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26 juillet 2025
L’ÉTAT MOBILISE PLUS DE 1 000 MILLIARDS AU PREMIER TRIMESTRE
Selon le rapport d’exécution budgétaire publié par le ministère des Finances, les ressources mobilisées par l’État du Sénégal à fin mars 2025 s’élèvent à 1 027,82 milliards FCFA, soit 21,44 % des objectifs annuels fixés
A fin mars 2025, les ressources mobilisées par l’Etat du Sénégal, au titre du budget général se sont élevées à 1 027,82 milliards, soit 21,44% de l’objectif annuel de 4 794,60 milliards fixé par la loi de finances initiale de 2025 (LFI 2025). C’est ce qui ressort du rapport d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025 rendu public lundi soir par le ministère des Finances et du Budget.
Les ressources mobilisées par l’Etat du Sénégal, de janvier à fin mars 2025, au titre du budget général se sont élevées à 1 027,82 milliards de f Cfa. Ce qui représente, selon le rapport de la tutelle, 21,44% de l’objectif annuel de 4 794,60 milliards fixé par la loi de finances initiale de 2025 (LFI 2025). Par rapport à la même période en 2024, la mobilisation de ces ressources a enregistré une hausse de 91,06 milliards en valeur absolue, soit 9,72% en valeur relative.
« A la fin du premier trimestre 2025, les ressources internes du budget général ont été recouvrées à hauteur de 1 019,82 milliards, soit un taux de réalisation de 96,15% par rapport à l’objectif fixé de 1 060,70 milliards au premier trimestre », rapporte le document.
111,12 milliards de ressources internes recouvrés
Concernant les ressources internes, elles sont ainsi constituées de recettes fiscales pour 960,26 milliards et de recettes non fiscales pour une valeur de 59,56 milliards. Comparé à la même période de l’année 2024, la même source renseigne que le recouvrement des ressources internes est en hausse de 111,12 milliards. C’est-à-dire, une croissance de 12,23% portée par une augmentation des recettes fiscales de 99,44 milliards et une progression des recettes non fiscales de 11,68 milliards.
Dans la période sous revue, les dons reçus au cours du premier trimestre de 2025 se sont établis à 8,00 milliards, soit 3,27% des prévisions de la loi de finances initiale (LFI) 2025. Ils sont essentiellement constitués de dons en capital destinés à financer des projets d’investissement. Les tirages sur dons en capital proviennent pour 60% des principaux partenaires que sont la Banque mondiale (35%) et la KFW (15%).
Les crédits de paiement passent de 6 395,07 à 6 410,78 milliards
Par rapport aux modifications de crédits de paiement ouverts par la loi de finances, le rapport indique que les crédits de paiement (CP) ouverts par la LFI 2025 ont connu une hausse de 15,71 milliards. Au cours du premier trimestre de 2025, elles sont passées de 6 395,07 à 6 410,78 milliards, du fait des reports de crédits de 15,71 milliards sur les dépenses en capital financées sur ressources internes.
Globalement, la répartition par catégorie de dépenses intégrant les reports de crédits de la LFI 2025 se présente comme suit : les crédits ouverts au titre de dépenses d’acquisition de biens et services de l’État ont connu une diminution d’un montant de 4,60 milliards. Concernant les crédits ouverts au titre de dépenses de transfert courant, le ministère en charge du Budget informe qu’ils ont enregistré une augmentation de 4,60 milliards. Quant aux crédits ouverts au titre de dépenses d’investissement exécutées par l’Etat, ils ont connu une hausse de 5,57 milliards. Et, en dernier lieu, les crédits ouverts au titre de dépenses de transferts en capital ont connu une augmentation de 10,14 milliards.
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L'ÉTAT COMPLICE D'UN DÉTOURNEMENT GÉANT À DIAMNIADIO
"Banditisme d'État" sur le projet VRD de Diamniadio : Abdoulaye Cissé révèle comment l'autorité a organisé un pillage à 181 milliards. Des ministres ont détourné de l'argent public vers une entreprise aux capacités douteuses, court-circuitant le Trésor
L'enquête approfondie d'Abdoulaye Cissé, journaliste à TFM, révèle un scandale d'État sans précédent autour du projet d'aménagement de la voirie et des réseaux divers (VRD) de Diamniadio. Basée sur des archives officielles, des rapports de la Cour des comptes et des documents authentiques minutieusement analysés, cette investigation expose un détournement de fonds publics de plus de 181 milliards de francs CFA.
Lancé en 2017, le projet de Diamniadio était présenté comme une vitrine du développement sénégalais, abritant des infrastructures prestigieuses comme le stade Abdoulaye Wade, le Dakar Arena qui a accueilli des tournois de basket d'envergure, ainsi que des cités résidentielles et une zone administrative moderne.
Le marché d'aménagement de la voirie primaire et des réseaux divers avait été attribué le 9 mai 2017 au groupement Ecotra-Tober, suite à l'appel d'offres n°29 des GPU 2016. Dans leur lettre de soumission, les entrepreneurs s'engageaient à "exécuter et achever les travaux dans un délai de 36 mois" pour un montant de 140 milliards 325 millions FCFA, tout en promettant de "mobiliser les financements nécessaires dans un délai maximum de 2 mois".
Le rapport d'audit de la Cour des comptes, produit en mai 2023 et portant sur la période 2017-2020, constitue le cœur de cette enquête. À la page 43, sous le titre "Différence entre le marché signé par Ecotra-Tober et celui exécuté", la Cour révèle que "l'État a pris l'option d'emprunter auprès des bailleurs et partenaires à la place du groupement Ecotra".
