains.
Mais ce projet audacieux de souveraineté se heurte aux logiques du néocolonialisme et aux dogmes des institutions financières internationales. Il inquiète. Il dérange. Il sera donc saboté. Un complot sera monté contre Dia, avec la complicité d’acteurs internes et externes, mettant fin à une expérience politique unique en Afrique. Cette trahison n’a pas seulement visé un homme, mais un peuple et son rêve d’émancipation.
Aujourd’hui, le nom de Mamadou Dia ressurgit dans la mémoire collective comme un symbole de dignité, de justice et d’espoir. Redécouvrir son œuvre, c’est rouvrir une voie possible pour le Sénégal et pour l’Afrique : celle d’un développement endogène, participatif et souverain.
[1] Mamadou Dia : un fils du peuple, Combats pour une Afrique souveraine et démocratique, Editions l’Harmattan, 2025.
[2] Afrique le prix de la liberté, l’Harmattan, 2001.
UNE JUGE ARRÊTÉE PAR LE FBI
Hannah Dugan est accusée d'avoir délibérément protégé un immigré sans papiers des agents fédéraux. Cette interpellation sans précédent marque une escalade majeure dans la politique migratoire de l'administration Trump
(SenePlus) - Une juge du comté de Milwaukee a été arrêtée vendredi par le FBI, accusée d'avoir fait obstruction aux services d'immigration américains, dans ce qui apparaît comme une escalade majeure dans la bataille que mène l'administration Trump contre les autorités locales au sujet des expulsions d'immigrés.
Selon les informations rapportées par le New York Times, la juge Hannah Dugan a été interpellée pour avoir "intentionnellement détourné des agents fédéraux" d'un immigré recherché par les autorités, comme l'a déclaré le directeur du FBI, Kash Patel, dans un message sur les réseaux sociaux qu'il a par la suite supprimé.
"Le bureau a arrêté la juge Hannah Dugan, soupçonnée d'avoir intentionnellement détourné des agents fédéraux d'un immigré poursuivi par les autorités fédérales", avait écrit M. Patel avant de retirer sa publication pour des raisons qui n'ont pas été immédiatement clarifiées, précise le quotidien new-yorkais.
Brady McCarron, porte-parole des U.S. Marshals, a confirmé au NYT que la magistrate avait bien été arrêtée par des agents du FBI vendredi matin. Selon la même source, le document d'inculpation contre la juge n'était pas immédiatement disponible dans les archives judiciaires fédérales.
Cette arrestation s'inscrit dans la politique plus large de l'administration Trump, qui a promis d'enquêter et de poursuivre les responsables locaux qui ne coopèrent pas avec les efforts fédéraux en matière d'immigration, dénonçant ce qu'ils appellent les "villes sanctuaires" qui n'en font pas assez pour aider aux arrestations et aux expulsions de millions d'immigrés sans papiers.
Comme le souligne le New York Times, l'affaire de Milwaukee met en lumière un point de friction récurrent dans ce débat : le moment où les agents d'immigration tentent d'arrêter des immigrés sans papiers qui comparaissent devant un tribunal d'État. "Les autorités locales s'opposent souvent à de tels efforts, faisant valoir qu'ils mettent en danger la sécurité publique si les personnes traitant des problèmes juridiques relativement mineurs estiment qu'il est dangereux d'entrer dans les palais de justice", rapporte le journal.
Cette affaire n'est pas sans rappeler un précédent survenu lors du premier mandat de Donald Trump. Selon le New York Times, une juge locale du Massachusetts avait été inculpée par le ministère de la Justice pour avoir fait obstruction aux autorités d'immigration. Les charges avaient été abandonnées après que la juge eut accepté de se soumettre à une potentielle procédure disciplinaire.
L'arrestation de la juge Dugan marque une nouvelle étape dans l'application stricte des politiques migratoires par l'administration Trump, dont la promesse de déporter des millions d'immigrés sans papiers constituait l'un des piliers de sa campagne électorale.
Les représentants du FBI n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires, selon le New York Times, laissant planer le doute sur les circonstances exactes de cette intervention rare contre un membre du pouvoir judiciaire.
