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27 juillet 2025
LE SECTEUR MÉDIATIQUE DÉVOILE SES PRIORITÉS APRÈS LES CONCERTATIONS
Les acteurs appellent à une réforme urgente du cadre légal, à un soutien accru aux médias, et à une régulation adaptée aux enjeux du numérique, de l’éthique et de la souveraineté informationnelle.
Les concertations sur le secteur de la communication ont débouché vendredi, sur des recommandations structurantes pour moderniser et soutenir un paysage médiatique “vital” pour l’intégrité de l’information et la souveraineté numérique.
Ces concertations, lancées il y a trois jours à Dakar, ont permis de mettre en exergue des défis majeurs auxquels le secteur se trouve confronté.
“Les lois sur la publicité (n° 64-51 de 1964 et n° 83-20 de 1983) sont obsolètes et sans décrets d’application, entraînant une fuite de capitaux vers le numérique et les nouveaux acteurs. Les radios communautaires sont injustement discriminées car elles ne peuvent diffuser de publicité, aggravant leurs difficultés financières”, peut-on lire dans une note de synthèse des travaux.
“Le modèle économique des entreprises de presse est non fiable, beaucoup étant au bord de la faillite, incapables de payer les salaires. Le secteur souffre d’une lourdeur du modèle fiscal et d’une insuffisance du fonds d’appui aux médias. L’État accumule des créances impayées envers les entreprises de presse, provoquant licenciements et fermetures”, ajoute cette note dont l’APS a obtenu une copie.
Sur la régulation, l’éthique et les contenus, les participants ont pointé l’urgence d’une “réforme structurée” basée sur une “législation adaptée” et une “régulation efficace”.
Les acteurs de la communication considèrent que l’éthique journalistique est affaiblie par la recherche du “buzz” et la monétisation rapide, tandis que la prolifération d’acteurs non régulés (influenceurs, chroniqueurs, plateformes) produit du contenu “sans formation ni ancrage éthique”.
Ils jugent également le Code de la presse est “obsolète et inadapté”, surtout pour la presse en ligne, et “mal approprié”, soulignant que le secteur médiatique reflète une “dépravation des mœurs et des contenus non adaptés aux valeurs sénégalaises”.
“Les plateformes numériques échappent au contrôle et au respect de l’endogénéité sénégalaise. Les outils de régulation pour les cyberespaces sont quasi-inexistants, créant des +zones grises+. L’intelligence artificielle nécessite un encadrement pour respecter le droit de propriété et d’auteur, et éviter les productions portant atteinte à la dignité humaine”, ajoutent les participants.
Sur cette base, les acteurs du secteur de la communication ont fait un certain nombre de recommandations, prônant notamment des réformes législatives et réglementaires.
“Il faut une adoption rapide d’un nouveau projet de texte sur la publicité au Sénégal, qui vise à réguler la publicité numérique, définir les rôles et créer une autorité administrative indépendante”, ont-ils préconisé.
Ils appellent aussi à “corriger la discrimination envers les radios communautaires pour qu’elles puissent diffuser de la publicité”, à “réviser et adapter le cadre légal et réglementaire, notamment le Code de la presse, pour intégrer les évolutions numériques et le vulgariser”.
En outre, les commissions recommandent de créer une autorité indépendante de régulation des médias qui délivrerait les autorisations de médias et articulerait ses missions avec celles du CORED, le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias.
De même, ils invitent à “réguler les GAFAM à l’échelle régionale, établir un code d’encadrement de l’IA non restrictif, veillant au droit de propriété et d’auteur, et sanctionnant les productions portant atteinte à la dignité humaine”.
Les acteurs de la communication demandent en outre aux autorités de “booster” l’obtention des conventions publicitaires avec l’État et de “régulariser les créances dues” par l’État aux entreprises de presse, réitérant la nécessité d’adopter une “fiscalité adaptée” à la presse, distincte des autres secteurs.
Ils ont aussi recommandé de “rémunérer” la mission de service public de la presse via des subventions, soulignant la nécessité d’une “volonté politique”, mais aussi de l’ouvrir à d’autres annonceurs, en particulier les PME.
