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9 juin 2025
LES DICTATEURS PERDENT TOUJOURS À LA FIN
La journaliste Peggy Sastre bouscule les idées reçues dans sa tribune publiée ce lundi dans Le Point. Derrière la lenteur et les compromis des démocraties se cache une force insoupçonnée que les dictatures sous-estiment systématiquement à leurs dépens
(SenePlus) - Ce lundi 21 avril 2025, la journaliste et chroniqueuse Peggy Sastre signe un éditorial remarqué dans Le Point, intitulé "La leçon que les dictateurs refusent d'apprendre : la démocratie gagne toujours à la fin". Dans cette tribune, l'autrice défend vigoureusement la supériorité du modèle démocratique face aux régimes autoritaires, malgré les apparentes faiblesses qu'on lui prête.
Peggy Sastre part d'un constat : dans le climat politique actuel, les démocraties sont souvent taxées de "mollesse" tandis que les régimes autoritaires séduisent par leur apparente efficacité et leur capacité de décision rapide. Elle réfute cette vision binaire qu'elle juge non seulement trompeuse mais "pernicieuse".
"La force de la démocratie ne réside ni dans la violence ni dans la pureté idéologique, mais dans sa complexité assumée, sa plasticité, sa capacité à absorber le conflit sans se désagréger", écrit-elle, défendant ce qu'elle nomme la "psychologie modérée" comme l'un des piliers essentiels de la démocratie libérale.
L'éditorialiste s'appuie notamment sur les travaux de Nassim Nicholas Taleb pour développer son argumentation. Elle explique que la démocratie appartient à la catégorie des systèmes "antifragiles" - ceux qui, loin de se briser face aux chocs, s'améliorent grâce à eux. "Ce qui passe pour de l'instabilité est en réalité une formidable capacité d'adaptation", souligne-t-elle.
À l'inverse, Peggy Sastre pointe la fragilité intrinsèque des régimes autoritaires : "Leur vision est unique, imposée d'en haut, leur hostilité à la critique est farouche – autant d'ingrédients d'une solidité de façade." Elle illustre son propos par plusieurs exemples historiques, de l'URSS à l'Irak de Saddam Hussein, en passant par le Venezuela chaviste et la Libye de Kadhafi.
"La démocratie est d'une autre nature. Plus humble dans ses promesses. Plus apathique dans ses décisions. Mais plus robuste, précisément parce qu'elle ne prétend pas tout contrôler", conclut-elle dans cet éditorial qui intervient dans un contexte mondial marqué par la montée de discours autoritaires et la fragilisation de plusieurs démocraties.
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LA COURSE CONTRE LE TEMPS D'HAMPÂTÉ BÂ
Du papier carbone au fichier numérique, l'héritage colossal d'Amadou Hampâté Bâ, témoin de l'Afrique précoloniale à postcoloniale, traverse les époques pour atteindre les nouvelles générations
"En Afrique, chaque fois qu'un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle." Cette phrase célèbre prononcée par Amadou Hampâté Bâ à l'Unesco en 1960 résonne aujourd'hui avec une actualité particulière alors que la Fondation qui porte son nom s'attelle à préserver un trésor inestimable de connaissances africaines.
Né vers 1901 au Mali, Amadou Hampâté Bâ a consacré sa vie à sauvegarder les traditions orales africaines menacées de disparition. Ayant lui-même reçu une éducation à la croisée de plusieurs mondes - école coranique, école coloniale française et traditions ancestrales - il était particulièrement bien placé pour comprendre l'urgence de préserver ce patrimoine immatériel.
"Il a vu l'Afrique avant la première administration coloniale, pendant la colonisation et après les indépendances. Il a traversé le siècle et compris les enjeux", explique sa fille Roukiatou Bâ, qui dirige aujourd'hui la Fondation à Abidjan.
L'héritage documentaire est impressionnant : plus de 3000 manuscrits numérisés à ce jour, des milliers de pages de notes, de conférences et de témoignages recueillis pendant 55 années de recherche. Ces archives abordent des sujets aussi variés que l'histoire africaine, les traditions religieuses, la place de la femme ou l'avenir de la jeunesse.
La professeure Diané Assis, spécialiste de l'œuvre d'Hampâté Bâ à l'Université d'Abidjan, souligne l'importance de ce qu'elle nomme son "triple héritage" : "Il a su intégrer les traditions africaines, l'influence arabo-musulmane et la culture occidentale pour créer une œuvre accessible à tous."
Face à la rupture des modes traditionnels de transmission, causée notamment par la colonisation et l'école occidentale, Hampâté Bâ a fait le choix d'utiliser l'écrit, principalement en français, pour toucher un public plus large. "Les initiations traditionnelles ne pouvaient plus se faire car les jeunes devaient suivre le calendrier scolaire", rappelle la professeure Assis.
Aujourd'hui, la Fondation fait face à de nouveaux défis. La conservation des documents dans un environnement à 97% d'humidité représente un défi quotidien, malgré les déshumidificateurs installés. "Certains documents sont super fragiles, sur des papiers carbone. Chaque manipulation les abîme", s'inquiète Roukiatou Bâ.
La numérisation systématique est en cours, document par document, mais les moyens manquent. "On lance un appel à tous les Africains pour s'impliquer. Les États eux-mêmes devraient porter cette initiative", plaide la directrice de la Fondation.