Selon l'enquête d'Abdoulaye Cissé, l'État était parfaitement au courant des carences financières du groupement mais a choisi de le couvrir. Dès 2018, un lanceur d'alerte, ancien consultant ayant structuré le financement pour Ecotra, avait alerté le ministre du Budget de l'époque, Birima Mangara, dans une lettre confidentielle.
"Nous souhaitons attirer votre bienveillante attention qu'Ecotra-Tober a obtenu ce contrat à travers une offre spontanée et a toujours soutenu détenir les fonds nécessaires", écrivait le consultant, s'étonnant de voir l'État avancer déjà 26 milliards en deux versements de 21 et 5 milliards.
Une cascade d'emprunts aux conséquences dramatiques
L'investigation révèle un tableau édifiant des différents prêts contractés par l'État pour financer le projet :
2017 : Banque islamique du Sénégal (21 milliards), Banque de Dakar (5 milliards)
2018 : Banque de Dakar (1 milliard), Banque islamique du Sénégal (1 milliard)
2019 : BOAD (30 milliards)
2020 : BIDC (15 milliards), FBN Bank (1,58 milliard)
2021 : Société générale de Paris (66,25 milliards)
2023 : BOAD (30 milliards), BIDC (50 milliards)
Au total, ces emprunts atteignent 235 milliards FCFA, soit un dépassement de près de 100 milliards par rapport au coût initial. Avec les intérêts estimés à 85 milliards par des experts consultés par le journaliste, le coût financier global du projet s'élève à 322 milliards FCFA, soit un surplus de 181 milliards - un montant qui dépasse le coût initial du projet.
L'enquête soulève également des questions sur la crédibilité des partenaires du groupement. L'entreprise allemande Tauber, associée à Ecotra d'Abdoulaye Silla, présentait des anomalies flagrantes dans ses documents d'identification. Notamment, son capital était toujours libellé en Deutsche Mark, l'ancienne monnaie allemande qui n'existe plus depuis le 1er janvier 2002, date d'entrée en vigueur de l'euro.
Par ailleurs, Ecotra n'avait jamais réalisé auparavant un chantier au cinquième de celui-ci, ce qui aurait dû l'exclure de la compétition conformément au cahier des charges pour défaut de capacité technique et financière.
Un désastre écologique et logistique
Sur le terrain, la situation révélée par l'enquête d'Abdoulaye Cissé est catastrophique. Les travaux, qui auraient dû être livrés en mai 2020, accusent un retard considérable avec un taux d'exécution de seulement 51,60% selon les rapports du cabinet Corex de fin 2022.
L'aménagement frôle la catastrophe écologique : les eaux de ruissellement présentent une couleur verdâtre suspecte, les routes sont impraticables pour les camions qui s'enlisent, et les entrepôts semblent abandonnés. Les canaux d'assainissement restent à ciel ouvert, menaçant de déborder à tout moment.
La Cour des comptes note que "le retard dans la réalisation des voies principales compromet gravement l'objectif d'occupation de la nouvelle ville". Les bâtiments administratifs doivent faire appel à des camions de vidange de manière récurrente, révélant les défaillances du système d'assainissement.
Le plus scandaleux dans cette affaire, selon l'enquête, réside dans le fait que c'est l'État lui-même qui a organisé ce "carnage financier". Depuis 2019, par la signature du ministre de l'Économie de l'époque, Amadou Hott, l'État a demandé aux bailleurs de virer directement les fonds dans les comptes d'Ecotra, sans que l'argent ne transite jamais par les comptes du Trésor public.
Cette pratique s'est poursuivie : 30 milliards de la BOAD et 15 milliards de la BIDC ont été directement versés à Ecotra. En octobre 2023, sous le ministre Doudou Ka qui a succédé à Amadou Hott, 50 milliards supplémentaires de la BIDC ont encore été virés directement à l'entreprise.
Cette méthode expliquerait les déclarations publiques des nouvelles autorités en septembre 2024, affirmant ne pas trouver trace de plus de 2 500 milliards de francs CFA de financements extérieurs qui n'ont jamais transité dans les comptes publics.
L'enquête révèle également qu'Ecotra a facturé des ouvrages réalisés par d'autres concessionnaires comme la Senelec, en dehors même du marché des GPU. Plus troublant encore, l'entreprise a obtenu 15 milliards de FBN Bank sur requête du ministre des Finances Abdoulaye Daouda Diallo, sollicité fin 2019 par l'agent judiciaire de l'État Antoine Diome pour "accorder une compensation financière à Ecotra pour un prétendu détournement de son financement par l'État du Sénégal".
Le processus s'est poursuivi jusqu'en avril 2024, quand le ministre des Finances Cheikh Diba a encore tiré 6 milliards de la BIDC pour régler directement une facture à Ecotra.
Un état des lieux alarmant six mois après
Retournant sur les lieux en février 2025, soit six mois après le début de son tournage, Abdoulaye Cissé constate que si les eaux de l'hivernage ont séché, l'environnement reste "sauvage", devenant le terrain de jeu des animaux domestiques en divagation. Les entreprises continuent de quitter la zone d'activité économique, laissant des périmètres entiers à l'abandon.
Dans sa recommandation n°16, la Cour des comptes demandait au Secrétaire général de la présidence, au ministre des Finances et au ministre de l'Économie de "veiller à ce que les attributaires des marchés respectent leurs obligations contractuelles, notamment en ce qui concerne les modalités de financement des projets".
Mais comme le souligne l'enquête d'Abdoulaye Cissé, comment faire valoir de telles recommandations quand c'est l'État lui-même qui est défaillant ? "Manifestement, ceux qui devaient défendre l'État ont été ses bourreaux", conclut le journaliste dans son investigation.