Il a été aussi retenu de renforcer TDS (Télédiffusion du Sénégal), de baisser les frais de diffusion pour les télévisions et de commercialiser un bouquet sénégalais à la diaspora, entre autres suggestions.
En somme, ces Journées de concertations ont souligné l’impératif de réformes législatives “profondes”, de mécanismes de régulation “adaptés” et d’un soutien économique “conséquent” pour assurer un paysage médiatique “sain, éthique et résilient face aux défis du numérique”.
84 MIGRANTS INTERCEPTÉS PAR LA MARINE NATIONALE AU LARGE DE KAYAR
Les migrants ont été ramenés à Dakar et remis aux autorités compétentes. Cette opération s’inscrit dans une série d’interventions récentes visant à freiner les départs clandestins vers l’Europe.
La Marine nationale sénégalaise a annoncé avoir secouru, vendredi, au large de Kayar, dans la région de Thiès (ouest), une embarcation ayant à son bord 84 candidats à l’émigration irrégulière.
“Le PHM Cayor a secouru, ce jour, au large de Kayar, une pirogue transportant 84 candidats à l’émigration irrégulière. Les migrants ont été ramenés à Dakar et remis aux services compétents”, a-t-elle informé sur sa page X.
Patrouilleur de haute mer, le PHM Cayor avait été baptisé en octobre 2024, en présence du président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
Le 26 mai dernier, la base navale nord avait appréhendé 32 candidats dans l’aire marine protégée de Saint-Louis.
Une patrouille terrestre de cette même base navale avait interpellé 23 autres personnes sur la plage de l’Hydrobase, dans la même ville.
L’APR DÉNONCE LA GOUVERNANCE DU PASTEF ET ANNONCE UNE MARCHE
Condamnation des scandales financiers, critiques sur la transparence budgétaire, dénonciation de détentions jugées arbitraires et appel à manifester : le parti de Macky Sall sonne la mobilisation générale
L’Alliance Pour la République (APR) a passé en revue, vendredi, les grandes lignes de l’actualité nationale et internationale, exprimant des inquiétudes et formulant des exigences claires. Le SEN a d’abord abordé la situation internationale, manifestant sa préoccupation face au conflit entre Israël et l’Iran.
Condamnant toute agression d’un pays souverain, les membres ont lancé un appel au « cessez-le-feu et à l’ouverture de négociations urgentes sous l’égide du Conseil de Sécurité des Nations Unies », en vue d’instaurer « une paix durable dans la région », conformément au droit international.
Dans la même veine, l’APR a réaffirmé son soutien aux initiatives visant à résoudre les conflits qui déstabilisent le continent africain, notamment au Sahel, dans l’Est de la RDC et au Soudan.
Le parti a rappelé l’engagement indéfectible de son leader, le Président Macky Sall, figure « panafricaniste et ardent défenseur de la paix et du dialogue », convaincu que la diplomatie est l’unique voie pour la résolution des crises mondiales.
Cessez-le-feu et à l’ouverture de négociations urgentes
Sur le plan national, le SEN a vigoureusement fustigé le retard dans la publication des rapports trimestriels d’exécution budgétaire, y voyant une « violation flagrante » de l’article 70 de la Loi organique n°2020-07 relative aux lois de finances publiques.
Affirmant son attachement aux principes de transparence et de bonne gouvernance, le SEN a également exigé la publication sans délai du Bulletin Statistique de la Dette Publique, dont le dernier numéro remonte à juin 2024.
L’APR a dénoncé ces « manquements à la loi », ainsi que les scandales récents touchant des entités comme l’ASER, l’ONAS, la DER, l’Assemblée nationale, et celui « prochain » d’Air Sénégal.
Pour le SEN, ces révélations démontrent que le pouvoir actuel, jugé « réfractaire à la transparence et à la culture de la probité », s’enfonce dans une « gouvernance légère et nébuleuse ».
Le parti a pointé du doigt « l’amateurisme et l’incompétence » avec lesquels le pouvoir Pastef opère, estimant que cela met en péril les finances publiques et nuit à l’efficacité de l’action publique.
