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23 mai 2025
BAKARY SAMBE ÉVOQUE DES INCOMPRÉHENSIONS PERSISTANTES
Le directeur régional de Timbuktu Institute souligne que le rejet de la politique française en Afrique découle davantage de divergences avec un modèle de coopération jugé obsolète que d’un véritable sentiment antifrançais.
Dakar, 16 jan (APS) – Le rejet de la politique française en Afrique est davantage lié à des ‘’incompréhensions persistantes’’ entre la jeunesse africaine et un mode de partenariat et de coopération jugé éculé qu’à un ‘’sentiment antifrançais’’, estime le directeur régional de Timbuktu Institute, Bakary Sambe.
Le rejet suscité par la politique française en Afrique, contrairement à ce qu’en disent certains analystes, ne résulte pas d’un ‘’sentiment antifrançais’’, a laissé entendre l’universitaire sénégalais.
Il faut plutôt parler d’‘’incompréhensions persistantes entre cette jeunesse africaine de plus en plus éduquée et informée et un mode de partenariat et de coopération qui ne correspond plus aux exigences de l’époque actuelle’’, a-t-il déclaré.
‘’C’est pourquoi cette jeunesse appelle à revoir les partenariats et les formes de coopération afin d’instaurer un partenariat gagnant-gagnant, comme le prônent certaines autorités, mais aussi pour obtenir une meilleure prise en considération des relations entre le Nord et le Sud’’, a souligné M. Sambe.
Il intervenait à la présentation d’une étude intitulée ‘’Sahel-Afrique de l’Ouest : les coopérations sécuritaires et de développement à l’épreuve des perceptions locales’’.
Ce rapport élaboré par 48 enquêteurs couvre le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal et le Togo.
Le directeur régional de Timbuktu Institute a insisté, par ailleurs, sur la nécessité pour les pays africains de réinventer leurs stratégies sécuritaires en renforçant la coopération régionale.
Pour garantir une stabilité sécuritaire sur le continent, les pays africains se doivent d’adopter ‘’une stratégie adaptée, tout en consolidant la coopération régionale’’, affirme-t-il.
‘’Des controverses’’
Concernant la volonté du Burkina Faso, du Mali et du Niger de sortir de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, Bakary Sambe préconise la mise en place d’accords bilatéraux.
Le Sénégal, propose-t-il, ‘’peut jouer un rôle très important en devenant un hub en matière de coopération sécuritaire, grâce à ses écoles de formation, ses programmes de renforcement de capacités et les milliers d’officiers africains formés dans le pays’’.
Il a signalé, s’agissant de la perception des présences militaires étrangères, que les tendances les plus négatives sont relevées au Niger et au Togo.
En revanche, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, les jugements sont plus modérés, selon Bakary Sambe.
‘’Au Sénégal, la question des présences militaires étrangères n’est pas un sujet de débat public majeur, contrairement à des pays comme le Niger, où le sujet suscite des controverses’’, a ajouté M. Sambe, fondateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique et enseignant-chercheur au Centre d’études des religions de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord).
Ses recherches portent sur les réseaux transnationaux, l’islam dans les relations arabo-africaines, ainsi que la radicalisation et le militantisme islamique au Sahel.
Expert des Nations unies, de l’Union européenne et de l’Union africaine, Bakary Sambe a participé à la création de la Cellule régionale de la lutte contre l’extrémisme du G5 au Sahel.
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LES ALLIÉS DE FARBA NGOM DÉNONCENT UNE "DÉRIVE AUTORITAIRE" DU RÉGIME
Dans un communiqué publié ce jeudi, les responsables et sympathisants de l'Alliance pour la République ont critiqué le pouvoir en place, l'accusant de mauvaise gestion, d'injustice, et de harcèlement envers l'opposition.
Dans un communiqué publié ce jeudi, les responsables et sympathisants de l'Alliance pour la République (APR) ainsi que les proches du député Farba Ngom ont fermement critiqué le régime en place, l'accusant de mauvaise gestion, d'injustice, et de harcèlement envers l'opposition. Ce document, qualifié de "résolution", a également réaffirmé le soutien indéfectible de cette coalition au député Farba Ngom qui est sur le point de perdre son imunité parlementaire.
