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9 juin 2025
LA BNDE PASSE A L’OFFENSIVE
La Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE) du Sénégal a procédé hier, mercredi 23 avril 2025, au lancement officiel de son nouveau Plan stratégique quinquennal, baptisé «ENVOL 25-29».
La Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE) du Sénégal a procédé hier, mercredi 23 avril 2025, au lancement officiel de son nouveau Plan stratégique quinquennal, baptisé «ENVOL 25-29». Ce programme ambitieux a été conçu pour répondre efficacement aux défis économiques actuels et futurs, en mettant au cœur de sa stratégie l’innovation, la digitalisation, une croissance soutenue ainsi que le renforcement de la résilience institutionnelle.
La Direction générale de la Banque Nationale pour le Développement Économique (BNDE) du Sénégal a présenté, hier mercredi, les grandes orientations de son nouveau Plan stratégique quinquennal, dénommé «ENVOL 25-29», qui marque un tournant décisif dans l’évolution de l’institution et inaugure une nouvelle dynamique de développement. À cette occasion, le Directeur général de la BNDE, Mamadou Faye, a dévoilé les cinq (5) axes structurants sur lesquels repose «ENVOL 25-29» à savoir le développement commercial qui passe par une offre bancaire diversifiée, compétitive et accessible à tous les segments de clientèle, avec une attention particulière portée à la diaspora sénégalaise, considérée comme un levier stratégique du développement économique ; l’efficacité opérationnelle. à travers l’amélioration continue de l’expérience client, à travers des services de haute qualité, offerts à des coûts maîtrisés, tout en s’alignant sur les exigences internationales en matière de performance bancaire ; la transformation digitale impliquant l’intégration des technologies de pointe, notamment l’intelligence artificielle, pour élargir l’accès aux services bancaires sur l’ensemble du territoire national et au sein de la diaspora ; le renforcement de la gouvernance qui engage une rigoureuse conformité aux réglementations en vigueur, édictées par la Banque centrale et la Commission bancaire de l’UEMOA, afin de garantir une gestion éthique, transparente et responsable ; et la valorisation du capital humain qui nécessite la mise en valeur des 304 collaborateurs de l’institution, à travers une politique de développement professionnel ambitieuse, considérée comme le socle de la performance collective et de la durabilité des actions engagées.
DES VALEURS FONDATRICES POUR UN ENGAGEMENT DURABLE
Le plan stratégique «ENVOL 25- 29» s’appuie sur des valeurs fondamentales qui guident l’action de la BNDE : transparence, éthique, responsabilité, accessibilité et leadership. À travers cette démarche, la banque entend jouer un rôle moteur dans le financement du développement durable, le renforcement de la souveraineté économique et la transformation structurelle de l’économie sénégalaise. S’inscrivant pleinement dans la dynamique de la Vision Sénégal 2050, ce plan intègre des priorités nationales majeures telles que l’inclusion financière, la digitalisation de l’économie, la promotion de l’emploi et le soutien stratégique aux PME et PMI, par des mécanismes de financement et de conseil sur mesure.
DES AMBITIONS CHIFFREES A L’HORIZON 2029
La BNDE s’est fixé, entre autres objectifs majeurs, à l’issue de ce cycle stratégique de : porter le financement de l’économie à 1 300 milliards FCFA, soit une hausse de 51% par rapport aux niveaux actuels ; doubler la taille de son bilan ; devenir le partenaire bancaire de référence pour la diaspora sénégalaise ; intégrer le top 3 des établissements financiers en matière de soutien aux PME/PMI et d’inclusion financière.
UNE INSTITUTION EN PLEINE CROISSANCE
Créée en 2013 et devenue opérationnelle en 2014, la BNDE a pour vocation de faciliter l’accès au financement des petites et moyennes entreprises sénégalaises, en leur proposant des solutions adaptées à leurs réalités économiques. Son capital social, initialement fixé à 11 milliards de FCFA, a été porté à 52,006 milliards de FCFA en novembre 2023. L’État du Sénégal, actionnaire majoritaire avec 81,8% du capital, réaffirme ainsi sa volonté de faire de la BNDE un instrument stratégique de développement national. Forte de cette assise renforcée, la BNDE ambitionne désormais de consolider ses acquis, accélérer sa croissance et s’imposer durablement comme la banque de référence au service du financement du développement économique et social du Sénégal.
L’AMNISTIE NE FERME PAS LA PORTE A LA JUSTICE
«Le juge a estimé que la loi dite "interprétative" va à l’encontre du principe fondamental selon lequel une loi pénale plus sévère ne peut pas s’appliquer de manière rétroactive. Il a aussi rappelé qu’une loi d’amnistie ne peut pas couvrir des crimes
Recueillis par Nando Cabral GOMIS |
Publication 24/04/2025
«Le juge a estimé que la loi dite "interprétative" va à l’encontre du principe fondamental selon lequel une loi pénale plus sévère ne peut pas s’appliquer de manière rétroactive. Il a aussi rappelé qu’une loi d’amnistie ne peut pas couvrir des crimes relevant du droit international.