Libération des responsables de l’APR
Selon l’APR, cette situation explique le « désespoir et la désillusion des Sénégalais, qui traversent une situation économique et sociale catastrophique », le pays vivant « grâce à la perfusion des agents économiques ivoiriens à travers un recours excessif et incontrôlé au marché des titres de l’UEMOA ».
Concernant la vie interne du parti, le SEN a renouvelé sa dénonciation de « l’acharnement sur les responsables de l’ancienne majorité ».
Il a exigé la libération immédiate de plusieurs de ses membres, nommément Farba Ngom, Lat Diop, Mansour Faye, Aissatou Sophie Gladima, Moustapha Diop et Abdoulaye Ndiaye.
Le SEN a également réclamé la fin du placement sous bracelet électronique d’Ismaïla Madior Fall.
Le parti estime que ces privations de liberté, « sans le moindre début de preuve », traduisent une volonté d’humilier des personnalités dont le seul tort est « d’avoir servi le Sénégal avec engagement et loyauté ».
Le SEN a fustigé ce qu’il perçoit comme une « volonté de déstabilisation de l’APR par un vil procédé de règlement de comptes et grâce à la complicité de certains magistrats ».
En conséquence, le parti a lancé un appel à ses responsables et militants pour une participation massive à la marche pacifique prévue le 21 juin à Saint-Louis.
L’objectif de cette marche est d’exiger la libération de Mansour Faye, maire de la ville, ainsi que de tous les « détenus politiques », incluant Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer, Assane Diouf et Jérôme Bandiaky, ce dernier étant détenu depuis près d’un an pour des « motifs fallacieux ».
Les membres du SEN ont réitéré leur loyauté « indéfectible » au parti et leur détermination à faire face aux « vaines manœuvres du Pastef », accusant le pouvoir en place de tenter « désespérément d’imposer au Sénégal, vieille terre de liberté et de démocratie, la terreur et l’autoritarisme ».
EXERCICE ILLEGAL DE LA PROFESSION PHARMACEUTIQUE A TOUBA : L’APPLICATION STRICTE DE LA LEGISLATION RECLAMEE
Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal exprime une vive indignation envers ceux qui pratiquent illégalement leur profession. En conférence de presse vendredi à Touba, les docteurs en pharmacie ont sollicité l’application stricte de la législation contre ces « faussaires »
Le bureau du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, avec plusieurs de ses représentants, se trouvait dans la ville sainte ce vendredi. En colère face aux activités illicites dans le secteur pharmaceutique, ils ont sollicité l’intervention des autorités judiciaires.
Ce qui irrite les pharmaciens, c’est qu’au Sénégal, ils ont remarqué qu’un peu partout dans le pays, des individus cherchent à tirer profit en exerçant en tant que pharmacien sans avoir suivi de formation en pharmacie. Ils soulignent que des officines sont établies juste devant des établissements de santé tels que l’hôpital Ndamatou, Cheikhoul Khadim, Matlaboul Fawzeyni, etc. « Une personne n’ayant pas l’expertise, la formation pour manipuler le médicament, à chaque fois qu’il est en contact avec ce dernier, fait l’exercice illégal », a déclaré Serigne Ahmadou Bamba Ndour, le président du syndicat.
Le médicament suit un circuit « bien documenté et sécurisé »
En ce sens, il a souligné ce qu’est un médicament contrefait. Il s’agit de tout produit qui ne respecte pas la chaîne d’approvisionnement définie par les organismes officiels. « Le médicament, depuis sa production dans l’industrie pharmaceutique en passant par les centrales d’achat pour arriver au Sénégal chez les grossistes-répartiteurs, la pharmacie, jusqu’à la dispensation, c’est un circuit qui est bien documenté et sécurisé de sorte que tout produit qui sort de ce circuit est d’emblée considéré comme un faux médicament même s’il a été produit à l’industrie pharmaceutique », a-t-il indiqué, ajoutant que ces médicaments sont appelés des produits de qualité inférieure ou falsifiée (PQUIF).
Dans ce cadre, il a précisé que dès que ces médicaments ne suivent plus le circuit habituel, ils se transforment en substances chimiques susceptibles d’être modifiées par la chaleur ou la lumière. « Il ne suffit pas d’avoir un médicament de qualité pour s’assurer de la bonne dispensation. Le médicament, c’est du poison, qui est la dose ! Les conditions de conservation, entre autres », a-t-il indiqué.
