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8 août 2025
LA RUÉE VERS L'OR DE LA BCEAO
Alors que le métal jaune flambe sur les marchés internationaux, la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest voit ses réserves aurifères s'envoler. Un coussin de sécurité qui divise les experts
(SenePlus) - Dans un contexte économique mondial marqué par l'incertitude, la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) voit ses réserves aurifères atteindre des sommets inédits. Selon les derniers états financiers de l'institution monétaire ouest-africaine rapportés par Jeune Afrique, les avoirs en or de la BCEAO ont connu une augmentation remarquable de 38% en l'espace d'une année, passant de 1 831,7 milliards de F CFA (environ 2,8 milliards d'euros) fin 2023 à 2 531,8 milliards de F CFA à la fin 2024.
Cette progression impressionnante s'explique principalement par la flambée du cours de l'or sur les marchés internationaux, qui a franchi le seuil symbolique des 3 000 dollars l'once. Comme le précise JA, "le prix du métal jaune a progressé de 19% au premier trimestre de cette année, confirmant une tendance observée l'an dernier". Il est intéressant de noter que cette hausse de valeur ne correspond pas à une augmentation significative du volume physique détenu par la banque centrale, qui reste stable aux alentours de 43 tonnes.
Les réserves d'or constituent un élément fondamental de la stratégie monétaire des banques centrales. Une source interne à la BCEAO citée par Jeune Afrique explique que "l'or monétaire fait partie des réserves officielles des banques centrales. Naturellement, plus une banque centrale dispose de réserves, plus la couverture de sa monnaie est solide." Cette solidité permet d'assurer la convertibilité de la monnaie locale en devises étrangères, même en cas de forte demande.
Cette orientation s'inscrit dans une tendance mondiale, comme le souligne un banquier ouest-africain interrogé par le magazine : "Toutes les banques centrales au monde renforcent leurs réserves en or, cela permet de soutenir la monnaie." Ces réserves, dont 70% sont placées à la Banque de France, servent avant tout à consolider la crédibilité de l'institution et à protéger ses actifs face aux turbulences économiques internationales.
L'économiste sénégalais Magaye Gaye attribue également cette hausse à "une volonté de diversification stratégique dans un contexte mondial incertain marqué par des tensions géopolitiques et la résurgence du protectionnisme avec le retour de Donald Trump aux États-Unis".
Si l'augmentation des réserves aurifères renforce indéniablement la stabilité du franc CFA face à l'inflation, elle soulève également des interrogations légitimes sur l'allocation optimale des ressources. Comme le fait remarquer Magaye Gaye, ancien cadre de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) : "Augmenter considérablement le niveau des réserves de change n'est pas nécessairement une bonne chose pour un pays". Il ajoute que "cette orientation, bien que prudente, doit être maniée avec discernement dans la mesure où un stock excessif d'or peut devenir contre-productif s'il représente une part importante des réserves, au détriment des ressources mobilisables pour financer le développement".
Cette préoccupation prend une dimension particulière alors que plusieurs pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) connaissent des trajectoires de croissance prometteuses, notamment grâce à la découverte de gisements d'hydrocarbures et de gaz. Dans ce contexte de transformation économique, le maintien de la règle traditionnelle de trois à quatre mois de couverture des importations par les réserves de change fait débat.
L'économiste sénégalais pose ainsi une question fondamentale : "Dans une phase marquée par une volonté accrue de maîtrise des ressources nationales et par un engagement sur une gestion plus responsable, n'est-il pas temps de repenser cette règle de précaution pour mieux aligner les réserves de change sur les impératifs de développement ?"
Les perspectives économiques de la région promettent "un commerce extérieur plus dynamique, notamment avec des recettes d'exportation accrues", selon Jeune Afrique. Parallèlement, l'accent mis sur la souveraineté économique et l'industrialisation nécessite d'importantes importations de biens d'équipement.
La question centrale qui émerge de cette analyse est celle du juste équilibre entre la prudence monétaire, nécessaire à la stabilité macroéconomique, et la mobilisation des ressources pour soutenir la croissance et le développement. À quel moment l'accumulation de réserves, aussi rassurante soit-elle pour la solidité monétaire, devient-elle un frein au développement économique de la région ?