Le Conseil a simplement dit le droit. Comme je l'avais déjà expliqué, une loi interprétative sert à clarifier un texte existant, pas à le modifier ou à en changer la portée. Si une loi introduite de nouveaux éléments ou en retire, ce n’est plus une loi interprétative. Dans ce cas précis, la loi en question ne se contente pas de clarifier, elle change le contenu de la loi d’amnistie, créant ainsi une inégalité entre les personnes concernées.
Le juge a donc confirmé que cette nouvelle loi modifie réellement le droit en vigueur. Elle devient alors une loi pénale plus sévère, ce qui pose un problème, car elle s’applique à des faits passés ce qui est normalement interdit. Concernant les conséquences, j'avais déjà averti que certains actes, notamment les crimes internationaux, ne peuvent pas être amnistiés. L’amnistie reste très limitée : elle ne peut pas tout couvrir, et elle ne ferme pas la porte à la justice. D’ailleurs, une personne libérée sans jugement pourrait toujours demander à être reconnue innocente. Enfin, le Sénégal est lié par des engagements internationaux qui sont inscrits dans sa Constitution. Il ne peut donc pas faire abstraction de ces obligations. »
« TOUTES LES PERSONNES IMPLIQUEES DANS CE QUI S'EST PASSE PEUVENT FAIRE OBJET DES POURSUITES »
« À partir de ce moment, on ne peut pas extraire un crime pour le soumettre dans une loi d'amnistie. Ce sont des actes imprescriptibles. Et même pour aller plus loin, ça dépasse même aujourd'hui les crimes de sang. Aujourd'hui, même les crimes économiques, il y a des crimes qui ne peuvent être frappés par la prescription, ce n'est pas possible. Dès lors, j'avais dit qu'on n'a même pas besoin d'interpréter cette loi. Cela étant, je me réjouis vraiment de cette décision du Conseil constitutionnel. Aucun civil, aucun militaire, aucun membre des forces de sécurité qui aurait commis un acte contraire aux instruments internationaux, ne peut être couvert par une loi d'amnistie. Ce sont des actes qui sont dans la constitution et qui ne peuvent faire l'objet d'une prescription. Ensuite, le juge n’a pas dérogé de ses propres pouvoirs. Car, comme la loi le dit, chaque fois qu'on défait une loi pour inconstitutionnalité, au-delà de la branche qui est visée, s’il considère qu'il y a des éléments qui sont contraires à la constitution, il doit les enlever au nom de la sécurité juridique. Et c’est ce qu’il a fait en précisant que l’alinéa 2 de cet article premier viole la constitution. Car, il touche les crimes et les actes qui sont punis par les instruments internationaux. Par conséquent, c'est une bonne décision qu'il faut saluer. Le juge constitutionnel a montré qu'effectivement, il est là au service de la loi, il n'a fait que dire le droit, il n'a fait que dire la loi. Cette décision a confirmé la non-couverture par la loi d’amnistie des crimes relevant du droit international. Par conséquent, toutes les personnes qui sont impliquées dans ce qui s'est passé peuvent faire objet des poursuites ».
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MANSOUR FAYE FACE À LA TEMPÊTE
Sur les 750 milliards du fonds Covid, il n'en a géré qu'une infime partie, et affirme même avoir économisé 5 milliards à l'État. L'ancien ministre, menacé de comparaître devant la Haute Cour de Justice, s'est longuement expliqué sur sa gestion de la crise
Alors que le ministre de la Justice vient de transmettre une demande de mise en accusation devant la Haute Cour de Justice pour cinq anciens ministres, dont Mansour Faye, dans le cadre du scandale présumé des fonds Covid, l'ancien ministre s'est exprimé sur le plateau de l'émission "Faram Facce" sur TFM pour défendre sa gestion.
Face à l'animateur Chérif Dia, il a fermement contesté les accusations portées contre lui concernant la gestion des fonds alloués pendant la crise sanitaire. "Dans un contexte spécial comme celui du Covid, nous avons pourtant fait preuve de transparence en lançant un appel d'offres malgré l'urgence de la situation", a-t-il affirmé.
L'ancien ministre a détaillé le processus d'achat de 1100 tonnes de riz destinées à être distribuées aux populations vulnérables. Selon lui, la procédure a été rigoureusement suivie : publication de l'avis d'appel d'offres dans les journaux nationaux le 1er avril 2020, attribution transparente par la commission des marchés au prix de 275 francs le kilo, et publication de l'avis d'attribution.
Mansour Faye rejette catégoriquement l'argument central du rapport qui fonde les accusations, à savoir le non-respect d'un arrêté de 2013 fixant les prix. "Cet arrêté était devenu caduc après quatre mois selon l'article 43 de la loi 94-63. Il ne pouvait donc pas être en vigueur en 2020", explique-t-il, estimant que cette base juridique erronée invalide toutes les conclusions du rapport.
L'ancien ministre souligne également l'ampleur de l'opération logistique menée avec succès : "C'était 1100 tonnes de riz, plus de 2000 camions pour livrer dans toutes les communes du Sénégal." Il ajoute que sur un budget global de 69 milliards, moins de 1% a été consacré à cette opération, et que son équipe a même "économisé quasiment 5 milliards pour l'État" en restituant des fonds non dépensés.
