Il convient donc de protéger l’indépendance des magistrats en mettant en place un mode de rémunération transparent qui ne dépend pas du bon vouloir du chef de l’Exécutif
En 2006, un juge confiait au journaliste Abdou Latif Coulibaly :« Tous les chefs qui dirigent les hautes juridictions… et tous les chefs de parquets…émargent à la présidence de la République. Ils sont payés par l’Exécutif sous forme de dessous de table … ».
Ce procédé bancal et hypocrite est-il toujours en vigueur ?
« La rémunération constitue l’un des problèmes les plus importants de la condition de juge au Sénégal. », dixit Demba Sy.[i]
Dans l’ouvrage intitulé « Chantiers de Thiès : les faits », paru en 2006 sous la direction de Jacques Habib Sy, Aide Transparence y aborde une problématique qui est de nature à fragiliser l’indépendance de certains magistrats : il s’agit du versement en espèces de complément de rémunération à certains magistrats juges ou procureurs « sous forme de dessous de table », en violation des dispositions de la loi organique sur le statut des magistrats et de son décret d’application [ii] et de celles de la loi fiscale Le journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly consacre également des développements relativement importants à cette question dans son ouvrage « Une démocratie prise en otage par ses élites. Essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal », paru en 2006 chez l’Harmattan.
C’est de ces deux ouvrages que sont extraits les développements qui suivent.
« Le magistrat qui reçoit (des) fonds politiques… ne peut, par la suite, se prévaloir d’aucune indépendance de jugement ou même d’une éthique conforme au serment qui fonde sa profession... », dixit Aide Transparence Sénégal
D’après Aide Transparence Sénégal, « selon les reportages dans la presse (de l’époque) au sujet de l’audition de M. Idrissa Seck (dans l’affaire dite « Les chantiers de Thiès »), des chefs de juridiction semblent avoir reçu, sur une base régulière des sommes importantes d’argent venant (des) fonds politiques »[iii]. Aide Transparence Sénégal note: «L’argent de tous les Sénégalais ainsi mis à la disposition du camp présidentiel peut conduire à un état d’anarchie qui fragilise la stature dont les magistrats doivent se prévaloir, s’il est avéré…que de hauts magistrats auraient reçu, sur une base mensuelle et secrète, des sommes très élevées que l’on pourrait assimiler à une sorte de bakchich pour acheter le silence de certains d’entre eux qui se comportent avec complaisance devant les entorses à la loi et au viol des droits sociaux, politiques et économiques les plus élémentaires.
Le magistrat qui reçoit de tels fonds politiques, sur une base secrète et à un rythme aussi intense, ne peut, par la suite, se prévaloir d’aucune indépendance de jugement ou même d’une éthique conforme au serment qui fonde sa profession et son engagement social »[iv].
« Tous les chefs qui dirigent les hautes juridictions du pays et tous les chefs de parquets … sont payés par l’Exécutif sous forme de dessous de table… », dixit un juge
Pendant la préparation de son ouvrage précité, un juge a confié à Abdou Latif Coulibaly, dans un entretien en date du 22 mars 2006, ce qui suit :
« …. Je suis révolté par la médiocrité qui caractérise le milieu, l’incompétence de certains de mes collègues, le carriérisme de ses chefs qui ne sont plus rien que des commis des politiques. Je suis inquiet, pour dire le moins. Je ne peux pas comprendre que tous les chefs qui dirigent les hautes juridictions du pays et tous les chefs de parquets de leur rang émargent à la présidence de la République. Ils sont payés par l’Exécutif sous forme de dessous de table qui leur sont déposés en catimini par un gendarme qui fait la ronde des Cours et Tribunaux, à la fin de chaque mois » [v]».