Ce dilemme, comme le conclut judicieusement Jeune Afrique, "n'est pas près d'être tranché". Il illustre parfaitement les défis complexes auxquels sont confrontés les décideurs économiques ouest-africains dans leur quête de développement durable et de souveraineté financière.
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REVUE DE PRESSE DE CE VENDREDI 9 MAI 2025
Entre une surprise religieuse mondiale, des secousses politiques nationales, des révélations judiciaires sensibles, et des éclats sportifs réjouissants, la presse sénégalaise de jour offre une palette complète des dynamiques à l’œuvre dans le pays
(SenePlus) L’actualité nationale et internationale de ce jour se déploie autour de trois grands axes : la surprise papale venue du Vatican, les remous politiques et judiciaires au Sénégal, et les performances sportives tricolores sur la scène mondiale. Les unes des principaux journaux sénégalais reflètent cette effervescence avec un éventail de titres qui renseignent sur les enjeux cruciaux du moment.
LEON XIV : UN PAPE INATTENDU QUI FASCINE LE SENEGAL
C’est sans conteste l’événement planétaire qui capte l’attention de la presse nationale. L’élection de Léon XIV, nouveau souverain pontife, a provoqué une onde de choc que plusieurs quotidiens ont aussitôt relayée.
Le Quotidien ouvre sa une avec le titre : « Léon XIV, un Saint-Siège au Vatican », soulignant le profil singulier du nouveau pape, qui incarne selon le journal « l’espoir d’une Église en phase avec les aspirations du monde moderne ».
WalfQuotidien va dans le même sens, titrant : « Léon XIV, nouveau pape : l’élection inattendue qui fascine l’Afrique », en insistant sur l’origine et la vision progressiste du nouveau pontife. Sud Quotidien, quant à lui, évoque une « surprise venue d’Amérique », soulignant le caractère inattendu de ce choix, qui casse les codes traditionnels de la curie romaine.
Yoor-Yoor met en exergue une déclaration du pape : « Le monde se reconstruira avec les idées, l’audace et la vigueur de sa jeunesse », illustrant le vent de fraîcheur que Léon XIV entend insuffler à l’Église.
Une couverture exceptionnelle qui témoigne de l’intérêt grandissant du public sénégalais pour les affaires religieuses à dimension mondiale, mais aussi d’un certain espoir de renouveau spirituel.
UN TERRAIN POLITIQUE ET JUDICIAIRE EN PLEINE EBULLITION
Sur le plan national, la politique intérieure et les affaires judiciaires occupent une large place dans les pages des journaux.
Le Soleil revient sur le lancement du Programme d’Aménagement des Villes pour l’Émergence (PAVIE) par le Premier ministre Ousmane Sonko, qui entend « redonner aux collectivités locales leur fonction de développement ». Le journal précise que ce programme, déployé dans 14 villes, devrait permettre une meilleure présence de l’État dans les territoires.
Mais l’actualité politique ne s’arrête pas là. Point Actu annonce que « l’Assemblée nationale passe à l’acte » en adoptant plusieurs réformes majeures, alors que L’Info note que « la minorité sent un parfum de règlement de comptes », mettant en lumière les tensions entre majorité et opposition dans l’hémicycle.
Côté affaires, Libération publie une enquête explosive : « Le parquet financier sur les traces d’un “cadeau” de 1,36 milliard », une somme astronomique qui aurait transité dans des circuits opaques. L’Observateur n’est pas en reste et révèle que « 63 comptes opaques sont pistés par la DIC », dans le cadre d’une enquête de grande envergure.
L’AS évoque de son côté « les détails d’une affaire de sous » impliquant des personnalités publiques, tandis que Les Échos rapporte que Ndèye Seynabou Ndiaye aurait été « dégagée en touche » dans un climat de recomposition au sein des institutions. Le même journal titre également : « Macky traque Sanou Dione », preuve que les redéploiements politiques sont en cours.
LE SENEGAL RAYONNE SUR LES TERRAINS SPORTIFS
L’espoir et l’enthousiasme viennent aussi des terrains de sport, où le Sénégal continue de briller.
