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24 mai 2025
LA SANTE PARALYSEE AUJOURD’HUI ET DEMAIN
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété une grève de 48 heures qui débute aujourd’hui. Le non-respect de leur plateforme revendicative est à l’origine de cette grève décidée par les médecins intervenant dans les hôpitaux publics.
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété une grève de 48 heures qui débute aujourd’hui. Le non-respect de leur plateforme revendicative est à l’origine de cette grève décidée par les médecins intervenant dans les hôpitaux publics.
«Devant l’absence d’action concrète du gouvernement dans le sens d’un dialogue et d’un consensus pour solutionner nos revendications, le Sames est au regret de poser ce jour le premier acte de son plan d’actions qui consiste en une grève générale de 48 heures, avec respect strict des urgences sur tout le territoire national, les 18 et 19 février 2025», a annoncé Diabel Dramé, Sg adjoint Sames chargé des affaires médicales, lors d’une conférence de presse tenue dans les locaux de l’Ordre national des médecins. Les 14 rencontres que la Sames a eues avec l’Etat, n’ont abouti à rien selon les responsables syndicaux qui ont rencontré le ministre de la Santé le jeudi dernier. «Aujourd’hui, en faisant l’analyse de ces 14 rencontres, on se rend compte que l’Etat du Sénégal n’a jusqu’à présent rien arrêté avec nous de concret. Aucune proposition concrète sur ces revendications n’a été apportée par l’Etat du Sénégal. C’est ce qui motive d’ailleurs la démarche d’aujourd’hui. Donc jusqu’à présent, on n’a pas avancé d’un iota. L’Etat a réaffirmé, à travers les différentes rencontres, le bienfondé des revendications que nous posons sur la table, mais aucune solution, aucune proposition concrète n’a été apportée», précise par ailleurs Dr Mamadou Demba Ndour, Sg du Sames.
Leur plateforme revendicative, qui remonte à décembre 2023, «embrasse 84 points de revendication»,mais le Sames«apris sur lui l’initiative, dès le début, en décembre, de synthétiser et de se focaliser sur six points essentiels, voire sept».
Les revendications tournent essentiellement autour «du recrutement des médecins pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans la Fonction publique pour soulager les structures sanitaires, la gestion démocratique des ressources humaines à travers un appel à candidatures lors des nominations à des postes de responsabilité». D’ailleurs, ils disent que le secteur de la santé, ayant des ressources de qualité, pourrait être le précurseur de cet appel à candidatures prôné par les nouvelles autorités. L’autre point concerne le régime indemnitaire qui, selon eux, «souffre d’une incohérence et d’une injustice notoires au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes».
La construction progressive de nouveaux hôpitaux au niveau des départements pour rapprocher les soins de qualité des populations ainsi que l’accélération de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle, en passant par le remboursement de la dette de la Cmu due aux structures sanitaires, sont contenus dans la plateforme revendicative du Sames.Ce syndicat exige la matérialisation du statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux qui tarde à être faite, ce qui rend ces derniers très vulnérables sur le plan socio-professionnel.
LE SAMES REJETTE TOUTE IDEE DE BAISSE DES SALAIRES
Les responsables de ce syndicat estiment qu’au vu du traitement qui leur est réservé en matière salariale, ils méritent plus d’être revalorisés que de se faire appliquer une baisse.
Le Sames n’est pas prêt à accepter la baisse des salaires annoncée par les membres du gouvernement. Les responsables de ce syndicat estiment qu’au vu du traitement qui leur est réservé en matière salariale, ils méritent plus d’être revalorisés que de se faire appliquer une baisse.
La baisse des salaires évoquée par des membres du gouvernement ne concerne pas le Sames, affirment les responsables du Syndicat autonome des médecins et chirurgiens-dentistes du Sénégal. Ils estiment même que leur traitement salarial devrait être revu à la hausse, au lieu de faire l’objet d’une diminution.
«Au niveau du Sames, on aura une revalorisation de notre rémunération parce que c’est une rémunération qui a été assez catastrophique pendant des décennies, et cela plombe la qualité des services qui sont offerts par les structures de santé», affirme Mamadou Demba Ndour, Sg du Sames, qui intervenait hier, lors de la conférence annonçant la grève de 48 heures. Cette baisse de salaire doit être appliquée, selon le Sames, à d’autres salariés beaucoup mieux lotis que les médecins.
«Cette baisse de salaire concerne les corps de l’Etat qui ont toujours été choyés, qui ont toujours été favorisés par rapport aux autres. C’est à ceux-là qui profitent d’avantages que l’Etat leur a conférés, avantages ne répondant ni à leur niveau d’études, ni à la pénibilité de leur travail, ni à la charge de leur travail, d’être les premiers dans l’austérité», avance le Sg du Sames.
Quid de l’appel de l’Etat à se serrer la ceinture à cause d’un contexte de crise économique ? Le Sg du Sames l’écarte de la main.