L'enjeu est désormais de faire le pont entre l'écrit et le numérique, pour atteindre une jeunesse connectée. "Comment nous, détenteurs de contenu authentique, pouvons-nous le rendre accessible à la jeune génération sur des supports susceptibles de les attirer?", s'interroge Roukiatou Bâ, rappelant que son père avait déjà anticipé l'importance de l'audiovisuel, car "l'image prédomine dans la pensée africaine".
La Fondation Amadou Hampâté Bâ reste ouverte aux chercheurs et aux jeunes désireux de s'abreuver à cette "source inaltérée toujours d'actualité". Un trésor culturel qui, grâce à la persévérance d'un homme visionnaire, n'a pas entièrement brûlé.
LE CRIME DE LÈSE-BUDGET N’EXISTE PAS !
EXCLUSIF SENEPLUS - Même si la Haute cour de justice est une juridiction d’exception, les juges ne manqueraient pas de convoquer le principe de l’opportunité de poursuivre Macky Sall pour haute trahison sur la seule base d’une dette sous-évaluée
Honorable député, l’honneur, la réputation et l’avenir de ce pays dépasse Macky et vous dépasse …nous dépassent tous. L’exécutif et le groupe parlementaire Pastef ne doivent pas vous suivre, vous leur faites prendre le risque d’un revers juridique et politique inutile.
Faisons semblant de croire qu’un tel projet n’a pas eu l’aval préalable de sa hiérarchie politique. Le député, M. Guy Marius Sagna, a convoqué ce 11 avril 2025 les dispositions de l’alinéa 1 de l’article 101 de la Constitution de 2001 et la loi 2002-10 modifiée portant loi organique sur la Haute cour de justice, afin de demander la mise en accusation du président Macky Sall, pour des faits susceptibles de relever de la haute trahison dans l’exercice de ses fonctions présidentielles. C’est une accusation très grave, car la haute trahison est un crime.
Ce nouveau « projet » de mise en accusation est malvenu et est voué à un cinglant échec pour des raisons juridiques et démocratiques, et pourrait avoir des incidences politiques mais aussi économiques et sociales très néfastes. L’image du pays et celle des nouvelles autorités pourraient également en être affectées à l’international.
Nous ne sommes pas en Roumanie en 1989 et le président Macky, aussi diabolisé soit-Il, n’est pas un totalitaire autoproclamé « Danube de la pensée » ou « génie des Carpates » et ne s’appelle pas Nicolaë Ceausescu.
Il ne s’appelle pas non plus Nelson Mandela, ni Walter Sisulu. Oui, rappelons-le ! Rappelons que Nelson Mandela, l’un des hommes politiques les plus respectés au monde, et son compagnon de lutte Sisulu, furent condamnés pour haute trahison par une mise en accusation de la part des « maîtres de Pretoria », alors au summum de l’injustice et de la pire politique de développement séparé que l’Afrique et le monde eurent connue. Mais rappelons également que Nelson Mandela finira réhabilité par sa libération après 27 années de prison, un Nobel de la paix et son accession à la présidence de la république sud africaine. Ce projet porte le risque d’un revers judiciaire majeur pour Pastef.
L’impertinence juridique du projetde liquidation du président Sall
Selon plusieurs spécialistes et parlementaires crédibles, la proposition de M. Guy Marius Sagna devait, aux termes de l’article 91, être présentée par une des commissions de l’Assemblée nationale au risque d’irrecevabilité. Elle pourrait donc être mort-né.
Mais Pastef étant ultra majoritaire à l'Assemblée nationale, pourrait, s’il porte « le projet » de l’hyperactif député, par le mécanisme de l’interprétation, ou un autre jeu de passe-passe dont lui seul a le secret, déclarer le projet de M. Sagna recevable.
On passerait alors à l’étape de l’instruction. Durant cette phase, le texte passerait inéluctablement par les filtres impartiaux des juges professionnels qui se feront le plaisir de le passer au scanner du corpus pénal, bien plus précis et plus rigoureux que le cocktail de généralités aussi ambiguës qu’imprécises qui héberge cette notion pourtant constitutionnelle, mais dépassée.
La « haute trahison » est une notion malaisante pour les juristes modernes. Elle fait partie de ces dispositions-fantômes qui hantent les textes codifiés des procédures judiciaires au 21e siècle. Elle ne fait plus recette depuis la fin des monarchies et des dictatures. Elle sera un casse-tête chinois pour nos magistrats qui seront face à un manque criant de précédents et d’un vide jurisprudentiel. Et même en allant à la recherche de bois mort dans les lointaines forêts du droit comparé, leur mémoire ne rapporteraient que quelques fagots qui ne leur permettraient pas de poursuivre ou de se forger une intime conviction.
La haute trahison n’est même pas reconnue pas la CPI, parce qu’elle est obsolète et « remplacée » par des infractions plus précises et plus facilement documentées comme le génocide, le crime contre l’humanité, le crime de guerre et les crimes d’agression.
En effet, la « haute trahison » est morte, victime de la démocratie et de l’État de droit. Même si la Haute cour de justice est une juridiction d’exception, les juges ne manqueraient pas de convoquer le principe de l’opportunité de poursuivre l’ex-président Macky Sall pour haute trahison sur la seule base d’une dette sous-évaluée.