Ce procédé bancal et hypocrite est-il toujours en vigueur ? En tout état de cause, nous estimons qu’une telle pratique fragilise l’indépendance du pouvoir judiciaire. Il convient donc de protéger l’indépendance des magistrats en mettant en place un mode de rémunération transparent qui ne dépend pas du bon vouloir du chef de l’Exécutif. « Protéger l’indépendance des juges dans l’intérêt des justiciables, c’est avant tout donner à ses titulaires, personnes et institutions, les moyens concrets d’exercer pleinement leur fonction. Le juge doit en effet bénéficier d’un traitement décent qui puisse le mettre à l’abri des tentations qui émaneraient tant du pouvoir politique que du monde économique [vi]».
Toutefois, la revalorisation de la fonction de juge doit aller de pair avec l’organisation d’ « un système de responsabilité plus effective des juges » (expression empruntée à A. L. Coulibaly). « Se pose alors, selon A. L. Coulibaly, une question somme toute légitime : n’est-il pas juste et souhaitable d’organiser la mise en œuvre de la responsabilité personnelle du juge, voire pénale de ce dernier, dans tous les cas où il obéirait à des ordres … dans sa prise de décision ? [vii]».
Pour conclure, nous laisserons la parole à Jacques Habib Sy et Habib Ndiaye : « Seule une Cour suprême et un Conseil constitutionnel suffisamment forts, indépendants des pouvoirs exécutif et législatif, et capable de garantir sa propre autonomie budgétaire, en conformité avec la loi, pourrait être en mesure d’assurer au peuple sénégalais une justice impartiale, parce que non corruptible par un pouvoir exécutif omniscient et disposant, au surplus, de l’argent public, à sa guise, comme s’il s’agissait de son patrimoine personnel »[viii].
[ii] Nous n’avons pas jugé utile d’évoquer ici l’allocation totalement arbitraire d’un salaire net d’impôts de cinq millions francs CFA aux chefs des hautes juridictions dans des conditions non prévues par la loi organique sur le statut des magistrats.
[iii]Aide Transparence. Commission indépendante d’investigation , « Chantiers de Thiès : LES FAITS » (sous la direction de Jacques Habib Sy), 2006, p. 196.
[iv]Ibidem. pp. 186-187. (Nous mettons en gras et soulignons).
[v] Abdou Latif Coulibaly, « Une démocratie prise en otage par ses élites. Essai politique sur la pratique de la démocratie au Sénégal », L’Harmattan, 2006, p. 114. (Nous mettons en gras et soulignons).
[vi] Selon la déclaration de l’AHJUCAF adoptée à Bruxelles le 10 octobre 2017 sur « Renforcer l’indépendance des Hautes juridictions par leur autonomie budgétaire », Revue Française de Finances Publiques n° 142, p. 34. (Nous mettons en gras).
[viii] Repris tel quel de l’ouvrage « Chantiers de Thiès : LES FAITS », p. 187.(Nous mettons en gras).
par Magaye Gaye
L'HÉRÉSIE DES STRATÉGIES ÉCONOMIQUES DU TOUT INFRASTRUCTURE EN AFRIQUE
Les projets de constructions de stades et de modernisation de bâtiments administratifs sont-ils pertinents dans un contexte chômage endémique des jeunes ? N’est-ce pas quelque part mettre la charrue avant les bœufs ?
Le 7eme forum international sur la finance islamique ouvert à Dakar ce 20 mai, et portant sur le thème : « Le financement des grands projets d’infrastructures des pays de l’Afrique de l’Ouest » constitue pour nous une occasion de choix de reposer la problématique de la pertinence des politiques d’infrastructures en Afrique.
Un organisme comme la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement (Cnuced) estime certes que l’Afrique perd 1 % par an de croissance économique par habitant en raison de son déficit d’infrastructures, mais la question est de savoir si ces politiques de financement du quasi tout infrastructure mises en œuvre par les gouvernants africains depuis des années peuvent économiquement être considérées comme la panacée pour l’Afrique.