EXTRADITION DE DORO GAYE, LA JUSTICE FRANÇAISE TRANCHERA LE 9 JUILLET
Sous contrôle judiciaire, l’homme d’affaires conteste vigoureusement les accusations d’extorsion de fonds au Sénégal et s’oppose à toute levée de sa liberté conditionnelle.
L’affaire Doro Gaye rebondit sur le sol français. Mis en cause dans une affaire d’extorsion de fonds au Sénégal, l’homme d’affaires, actuellement sous contrôle judiciaire en France, devra patienter jusqu’au 9 juillet pour connaître l’issue de la demande d’extradition déposée par la justice sénégalaise.
Selon Les Échos, la Cour d’appel de Paris a décidé de reporter l’examen de cette requête afin de permettre au Parquet général de répondre aux arguments soulevés par la défense. Celle-ci conteste vigoureusement la levée du contrôle judiciaire, qu’elle juge injustifiée et fondée sur une interprétation erronée des engagements pris par son client.
Pour rappel, Doro Gaye est accusé par Zakiroulah Sow de lui avoir extorqué 1,2 milliard de francs CFA dans une transaction foncière litigieuse. Un protocole d’accord avait été signé, mais la partie civile affirme que l’homme d’affaires n’a pas respecté les termes de cet engagement.
Pendant que la justice française prend le temps d’examiner les arguments des deux camps, le magistrat sénégalais chargé de l’enquête a officiellement formulé une demande d’extradition, selon Les Echos.
Un nouveau chapitre judiciaire s’ouvrira donc en juillet, avec un enjeu de taille : savoir si la France acceptera de livrer Doro Gaye aux autorités sénégalaises pour qu’il réponde de ces accusations devant un juge.
PAR IBRAHIMA KHALILOULLAH NDIAYE
L’AFRIQUE À L’ÉPREUVE DE LA FERMETURE DU MONDE
Elle n’était donc pas vraie l’info virale attribuant à la première femme présidente de la Namibie un ordre d’expulsion de 500 Américains en réponse aux opérations d’expulsion de Trump, ciblant des Africains...
Elle n’était donc pas vraie l’info virale attribuant à la première femme présidente de la Namibie un ordre d’expulsion de 500 Américains en réponse aux opérations d’expulsion de Trump, ciblant des Africains. « Si on ne peut entrer aux États-Unis sans visa, il en va de même pour la Namibie ».
Une citation attibuée à Mme Netumbo Nandi-Ndaitwah qui aurait également soutenu qu’aucun Américain ne devrait entrer en Namibie sans visa. Sans être exhaustives, ces déclarations de la dame de 72 ans, première femme présidente de son pays et au caractère trempé, ont le mérite de nous montrer les méfaits des fake news. Fabriquées à dessein, ces fausses informations ont contraint la présidence namibienne à essayer de rectifier le tir même s’il faut reconnaître que le mal est déjà fait. Cette actualité sur la révocation de visa est néanmoins réelle et vérifiée sur un autre registre. Les ressortissants du Soudan du Sud en font les frais avec la révocation de tous les visas qui leur avaient été accordés alors qu’ils bénéficiaient, jusqu’à présent, d’un statut protégé octroyé à titre temporaire sur le sol américain. L’argument avancé par le secrétaire d’État Marco Rubio est que ce pays refuse de reprendre ses citoyens expulsés.
Des milliers d’étudiants africains et originaires d’autres pays inscrits dans les universités américaines sont également dans la tourmente avec la révocation des visas. À cela s’ajoute la décision du président américain, Donald Trump, le lundi 14 avril, de geler 2,2 milliards de dollars de subventions à l’université de Harvard. Plus insolite est la déclaration du président colombien Gustavo Petro selon laquelle les États-Unis pourraient avoir révoqué son visa, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays. « Je ne peux plus y aller parce qu’ils m’ont retiré mon visa », a déclaré Petro lors d’une réunion de son cabinet à la Casa de Narino, le palais présidentiel à Bogota, selon une dépêche de l’agence de presse Efe, publiée lundi. « Je n’avais pas besoin de visa, mais tant pis. J’ai vu Donald Duck plusieurs fois, alors je vais voir d’autres choses », a-t-il ajouté. Le président américain a le mérite de matérialiser ses engagements électoraux. Quitte à faire des vagues. Il va même souvent au-delà. Plaçant toujours les intérêts américains au centre de ses motivations. Les gens s’interrogent sur l’opportunité et la pertinence de telles mesures, mais lui dit peser le pour et le contre.