De l’opportunité de la poursuite du président Macky Sall devant la Haute cour de justice
La procédure de la Haute cour de justice est dérogatoire du droit commun, du moins en certaines de ses dispositions mais le juge professionnel ne se privera pas de passer le « projet » de M. Sagna au tamis de ce grand principe.
La haute trahison est une notion vague. Le juge judiciaire aime « travailler » le Droit promu Science juridique de la façon la plus …scientifique possible. Le principe de l’opportunité de la poursuite lui impose de s’assurer de détenir les éléments probants et factuels des poursuites dont il est le seul maître.
Il s’agira en l’espèce de prouver le respect des procédures et la véracité des chiffres de l’audit du rapport de la Cour des comptes et y isoler les actes constitutifs d’un crime qualifiable de « haute trahison ». Ce sera sûrement la tâche la plus ardue de l’instruction judiciaires, si on en arrive à ce stade.
Il va falloir mobiliser une armée d’experts budgétaires et autres spécialistes de la matière financière, pour les expertises et les contre-expertises.
Cette procédure coûtera très cher au contribuable sénégalais. Parce que la procédure ne sera pas expéditive. L’accusé, redoutable stratège politique, aguerri et préparé, ne bradera pas son avenir pour le franc symbolique. Il sera combatif et ne se pressera point pour monter les sinistres marches qui mènent à l’échafaud politique et n’aidera sûrement pas son bourreau à préparer et à lubrifier le noeud coulant qui l’étranglerait, le cas échéant. L’État de droit garantirait un procès loyal car le monde nous regarde.
L’audit lui-même pose déjà son propre débatn car il est contesté par des experts et par le gouvernement sortant. La dette cachée n’est pas un scoop, ni une découverte inédite faite par l’audit de la Cour des comptes. Elle est une « vieille connaissance » des experts du FMI, une pratique à laquelle se sont prêtées de grandes démocraties comme la France et certains pays africains.
Le FMI, à qui on fait dire ce qu’il n’a pas dit a voulu être clair. Il n’a pas vocation à certifier, ni les chiffres de l’audit, ni un éventuel respect des étapes de son élaboration comme le respect du principe du « contradictoire » et donc son impartialité politique. Interrogé sur la question, à l’issue de sa visite du 18 au 26 mars 2025, le « monsieur Sénégal » du FMI, Edward Gemayel, considère que « seul l’Etat du Sénégal peut confirmer les chiffres … ». Il va plus loin , lui l’expert budgétaire : « …je ne dirais pas détournement…ces conclusions mettent en lumière de graves lacunes dans le contrôle budgétaire et la reddition des comptes, soulignant l’urgence de mettre en œuvre des réformes structurelles. La mission a cherché à mieux cerner l’ampleur des écarts et les insuffisances juridiques, institutionnelles et procédurales qui les ont rendus possibles » .
Il s’agira de prouver que de « graves lacunes » peuvent constituer un crime assez grave pour entraîner des poursuites contre un ancien chef d’Etat et sa condamnation pour haute trahison.
Les juges professionnels seront intransigeants et ne suivront pas les délires d’illuminés, comme ils n’ont pas suivi le président Macky lorsqu’il a voulu attenter à l’État de droit en préconisant le report des élections de 2024.
Il faudrait également arriver à mettre sur le dos du président sortant la responsabilité des « insuffisances juridiques, institutionnelles, procédurales » ayant rendu possible ce crime de lèse-budget, alors que des centaines de hauts fonctionnaires, experts et responsabilisés travaillent avec les ministres de l’économie et des finances à l’élaboration, au contrôle et au fonctionnement du budget.
Où étaient ces hauts fonctionnaires qui doivent refuser d’exécuter tout ordre manifestement illégal ? Et la Cour des comptes d’alors qui a « validé » sans « vérifier » et quelle est la part de responsabilité de tout ce beau monde ? Bref, on n’est pas sorti de l’auberge !
Même si on peut légitimement douter de l’impartialité des députés « Pastefiens » membres de la haute cour de justice, on peut espérer que les juges professionnels ne seront pas partisans et vont se fonder sur des expertises budgétaires et financières sérieuses et éclairées pour se forger une conviction.
On peut être certain que ces juges du siège, parmi lesquels le premier président de la Cour suprême, indépendants de l’exécutif, ne voudront pas faire moins que l’honorable Badio Camara ( PSL).
A l’issue de toute cette procédure, Macky pourrait bénéficier d’un non-lieu, d’une relaxe pure et simple, ou très peu probablement condamné. Au pire des cas, il serait responsable mais pas coupable.
Mais un objectif politique, s’il en est, pourrait être atteint, avant la fin de la très longue, coûteuse et energivore procédure : Macky pourrait ne pas fouler le sol sénégalais d’ici 2029, dates des prochaines élections présidentielles pour galvaniser ses troupes et faire face à un Pastef déjà fragilisé par une gouvernance de cinq années très difficiles. Et si c’était l’objectif d’un député en service commandé ?
Cette procédure est antidémocratique et ne reflète pas la volonté populaire.
Honorable député, votre « projet » trahit la volonté populaire et l’esprit des mécanismes démocratique
Cette démarche est brutale, elle n’est ni sénégalaise, ni démocratique. Ce que M. Guy Marius Sagna propose n’est pas la suite naturelle et logique d’une alternance démocratique paisible. Cette démarche est un mésusage notoire de l’outil démocratique. La haute trahison est légale, mais sa mise en œuvre en l’espèce n’est pas démocratique.