Face à ce qu'il considère comme une "manipulation politique", Mansour Faye dénonce un rapport émis par "une seule chambre de la Cour des comptes, même pas signé par le président de l'institution". Il voit dans cette procédure une tentative de "détourner l'attention des Sénégalais par rapport aux problèmes réels qui se posent" dans le pays.
"Ma conscience est tranquille", conclut l'ancien ministre, qui affirme avoir agi dans l'intérêt des populations durant cette période exceptionnelle, tout en respectant les procédures administratives.
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POUR AMADOU BA, CEUX QUI PARLENT DE REJET DE LA LOI INTERPRÉTATIVE DE L’AMNISTIE SE TROMPENT
Le député dénonce une "désinformation" autour de la décision du Conseil constitutionnel. "Je ne comprends pas l'agitation de certaines à aller dire au public que la loi d'amnistie a été censurée, c'est faux", défend-il
Le Conseil constitutionnel vient de rendre une décision majeure concernant la loi interprétative 08-2025, déposée par les députés de Pastef et votée le 2 avril dernier. Cette décision, loin de constituer un rejet total comme certains l'affirment, établit un principe fondamental concernant les limites de l'amnistie au Sénégal, selon Amadou Ba, initiateur du texte.
D'après les explications du député, invité de l'émission "Soir d'infos" sur TFM mercredi 23 avril, le Conseil constitutionnel a confirmé que "les crimes de sang, assassinats, meurtres et tortures ne peuvent être couverts par une loi d'amnistie", conformément aux engagements internationaux du pays. Le considérant 31 de la décision marque ainsi, selon lui, une évolution notable par rapport à la jurisprudence antérieure de 2005, qui accordait au législateur un pouvoir quasiment illimité en matière d'amnistie.
Cette clarification juridique ouvre désormais la voie aux victimes et aux familles des personnes assassinées ou torturées pour saisir les tribunaux et faire valoir leurs droits, dès la publication de la décision au Journal officiel, à en croire le parlementaire. "Toutes les victimes vont pouvoir brandir ce considérant 31 et se présenter devant les procureurs des différentes juridictions de ce pays", souligne-t-il.
À l'en croire, le Conseil a certes censuré une partie du texte concernant l'exclusion du bénéfice de l'amnistie pour ceux qui "exerçaient une liberté publique ou démocratique", mais cette censure partielle ne remet pas en cause l'objectif principal visé par les auteurs de la loi.
Le député a également justifié le choix d'une loi interprétative plutôt qu'une abrogation totale, qui aurait pu entraîner le retour en prison de toutes les personnes libérées et provoquer une désorganisation judiciaire conséquente.
Cette décision du Conseil constitutionnel intervient dans un contexte politique tendu, alors que l'Assemblée nationale s'apprête également à examiner la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute Cour de Justice, pour des faits qui concerneraient notamment la gestion des fonds Covid.
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REVUE DE PRESSE NATIONALE – 24 AVRIL 2025 : ENTRE DECISIONS CONTROVERSEES ET SECOUSSES POLITIQUES
La presse nationale, dans une diversité de tons et d’angles d’analyse, revient largement sur cette séquence à haute teneur politique. En parallèle, l’économie, le sport et la justice viennent enrichir une actualité déjà dense.
(SenePlus) L’actualité sénégalaise de ce 24 avril 2025 est dominée par une effervescence politique et institutionnelle alimentée par les répercussions de la dernière décision du Conseil constitutionnel. La presse nationale, dans une diversité de tons et d’angles d’analyse, revient largement sur cette séquence à haute teneur politique. En parallèle, l’économie, le sport et la justice viennent enrichir une actualité déjà dense.
UNE DECISION CONSTITUTIONNELLE QUI FAIT DES VAGUES
C’est sans doute le thème central de ce jour : la récente décision du Conseil constitutionnel continue de susciter de vives réactions.
Le Soleil, quotidien d’État, opte pour une approche équilibrée en titrant : « Une décision diversement appréciée », mettant en lumière la pluralité des interprétations et les réactions contrastées, tant du côté de l'opposition que du pouvoir.
Du côté du journal Les Échos, le ton est plus alarmiste. Sous le titre « Les sages retoquent Pastef et Amadou Bâ », le journal évoque une mise à l’écart institutionnelle de certaines figures politiques. Dans le même numéro, il alerte sur la situation économique en titrant : « Les chiffres d’affaires frôlent la catastrophe ».
Sud Quotidien choisit une ligne d’analyse institutionnelle en annonçant que « Les sages récusent l’interprétation », contestant ainsi les lectures opportunistes de la décision rendue.
WalfQuotidien rejoint cette dynamique critique avec un titre sans équivoque : « Les sages freinent Pastef », soulignant une volonté de rééquilibrage politique par la voie juridique.
Le Quotidien parle carrément d’un casse-tête en titrant : « Décision, cent interprétations », traduisant la confusion générale autour des conséquences du verdict constitutionnel.
Plus incisif encore, L’AS parle d’un « camouflet », affirmant que « les sages adoptent un camouflet » contre une certaine tendance politique, tandis que L’Info perçoit une victoire de l'opposition, titrant : « L’opposition crie victoire ». Une vision totalement opposée est portée par Yoor-Yoor, qui voit une opposition désorganisée : « L’opposition se tire une balle dans le pied ».