Au-delà du préjudice financier pour l'État, cette enquête révèle que les premières victimes sont les populations riveraines de Diamniadio, dont l'environnement a été "complètement défiguré à coup de milliards". Les promoteurs immobiliers peinent à livrer leurs chantiers à cause des défaillances du réseau d'assainissement, compromettant l'objectif de développement urbain de la zone.
Cette investigation d'Abdoulaye Cissé met en lumière un système de détournement organisé au plus haut niveau de l'État, où les intérêts publics ont été sacrifiés au profit d'intérêts privés, laissant le Sénégal avec une facture de plus de 320 milliards de francs CFA pour un projet qui devait initialement coûter 140 milliards et qui demeure largement inachevé.
Cette enquête, menée sur plusieurs mois par le journaliste Abdoulaye Cissé de TFM, s'appuie sur des documents officiels, des rapports d'audit et des constats de terrain qui révèlent l'ampleur d'un scandale financier sans précédent dans l'histoire récente du Sénégal.
LE SÉNÉGAL MENACÉ PAR UN CHOC PÉTROLIER
Goldman Sachs l'annonce : en cas de fermeture du détroit d'Ormuz, le pétrole atteindrait 110 dollars le baril. Pour Dakar, récent membre du club des pétroliers, cette flambée des cours cache un piège lié à ses capacités de raffinage insuffisantes
(SenePlus) - La montée des tensions entre Israël et l'Iran fait planer une ombre inquiétante sur l'économie mondiale, et le Sénégal pourrait bien être pris dans la tourmente. Après les frappes américaines sur des sites nucléaires iraniens dans la nuit du 21 au 22 juin, Téhéran a brandi une menace qui fait trembler les marchés : la fermeture du détroit d'Ormuz, passage obligé de 20% du pétrole mondial, rapporte Jeune Afrique.
Cette escalade intervient à un moment critique pour le Sénégal, qui vient tout juste d'intégrer le club très fermé des pays producteurs de pétrole. Selon les projections de Goldman Sachs citées par le magazine panafricain, un blocage de ce détroit stratégique ferait bondir le prix du baril à 110 dollars, avec des répercussions majeures pour les économies africaines.
Sur le papier, une flambée des cours devrait profiter au Sénégal, nouveau venu dans l'industrie pétrolière. "Pour les pays pétroliers du continent, dont la production pétrolière reste largement supérieure à la demande intérieure, une éventuelle augmentation des cours serait une aubaine incontestable", explique à Jeune Afrique Mahmoud El May, ingénieur pétrolier et spécialiste du négoce de l'or noir.
Pourtant, la réalité s'avère plus complexe pour le Sénégal. Comme le Nigeria et la Côte d'Ivoire, le pays "risquerait de ne pas en tirer entièrement profit en raison de ses capacités encore insuffisantes de raffinage", souligne le magazine. Cette faiblesse structurelle place le Sénégal dans une position paradoxale : producteur de pétrole brut destiné à l'exportation, mais importateur de produits raffinés aux prix du marché mondial.
Cette dépendance aux importations de carburants raffinés expose directement le Sénégal aux fluctuations des cours internationaux. Contrairement aux pays occidentaux qui disposent de réserves stratégiques de trois mois, les États africains comme le Sénégal manquent de capacités de stockage pour amortir les chocs pétroliers.
L'impact sur l'économie sénégalaise pourrait être double. D'un côté, les revenus tirés des exportations de brut augmenteraient mécaniquement avec la hausse des prix. De l'autre, la facture énergétique nationale s'alourdirait considérablement, pesant sur les finances publiques et le pouvoir d'achat des ménages.
Cette situation rappelle celle d'autres pays africains confrontés au même dilemme. Selon JA, "pour des pays comme la Tunisie, le Cameroun et la RDC, où les subventions aux produits pétroliers sont en vigueur, la hausse des prix pourrait entraîner une envolée de la facture énergétique et accentuer la pression sur les finances publiques."
Heureusement pour le Sénégal et l'économie mondiale, les experts restent sceptiques quant à la concrétisation de la menace iranienne. "La fermeture du détroit d'Ormuz est un scénario catastrophe qui, sur le terrain, est très difficile à concrétiser", estime Mahmoud El May dans les colonnes de Jeune Afrique. L'Iran, déjà fragilisé par les sanctions occidentales, se priverait d'une manne financière cruciale puisque son pétrole transite principalement par ce passage maritime.
Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat à l'Institut français des relations internationales (Ifri), abonde dans ce sens auprès du magazine : en cas de blocage, "les puissances occidentales seront amenées à intervenir pour déboucher le détroit." Goldman Sachs confirme que les États-Unis et la Chine empêcheraient toute perturbation prolongée pour des raisons économiques évidentes.
Cette crise potentielle illustre néanmoins la vulnérabilité du Sénégal face aux soubresauts géopolitiques mondiaux. Pour le jeune producteur pétrolier sénégalais, l'enjeu demeure le développement rapide de capacités de raffinage nationales, seul moyen de transformer pleinement la manne pétrolière en levier de développement économique durable.
FRAPP EXIGE L’ABROGATION DE L’ARRÊTÉ OUSMANE NGOM EN HOMMAGE AU 23 JUIN
Jugé liberticide et illégal par la Cour de Justice de la CEDEAO, ce texte continue d’interdire les manifestations dans des zones clés de Dakar, en contradiction avec l’esprit de lutte et de liberté incarné par cette date historique.