«La position du Sames est claire. Le pays vit une situation économique, d’après le gouvernement, qui laisse à désirer. Donc, il faudrait, dans les mesures, relancer l’économie du pays. Pour cela, il faut des bras valides. Et pour que les bras soient valides, il faut qu’ils soient en bonne santé. Donc, dans les secteurs qui doivent faire un effort en termes de report de certaines revendications, la santé n’en fait pas partie. La santé est unsecteur sur lequel ondoit s’appuyer pour relancer l’économie du pays. Et sur cette base, on ne peut pas demander à ceux qui ont subi des injustices depuis fort longtemps, injustices connues de toutes les personnes informées dans ce pays, de concéder encore des sacrifices supplémentaires», défend Dr Mamadou Demba Ndour. Les sacrifices devraient concerner les plus nantis qu’eux en matière de traitement salarial. «C’est à ceux-là qui étaient favorisés par ce régime de rémunération dans la Fonction publique de faire des sacrifices, et c’est à eux qu’est destiné ce message. En tout cas, nous, du côté du Sames, estimons que le message du Secrétaire général du gouvernement ne nous est pas adressé.»
Panne de la radiothérapie de Dalal Jamm : les solutions du Sames
La panne de la radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye a été évoquée hier par le Sames. Les responsables de ce syndicat s’en désolent et disent avoir établi depuis longtemps le diagnostic pour que ce genre de chose ne se produise plus au Sénégal. «Le diagnostic, nous l’avions posé depuis longtemps. La qualité de la santé fait intervenir plusieurs déterminants, parmi lesquels l’infrastructure et l’équipement. C’est pourquoi le Sames, dans sa plateforme revendicative, a inséré ce renforcement de la carte sanitaire. Il est inconcevable que dans un pays comme le Sénégal, une seule machine de radiothérapie soit en panne et que les patients utilisateurs de ce service se retrouvent dans le désarroi. Parce qu’aujourd’hui, quand on fait le point au niveau national, la redondance n’existe qu’à Touba au niveau de l’hôpital Cheikhoul Khadim, ce qui est assez préoccupant pour la prise en charge de ces pathologies», regrette le Secrétaire général du Sames. «Donc, globalement, le Sames reste dans sa position de principe, qui est le renforcement de la carte sanitaire à travers de meilleurs équipements, à travers la construction d’infrastructures décentralisées, mais aussi à travers le volet ressources humaines pour une meilleure distribution de la santé.»
LE DISCOURS DE LA MÉTHODE
Macoudou Sène, administrateur civil, auteur du livre L’Administration d’Etat au Sénégal face au défi de la transformation, ces réformes incontournables, partage sa haute expérience de ces questions qui ont été remises sur la table par les autorités actuel
Propos recueillis par Bocar SAKHO |
Publication 18/02/2025
Macoudou Sène, administrateur civil, auteur du livre L’Administration d’Etat au Sénégal face au défi de la transformation, ces réformes incontournables, partage sa haute expérience de ces questions qui ont été remises sur la table par les autorités actuelles. Dans cet entretien, il donne les pistes pour la rationalisation des services publics. Dage de la Primature de 2019 à 2024, il est revenu sur la circulaire du Premier ministre relative aux missions à l’étranger dans le cadre de la rationalisation des dépenses publiques.
Vous avez publié un livre intitulé L’Administration d’Etat au Sénégal face au défi de la transformation, ces réformes incontournables. Que proposez-vous pour une administration plus performante ?
Vaste question d’actualité englobante, s’il en est ! Dès lors, avant d’y répondre, permettez-moi de circonscrire le domaine de mon ouvrage qui porte uniquement sur l’Administration d’Etat.
L’Administration d’Etat comprend, d’une part, les services centraux, et d’autre part, les services déconcentrés ou extérieurs.
Autrement dit, le champ de mon ouvrage exclut les démembrements de l’Etat que sont les collectivités territoriales (départements et communes) et le secteur parapublic, qui disposent de leur propre administration.
La seule exception concerne les agences et structures assimilées, au titre des nouvelles tendances de l’Administration sénégalaise.
Cela dit, pour en revenir à votre question, mes propositions, les principales, pour une administration plus performante, portent sur l’Administration d’Etat au double plan central et déconcentré.
S’agissant de l’Administration centrale, il est proposé une réduction supplémentaire du nombre de départements ministériels, qui est bien réalisable. Le Président Macky Sall y était parvenu à son arrivée au pouvoir en 2012, faisant passer le nombre de ministères de trente-cinq (35) à vingt-quatre (24), avant de le faire repasser à trente-quatre (34), en octobre 2013. Aujourd’hui, le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a ramené cette taille à vingt-cinq (25). Toutefois, ce nombre pourrait être davantage réduit par un regroupement de certains ministères actuels : ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, ministère de la Fonction publique et du Travail, etc. Il y a aussi une rationalisation des agences et structures assimilées dont le nombre dépasse quatre-vingts (80).
Dans mon ouvrage, j’ai proposé une évaluation de ces structures, à l’effet d’identifier les doublons, les chevauchements. Ce travail déboucherait sur une suppression de certaines structures, une fusion d’autres ou encore une mutation de statut pour le reste.