Pour Le Peuple, les choses sont claires : « Désaveu et revers juridiques », titre qui traduit l’échec d’une stratégie politique dans les couloirs du droit.
DECRYPTAGE ET REACTIONS JURIDIQUES
Le journal Point Actu tente de replacer les débats dans un cadre institutionnel plus large, titrant : « Le Conseil constitutionnel corrige les dérives normatives du législateur », une formule qui vise à réaffirmer le rôle de régulateur suprême joué par l’organe juridictionnel.
Dans la même veine, Source A s’intéresse aux conséquences concrètes : « Ce que risquent les gros bonnets », en évoquant les potentiels démêlés judiciaires pour certaines personnalités influentes.
Le quotidien 24 Heures alerte sur une autre problématique : « Le génie local à l’affût », pointant les limites du développement local face à l’instabilité politique.
JUSTICE ET DOSSIERS SENSIBLES
Le journal Libération se distingue en braquant les projecteurs sur une affaire explosive : « Ismaïla Madior Fall au centre d’un dossier de corruption présumée ». L’ancien ministre et figure intellectuelle du régime serait impliqué dans une enquête dont les implications pourraient être ravageuses.
ÉCONOMIE : CHUTE D’UN EMPIRE COMMERCIAL
Le journal EnQuête s’intéresse quant à lui à l’économie et titre : « La chute des barons du riz ». Ce papier met en lumière les déboires de puissants opérateurs économiques dans le secteur agroalimentaire, dans un contexte de contrôle renforcé de l’État sur certaines filières stratégiques.
POLITIQUE ELECTORALE : CAP SUR AOUT
Le Témoin Quotidien nous rappelle que malgré la tempête institutionnelle, l’agenda électoral suit son cours : « L’Assemblée générale élective fixée au 2 août ». Une échéance cruciale pour la recomposition des instances représentatives.
SPORT : ENTRE DECEPTIONS LOCALES ET ESPOIRS CONTINENTAUX
Côté sport, Record annonce une nouvelle donne en Ligue 1 sénégalaise : « L’US Gorée chute, le Jaraaf peut se détacher ». Les enjeux restent ouverts dans un championnat toujours aussi disputé.
Dans le domaine du football international :
Stades nous apprend que « Fin de saison pour Assane Diao », une blessure qui pourrait coûter cher à l’attaquant.
Point Actu Sport rassure : « Le Sénégal hérite d’un groupe abordable avec l’Ouganda et la Guinée » dans les prochaines compétitions.
Enfin, Les Échos Sport livrent une info Premier League : « Arsenal cale contre Crystal Palace », pendant que Le Quotidien Sport analyse : « Le Sénégal hérite d’un groupe abordable ».
À trois mois de l’Afrobasket, les adversaires de l’Équipe Nationale du Sénégal sont désormais connus. Sous la direction d’Otis Hughley Jr., les Lionnes auront un groupe accessible comprenant l’Ouganda et la Guinée.
Le tirage a été effectué ce mercredi 23 avril 2025 à Abidjan. La coupe d’Afrique de basketball se déroulera du 26 juillet au 3 août à Abidjan.
Les Lionnes, qui détiennent le record du nombre de titres remportés, ont été vaincues lors de trois des quatre dernières finales de l’Afrobasket.
Elles auront l’occasion de remporter leur douzième titre continental, le premier depuis 2015.
Les différents groupes :
Groupe A :
Côte d’Ivoire, Égypte, Angola
Groupe B :
Mali, Cameroun, Soudan du sud
Groupe C :
Sénégal, Ouganda, Guinée
Groupe D :
Nigeria, Mozambique, Rwanda
L’APR CRIE VICTOIRE APRÈS LE REJET DE LA LOI D’INTERPRÉTATION
L’ex-parti au pouvoir dénonce une dérive autoritaire du régime actuel et appelle au respect strict de la décision du Conseil constitutionnel.
Dans un communiqué, le Secrétariat Exécutif National de l’Alliance Pour la République (APR) s’est félicité de la décision du Conseil Constitutionnel de rejeter la loi d’interprétation adoptée par la majorité parlementaire du parti Pastef. Pour l’APR, cette décision représente une victoire du droit et de la légalité contre ce qu’elle qualifie de « manœuvre scélérate ».
Le parti fondé par l’ex-président Macky Sall a tenu à saluer « chaleureusement » les parlementaires qui ont saisi le Conseil Constitutionnel, estimant qu’ils ont ainsi démontré leur attachement aux institutions républicaines et au respect scrupuleux des règles démocratiques.
Dans son communiqué, l’APR n’a pas mâché ses mots à l’égard du pouvoir en place, parlant d’un « désaveu cinglant » pour le président de la République, son Premier ministre et une « majorité mécanique » de députés. Le parti dénonce un régime qu’il qualifie d’amateur, manipulateur et en constante violation des principes fondamentaux de l’État de droit.