À l’occasion du 14e anniversaire du 23 juin 2011, le mouvement FRAPP (Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine) a lancé un appel fort aux autorités : abroger immédiatement l’arrêté Ousmane Ngom, encore en vigueur depuis plus d’une décennie.
Dans un communiqué publié ce week-end, le FRAPP rappelle que le 23 juin représente une date charnière dans l’histoire démocratique du Sénégal. Ce jour-là, des milliers de citoyens s’étaient mobilisés pour dire non à un projet de réforme constitutionnelle jugé antidémocratique. Une mobilisation qui avait marqué un tournant, ouvrant la voie aux alternances de 2012 et 2024.
« Le 23 juin n’est pas une simple date dans le calendrier : c’est un symbole de lutte, de dignité et de rupture », souligne le FRAPP.
Mais pour le mouvement, le maintien de l’arrêté ministériel n°007580/MINT/SP du 20 juillet 2011, signé par l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom, constitue une contradiction flagrante. Ce texte interdit toute manifestation politique dans plusieurs zones névralgiques de Dakar : de l’avenue El Hadji Malik Sy au Cap Manuel, en passant par les abords du Monument de la Renaissance ou les sièges des institutions judiciaires.
Le FRAPP dénonce une « discrimination territoriale injustifiable » et une atteinte grave aux libertés fondamentales garanties par la Constitution sénégalaise et les conventions internationales ratifiées par le pays.
Le collectif rappelle par ailleurs que la Cour de Justice de la CEDEAO a déjà jugé cet arrêté illégal et a exigé son abrogation immédiate, une décision que l’État du Sénégal n’a toujours pas exécutée. Une attitude que FRAPP assimile à un « refus de respecter les engagements internationaux » et à une trahison de « l’héritage du 23 juin ».
« On ne peut pas prétendre gouverner au nom du peuple tout en réduisant ses espaces d’expression », fustige le communiqué, appelant le ministre de l’Intérieur ou le président de la République à prendre leurs responsabilités.
Pour le mouvement, abroger cet arrêté, c’est rendre hommage aux martyrs du 23 juin et donner un véritable sens aux discours sur la démocratie et la souveraineté populaire.
Le Secrétariat Exécutif National du FRAPP maintient sa position : sans cette abrogation, toute célébration du 23 juin reste incomplète.
LA FSBB DÉVOILE UNE PRÉSÉLECTION DE 23 JOUEUSES POUR PRÉPARER L'AFROBASKET 2025
Alors que le regroupement démarre ce 25 juin à Dakar, deux dossiers – ceux de Léna Timéra et Ndèye Astou Gaye – sont toujours en cours de traitement par la FIBA. Des matchs amicaux et un encadrement renforcé marqueront cette phase de préparation.
La Fédération Sénégalaise de Basket (FSBB) a dévoilé la liste des joueuses présélectionnées pour la préparation au Sénégal de l’Afrobasket 2025 dont la 27ᵉ édition se déroulera à Abidjan en Côte d'Ivoire du 25 juillet au 3 août.
Léna Timéra et Astou Gaye, deux "dossiers d’éligibilité sans restriction font l’objet d’un nouveau traitement"
Dans le communiqué, la Fédération informe que les "dossiers d’éligibilité sans restriction de Léna Timéra et Astou Gaye font l’objet d’un nouveau traitement par la FIBA à la suite de l’appel" qu'elle a "interjeté, d’où leur présence sur la liste" des joueuses présélectionnées pour la préparation de l'Afrobasket.
Début du regroupement le 25 juin
L'instance a également annoncé que le regroupement démarre, ce mercredi 25 juin 2025 à Dakar sous la direction des entraineurs adjoints Mr Madiène FALL, Mme Khardiata Sourang DIOP et du Directeur Technique National Mr Raoul Toupane", informe-t-elle.
Matchs amicaux contre Mali et Soudan à Abidjan
Toujours dans la suite de la préparation dont une partie devrait se tenir "soit à Saly Portudal soit à Diamniadio à partir du 30 Juin", les lionnes disputeront ensuite "deux matchs amicaux contre contre le Mali et le Sud Soudan à Abidjan", informe la Fédération, indiquant que l'équipe quittera "Dakar le 21 juillet 2025" pour la Côte d'Ivoire.
Des renforts dans l'encadrement technique
L’entraineur National Mr Otis Hughley Junior rejoindra le groupe le 03 juillet 2025 pour diriger la préparation durant trois (3) semaines comme initialement prévu, souligne l'instance, précisant que "l’encadrement technique des lionnes sera renforcé durant l’Afrobasket 2025 par l’arrivée de Mr Peter Ahmedu ancien coach adjoint de Otis au sein de l’équipe du Nigéria durant l’Afrobasket 2017, la Coupe du Monde 2018 et l’Afrobasket 2019 et Mr Bobbi Madina comme Préparateur physique."
Liste des 23 joueuses :
Cierra Janay Dillard
Sabou Ndiaye Gueye
Victorine Thiaw
Ndioma Kane
Yacine Diop
Lena Timéra
Fatou Pouye
Fatou Faye Sané
Néné Awa Ndiaye
Ndèye Khady Lèye
Marie Diame
Khadidiatou Bigué Sarr
Mathilde Aïcha Diop
Ndèye Astou Gaye
Arame Niang
Sokhna Binetou Lo
Julie Dacosta
Khadija Faye
Fatou Babou Diagne
Madjiguène Sène
Sokhna Ndiaye
Fatou Kiné Filor
Aminata Ly
KALIDOU DIALLO LÈVE LE VOILE SUR LES RESSORTS DU 23 JUIN 2011
Treize ans après les manifestations historiques contre le ticket présidentiel, l’historien et ancien ministre revient sur les véritables causes de la révolte populaire. Entre rejet d’un troisième mandat, soupçons de succession dynastique...