Record, dans deux éditions distinctes, affiche fièrement : « Coup double pour le Sénégal, hier », à propos des victoires des Lions en beach soccer. Rewmi Sports confirme que « le Sénégal se qualifie en demi-finales du Mondial Beach Soccer 2026 », après avoir battu l’Italie.
Point Actu Sport salue cette performance tout en se projetant sur la finale du tournoi de football en Europe : « Manchester United étrille Bilbao et défiera Tottenham ».
Stades, pour sa part, fait un point sur les Jeux Olympiques de la Jeunesse Dakar 2026, et relaie les propos du Comité International Olympique (CIO) : « Le CIO se dit satisfait de l’état d’avancement des travaux ».
L’enthousiasme est palpable, et la presse sénégalaise ne manque pas de souligner la détermination des sportifs et les enjeux d’image internationale que représente chaque victoire.
Âgé de 69 ans, le nouveau souverain pontife hérite d’une Église confrontée à de multiples défis, souligne abbé Théodore Mendy, responsable de la Communication du diocèse.
Le diocèse de Dakar s’est fortement réjouie, jeudi, de l’élection du nouveau pape Léon XIV, né Robert Francis Prevost, estimant qu’il ‘’hérite d’une Église qui se doit de faire face à de multiples défis’’ a-t-on appris de source officielle.
‘’En communion avec les hommes et femmes de bonne volonté, avec des croyants de tous bords, nous avons accueilli avec une joie immense, l’élection du Pape Léon 14, sur le trône de Saint Pierre’’, s’est félicité abbé Théodore Mendy, responsable de la Communication du Diocèse de Dakar, contacté par l’APS.
Le nouveau souverain pontife a été élu un jour seulement après le début du conclave, mercredi, succédant au pape François décédé le 21 avril dernier à l’âge de 88 ans.
Âgé de 69 ans, Léon XIV, né le 14 septembre 1955 à Chicago, dans l’Illinois (Etats-Unis), d’un père français et d’une mère italienne, devient ainsi le premier pape nord-américain et le 267e chef de l’église catholique romaine.
‘’Dès sa première prise de parole, le nouveau Pape venu du pays de l’oncle Sam, a invité la communauté chrétienne à se recentrer davantage sur Jésus-Christ et à être dans le monde de notre temps, un lieu de vie, d’espérance, de foi, de paix, de communion, de fraternité, d’unité, de tolérance’’, a souligné le responsable de la Communication du Diocèse de Dakar.
Rendant ‘’grâce à Dieu’’, abbé Théodore Mendy a formulé des prières à l’endroit du nouveau pape pour la réussite de sa mission pontificale.
‘’Nous confions son Magistère à la bonté et à la miséricorde de Dieu. Qu’il lui donne la grâce de la sagesse et du discernement pour qu’il puisse mener à bien la barque de l’Église, dans un monde complexe’’, a dit Théodore Mendy.
PAR OUMAR NDIAYE
LE SPORT, CE NOUVEAU MARQUEUR ET MENEUR DE JEU GÉOPOLITIQUE
Les millions de téléspectateurs qui ont suivi la demi-finale de la Champions League, entre le Paris Saint-Germain et Arsenal ont dû remarquer ce que les deux équipes, adversaires sur le terrain, ont de commun. Le branding « Visit Rwanda »...
Les millions de téléspectateurs et fans de foot qui ont suivi la demi-finale aller et celle retour hier de la plus prestigieuse des compétitions de clubs au monde, la Champions League, entre le Paris Saint-Germain et Arsenal ont dû remarquer ce que les deux équipes, adversaires sur le terrain, ont de commun. Le branding « Visit Rwanda » est visible sur les maillots de ces deux équipes qui jouent de grands rôles dans leurs championnats respectifs, la Ligue 1 française et la Premier League anglais.