La démocratie semble être le chemin préféré par Pastef pour conquérir le pouvoir. Il n’a pas choisi l’insurrection. La transition, l’une des modalités de cette démocratie est utilisée depuis un quart de siècle par le peuple-électeur qui, non plus, n’a pas choisi l’insurrection.
Ce peuple a réitéré son choix l’année dernière en portant Pastef au pouvoir, en dépit des regrettables soubresauts politiques qui avaient enveloppé notre pays dans un linceul de violence, rouge du sang de dizaines de jeunes martyrs et qui ont failli enterrer notre belle stabilité dans les cimetières de l’histoire démocratique.
Si cet exploit fut possible, c’est parce que ce peuple a pu compter sur nos solides institutions qui ont démontré avoir assimilé, à leur tour, « l’esprit » de la volonté populaire de façon inaliénée et définitive. La démocratie est donc le choix définitif du peuple sénégalais.
Cette démocratie, pour être viable exige une respiration périodique, qui est l’occasion offerte aux électeurs de sanctionner ou non les dirigeants qui auront déçu leurs espoirs. Aussi, l’alternance est-elle la seule sanction prévue par la démocratie à l’issue d’élections libres et transparente. Elle est un élément essentiel de maintien de la paix, un élément constitutif de l’État de droit et une preuve de vitalité démocratique.
Il faut laisser notre démocratie, construite de longue luttes et de grands sacrifices finir tranquillement sa respiration périodique. C’est une exigence démocratique. C’est la suite naturelle du processus de transmission pacifique du pouvoir que de laisser partir le chef de l’état qui a organisé les élections, accepté sa défaite et accueilli son successeur dans les règles protocolaires les plus républicaines. Il a déjà été sanctionné par les urnes. La politique c’est aussi le fair-play. Elle est belle dans l’élégance. La démocratie n’est pas un jouet pour apprentis politiciens, c’est un outil sérieux au service d’une nation et son usage est hautement sensible.
Accuser un ancien président de haute trahison et demander sa traduction devant une Haute cour de justice est un saut périlleux dans le vide sidéral qui sépare la politique politicienne et le droit pur qui s’y frotte s’y pique !
Les incidences économiques d’une telle procédure
Cette procédure, si elle est enclenchée, viendra rajouter une couche de discrédit à la déjà fragilisée réputation budgétaire internationale du Sénégal.
Attention à ces actes éminemment politiques qui ont vocation a entraîner des conséquences économiquement désastreuses. Car l’économie est la caisse de résonance de la politique. Les institutions financières, les bailleurs et autres investisseurs sont tapis dans l’ombre de notre politique intérieure, elle n’hésiteront pas à l’inscrire sur le compte déjà débiteur de nos notes souveraines.
Les investisseurs attendront que la stabilité revienne au Sénégal avant de s’y aventurer à nouveau.Les conséquences macroéconomiques de cette procédure auront des retombées micro-économiques dramatiques .
LES COULISSES DE L'APRÈS-FRANÇOIS
Comment se déroule la succession d'un pape ? La mort de Jorge Mario Bergoglio ce lundi vient de déclencher l'un des rituels les plus codifiés au monde. Derrière les murs du Vatican, cardinaux et prélats s'activent déjà selon une chorégraphie immuable
(SenePlus) - C'est un ballet parfaitement orchestré qui s'est mis en marche ce lundi 21 avril 2025 au Vatican, quelques minutes après l'annonce du décès du pape François. Comme le rapporte le quotidien Le Monde, le pontife argentin s'est éteint à 7h35, ouvrant ainsi une période transitoire minutieusement encadrée par des règles séculaires.
"Au Vatican, le protocole est roi", souligne Sarah Belouezzane dans les colonnes du Monde. Rien n'est laissé au hasard dans cette transmission de pouvoir si particulière. Le dernier précédent d'une mort en fonction remonte au 2 avril 2005, avec la disparition de Jean Paul II, mais l'institution a soigneusement préservé sa mémoire procédurale.
La dernière révision majeure du protocole date de 1996, sous Jean Paul II, avec quelques ajustements apportés par Benoît XVI en 2007 et 2013. Le pape François lui-même a simplifié le rite funéraire en 2024, sans en modifier la structure fondamentale.
Dès l'annonce du décès, le camerlingue Kevin Farrell, cardinal irlandais en poste depuis 2019, est entré en action. Son rôle est crucial : c'est lui qui "constate la mort du pape dans sa chapelle privée avant d'informer le cardinal vicaire de Rome, à qui revient la charge de prévenir le reste du monde", précise le journal.
Parallèlement, le doyen du Collège des cardinaux, l'Italien Giovanni Battista Ré, a lancé la convocation des cardinaux du monde entier pour deux types d'assemblées : la congrégation générale, qui réunit tous les cardinaux quelle que soit leur âge, et la congrégation particulière, composée du camerlingue et de "trois cardinaux tirés au sort – et renouvelés tous les trois jours par le même procédé – afin de traiter les affaires courantes d'importance mineure".
