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27 juillet 2025
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DU LUNDI 23 JUIN 2025
La diplomatie offensive du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine, les révélations sur les finances publiques et les tensions sociales croissantes dans les secteurs de l’enseignement et de la justice, sont les grands axes de la Presse de ce lundi
L’actualité nationale de ce lundi est dominée par trois grands axes : la diplomatie offensive du Premier ministre Ousmane Sonko en Chine, les révélations sur les finances publiques et les tensions sociales croissantes dans les secteurs de l’enseignement et de la justice. À travers les unes des quotidiens sénégalais, c’est un tableau contrasté de défis économiques, d’ambitions stratégiques et de malaise social qui se dessine.
DIPLOMATIE ECONOMIQUE : SONKO TRACE LA VOIE D’UN NOUVEL AXE SINO-SENEGALAIS
La visite d’Ousmane Sonko en Chine continue de polariser l’attention médiatique. Yoor-Yoor revient en détail sur les retombées politiques et économiques, titrant : « Sonko redéfinit les axes d’une coopération sino-sénégalaise stratégique ». Le Premier ministre semble vouloir s’éloigner du modèle classique de partenariat en proposant une relation plus équilibrée avec la Chine.
Rewmi Quotidien souligne pour sa part « Les retombées économiques d’une visite », mettant l’accent sur les promesses d’investissement et les perspectives de développement économique.
Sur le plan régional, Le Soleil aborde l’actualité sous-régionale avec ce titre évocateur : « La CEDEAO sans tous ses États », en allusion aux dissensions internes qui minent actuellement l’organisation ouest-africaine, entre retraits, divergences politiques et appels à la réforme.
L’un des dossiers brûlants de ce début de semaine est sans doute celui des révélations autour de malversations financières. Libération publie un dossier accablant sous le titre : « Seyy Sénégal et Cie, plus de 10 milliards de Fcfa volés », mettant en cause la gestion opaque de certains projets et programmes publics.
Parallèlement, L’Info dévoile les grands axes de la future stratégie de développement de l’État avec : « La stratégie de financement des 45 000 milliards Fcfa dévoilée ». Ce chiffre colossal, évoqué dans un contexte de rigueur budgétaire, soulève des interrogations sur la capacité du pays à mobiliser de telles ressources sans accroître sa dépendance extérieure.
De son côté, L’Évidence pointe « Des dépenses bien au-delà des 50 millions annoncés », laissant entendre que les écarts budgétaires deviennent un problème récurrent dans plusieurs ministères.
TENSIONS SOCIALES : GREVES ET PACTE SOCIAL EN DANGER
Les campus universitaires entrent dans une nouvelle zone de turbulences. Sud Quotidien titre : « 72 heures chrono », en référence à la grève de trois jours entamée par les syndicats universitaires à partir de mardi. Une mobilisation confirmée également en une de L’AS : « 72 heures de grève ».
Les revendications portent sur les conditions de travail, les retards de paiement, mais aussi sur une réforme du système universitaire. Tribune avertit d’une dérive plus large en titrant : « Le pacte social déstabilisé », pointant les secteurs de la justice, de l’enseignement supérieur, de la santé et des collectivités territoriales.
JUSTICE ET LIBERTES : LA GUERRE DES PROCEDURES
L’actualité judiciaire reste dense. L’Observateur (L’Obs) revient sur le bras de fer entre pouvoir judiciaire et opposants avec : « La bataille des libertés provisoires ». Plusieurs figures politiques sont concernées par cette tension, notamment dans le cadre d’affaires en cours.
Direct News tente de calmer les esprits avec : « La vérité des faits », qui promet de rétablir certaines vérités dans les affaires en débat dans l’espace public.
RELIGIONS ET RELATIONS INTERNATIONALES : DES TENSIONS PERSISTANTES
EnQuête alerte sur les crispations religieuses à l’international avec une une intitulée : « Les Mollahs en danger », un titre fort qui traduit les tensions persistantes entre l’Iran et Israël, et les risques de nouveaux conflits dans cette région stratégique.
POLITIQUE INTERNE : LES ALLIANCES BOUSCULEES
Point Actu se penche sur la dynamique des partis politiques sénégalais, notamment l’attitude de l’opposition : « Les groupes Pastef et Takku Wallu ignorent la clameur », une façon d’indiquer que certains blocs refusent de céder à la pression populaire ou aux appels à l’unité.
SPORT : SA THIES BRILLE, JACKSON FAIT PARLER DE LUI
La lutte sénégalaise revient sur le devant de la scène après le duel très attendu entre Sa Thiès et Zarco. Sunu Lamb titre : « Sa Thiès bat Zarco avec autorité et signe le double (2-0) », tandis que Rewmi Sports confirme : « Sa Thiès confirme sa suprématie face à Zarco ».
Côté football, Record met en vedette l’attaquant sénégalais Jackson, actuellement très convoité sur le marché des transferts : « Jackson a la cote en Europe ».
DROIT INTERNATIONAL ET POLITIQUE AMÉRICAINE AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Les éclats d’un multilatéralisme jadis idéalisé se brisent sous les coups de l’unilatéralisme, de la force brute, et de la domination silencieuse des puissants
Dans l'ombre des dévastations laissées par la Seconde Guerre mondiale, un espoir naquit en 1945 : celui d'une paix durable, d'une unité retrouvée, incarnée par l'adoption de la Charte des Nations unies. Cette charte, tel un phare lumineux dans l’obscurité des conflits, érigea l’interdiction du recours à la force armée entre États comme l’un de ses principes fondateurs. Elle consacra un idéal : celui de la préservation de l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique de chaque nation, la promesse d’un monde régi par l'ordre et la stabilité. L’article 2(4) de la Charte exigea que ses membres renoncent à la menace ou à l’usage de la force, espérant un monde où la négociation et le droit seraient les pierres angulaires de la paix.
Cependant, ce rêve, noble en son essence, se heurte aux réalités crues de l’Histoire. En particulier au Moyen-Orient, une région ravagée par des guerres incessantes, où les grandes puissances, et en particulier les États-Unis, semblent jouer avec les principes fragiles du droit international, les remodelant à leur gré.