En plus de ces clubs, « Visit Rwanda » est aussi perceptible dans la Bundesliga allemande avec le Bayern Munich et bientôt dans la Liga espagnole avec l’Althético Madrid. Donc dans le quatuor des plus grands championnats européens. En Afrique aussi, la Basketball Africa League (Bal) qui vient de terminer à Dakar sa conférence Sahara est un théâtre d’expression de ce que le Rwanda est en train de réussir pour le polissage de son image via les terrains sportifs. C’est connu, depuis plus de deux décennies, le sport, jeu ludique et de loisirs est devenu par la force des choses un paramètre important dans la projection de puissance, d’influence et même de reconnaissance de beaucoup d’États. « La puissance sportive peut accompagner la puissance stratégique ou lui servir de substitut, mais elle en est devenue un paramètre. Certains pays ont choisi de se loger dans une niche sportive pour multiplier leur reconnaissance internationale (de façon volontaire et organisée pour Cuba, en récoltant des bénéfices inespérés pour la Jamaïque, par exemple). Être une grande puissance implique de plus en plus d’avoir une vitrine sportive, faute de quoi la panoplie n’est pas complète », explique Pascal Boniface, un des théoriciens de cette nouvelle place et le poids qu’occupe le sport dans les relations internationales.
Dans son ouvrage « Géopolitique du sport », il parle du sport qui est devenu un attrait essentiel de la puissance pour plusieurs raisons. D’abord, la modification structurelle profonde des rapports de force géopolitiques, la globalisation et la formidable montée en puissance des opinions publiques, y compris internationales, la nécessité d’exister sur la carte alors que celle-ci est de plus en plus saturée avec la multiplication des acteurs internationaux, entre autres. Ainsi, l’organisation de compétitions sportives est aujourd’hui très prisée pour faire ce qui est appelé le « Nation branding ». Ce nouvel anglicisme très en vogue dans des études marketing définit ainsi l’identité de marque d’une nation pour se vendre et se positionner à l’international. L’accueil de compétitions sportives internationales est ainsi perçu comme une consécration pour plusieurs pays qui veulent faire savoir qu’il faut désormais compter sur eux dans la marche de leur continent et du monde.
Les exemples sont légion dans le monde où le sport est considéré comme un levier ou un outil pour se positionner dans l’échiquier international. Des pays comme le Qatar ont pris le choix d’en faire leur principale arme pour s’imposer dans le monde. Avec des acquisitions dans le capital de grands clubs comme le Paris Saint-Germain, l’organisation de grandes manifestations (Coupe du monde de football en 2022), le Qatar, petit pays de la péninsule arabique, a réussi à se faire un nom à côté de grands voisins, comme l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, l’Iran, qui le dominent par la taille physique, militaire ou économique. Le sport, avec d’autres facteurs, a contribué à ce regard que les autres ont sur ce pays. Aujourd’hui, ce postulat est imité par l’Arabie Saoudite qui, en plus d’acquisitions de clubs occidentaux, est en train de faire de son championnat un nouvel épicentre du foot mondial. Sur le plan interne aussi, organiser et surtout gagner une compétition continentale et mondiale permet aussi cette cohésion nationale que nous voyons tout le temps lors des tournois sportifs. Ainsi, du « Nation branding », le sport peut aussi aller vers le « Nation building »…
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LE VIOL, CETTE PLAIE BÉANTE DE LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE
"Si tu racontes, je vais te tuer." Ces, prononcés par un violeur à sa victime de 23 ans, illustrent la double peine des survivants d'agressions sexuelles au Sénégal : subir l'horreur, puis être condamnées au silence
Le viol continue de faire des ravages au Sénégal, où chaque jour de nouveaux cas font la une des médias. Un récent reportage met en lumière le témoignage bouleversant d'une jeune femme de 23 ans, victime d'une agression sous la menace de mort, un drame parmi tant d'autres qui souligne l'ampleur du phénomène dans le pays.
Selon des enquêtes récentes, le Sénégal a recensé plus de 2000 cas de violence, s'inscrivant dans un contexte mondial alarmant où 223 millions de personnes sont victimes de violences. Pour la seule année 2014, plus de 1000 personnes, majoritairement des femmes, ont consulté pour des cas de divorce, de défaut d'entretien ou de violence conjugale.
"La majeure partie est constituée des femmes", confirme un spécialiste interrogé dans le reportage, précisant que "38% des dossiers aboutissent à une décision judiciaire". Cependant, ces sanctions, comme les 10 ans d'emprisonnement ferme et les 3 millions de francs CFA d'amende dans un cas mentionné, sont souvent jugées insuffisantes par les victimes et leurs proches. "On doit les condamner à vie. Ils ont laissé leurs femmes et leurs enfants et sont venus ici pour violer une petite fille innocente", s'indigne un témoin.