Une telle mesure de révocation ou de restriction de visa, même limité à certains États africains, a de quoi remettre sur la table la question des visas pour les ressortissants du Sud. Surtout s’ils veulent aller dans les pays du Nord ou de l’Occident. La difficulté est de trouver, pour la plupart des Africains, le précieux sésame pour voyager. L’une des plus grandes injustices faites à l’Africain est de ne point pouvoir voyager, parcourir la terre, s’enrichir de cultures, de civilisations différentes. À l’heure du village planétaire théorisé par le Canadien Marshall Mc-Luhan, il est injuste de ne pas donner la possibilité aux Africains de parcourir le monde. Souvent sous un fallacieux prétexte qu’ils ne vont pas rentrer eu égard aux niveaux de développement qui séparent le continent et ces pays vus comme un « eldorado ». Une perception qui doit amener les Africains à travailler davantage pour hisser leurs pays à un niveau de développement acceptable pour qu’ils n’aient plus besoin d’aller chercher à gagner un illusoire eldorado. Il ne s’agit pas d’interdire aux Africains de voyager, mais de savoir qu’il est possible de faire de chez eux un « paradis terrestre ».
Et ainsi en finir avec ces images de queues de désespérés qui cherchent à déposer pour obtenir un visa dans de nombreux services agréés de pays occidentaux dans les capitales africaines. L’autre contradiction que doivent régler les Africains est la liberté de circuler dans leur continent. Dans les zones d’intégration régionales, la liberté de circulation des personnes et biens est certes consacrée, mais il est souvent très difficile de pouvoir voyager, pour la plupart des Africains, d’une zone géographique à une autre. La bienvenue est souhaitée à tout Africain qui se rend au Rwanda. Il paiera le visa une fois à l’aéroport sans aucune autre formalité. Le Kenya semble aussi être dans la même trajectoire alors qu’il était très difficile, pour un Sénégalais par exemple, de se rendre dans ce pays il y a encore peu. Tous les pays africains devraient s’ouvrir à tous les ressortissants africains. Ce visa de circuler sera réellement le visa pour le développement du continent.
Encore qu’il faut construire des autoroutes partout pour que les Africains puissent rallier les différentes capitales, développer les échanges et le commerce intra-africain. Une mésaventure sur les visas : Nous devant nous rendre dans la ville libyenne de Benghazi il y a moins de deux semaines, nous nous sommes vu refuser l’embarquement à l’enregistrement à Tunis. Prétexte, le visa en notre possession devait opérer à partir du Caire. Une erreur de nos correspondants libyens. Ces derniers ont su corriger l’impair et nous confectionner de nouveaux visas à quelques minutes de la fermeture du comptoir d’enregistrement. Une chance pas donnée à tout le monde.
PAR GUY MARIUS SAGNA
MONSIEUR LE MINISTRE, VOUS RECONNAISSEZ LES DÉPENSES ÉVOQUÉES DANS MA QUESTION ÉCRITE
Vous justifiez ces achats sous le prétexte qu’il s’agit de dépenses de fonctionnement que vous trouvez normales et régulières. Ces dépenses étaient elles nécessaires ? Du matériel de petit déjeuner à 650 000 F CFA, est ce une gestion utile de chaque franc
Monsieur le ministre de l'Education nationale, dans votre réponse vous dites une chose et son contraire. Vous affirmez que j’ai été induit en erreur et pourtant vous avouez l’existence de ces achats effectués par vos services.
Vous justifiez ces achats sous le prétexte qu’il s’agit de dépenses de fonctionnement que vous trouvez normales et régulières. Monsieur le ministre, au nom de « la gestion rigoureuse et utile de chaque franc CFA » que vous revendiquez, aviez vous besoin de changer du neuf par du neuf ? Ces dépenses étaient elles nécessaires ? Du matériel de petit déjeuner à 650 000 F CFA, est ce une gestion utile de chaque franc ?