J’ai également suggéré un respect strict des textes en la matière, qui imposent une étude d’opportunité et d’impact préalable à toute création d’agence. De même, l’avis du Bureau organisation et méthodes (Bom) est requis à cet effet. Dans le même ordre d’idées, il me semble nécessaire et urgent de redynamiser la Commission d’évaluation des agences, créée depuis juillet 2020, aux fins d’un meilleur encadrement de ces structures ; une rationalisation du rattachement ou de la tutelle des structures par la présidence de la République, la Primature et les ministères, dans le respect des vocations et attributions des organes d’administration générale. Cette mesure devrait aboutir à une réduction du nombre de structures rattachées à la Primature ou la présidence de la République.
Au titre des services déconcentrés ou extérieurs, il s’agit de revoir le découpage administratif en régions, départements et arrondissements, dont le nombre a connu une forte hausse. A titre d’exemple, le nombre de régions est passé de sept (7) en 1960, à huit (8) en 1976, dix (10) en 1984, onze (11) en 2002, et quatorze (14) en 2008 ; de renforcer les ressources humaines, financières et matérielles des services dont l’état d’indigence est évident ; de renforcer la déconcentration des pouvoirs des ministres au profit, notamment des chefs de circonscription administrative (gouverneur, préfet et sous-préfet), à l’effet de rapprocher davantage l’administration des administrés.
Concernant mes propositions détaillées, je renvoie vos lecteurs à mon ouvrage, dont vous avez bien voulu rappeler le titre plus haut.
On parle souvent d’un système obsolète. A votre avis d’Administrateur civil et haut fonctionnaire, pourquoi l’Administration ne s’est pas adaptée aux mutations sociétales et numériques très rapidement.
A mon avis, notre Administration s’adapte certes, mais peut-être pas, au rythme souhaité par ses usagers. A cet égard, il me plait de rappeler certains acquis en matière d’utilisation des technologies de l’information et de la communication (Tic) au sein de certaines administrations, notamment en termes de dématérialisation des procédures, telles que l’obtention d’une autorisation de construire, l’enregistrement d’un contrat de travail, le retrait de diplôme.
De même, la Direction générale des impôts et des domaines (Dgid) ainsi que la Direction générale de la comptabilité publique et du trésor (Dgcpt) ont obtenu d’importants résultats en matière de facilitation aux usagers s’agissant des procédures de paiement des impôts et taxes. Néanmoins, il faut davantage de diligence dans ce domaine, en vue d’une dématérialisation des cinquante (50) procédures inscrites au plan d’actions prioritaires du Programme d’appui à la modernisation de l’Administration (Pama). A terme, il est souhaitable d’arriver à une dématérialisation de toutes les procédures administratives.
Le Président Sall avait initié aussi le Programme d’appui à la modernisation de l’Administration. Dans le même sillage, le Président Faye a initié la première édition de la Conférence des administrateurs et managers publics (Camp), tenue le 20 janvier 2025 au Cicad. Cette conférence a été suivie du lancement des concertations nationales sur la réforme du service public, par le ministre chargé de la Fonction publique, le 23 janvier 2025. Pourquoi, il y a cette impression que les choses ne bougent pas comme on le souhaiterait ?
Je voudrais rappeler que les initiatives que vous venez de citer, ainsi que les précédentes ont, toutes, pour objectifs la modernisation de l’Administration.
Déjà, dans sa Déclaration d’investiture, prononcée devant l’Assemblée nationale, en septembre 1960, l’ancien Président du Conseil, feu Mamadou Dia, évoquait une réforme et une adaptation des structures administratives.
A mon goût, le sentiment de lenteur dans la mise en œuvre des réformes résulte de ce que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur des attentes légitimes des usagers de l’Administration.
En effet, les questions évoquées fort opportunément par le président de la République à l’occasion de la première édition de la Camp ne sont guère nouvelles. Qu’il s’agisse de la rationalisation des structures, du renforcement de la déconcentration ou encore de la réforme de la décentralisation.
Et le Premier ministre, M. Ousmane Sonko, ne s’y est pas trompé, en identifiant l’application des réformes comme le principal défi à relever pour en assurer le succès. C’était à l’occasion de la cérémonie de clôture de la première édition de la Camp.
J’ajouterai à ce défi, d’autres préalables à la réussite des réformes : volonté politique affirmée, pilotage à un niveau interministériel élevé, implication effective des agents et des usagers du service public, mobilisation des ressources nécessaires.
Permettez-moi d’insister sur la déconcentration, dont l’efficacité requiert sa nécessaire corrélation avec la décentralisation, notamment en ce qui concerne l’approbation des délibérations en matière domaniale et l’autorisation de lotir.
S’agissant du pouvoir d’approbation des délibérations en matière domaniale prises par le conseil municipal, il devrait être, à nouveau, conféré au sous-préfet, comme ce fut le cas avant 2020, dans un souci d’efficacité.
Par exemple, relève aujourd’hui de la compétence du gouverneur l’approbation des délibérations portant sur une superficie égale ou supérieure à cinquante (50) hectares, assortie de l’obligation de faire enregistrer l’arrêté y relatif au Secrétariat général du Gouvernement à Dakar.