Le communiqué pointe une année de gouvernance marquée, selon ses signataires, par des "pratiques autoritaires, des manigances politiques et une incompétence notoire". Ils dénoncent l'absence de mesures concrètes pour faire face aux défis économiques et sociaux du pays. Parmi les griefs, ils citent des scandales de corruption, des emprunts excessifs, la hausse du coût de la vie, et la suppression de programmes sociaux tels que les bourses familiales dans certaines régions.
"Où va notre pays ?" interroge le texte, qui critique également la suspension de grands chantiers d'infrastructures lancés sous le régime précédent. Il accuse le pouvoir en place de se concentrer sur des questions électorales au détriment du bien-être des citoyens.
Un acharnement ciblé contre Farba Ngom ?
Farba Ngom, député et figure influente du Fouta, serait, selon le communiqué, victime d’un "acharnement politique". Ses partisans dénoncent une procédure de levée de son immunité parlementaire qu'ils attribuent à une volonté de museler l'opposition dans cette région stratégique.
"Nous n’accepterons jamais qu’un régime indifférent aux besoins du Fouta élimine un de ses rares fils utiles à tous", peut-on lire dans le communiqué. Ils rappellent que Farba Ngom, malgré son influence, n’a jamais bénéficié de marchés publics ni de nominations, le présentant comme un homme au service exclusif de sa région et du Sénégal.
Face à cette situation, les signataires appellent les Sénégalais à combattre "l'injustice, le mensonge et la manipulation" et à exiger la justice pour tous. Ils réitèrent leur engagement à soutenir Farba Ngom et à défendre la démocratie et les droits des citoyens.
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LE CRI DU CŒUR D'AISSATA TALL SALL POUR FARBA NGOM
Alors que plane la menace d'une levée d'immunité parlementaire sur son collègue député, la patronne du groupe parlementaire d'opposition monte au créneau : « Ils marcheront sur nos cadavres », lance-t-elle à l'endroit de Pastef
La députée d'opposition Aissata Tall Sall a livré un plaidoyer vibrant ce jeudi 16 janvier 2025, en marge de la conférence de presse de protestation contre la procédure de levée d'immunité parlementaire visant son collègue Farba Ngom, mis en cause dans une affaire de plusieurs milliards de francs CFA.
Rapportant une conversation avec l'intéressé, la parlementaire a déclaré : « Farba Ngom m'a dit : 'Ma sœur, je sais que les jeux sont déjà faits parce que leur majorité écrasante est là pour écraser' ». Elle a ensuite martelé que l'opposition resterait « debout pour mener la résistance contre l'injustice, contre le mensonge, contre la loi du plus fort ».
Dans une intervention passionnée, l'ancienne ministre a rappelé que « le Sénégal n'a pas été bâti seulement le 24 mars » et que les nouveaux dirigeants ont « trouvé une nation unie et solidaire du FA jusqu'à la Casamance, de Dakar jusqu'au fin fond de Tambacounda ».
Son discours a atteint son paroxysme lorsqu'elle a lancé : « Le jour où ils voudront s'attaquer à la nation, à la République, défaire l'État, ils marcheront sur nos cadavres, mais on ne l'acceptera pas ». Elle a promis un combat sans merci, assurant que l'opposition serait « plus courageuse, plus déterminée et plus intelligente » que ses adversaires.
La parlementaire a conclu en affirmant que son groupe politique poursuivrait la lutte « tant à l'Assemblée nationale que sur le terrain politique », s'engageant à défendre « la vérité contre le mensonge » et « le Sénégalais contre une faction ».
ALPHA DIALLO, SAUVEUR DES EXCLUS DU SYSTÈME ÉDUCATIF
Figure emblématique du tourisme dans la région de Kédougou, il incarne l’espoir pour de nombreux jeunes. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales.
Figure emblématique du tourisme dans la région de Kédougou, Alpha Diallo incarne l’espoir pour de nombreux jeunes. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales notamment les jeunes filles et garçons exclus du système éducatif.
De prime abord, rien ne le distingue des autres membres du campement « Tako Mayo » dont il est le fondateur. Alpha Diallo est d’une simplicité déconcertante. A notre descente du véhicule, il serre, chaleureusement, la main à chacun de nous tout en présentant ses excuses. « La batterie de mon téléphone s’est déchargée et j’imagine que vous avez tenté de me joindre en vain. Je suis vraiment désolé », lance-t-il. L’accueil de ses collaborateurs est tout aussi chaleureux. Ils portent tous des tee-shirts rouges floqués de trois cases avec l’inscription « Guide Tako Mayo ».