Les actions israéliennes en Palestine, au Liban, et à Gaza, telles des ombres d’une guerre sans fin, incarnent l’usage de la force de manière non seulement unilatérale, mais aussi préventive, souvent soutenue, de façon tacite ou explicite, par Washington. Les frappes israéliennes répétées, l’expansion continue des colonies en Cisjordanie, les violences croissantes au Liban tissent une toile de tensions qui déchire les principes fondateurs de l’ONU, où les résolutions sont ignorées, et les droits humains, foulés aux pieds, sombrent dans une agonie silencieuse de la diplomatie mondiale.
Le soutien inébranlable des États-Unis à Israël, qu’il soit militaire ou diplomatique, renforcé par des vetos au Conseil de sécurité, nourrit cette dynamique, plongée l’ONU dans une paralysie dévastatrice. Alors que la communauté internationale, spectatrice impuissante de la souffrance et du sang versé, demeure souvent muette face à la violation de ses propres résolutions, cette politique de « double standard » dévoile une fracture profonde dans le multilatéralisme. Un système censé maintenir l'ordre mondial se désagrège lentement, laissant place à un monde où seuls les puissants semblent avoir le droit de façonner l’avenir. Mais cet affront au droit international ne se limite pas aux actions israéliennes.
Les frappes unilatérales des États-Unis contre des sites nucléaires iraniens, opérées sans l’aval de l’ONU, sans la moindre autorisation préalable du Conseil de sécurité, achèvent de fragiliser un système juridique mondial déjà vacillant. Ces actions, en dehors de tout cadre multilatéral, illustrent la contradiction entre les stratégies impérialistes des grandes puissances et les idéaux de paix et de justice inscrits dans la Charte des Nations unies. Ce que nous voyons aujourd’hui au Moyen-Orient, entre les agressions israéliennes et le retranchement politique américain, n’est pas qu’une lutte pour des territoires, mais un véritable affrontement de principes, une attaque sourde contre l’essence même de l’ordre international.
Cette crise, profonde et silencieuse, déstabilise la gouvernance mondiale, fragile et vacillante, qui semble se décomposer sous le poids de l’indifférence. Dans ce monde troublé, la justice n’est plus jugée à l’aune des résolutions des Nations unies, mais se mesure à la force brute, à l’influence des puissants, qui dictent les règles du jeu. La paix, quant à elle, devient un idéal lointain, englouti par les stratégies de ceux qui détiennent le pouvoir et la domination.
I. Le Droit International sous pression : Les conflits au Moyen-Orient et leurs conséquences
A. La Charte des Nations unies : un cadre sous tension
L’article 2(4) de la Charte des Nations unies, tel un rempart fragile, stipule que « les membres de l'Organisation doivent s’abstenir, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État ». Ce principe, fondement de l’ordre mondial, interdit l’usage de la force, sauf dans des circonstances exceptionnelles – la légitime défense ou l’action sanctionnée par le Conseil de sécurité. Dans cette vision, la paix s’érige comme un idéal, préservé par un équilibre subtilement défini. Mais cet équilibre vacille sous les coups de boutoir de réalités géopolitiques implacables.
Les frappes américaines contre les installations nucléaires iraniennes, menées sans l’aval du Conseil de sécurité et sans attaque préalable, enfreignent violemment cette règle sacrée. Ces actions unilatérales ne se contentent pas de fragiliser le droit international, elles ébranlent l’autorité même de l’ONU, mettant en lumière sa faiblesse face aux pressions des grandes puissances. Sans réponse effective, notamment à travers le veto américain, l’impression d’impunité grandit, affaiblissant un peu plus la crédibilité de l’organisation qui aurait dû être garante de l’ordre mondial.
B. La légitime défense anticipée : une interprétation contestée
La légitime défense anticipée, ce concept aussi ambigu que tentant, ouvre la porte à des interventions militaires avant même qu’une attaque ne survienne. Elle repose sur l’idée que si la menace est imminente et irrésistible, alors l’action préventive devient légitime. C’est une doctrine née au XIXe siècle, dans l’ombre de la Caroline, et qui pose que la force ne doit être utilisée que lorsqu'une menace est instantanée, irrésistible et inévitable. Mais cet idéal semble se déformer, transformant la justification en un outil pour des interventions unilatérales aux contours flous.
Les États-Unis, en particulier, ont invoqué ce principe pour justifier des frappes militaires, notamment contre l’Iran le samedi 25 juin 2025, mais l’existence de la menace immédiate reste un terrain incertain. Et dans les dédales du Moyen-Orient, Israël adopte des justifications similaires, notamment au Liban, à Gaza et en Cisjordanie.
Les frappes israéliennes, au nom de la légitime défense anticipée, se multiplient, toujours sur fond de menace immédiate, mais souvent au prix de vies civiles innocentes et de destruction dévastatrice. La communauté internationale se divise, entre les partisans de la légitimité de l’action et ceux qui y voient une violation des principes de proportionnalité et de nécessité.
Les actions israéliennes, notamment dans le cadre de l’occupation de la Cisjordanie, soulèvent de lourdes interrogations. L’expansion des colonies et les frappes préventives contre des militants palestiniens, justifiées par des préoccupations de sécurité, nourrissent un cycle sans fin d’interventions et de répressions. Mais à quel moment la légitime défense cède-t-elle la place à une agression pure et simple ? La frontière entre prévention et violation devient de plus en plus floue, surtout lorsque les actions militaires, loin de répondre à une menace imminente, semblent s’inscrire dans une stratégie de domination à long terme.
C. Le droit international humanitaire et ses défaillances
Dans cette danse macabre de la guerre, les frappes sur des installations à double usage, particulièrement dans des zones densément peuplées, soulèvent des questions fondamentales : où se situe la ligne entre un objectif militaire légitime et l’impunité vis-à-vis des souffrances humaines ?
Le droit international humanitaire, incarné par les Conventions de Genève, appelle à la distinction claire entre cibles militaires et civils, à la proportionnalité des moyens et à la nécessité de minimiser les destructions humaines.
Pourtant, les frappes américaines et israéliennes ont engendré une houle de souffrances civiles, une mer de destructions qui semble engloutir la moindre tentative de maintenir un ordre fondé sur la compassion et la justice. Les enquêtes internationales ont révélé des violations récurrentes, mais l’incapacité de la communauté mondiale à réagir de manière coordonnée laisse place à un sentiment de deux poids, deux mesures, où les règles de l’humanisme semblent s’appliquer différemment selon les protagonistes.