Les décisions les plus importantes relèvent de la congrégation générale. Selon Le Monde, elle devra déterminer "le jour, l'heure et la manière dont la dépouille sera présentée aux fidèles en la basilique Saint-Pierre" pour permettre le recueillement. Point notable mentionné par le quotidien : "Le corps du pape sera exposé directement dans un cercueil, sans la crosse à côté et sans objets symboliques à l'intérieur."
La date des funérailles sera également fixée par cette assemblée, sachant qu'elles doivent avoir lieu "entre le quatrième et le sixième jour après la mort, soit entre le 25 et le 27 avril, à Saint-Pierre". Enfin, les cardinaux devront décider "du jour et de l'heure du début des opérations de vote pour le prochain souverain pontife".
Théoriquement, un délai de quinze jours est prévu pour permettre aux cardinaux électeurs de rejoindre Rome, bien qu'une disposition de 2013 autorise un démarrage plus rapide si "le collège est déjà réuni et vote en ce sens". En tout état de cause, "au bout de vingt jours au plus, le conclave doit commencer".
Un défi logistique se profile déjà à l'horizon. Comme le signale Le Monde, "la constitution fixe un nombre théorique maximal de cent vingt cardinaux électeurs. Sous François, on compte 135 cardinaux âgés de moins de 80 ans", alors que seulement "cent vingt neuf chambres" sont disponibles dans l'enceinte du Vatican pour les héberger pendant le conclave.
Une fois les cardinaux installés à la résidence Sainte-Marthe, le conclave sera placé sous le sceau du secret absolu. "Les électeurs n'auront plus le droit de communiquer avec l'extérieur, ni par voie postale ni par téléphone", indique le journal, qui précise que "tous ceux présents, y compris ceux occupant des fonctions subalternes, doivent prêter serment, le non-respect du secret du vote étant passible d'excommunication".
L'isolement est si strict que même les rencontres fortuites sont encadrées : "À tous ceux qui [...] viendraient à rencontrer fortuitement l'un ou l'autre des cardinaux électeurs pendant l'élection, il est absolument interdit d'entretenir une conversation, sous quelque forme que ce soit, avec quelque moyen que ce soit et pour quelque motif que ce soit".
Le scrutin se déroulera dans la chapelle Sixtine, à raison de "deux suffrages le matin, et deux l'après-midi", par bulletin secret déposé dans une urne. Pour être élu, un cardinal devra recueillir les deux tiers des voix. Si "le nombre des bulletins ne correspond pas au nombre des électeurs, il faut les brûler tous et procéder aussitôt à un deuxième vote", précise le protocole cité par Le Monde.
Après trois jours sans majorité qualifiée, une pause sera observée pour permettre "un temps de prière" – et probablement des négociations discrètes, bien que "il soit officiellement interdit d'établir des accords avant l'élection".
Chaque journée sans résultat se conclura par la traditionnelle fumée noire s'échappant du toit de la chapelle Sixtine, jusqu'à ce qu'une fumée blanche signale l'élection d'un nouveau pape.
Une fois le choix arrêté, le cardinal doyen s'adressera à l'élu avec une formule immuable : "Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ?" Après son acceptation, le nouveau pape choisira son nom pontifical, qui sera annoncé aux fidèles depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Il apparaîtra ensuite en personne pour donner sa première bénédiction "urbi et orbi" (à la ville et au monde). À cet instant précis, comme le conclut Le Monde, "les catholiques ont un nouveau pape".
Ce protocole séculaire, mêlant tradition et solennité, garantit une transition ordonnée à la tête de l'Église catholique, dans ce moment crucial que constitue la succession du pape François, premier pontife latino-américain de l'histoire.
PROJET DE PURGE AU DÉPARTEMENT D'ÉTAT AMERICAIN
Fermeture d'ambassades, suppression de bureaux entiers et refonte complète du recrutement : un document en circulation dessine les contours d'une diplomatie en rupture totale avec les décennies précédentes, malgré les démentis officiels
(SenePlus) - Selon un projet d'ordre exécutif qui aurait fuité et circulerait au sein du Département d'État américain, une réorganisation majeure serait prévue sous l'administration Trump. Les changements proposés incluent la fermeture de plusieurs ambassades en Afrique subsaharienne, le démantèlement des bureaux axés sur le climat, les réfugiés, les droits humains, la démocratie et l'égalité des genres, ainsi que la réduction des opérations diplomatiques au Canada.
Le Bureau des Affaires africaines, le Bureau des Organisations internationales et le Bureau des questions mondiales concernant les femmes seraient parmi ceux éliminés. L'ordre propose de réorganiser le Département d'État en quatre bureaux régionaux — Indo-Pacifique, Amérique latine, Moyen-Orient et Eurasie — et de réorienter les affectations du personnel diplomatique vers des postes régionaux spécifiques à vie.
Les bourses Fulbright seraient limitées aux programmes de master en sécurité nationale, et les bourses liées aux programmes de diversité et d'inclusion, comme celles avec l'Université Howard, seraient supprimées. Le projet prévoit également la fin de l'examen du service étranger, l'embauche étant basée sur l'alignement avec la politique étrangère présidentielle. Cependant, le Secrétaire d'État Marco Rubio et le Département d'État ont rejeté ce projet comme étant faux. Des documents internes supplémentaires suggèrent d'autres réductions potentielles, notamment une réduction budgétaire de 50% et la fermeture de nombreuses ambassades et consulats.