Le Secrétariat Exécutif National appelle les autorités à respecter sans condition la décision du Conseil Constitutionnel, insistant sur son caractère définitif et contraignant pour tous. L’APR exhorte également le peuple sénégalais à rester vigilant face à toute tentative de passage en force qui viserait, selon elle, à satisfaire une « volonté de vengeance » du régime actuel.
Enfin, l’APR dénonce ce qu’elle considère comme un « acharnement » contre les anciens dirigeants sous couvert de reddition des comptes, qu’elle qualifie de « vulgaire règlement de comptes ». Le parti exige la libération immédiate des détenus politiques et d’opinion, affirmant sa détermination à défendre les libertés fondamentales.
LE COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES DU MERCREDI 23 AVRIL 2025
Le Chef de l’Etat a souligné le caractère fondamental de la valorisation des résultats de la recherche et de nos capacités d’innovation dans les lettres de politique sectorielle, les stratégies industrielles, numériques et technologiques définies.
Le Chef de l’Etat, Son Excellence, Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar FAYE a présidé, ce mercredi 23 avril 2025, la réunion hebdomadaire du Conseil des Ministres, au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le Président de la République a présenté les condoléances de la Nation et a exprimé sa compassion à la communauté catholique, suite au décès du Souverain pontife, Sa Sainteté le Pape François. Le Pape François fût un homme de foi et de paix, particulièrement engagé et attaché à la justice sociale, notamment à la défense des couches les plus vulnérables. Dans le contexte des célébrations de la fête de Pâques, il a adressé ses chaleureuses félicitations à la communauté chrétienne et a prié pour un Sénégal de paix, de prospérité et de solidarité.
Le Chef de l’Etat a abordé la problématique du développement de la recherche et de l’innovation dans l’agenda national de transformation. L’ambition pour un Sénégal souverain, juste et prospère, place la recherche et développement et l’innovation au cœur de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques. A ce titre, il a demandé au Ministre chargé de la Recherche et de l’Innovation de finaliser, avant fin juin 2025, la cartographie de la recherche et de l’innovation en indiquant les infrastructures et les équipements disponibles, mais également le capital humain national mobilisé dans la sphère publique et le secteur privé.
Le Président de la République a indiqué au Premier Ministre et au Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation et aux Ministres en charge de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique en particulier, la nécessité de travailler à la validation, avant fin août 2025, d’un document de politique nationale de recherche et d’innovation impliquant les acteurs publics et privés, les universitaires, les chercheurs, les industriels et toute autre partie prenante. Il a aussi demandé au Premier Ministre d’assurer la mise en cohérence, la supervision des programmes ministériels d’investissement dans la recherche, la promotion de l’innovation et de veiller à leur convergence avec les besoins sectoriels du pays.
Le Chef de l’Etat a souligné le caractère fondamental de la valorisation des résultats de la recherche et de nos capacités d’innovation dans les lettres de politique sectorielle, les stratégies industrielles, numériques et technologiques définies, les programmes et projets déployés. Il a indiqué, en outre, l’importance du soutien de l’Etat à la création d’entreprises technologiques et de laboratoires de recherche, au renforcement adéquat des écoles d’ingénieurs et des instituts de recherches mais aussi au financement et à l’accompagnement adaptés au développement de la recherche et de l’innovation. A cet effet, le Président de la République a demandé au Premier Ministre, au Ministre en charge de la Recherche et au Ministre des Finances et du Budget de rationnaliser toutes les aides et l’essentiel des fonds publics destinés à la recherche, dans le cadre d’un Fonds national pour le Développement de
la Recherche et de l’Innovation, avec de nouveaux mécanismes de mobilisation et d’allocation de ressources à travers des contrats de performance intégrant des objectifs de résultats bien ciblés. Dans ce sillage, il a demandé au Premier Ministre, de mettre en place un Conseil national de la Recherche et de l’Innovation pour matérialiser la nouvelle politique de recherche et d’innovation endogène et arrimée aux meilleurs standards internationaux. Pour clore ce chapitre, il a magnifié la participation remarquable de la délégation sénégalaise au 50ème Salon international des Inventions de Genève tenu du 09 au 13 avril 2025 et adresse ses vives félicitations aux lauréats.
Le Président de la République est revenu sur la question de l’amélioration et de l’attractivité du Sénégal et de l’optimisation des procédures dans la transparence en vue d’accélérer la mise en œuvre des programmes et projets. En effet, l’attractivité et la compétitivité de l’économie nationale s’érigent en priorités. A cet égard, il a indiqué au Gouvernement que le déploiement performant de l’Agenda national de Transformation exige une maitrise parfaite des procédures administratives et de passation des marchés mais également de toutes les actions visant la réalisation, dans les délais, des infrastructures, programmes et projets financés dans le cadre du budget de l’Etat et du partenariat public-privé. Il a aussi demandé au Premier Ministre de veiller à la finalisation de la réforme relative au Code des Investissements ainsi qu’à la célérité requise des structures publiques dans l’instruction optimale et transparente des dossiers d’investissements privés crédibles et conformes aux priorités de la Vision Sénégal 2050. Dans le même élan, il a appelé le Premier Ministre à travailler à la certification des procédures notamment au sein de l’Autorité de Régulation de la Commande publique (ARCOP) et de la Direction centrale des Marchés publics (DCMP) pour plus de célérité dans le traitement des dossiers tout en garantissant la transparence.