Le projet contesté de réforme constitutionnelle instituant un ticket présidentiel ‘’n’était que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase’’, les manifestations du 23 juin 2011 s’étant déroulées dans un contexte marqué déjà par une campagne nationale et internationale contre un éventuel troisième mandat du président Abdoulaye Wade, analyse l’historien et ancien ministre Kalidou Diallo.
‘’Le projet de loi modifiant l’article 33 de la Constitution n’était que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase’’, a-t-il expliqué dans une interview accordée à l’APS, en revenant sur ces évènements politiques majeurs.
Selon Kalidou Diallo, qui enseigne l’histoire moderne et contemporaine à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, la contestation du 23 juin s’inscrivait dans un contexte de démobilisation du Parti démocratique sénégalais (PDS), le pouvoir au pouvoir, qui se trouvait confronté à une opposition unie, soutenue par une opinion publique nationale et internationale défavorable à une troisième candidature d’Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle.
M. Wade avait annoncé sa volonté de briguer un nouveau mandat depuis les États-Unis, en septembre 2009, alors qu’il avait déjà 83 ans, a rappelé Kalidou Diallo, en revenant sur les ressorts du soulèvement du 23 juin 2011, qui partaient des soupçons de dévolution monarchique du pouvoir. Des soupçons selon lesquels Karim Wade succèderait à son père.
‘’Ce reniement du pape du Sopi (le surnom d’Abdoulaye Wade, Sopi étant un mot wolof signifiant le changement) à sa parole de ne pas se représenter, après sa victoire de 2007, a profondément choqué les Sénégalais. Lui-même avait reconnu que la Constitution de 2001 limitait les mandats à deux. Ce ‘wax waxeet’ (le reniement de sa parole, en wolof) a été perçu comme une faute grave dans notre culture politique’’, souligne Kalidou Diallo.
Pour ne rien arranger, la publication du livre ‘’Comptes et mécomptes de l’ANOCI’’, du journaliste Abdou Latif Coulibaly, en août 2009, a contribué à renforcer, à ses yeux, les soupçons d’une tentative de transmission héréditaire du pouvoir.
Ce livre dénonçait la gestion de l’ANOCI, l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique, dirigée par Karim Wade, avant que ce dernier ne soit nommé ministre.
‘’Une vaste campagne s’est installée dans l’opinion, prêtant à M. Wade la volonté de se faire remplacer par son fils. Et comme le disait Karl Marx, ‘quand les idées pénètrent les masses, elles deviennent matérielles’’’, commente l’ancien ministre de l’Éducation nationale.
L’universitaire, dont les travaux académiques portent essentiellement sur le syndicalisme, est d’avis que ‘’dans un tel climat, l’introduction d’un projet de loi instituant un poste de vice-président, sur la base d’un ticket présidentiel, n’a fait que renforcer les soupçons d’une tentative de succession dynastique du pouvoir’’.
‘’Même si Abdoulaye Wade a toujours réfuté cette intention, ce projet de loi a été perçu comme une confirmation de cette volonté. C’est pourquoi il a été massivement rejeté par la rue’’, analyse l’historien et ancien ministre.
PAR SAMBOUDIAN KAMARA
RÉANIMER L’ESPOIR DE 1975
Il y a maintenant deux postures pour aborder les questions relatives à la CEDEAO. La première, facile, étale ce que tout le monde ne sait que trop : le sentiment d’impuissance, l’hydre djihadiste étalant ses tentacules, le retour des coups d’Etat...
Il y a maintenant deux postures pour aborder les questions relatives à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La première, facile, étale ce que tout le monde ne sait que trop : le sentiment d’impuissance, l’hydre djihadiste étalant ses tentacules, le retour des coups d’Etat, la difficulté à lancer des mégaprojets économiques communautaires. La seconde, prospective, cherche à puiser dans les indéniables acquis de l’Union (libre circulation des personnes et des biens depuis 1979 ; Tarif extérieur commun depuis 2015 ; expérience des interventions militaires au Libéria, en Sierra-Leone et en Gambie…) pour mieux relancer une organisation en qui ses pères fondateurs de 1975 voyaient la panacée aux difficultés de jeunes Etats tout juste vieux de quinze ans pour les plus âgés excepté le Ghana.
Les difficultés sont nouvelles. Car si les épisodes précédents mettaient en jeu des acteurs non étatiques (groupes rebelles) remettant en cause les ordres institutionnels, cette fois-ci, ce sont des gouvernements de pays membres qui ont demandé à la quitter. Son repositionnement stratégique et le retour de sa crédibilité dans la gestion des crises politiques et sécuritaires régionales sont conditionnés, pour beaucoup, par sa capacité à régler d’abord ses propres problèmes dont le moindre n’est pas l’amputation probable de plus de la moitié de son territoire (les Etats de l’Aes font 54% de sa superficie totale…
Pourtant, en matière de diagnostic, les dirigeants savent viser juste. La Force d’attente de la Cedeao par exemple, censée devenir le bras armé de l’organisation, reste comme son nom l’indique, latente. Hier, le Président Bola Tinubu, au moment de passer le témoin à son successeur, a exhorté les dirigeants ouest-africains à faire de la Force en attente de la Cedeao une réalité opérationnelle immédiate. « La Force en attente de la Cedeao doit passer du concept à la réalité opérationnelle dès maintenant », a insisté le leader Nigérian se disant préoccupé par la lenteur de son activation, et appelant à une réponse ferme contre le terrorisme dans la région. Mais ni l’achèvement du dépôt logistique militaire régional de l’organisation à Lungi, en Sierra Léone, ni l’engagement du géant nigérian, signé en février à Addis-Abeba, à assurer les volets maritimes et aériens du transport stratégique pour la Cedeao, ne paraissent assez significatifs pour voir se matérialiser cet instrument militaire.