Les professionnels de santé alertent sur les multiples conséquences de ces agressions : traumatismes gynécologiques pouvant affecter la vie génitale future, risques d'infections graves comme le VIH/SIDA ou l'hépatite, et surtout des séquelles psychologiques durables. "C'est un acte qui détruit quelque chose de fondamentalement déterminant chez tout être humain : le sentiment de sécurité", explique un psychologue.
Plusieurs facteurs sont identifiés comme contribuant à la persistance de ces violences : le manque d'éducation, les mariages précoces sans préparation adéquate, et l'insuffisance d'encadrement pour les jeunes hommes concernant le respect des femmes.
Malgré l'existence d'un arsenal juridique au Sénégal, incluant la constitution, le code de la famille et l'adhésion à la déclaration universelle des droits de l'homme, les experts appellent à "une action dynamique et beaucoup plus élargie" impliquant autorités, système judiciaire et leaders religieux et coutumiers.
"L'islam interdit même qu'on fasse violence aux arbres. Tu n'as pas le droit de couper une branche dont tu n'as pas besoin, à plus forte raison de maltraiter un animal, à plus forte raison un être humain, à plus forte raison une femme qui est vraiment un être très fragile", rappelle un leader religieux.
Face à ce fléau, l'urgence de trouver des solutions efficaces est plus que jamais d'actualité, alors que de nombreuses victimes continuent de souffrir en silence, souvent dissuadées de porter plainte par la peur ou la honte.
PAR SIDY DIOP
L’IA, LÉVIATHAN NUMÉRIQUE OU BON SAMARITAIN ?
L’IA est là, prête à dégainer une réponse en quelques secondes. Plus rapide, plus efficace, infaillible… en apparence. Car à force de l’encenser, on en oublie qu’elle n’a ni conscience, ni éthique, ni libre arbitre...
L’intelligence artificielle est partout. Dans nos téléphones, nos voitures, nos bureaux. On la consulte, on la sollicite, on s’en émerveille. On lui prête des talents d’écrivain, de médecin, d’artiste, de stratège. Elle compose de la musique, rédige des discours, prédit des maladies, automatise des tâches, dessine des paysages imaginaires. Chaque jour, elle progresse, apprend, s’affine. Un miracle technologique. Ou une malédiction ? À en croire ses promoteurs, l’IA est le nouveau bon Samaritain.
Elle nous débarrasse des corvées, nous facilite la vie, nous assiste avec bienveillance. Besoin d’un texte bien tourné ? D’un diagnostic rapide ? D’un conseil juridique ? L’IA est là, prête à dégainer une réponse en quelques secondes. Plus rapide, plus efficace, infaillible… en apparence. Car à force de l’encenser, on en oublie qu’elle n’a ni conscience, ni éthique, ni libre arbitre. Elle ne pense pas, elle calcule. Mais qui s’en soucie ? Les géants de la tech investissent des milliards pour la rendre encore plus performante, plus omniprésente. Gouvernements, entreprises, chercheurs rivalisent d’enthousiasme. L’IA est l’avenir, proclament-ils, et gare à ceux qui oseraient en douter. Un sceptique qui s’inquiète des dérives potentielles est immédiatement classé parmi les réfractaires au progrès. Il y a pourtant matière à s’interroger. Que devient la créativité quand on délègue tout à une machine ? Que reste-t-il du plaisir d’écrire si un algorithme peut composer un texte en quelques clics ?
Que vaut une œuvre d’art née d’un programme plutôt que d’un artiste ? L’IA ne se contente pas d’assister, elle remplace. Elle ne suggère plus, elle décide. Les médias s’en emparent pour générer des articles, les étudiants l’utilisent pour rédiger leurs dissertations, les entreprises s’en servent pour automatiser le recrutement. Progressivement, elle se substitue aux professions intellectuelles, sans bruit, sans révolte. Qui oserait s’indigner contre un outil aussi pratique, aussi brillant ? Mais il y a pire que la paresse qu’elle induit : la dépendance qu’elle crée. À force de se reposer sur l’IA, on oublie comment réfléchir par soi-même. On lui confie tout, y compris nos jugements, nos choix, nos décisions. Un Léviathan numérique s’installe, invisible mais omnipotent, façonnant notre monde sans que nous en ayons pleinement conscience.