Monsieur le ministre, le Sénégal, un des 30 pays les plus appauvris de la planète, n'est ni l'Europe ni l'Amérique pour que vous compariez vos pratiques dans le département de l'éducation à celles de leurs pays.
Vous reconnaîssez les dépenses évoquées dans ma question écrite alors qu'il faut rationaliser parce que, notamment, l'Etat APR/BBY a plongé les finances publiques dans le gouffre. Le Jub, Jubal, Jubbanti, monsieur le ministre, c'est aussi prendre en compte et prioriser à partir de la rationalisation lancée par le PM et le PR.
Vous parlez de "montant dérisoire" et de "détails". Les sénégalais qui m'ont élu et élu le Président de la République qui vous a nommé sauront apprécier.
Monsieur le ministre pensez-vous que les populations concernées par les 29 questions écrites ci-dessous que je vous ai adressées à leur demande entre le 02 décembre 2024 et le 22 avril 2025 vont trouver "dérisoires" les montants que j'ai évoqués :
1- lycée de Ndiodior
2- fermeture du lycée de Foundiougne
3- indemnités de direction pour les directeurs des cases des tout petits
4- CEM de Médinatoul
5- lycée de Peyrissac (Ziguinchor)
6- ouverture du lycée technique de Ndouloumadji
7- CEM de Dinguiraye
8- actes d'intégration des enseignants
9- réhabilitation du lycée El Hadji Oumar Lamine Badji (Ziguinchor)
10- À quand le démarrage de l'enseignement des langues nationales à l'élémentaire
11- situation des 68 enseignants communautaires de l'IEF de Pété
12- affaissement d'une dalle au lycée de Bambilor
13- Situation du lycée de Malika plage
14- commercialisation des dossiers d'intégration des enseignants à la fonction publique
15- besoins des écoles de Kafountine (Bignona)
16- recrutement de 2000 enseignants
17- écoles élémentaires financièrement exsangues
18- Introduction ou renforcement de la pensée de Cheikh Anta Diop dans les programmes d'enseignement au Sénégal
19- insécurité au lycée scientifique d'excellence de Diourbel
20- le ministère de l'Education nationale a-t-il des archives ?
21- construction du lycée Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké
22- urgence de la réfection du lycée de Sébikotane
23- équipement du CEM de Diagnon (Ziguinchor)
24- Situation du lycée franco arabe de Ziguinchor
25- CEM de Lougré Thiolly
26- Bourse des élèves maîtres
27- Situation du lycée de Niague
28- situation du CEM de Mbagam (Dagana)
29- Absence de manuels en CE1 et CE2 depuis 10 ans
Monsieur le ministre, vous avez oublié ou éludé ou mal compris ma question relative au phénomène des « régularisations », pratiques qui peuvent entraîner des glissements dangereux vers la prévarication, dans l’octroi d’avantages indus. Votre ministère continue-t-il à pratiquer - je ne fais pas allusion ici aux mobiliers de votre bureau - ces « régularisations » ? Sont elles toujours justifiées ? Quand le montant d’un marché atteint un certain seuil, ces pratiques de « régularisation » peuvent-t-elles être compatibles à une concurrence réelle ?
Monsieur le ministre, vous me demandez de "recentrer [mes] interventions sur les véritables enjeux du secteur de l'éducation" et vous ajouter que "la République a besoin de débats sérieux, rigoureux et documentés". Monsieur le ministre, si mes 29 questions écrites ci-dessus rappellées ne vous semble ni sérieuses ni rigoureuses ni au coeur des enjeux du secteur de l'éducation, les 11 questions écrites suivantes que je vous ai envoyées entre le 18 avril 2024 et la dissolution de la 14e législature le sont-elles suffisamment pour vous:
1- blocage inexpliqué depuis juillet 2023 de la formation des 800 animateurs polyvalents des cases des tout- petits
2- réintégration des 690 élèves-maîtres
3- Pour des travailleurs sociaux en milieu scolaire
4- formation de huit (08) professeurs d'économie générale à l'ENSETP
5- 25.000 FCFA de bourse pour les élèves maîtres des CRFPE
6- Quand le Certificat d’Aptitude à l’Enseignement Secondaire (CAES) sera-t-il organisé ?