D’après lui, c’est que l’État leur a attribué ce privilège exclusif. En effet, seul le pharmacien a le droit de garantir la sûreté du médicament. Ce point de presse du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal a lieu à un moment où plusieurs affaires ont été portées devant les tribunaux. Selon le Dr Ousseynou Mbaye, les individus concernés par ces affaires pratiquent la profession de pharmacien de manière illégale. C’est pourquoi il affirme que l’Agence de régulation pharmaceutique (ARP) a effectué récemment des actions dans l’ensemble des régions du pays.
Cinq grands dépositaires de Touba à traduire devant la justice
Pour sa part, Serigne Ahmadou Bamba Ndour a indiqué qu’ils ont lancé deux affaires. Mais il y en a trois autres en cours devant les tribunaux. « On a ciblé les cinq plus grands dépositaires de Touba pour les traduire devant la justice », a-t-il souligné, ajoutant que leurs avocats sont en train de les examiner afin que finalement la pratique illégale de la pharmacie puisse s’arrêter, surtout dans la ville sainte de Touba.
Le jugement des deux affaires est programmé pour le premier juillet prochain au tribunal de Diourbel. À ce propos, ils demandent aux responsables de la justice de faire respecter les lois en place. En effet, à l’en croire, au-delà de la pratique illicite de la pharmacie, la santé de notre population est, hélas, mise en danger. « On a noté beaucoup de cas d’insuffisance rénale à Touba. Et, si on fait l’étude, c’est lié directement à l’utilisation des faux médicaments », dit-il.
SADIO MANE FACE AU DEFI DU RENOUVEAU DES LIONS
L’absence de Sadio Mané lors de la dernière fenêtre internationale de juin n’a pas manqué de faire parler
L’absence de Sadio Mané lors de la dernière fenêtre internationale de juin n’a pas manqué de faire parler.
Non convoqué par Pape Thiaw pour les matchs amicaux contre l’Irlande et l’Angleterre, l’attaquant d’Al-Nassr est resté au centre des discussions. Car au-delà de cette non-sélection, c’est la prestation convaincante des Lions sans leur icône qui a relancé une interrogation de fond : le Sénégal est-il toujours dépendant de Sadio Mané ?
À 33 ans, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (45 buts, 28 passes décisives) reste une légende vivante du football sénégalais. Double Ballon d’Or africain, finaliste du Ballon d’Or France Football en 2022, Mané a été le grand artisan du sacre historique du Sénégal à la CAN cette même année. Mais depuis, la trajectoire du joueur semble s’être infléchie. Son passage timide au Bayern Munich, puis son transfert à Al-Nassr en Arabie Saoudite ont alimenté l’idée d’un choix plus financier que compétitif.
Pourtant, en sélection, Mané reste un joueur décisif. Il a terminé meilleur buteur des Lions lors des éliminatoires à la CAN 2025. Mais derrière les chiffres, le sentiment d’un déclin progressif s’installe : moins tranchant, moins influent dans le jeu. Son absence pour « raisons personnelles » évoqué par le sélectionneur national, a nourri les spéculations sur de possibles tensions. Pape Thiaw, lui, a recentré le débat sur « l’importance du collectif ». Une manière de rappeler que l’équipe nationale n’est plus bâtie autour d’un seul homme.
Et les résultats lui donnent raison : sans leur leader technique, les Lions ont tenu tête à l’Irlande (1-1) et réalisé un exploit face à l’Angleterre à Nottingham (1-3), une première pour une équipe africaine contre les Three Lions.
Ce succès sans leur maître à jouer a mis en évidence l’émergence d’un nouveau souffle offensif. Le trio Jackson – Iliman Ndiaye – Ismaïla Sarr a imposé vitesse et mobilité, tandis que de jeunes talents comme Habib Diarra, Lamine Camara, Cheikh Sabaly, Assane Diao, ou encore El Hadj Malick Diouf s’affirment comme les piliers de demain.