Si elle était mise en œuvre, cette réorganisation marquerait l'une des modifications les plus importantes de l'infrastructure de politique étrangère américaine depuis 1789.
LE PAPE FRANÇOIS S'ÉTEINT À 88 ANS
Le Vatican a annoncé ce matin la disparition du pontife, décédé à 7h35. Figure clivante mais respectée bien au-delà du monde catholique, Jorge Mario Bergoglio avait été élu en mars 2013 avec la mission de restaurer "le visage défiguré de l'Église"
(SenePlus) - Le pape François est mort ce lundi 21 avril 2025 à 7h35, à l'âge de 88 ans, a annoncé le Vatican. Jorge Mario Bergoglio, premier pontife latino-américain de l'histoire, laisse derrière lui un héritage complexe après plus de douze années passées à la tête de l'Église catholique, rapporte Le Monde dans sa nécrologie publiée ce jour.
Élu le 13 mars 2013 pour succéder à Benoît XVI qui avait pris la décision historique de renoncer à sa charge, François aura profondément marqué l'Église par son style direct et son approche réformatrice. Comme le souligne Cécile Chambraud dans les colonnes du Monde, le pape argentin avait pris "sa mission à bras-le-corps" dès son élection, conscient qu'à 76 ans, il n'avait "pas de temps à perdre s'il voulait agir en profondeur".
"Comme je voudrais une Église pauvre et pour les pauvres !", s'était-il exclamé peu après son élection, donnant ainsi le ton d'un pontificat qui allait s'attacher à recentrer l'institution sur l'évangélisation d'un monde qu'il jugeait en proie "au matérialisme et au relativisme". Selon les informations du quotidien français, il demandait à l'Église de se concevoir comme "un hôpital de campagne après une bataille", de sortir de son penchant "narcissique", appelant les catholiques à ne pas se transformer en "momies de musée".
Dès le début de son pontificat, François a rompu avec l'image traditionnelle de la papauté par des gestes symboliques forts. D'après Le Monde, refusant l'appartement pontifical au cœur du palais apostolique, il s'était installé à la résidence Sainte-Marthe, prenant ses repas à la cantine où "il choisissait chaque jour sa table et ses commensaux". Il avait également renoncé à la villégiature de Castel Gandolfo, résidence papale depuis le XVIIe siècle.
"J'essaie d'être libre", résumait-il pour expliquer ces choix qui visaient à le maintenir au contact des réalités quotidiennes et à échapper à l'isolement que peut entraîner la fonction papale, précise le journal.
François aura fait des migrants l'une des grandes causes de son pontificat. À Lampedusa en juillet 2013, lors de son premier grand déplacement, il avait dénoncé "la mondialisation de l'indifférence" face aux tragédies en Méditerranée. Le Monde rappelle qu'il avait lancé aux députés européens en novembre 2014 à Strasbourg : "On ne peut tolérer que la mer Méditerranée devienne un grand cimetière".
L'écologie fut l'autre combat majeur du pape argentin, qui publia en 2015 l'encyclique "Laudato Si'", premier texte magistériel d'un pape entièrement consacré à l'environnement. Ce document dénonçait également les inégalités économiques mondiales, François n'hésitant pas à fustiger, selon les termes rapportés par Le Monde, "le fumier du diable", ce "désir sans retenue de l'argent qui commande".
Le pape François s'était également attelé à une profonde réforme de la Curie, l'administration vaticane qu'il qualifiait de "dernière cour d'Europe" traversée par "un courant de corruption", selon les informations du quotidien français. Pour mener à bien cette tâche, il s'était entouré d'un conseil de neuf cardinaux issus de tous les continents.
La mise en ordre des finances du Vatican fut l'une de ses priorités, face à une situation que Le Monde décrit comme "anarchique". Dans ce domaine sensible, François n'hésita pas à faire appel à des cabinets d'audit externes et à l'expertise de laïcs, une nouveauté qui fut "vécue comme un quasi-sacrilège" dans certains cercles du Vatican.
Mais cette réorganisation ne fut pas sans heurts, "émaillée en coulisse d'impitoyables batailles et de manœuvres sinon de sabotage, au moins de retardement", selon l'article de Cécile Chambraud. Le scandale de l'achat d'un immeuble de luxe à Londres, qui aurait entraîné une perte de 150 millions d'euros pour le Vatican, a notamment entaché ces efforts de réforme.
Cette volonté réformatrice a valu à François aussi bien des soutiens fervents que des oppositions farouches. "Les progressistes ont voulu voir en lui l'un des leurs après la longue ère conservatrice de Jean Paul II et de Benoît XVI", note Le Monde, mais ces mêmes progressistes "n'ont pas pipé mot lorsqu'il a comparé le recours à l'IVG à l'embauche d'un 'tueur à gages'". À l'inverse, "les catholiques conservateurs, champions des 'racines chrétiennes' ou tentés par le rite ancien, se sont étranglés quand il a vanté une société 'multiculturelle' et marginalisé la messe en latin".
"Avec Bergoglio l'Argentin, les lignes politiques habituelles ne recoupaient pas toujours celles du Credo", résume le quotidien, soulignant ainsi la complexité d'un pontificat qui s'est joué "des catégories paresseuses".