7- L’exploitation par l'État du Sénégal des enseignants dits "décisionnaires"
8- Recrutement par l'État d'enseignants admis et admissibles à des diplômes professionnels de l'éducation
9- situation des personnels des écoles sénégalaises de Gambie
10- La situation des professeurs contractuels ou l'histoire d'une injustice d'État
11- Mise en danger de la vie d'autrui au lycée El Hadji Mamadou Diouf de Foundiougne qui menace de s'effondrer
Monsieur le ministre de l'éducation nationale, quand je vous ai adressé des questions écrites à propos du lycée de Peyrissac (Ziguinchor) (01), de la réhabilitation du lycée El Hadji Oumar Lamine Badji (Ziguinchor) (02), des besoins des écoles de Kafountine (Bignona) (03), de l'équipement du CEM de Diagnon (Ziguinchor) (04), de la situation du lycée franco arabe de Ziguinchor (05)... je vous parlais déjà en réalité du plan Diomaye pour la Casamance axé sur l'éducation. Quand j'interpelle vos collègues du gouvernement sur la situation à l'hôpital régional de Ziguinchor, sur l'électrification des villages de la Casamance, sur la gestion de la chambre de commerce de Ziguinchor, sur la gestion du port de Ziguinchor, sur la gestion foncière dans la commune de Médina Wandifa...je partage avec eux la contribution des populations au Plan Diomaye pour la Casamance et leurs attentes. Et j'en fais - avec les populations - un suivi de la transmission à la réalisation.
Pour le type de députés dont la république a besoin monsieur le ministre, le peuple sénégalais souverain que je sers en vous faisant parvenir ses préoccupations à travers mes questions écrites que vous recevez me suffit comme boussole.
Monsieur le ministre, chaque fois que les citoyens voudront savoir commment vous gérez les crédit que j'ai votés en leur nom à l'Assemblée nationale pour votre département, vous recevrez une question écrite pour que vous leur rendiez compte. Monsieur le ministre, je ne vais pas attendre l'IGE ou la Cour des comptes. L'Assemblée nationale est la première IGE, la première Cour des comptes. Si l'Assemblée nationale assume bien son rôle, l'IGE et la Cour des comptes risquent d'aller au chômage ou voir leur travail fondre comme beurre au soleil car elle aura eu une posture qui privilégie la prévention et la dissuasion à la guérison.
Monsieur le ministre, les défis auxquels nous faisons face actuellement ne sont rien comparés à ceux qui arrivent car les forces exloiteuses internes et externes ne vont pas nous laisser faire tranquillement notre projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère. Face à cette alliance des oppresseurs nous avons besoin de la mobilisation du peuple sénégalais. Celle-ci ne sera possible que si le peuple est satisfait de notre gestion de ce que vous appelez des montants "dérisoires" et des "détails".
PAR MAMA TOURÉ
L’AFRIQUE ET LE CYNISME DE LA DOUBLE NATIONALITÉ
Si Tidiane Thiam est écarté de la course électorale pour cause de double nationalité, alors on entre de plein pied dans le théâtre bien rôdé du pouvoir africain, où la loi n’est jamais un bouclier, mais une épée utilisée selon les intérêts du moment.
Il est des moments où l’Histoire retient son souffle, où chaque mot écrit résonne avec force dans la conscience collective d’un peuple, d’un continent, d’une humanité entière. À l’aube de l'élection présidentielle en Côte d’ivoire, une problématique complexe et souvent controversée refait surface : la double nationalité de certains candidats!
Après avoir conquis la scène internationale : McKinsey, Prudential, Crédit Suisse, voilà que Tidjane Thiam, l’enfant prodige de Côte d’Ivoire, technocrate devenu figure politique, semble signer un retour aussi symbolique que stratégique.