Le leadership de Mané n’est pas contesté dans le vestiaire. Mais sa place dans le onze de départ n’est plus aussi indiscutable. Pape Thiaw, dans la continuité de la transition générationnelle amorcée par Aliou Cissé, pourrait miser sur la forme du moment. Et dans cette dynamique, Sadio Mané risque d’en faire les frais.
Les prochaines rencontres contre le Soudan (1er septembre) et la RDC (8 septembre), décisives dans la course à la qualification au Mondial 2026, diront si Sadio Mané peut encore porter les Lions ou s’il devra endosser un rôle de guide expérimenté, moins central mais tout aussi utile. Un nouveau défi en perspective pour l’ancien Red… et pour le sélectionneur des Lions.
FERRAILLEURS, UNE VIE DE DÉBROUILLE
Les vieilles voitures, les frigidaires, les téléviseurs, fers de bâtiments ou encore les vieux ventilateurs, les ferrailleurs savent trouver de l’intérêt dans ce que la plupart considère comme des vieilleries rouillées
Les vieilles voitures, les frigidaires, les téléviseurs, fers de bâtiments ou encore les vieux ventilateurs, les ferrailleurs savent trouver de l’intérêt dans ce que la plupart considère comme des vieilleries rouillées. Ils les ramassent ou parfois les rachètent afin d’aller revendre cela pour quelques pièces.
« Il n’y a pas de sot métier », a-t-on pour coutume de dire. Les ferrailleurs connaissent bien l’importance de cet adage. À la Zone de captage, ferrailleurs, manœuvres ou encore mécaniciens essaient de gagner honnêtement leur vie. Gana Sène est dans le métier depuis plus de dix ans. Assis sur une chaise en métal devant sa chambre construite en baraque, il est à l’affût de potentiels revendeurs. Entouré de tas d’objets en fer, ce bric-à-brac n’a pas l’air de déranger le sieur. Habillé d’un t-shirt à la blancheur douteuse et d’un pantalon délavé, il se laisse bercer par cette mélodie en sourdine. Dans sa solitude, les poèmes du guide du mouridisme lui tiennent compagnie. « Je vis seul. Ma femme et mes quatre enfants sont restés au village », explique-t-il. Ce ressortissant de la région de Diourbel, a du mal à vivre de son gagne-pain : « Ces derniers temps, je tire le diable par la queue. Les temps sont durs », se désole-t-il. Des difficultés, le sieur n’en manque pas : « Dans notre métier, nous sommes confrontés aux risques de tétanos. Nous ne nous faisons vacciner qu’une fois malade », narre-t-il.
Le prix de la survie
Les cheveux poussiéreux, les mains crasseuses, les habits noircis par la saleté, ces ferrailleurs viennent de finir leur journée. À quelques pas du repère de Gana, certains procèdent à la pesée de leur collecte du jour tandis que d’autres discutent tout en attendant leur paye. Les brouettes sont déjà garées. Une pile de fers de bétons rouillés est entreposée dans un coin. « Je suis ferrailleur depuis bientôt onze ans. La ferraille est vendue à 100fcfa le kilo », explique Serigne Saliou Diouf. Ce ressortissant de la région de Fatick déplore le prix du fer.« C’est scandaleux ! Il faut qu’on augmente le prix du fer, car il n’y a pas de bénéfices », fulmine-t-il. « C’est vrai ! », rétorque un de ses camarades.
Si la journée vient de terminer pour ces derniers, ce n’est pas le cas pour Alioune Thiaw. Allongé sur un tas de sable, tout en sueur, ce jeune âgé de 19 ans, se repose afin de reprendre des forces. Habillé d’un pantalon déchiré et d’un t-shirt noirci par la crasse, Alioune traîne une vilaine blessure au pied. Mais il n’y prête pas attention, pris de fatigue. « J’ai commencé la récupération depuis un mois. Je viens tout juste de commencer ma journée et je me suis arrêté pour me reposer ». Tous les jours, ce jeune homme sillonne les ruelles à la recherche du fer. Pour l’instant, la collecte n’a encore rien donné, comme en atteste sa brouette vide qu’il a garée à côté de lui. « Je quitte Mermoz chaque matin », confie-t-il. Alioune est entré dans le métier par accident : « Mon frère est dans la récupération. J’ai abandonné l’école. C’est par la suite qu’il m’a proposé de travailler avec lui », explique-t-il. Ce travail est loin d’être une partie de plaisir pour Alioune.«C’est très pénible ! Malheureusement, je n’ai pas encore trouvé mieux », dit-il d’un air navré. Comme quoi, le métier ne paye pas de mine !