Le propre des projets d’infrastructures est qu’ils sont très capitalistiques, en général peu rentables sur le court terme et parfois exigeants en ressources concessionnelles, lesquelles deviennent rares dans les pays prêteurs en crise. D’où la nécessité de conduire des études approfondies en termes d’opportunités, mais aussi d’alternatives moins coûteuses en matière d’investissement dans les infrastructures. Leurs spécificités résident aussi dans le fait qu’ils peuvent générer d’importants recrutements de main d’œuvre à court terme, mais constituent souvent des problématiques en phase d’exploitation : frais d’entretien élevés souvent peu supportables pour les budgets nationaux, contrats de concession (BOT, BOOT etc…) mal négociés, faible utilisation par les usagers, faible employabilité, etc. De ce point de vue, ce type de projets pourrait ne pas être une solution viable à l’emploi des jeunes dans un contexte où plus de 10 millions de chômeurs grossissent chaque année la population inactive en Afrique.
Depuis longtemps, cette tendance, voire cet effet de mode infrastructurel a mobilisé de nombreux décideurs sur le continent et englouti des centaines de millions de dollars sans résultats tangibles concrets. Ainsi elle n’a pas permis de booster par exemple, pour l’écrasante majorité des pays du continent, les Investissements directs étrangers (Ide) lesquels ne représentant que 3% des Ide dans le monde et se concentrent sur 5 pays (L’Egypte, l’Ethiopie, le Nigéria, l’Afrique du Sud et la RDC). Ce mode infrastructurel n’a pas aussi permis de développer le secteur privé encore moins réduire de manière drastique la pauvreté. Les besoins en infrastructures du continent sont estimés à 130-170 milliards de dollars EU par an, avec un déficit de financement de l’ordre de 68 à 108 milliards de dollars EU. Le moment n’est-il pas venu de changer d’option économique ?
Les politiques infrastructurelles peuvent constituer des orientations importantes si elles s’inscrivent dans de véritables stratégies de relance de la production nationale, de politiques de désenclavement et de promotion de la mobilité urbaine. Par exemple les projets d’infrastructures développés dans l’érection d’autoroutes urbaines, d’unités de production de mix énergie peuvent constituer de solides supports pour des stratégies économiques de substitution aux importations, de transformation de matières premières locales et d’exportation ; il est temps de réfléchir à des politiques d’infrastructures ciblées, calibrées en fonction des vrais besoins de l’économie ; à titre d’exemple, des infrastructures financières de soutien aux Pme, chainon faible des économies africaines sont à promouvoir pour lutter contre le taux de financement faible de l’économie.
Par ailleurs, l'Afrique fait face à des taux de croissance démographiques élevés ainsi que des villes en élargissement constant vers des banlieues de plus en plus loin des centres urbains. Cette situation implique des besoins en termes d’infrastructures notamment de transport de plus en plus importants et non satisfaits du fait d’une grosse pression sur les ressources disponibles. Aussi dans de nombreuses villes, les embouteillages font perdre beaucoup de temps et nuisent à la prospérité.
Face à une telle situation, la mobilité urbaine devient un enjeu majeur et le télétravail est incontestablement une solution à explorer.
Les avantages du télétravail sont très nombreux. Ce mode de travail peut en effet améliorer la mobilité en diminuant le nombre d’usagers de la route et semble pouvoir permettre un meilleur contrôle de l’émission des gaz carboniques. C’est un facteur favorisant en termes de santé en considérant que les travailleurs concernés sont moins stressés et plus épanouis. Il peut aussi augmenter la productivité du travail grâce à un meilleur épanouissement psychologique et familial. Il contribue également à améliorer la sécurité routière. Le télétravail est aussi un facteur potentiel de compétitivité pour les entreprises qui peuvent diminuer leurs charges d’exploitation en matières et fournitures grâce à un meilleur recours à la digitalisation sans compter des économies possibles en frais de transport, en dépenses de santé, etc. Bien entendu son impact sur la cohésion sociale et sur l’éducation des enfants peut être utile pour la collectivité.