Or, l’accomplissement de cette formalité, si jamais il aboutit, se déroule sur des mois, voire des années !
Il en est de même de l’autorisation de lotir relevant de la compétence du ministre chargé de l’Urbanisme, qu’il conviendrait, pour les mêmes raisons de diligence, de déconcentrer au profit des gouverneurs de région, conformément au régime juridique en rigueur jusqu’en 1988.
En ma qualité de maire de Niakhar, je suis persuadé que ces réformes sont de nature à prévenir les lenteurs notées dans ce domaine, favorisant des occupations irrégulières de l’espace.
Il s’agit là d’un plaidoyer pro domo porté par les maires du Sénégal, ainsi qu’il ressort des débats lors de leur l’atelier sur la gestion du foncier, tenu les 09 et 10 décembre 2024 à Dakar.
Ces questions s’inscrivent dans le cadre des réformes annoncées par le chef de l’Etat comme celle en vue de la décentralisation, notamment par l’instauration de pôles territoires. Que vont changer les pôles territoires surtout qu’on a déjà un système décentralisé très localisé ?
J’indiquais plus haut que la pléthore de circonscriptions administratives et de collectivités territoriales, notamment les communes, était synonyme d’émiettement, de découpage du territoire en entités peu viables au plan économique. (14 régions et 557 communes).
Dès lors, l’idéal serait de procéder à une fusion de certaines entités. Toutefois, vous vous en convenez avec moi, il s’agit là d’une question très sensible.
Ainsi, l’instauration de pôles territoires, qui constitueraient de grands espaces, pourrait être un remède à l’émiettement du territoire. Par exemple, le pôle centre regrouperait les régions de Fatick, Kaffrine et Kaolack, c’est-à-dire l’ancienne région du Sine-Saloum.
Ces pôles, au nombre de huit (8), seraient des aires géographiques disposant de centres majeurs et polarisant des réseaux de centres secondaires stratégiques, assurant leur animation économique.
Peut-on s’acheminer vers la suppression des postes de gouverneur comme en France, si l’on se souvient que le Président Wade l’avait évoqué avec son idée de provincialisation ?
En France, il existe plutôt des préfets de région qui assurent la coordination et la supervision de l’action des préfets de département, à l’exception de certaines matières telles que la sécurité.
A mon avis, aussi longtemps qu’il existera des régions composées de départements, administrés par des préfets, il y aura besoin d’une autorité chargée de la coordination de leur action, quelle qu’en soit l’appellation.
Aujourd’hui, tout le monde admet la nécessaire rationalisation de la pléthore de structures de l’administration (agences et structures assimilées, etc.), source de doublons, de chevauchements de compétences, pouvant déboucher sur des conflits. Cela doit être aussi une réforme majeure ?
Bien évidemment ! Cette rationalisation constituerait une réforme majeure pour deux (2) raisons principales. D’abord, elle permettrait de supprimer les doublons et chevauchements, gage d’efficacité de l’action administrative.
Ensuite, elle serait une source d’économies budgétaires substantielles, au regard du volume important des transferts annuels de l’Etat au profit des agences d’exécution et structures assimilées, au titre de leur fonctionnement, qui se chiffrent à plusieurs milliards de F Cfa.
C’est pourquoi, je voudrais saluer la décision du Premier ministre, annoncée lors du Conseil des ministres du 12 février 2025, tendant à une relance de la Commission d’évaluation des agences d’exécution (Ceae), dans le cadre de la rationalisation des dépenses publiques. Quid maintenant du sort des directeurs généraux dont les agences seraient supprimées et qui seraient de grands responsables politiques ?
Vous avez été Directeur de l’Administration générale et de l’équipement de la Primature. Quelle lecture faites-vous de la circulaire n⁰ 20/Pm/Msgg/Dage du 22 janvier 2025 relative aux missions à l’étranger dans le cadre de la rationalisation des dépenses publiques ?
Cette circulaire, à l’instar de tous les autres textes réglementant les missions à l’étranger, vise à rationaliser les dépenses y afférentes. A ce titre, il convient de s’en féliciter. En ma qualité d’ancien Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement (Dage) de la Primature en charge de ce dossier, je reste convaincu que certaines innovations de la circulaire du 22 janvier 2025, sous réserve d’une application stricte, pourraient contribuer à une rationalisation des dépenses consacrées aux missions à l’étranger. Il s’agit, notamment de la planification trimestrielle des missions et formations, susceptible de modification mensuelle, le cas échéant (Ce calendrier doit faire l’objet d’une autorisation du Premier ministre) ; de l’allongement du délai de dépôt à la Primature des demandes d’ordres de mission de dix (10) à quinze (15) jours ; de la réduction de la taille des délégations de dix (10) à trois (3) membres.
Il est évident que cette planification des déplacements pourrait permettre de réaliser des économies budgétaires par l’acquisition de titres de transports bien avant les départs en mission, dont le coût serait moins élevé.