DES MILLIONS DE DEPLACES OUBLIES, UN APPEL URGENT A LA SOLIDARITE INTERNATIONALE
En Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 12,7 millions de personnes sont déracinées à cause des conflits, du changement climatique et de l’instabilité croissante, selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les
En Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 12,7 millions de personnes sont déracinées à cause des conflits, du changement climatique et de l’instabilité croissante, selon les dernières données publiées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés.À l’occasion de la journée mondiale des réfugiés célébrée chaque 20 juin, World Vision appelle à une mobilisation urgente pour protéger les enfants et soutenir les familles déplacées.
World Vision a saisi l’occasion pour lancer un plaidoyer à l’endroit des réfugiés « Nous appelons à une mobilisation renforcée en faveur des plus de 12,7 millions de personnes déplacées en Afrique de l’Ouest et du Centre, victimes de conflits, de violences et des effets du changement climatique. Parmi elles, des enfants privés d’école, des mères sans accès aux soins et des familles confrontées à la faim et à l’insécurité », lit-on dans un communiqué. Alors que les crises humanitaires s’intensifient dans la région du Sahel et au Soudan, la situation des réfugiés et déplacés internes devient de plus en plus critique. Les enfants sont parmi les plus vulnérables : troubles psychosociaux, interruption de leur scolarité, faim chronique. Dans certains pays comme le Tchad, près de la moitié des réfugiés de la région sont aujourd’hui accueillis dans des conditions précaires, et pourtant les financements humanitaires sont dramatiquement insuffisants.
Une récente étude de World Vision (2024) révèle des chiffres alarmants montrant que 49 % des enfants présentent des signes de détresse psychologique, 89 % des foyers déplacés n’ont pas d’accès régulier aux soins et 82 % souffrent de faim modérée à sévère. Face à cette urgence régionale, World Vision plaide pour un accroissement significatif et durable des financements humanitaires, de prioriser les droits fondamentaux des enfants, notamment à l’éducation et à la protection, de renforcer des acteurs locaux en première ligne, y compris les communautés d’accueil et les organisations religieuses, de soutenir des solutions durables.
SONKO EN CHINE, UNE VISITE STRATEGIQUE SOUS LE SCEAU DU RENFORCEMENT DE L’AXE DAKAR-PEKIN
Le Premier ministre a quitté Dakar ce vendredi matin pour une visite officielle en République populaire de Chine
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a quitté Dakar ce vendredi matin pour une visite officielle en République populaire de Chine. À l’invitation de son homologue chinois, Li Qiang, ce déplacement s’inscrit dans le cadre du renforcement du partenariat stratégique entre le Sénégal et la Chine, mais aussi de la participation du chef du gouvernement sénégalais à la 15e édition du Forum d’été de Davos, prévue à Tianjin du 24 au 26 juin 2025.
Le Forum, placé cette année sous le thème « L’Entrepreneuriat pour une nouvelle ère », réunira plusieurs chefs d’État et de gouvernement, dont ceux de Singapour, du Vietnam, de la Finlande et de l’Ouzbékistan.
Il s’agit de l’un des plus grands rendez-vous internationaux sur l’innovation économique, la transition technologique et les perspectives de croissance mondiale. Il réunit des dirigeants politiques, économiques, académiques et des représentants d’organisations internationales pour échanger sur les enjeux majeurs comme la relance économique, la dette mondiale, l’intelligence artificielle ou encore la transition énergétique.
Des engagements financiers s’élevant à plus de 100 milliards de FCFA par an
En plus de sa participation au Forum, Ousmane Sonko aura plusieurs rencontres bilatérales avec des autorités chinoises et des acteurs économiques de premier plan L’objectif est clair : consolider les liens entre Dakar et Pékin et faire avancer les projets structurants portés dans le cadre de la coopération sino-sénégalaise
Depuis plusieurs années, la Chine est un partenaire stratégique du Sénégal avec des engagements financiers s’élevant en moyenne à plus de 100 milliards de FCFA par an.