Guide professionnel avec une trentaine d’années d’expérience, Alpha Diallo essaie de tracer son sillon dans le tourisme. Avec une certaine réussite même si, précise-t-il, les difficultés ne manquent pas.
Le premier guide de Dindéfélo se distingue par ses actions en faveur de sa communauté avec l’aide de son partenaire, la famille de Susana. Son parcours est jalonné de projets visant à améliorer les conditions de vie des populations locales. En partenariat avec l’association « Bassari », il a créé un centre de formation en couture pour venir en aide aux jeunes filles exclues de l’école publique. Les résultats parlent d’eux-mêmes. 128 filles sont déjà formées dans les métiers de la couture, de la broderie et du maraichage. Dix-sept sont en formation, 28 en attente. Beaucoup frappent à la porte de l’atelier, son centre de formation érigé au campement « Tako Mayo ». « La réussite des premières apprenantes a inspiré d’autres filles et leurs parents. Toutes les filles qui ont abandonné les études veulent suivre une formation au centre », renseigne Idrissa Camara, formateur à l’atelier.
Malgré la modicité de ses moyens, Alpha Diallo veut faire plus. L’homme a une philosophie particulière de la vie : pour lui, la richesse est dans le partage. « La fortune ne se mesure pas aux chiffres de mon compte bancaire mais aux réalisations faites au profit de ma communauté », affirme-t-il. Alpha Diallo a toujours le coeur sur la main, en mettant ses compétences et son énergie au service de ses concitoyens. Une manière pour lui de remercier toutes les personnes qui l’ont aidé à devenir ce qu’il est. « J’ai perdu mon père à l’âge de 15 ans et beaucoup de gens m’ont aidé, soutenu. Je dois rendre l’ascenseur à mes jeunes frères et soeurs », rappelle Alpha Diallo.
Conscient que tous les enfants de sa communauté n’auront pas la même chance que lui, il essaie de donner le coup de pouce salvateur. Avec son association, il construit des écoles, creuse des puits pour alléger les travaux des femmes et des jeunes filles notamment la corvée d’eau. « Si les femmes ont du temps, elles peuvent se livrer à des activités génératrices de revenus comme le maraîchage ou le petit commerce », confie Alpha Diallo.
Si les filles ne réussissent pas à l’école, il les récupère pour les former en couture et broderie, en posant deux conditions : pas de mariage avant 19 ans et obligation de terminer la formation qui dure 12 mois. Une fois inscrite, les apprenantes sont logées et nourries gratuitement pendant toute la durée de la formation. « L’internat permet de lutter contre les abandons. Les pensionnaires ou leurs parents ne pourront pas avancer des difficultés pour arrêter la formation », explique-t-il. Une bonne stratégie. Jusqu’ici, aucun abandon.
Un parcours d’altruiste
Installé à Afia 1 ou Thiabacaré depuis 2014, le chef de village ne s’attendait pas à autant de retombées à la création du campement. « L’implantation du campement à Afia 1 est une bénédiction pour tout le village. Grâce à Alpha Diallo, nos conditions de vie se sont considérablement améliorées. Nous n’allons plus à Dindéfélo ou à Kédougou pour se soigner », témoigne Amadou Oury Bâ. « J’ai vécu 25 ans hors du village dont une dizaine d’années à Dakar en exerçant de nombreux boulots (vendeurs de journaux, livreur, laveur de véhicule. Mais c’est la première fois que je vois un homme comme Alpha Diallo. Il investit sans compter et aide beaucoup les populations », renchérit Hawka Touré, la quarantaine habitant à Thiabacaré.
Marié à une épouse et père de trois enfants, Alpha Diallo est une âme généreuse. De son activité, il fait tout pour que les bénéfices rejaillissent sur toute sa communauté. Il a étendu la formation aux garçons en décrochage scolaire ou qui veulent bénéficier d’une formation professionnelle. Quarante-cinq garçons sont déjà formés en plomberie, soudure métallique, électricité et en conduite automobile. « Si les jeunes ont une qualification professionnelle, ils ne seront pas tentés par l’émigration irrégulière », explique Alpha Diallo. Pour donner plus d’ampleur à la formation professionnelle, dans ces métiers, il est en train de construire une école de formation à Dindéfélo, le chef-lieu de commune.