L’IA peut-elle être une alliée plutôt qu’une menace ? Ses défenseurs assurent que oui. Grâce à elle, la médecine progresse, les tâches ingrates disparaissent, le savoir se démocratise. Elle permet d’explorer des mondes nouveaux, d’optimiser des ressources, d’inventer des solutions aux défis contemporains. Mais à quel prix ? Qui contrôle ces intelligences artificielles ? Qui décide de ce qu’elles apprennent, de ce qu’elles censurent, de ce qu’elles privilégient ? La promesse d’un monde plus intelligent cache un pouvoir concentré entre quelques mains, celles des multinationales qui possèdent ces technologies. Leur objectif n’est pas la philanthropie, mais le profit. L’IA, bon Samaritain ? Peut-être. Mais gare à ne pas se retrouver, demain, otages d’un outil que nous n’aurons pas su encadrer. Car le vrai danger n’est pas l’IA elle-même, mais la fascination aveugle qu’elle suscite.
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LE PAVÉ DANS LA MARE D’AÏSSATA TALL SALL
La députée a souligné ce jeudi, en marge de l'examen des projets de résolution relatifs à la mise en accusation de cinq ex-ministres, les risques d'une procédure sans appel possible et d'une confusion des pouvoirs où l'Assemblée se transforme en procureur
Lors d'une séance mouvementée à l'Assemblée nationale ce jeudi 8 mai 2025, la députée de l'opposition Aïssata Tall Sall a livré une intervention remarquée concernant l'examen des projets de résolution relatifs à la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute Cour de justice.
Dans un discours empreint de rigueur juridique, l'ancienne ministre, avocate de profession, a d'abord rappelé la nature exceptionnelle de cette juridiction héritée de la tradition française. "La Haute Cour de Justice statue en premier et dernier ressort. Sauf révision du procès, il n'y a aucune voie de recours ouverte à son encontre", a-t-elle souligné, appelant ses collègues à "bien réfléchir avant d'envoyer quelqu'un" devant cette instance.
La députée a particulièrement insisté sur le rôle ambigu joué par l'Assemblée nationale dans cette procédure. "Ce sont les députés qui prononcent l'acte d'accusation. Nous avons pris la place du procureur", a-t-elle affirmé, remettant en question la séparation des pouvoirs souvent invoquée. "À cet instant, il n'y a pas de séparation de pouvoir. L'Assemblée nationale est aujourd'hui dans la position d'un procureur de la République maître des poursuites."
Aïssata Tall Sall a également dénoncé ce qu'elle considère comme une violation du principe fondamental de la présomption d'innocence. Selon elle, les dossiers présentés ne reposent que sur "des déclarations de DGES contre des ministres" sans présomptions solides. "Les déclarations, aussi fortes soient-elles, ne peuvent pas être qualifiées de présomption", a-t-elle martelé.
Tout en réaffirmant sa confiance en l'indépendance de la justice sénégalaise et notamment en la commission d'instruction "présidée par un magistrat en qui nous pouvons faire confiance", elle a appelé ses collègues à faire preuve de retenue dans leurs commentaires et à laisser les juges "faire leur travail selon leur conscience et selon la loi".
En conclusion de son intervention, l'ancienne ministre a défendu l'intégrité des cinq ministres concernés qui, selon elle, "ont servi la République" et "étaient rigoureux dans le sacerdoce qui leur incombait". Se définissant comme "députée pour la loi universelle et impartiale" et rappelant son statut d'avocate avant tout, Aïssata Tall Sall a fermement rejeté la mise en accusation proposée, la jugeant "illégale" car "aucune présomption n'a été prouvée". Elle a averti que voter une telle mesure porterait atteinte "à la justice, au droit et à la règle de droit".
Cette intervention survient dans un contexte politique tendu alors que l'Assemblée doit se prononcer sur le sort judiciaire de cinq anciens ministres, une décision qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l'équilibre institutionnel du pays.
EFFONDREMENT MORTEL D’UN IMMEUBLE À NGOR
Un bâtiment s’est écroulé ce jeudi faisant deux morts et un blessé grave. Les secours, déployés rapidement sur les lieux, ont extrait des décombres un ressortissant arabe, un Sénégalais établi en France, et un citoyen franco-sénégalais grièvement blessé.