Alors que le sommet d’Abuja s’ouvrait en présence du Président Bassirou Diomaye Faye, l’avion de son homologue Malien, le général Assimi Goïta, arrivait à Moscou, pour sa deuxième visite chez le Président Poutine, après sa participation au sommet Russie-Afrique de juillet 2023 à Saint-Pétersbourg. L’image est forte mais ne traduit pas moins la réalité de voisins consolidant des alliances « extérieures », alors que la principale organisation sous régionale traverse sa plus grande crise. A l’origine, la lecture unilatérale des dispositions sanctionnant les putschs. Or, au Mali, au Burkina, comme au Niger, le sentiment le plus partagé est que la Cedeao a su sanctionner, mais n’a pas su les aider, avec en toile de fond des accusations infondées d’influences françaises sur les positions de l’organisation. Le fait est que rien, pour l’instant, ne laisse présager d’un retour à la normale avant de longs mois. Il faut plutôt espérer que les pourparlers en cours laissent la possibilité d’un retour sans heurts.
Le président de la Commission, Omar Alieu Touray, devrait présenter l’état d’avancement des négociations encadrant cette sortie historique, prévue pour le 29 juillet. Mais rien n’a filtré des huis clos, comme c’est souvent le cas à Abuja. Le 22 mai à Bamako, une session de consultations entre les ministres des Affaires étrangères de l’Aes et la Commission de la Cedeao avait permis de poser un cadre de négociations, incluant des volets politiques, sécuritaires et économiques. Les pays de l’Aes peuvent-ils continuer à bénéficier des avantages communautaires, comme la libre circulation des personnes et des biens dans les quinze pays, alors que les questions migratoires se politisent de plus en plus, tout en tournant le dos à l’organisation ?
Dans les faits, les ressortissants de l’Aes continuent à bénéficier de la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que du traitement préférentiel dans le commerce. Cette mesure, présentée comme un geste de solidarité régionale, pourrait perdurer au-delà de la période de transition, à condition que les négociations aboutissent à une entente précise (voir article de Malick Ciss et Oumar Ndiaye). Dire que l’organisation est à un tournant est un euphémisme éculé. Pourtant, elle reste originale car restant la seule organisation sous régionale transcendant les différences idiomatiques pour réunir les ouest africains qu’ils soient de ressortissants de pays dont la langue officielle est le portugais, l’anglais ou le français.
Mais au fond, la véritable question n’est pas tant de savoir si l’Aes partira, ni même si la Cedeao survivra à ce départ. La vraie question est de savoir, vu qu’il est question d’une Cedeao « des peuples », si les Ouest-Africains croient encore au rêve commun qui les a réunis en 1975 : celui d’une intégration capable de résister aux secousses, aux frontières artificielles, aux influences extérieures et aux conjonctures géopolitiques…
PAR SEYDOU KA
CIVILISATION ET BARBARIE
Malgré les démentis de l’histoire et la désastreuse expérience de la guerre contre « l’axe du mal » menée par les néoconservateurs américains sous la présidence Bush, la guerre entre Israël et l’Iran a remis au goût du jour cette vision manichéenne du mon
On pensait en avoir fini avec la fameuse théorie du choc des civilisations (Samuel Huntington) selon laquelle l’Occident (« civilisé ») et l’Islam (« barbare »), deux mondes figés dans leurs différences historiques, culturelles et religieuses sont voués au conflit. Malgré les démentis de l’histoire et la désastreuse expérience de la guerre contre « l’axe du mal » menée par les néoconservateurs américains sous la présidence Bush, la guerre entre Israël et l’Iran a remis au goût du jour cette vision manichéenne du monde.
Ces derniers jours, plusieurs hauts responsables israéliens ont présenté cette guerre comme un choc des civilisations, une lutte entre le bien (eux) et le mal (le régime iranien), une opposition entre « lumière » et « ténèbres ». Ainsi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui avait justifié son agression contre l’Iran par la nécessité de préserver la survie d’Israël et de « protéger le monde libre », a remercié, hier, le président américain Donald Trump d’avoir pris sur lui de « chasser le mal et les ténèbres du monde » en bombardant les installations nucléaires iraniennes. Une telle lecture laisse perplexe si l’on voit ce que la « civilisation » (Israël) a fait à Gaza qui serait peuplé « d’animaux ».
Comme l’a brillamment expliqué l’historien français d’origine bulgare Tzvetan Todorov dans son ouvrage « La peur des barbares : Au-delà du choc des civilisations » (Robert Laffont, 2008, 311 p.), la peur devient un danger pour ceux qui l’éprouvent. Elle sert de justification aux comportements les plus inhumains. Au nom de la protection des femmes et des enfants (chez eux), Israël et ses soutiens occidentaux sont prêts à massacrer beaucoup d’hommes, des femmes et des enfants (chez les autres). Or, nous dit Tzvetan Todorov, la peur des barbares est ce qui risque de rendre l’Occident barbare. « Le mal que nous ferons dépassera celui que nous redoutions au départ. L’histoire nous renseigne : le remède peut être pire que le mal », écrit-il.