D. Un système multilatéral fragilisé : l’ONU face à ses limites
L’unilatéralisme grandissant des puissances mondiales, en particulier des États-Unis, plonge l’ONU dans une crise silencieuse. L’usage systématique du veto par Washington empêche l’adoption de résolutions contraignantes, étouffant l’efficacité du Conseil de sécurité. L’ONU, censée être la gardienne de l’ordre mondial, se trouve paralysée, incapable de contraindre les États à respecter les normes internationales. Ce déclin du multilatéralisme nourrit une perception croissante de son inefficacité, laissant place à une mondialisation dominée par les rapports de force, où l'ordre international vacille au gré des décisions unilatérales.
L’ONU, autrefois phare de l’espoir collectif, se retrouve aujourd’hui désemparée, sa crédibilité fragilisée par l’isolement de certaines puissances. Ce système de sécurité collective, loin de s’imposer comme un rempart contre la guerre et l’injustice, s’effrite lentement, permettant aux grandes puissances de modeler à leur guise un monde où l’équilibre des forces dicte désormais les règles du jeu.
II. La politique de l'administration Trump en Afrique : désengagement et nouvelle recomposition des alliances
A. La réduction de l'aide au développement et son impact économique
Dans le sillage de la présidence Trump, une ère de retrait stratégique s’est amorcée, marquée par une repliée discrète mais décisive des États-Unis vis-à-vis de l’Afrique. L’aide au développement, jadis une promesse d’espoir et de soutien, s’est effritée, comme une étoile qui s’éteint dans le ciel lointain.
Les secteurs essentiels tels que la santé, l’éducation et la lutte contre la faim ont souffert d'une réduction drastique de financement, plongeant des nations déjà vulnérables dans un abîme de difficultés supplémentaires.
Les pays fragiles, déjà aux prises avec la pauvreté et les crises sanitaires, se sont retrouvés démunis face à des défis de plus en plus insurmontables. Le retrait américain du financement d’organisations essentielles telles que l’OMS, ainsi que le désintérêt manifeste pour les enjeux mondiaux comme le changement climatique, a laissé le continent africain à la merci des vagues impitoyables de crises économiques et sanitaires.
B. L’extension des restrictions migratoires et ses conséquences diplomatiques
Parallèlement à ce retrait, une autre forme de mur s’est dressée, celle des restrictions migratoires. La politique de fermeture, avec l'extension du « Muslim Ban » aux pays africains majoritairement musulmans, a renforcé l'image d'une Amérique fermée et intolérante. Les portes autrefois ouvertes aux Africains, qu’il s’agisse de chercheurs, d’étudiants ou de travailleurs, se sont peu à peu refermées, réduisant les opportunités d'échanges et de collaborations.
Les lourdes restrictions sur les visas ont entravé les liens humains et économiques entre l’Afrique et l’Amérique, et alimenté un sentiment de rejet et de frustration à l’égard de la politique américaine. La diplomatie, autrefois fondée sur la collaboration, s’est muée en un climat de méfiance, marquant un fossé de plus en plus profond entre les États-Unis et le continent africain.
C. Le retrait des États-Unis et l’émergence de nouveaux acteurs : Chine, Russie et Turquie
Lorsque l’Amérique se retire, d’autres puissances, plus résolues, prennent le relais. La Chine, la Russie et la Turquie ont saisi l’opportunité laissée par ce désengagement pour redoubler d’efforts en Afrique, chacune poursuivant ses propres intérêts stratégiques. La Chine, pragmatique et déterminée, a tissé une toile de projets d’infrastructures, offrant des prêts à des conditions moins contraignantes que celles imposées par les institutions financières internationales. Mais cette aide a un prix : une dépendance croissante du continent africain envers le géant asiatique.
La Russie, de son côté, a intensifié son influence par la force, en consolidant ses relations militaires avec plusieurs régimes africains, notamment via des ventes d’armements et des bases militaires. Bien que ces partenariats puissent sembler bénéfiques à court terme, ils nourrissent une dépendance qui pose question sur le long terme, tant sur le plan économique que politique. Ils soulèvent également des interrogations sur la stabilité démocratique du continent et sur le respect des droits humains.
D. Retrait sécuritaire et impact sur la lutte antiterroriste
Le retrait des troupes américaines du Sahel a ouvert une brèche béante dans la lutte contre le terrorisme, offrant aux groupes djihadistes un terrain fertile pour renforcer leur présence et leurs actions. L'absence de forces internationales a fragilisé la coopération régionale, exacerbant les tensions ethniques et politiques dans des pays comme le Mali et le Burkina Faso. Les États-Unis, bien que toujours présents par des aides militaires limitées, n’ont pas pu combler le vide sécuritaire laissé par leur retrait. En conséquence, des puissances concurrentes, telles que la Russie à travers le groupe Wagner et la Chine par des accords commerciaux, ont comblé ce vide, redéfinissant les contours du soutien régional. Ces nouvelles alliances sont porteuses de risques : une instabilité accrue, un affaiblissement des principes démocratiques et une montée en puissance de régimes autoritaires au détriment des peuples africains
III. La doctrine Wolfowitz et l’héritage stratégique de l’administration Trump
A. Une doctrine impérialiste : maintenir la suprématie américaine
Dans les années 1990, la doctrine Wolfowitz, forgée par l’ombre du stratège Paul Wolfowitz, émergea tel un cri d’alarme dans les couloirs du pouvoir. Une vision claire, presque dogmatique : les États-Unis, gardiens d’un ordre mondial, devaient ériger des murailles autour de leur suprématie militaire et économique. Il s’agissait d’empêcher, à tout prix, l’ascension de puissances rivales, d’enfermer le monde dans une vision unipolaire, où les grandes puissances, telles des géants, étendraient leur contrôle sur les territoires stratégiques, en particulier au Moyen-Orient et en Afrique. Cette doctrine préconisait des interventions militaires préventives, comme des frappes avant l’orage, afin de maintenir ce trône de fer, et ainsi préserver ce qui semblait être la seule vérité : la domination globale.