Bien entendu, la mise en œuvre d’une telle stratégie requiert quelques pré requis: une culture de responsabilité, la nécessaire promotion d’une culture digitale efficiente grâce à des actions de formation et un investissement plus accru dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication et les dispositifs de surveillance, l’adoption d’une nouvelle législation du travail et une approche novatrice dans la relation employeurs-employés fondée sur la confiance, le contrôle à distance et la mesure des progrès accomplis.
Il urge aussi de se départir de ces tentations de mimétisme qui amènent à réaliser des projets grandioses soit disant modernes, mais qui s’avèrent en fin de compte de véritables «éléphants blancs». Les projets de constructions de stades et de modernisation de bâtiments administratifs sont-ils pertinents dans un contexte chômage endémique des jeunes ?
A côté d’une politique d’infrastructure ciblée, les autorités africaines devraient aussi investir dans la recherche développement, dans le renforcement des capacités entrepreneuriales, le recensement, la protection et la mise en application des nombreuses découvertes scientifiques et techniques recensées sur le Continent et trouver des stratégies efficaces d’appui à un secteur informel dynamique et innovant. Elles devraient aussi être plus regardante dans l’efficience des coûts de réalisation des infrastructures en étant plus exigeante dans les procédures de passation des marchés et dans les stratégies de lutte contre la corruption qui font perdre 50 milliards de dollars par an à l’Afrique. Sans oublier la pertinence des projets ciblés, véritables gâchis qui obéissent souvent à des impératifs politiques.
En conclusion, le moment est venu de se poser la question de savoir à quoi servent des politiques d’infrastructure qui n’arrivent pas à stimuler la production et à faire reculer la pauvreté ? N’est-ce pas quelque part mettre la charrue avant les bœufs ? Ne faudrait-il pas tester un autre modèle économique consistant à développer la production locale, créer de la valeur, digitaliser les économies et donner plus de moyens fiscaux à l’Etat et autofinancer plus facilement les infrastructures ?
Magaye Gaye est économiste international, Professeur à l’Institut Supérieur de Gestion de Paris.
LA DÉMOCRATIE EN QUESTION
Les tensions préélectorales au Sénégal, mais aussi la place de l'Afrique dans le monde au menu de ce Club sur DW Afrique dont l'invité est Hamadou Tidiane Sy
Les tensions préélectorales au Sénégal - l'opposition chiffre à 200 le nombre de personnes interpellées à travers le pays pour avoir manifesté en dépit de l'interdiction et appelle à de nouvelles manifestations - mais aussi la place de l'Afrique dans le monde au menu de ce Club dont l'invité est Hamadou Tidiane Sy, journaliste sénégalais et fondateur du site d'information Ouestaf.com.
REPRISE DU PROCES PROCÈS DE GUY MARIUS SAGNA ET COMPAGNIE
Après une longue pause, le procès de Guy Marius Sagna et compagnie vient de reprendre. On était aux plaidoiries de la Défense et du ministère public. La matinée a été consacrée à l’audition du principal accusé Guy Marius Sagna
Après une longue pause, le procès de Guy Marius Sagna et compagnie vient de reprendre. On était aux plaidoiries de la Défense et du ministère public. La matinée a été consacrée à l’audition du principal accusé Guy Marius Sagna.
L’activiste a rejeté en bloc les accusations portées contre sa personne malgré un interrogatoire corsé de la défense. Guy Marius est resté droit dans ses bottes. Les autres prévenus ont eux aussi nié d’avoir participé à la manifestation chacun y est allé de son alibi.