Au terme de ce pontificat plus long que prévu – François avait confié qu'il durerait "peu de temps, deux ou trois ans" – le bilan est contrasté. D'après Le Monde, la constitution apostolique promulguée en mars 2022 a donné au pape "davantage de capacité de contrôle de son administration" et a permis "à des laïques, donc à des femmes, de diriger des grands départements de la curie", bien que "la féministation n'avance qu'à pas comptés".
Jorge Mario Bergoglio était né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, fils d'immigrés italiens. Premier pape non-européen depuis la fin de l'Antiquité et premier jésuite à accéder au trône de Pierre, il avait été choisi par un collège cardinalice "réputé conservateur" pour restaurer ce que Benoît XVI avait nommé "le visage défiguré de l'Église", conclut le quotidien français.
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ENFANTS DIALYSÉS, L’AUTRE DRAME SILENCIEUX AU SÉNÉGAL
Dans un reportage diffusé sur RFM, la journaliste Salimata Aw donne la parole à ces jeunes patients et à leurs familles, confrontés à la douleur, à la précarité et à l’oubli. Un cri du cœur face à une urgence sanitaire ignorée.
Chaque année, plus de 200 enfants sont référés au Centre Hospitalier Abass Ndao de Dakar pour insuffisance rénale. Entre traitements épuisants, rêves brisés et désespoir familial, la journaliste Salimata Aw (RFM) nous livre un reportage bouleversant sur ces petits malades et leurs proches, confrontés à une réalité aussi douloureuse qu’injuste.
Au Sénégal, les maladies rénales chez les enfants sont une urgence sanitaire trop souvent ignorée. Chaque année, plus de 200 jeunes patients sont référés au Centre Hospitalier Abass Ndao, l’un des rares établissements du pays à prendre en charge les cas pédiatriques d’insuffisance rénale.
Dans un grand reportage réalisé par la journaliste Salimata Aw de RFM Dakar, les enfants eux-mêmes racontent leur quotidien marqué par la douleur, les machines de dialyse, et l’isolement. Certains ont abandonné l’école, d’autres leurs activités ou leurs rêves. Leur jeunesse est suspendue à des séances de dialyse régulières et à l’espoir d’un rein compatible.
Les témoignages poignants des parents mettent en lumière l’ampleur du drame : coût élevé des traitements, pénurie d’équipements adaptés, épuisement moral et physique. Dépassés, ils assistent, impuissants, à la lente dégradation de l’état de santé de leurs enfants.
Le personnel médical, quant à lui, fait preuve d’un dévouement exceptionnel, parfois au péril de ses propres forces. Médecins, infirmiers et techniciens se battent chaque jour pour maintenir ces enfants en vie dans des conditions souvent précaires.
"C’est comme vivre un enfer sur terre », confient des proches de ces enfants, les larmes aux yeux. Le reportage de Salimata Aw nous plonge dans un univers où chaque souffle compte, chaque sourire devient un acte de résistance, et où l’amour parental tente de combler l’absence de moyens.
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LE CHANGEMENT NE PEUT PAS SE FAIRE EN QUELQUES MOIS
Invité du Jury du Dimanche, le leader du Mouvement DUNDU, Mouhamadou Madani Kane, a salué le projet de transformation engagé par le nouveau régime. Il appelle toutefois à la patience, soulignant que les choix économiques actuels impliquent des sacrifices.
Invité de l’émission Jury du Dimanche (JDD) sur iRadio et iTV, Mouhamadou Madani Kane, leader du Mouvement DUNDU, a livré une analyse lucide des ambitions portées par le nouveau régime de Bassirou Diomaye Faye. Pour lui, les promesses de rupture profonde – tant économique que politique – nécessitent du temps, de la patience et une compréhension claire des sacrifices à court terme que cela implique.
Selon Mouhamadou Madani Kane, le projet de transformation systémique engagé par le pouvoir en place repose sur un changement radical de modèle économique : passer d’une économie d’exportation, génératrice de recettes immédiates, à une industrialisation fondée sur la transformation locale des ressources. « Cela signifie que l’État renonce à des rentrées financières rapides au profit d’une vision à moyen et long terme », explique-t-il.
Un pari audacieux, mais qui, dans l’immédiat, entraîne une baisse des capacités budgétaires de l’État. « Moins de ressources, c’est aussi moins de capacités d’investissement. Les populations vont naturellement en ressentir les effets », avertit-il. Ce recul des moyens publics affectera également les entreprises, habituées à un écosystème soutenu par les marchés publics et les emprunts extérieurs.
Mouhamadou Madani Kane insiste sur la nécessité d’un discours de vérité : les résultats ne seront pas visibles dans l’immédiat. « Le changement ne peut pas se faire en quelques mois. Il faudra attendre que l’État assainisse ses finances et crée une base industrielle solide pour que les conditions de vie des Sénégalais s’améliorent réellement », affirme-t-il.
En somme, il appelle à une lecture patiente des mutations en cours, insistant sur la cohérence entre les promesses de rupture et les contraintes structurelles qu’impose leur mise en œuvre.
MANSOUR FAYE DÉMENT TOUTE SURFACTURATION DANS LA GESTION DES FONDS COVID
Mis en cause dans le rapport de la Cour des comptes sur le programme PRES, l’ancien ministre réfute les accusations de mauvaise gestion. Il défend la régularité de la procédure d’acquisition des denrées alimentaires.