B. Implications de cette doctrine sous l’administration Trump
Sous l’horizon troublé de la présidence Trump, cette doctrine se mua en une politique claire : un retrait des engagements multilatéraux et une montée en puissance du « leadership direct ». Là où le monde cherchait à se fédérer, les États-Unis choisissaient d’imposer leur volonté, quitte à briser les ponts de la coopération internationale. Ce choix se manifesta dans un retrait symbolique, presque théâtral, des accords mondiaux : l’abandon de l’accord de Paris sur le climat, le déchirement de l’accord nucléaire avec l’Iran, et la rupture avec l’Organisation mondiale de la santé. Ce furent autant de gestes qui firent résonner un écho de rupture, comme un appel à l’unilatéralisme, à la primauté de la force sur le consensus. Une vision froide et solitaire du monde, où la diplomatie n’était plus qu’une option secondaire.
C. Conséquences géopolitiques et africaines
Les répercussions de cette rupture se firent ressentir jusque dans les sables chauds et les savanes de l’Afrique, où le retrait américain ne fut pas simplement un départ militaire, mais un vide stratégique que d'autres puissances, comme la Chine, la Russie et la Turquie, ne tardèrent pas à combler. Le continent devint alors un champ de bataille géopolitique, un terrain de jeu pour des acteurs qui cherchaient à y étendre leurs influences, à redéfinir les frontières des alliances. L’Afrique, naguère sous la férule d’un protecteur américain, devenait désormais le théâtre d’une multipolarité croissante, où les intérêts convergent et se heurtent, redessinant les lignes de pouvoir dans une danse complexe de partenariats et de rivalités.
Au Moyen-Orient, cette politique étrangère américaine, marquée par l’empreinte de l'unilatéralisme, contribua à une crise profonde de la gouvernance mondiale. Les principes du droit international furent mis à l’épreuve, tant par des actions militaires préventives que par l’affaiblissement des structures multilatérales, déjà fragiles. Et tandis que les tensions montaient, l’ONU, autrefois bastion de l’ordre mondial, peinait à maintenir son autorité, parfois noyée sous les vagues de décisions unilatérales. En Afrique, le désengagement américain ne se contenta pas de perturber les relations diplomatiques et économiques : il offrit la place à une nouvelle donne géopolitique, où des puissances concurrentes pouvaient maintenant modeler les futures alliances stratégiques. Dans ce monde en mutation, il devint évident qu’une refonte des institutions internationales s’avérait plus que nécessaire, pour garantir que le droit international ne soit pas un mirage, mais bien une boussole menant à la paix, à la justice et à un ordre mondial fondé sur la stabilité
Conclusion : Vers un horizon retrouvé de justice et de paix
Ainsi, au fil de cette réflexion, le monde apparaît comme suspendu à un fil fragile, où les rêves d’un ordre juste et stable se heurtent aux ombres d’un présent incertain. Les éclats d’un multilatéralisme jadis idéalisé se brisent sous les coups de l’unilatéralisme, de la force brute, et de la domination silencieuse des puissants. Mais dans cette crise, une vérité émerge : c’est dans la profondeur de ces fractures que réside peut-être l’espoir d’une renaissance. Les grandes puissances, par leurs décisions et leurs stratégies, ont forgé une ère où la diplomatie semble se perdre, et où la justice semble se mesurer non plus à la lumière des résolutions, mais à la noirceur de l’influence et du pouvoir militaire. Pourtant, loin d’être une fin, ce paysage fracturé est le miroir d’une époque à la croisée des chemins. L’histoire, en sa sagesse, a toujours su que les ténèbres précèdent l’aube d’un nouveau commencement. Il n’est pas trop tard pour rêver d’un monde réconcilié, où la force ne dicte plus les règles, mais où l’humanité, dans sa diversité et ses aspirations, trace une route vers la paix. Ce chemin n’est pas sans embûches, et la route sera longue. Mais l’espoir demeure dans cette conviction profonde que l’ordre mondial peut encore être restauré. Il faut que les nations, dans leur fragilité et leur grandeur, se réengagent pour une gouvernance partagée, où le droit et la justice ne seront pas des luxes réservés aux puissants, mais des principes sacrés, défendus par tous. À travers cette étude, nous avons posé des pierres sur ce sentier, mais il appartient à l’humanité toute entière de les assembler, de les transformer en un chemin vers la réconciliation des idéaux perdus. Un monde où la coopération prime sur la rivalité, où la solidarité précède l’ambition aveugle. Là, dans ce renouveau, naîtra peut-être l’aube d’une ère où la paix ne sera plus un rêve lointain, mais une réalité tangible, bâtie sur la rigueur du droit et la dignité de chaque nation. Et ainsi, alors que les tempêtes géopolitiques secouent l’horizon, il nous reste une certitude : la quête d’un monde plus juste, plus équitable, est un chemin sans fin. Un chemin sur lequel chaque pas compte, et où, ensemble, nous pouvons encore espérer, à travers le tumulte des temps, retrouver l’harmonie perdue.
El Hadji Amadou Niang est ancien fonctionnaire de l’ONU et ancien Ambassadeur du Sénégal.
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PENSER L'ISLAM DEPUIS L'AFRIQUE
Le professeur Bado Ndiaye revendique l'égale dignité de l'islam africain face à l'orthodoxie arabe. Une leçon de décolonisation intellectuelle qui oppose les confréries soufies au wahhabisme des pétrodollars
Lors du Sixième congrès international de la société francophone de philosophie de la religion, qui s'est tenu du 4 au 8 septembre 2024, le professeur Bado Ndiaye de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a livré une réflexion approfondie sur le pluralisme en islam, remettant en cause la marginalisation de l'Afrique dans la pensée islamique contemporaine.
Dans sa conférence intitulée "Penser le pluralisme en Islam", le philosophe sénégalais a dénoncé la façon dont "l'anthropologie coloniale et un certain ethnocentrisme arabe ont conspiré pour faire de l'Afrique une région à la périphérie de l'Islam". Cette vision, selon lui, a occulté la riche tradition intellectuelle ouest-africaine des centres comme Tombouctou et Djenné.
S'appuyant sur les enseignements de Tierno Bocar, maître d'Amadou Hampâté Bâ, Ndiaye compare l'islam à "un cours d'eau qui, tout en étant le même, prend la couleur des différents paysages qu'il traverse". Cette métaphore illustre sa conception d'un islam universel capable de s'incarner dans toutes les cultures sans perdre son essence.