Le procureur demande au tribunal de condamner Guy Marius Sagna à une peine d’emprisonnement de deux ans dont 6 mois ferme. L’activiste est poursuivi pour provocation d’un attroupement non armé, participation à une manifestation non autorisée et actions diverses ayant entraîné la violence. Le Procureur a demandé au juge de maintenir les chefs d’inculpation compte tenu de la personnalité de Monsieur Sagna. Le procès se poursuit. Le verdict est attendu d’un moment à l’autre
BACCALAURÉAT GÉNÉRAL, TOUT EST AU POINT
Le directeur de l’Office du baccalauréat, le professeur Sossé Ndiaye, a assuré mardi, que "tout est au point", concernant l’organisation du baccalauréat général prévu le 14 juillet prochain.
Dakar, 28 juin (APS) – Le directeur de l’Office du baccalauréat, le professeur Sossé Ndiaye, a assuré mardi, que "tout est au point", concernant l’organisation du baccalauréat général prévu le 14 juillet prochain.
"On est dans la dernière phase et tout est au point. Pour le baccalauréat technique d’ailleurs, on est dans la phase d’organisation pratique sur le terrain de l’examen. Et pour le baccalauréat général, on y sera dans deux semaines’’, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse sur l’organisation du baccalauréat.
Selon le professeur Sossé Ndiaye, il ne reste plus que "la mise en place des sujets qui est presque bouclée".
Au total, "150.925 candidats vont prendre part à ces examens parmi lesquels 3.252 qui sont en train de composer pour le baccalauréat technique, les autres vont composer dans deux semaines pour le baccalauréat général’’, a-t-il fait savoir.
Selon lui, il est également prévu, une prise en charge spécifique à chaque type d’handicap, même les plus lourds.
"Il y’en a même qui vont venir ici à l’Office du bac et qui seront pris en charge. Il y’en a même qui ne peuvent pas écrire que nous prenons en charge d’une certaine manière. Maintenant, les non-voyants, on les regroupe à Thiès, au Lycée Malick Sy, parce qu’il y’a une transcription en braille qui doit être faite", a-t-il précisé.
Quant aux candidats malades, a signalé le directeur de l’Office du baccalauréat, "ils peuvent, après évaluation, postuler pour une session de remplacement’’.
Revenant sur l’organisation du baccalauréat général, il a renseigné que 9000 enseignants vont être affectés pour aller corriger les copies des élèves.
"Les convocations sont parties sur le terrain. (...) nous gérons parce qu’il y’en a qui seront indisponibles pour une raison pour une autre, il faut les remplacer. On le fait tout au long du processus", a-t-il expliqué.
Pour les présidents de jury, "nous avons fait leur formation depuis le mois de mai. On est dans la phase d’affectation. Et sur les 400, on a fini d’affecter 300 et quelques. Donc, on va bientôt boucler cette phase et, il restera maintenant la mise en route des présidents de jury", selon Sossé Ndiaye.
S’agissant des surveillants, a-t-il fait savoir, "les inspecteurs d’académie qui en rapport avec les inspecteurs au niveau délocalisé, vont gérer ce volet avec les chefs d’établissements où on organise l’examen".
Il a par ailleurs rappelé que "les autres formes de tricherie quelles qu’elles soient, qui sont bannies et réprimées au même titre que le port du téléphone assimilé à une tentative de fraude".
A ce propos, a-t-il martelé, "l’élève qui en est porteur de téléphone sera exclu du centre d’office et traduit en conseil de discipline".
L’ORDRE DE PASSAGE DES COALITIONS A LA RTS
Le CNRA a procédé, ce mardi, à la publication de l’ordre de passage des partis en lice pour les élections législatives du 31 juillet prochain, le dimanche 10 juillet 2022. Un tirage au sort qui a porté chance à la coalition Bokk Gis - Gis Liggey
Le CNRA a procédé, ce mardi, à la publication de l’ordre de passage des partis en lice pour les élections législatives du 31 juillet prochain, le dimanche 10 juillet 2022. Un tirage au sort qui a porté chance à la coalition Bokk Gis - Gis Liggey de l’ancien président de l’Assemblée nationale, Pape Diop. En 2e position arrive la Coalition Benno Bokk Yaakaar, la Grande Coalition Wallu Sénégal, la Coalition Naataange Askan Wi, la Coalition Yewwi Askan Wi, la Coalition les Serviteurs – MPR, la Coalition Bunt-Bi et la Coalition Alternative pour une Assemblée de rupture - AAR Sénégal suivront ensuite.