En créant le Campement « Tako Mayo », l’homme a concrétisé son rêve de développer une activité économique qui profite aux populations locales. Son campement est bien plus qu’un simple lieu de séjour. L’endroit est authentique et chaleureux, il permet au visiteur de se ressourcer en pleine nature tout en contribuant au développement du terroir. « Je pouvais faire comme mes collègues guides qui ont épousé des femmes blanches et qui vivent actuellement en Europe. Mais après des séjours en France et en Espagne, j’ai compris que ce ne n’était pas ma voie », avance-t-il.
Avec le recul, Alpha Diallo peut être fier de son parcours. Il emploie neuf personnes et parle autant de langues dont le français, l’espagnol, l’anglais. « Alpha Diallo est ce qu’il faut appeler un self made man. Avec une seule année dans l’école formelle, il s’est fait tout seul. Avec une passion démesurée pour le tourisme depuis sa tendre enfance, Alpha incarne ce qu’on appelle réussir au Sénégal », témoigne Carim Camara. Il est dithyrambique quand il parle de son ami. « On ne peut pas lister sans se tromper ses nombreux bienfaits pour les communautés locales. Il forme des centaines de filles sorties prématurément de l’école, construit des cases de santé, organise des journées de consultations gratuites. Il a redonné la vue à des dizaines de personnes souffrant de la cataracte, formé une cinquantaine de jeunes aux métiers du futur… Mieux, sa voiture transporte des malades au besoin. Alpha emploie plusieurs jeunes des villages. »
Le maire de Dindéfélo ne tarit pas non plus d’éloges sur le fondateur du campement « Tako Mayo ». « Alpha Diallo est un exemple inspirant de ce que peut être l’engagement d’un individu pour améliorer le quotidien de sa communauté », confie Kikala Diallo. Une belle reconnaissance.
LE SÉNÉGAL EN VOIE D’ÉLIMINER LE TRACHOME
Un dossier d’approbation sera prochainement soumis à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a annoncé le Dr Mactar Badiane, coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire.
Le Sénégal a atteint le stade d’élimination du trachome grâce aux progrès qu’il a réalisés dans le cadre de la lutte contre cette pathologie, a révélé, jeudi, le coordonnateur du Programme national de promotion de la santé oculaire (PNPSO), Dr Mactar Badiane.
»Un dossier d’approbation de l’élimination de la maladie en tant que problème de santé publique sera déposé au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) », a-t-il annoncé.
Le docteur Badiane prenait part à la 32e réunion annuelle du comité d’experts du trachome (CET). Cette rencontre a été clôturée jeudi à Dakar après deux jours de travaux.
Le Dr Badiane explique que »les progrès qui ont été enregistrés ont permis au Sénégal d’être aujourd’hui au stade d’élimination avec la soumission au niveau de l’OMS’’ de son dossier, ‘’élaboré et finalisé pour validation’’.
D’après le spécialiste, ces résultats sont le fruit des efforts consentis par l’Etat, à travers la mise en place d’un programme de santé oculaire pour lutter durablement contre cette maladie.
Depuis plus de deux décennies, a-t-il rappelé, des actions ont été menées contre la maladie, avec notamment des enquêtes de prévalence et une cartographie. Autant d’actions qui ont permis de cibler des régions mais aussi des districts sanitaires.
Il s’est agi d’ »essayer de mettre en œuvre des interventions et des actions afin d’avoir une lutte durable contre la maladie », a précisé le Dr Badiane.
La stratégie a aussi consisté à contrôler la maladie grâce à la mise en place d’une solution dénommée ‘’Chance’’, a expliqué le Dr Mactar Badiane.
Il a rappelé que beaucoup d’actions ont ‘’été menées, notamment la chirurgie mais aussi les distributions de médicaments de masse ».
Des actions de changement d’environnement, mais aussi de changement de comportement ont été menées sur les sites les plus touchés, facilitant en même temps pour les populations les plus touchées par la maladie, l’accès à l’eau et à l’assainissement avec l’appui de l’Etat, selon le médecin.
Les premières enquêtes menées en 2000 avaient permis d’estimer à presque plus de 25 000 le nombre de personnes atteintes de cécité à cause de la maladie. Le Dr Badiane rappelle en effet que la maladie est la deuxième cause de cécité au Sénégal.
C’est pourquoi l’OMS a demandé au pays de réaliser des enquêtes plus poussées au niveau district et au niveau communautaire, a-t -il indiqué.