Le premier chapitre de Thiam en politique ivoirienne remonte aux années 90, sous Henri Konan Bédié. Un ministre jeune, brillant, mais éjecté au gré des tempêtes du pouvoir. Puis l’exil, le prestige international, les conseils au sommet de Davos. Et aujourd’hui, son retour marque une sorte de revanche élégante. Il n’a pas crié, il n’a pas combattu à l’ancienne. Il a attendu son moment.
Mais ce « come-back » soulève aussi des questions. Car Thiam ne revient pas seul, il revient avec une image, une aura. Il incarne cette élite africaine mondialisée, formée à l’Occident, mais qui revient souvent trop propre pour affronter la poussière politique locale.
Si Tidjane Thiam est écarté de la course électorale pour cause de double nationalité, alors on entre de plein pied dans le théâtre bien rôdé du pouvoir africain, où la loi n’est jamais un bouclier, mais une épée utilisée selon les intérêts du moment.
Il devait incarner une alternative. Un nom qui rassure les chancelleries, qui séduit une partie de la jeunesse, et qui fait trembler l’establishment ivoirien. Mais la course de Tidiane Thiam semble s’arrêter là, non pas sur un échec politique, mais sur un prétexte juridique : sa double nationalité.
En apparence, l’argument est simple : la Constitution interdit les candidatures à ceux qui possèdent une autre nationalité. Dans les faits, il s’agit d’un écran de fumée. Car dans le jeu politique africain, les textes ne sont appliqués que lorsqu’ils servent à écarter un adversaire trop sérieux. Cynisme pur. Justice sélective.
Ce n’est pas la première fois que la double nationalité devient une arme en Afrique.
L’opposant Karim Wade et fils de l’ancien président de la république Sénégalaise Abdoulaye Wade s’est vu écarté de la course à la magistrature suprême lors des dernières des élections présidentielles au Sénégal à cause de sa double nationalité française.
Et c’est là que le système révèle sa vraie nature : il préfère neutraliser que débattre, exclure que convaincre. Derrière la façade d’un État de droit, les vieilles recettes persistent : instrumentaliser la loi pour se débarrasser de ceux qu’on ne peut pas battre dans les urnes.
Pourtant, de nombreux dirigeants, élites économiques et intellectuelles en bénéficient eux-mêmes. Ce paradoxe alimente une certaine forme de cynisme politique : on l’interdit à certains citoyens mais on l’utilise à des fins personnelles quand on est au sommet.
Si certains États africains craignent que la double nationalité dilue le sentiment d’appartenance nationale, voire menace la souveraineté, d’autres y voient au contraire une ouverture bénéfique pour les diasporas, les investissements et les transferts de compétences. Mais souvent, les lois restent floues ou arbitrairement appliquées.
Il faut rappeler qu’au Tchad, au Cameroun ou encore en République démocratique du Congo, pour pouvoir être candidat à l’élection présidentielle, le candidat ne doit pas détenir une autre nationalité que celle de son pays d’origine. Ceci s’explique par le comportement de personnalités politiques africaines qui ont profité de leur double nationalité pour sécuriser des avoirs ou trouver refuge en cas de troubles.
Si dans le passé des candidats détenteurs de la double nationalité ont rencontré les mêmes difficultés, cette fois, c’est toute une génération qui regarde. Et qui comprend que le combat n’est pas seulement électoral, il est structurel !
PAR CHRISTINE FAGES
NOUS SOMMES L’OCÉAN
Du 9 au 13 juin 2025, la France accueillera la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). À cette occasion, la France portera un objectif clair : protéger l’Océan par des actions concrètes.
Du 9 au 13 juin 2025, la France accueillera la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3). Ce rendez-vous sera un moment décisif : il réunira, à Nice, une centaine de chefs d’État et de gouvernement, et plusieurs dizaines de milliers de participants, chercheurs, scientifiques, acteurs économiques, militants associatifs et citoyens du monde entier. À cette occasion, la France portera un objectif clair : protéger l’Océan par des actions concrètes.
L’Océan est notre bien commun. Il nourrit les peuples et les protège. Il nous fait rêver et voyager. Il nous offre de l’énergie durable, des moyens de commercer, des ressources et des connaissances scientifiques infinies.