Le professeur puise dans la pensée d'Ibn Arabi pour fonder théologiquement le pluralisme islamique. "Si la miséricorde divine enveloppe toute chose, il ne peut y avoir de rupture entre les plans de la transcendance et de l'immanence", explique-t-il, ajoutant que cette vision interdit tout "monothéisme exclusif".
Cette approche trouve sa traduction pratique dans plusieurs versets coraniques que cite Ndiaye, notamment celui affirmant : "À chacun de vous nous avons accordé une loi et une voie. Si Dieu l'avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté, mais il a voulu vous éprouver par le don qu'il vous a fait."
Une résistance à l'islamisme conquérant
Le philosophe sénégalais oppose fermement l'islam confrérique ouest-africain, "foncièrement méditatif et attaché à une compréhension symbolique du texte", à ce qu'il qualifie d'"islam conquérant, littéraliste venu d'Arabie qui a avec lui la puissance des pétrodollars".
Citant Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, Ndiaye dénonce ceux qui "ont été abusés par le djihad qui les pousse à s'acharner sur les êtres humains" alors qu'ils ne visent "en réalité que la notoriété et d'autres avantages matériels".
Lors des débats qui ont suivi, des questions ont été soulevées sur la nécessité de "décoloniser" certaines pratiques islamiques en Afrique. Un participant a notamment évoqué la question des prénoms africains progressivement abandonnés au profit de prénoms arabes, ainsi que l'adaptation du voile aux contextes climatiques et culturels locaux.
Ndiaye a répondu en rappelant que "beaucoup de ces noms ne sont pas des noms musulmans" à l'origine, et qu'il serait bénéfique de revenir aux prénoms africains traditionnels "qui sont très poétiques et qu'on est en train de perdre".
Face aux critiques d'un participant estimant que son approche restait trop "confessante", le professeur a défendu sa méthode herméneutique : "Réfléchir aux modalités pratiques de prise en charge des textes religieux, c'est déjà une activité philosophique en soi."
Cette intervention s'inscrit dans une démarche plus large de revendication d'une pensée islamique africaine authentique, capable de contribuer à "la tâche globale d'une revivification de l'islam pour les temps que nous vivons", selon les mots qu'il emprunte au préfacier du livre de Youssouf Sangaré.
Le congrès, qui réunit chaque année les meilleurs spécialistes francophones de philosophie de la religion, a ainsi offert une tribune à cette voix africaine qui refuse la périphérisation de sa tradition intellectuelle.
par Guy Marius Sagna
TROIS ANS DE COMBAT CONTRE LE "SUKËRU KOOR"
Au Sénégal, l'entretien d'une clientèle politique est une vieille tradition politique de la classe politique avec comme stratégie la redistribution. Tout a été fait pour empêcher des discussions internes sur cela
Cela fait bientôt trois ans qu'à l'interne de la fraction parlementaire de mon parti Pastef je me bats contre certaines pratiques comme le "Sukëru koor". Notez bien : trois ans. Bientôt trois ans, cela veut donc dire depuis le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. J'ai défendu à l'époque l'idée selon laquelle nous ne pouvions pas aller à une élections présidentielle que nous voulions gagner en adoptant certaines des pratiques parasitaires des anciens régimes. Cela ne pourrait pas convaincre les populations que nous allions opérer la rupture car incapables de le faire moins de deux ans de l'élection présidentielle de 2024.
J'ai toujours été minorisé sur la question du "Sukëru koor". "Que celui qui veut prenne et que celui qui ne veut pas ne prenne pas" me répondait-on. J'ai toujours poursuivi la lutte à l'interne contre certaines pratiques comme le "sukëru koor" car j'estimais et continue d'estimer que ces genres de pratiques ont fait que les citoyens ont détesté l'Assemblée nationale et les différentes majorités parlementaires qui se sont succédées au Sénégal.
J'ai même demandé l'organisation de discussions internes au groupe parlementaire pour élaborer ensemble la tactique parlementaire ou politique parlementaire de notre groupe parlementaire pour aborder plusieurs points dont celui des avantages et privilèges que je considère comme indus. De fait, tout a été fait pour empêcher des discussions internes sur cela.
En mars 2025, une dizaine de jours après le début du mois de Ramadan, l'information tombe dans le groupe parlementaire: "passez récupérer une enveloppe pour un appui". Ce n'est pas parce que le "sukëru koor" est baptisé pudiquement "appui" que la réalité change. Oui, 100.000 FCFA de "sukëru koor" ont été mis à la disposition des députés de mon groupe parlementaire. Je ne parle ni de dattes, ni d'avance Korité ni d'avance Tabaski mais de "sukëru koor" baptisé pudiquement pour tromper la vigilance, "appui". Qui a pris et qui n'a pas pris n'est pas mon propos, ni le plus important.
Ce sont des pratiques qui peuvent compromettre nos objectifs de mobilisation du peuple sénégalais autour de la bataille pour la sortie du sous-développement.
Le vrai débat est celui-ci : au Sénégal l'entretien d'une clientèle politique est une vieille tradition politique de la classe politique avec comme stratégie la redistribution. Certains d'entre nous pensent et théorisent qu'ils ont besoin de ce "sukëru koor" pour en faire 10 enveloppes de 10.000 FCFA par exemple pour donner à leur clientèle politique. Si je m'y oppose c'est juste que je ne veux pas que cela soit répercuté et donc porté par les deniers publics. Certains ont détourné de l'argent ou créé des "sukëru koor" pour cela. Moi je veux que notre parti, notre Projet, notre gouvernement, notre groupe parlementaire...et ceux qui les animent soient et restes crédibles pour que les populations soient mobilisées plus facilement dans la lutte pour la sortie du néocolonialisme, du sous-développement...
Quelques bonnes nouvelles.
1- Une bataille de gagnée : je suis sûr qu'en 2026 on ne parlera plus de "sukëru koor" ou d'appui.
2-je suis heureux d'etre membre de Pastef ce parti qui impose les débats et pousse même l'opposition à chercher à surfer vainement sur la vague.
Plus que d'imposer les thématiques en débat au Sénégal, battons-nous ensemble patriotes à imposer les nouveaux types de pratiques politiques au Sénégal.