Le Chef de l’Etat a réitéré au Gouvernement, aux Centrales syndicales, au Patronat et à toutes les forces vives de la Nation son attachement constant au dialogue et à la concertation comme méthode de gouvernance. Dans ce contexte de renforcement conséquent du dialogue social tripartite (Etat, Patronat, Syndicats), il a demandé au Ministre en charge du Travail de faire le point sur le processus de conclusion du Pacte national de Stabilité sociale, l’état de prise en charge des cahiers de doléances des centrales syndicales en perspective de la fête du travail, le 1er mai 2025, et les enseignements et recommandations du rapport 2024 sur les statistiques du marché du Travail. Enfin, le Président de la République a informé le Conseil qu’il présidera, jeudi 24 avril 2025, la cérémonie d’ouverture de la quatrième édition de la Conférence sociale placée sous le thème de l’employabilité et de l’emploi des jeunes.
À l’entame de sa communication, le Premier Ministre a souligné que les opérations de reddition de comptes en cours, conformes aux engagements électoraux de Monsieur le Président de la République, sont une exigence dans une démocratie. Il a relevé qu’un tel exercice doit aller de pair avec la mise en œuvre des actions requises pour bâtir une patrie forte souveraine et prospère portée par un sursaut national face aux nombreux défis à surmonter dans le contexte de la situation critique des finances publiques. À cet égard, il a informé le Conseil que le Gouvernement présentera, dans les prochains jours, au peuple sénégalais et aux partenaires techniques et financiers, un plan structuré, détaillé et chiffré de relance, adossé à l’Agenda national de Transformation systémique du pays.
Le Premier Ministre a ensuite axé sa communication sur la prise en charge des enfants de la rue et sur le phénomène de la mendicité publique et du vagabondage en général. Concernant la prise en charge des enfants de la rue, le Premier Ministre a marqué la forte préoccupation du Gouvernement face à ce phénomène de violation grave des droits de l’enfant garantis par le Constitution du Sénégal et les divers textes internationaux. Il a rappelé les différentes initiatives prises par le Sénégal, notamment la « Stratégie de protection de l’enfant », le Projet
« Zéro enfant en situation de rue » et le « Programme de Modernisation des Daara », qui n’ont pas produit les impacts attendus. Un nouveau paradigme s’impose donc dans le contexte de la Vision Sénégal 2050 qui place l’avenir de l’enfant au cœur de la promotion d’un capital humain de qualité et de la promotion de l’équité sociale. Il s’agira de parvenir, une fois pour toutes, au retrait des enfants en situation de rue et à leur réinsertion socio-économique.
Dans cette perspective, le Premier Ministre a soumis à Monsieur le Président de la République la proposition faite par le Ministre de la Famille et des Solidarités, relative à l’organisation des Assises de la petite enfance destinées notamment à proposer des solutions concrètes, durables et adaptées au contexte sénégalais, en synergie avec l’ensemble des parties impliquées, sur la base de l’identification précise des obstacles qui entravent l’éradication du phénomène des enfants en situation de rue.
Sur la base des directives arrêtées par le Chef de l’Etat, il a invité le Ministre de la Famille et des Solidarités à prendre les dispositions appropriées pour la bonne organisation de ces Assises, en relation avec les Ministres chargés de la Justice, de la Santé et de l’Action sociale, de l’Education nationale ainsi que de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Abordant le phénomène relatif à la lutte contre la mendicité publique et le vagabondage, le Premier Ministre a déploré son accentuation malgré un arsenal légal dissuasif et la mise en place d’organes dédiés. Il a rappelé les dispositions légales pertinentes relatives à l’incrimination de la mendicité, du vagabondage et de l’exploitation de la mendicité d’autrui ainsi qu’à la protection des victimes d’exploitation de la mendicité et à la protection de l’enfant en danger.
Sur cette base, il a engagé les Ministres chargés de la Justice, de la Famille, de l’Intérieur et de la Sécurité publique, des Forces armées ainsi que des Affaires étrangères de lui soumettre, au plus tard fin octobre 2025, une stratégie de riposte à présenter à l’approbation de Monsieur le Président de la République. Cette stratégie devra couvrir, entre autres, les axes suivants :
la mendicité des mineurs, par des mesures d’opérationnalisation de la Brigade spéciale de protection des mineurs, devant permettre l’identification des parents de tout mineur trouvé dans la rue et éventuellement des personnes chargées de sa garde afin que des poursuites puissent être engagées à leur encontre ;
la mendicité des étrangers, par des mécanismes de concertation avec les pays d’origine pour le retour organisé de leurs ressortissants et par l’application des mesures d’éloignement dès la prise des décisions de condamnation à leur égard.
AU TITRE DES COMMUNICATIONS DES MINISTRES :
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-parole du Gouvernement a fait une communication sur l’état d’avancement des projets de construction et d’équipement de centres de formation professionnelle ;
Le Ministre de l’Industrie et du Commerce a une communication sur le PROMOGEN et la lutte contre les incendies dans les marchés ;
Le Ministre du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions a fait une communication sur le déroulement de la 4ème Conférence sociale sur l’emploi et l’employabilité au Sénégal, la préparation de la fête internationale du travail et les travaux relatifs au pacte de stabilité sociale.