Toutefois, le principal défi, ici, reste toujours celui de l’application des dispositions de la circulaire, notamment aux agents du secteur parapublic, auxquels s’applique la règlementation sur les missions à l’étranger. Il faut éviter absolument que les dérogations deviennent la règle, comme c’est souvent le cas au Sénégal, hélas ! A cet effet, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique devrait donner des instructions fermes à la police des frontières de l’aéroport, à l’effet de refouler tout agent qui ne serait pas muni d’un ordre de mission dûment signé par l’autorité compétente.
LA CHINE PEUT-ELLE REMPLACER L'OCCIDENT AU SAHEL ?
Alors que la France perd rapidement son influence dans la région du Sahel en Afrique de l'Ouest et qu'un un président américain imprévisible est au pouvoir, la Chine pourra t-elle combler le vide ?
Alors que la France perd rapidement son influence dans la région du Sahel en Afrique de l'Ouest et qu'un un président américain imprévisible est au pouvoir, la Chine pourra t-elle combler le vide ?
La région du Sahel couvre 10 pays : Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal et Tchad. Les troupes françaises ont été expulsées dans trois d'entre eux - le Mali, le Burkina Faso et le Niger - à la suite de coups d'État militaires. Le Tchad, le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont également mis fin à la présence militaire française.
Les troupes étaient présentes en raison de la menace sécuritaire posée par des groupes extrémistes tels que Boko Haram et la Province de l'Afrique de l'Ouest de l'État islamique.
Le Niger a aussi dénoncé un accord permettant le maintien d’environ 1 000 soldats américains engagés dans une mission de lutte contre le terrorisme, reprochant aux ÉtatsUnis une attitude « condescendante ».
Bien qu'il ait été justfifié que la présence des puissances occidentales n'a pas résolu les défis sécuritaires de la région, leur retrait crée un vide.
Je suis un chercheur en sciences politiques et en relations internationales qui étudie. les relations sino-africaines depuis plus de dix ans.
Je soutiens que Pékin pourrait tirer parti du vide au Sahel d'au moins trois manières : en augmentant ses investissements dans les minerais critiques ; en résolvant la crise de la Cedeao (due par la sortie du Niger, du Burkina Faso et du Mali du bloc régional) ; et en augmentant ses ventes d'armes.
Cela est d'autant plus vrai que la Chine n'est pas étrangère dans la région du Sahel. Par exemple, elle finance la construction du siège de la CEDEAO à Abuja, au Nigeria pour un montant de 32 millions de dollars US.
Trois avantages pour la Chine
Premièrement, la Chine pourrait étendre son influence, et les quatre prochaines années offrent d'énormes opportunités à cet égard.
L'approche transactionnelle et imprévisible que pourrait adopter Donald Trump en matière de relations internationales pourrait forcer les pays africains à se tourner vers la Chine. Par exemple, ils pourraient avoir besoin de l'aide de la Chine pour combler le vide créé par la décision des États-Unis de démanteler l'USAID et de geler l'aide internationale au développement.
Le Nigeria a rejoint le Brics en tant que pays partenaire quelques jours avant l'investiture de Trump. Le Brics est un groupe d'économies émergentes déterminées à faire contrepoids à l'Occident et à réduire l'influence des institutions mondiales. Il a été créé en 2006 et était initialement composé du Brésil, de la Russie, de l'Inde et de la Chine. Cette décision de la plus grande économie du Sahel est l'expression de son engagement envers la Chine. Elle pourrait avoir des répercussions sur d’autres pays sahéliens.
Ce vide offre à Pékin l'opportunité de renforcer ses investissements et sa position de premier bénéficiaire des minerais essentiels, tels que l'or, le cuivre, le lithium et l'uranium, dans la région du Sahel.
En 2024, la production d'or en Afrique de l'Ouest était estimée à 11,83 millions d'onces. Le Ghana, le Burkina Faso, la République de Guinée et le Mali étaient les principaux contributeurs.
Deuxièmement, la Chine est dans une position unique pour jouer un rôle dans la résolution de la crise de la Cedeao.
Suite aux coups d'État militaires, la Cedeao a sanctionné le Mali, le Burkina Faso et le Niger. La Cedeao a même menacé le Niger d'une invasion militaire. En réaction, les trois pays ont décidé de quitter la Cedeao pour former l'Alliance des États du Sahel.
En tant qu'acteur neutre dont la politique de non-ingérence s'applique aussi bien aux régimes civils que militaires, Pékin est en mesure de faire négocier la Cedeao et l'Alliance des États du Sahel avant la date de départ définitif du 29 juillet 2025.
Si elle réussit, la Chine ressemblerait davantage à une puissance pacifique, une image contestée par d'autres.
En s'appuyant sur ses projets de soft power comme les Instituts Confucius et les bourses d'études, la Chine pourrait se présenter comme le « sauveur » de l'intégration de la Cedeao.
A l’image de son soutien au projet ferroviaire Tazara qui a permis à la Tanzanie et à la Zambie de se doter d’une ligne ferroviaire, alors que les ÉtatsUnis et l’Europe étaient soit réticents, soit absents.
Troisièmement, il y a les ventes d'armes chinoises.