Bien sûr, j'ai fait exprès de parler ici pour des soucis pédagogiques de "sukëru koor", mais en fait il s'agit ici de toutes ces pratiques rétrogrades budgetivores que nous avons trouvées ici. Certaines ont été enlevées. Il en reste encore d'autres.
Ensemble nous allons réussir.
LE PRÉSIDENT SIERRA-LÉONAIS PREND LA PRÉSIDENCE DE LA CEDEAO
Au terme du 67e Sommet de la Cédéao à Abuja, Julius Maada Bio a été porté à la présidence de l’organisation régionale, succédant à Bola Tinubu. Une transition de leadership qui intervient dans un climat marqué par de vives tensions sécuritaires.
Au 67e Sommet de la Cédéao à Abuja, le président nigérian Bola Tinubu a officiellement transmis la présidence de l’Autorité des États et Gouvernements à Julius Maada Bio, nouveau leader de l’organisation régionale.
Lors du 67e Sommet des chefs d’État de la Cédéao ce dimanche à Abuja, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a annoncé officiellement la passation de la présidence de l’Autorité des États et Gouvernements à Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, informent nos confrères de APA News..
Tinubu a rappelé avoir exercé cette fonction à deux reprises, avant de transmettre le mandat à Julius Maada Bio, qui prend désormais la tête de l’institution régionale.
Cette désignation intervient dans un contexte de défis sécuritaires et économiques majeurs pour la région, où la Cédéao doit renforcer la coopération entre ses membres pour assurer stabilité et développement.
SA THIÈS DOMINE ZARCO ET RELANCE LA COURSE AU TRÔNE
Quatorze ans après leur première confrontation, le fils de Double Less et frère de Balla Gaye 2 a de nouveau pris le dessus sur son adversaire, ce dimanche 22 juin à l’Arène nationale.
L’Arène nationale a vibré, ce dimanche 22 juin 2025, au rythme d’un combat explosif qui vient tout juste de livrer son verdict : Sa Thiès de l’écurie Double Less a une nouvelle fois dominé Zarco de Grand Yoff Mbollo. Le jeune frère de Balla Gaye 2 signe ainsi une précieuse victoire, la 16ᵉ de sa carrière en 19 combats, confirmant sa suprématie sur un adversaire qu’il avait déjà battu en 2011.
La confrontation, très attendue quatorze ans après leur premier duel, a tenu en haleine un public survolté. Zarco espérait laver l’affront du passé et capitaliser sur sa belle série de six victoires, dont une retentissante face à Gris Bordeaux. Mais ses espoirs se sont envolés face à un Sa Thiès déterminé et conquérant.
Pour Sa Thiès, ce succès est un véritable bol d’air après son revers contre Eumeu Sène. Il se repositionne dans la course à l’élite et peut nourrir de nouvelles ambitions vers le titre de Roi des arènes. Quant à Zarco, cette défaite freine brutalement ses rêves d’un choc contre Balla Gaye 2.
L’arène retient son souffle : Sa Thiès vient de rappeler qu’il faudra encore compter avec lui dans la hiérarchie des poids lourds de la lutte sénégalaise.
OUSMANE SONKO PROMEUT LA DESTINATION SÉNÉGAL DEVANT LES INVESTISSEURS CHINOIS
Devant un parterre d’hommes d’affaires et de responsables publics, il a vanté la stabilité politique de son pays, la jeunesse de sa population et les opportunités offertes par l’Agenda national de transformation économique.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a mis à profit le Forum d’affaires sino-sénégalais tenu dimanche à Hangzhou, la capitale de la province du Zhejiang, pour vendre la destination Sénégal aux investisseurs chinois venus participer à la rencontre, a constaté l’envoyé spécial de l’APS.
Pour cette rencontre tenue dans un hôtel de Hangzhou, à l’initiative de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (APIX) et de l’ambassade du Sénégal en Chine, Ousmane Sonko s’est déplacé avec plusieurs membres du gouvernement, le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Cheikh Tidiane Dièye, ses collègues, de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, de l’Economie du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr.
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Alioune Sall et celui en charge des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens Yankhoba Diémé ont également fait le déplacement.
De nombreux acteurs du secteur public sénégalais établis en Chine ou traitant avec des firmes chinoises à partir du Sénégal ont pris part au Forum en même temps que des investisseurs chinois. Hu Bin, le chef du département Commerce de la province de Zhejiang, a participé à l’évènement.
Dans son adresse aux participants, Ousmane Sonko, arrivé la veille en Chine, a insisté sur le fait que sa visite a une dimension économique prononcée l’ayant poussé à prendre part à une telle rencontre d’acteurs du secteur économique du Sénégal et de la Chine.
Dans la foulée de la présentation aux investisseurs des projets et programmes contenus dans l’Agenda national de transformation économique du Sénégal, il a martelé que le secteur privé constitue l’acteur majeur de la réussite de ces initiatives.
”Le Sénégal fait partie des pays africains qui ont relativement jugulé les risques et les défis. C’est un pays stable qui n’a jamais connu de renversement violent du pouvoir, à la stabilité politique reconnue avec une cohésion sociale entre toutes ses composantes ethniques et religieuse’’, a-t-il fait valoir.
Il n’a pas manqué de vanter la position géographique du Sénégal qui le place à six heures de vol des Etats-Unis et de l’Europe.
”Un investisseur peut compter sur une population entreprenante, jeune et ambitieuse. Nous vous invitons à venir investir massivement sur la base du programme qui vous a été présenté par le directeur général de l’APIX”, a souligné le chef du gouvernement.
‘’Nous sommes convaincus que vous ne regretterez jamais d’avoir investi au Sénégal qui peut servir de hub pour rayonner et vous déployer sur toute l’Afrique de l’ouest’’, a-t-il insisté en rappelant que le Sénégal a été l’un des premiers pays à adhérer aux différentes initiatives lancées par le président Xi Jinping.
La rencontre a été ponctuée par la signature de conventions et d’accords de partenariats entre des acteurs privés sénégalais et chinois.
Le Premier ministre du Sénégal a entamé samedi une visite officielle de plusieurs jours en Chine.