AU TITRE DES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES,
Le Conseil a examiné et adopté :
le projet de décret portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement du Comité d’appui au pilotage de l’Agenda national de Transformation de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (CAP-ANTESRI) ;
le projet de décret relatif à la commercialisation des aliments destinés aux nourrissons et aux jeunes enfants.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES,
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Au titre du Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères :
Monsieur Mouhamed KONATE, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 606 883 I, est nommé Secrétaire général adjoint au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, en remplacement de Monsieur Malick DIOUF, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Babacar BA, Administrateur civil, matricule de solde n° 611 532 B est nommé Directeur de l’Intégration africaine et du Panafricanisme au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, et Responsable du Bureau national de la CEDEAO ;
Monsieur Talla GUEYE, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 624 531 E, est nommé Directeur de la Coopération bilatérale africaine au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères ;
Monsieur Mamadou Mounsir NDIAYE, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 624 499 D, est nommé Directeur des Organisations internationales au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, en remplacement de Monsieur Pierre FAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Madame Cathy DIAGNE THIOYE, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 624 487 E, est nommée Directeur Asie, Pacifique et Moyen-Orient au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, en remplacement de Monsieur Ousmane DIOP, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdoulaye KEITA, Conseiller des Affaires étrangères, matricule de solde n° 624 500 C, est nommé Directeur Europe, Amérique et Océanie au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, en remplacement de Monsieur Ousmane Camara DIONGUE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Abdoul Karim CISSE, Économiste, titulaire d’un Master en Méthodes statistiques et économétriques, est nommé Directeur des Sénégalais de l’Extérieur au Ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères.
Le Ministre de la Formation professionnelle et technique, Porte-Parole du Gouvernement
Amadou Moustapha Njekk SARRE
par Amadou Thiourou Barry
REFONDER LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE : ENTRE RUPTURE ET RECONSTRUCTION
Face à une société civile de plus en plus exigeante, le dialogue politique à venir représente une opportunité historique pour repenser en profondeur notre contrat social et éviter le piège de la banalisation des crises
Le Sénégal a longtemps été présenté comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest. Cette réputation flatteuse, bien que partiellement méritée, ne saurait occulter les failles profondes de notre système politique. Depuis l’indépendance, notre démocratie repose sur une architecture institutionnelle fondée sur le présidentialisme fort, hérité de la Constitution gaullienne de 1958, que nous avons trop souvent reconduit sans le remettre fondamentalement en question. Ce choix historique, fait dans un contexte de construction étatique fragile, a permis d’éviter certaines dérives autoritaires visibles ailleurs. Mais il a aussi figé notre vie politique dans un déséquilibre structurel.
Le pouvoir exécutif concentre toujours l’essentiel de la décision publique, marginalisant l’Assemblée Nationale, fragilisant l’indépendance de la justice et transformant les institutions de contrôle en coquilles vides ou en instruments de régulation politique à géométrie variable. Cette hypercentralisation nourrit une logique verticale du pouvoir, où la citoyenneté se vit en position subalterne. Le président de la République reste la figure dominante de la vie politique, souvent perçu comme une providence ou un recours, dans une culture politique qui personnalise à l’excès les fonctions publiques et réduit l’État à une pyramide d’obligations et de loyautés.
Dans ce contexte, le multipartisme n’a pas produit le pluralisme espéré. Les partis politiques sénégalais, à de rares exceptions près, ne remplissent plus leur mission de médiation entre la société et l’État. Vidés de leur substance idéologique, souvent construits autour de leaders providentiels, ils sont devenus des instruments de carrière plus que de conviction. L’absence de démocratie interne, la volatilité des alliances et le phénomène récurrent de transhumance sapent la crédibilité du jeu politique. La citoyenneté, dans ce cadre, devient résignation ou colère, abstention ou fuite.
Car les alternances qui ont jalonné notre histoire récente – en 2000, 2012, et plus récemment en 2024 – n’ont pas rompu avec cette logique. Elles ont souvent servi de soupape à une société en tension, mais ont rarement enclenché des réformes structurelles. Avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000, beaucoup espéraient une nouvelle ère. Mais la promesse fut vite trahie par une série de réformes opportunistes, un tripatouillage constitutionnel permanent et des projets de succession dynastique qui ont nourri un sentiment de trahison. Macky Sall, arrivé au pouvoir en 2012 sur la base d’un discours de rupture a lui aussi contribué à renforcer les dérives du système : verrouillage du jeu politique, promotion d’un régime hyperprésidentiel étouffant les contre-pouvoirs. Le discours de rupture est devenu une rhétorique usée, où la promesse de changement masque le recyclage des pratiques anciennes. Même ceux qui se présentaient comme des adversaires du "système" se sont empressés d’en adopter les codes dès leur accession au pouvoir.