Les armes chinoises sont déjà présentes au Sahel. En 2019, le Nigeria a signé un contrat de 152 millions de dollars avec la China North Industries Corporation Limited (Norinco) pour acquérir des équipements militaires destinés à la lutte contre Boko Haram. Depuis lors, les drones et autres équipements chinois sont devenus un élément clé de la stratégie nigériane de contre-terrorisme.
Le retrait des pays occidentaux du Sahel pourrait donner un nouvel élan au marché des armes chinoises. En effet, ces pays seront probablement réticents à vendre des armes aux États sahéliens qui ont expulsé leurs forces.
Les sanctions contre la Russie ont également augmenté la probabilité de voir des armes chinoises dans le Sahel.
Par exemple, quelques mois après le départ de la France et des États-Unis de la région, certains rapports ont suggéré que des mercenaires russes dans la région du Sahel utilisaient des armes chinoises. Norinco, le premier fabricant d'armes de Chine et le septième fournisseur d'armes au monde, a ouvert des bureaux de vente au Nigeria et au Sénégal.
En juin 2024, le Burkina Faso a reçu 100 chars d'assaut de la Chine. Trois mois plus tard, le Mali a signé un accord avec Norinco pour renforcer sa lutte contre le terrorisme.
Une route semée d'embûches
Le principe de non-ingérence de la Chine peut convenir aux gouvernements civils et militaires du Sahel. Cet atout stratégique peut lui être bénéfique à certains égards, mais il comporte aussi des risques imprévus.
Les intérêts locaux dans la région sont souvent divergents, et l'implication croissante de Pékin pourrait être perçu – à tort ou à raison – comme un soutien à l’un des camps au détriment des autres. Cela pourrait exposer les intérêts chinois comme cibles potentielles.
Il reste incertain que la Chine ait la capacité ou la volonté de combler entièrement le vide laissé par les puissances occidentales évincées. Toutefois, à court terme, Pékin semble bien positionné pour tirer profit de la situation au Sahel.
OUSMANE DIAGNE PLAIDE POUR L’OPTIMISATION DES RESSOURCES FINANCIERES
Le Garde des Sceaux ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a plaidé hier, lundi 17 février, pour une rationalisation des ressources de l’Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA).
Le Garde des Sceaux ministre de la Justice, Ousmane Diagne, a plaidé hier, lundi 17 février, pour une rationalisation des ressources de l’Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA). Il présidait la réunion du Comité d’experts, une rencontre préparatoire de la 58e session du Conseil des ministres prévue ce jeudi 20 février 2025.
L e Garde des Sceaux, ministres de la Justice, Ousmane Diagne, par ailleurs présidant du Conseil des ministres de l’Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), souhaite l’optimisation des ressources allouées à cette organisation. «Je vous invite à veiller rigoureusement à ce que les ressources à allouer aux institutions de l’OHADA correspondent à des programmes d'activités claires, réalistes et réalisables, dans le strict respect des termes de la lettre de cadrage budgétaire», a-t-il exhorté hier, lundi 17 février, à la réunion du Comité des experts, une rencontre préparatoire de la 58e session du Conseil des ministres, prévue ce jeudi 20 février 2025. Ousmane Diagne trouve nécessaire que «les prévisions budgétaires de l'année intègrent tous les appuis financiers attendus des partenaires techniques et financiers de l’OHADA». Le ministre sénégalais de la Justice de rappeler également que «le Règlement n°002-2003-CM OHADA du 18 octobre 2023, relatif au mécanisme de financement autonome de l’OHADA est toujours d'actualité ; sa mise en œuvre effective et complète reste toujours attendue».
Pour Ousmane Diagne, «les difficultés de mobilisation des contributions des États membres ont atteint un seuil critique. Et si elles devaient perdurer, ces difficultés de mobilisation des ressources affecteraient bientôt jusqu'au fonctionnement régulier des actions et, bien évidemment, leur productivité aux dépens de la sécurité juridique, pour la promotion de laquelle nos efforts sont unanimement salués à travers le monde». Il est revenu également sur l’importance de désigner un Commissaire au compte de l’OHADA à qui il appartient de vérifier, dit-il, «la sincérité et la régularité des comptes annuels des institutions afin d'en faire rapport au Conseil des ministres»
Le secrétaire général de l’OHADA, Mayatta Ndiaye Mbaye, a, pour sa part, insisté sur les réalisations de la Cour commune de justice et d'arbitrage (de l’OHADA). «Nous avons eu une année 2024 féconde, dans un contexte marqué par des difficultés aiguës de mobilisation des ressources, les différentes institutions ont poursuivi l'exécution quotidienne de leurs activités avec des résultats plus que satisfaisants par rapport à la modicité des moyens disponibles. En particulier, la Cour commune de justice et d'arbitrage a rendu 381 arrêts et 73 ordonnances au cours de l'année 2024, enregistrant ainsi la plus grande performance de la cour depuis le début de ses activités en 2001», a-t-il affirmé
Après avoir salué des contacts avec des partenaires financiers afin de mobiliser des ressources, il a aussi rappelé que «des démarches diplomatiques et techniques sont entreprises vis-à-vis de la République de Madagascar et de la République du Burundi dans la perspective d'une extension territoriale de l’organisation».