L’ancien ministre du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale, Mansour Faye, a fermement rejeté les accusations de mauvaise gestion et de surfacturation liées à l’acquisition des denrées alimentaires durant la pandémie de COVID-19, dans le cadre du Programme de Résilience Économique et Sociale (PRES).
Dans une déclaration publique, Mansour Faye dénonce ce qu’il qualifie de campagne de désinformation menée par certains responsables du parti Pastef et leurs partisans. Il insiste sur la régularité du processus d’acquisition des denrées, notamment le riz, et rappelle le contexte d’urgence dans lequel le gouvernement opérait à l’époque.
« Le président de la République avait pris, le 18 mars 2020, le décret 2020-781 portant dérogation au Code des marchés publics pour permettre une réponse rapide face à la pandémie », explique-t-il. Selon lui, cette dérogation, similaire à celles adoptées dans de nombreux pays et soutenues par des institutions comme la Banque mondiale, autorisait les ministères à recourir à des procédures exceptionnelles, dont l’entente directe.
Pourtant, affirme Mansour Faye, son département a opté pour une démarche transparente : « Par mesure de prudence et dans un souci de célérité, nous avons fait le choix de recourir à la procédure d’appel d’offres. » Il précise avoir sollicité l’accompagnement de l’ARMP (Autorité de Régulation des Marchés Publics), qui a donné son aval pour encadrer l’opération.
Des avis d’appel à la concurrence ont été publiés dès le 1er avril 2020 dans les journaux Le Soleil et L’Observateur. Les fournisseurs sélectionnés après évaluation des offres ont été officiellement annoncés le 11 avril 2020, date à laquelle le président Macky Sall lançait les opérations de distribution à l’échelle nationale.
Les quatre fournisseurs retenus pour la livraison de riz étaient :
Groupe Bembouck (5 000 tonnes)
Avantis Suarl (45 000 tonnes, après augmentation du volume)
Afri and Co (30 000 tonnes)
CCMN (30 000 tonnes)
Mansour Faye souligne que toutes les livraisons ont été effectuées sous supervision rigoureuse, avec la participation du Commissariat à la Sécurité Alimentaire, de l’Armée, de la Gendarmerie nationale et de l’Administration territoriale.
Concernant les paiements, il précise qu’ils étaient centralisés au ministère des Finances, avec un gestionnaire désigné pour assurer la transparence des opérations. Il réfute les accusations de surfacturation évoquées dans le rapport de la Cour des Comptes, affirmant que seules des questions de procédures ont été soulevées.
« L’histoire de la surfacturation est une forfaiture », tranche-t-il, tout en affirmant que les faits et documents prouvent la conformité et la rigueur du processus.
MAMADOU LAMINE DIALLO CHARGE L’ANCIEN RÉGIME
Le leader du mouvement Tekki salue la transmission à la justice du rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Covid-19. L’économiste pointe du doigt l’ancien régime de Macky Sall, qu’il accuse d’avoir couvert de graves détournements.
Dans une déclaration publiée sur ses réseaux sociaux, Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki, a réagi avec fermeté au rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds alloués à la lutte contre la Covid-19. Pour l’ancien député, ce rapport, produit en 2022 sous le régime de l’ex-président Macky Sall, ne souffre d’aucune contestation.
« Ce rapport de la Cour des comptes sur la gestion des fonds Covid ne peut souffrir de contestation. Il a été élaboré en 2022 sous le régime du Président Macky Sall. Le nouveau régime du Président Diomaye et du Premier ministre Sonko n’a fait que transmettre le dossier à la justice, ce que Macky Sall avait refusé de faire », a-t-il souligné.
Mamadou Lamine Diallo a salué la démarche des nouvelles autorités, qui ont décidé de saisir la justice sur cette affaire. À l’inverse, il a dénoncé l’inaction de l’ancien régime, qu’il accuse de n’avoir pris aucune mesure à l’époque pour tirer les conséquences des révélations contenues dans ce rapport.
Pointant la gravité des détournements présumés, révélés par la Cour des comptes, l’économiste n’a pas mâché ses mots. Il a qualifié l’Alliance pour la République (APR), l’ancien parti au pouvoir, d’« association de prédateurs de la République ».
« L’ampleur des détournements de fonds publics est choquante, surtout dans un contexte de confinement généralisé des populations luttant contre la Covid-19. Quel cynisme », a-t-il dénoncé, avant d’ajouter : « Je n’avais pas tort de considérer l’APR comme une association de prédateurs de la République. On y est, en vraie grandeur ».
L’ancien parlementaire a également averti que d’autres membres du précédent gouvernement pourraient être impliqués dans cette affaire dans les semaines à venir. « Le nombre de ministres du gouvernement impliqués, qui va augmenter dans les prochaines semaines, posera inévitablement la question de la responsabilité politique du président Macky Sall et de l’APR », a-t-il prévenu.
Enfin, Mamadou Lamine Diallo est revenu sur la décision controversée de supprimer le poste de Premier ministre pendant la période de gestion du fonds Force Covid-19. Selon lui, cette suppression a permis une concentration excessive des pouvoirs entre les mains du chef de l’État.
« Ils avaient supprimé le poste de Premier ministre et donné les pleins pouvoirs au Président de la République pour gérer le fonds Force Covid-19. J’avais proposé d’activer la commission des délégations, ils ont refusé », a-t-il rappelé, soulignant ce qu’il considère comme une dérive institutionnelle.