Ces concours prennent la forme de prêts concessionnels, de subventions ou encore de prêts sans intérêts À ce jour, les conventions signées atteignent environ 2 014,3 milliards de FCFA, dont le récent accord de 100 millions de dollars pour la phase II du projet d’approvisionnement en eau potable en milieu rural.
Les secteurs touchés par cette coopération sont vastes et englobent l’agriculture, la santé, l’éducation, les infrastructures, le numérique, l’énergie et les transports Parmi les projets emblématiques réalisés ou en cours figurent l’autoroute Ila Touba (406 milliards FCFA), l’autoroute Thiès–Mbour–Aibd (240 milliards FCFA), la future autoroute Mbour–Fatick–Kaolack (460 milliards FCFA), le projet de BRT, l’acquisition de centaines de bus pour Dakar Dem Dikk, la réalisation de 251 forages pour l’hydraulique rurale ou encore la rénovation de onze stades régionaux.
Redéfinir ses priorités de coopération internationale
Dans le domaine de l’éducation, l’Université du Sine Saloum El Hadji Ibrahima Niass (Ussein), financée par la banque ICBC, est en voie d’achèvement avant la prochaine rentrée universitaire Sur le plan technologique, le programme Smart Sénégal, estimé entre 60 et 87 milliards FCFA, vise à interconnecter les réseaux d’information dans les villes comme dans les campagnes.
S’y ajoutent des réalisations dans les domaines de l’énergie, comme la Boucle 90 kV de Dakar (23,6 milliards FCFA), la réhabilitation du réseau électrique de la capitale (41 milliards FCFA), l’extension de l’hôpital de Diamniadio, ou encore le projet hydroélectrique de Gouina.
La visite d’Ousmane Sonko intervient à un moment où le Sénégal entend redéfinir ses priorités de coopération internationale et affirmer une diplomatie économique offensive, tournée vers la souveraineté, la transformation industrielle et la transition numérique.
En participant au Forum de Tianjin, le chef du gouvernement compte aussi porter une voix africaine forte sur les questions de développement durable, de financement équitable et d’innovation au service des peuples.
LE SENEGAL COMPTE 20 000 APATRIDES
Ces réfugiés migrent dans l’espoir de trouver une protection internationale dans un autre pays
La journée dédiée aux réfugiés est un moment de solidarité et de soutien à ses déplacés. Ils sont actuellement au nombre de «123,2 millions de personnes» forcées de fuir leurs foyers dans le monde en raison de persécutions, de conflits, de violences, de violations des droits de l'Homme ou d'événements troublant l'ordre public, de persécutions, de discriminations, etc…
La RADDHO estime les apatrides au Sénégal à plus de «20 000 réfugiés», vivant sur tout le territoire, de Dakar à Bakel, en passant par Thiès, Saint-Louis, Dagana et Podor. Ces réfugiés migrent dans l’espoir de trouver une protection internationale dans un autre pays. La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme ne manque pas à cette occasion de rappeler les engagements de l’État vis-à-vis de ces personnes vulnérables.
Selon l’Organisation de la société civile, le Sénégal a pris des engagements internationaux en ratifiant la Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés, la Convention de l’OUA de 1969 régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en Afrique. «Il a également adopté le décret n°68-27 du 24 juillet 1968, modifié par la Loi n°75-109 du 20 décembre 1975, portant création de la Commission Nationale d’Éligibilité au statut des réfugiés. Cette loi a été remplacée par la loi n°2022-01 du 14 avril 2022 portant statut des réfugiés et des apatrides.»
Le document ajoute à ce titre que la Commission Nationale de Gestion des Réfugiés et des Apatrides est rattachée à la Présidence de la République et est chargée d’assurer la protection juridique et administrative des demandeurs et des bénéficiaires du statut de réfugié et d’apatride. Elle travaille ainsi pour assurer en liaison avec les autorités compétentes, «le respect des garanties fondamentales accordées par le droit national et les instruments juridiques internationaux relatifs aux réfugiés et aux apatrides.» Elle est aussi chargée d’assister les réfugiés, les demandeurs d’asile et les apatrides et de donner son avis sur toute demande d’admission au statut de réfugié et d’apatride, explique la note.