Pour la campagne électorale pour les législatives de 2022 va officielle démarrer le 9 juillet pour une durée de 21 jours. Ce tirage de passage a été fait en présence des mandataires des listes de candidats, a informé le CNRA.
Pour les jours suivants, il est effectué une permutation circulaire. Ainsi, note le communiqué du CNRA, pour le deuxième jour, l’émission de la liste de candidats passée la veille en premier lieu passe en dernier, celle de la liste de candidats passée en second lieu passe en premier lieu ainsi de suite.
4 ÉLÈVES PÉRISSENT DANS UNE BAIGNADE PARTY
Après les épreuves physiques passées le lundi 27 juin, des candidats au Bfem ont pris l’initiative d’aller faire une séance de baignade à la plage situé au nord du Lac Rose. Malheureusement quatre d’entre eux une fille et trois garçons se sont noyés.
Après les épreuves physiques passées le lundi 27 juin, des candidats au Bfem ont pris l’initiative d’aller faire une séance de baignade à la plage situé au nord du Lac Rose. Ces élèves en classe de 3 e d’après les informations qui nous sont parvenues, se baignaient au niveau d’une plage non autorisée et malheureusement quatre d’entre eux se sont noyés dont une fille et trois garçons.
Suite à cette tragédie, les gendarmes ainsi que les sapeurs-pompiers se sont transportés sur les lieux avant de retrouver deux corps sans vie. Une enquête est en cours au niveau de la gendarmerie.
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
LA TARTUFFERIE NÉOCOLONIALISTE BBY
EXCLUSIF SENEPLUS - La posture de Serigne Mbaye Thiam face aux critiques de la gauche française est signicative du faux semblant néocolonialiste exploité par la majorité présidentielle. La démocratie sénégalaise est devenue celle des rentiers
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 28/06/2022
« À bas les néocolonialistes ! », made in BBY (Benno Bokk Yakaar). C’est une nouvelle appellation d’origine protégée et contrôlée de la majorité présidentielle, en vogue au Sénégal. Cette improbation risque fort d’être la nouvelle devise de l’APR (Alliance pour la République) fort des prochaines échéances électorales où les luttes de pouvoir atteindront leur paroxysme et où la démocratie risque d’en pâtir.
Le camp présidentiel n’a guère gouté les critiques de l’opposition de la gauche française, en la personne d’Olivier Faure et de Jean-Luc Mélenchon. « Démocratie sénégalaise piétinée, liberté des manifestations entravée, justice instrumentalisée », c’est un langage fleuri sonkiste qui interpelle l’analyste des relations Afrique-France que je suis. Sans doute cette « ingérence » tweeteuse est-elle aussi en lien avec un calendrier de politique intérieure française. Passons !
L’indéboulonnable Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Eau et de l’Assainissement, a été l’un des premiers à dégainer l’arme fatale contre les toubabs : le paternalisme et les donneurs de leçons. Aux oubliettes l’internationale socialiste, peu lui importe ses anciens camarades de route, pas touche à la démocratie sénégalaise !
Ce mélodrame entre anciens camarades de jeu nous informe sur la recomposition en cours des familles politiques, également sur la scène internationale. Il est vraisemblable que la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) perçoit Ousmane Sonko comme l’homme providentiel de la gauche progressiste africaine. Cette solidarité internationale entre partis politiques est somme toute rationnelle. À ce propos, pas de paternalisme soupçonné alors que l’APR utilise la même rhétorique contre le Pastef et la NUPES (deux ennemis communs), de partis extrémistes ? Emmanuel Macron en fait de même ! Quelle coïncidence !