Un être humain sur trois dépend de l’Océan pour vivre, et pourtant, ce dernier est en danger. C’est un espace encore largement méconnu, qui ne dispose ni d’une gouvernance globale, ni des financements nécessaires à sa préservation. Les chiffres sont inquiétants : plus de 8 millions de tonnes de plastique sont déversées dans l’Océan chaque année, selon une étude de la revue Science. À cela s’ajoute la surexploitation, qui touche plus d’un tiers des stocks de poissons, mais aussi l’acidification des eaux, la montée du niveau de la mer et la destruction des écosystèmes marins. Et ces phénomènes s’accélèrent, conséquences directes du dérèglement climatique.
Il est temps d’agir. Plus que jamais, nous devons faire en sorte que l’action multilatérale soit à la hauteur des enjeux liés à la protection de l’Océan.
Dix ans après la COP21 et l’Accord de Paris, qui a permis d’établir un cadre mondial contraignant pour limiter le réchauffement climatique, l’UNOC3 représente une opportunité historique. Les « Accords de Nice » constitueraient un véritable pacte international pour la conservation et l’utilisation durable de l’Océan. Ce pacte serait ainsi directement en ligne avec les objectifs de développement durable (ODD) adoptés par l’ONU, en 2015.
Pour y parvenir, les discussions à Nice devront être concrètes et tournées vers l’action. Il s’agira d’œuvrer pour une meilleure gouvernance, davantage de financements et une plus fine connaissance de la mer.
En matière de gouvernance, le traité sur la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ) est un levier essentiel. La haute mer – plus de 60 % des Océans – est aujourd’hui le seul espace qui n’est pas régi par le droit international. L’absence de surveillance et de règles communes entraîne un véritable désastre socio-environnemental : pollutions massives d’hydrocarbures et de plastiques, méthodes de pêche illégales et non régulées, captures de mammifères protégés. Pour mettre un terme à ce vide juridique, nous devons obtenir la ratification de 60 pays et ainsi permettre au traité BBNJ d’entrer en vigueur.
La ratification de ce traité par le Sénégal avant le 9 juin prochain serait une excellente nouvelle dans la perspective du prochain Congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC6) en 2027. Plus que jamais, nous devons nous mobiliser collectivement et faire de l’UNOC3 un tournant. L’engagement du Sénégal est décisif pour la gestion durable de la haute mer. La France serait heureuse d’accueillir Son Excellence le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye à Nice, pour la célébration de l’entrée en vigueur du traité BBNJ. L’Océan a besoin d’un haut niveau d’engagement du Sénégal.
La protection de l’Océan passe également par la mobilisation des financements publics et privés et, le soutien à une économie bleue durable. Pour continuer à bénéficier des formidables opportunités économiques de l’Océan, nous devons faire en sorte que les ressources marines puissent se régénérer. À Nice, plusieurs engagements seront annoncés en matière de commerce international, de transport maritime, de tourisme et d’investissement.
Par ailleurs, l’UNOC-3 sera l’une des pierres fondatrices de la prochaine Conférence des Nations Unies sur l’eau, que le Sénégal organise en 2026, en partenariat avec les Émirats arabes unis. Un événement dédié de haut niveau mettra ainsi en avant les liens intrinsèques entre eau douce et salée et d’engager le combat pour l’eau, de la source à la mer.
Enfin, comment protéger ce que l’on ne connaît pas – ou pas assez ? Nous devons accroître notre connaissance de l’Océan et mieux la diffuser. Aujourd’hui, nous sommes capables de cartographier la surface de la Lune ou celle de Mars, mais le fond des Océans nous demeure inconnu. Ils recouvrent pourtant 70 % de la Terre ! Ensemble, mobilisons la science, l’innovation et l’éducation pour mieux comprendre l’Océan et sensibiliser davantage le grand public.
Face au changement climatique qui s’accélère et à la surexploitation des ressources marines, l’Océan n’est pas un enjeu parmi d’autres. C’est l’affaire de tous. La remise en question du multilatéralisme ne doit pas nous faire oublier notre responsabilité commune. L’Océan est un lien universel, il est au cœur de notre avenir. Ensemble, nous pouvons faire de l’UNOC3 un tournant majeur pour nos peuples, pour les générations futures et pour notre planète.