TIDJANE DÈME, L'ARCHITECTE DISCRET DE LA TECH AFRICAINE
Codirigeant de Partech Africa, ancien de Google, ce Sénégalais a fait du financement des start-up continentales bien plus qu'un métier. Portrait d'un homme qui refuse la charité et préfère démontrer que l'Afrique tech peut conquérir le monde
(SenePlus) - Dans les couloirs feutrés des bureaux d'investissement comme dans les incubateurs bondés de Dakar ou Lagos, un nom revient invariablement : Tidjane Dème. À 52 ans, ce Sénégalais a fait du financement des start-up africaines bien plus qu'un métier : une mission. Codirigeant de Partech Africa, le plus grand fonds de capital-risque dédié au continent, il incarne une génération d'investisseurs africains qui refusent de quémander et préfèrent démontrer. Portrait d'un homme qui redéfinit les codes de la tech africaine.
Le parcours de Tidjane Dème épouse les métamorphoses de la tech mondiale. Ingénieur de formation passé par l'École des mines de Paris puis l'Ensta-Paritech, il "a vécu plusieurs vies", comme le souligne Jeune Afrique. Consultant chez Capgemini, entrepreneur dans la Silicon Valley avec Cosine Communications, puis fondateur de CommonSys, une société spécialisée dans les solutions e-gov en Afrique de l'Ouest, il gravit tous les échelons avant de rejoindre Google.
Entre 2009 et 2016, depuis Dakar, il "pilote les activités de Google en Afrique francophone", orchestrant notamment "le déploiement de YouTube sur six marchés africains". Cette expérience au sein du géant américain lui offre une perspective unique sur les enjeux technologiques du continent, qu'il met aujourd'hui au service de Partech Africa, lancé en 2018.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Partech Africa dispose de "deux véhicules d'investissement" : le premier, levé en 2019, d'un montant de "125 millions d'euros", et le second, mobilisé en 2023, de "280 millions d'euros", selon JA. Cette puissance de feu permet au fonds de placer "des tickets de 1 à 15 millions de dollars du stade de l'amorçage jusqu'à la série B" et d'avoir "misé sur 25 start-up", dont plusieurs références continentales comme Wave, TradeDepot, Yoco ou encore Djamo.
Pour Samba Lo, cofondateur de Socium, soutenu par Partech en 2024 dans le cadre d'une levée de 5 millions de dollars, Tidjane Dème est "une référence, un modèle, un parrain". Plus encore, leur rencontre en 2016 "a été le déclic de son aventure entrepreneuriale", illustrant l'influence de celui qui fait "de la construction d'un écosystème tech et financier africain son cheval de bataille".
Une philosophie anti-misérabiliste
Contrairement aux fonds d'impact traditionnels, Partech Africa revendique une approche résolument business. "Démontrer que le continent offre un potentiel de rendement très élevé, et non solliciter de l'aide", telle est la philosophie défendue par Tidjane Dème. Le fonds "refuse de se positionner comme un acteur de l'impact social", non par indifférence, mais parce qu'il veut "attirer un capital plus large sur la base des opportunités économiques que présente la tech en Afrique".
Cette stratégie se traduit par une sélection rigoureuse. Sur les "environ 500 demandes de financement par an" reçues, Partech Africa vise "5 à 6 nouvelles jeunes pousses chaque année". Henri Huet, qui pilote les activités de fusion-acquisition pour Raisers Partners depuis Abidjan, salue cette exigence : "Partech Africa a un niveau d'exigence élevé et une méthodologie soigneuse, loin des paillettes ou de la tendance du moment."
Au cœur de cette sélection, Tidjane Dème cherche "des fondateurs ambitieux qui veulent créer des entités solides, bien gérées et capables de devenir des championnes régionales". Mais au-delà des critères classiques, il met en avant une spécificité africaine : la résilience. Sur des marchés où "de nombreuses contraintes rendent l'exécution des projets complexe", il observe que "ce sont les équipes capables de concrétiser efficacement leur vision qui font la différence".
Cette conviction le mène à un constat sans appel : "À taille d'entreprise équivalente, un entrepreneur africain, c'est un caïd", lance-t-il, soulignant que les entrepreneurs du continent affrontent "bien plus d'obstacles que leurs homologues ailleurs dans le monde, notamment en Europe".
Malgré ces succès, Tidjane Dème reste lucide sur les obstacles. L'évolution de l'écosystème tech continental "demeure trop lente à ses yeux", pénalisée par "le déficit de fonds, notamment au stade le plus critique de l'amorçage", et "le manque de dialogue entre sphères publique et privée". Son diagnostic est sans détour : "Au lieu de chercher à créer la prochaine Silicon Valley, les États devraient d'abord identifier les réformes structurelles à exécuter pour créer un écosystème viable."
Cette critique s'étend à la régulation, notamment dans la fintech où "la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et les fintechs croisent le fer". Pour l'investisseur, "créer des espaces de dialogue entre les régulateurs et les acteurs non régulés ou émergents pour qu'ils s'imprégnent des règles du jeu est indispensable".
Transmettre pour pérenniser
Conscient que "99 % du temps est consacré à refuser des projets", Tidjane Dème cultive l'humilité : "même les meilleurs fonds se trompent et l'humilité doit être la clé de voûte du métier d'investisseur". Cette sagesse nourrit son nouveau combat : faire émerger "la nouvelle génération de capital-risqueurs". Avec son associé Cyril Collon, il "consacre du temps à contacter de jeunes acteurs du secteur qui souhaitent lever des fonds pour leur proposer de l'aide".
Ce rôle de "facilitateur" puise ses racines dans son histoire familiale. Fils de Thierno Dème, "un guide religieux musulman très attaché aux valeurs de l'éducation, du partage et de la bienveillance", il a décidé en 2002 de quitter la France pour se rapprocher de son père. Comme l'explique son ami d'enfance Serigne Dioum, patron de MTN Fintech : "Tidjane ne se limite pas à faire vivre l'héritage de son père. Il en élève l'esprit en assumant ses responsabilités de chef de famille."
Cette filiation explique son engagement dans des "initiatives de développement rural, notamment dans son village familial de Kohel", qu'il envisage de structurer "sous la forme d'une fondation". Car pour Tidjane Dème, ses parents lui ont "transmis une définition du succès qui nous oblige à nous engager. Ce n'est pas la maison, la voiture, l'argent. C'est : 'Quel impact as-tu eu dans la communauté ?'"