Des enquêtes ont ainsi été menées au niveau communautaire en 2004, 2014 et 2022.
Les dernières enquêtes ont été effectuées dans les districts de Kédougou, Saraya et Salimata, pour avoir une cartographie complète de la maladie au Sénégal, afin d’avoir une stratégie de lutte beaucoup plus structurée.
LE TOGO N'EXCLUT PAS DE REJOINDRE L'ALLIANCE DES ÉTATS DU SAHEL
L'annonce a été faite par le ministre des Affaires étrangères Robert Dussey. Cette adhésion potentielle offrirait un accès stratégique à la mer aux pays de l’AES (Mali, Niger, Burkina Faso).
Le Togo n'exclut pas de rejoindre l'Alliance des Etats du Sahel (AES), a fait savoir le ministre des Affaires étrangères togolais à l'occasion d'un entretien jeudi avec la chaîne de télévision Voxafrica.
"C'est la décision du président de la République", a répondu le ministre Robert Dussey lorsque la question de rejoindre l'AES lui a été posée, jugeant pour sa part que "ce n'est pas impossible". "Demandez aux populations togolaises si le Togo veut entrer dans l'AES, vous allez voir leur réponse, je vous dirais qu'elles vous diront oui", a-t-il ajouté dans son entretien dont des extraits ont été rendus publics jeudi et dont l'intégralité sera diffusée jeudi soir.
Les trois pays qui forment l'AES (Mali, Niger et Burkina Faso), gouvernés par des régimes militaires hostiles à la France, ont annoncé en janvier 2024 leur volonté de quitter la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), une organisation rassemblant aujourd'hui 15 pays et qu'ils jugent instrumentalisée par l'ancienne puissance coloniale. Ce départ sera effectif le 29 janvier.
En développant leurs liens avec le Togo, les pays de l'AES, enclavés, pourraient s'assurer un accès à la mer via la côte togolaise et le port de Lomé afin d'importer et d'exporter des marchandises. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui ont chassé l'armée française de leur sol, coopèrent pour contenir les attaques récurrentes des groupes jihadistes, en même temps qu'ils se rapprochent militairement et politiquement d'autres puissances comme la Russie.
Le président togolais Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 à la suite de son père, s'est imposé peu à peu comme médiateur dans les différentes crises politiques qui agitent l'Afrique de l’Ouest depuis quelques années. Comme au Niger, où les militaires au pouvoir depuis juillet dernier lui ont demandé d'intercéder auprès de la Cedeao. Ce qui n’a pas empêché le régime putschiste d’annoncer son retrait de l’institution régionale ouest-africaine. Il s'était auparavant investi dans la crise malienne et les tensions entre Abidjan et Bamako.
"Pour nous aujourd'hui, le président Assimi Goïta est une chance pour le Mali", a déclaré Robert Dussey lors de son entretien télévisé. "L'Afrique est utilisée seulement pour servir les grandes puissances et ce n'est pas normal", a-t-il aussi déclaré.
M. Dussey prend régulièrement la tribune pour défendre les relations panafricaines. Ce qui n'empêche pas le Togo d'entretenir de bonnes relations avec l'Occident.
M. Gnassingbé multiplie également les efforts pour se rapprocher de l'Occident anglophone: le Togo a intégré le Commonwealth en 2022 et fait de l'œil à Washington pour bénéficier de programmes d'aide au développement.
L'ENQUÊTE QUI RÉVÈLE LES FAILLES DE L'AFFAIRE BASSÈNE
Le journaliste purge une peine à perpétuité pour un massacre qu'il n'aurait pas pu commettre d'après de nouveaux éléments explosifs. Son véritable crime semble être d'avoir voulu révéler les dessous d'un conflit très lucratif en Casamance
(SenePlus) - Une enquête du Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) jette un nouvel éclairage troublant sur la condamnation à perpétuité du journaliste René Capain Bassène, révélant de nombreuses irrégularités dans une affaire qui soulève des questions sur la liberté de la presse au Sénégal.
L'investigation menée par le CPJ fin 2024 dévoile un schéma inquiétant de témoignages obtenus sous la contrainte. "Ils me battaient constamment, me déshabillaient et utilisaient une matraque électrique sur mes parties génitales quand ils n'aimaient pas mes réponses", a confié Bassène au CPJ, décrivant son interrogatoire après son arrestation en 2018.