L’histoire nous apprend que la barbarie jaillit même du cœur des civilisations prétendument civilisées. Les exemples sont légion : les merveilles de la civilisation égyptiennes ont été bâties au prix de milliers de morts, l’épanouissement artistique et intellectuel d’Athènes au Ve siècle avant J.-C. dépendait sans doute de la présence d’esclaves dans la société grecque et la cour des Medicis de Florence, au XVe, qui a favorisé l’éclosion de la Renaissance dans les arts, n’était pas réputée pour ses tendances libérales et démocratiques.
Ce constat fait dire au philosophe allemand Walter Benjamin qu’il n’est « aucun document de civilisation qui ne soit aussi document de barbarie ». Rousseau l’avait bien perçu : « Le bien et le mal coulent de la même source ». Aucune culture n’est en elle-même barbare, aucun peuple n’est définitivement civilisé ; tous peuvent devenir l’un comme l’autre. Tel est le propre de l’espèce humaine.
Le rêve des penseurs des Lumières, c’était que la diffusion des connaissances devait rendre l’espèce humaine meilleure. « Plus la civilisation s’étendra sur la terre, dit une phrase souvent citée de Condorcet et datant de 1787, plus on verra disparaître les guerres et les conquêtes, comme l’esclavage et la misère ». On sait qu’à la lumière de l’histoire récente, cette promesse n’a jamais été tenue. Au contraire, les actes de barbarie se sont multipliés à l’époque moderne. Et ils n’ont pas été commis par des êtres incultes. Loin de là.
Pour sortir de la spirale mortifère actuelle, il est essentiel de ne pas céder le terrain aux extrémistes des deux côtés et d’instaurer un dialogue respectueux entre les cultures et les religions. L’Occident ne peut pas fermer les yeux sur ce qui se passe à Gaza et convaincre le reste du monde de la dangerosité du régime iranien. Ce double standard ne fait qu’attiser l’hostilité et le ressentiment au lieu de l’affaiblir. Quant à Israël, il ne peut en aucun cas s’ériger en défenseur du bien contre le mal en commettant lui-même un génocide et en refusant tout droit aux Palestiniens. Plus que jamais, la question palestinienne reste le nœud du problème au Proche-Orient.
DÉPOLLUTION DE LA BAIE DE HANN, LA COLÈRE MONTE À THIAROYE
Des jeunes ont bloqué la route nationale, lundi, pour exiger la prise en compte de leur localité dans le projet de dépollution de la baie de Hann. Le maire El Mamadou Ndiaye alerte sur l’urgence de restructurer la commune.
Les jeunes de la commune de Thiaroye-sur-Mer ont bloqué, lundi, la route nationale à hauteur du quartier Cinéma Thiaroye pour réclamer la restructuration de leur localité, dans le cadre de l’exécution du projet de dépollution de la baie de Hann. Interpellé sur le sujet, le maire de la commune, El Mamadou Ndiaye, revient sur les faits.
La matinée a été agitée à Thiaroye-sur-Mer, notamment au niveau du quartier « Cinéma ». Les populations, en colère contre l’État, ont bloqué la route nationale, créant d’énormes embouteillages dans les deux sens de circulation. « Les jeunes se sont mobilisés pour réclamer la restructuration de Thiaroye-sur-Mer, dans le cadre du projet de dépollution de la baie de Hann. Le conseil municipal s’était prononcé sur la question en adoptant des vœux adressés aux autorités, afin de leur faire comprendre qu’effectivement, la restructuration de Thiaroye était une nécessité pour la réussite du projet », explique le maire El Mamadou Ndiaye, joint par téléphone par Le Soleil.
En réalité, poursuit notre source, l’État, avec ses partenaires, a investi la somme de 124 milliards de FCFA pour la dépollution de la baie. Et selon l’élu local, le projet tel qu’il est actuellement exécuté « ne peut pas être efficient » si Thiaroye n’est pas restructuré.
« Sans la restructuration de Thiaroye, les populations continueront à déverser leurs ordures dans la mer. Elles continueront à y vider leurs fosses septiques. Ce qui signifie, en effet, qu’il n’y aura pas de dépollution sans restructuration. De toute façon, l’État s’était engagé à prendre cette question en charge. Les études ont été menées », indique M. Ndiaye.
L’État invité à tenir compte des revendications des populations
Aujourd’hui, selon El Mamadou Ndiaye, ce qui pousse les populations à agir, c’est que l’ancien président de la République, Macky Sall, avait pris, à l’époque, un décret de cessibilité valable pour une durée de deux ans. Ce décret arrivera à expiration le 6 août 2025. Il estime donc que les populations, qui tiennent fortement à cette restructuration, peuvent s’inquiéter du fait que si l’État ne réagit pas d’ici là, il existe un risque que Thiaroye ne soit pas restructuré.
« Et donc nous, en ce qui nous concerne, avons alerté, et aujourd’hui, les populations sont dans la rue. Mais nous profitons de cette occasion pour véritablement en appeler à l’État afin qu’il tienne compte des revendications de ces populations, qui sont légitimes », plaide-t-il.
Dans le cadre de ce projet, sur 14 kilomètres concernés, 6,5 se trouvent à Thiaroye-sur-Mer. Sur cette portion, 4 kilomètres sont à Thiaroye. Malheureusement, déplore le maire, Yarakh et Mbao ont bénéficié de la restructuration, alors que Thiaroye a « été laissé en rade ». « Pour moi, c’est ce qu’il faut corriger. Et je pense que nous avons utilisé les voies administratives pour faire valoir tous nos droits. Et donc, nous en sommes là », dit-il.
Statu quo sur la restructuration de Thiaroye
Il rappelle ainsi que les études d’impact environnemental réalisées dans le cadre de ce projet ont démontré qu’il ne pouvait y avoir de dépollution sans restructuration. L’État avait pris cela en compte et s’était engagé dans la voie de la restructuration de Thiaroye, dans le cadre du programme Zéro Bidonville.