Un credo qu'il s'efforce de transmettre à ses deux filles et qui éclaire sa vision de la tech africaine : non pas un secteur en quête de charité, mais un écosystème capable de générer ses propres champions. Dans cette transformation, Tidjane Dème ne se contente pas d'investir de l'argent : il investit une vision, celle d'une Afrique tech qui n'a plus rien à prouver, mais tout à gagner.
LE PUZZLE NUCLÉAIRE IRANIEN
Entre installations détruites et sites épargnés, l'offensive israélienne redessine les capacités atomiques de Téhéran. Un bilan contrasté qui divise les experts sur l'avenir des ambitions nucléaires de Téhéran
(SenePlus) - Neuf jours après le début de l'offensive israélienne, le programme nucléaire iranien vacille. Des installations stratégiques de Natanz aux laboratoires secrets d'Ispahan, en passant par le site ultraprotégé de Fordo, l'infrastructure atomique de la République islamique subit des dommages sans précédent. Un inventaire détaillé révèle l'ampleur des destructions et interroge sur l'avenir des ambitions nucléaires de Téhéran.
Le site de Natanz, principal centre d'enrichissement d'uranium iranien, figure parmi les cibles prioritaires des bombardements israéliens. Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), "les bombardements israéliens du 13 juin ont détruit la partie en surface de l'usine pilote d'enrichissement de combustible", rapporte Le Monde. Plus préoccupant encore, l'agence "a annoncé, le 17 juin, avoir identifié, à l'aide d'images par satellite, de nouveaux éléments montrant des impacts directs dans les salles souterraines" de l'usine d'enrichissement de combustible commerciale.
Cette installation, qui s'étend sur 2,7 kilomètres carrés à 220 kilomètres au sud-est de Téhéran, constitue l'épine dorsale du programme d'enrichissement iranien. Conçue pour accueillir 50 000 centrifugeuses réparties dans deux unités souterraines, elle avait permis à l'Iran d'atteindre un enrichissement à 60% en 2021, "qui reste sous le seuil militaire (90%), mais constitue une étape majeure pour atteindre ce seuil", précise Le Monde.
Fordo : l'installation la plus secrète épargnée
Paradoxalement, le site de Fordo, considéré comme "le site nucléaire iranien le plus secret et le mieux gardé", semble avoir résisté aux attaques. Bien que "les autorités iraniennes aient fait savoir le 13 juin que l'installation avait été prise pour cible par l'armée israélienne", l'AIEA constate qu'"aucun dégât visible n'y a été constaté", selon Le Monde.
Cette installation souterraine, "enfouie sous 80 à 90 mètres de roches" près de Qom, cristallise depuis sa révélation en 2009 les soupçons occidentaux. Les services de renseignement avaient "acquis la conviction que le site était destiné à la production clandestine de matière fissile à des fins militaires". C'est là que les inspecteurs de l'AIEA ont découvert en 2023 "de l'uranium enrichi à 83,7%", un niveau dangereusement proche du seuil militaire.
Ispahan : le pôle de recherches "démantelé"
L'offensive israélienne a porté un coup sévère au centre de technologie nucléaire d'Ispahan, qualifié de "pôle de recherches nucléaires principal de la République islamique" par Le Monde. L'armée israélienne revendique avoir "démantelé l'ensemble des installations nucléaires d'Ispahan". L'AIEA confirme que "quatre bâtiments, dont l'unité de conversion d'uranium et celle de fabrication du combustible destiné au réacteur de Téhéran, ont été endommagés".
Ce site, où travaillent "trois mille scientifiques", abritait des installations cruciales pour la chaîne de production nucléaire iranienne, notamment la production d'"hexafluorure d'uranium (UF6) nécessaire pour alimenter les centrifugeuses". Sa destruction constitue un revers majeur pour les capacités de recherche et de développement iraniennes.
Téhéran : les centrifugeuses de pointe visées
Le centre de recherches nucléaires de Téhéran, inauguré en 1967, n'a pas échappé aux bombardements. L'AIEA révèle qu'"un bâtiment où étaient fabriqués et testés des rotors de centrifugeuse de pointe avait été touché par les bombardements israéliens". Cette installation revêt une importance stratégique particulière : c'est "sur ce site que les rotors des centrifugeuses iraniennes les plus performantes ont été conçus", indique Le Monde.
Arak et Bouchehr : entre dommages et protection diplomatique
Le réacteur à eau lourde d'Arak, officiellement destiné à la production d'isotopes médicaux mais soupçonné de pouvoir produire "du plutonium de qualité militaire", a également été pris pour cible le 19 juin. L'AIEA estime que "plusieurs bâtiments ont été endommagés", bien qu'aucune conséquence radiologique ne soit à craindre.
En revanche, la centrale nucléaire de Bouchehr, seule installation vouée à la production d'électricité, semble bénéficier d'une protection particulière. Après avoir annoncé par erreur qu'elle avait été touchée, l'armée israélienne s'est rétractée. Le président russe Vladimir Poutine a même "assuré s'être entendu avec les dirigeants israéliens pour que sa sécurité soit garantie", selon Le Monde. Cette épargne s'explique par les risques catastrophiques qu'une attaque représenterait : elle aurait "les conséquences les plus graves, pouvant relâcher de grandes quantités de radiation dans l'environnement", a averti le patron de l'AIEA.
Un programme à l'état de "seuil" fragilisé
Ces destructions interviennent alors que l'Iran était devenu "de fait un État du seuil, que seuls une décision politique et quelques mois au plus séparent de l'acquisition de l'arme atomique", rappelle Le Monde. Depuis la dénonciation par Donald Trump en 2018 de l'accord nucléaire de 2015, "la République islamique s'est très largement affranchie des obligations qu'elle avait acceptées", produisant désormais "de l'uranium enrichi à 60%".
L'ampleur des dégâts infligés aux installations nucléaires iraniennes pourrait considérablement retarder les ambitions atomiques de Téhéran. Si l'Iran continue à "nier toute militarisation de son programme", les destructions actuelles remettent en question sa capacité à franchir rapidement le seuil nucléaire militaire. Pour Israël, qui a fait de "l'élimination du programme nucléaire iranien" l'un des "objectifs prioritaires de sa campagne militaire", ces premières frappes constituent un succès tactique majeur dans une stratégie visant à neutraliser durablement la menace nucléaire iranienne.