Arrêtons-nous un instant sur la posture de Serigne Mbaye Thiam, très significative du faux semblant néocolonialiste exploité par la majorité présidentielle dès lors qu’il est question en filigrane du troisième mandat.
L’ancien ministre de l’Éducation pourrait-il éclairer notre lanterne sur son déplacement à Paris le 19 janvier 2018 ? À l’invitation de l’Agence Française de Développement (AFD), il participa à une conférence sur l’école de demain pour l’Afrique. Le défenseur du panafricanisme a-t-il déjà vu une conférence sur l’avenir de l’école française se tenir hors de son territoire ? En Afrique, par exemple ? C’est vrai que, depuis 2018, après cette conférence, l’AFD, bras armé du néocolonialisme, finance l’éducation au Sénégal, à hauteur de 25 millions d’euros au titre de prêt et de 10 millions de subvention. L’argent du néocolonialisme (qui passe aussi par l’éducation pour imposer ses visions) n’a pas d’odeur !
Depuis qu’il est président de l’Union africaine (dont 50 % du budget est financé par l’Europe et la Chine), le président Macky Sall a pris de la hauteur. Apôtre d’une agence de notation financière africaine, de la réallocation partielle des Droits de tirages spéciaux et de nouvelles conditions d’accès au crédit export : excusez du peu ! Seulement, que je sache, une charrette n’a jamais fait avancer des bœufs. C’est encore en Occident, comme à l’OCDE, le 8 juin 2022, où les initiatives d’un nouvel ordre mondial économique sont discutées. À défaut de lobbying structuré, l’Afrique ne peut être que dans une position de quémandeuse, de subalternité, de dépendance. Que de temps perdu alors que des États africains avaient pris les devants en fondant le nouvel ordre économique international dans les années 60 !
Le porte-parole de BBY s’est lamenté face au néocolonialisme mental dont souffriraient Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon. Là-encore, Pape Mahawa Diouf pourrait-il éclairer notre lanterne sur l’audience de Nicolas Sarkozy avec le président Macky Sall, à Dakar, le 2 juin ? En la présence du ministre des Finances, l’insulteur de la civilisation africaine, le théoricien de la France décomplexée, l’émissaire de l’Élysée (Depuis les épisodes du Mali et de la Guinée, Emmanuel Macron est traumatisé par l’Afrique) et l’affairiste Françafrique (multi-membres de conseil d’administration de multinationales) ont été reçus en grande pompe (il s’agit bien sûr d’un seul et même homme !). Il ne manquait plus que le cirage de ses pompes par un jeune de la place de l’indépendance ! C’est ce genre d’entrevue qui débouche sur les affaires Total-Thierno Alassane Sall (lanceur d’alerte). Plus important encore, cette audience venait entériner officiellement le protocole de Paris. Sur fond de conflits d’intérêt, Nicolas Sarkozy est devenu le conseiller spécial dans le maintien d’ordre de Macky Sall post-mars 2021 (avec une aide logistique sécuritaire). En retour, Nicolas Sarkozy a obtenu la garantie de la protection des biens français et la neutralisation d’Ousmane Sonko.
Tartuferie, disions-nous en titre ! À l’époque de la présidence Sarkozyste, la mère de mes enfants, portrait-robot de Me Abdoulaye Wade, deux autres personnes et moi avions été conviés par la cellule africaine de l’Élysée à discuter d’un projet de Maison d’Afrique à Paris. Juste à côté, André Parant, conseiller de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines, gêné, recevait l’opposition sénégalaise de l’époque pour se défaire de Me Abdoualye Wade. Dès l’accession au pouvoir de Macky Sall, un accord de défense secret a été conclu entre la France et le Sénégal. Ce sont ces mêmes personnes qui aujourd’hui crient au loup du néocolonialisme !