« Malheureusement, depuis un bon moment, rien n’avance dans le sens d’une restructuration effective de Thiaroye. Des sites ont été identifiés pour la délocalisation des populations. Les rues ont été marquées. Il ne reste plus qu’à ce que la commission d’indemnisation se réunisse pour évaluer les impenses, indemniser et lancer les travaux. C’est à ce niveau que tout a bloqué. Et, du coup, nous n’avons plus d’interlocuteur », regrette le maire de Thiaroye-sur-Mer.
El Mamadou Ndiaye informe également que son équipe, au-delà de l’État, a saisi les bailleurs de fonds impliqués dans ce projet, afin qu’ils tiennent compte de Thiaroye dans leurs réalisations. « Nous devons tous prêter une oreille attentive aux préoccupations des populations. Car cela est dans l’intérêt de la réussite du projet. Nous ne souhaitons pas qu’il s’arrête. Mais nous souhaitons vivement que Thiaroye en bénéficie », a-t-il insisté.
Par Seydou KA
CIVILISATION ET BARBARIE
On pensait en avoir fini avec la fameuse théorie du choc des civilisations (Samuel Huntington) selon laquelle l’Occident (« civilisé ») et l’Islam (« barbare »), deux mondes figés dans leurs différences historiques, culturelles et religieuses
On pensait en avoir fini avec la fameuse théorie du choc des civilisations (Samuel Huntington) selon laquelle l’Occident (« civilisé ») et l’Islam (« barbare »), deux mondes figés dans leurs différences historiques, culturelles et religieuses sont voués au conflit. Malgré les démentis de l’histoire et la désastreuse expérience de la guerre contre « l’axe du mal » menée par les néoconservateurs américains sous la présidence Bush, la guerre entre Israël et l’Iran a remis au goût du jour cette vision manichéenne du monde. Ces derniers jours, plusieurs hauts responsables israéliens ont présenté cette guerre comme un choc des civilisations, une lutte entre le bien (eux) et le mal (le régime iranien), une opposition entre « lumière » et « ténèbres ». Ainsi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui avait justifié son agression contre l’Iran par la nécessité de préserver la survie d’Israël et de « protéger le monde libre », a remercié, hier, le président américain Donald Trump d’avoir pris sur lui de « chasser le mal et les ténèbres du monde » en bombardant les installations nucléaires iraniennes. Une telle lecture laisse perplexe si l’on voit ce que la « civilisation » (Israël) a fait à Gaza qui serait peuplé « d’animaux ».
Comme l’a brillamment expliqué l’historien français d’origine bulgare Tzvetan Todorov dans son ouvrage « La peur des barbares : Au-delà du choc des civilisations » (Robert Laffont, 2008, 311 p.), la peur devient un danger pour ceux qui l’éprouvent. Elle sert de justification aux comportements les plus inhumains. Au nom de la protection des femmes et des enfants (chez eux), Israël et ses soutiens occidentaux sont prêts à massacrer beaucoup d’hommes, des femmes et des enfants (chez les autres). Or, nous dit Tzvetan Todorov, la peur des barbares est ce qui risque de rendre l’Occident barbare. « Le mal que nous ferons dépassera celui que nous redoutions au départ. L’histoire nous renseigne : le remède peut être pire que le mal », écrit-il.
L’histoire nous apprend que la barbarie jaillit même du cœur des civilisations prétendument civilisées. Les exemples sont légion : les merveilles de la civilisation égyptiennes ont été bâties au prix de milliers de morts, l’épanouissement artistique et intellectuel d’Athènes au Ve siècle avant J.-C. dépendait sans doute de la présence d’esclaves dans la société grecque et la cour des Medicis de Florence, au XVe, qui a favorisé l’éclosion de la Renaissance dans les arts, n’était pas réputée pour ses tendances libérales et démocratiques.
Ce constat fait dire au philosophe allemand Walter Benjamin qu’il n’est « aucun document de civilisation qui ne soit aussi document de barbarie ». Rousseau l’avait bien perçu : « Le bien et le mal coulent de la même source ». Aucune culture n’est en elle-même barbare, aucun peuple n’est définitivement civilisé ; tous peuvent devenir l’un comme l’autre. Tel est le propre de l’espèce humaine.
Le rêve des penseurs des Lumières, c’était que la diffusion des connaissances devait rendre l’espèce humaine meilleure. « Plus la civilisation s’étendra sur la terre, dit une phrase souvent citée de Condorcet et datant de 1787, plus on verra disparaître les guerres et les conquêtes, comme l’esclavage et la misère ». On sait qu’à la lumière de l’histoire récente, cette promesse n’a jamais été tenue. Au contraire, les actes de barbarie se sont multipliés à l’époque moderne. Et ils n’ont pas été commis par des êtres incultes. Loin de là.
Pour sortir de la spirale mortifère actuelle, il est essentiel de ne pas céder le terrain aux extrémistes des deux côtés et d’instaurer un dialogue respectueux entre les cultures et les religions. L’Occident ne peut pas fermer les yeux sur ce qui se passe à Gaza et convaincre le reste du monde de la dangerosité du régime iranien. Ce double standard ne fait qu’attiser l’hostilité et le ressentiment au lieu de l’affaiblir. Quant à Israël, il ne peut en aucun cas s’ériger en défenseur du bien contre le mal en commettant lui-même un génocide et en refusant tout droit aux Palestiniens. Plus que jamais, la question palestinienne reste le nœud du problème au Proche-Orient.