Cette violence systématique n'était pas réservée qu'au journaliste. Sept coaccusés ont déclaré au CPJ avoir été contraints d'incriminer Bassène. Le cas d'Ibou Sané est particulièrement édifiant : malgré un pistolet sur la tempe, il a refusé d'admettre connaître le journaliste. Son prétendu témoignage a pourtant été utilisé contre Bassène au tribunal.
Le profil de Bassène émerge comme celui d'un journaliste chevronné dont les investigations sur le conflit en Casamance devenaient gênantes. "Mon principe a toujours été d'aller chercher des informations à la source", a-t-il expliqué au CPJ. Son quatrième livre en préparation, intitulé "Un conflit qui nourrit plus qu'il ne tue", promettait des révélations explosives sur l'exploitation du conflit par certains acteurs.
"C'était un livre assez explosif dans lequel il mentionnait les organisations par leur nom et évoquait le problème de la coupe du bois", a confirmé au CPJ Xavier Diatta, proche du journaliste. Les menaces s'étaient multipliées, au point que selon son épouse Odette Victorine Coly, "il ne prenait plus les appels d'un numéro qu'il ne connaissait pas".
L'examen des documents judiciaires par le CPJ révèle des incohérences majeures dans l'accusation. Les prétendues réunions où Bassène aurait planifié les meurtres sont contestées par neuf participants présumés. La géolocalisation du téléphone de Bassène dans la forêt le jour du massacre est contredite par quatre témoins qui l'ont vu ailleurs. Des courriels présentés comme preuves comportent des anomalies flagrantes, notamment un message prétendument envoyé alors que Bassène était déjà en détention.
En prison depuis 2018, Bassène maintient son innocence : "Je suis prêt à passer ma vie en prison, mais ce que je ne supporte pas, c'est l'injustice de m'entendre dire que je n'ai pas été arrêté à cause de mon travail de journaliste", a-t-il déclaré au CPJ.
Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de pression sur les journalistes couvrant le conflit en Casamance. Le Sénégal, selon le recensement 2023 du CPJ, figure parmi les cinq pays africains qui emprisonnent le plus de journalistes, une situation préoccupante pour ce pays considéré comme l'une des démocraties les plus stables d'Afrique.
DAKAR LANCE UN PROJET DE 267,8 MILLIARDS POUR MODERNISER SON TRANSPORT URBAIN
Ce programme prévoit d’ici 2026 la création de 14 nouvelles lignes de bus, le déploiement de 400 autobus, et des aménagements pour fluidifier la circulation et améliorer durablement la mobilité urbaine.
Dakar s’apprête à franchir une nouvelle étape dans la modernisation de son réseau de transport en commun avec un projet de restructuration d’envergure. Estimé à 267,8 milliards de FCFA, ce programme ambitieux a été dévoilé lors d’un Comité Régional de Développement (CRD).
Piloté par le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) en collaboration avec l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE), le projet vise à améliorer la mobilité urbaine de manière durable et inclusive.
Ce projet, baptisé « Restructuration du Réseau de Transport en Commun » (RTC), prévoit plusieurs réalisations majeures d’ici 2026 avec la création de 14 nouvelles lignes de bus et modification de 11 lignes existantes.
S’y ajoute le déploiement de 400 autobus, capables de transporter 465 000 passagers chaque jour et le développement de 30 kilomètres de voiries et aménagement de neuf carrefours stratégiques pour fluidifier la circulation.
Ces travaux promettent de transformer les habitudes de déplacement des Dakarois, en offrant un réseau plus accessible, rapide et respectueux de l’environnement.
La première phase du projet, entamée le 30 mai 2024, devrait s’achever fin 2026. Elle impactera directement près de 3 000 personnes vivant sur les tracés des nouvelles lignes. Des mesures d’accompagnement seront mises en place pour minimiser les désagréments sociaux liés aux réaménagements.
L’objectif principal de ce projet est de résoudre les problèmes récurrents de congestion et de permettre aux habitants de Dakar de bénéficier d’un transport en commun fiable et efficace. En complément des récents succès du Train Express Régional (TER) et du Bus Rapid Transit (BRT), ce programme s’inscrit dans une vision globale de modernisation des infrastructures urbaines.
LE NIGER CORSE SES MESURES
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger a adopté le 13 janvier 2025 une ordonnance renforçant les règles d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers, dans le cadre des réformes en cours, pour garantir la sécurité...