DES FONCTIONNAIRES RECEVAIENT DES COMMISSIONS LORSQU’ILS ENDETTAIENT LE SENEGAL
Après les révélations accablantes du Rapport de la Cour des Comptes, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, en rajoute une autre plus fracassante
La révélation est de l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, qui a fait face à la presse hier, lundi 17 février 2025. Le président du parti l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) qui partageait son analyse sur le rapport de la Cour des Comptes, a déclaré avoir ouï dire que certains fonctionnaires du ministère des Finances percevaient des commissions lorsqu’ils endettaient le Sénégal. C’est dans cette optique qu’il trouve important que certains points évoqués mais, à son avis, de manière insuffisante dans le rapport, donnent lieu à débattre.
Après les révélations accablantes du Rapport de la Cour des Comptes, l’ancien Premier ministre, Abdoul Mbaye, en rajoute une autre plus fracassante. Face à la presse hier, lundi 17 février 2025, le président du parti Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT), qui trouve important que certains points évoqués dans le rapport mais, à son avis, de manière insuffisante donnent lieu à débattre. A l’en croire, «dans le rapport, on évoque les commissions, les taux d’intérêts élevés. J’ai appris que les fonctionnaires du ministère des Finances, à travers les Fonds communs, reçoivent des commissions lorsqu’ils endettent le Sénégal.»
Tout en affirmant la crédibilité de sa source, il ajoute que «cela veut dire : ‘’vous avez des intermédiaires qui reçoivent leurs commissions et vous avez aussi des fonctionnaires qui travaillent sur le dossier ou en tout cas qui délèguent le travail à des intermédiaires qui reçoivent une commission’’.» Enfonçant le clou, il fait remarquer : «cela veut que le fonctionnaire qui est au ministère des Finances est intéressé à voir le Sénégal s’endetter, est intéressé de voir la dette sénégalaise s’accroître. Et comment voulez-vous qu’on s’en sorte», s’est-il offusqué.
CES RÉFORMES QUI RISQUENT D’EMBRASER LE FRONT SOCIAL
Baisse annoncée des salaires, réduction des subventions sur l’électricité, suppression d’agences publiques…Un vent de contestation souffle de plus en plus fort au Sénégal
Un vent de contestation souffle de plus en plus fort au Sénégal. Les enseignants du supérieur, les médecins, les étudiants expriment leur mécontentement. D’autres secteurs qui ont connu une certaine accalmie, se font entendre avec force pour faire valoir leurs revendications socioprofessionnelles. Face à cette situation, on se demande si les réformes telles que la réduction des salaires et celle des subventions de l’électricité annoncées par le gouvernement ne vont-elles pas causer un embrasement du front social ?
Face aux défis budgétaires importants du Sénégal, il est urgent de trouver des voies et moyens pour une sortie de crise économique. Invité de l’émission Point de vue sur la RTS dimanche dernier, 16 février, le ministre secrétaire général du gouvernement, Ahmadou Al Aminou Lo a annoncé plusieurs réformes allant de la suppression de certaines agences publiques, la réduction des exonérations fiscales et des subventions sur l’électricité et le carburant pour une certaine couche, à la baisse des salaires élevés, entre autres. Cette annonce intervient quelques jours après la publication du rapport de la Cour des Comptes qui révèle de « graves irrégularités » dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024. « Les résultats de l’audit ont mis en exergue des manquements d’une gravité inouïe. Le poids de la dette du Sénégal est extrêmement important et a freiné nombre de nos ambitions et initiatives », a dit le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, samedi dernier. Il y a de cela quelques semaines, il avait aussi annoncé que l’Etat du Sénégal est confronté à des contraintes budgétaires majeures, laissant très peu de marges de manœuvres financières. Le constat est « alarmant », à en croire les autorités. Toutefois, les réformes annoncées risquent d’embraser le front social qui est déjà en ébullition.
Près d’un an après l’installation du nouveau régime, les protestations se font de plus en plus audibles. Plusieurs secteurs menacent et annoncent la couleur : éducation nationale, enseignement supérieur, santé. Le Syndicat autonome des Médecins, Pharmaciens et Chirurgiens-Dentistes du Sénégal (Sames) entame une grève de 48 heures ce mardi sur l’ensemble du territoire national, avec un service strictement limité aux urgences. Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) observe aussi une nouvelle grève de 48heures à partir de ce mardi 18 février. Quant aux étudiants, ils réclament leurs bourses et de meilleures conditions d’études. De l’autre côté, le Syndicat des travailleurs du secteur primaire a déposé un préavis de grève afin d’exiger le respect du protocole d’accord signé le 1er décembre 2022 par le ministère de la Fonction publique. Plusieurs syndicats se font entendre pour le respect des accords signés avec l’ancien régime. D’autre part, les vagues de licenciement se multiplient dans les structures publiques.