Un immeuble de plusieurs étages s’est effondré ce jeudi 8 mai 2025 à Ngor, à proximité de la station Shell, plongeant le quartier dans la stupeur. Les opérations de secours, menées par les sapeurs-pompiers, ont permis de dégager deux corps sans vie des décombres ainsi qu’un blessé dans un état critique.
Selon les premières informations recueillies par Seneweb auprès de sources proches de l’enquête, le blessé, un citoyen français d’origine sénégalaise, a été évacué d’urgence vers l’hôpital militaire de Ouakam dans la matinée. Les victimes décédées sont, quant à elles, un ressortissant d’un pays arabe et un Sénégalais établi en France.
À ce stade, les causes de l’effondrement restent inconnues. Une enquête a été ouverte par la brigade de proximité de Ngor afin de déterminer les circonstances exactes du drame. Les autorités appellent à la prudence et à la patience, le temps que toute la lumière soit faite sur cette tragédie.
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COMME UN AIR DE RÈGLEMENT DE COMPTES
Selon Thierno Alassane Sall, pendant que certains sont poursuivis, d'autres rapports tout aussi accablants sont « mis sous le coude » car les personnes concernées ne sont pas opposées au régime de Diomaye
Dans un entretien accordé à TV5 Monde ce jeudi 8 mai, Thierno Alassane Sall, président du parti République des Valeurs, n'a pas mâché ses mots concernant la décision du Parlement de renvoyer cinq anciens ministres devant la Haute cour de justice pour malversations présumées. L'opposant y voit clairement « un air de règlement de comptes » orchestré par le nouveau pouvoir.
« La reddition de comptes ne nous pose aucun problème », affirme d'emblée l'ancien ministre, reconnaissant l'existence d'un rapport de la Cour des comptes datant de 2022 qui « pose des faits assez troublants ». Cependant, il dénonce une application sélective de la justice, pointant du doigt d'autres rapports tout aussi accablants qui auraient été « mis sous le coude » car concernant des personnalités « pas aussi franchement opposées à l'actuel régime ».
Pour illustrer ses propos, Thierno Alassane Sall cite le cas de l'ancienne ministre Salimata Diop, poursuivie pour environ 40 millions de francs CFA, alors qu'une affaire impliquant l'Office national des assainissements (ONAS), où un véhicule de 80 millions aurait été offert au directeur général, n'a connu aucune suite judiciaire malgré une plainte déposée par Sall lui-même.
« Nous aurions aimé que le débat ne fût pas seulement judiciaire », déplore l'opposant, estimant que cette « opération de règlement de comptes » sert d'écran de fumée au nouveau pouvoir pour « excuser d'avance l'incurie et l'incompétence » face aux graves difficultés économiques que traverse le pays.
Cette justice à « deux vitesses » se manifesterait également dans la répression ciblée des critiques du régime. « Des jeunes influenceurs ou chroniqueurs sont mis aux arrêts simplement parce qu'ils émettaient des critiques assez virulentes », alors que « des gens du Pastef qui profèrent des insultes très graves à l'endroit de l'opposition ne sont nullement inquiétés », souligne-t-il.
Le président du parti République des Valeurs fustige par ailleurs l'attitude du Premier ministre qui, « du haut de la tribune de l'Assemblée nationale », aurait menacé de « réduire l'opposition à des résidus » et de s'en prendre à ceux qui critiquent le pouvoir sur les réseaux sociaux.
Face à cette situation, Thierno Alassane Sall a refusé de participer au dialogue politique national prévu le 28 mai, qu'il qualifie de « mascarade ». Selon lui, ce dialogue n'a pas pour objectif de faire progresser la démocratie sénégalaise mais plutôt de « modifier les lois électorales, limiter les partis politiques et trouver les mécanismes pour asseoir davantage leur pouvoir ».
Le député regrette que le gouvernement s'évertue à « poser de faux problèmes » et à « chasser les opposants » au lieu de s'attaquer aux défis urgents du pays, notamment le retard économique et le dysfonctionnement des universités, qui accusent près d'un an de retard sur le calendrier académique mondial.