Le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) du Niger a adopté le 13 janvier 2025 une ordonnance renforçant les règles d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers, dans le cadre des réformes en cours, pour garantir la sécurité nationale et réguler les activités économiques.
Une version plus exhaustive de l’ordonnance rendue publique le 13 janvier 2025 a été adoptée par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), sous la présidence de la Transition. Cette ordonnance N°2025-02 encadre les conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers au Niger dans le cadre des réformes en cours.
Le texte stipule que tout étranger doit présenter un titre de voyage ou un permis de séjour valide pour entrer sur le territoire nigérien.
Après trois mois, un permis de séjour ou une carte de résident devient obligatoire. Certaines activités économiques nécessitent une autorisation spécifique, dont les modalités seront précisées par des décrets à venir.
L’ordonnance distingue deux catégories d’étrangers : les « non immigrants » (diplomates, agents d’organismes étrangers et voyageurs en transit) et les « immigrants » (autres personnes). Cette classification détermine les documents requis pour l’entrée et le séjour.
La liberté de circulation des étrangers sur le territoire est garantie, sauf en cas de restrictions liées à des antécédents ou des comportements jugés problématiques, pour des raisons de sécurité nationale et d’ordre public.
Le texte prévoit également des mécanismes administratifs renforcés pour gérer les infractions. Le ministre de l’Intérieur ou, en cas d’urgence, les autorités policières peuvent décider de l’expulsion d’un étranger. Cependant, aucune expulsion ne peut être effectuée vers un pays où la sécurité de l’étranger serait menacée.
Ce cadre légal est censé marquer une avancée importante dans la gestion des flux migratoires au Niger, en renforçant le contrôle des entrées et du séjour des étrangers tout en protégeant les intérêts nationaux. Il intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre Niamey et plusieurs capitales ouest-africaines et occidentales.
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DE LA FRANCE, DE L’EUROPE, DU RESTE DU MONDE ET DU BON USAGE DE NOTRE TEMPS
Les débuts d’année offrent l’occasion de prendre un peu de recul par rapport à ce qu’on fait, par rapport à soi, par rapport à l’organisation de sa vie personnelle et professionnelle.
Les débuts d’année offrent l’occasion de prendre un peu de recul par rapport à ce qu’on fait, par rapport à soi, par rapport à l’organisation de sa vie personnelle et professionnelle. Et un certain nombre d’entre nous prenons des résolutions à cette occasion, avec des degrés de confiance très variables quant aux chances de les mettre en œuvre. L’exercice – même lorsqu’il ne débouche ni sur l’adoption de résolutions fermes ni sur un début de mise en œuvre effective – est utile.
Je l’ai proposé à mes collègues lors de notre première réunion d’équipe de l’année et cela donna lieu à trois heures animées et agréables d’échanges. J’ai orienté une partie de la discussion avec les collègues sur la gestion du temps au quotidien, en rappelant que chaque minute, chaque heure, chaque journée consacrée à une activité est une minute, une heure, une journée qui n’est pas utilisée pour une autre activité. Ce que chacun de nous fait de son temps est important pour soi mais aussi potentiellement pour la communauté ou les causes qu’on entend servir tout au long d’une vie.
Le discours du président français Emmanuel Macron lors de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs le 6 janvier dernier à Paris, très commenté dans les pays d’Afrique francophone mais aussi en France et dans la presse internationale, offre une bonne illustration de l’importance de faire attention à ce que l’on fait de son temps. Ce qui a été largement commenté et continue de l’être, ce sont les passages les plus discourtois et les moins diplomatiques du long discours du président français, qui ont concerné, sans grande surprise, les relations avec les pays africains où la France est intervenue militairement au cours des dernières années ou ceux où l’ancien pays colonisateur a maintenu une présence militaire permanente depuis les indépendances. Dans les deux cas, l’heure est au départ des forces françaises, à un rythme et dans des conditions qu’elle n’a en réalité pas choisis.
Comme à chaque sortie polémique du président français, les journalistes sollicitent les chercheurs, les analystes censés suivre ces questions. On peut passer une grande partie de son temps pendant plusieurs jours à répondre aux sollicitations des médias. Il y a bien sûr des choses utiles à dire, des faits à rappeler, des incohérences et des libertés avec la vérité à relever. Mais on devrait faire attention à ne pas y consacrer beaucoup de temps. En fait, les autres parties du discours du président d’un pays européen qui cultive toujours, beaucoup plus que tous les autres, son passé impérial, étaient réellement intéressantes, y compris pour nourrir la réflexion dans les pays africains sur ce que devraient être leurs priorités.