Seulement, la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme, dans le cadre de ses activités d’assistance aux réfugiés, constate et déplore beaucoup de «lacunes» dans la procédure avec comme conséquence des lenteurs au niveau de la Commission sur le traitement des demandes d’asile. Ce qui dans la foulée expose davantage les demandeurs de protection. «Le requérant d’asile peut attendre jusqu’à trois ans sans statut.» Ce qui, de l’avis de l’Organisation, aggrave sa situation de vulnérabilité et le poids psychologique. La RADDHO déplore également l’absence de motivation concernant les rejets des demandes d’asile.
A côté de cela, après l’obtention du statut de réfugié, les défis d’obtention de pièces et de libre circulation pèsent sur les apatrides. Dans ce plaidoyer, la RADDHO invite les autorités à prendre des mesures pour une meilleure prise en charge des réfugiés.
5 000 MILLIARDS POUR INDUSTRIALISER LE SÉNÉGAL
"Des millions d'emplois" pour la jeunesse sénégalaise : c'est la promesse du ministre Serigne Guèye Diop qui a présenté hier la nouvelle politique industrielle du pays
Le ministre de l’Industrie et du Commerce a présidé hier la cérémonie d’ouverture de la 12e édition du Salon international de l’Alimentation, de la Transformation Alimentaire, de l’Emballage, combiné avec la 3e édition du Salon international des Machines, équipements et technologies agricoles. Il en a profité pour décliner la nouvelle politique industrielle. D’ailleurs, annonce-t-il, le gouvernement prévoit de mobiliser plus de 5 000 milliards FCFA pour la mise en œuvre du programme industriel 2025-2035.
L’industrialisation est au cœur de la politique du gouvernement. En visite hier, au Salon international de l’alimentation, de la transformation alimentaire, de l’emballage, combiné avec la 3e édition du Salon international des machines, équipements et technologies agricoles, le ministre Serigne Guèye Diop a réitéré l’engagement du nouveau régime de contribuer à la création de l’emploi à travers une politique industrielle. «La stratégie industrielle du Sénégal a été effectivement présentée et c’est une stratégie qui va révolutionner notre pays. D’abord, il s’agit de voir quelles sont les régions où nous devons installer des zones industrielles, des agropoles et aussi des zones économiques spéciales», affirme le ministre. Il informe d’ailleurs qu’une enveloppe de 5 000 milliards FCFA sera injectée dans le programme d’industrialisation 2025-2035 pour la création des usines, des chambres froides et d’accompagner le secteur agricole. «Il faut maintenant qu’au lieu que le Sénégal soit un pays importateur, qu’il soit un pays qui appuie justement les industriels, qui fabrique ses propres produits, mais qui non seulement fabrique, mais qui va consommer et surtout exporter dans tous les domaines. C’est un peu le sens de cette nouvelle politique industrielle qui va être lancée très bientôt et qui nous permettra de créer des milliers, voire des millions d’emplois pour l’ensemble de notre jeunesse sénégalaise», affirme le ministre, Serigne Guèye Diop.
Concernant le Salon international de l’alimentation, de la transformation alimentaire, de l’Emballage, combiné avec la 3e édition du Salon international des machines, équipements et technologies agricoles, le ministre se félicite de cette initiative. «Sans ce commerce, sans cette industrie, on ne peut pas créer de la valeur, on ne peut pas créer du travail, on ne peut pas créer de la croissance. Je voulais féliciter effectivement tous les exposants. Nous avons vu beaucoup d'innovations en matière de fertilisants, beaucoup d'innovations en matière de moteurs, de solarisation, même de pompage», affirme le ministre.
Pour sa part, Modibo Diop, organisateur du salon, renseigne que l’intérêt est de créer une relation entre le secteur privé sénégalais et le secteur privé international afin de créer des industries au niveau local et des emplois. «Nous avons eu la participation de 150 exposants internationaux et aussi venant de plusieurs horizons comme l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe», affirme Modibo Diop.