Une opposition parlementaire d’un État étranger peut-il critiquer la démocratie sénégalaise ? Sans ambages, je répondrai par l’affirmatif, tout en respectant la souveraineté des États. Le débat (et donc subséquemment la critique) est consubstantiel à la démocratie. Cela en fait sa force, et je vous l’accorde sa faiblesse aussi. Pour le cas du Sénégal, il faut ajouter une autre raison. Le Sénégal a admis faire partie de la famille des démocraties libérales. Vous en doutez ? Le 9 et 10 novembre 2021, Macky Sall a accepté l’invitation au sommet virtuel pour la démocratie de Joe Biden. Ce sommet avait pour objectif de se singulariser des autocraties chinoise et russe. Macky Sall a donc choisi son camp pour le régime politique ! Pire, lors de la réunion du G7 de ce 28 juin, Joe Biden a promis un plan Marshall en faveur des démocraties africaines (Contre la Chine, jalousie maladive du président américain qui, par là-même, profite de l’Afrique pour relancer les économies occidentales et pour rejouer un remake de la guerre froide). Macky Sall a accepté le deal dès lors qu’Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, soutient : « Nous devons travailler côte à côte et montrer la puissance des investissements de développement lorsqu’ils reflètent les valeurs démocratiques et lorsqu’ils adoptent les normes les plus exigeantes pour l’environnement et les travailleurs. »
Cette déclaration européenne s’apparente à celle de la Baule de François Mitterrand. Il est donc légitime d’accepter les critiques d’où qu’elles viennent, y compris de l’extérieur. Désolé pour les membres de la coalition présidentielle si ces derniers sont atteints du syndrome de Stockholm et ne critiquent jamais Paris, à l’opposé du Mali qui a fait respecter sa souveraineté. Le président Macky Sall aurait pu opposer son véto à la Fondation démocratie soutenue par Achille Mbembé (protégé par le Sénégal), lors du dernier Sommet Afrique France, le 8 octobre 2021. Craignait-il de déplaire à Emmanuel Macron ? Libre à Aymérou Gningue, président du groupe parlementaire BBY, d’écrire au groupe amitié France Sénégal ! Continuez plutôt à faire danser la Première dame, Brigitte Macron, sous les airs de musique sénégalaise le 2 février 2018 à Dakar et le 21 juin 2022 à Paris, alors qu’en même temps vous embastilliez des prisonniers politiques. Vous excellez dans ce domaine. Le Tribunal de Dakar vient de relaxer plus de 79 personnes sur 80, justifiant notre inquiétude concernant la réalité du pacte de Paris et des rafles policières.
Lors de la dernière présidentielle en France, des intellectuels sénégalais, comme Souleymane Bachir Diagne, se sont « ingérés » (plutôt intéressés). Personne ne s’est émue de cette situation ! Pour ma part, en homme libre, je terminerai par ma critique sur la démocratie sénégalaise. Depuis longtemps, celle-ci a perdu de sa substance, sous l’effet de sa confiscation au peuple et de sa technicité. C’est la démocratie des dignitaires, des rentiers, de ceux qui tirent des revenus réguliers (et illégaux) de leurs activités politiques. Ils sont les meilleurs amis des multinationales et des paternalistes. Nous comprenons mieux pourquoi le Sénégal, sous l’ère de Macky Sall, s’est opposé au protocole additionnel de la CEDEAO sur la limitation à deux mandats. À ce petit jeu, l’état de droit sert les intérêts des dominants (interdiction des manifestations) ; la justice est elle-même prise en otage. Il est plus facile aujourd’hui de corrompre en toute impunité que de manifester librement dans les rues de Dakar. Il est plus facile aujourd’hui d’emprisonner des opposants que d’ouvrir des enquêtes sur des meurtres de manifestants et de militants de l’opposition.
Il y a des vérités que l’histoire ne saurait effacer. Le néocolonialisme, dont il n’est nullement question ici de nier l’existence, se trouve précisément du côté des gouvernants français et sénégalais, et en rien au niveau de leurs oppositions. Pour comprendre l’étendue du mal, rappelez-vous du Dessert Gate !