Il est utile pour les Africains de s’intéresser à la manière dont des pays comme la France, l’Allemagne, le Royaume Uni, la Pologne, la Turquie, l’Inde, le Brésil et bien d’autres, voient l’évolution de leurs sociétés, de leurs économies, comment ils appréhendent les changements géopolitiques mondiaux, comment ils anticipent les principales menaces sur leurs intérêts vitaux, comment ils perçoivent aussi les opportunités à saisir au cours des prochaines années et décennies. Il faut s’efforcer d’ignorer autant que possible les manifestations des egos des hommes de pouvoir pour se concentrer sur les orientations stratégiques de leurs appareils d’Etat alimentés par leurs institutions de savoirs.
Alors quelques éléments qui m’ont paru intéressants dans ce discours. Autant sur les deux priorités majeures que sont la sécurité et la prospérité, le président Macron a systématiquement parlé de la France et de l’Europe, exprimant une conscience claire de la dynamique des rapports de forces dans le monde et de l’impératif de construire des consensus européens sur les dossiers les plus stratégiques. « L'Europe est à la fois notre devoir et notre chance », a-t-il notamment affirmé, se montrant très lucide sur la relation avec les Etats-Unis : « Il y a fort à parier que dans 15 à 20 ans, la priorité américaine sera leur propre défense et sera beaucoup plus autour de la mer de Chine et dans cette région qu'aux confins de l'Europe. Si nous dépendons de la base industrielle et technologique de défense américaine, alors, nous aurons de cruels dilemmes et des dépendances stratégiques coupables. La question est de savoir si les Européens veulent, pour les 20 ans qui viennent, produire ce qui sera nécessaire à leur sécurité ou pas ».
Ne devrions-nous pas nous poser des questions de ce type dans les pays africains, individuellement et surtout collectivement, à l’échelle des régions ou dans le cadre de groupes informels d’États? Allons-nous continuer à dépenser des dizaines ou des centaines de millions de dollars dans des achats d’équipements militaires tous importés des autres continents pendant les 20 prochaines années? Le continent le plus jeune du monde qui a les besoins les plus extraordinaires en termes de création d’emplois peut-il se permettre de constituer seulement un marché pour les industries asiatiques, européennes et américaines dans une multitude de secteurs? L’industrie de défense n’est probablement pas le meilleur exemple mais quitte à devoir continuer à acheter des armes, ne devrions-nous pas créer les conditions pour faire émerger dans un horizon raisonnable quelques entreprises à capitaux africains dans le secteur?
La deuxième priorité mise en avant par le président Macron, c'est celle d’œuvrer à la prospérité française et européenne, « un combat existentiel » selon ses termes. Il prône une politique européenne industrielle et d'innovation volontariste et ambitieuse. Sans oublier d’évoquer la stratégie de sécurisation des approvisionnements en minerais rares et matériaux critiques, citant explicitement le lithium, l'uranium, le cobalt… Aucun pays sérieux ne joue pas avec cela. L’énergie, les technologies comme l’intelligence artificielle, la sécurisation de l’accès aux ressources naturelles les plus rares et les plus vitales pour les industries, ce sont là des sujets cruciaux pour la prospérité et pour la sécurité.
Ces sujets devraient aussi mobiliser l’essentiel du temps et des ressources humaines des institutions africaines. Le bon usage de notre temps exige de nous soustraire à tout ce qui distrait des sujets vitaux pour l’avenir du continent. Il exige aussi de prendre enfin conscience que nous n’avons individuellement aucune chance de défendre au mieux les intérêts des populations africaines d’aujourd’hui et de demain de manière isolée sur des enjeux qui sont aussi cruciaux pour les grandes, les moyennes et les petites puissances qui savent nouer des alliances et mutualiser leurs forces. Dans un monde bientôt rythmé par les déclarations de Donald Trump, Elon Musk, et de quelques autres figures influentes et égocentriques, il ne faut plus s’attendre à un minimum de délicatesse, d’élégance, de respect et d’intérêt pour le bien commun global. En Afrique, nous devons rester concentrés sur nos priorités fondamentales.