Pourtant, la demande sociale de transformation est bien réelle. Les mobilisations citoyennes, portées par des mouvements ou des collectifs de jeunes et de femmes, ont révélé une aspiration profonde à plus de justice, de transparence et de dignité. Mais cette énergie citoyenne a souvent été marginalisée par les institutions, ou cooptée par le pouvoir politique. Elle peine à s’inscrire dans des mécanismes durables de décision et de contrôle. C’est pourquoi le prochain dialogue politique national doit éviter d’être un énième exercice d’apaisement entre élites politiques. Il doit être l’occasion d’un aggiornamento démocratique, d’une réinvention concertée de notre contrat social. Refonder la démocratie sénégalaise exige de briser plusieurs tabous.
D’abord celui du régime politique. Il est temps de questionner sérieusement le présidentialisme hégémonique, et d’envisager des alternatives : un régime plus équilibré, une limitation claire des pouvoirs du chef de l’État, une séparation effective des pouvoirs. Cela suppose également de renforcer l’Assemblée Nationale, de garantir son autonomie, et d’améliorer la qualité de la représentation nationale. Cette institution doit retrouver sa fonction de contrôle effectif de l’exécutif, avec une capacité d’enquête parlementaire renforcée, un droit d’initiative législative réel, et une pluralité de voix représentées. Quant à la Justice, elle ne saurait continuer à être un instrument politique. Il faut revoir en profondeur la gouvernance du Conseil supérieur de la magistrature, assurer une séparation claire entre le parquet et le pouvoir exécutif, et garantir que les juges constitutionnels soient désignés de manière indépendante. L’Ofnac, la Cour des comptes et les juridictions de contrôle doivent être protégées contre les pressions politiques et disposer de moyens réels d’action. Le débat sur le régime ne doit pas être confisqué par les juristes ou les technocrates : il concerne tous les citoyens, car il détermine le rapport de chacun à la décision publique.
Ensuite, la réforme des institutions ne saurait suffire sans une transformation profonde de la culture politique. La démocratie ne peut survivre dans un environnement où les acteurs sont corrompus, où les partis politiques sont financés de manière opaque, et où les citoyens n’ont aucun contrôle sur leurs représentants. Trop de formations politiques restent structurées autour de figures individuelles, sans idéologie claire ni fonctionnement démocratique interne. Les partis doivent redevenir des espaces de débat, d’éducation politique et de propositions. Il faut une moralisation rigoureuse de la vie publique : obligation de transparence patrimoniale, casier judiciaire vierge pour les candidats, financement public conditionné à la démocratie interne des partis. Un mandat électif ne peut être un sauf-conduit pour l’impunité. La centralisation excessive de notre système étouffe les initiatives locales et favorise l’inefficacité. Les collectivités territoriales doivent recevoir les moyens – humains, financiers, techniques – d’assumer leurs missions. Une véritable décentralisation est aussi une manière de rapprocher le citoyen de la décision publique. Il faut également garantir une représentativité plus inclusive : accès des jeunes et des ruraux à la décision, réforme électorale favorisant la diversité sociologique et non les logiques de rente politique.
Mais la démocratie ne vit pas que dans les institutions : elle se nourrit de la participation quotidienne. Il faut instaurer de nouveaux espaces de démocratie directe et délibérative : référendums citoyens, pétitions à valeur législative, budgets participatifs dans les collectivités locales. L’école, les médias, les réseaux sociaux doivent devenir des lieux d’apprentissage civique, où la citoyenneté s’exerce et se construit dès le plus jeune âge. C’est par cette dynamique que nous pourrons retisser les liens entre institutions et société.
Ce projet est ambitieux, mais il est nécessaire. Le dialogue politique qui s’annonce doit être à la hauteur de ce moment historique. Il doit écouter, inclure, transformer. Il ne s’agit pas de trouver un consensus mou entre forces partisanes, mais de repenser en profondeur notre architecture politique, en interrogeant ses fondements, ses objectifs et ses résultats. L’histoire nous enseigne que les nations qui progressent sont celles qui savent, à certains moments-clés, se réinventer sans se renier. Le Sénégal est à ce carrefour.
Rompre avec les pratiques anciennes ne signifie pas rompre avec notre histoire. Cela signifie en assumer les leçons, et tirer de nos échecs comme de nos réussites les principes d’un nouvel ordre politique. Il ne s’agit pas de faire table rase, mais de faire mieux, autrement, avec tous. La démocratie ne peut pas se contenter d’être une alternance de visages. Elle doit devenir une alternance de pratiques, de valeurs, de priorités.
Le peuple sénégalais a fait preuve, au fil des décennies, d’une maturité remarquable. Il mérite une République à sa mesure : juste, équitable, accessible. La refondation que nous appelons de nos vœux ne viendra pas d’un seul homme, ni d’un seul camp. Elle devra être l’œuvre collective d’une société qui refuse de choisir entre résignation et explosion, et qui revendique le droit de gouverner son avenir.
Le Sénégal peut être à l’avant-garde d’une nouvelle génération démocratique africaine. Mais cela passe par un sursaut. Par une rupture assumée. Par une reconstruction patiente. Ce dialogue qui vient est peut-être notre dernière chance d’échapper à la banalisation de la crise et à la dérive autoritaire. Saurons-nous la saisir ?