Au Port autonome de Dakar, à l’Aéroport international Blaise Diagne, au Commissariat à la Sécurité alimentaire et à la Résilience, des travailleurs se retrouvent au chômage. Dans d’autres secteurs comme la direction de l’Agence nationale de la sécurité routière (Anaser) et la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), il est proposé des plans de départ sociaux aux agents. Ce qui ne laisse pas indifférentes les centrales syndicales. Face à la presse vendredi dernier, elles ont dénoncé l’accumulation des problèmes rencontrés par les travailleurs notamment les licenciements qu’ils qualifient d’abusifs à l’image de ceux dans le secteur pétrolier, au port de Dakar ou dans les administrations. Parmi leurs préoccupations, il y a aussi le coût de la vie ainsi que les retards de paiement, voire le non-paiement des salaires. C’est pourquoi les centrales syndicales n’excluent pas d’aller vers une grève générale si le gouvernement ne répond pas à leurs revendications. Le front social bout donc comme un volcan qui peut se réveiller à tout moment. Ajoutées à cela, les réformes envisagées par le gouvernement, l´explosion peut faire mal.
LES MÉNAGES SOUS PRESSION
Les experts redoutent un séisme social alors que le gouvernement annonce des mesures d'austérité. La suppression des subventions sur les produits de première nécessité et la baisse des salaires font craindre un effondrement du pouvoir d'achat
Le gouvernement a décidé de prendre des mesures fortes pour apporter des solutions à la situation sombre des finances publiques. Parmi celles-ci, il y a la réduction des salaires de certains fonctionnaires, la suppression des subventions et des exonérations. Selon les économistes, ces mesures vont avoir des impacts négatifs sur les Sénégalais notamment le niveau de consommation des ménages.
Pour faire face à la situation « catastrophique » des finances publiques, le secrétaire général du gouvernement Ahmadou Al Amine Lo a fait une sortie avant-hier dimanche pour annoncer que l’Etat prendra un certain nombre de mesures. Parmi celles-ci, il a cité la réduction des salaires de certains fonctionnaires, la suppression de l’exonération ainsi que la suppression des subventions sur l’électricité, le carburant et l’eau. Des mesures qui vont avoir des impacts négatifs sur le niveau de consommation des ménages. « La plupart de nos entreprises vivent grâce à un certain nombre de subventions comme celle liée à l’énergie. L’arrêt de ces subventions peut donc favoriser la hausse des prix. Parce que les subventions permettent aux entreprises de maintenir les prix à un niveau moins élevé. Cela entrainera un abaissement des niveaux de consommation, et entrainera à court terme des pertes d’emplois. Parce que les entreprises vont se retrouver fragilisées. Ce qui peut mener à un processus de licenciement », a indiqué Dr Souleymane Keita, enseignant-chercheur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Selon lui, la suppression de ces subventions peut causer aussi une réduction des investissements.. « S’il n’y a pas de subventions, l’entrepreneur privé tout comme public ne peut plus être incité à investir. Quand on investit, on s’attend à ce que l’Etat nous accompagne », explique-t-il.
L’arrêt des subventions va également impacter les ménages modestes. Parce que, dit-il, la plupart des produits subventionnés que ce soit l’électricité ou le gaz profite à ces ménages. Ce qui peut accentuer les inégalités économiques. « Globalement lorsqu’une telle mesure est prise, il faut s’attendre à court terme à une augmentation générale des prix. Parce que tout simplement la plupart de nos produits sont des dérivés de l’énergie. Cela va avoir sûrement de l’impact sur le niveau de consommation des ménages », prévient-il.
Concernant la baisse des salaires de certains fonctionnaires, il pense que cela pourra entrainer une baisse du niveau de production des entreprises. « L’économie est un ensemble. Quand on parle d’économie, c’est la consommation et l’investissement. La consommation, c’est lorsqu’on a un pouvoir d’achat pour acheter des biens et des services. Mais quand vous baissez le salaire, déjà vous baissez le niveau de consommation et vous baissez par la suite, le niveau de production des entreprises, parce que l’économie, c’est la loi de l’offre et de la demande » a-t-il relevé. Toutefois, Dr Keita reconnait que l’Etat a pris ces mesures pour avoir des effets positifs sur les finances publiques. Selon lui, l’arrêt de ces subventions permettrait donc de réduire le déficit budgétaire
Pour sa part, l’économiste et enseignant-chercheur Mor Gassama pense que si l’Etat devrait supprimer la subvention, cela devrait être pour les couches aisées. « En principe, il ne devrait pas s’agir de baisser les subventions ou de les supprimer. Mais si on devrait le faire, c’est plutôt des subventions ciblées cela veut dire réserver la subvention aux couches défavorisées.», recommande-t-il.
S’agissant de la réduction des salaires, il souligne que s’il y a nécessité de le faire, ce serait plutôt les salaires des ministres, des directeurs généraux et des Pca. « D’après les résultats sortis du rapport d’audit des finances publiques qui a été publié par la Cour des comptes, forcément des mesures s’imposent. Il faudra penser à rationaliser les dépenses publiques. En ciblant les salaires des ministres, des directeur généraux et des Pca, on peut comprendre. Mais pour la plupart des fonctionnaires, je ne pense pas qu’on toucherait à leur salaire parce que déjà les gens se débrouillent pour joindre les deux bouts. Pour permettre aux entreprises de produire, il faudrait que les gens aient un pouvoir d’achat », a-t-il laissé entendre.
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