SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
17 août 2025
LA TUNISIE MENACE DE BOYCOTTER LA CAN 2023
On ne connaît même pas encore la composition des groupes des éliminatoires de la CAN 2023, mais la Confédération africaine de football (CAF) se retrouve déjà avec un dossier chaud à gérer !
iGFM (Dakar) Selon Afrikfoot, ce lundi, le président de la Fédération tunisienne (FTF), Wadie Jary, a en effet annoncé sur Attessia TV qu’il a écrit à l’instance panafricaine en lui demandant de modifier le calendrier de ces éliminatoires, sous peine de voir les Aigles de Carthage renoncer à participer à la prochaine CAN !
On ne connaît même pas encore la composition des groupes des éliminatoires de la CAN 2023, mais la Confédération africaine de football (CAF) se retrouve déjà avec un dossier chaud à gérer ! Lundi, le président de la Fédération tunisienne (FTF), Wadie Jary, a en effet annoncé sur Attessia TV qu’il a écrit à l’instance panafricaine en lui demandant de modifier le calendrier de ces éliminatoires, sous peine de voir les Aigles de Carthage renoncer à participer à la prochaine CAN !
En effet, la Tunisie souhaite préparer au mieux sa participation à la Coupe du monde 2022 (21 novembre-18 décembre 2022) qui la verra affronter la France, le Danemark plus le Pérou ou l’Australie ou les Emirats arabes unis dans le groupe D. Or, les premières journées des éliminatoires de la CAN auront lieu a priori en juin, septembre et octobre, ce qui exclut toute possibilité de programmer des matchs amicaux sur ces dates avant le Mondial.
Les Tunisiens ont notamment été sollicités par le Mexique, le Salvador et l’Equateur pour des amicaux, a révélé Jary, et ils se trouvent en contact avec des sélections européennes. Alors que la CAN 2023 aura lieu du 23 juin au 23 juillet 2023, la marge de manœuvre de la CAF, qui doit caler 6 journées d’éliminatoires avant cette échéance, est mince…
CE N’EST PAS SIMPLE D'ENTRAÎNER SON PROPRE PAYS
Dans un entretien accordé au site officiel de la FIFA en marge du programme de développement des formateurs d’entraîneurs, le sélectionneur national Aliou Cissé évoque sa perception de son métier et l’évolution du regard sur l’entraîneur africain.
Dans un entretien accordé au site officiel de la FIFA en marge du programme de développement des formateurs d’entraîneurs, le sélectionneur national Aliou Cissé évoque sa perception de son métier et l’évolution du regard sur l’entraîneur africain.
Joueur, Aliou Cissé ne s’est jamais contenté d’exécuter les exercices qui lui étaient proposés à l’entraînement ; il voulait également comprendre quelle était leur utilité. Cela l’a accompagné tout au long de sa carrière, en France et en Angleterre. Il a également porté le brassard de capitaine en équipe du Sénégal et contribué à la première qualification des Lions de la Teranga pour la Coupe du Monde de la FIFA™, en 2002. (…) Ceux qui l’ont connu à l’époque n’ont donc pas été surpris de le voir entamer une carrière d’entraîneur, sitôt les crampons raccrochés. (…) En poste depuis sept ans, sa longévité détonne dans le paysage du football africain, où la moindre contre-performance peut être rapidement sanctionnée.
Aliou Cissé, depuis vos débuts sur un banc de touche, qui ont été vos modèles et qui vous a formé ?
Même lorsque j’étais joueur, ce métier me passionnait. J’étais curieux de savoir à quoi servaient les exercices qu’on nous proposait à l’entraînement. En fait, j’étais incapable de m’atteler sérieusement à la tâche, tant que je ne connaissais pas le pourquoi et le comment. Je parlais beaucoup avec mes entraîneurs car ils me demandaient énormément d’efforts. Je voulais bien courir, mais j’avais besoin de comprendre. Cette curiosité ne m’a jamais quitté. C’est intéressant d’observer ce que font les autres, mais je crois qu’il faut se forger sa propre identité et trouver ses propres méthodes. Mon but, c’était de puiser dans toutes mes expériences de joueur au niveau technique et tactique pour devenir un entraîneur unique.
Votre présence aujourd’hui s’inscrit dans le cadre du programme de développement des formateurs d’entraîneurs de la FIFA, en collaboration avec la Fédérations sénégalaise de Football. Que pensez-vous de cette initiative et pourquoi est-elle inaugurée en Afrique par le Sénégal ?
Aujourd’hui, je suis ce qu’on appelle un entraîneur local car je suis né et j’ai grandi ici. J’ai longtemps vécu en Europe, mais je reste avant tout africain et sénégalais. Le football joue un rôle très important dans ce pays. La FIFA est là pour nous aider à accompagner le développement de nos entraîneurs. C’est quelque chose dont nous sommes très fiers. Ça prouve que le football africain s’est pris en main. La FIFA a mis des initiatives de ce type en place pour améliorer la situation au sein de certaines fédérations et notamment dans les départements techniques.
Dans quelle mesure ces formations sont-elles susceptibles d’améliorer le travail des entraîneurs au niveau local ?
En tant qu’entraîneurs, nous étions conscients de la nécessité de progresser. Nous ne sommes pas encore assez forts pour nous imposer en Europe ou prendre en main nos sélections nationales. Si l’on regarde d’un peu plus près la liste des entraîneurs qui ont participé à la phase finale de la CAN en 2019 et en 2022, on constate une augmentation du nombre d’Africains. Ça prouve que nous formons des entraîneurs de qualité. À nous maintenant de faire le nécessaire pour continuer à renforcer nos départements techniques. C’est de cette façon que nous affinerons nos techniques et nos compétences.
Vous avez obtenu d’excellents résultats avec le Sénégal. Votre succès peut-il inspirer une nouvelle génération de techniciens ?
Je ne sais pas si je suis une référence. Il ne faut pas oublier qu’avant mon arrivée, d’autres fédérations avaient fait le choix de confier leurs sélections à des entraîneurs locaux. Les choses avancent, mais que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Ce n’est pas simple d’entraîner son propre pays. Ça, nous le savons. Quoi qu’on en dise, c’est même beaucoup plus compliqué. Il y a le poids des attentes, évidemment, mais aussi ce besoin pour nous de prouver que nous avons notre place à ce niveau et que ne sommes pas là uniquement pour courir après le ballon. Les Africains ont énormément de talent, mais ils sont aussi capables de réfléchir, d’anticiper, de mettre des structures en place. Les choses évoluent et nous voyons désormais d’autres fédérations miser à leur tour sur des techniciens locaux, grâce à l’aide de la FIFA, qui est toujours présente pour accompagner les entraîneurs dans leur progression. S’il y a de bons entraîneurs à portée de main, pourquoi aller chercher ailleurs ? Autant leur faire confiance. C’est notre combat. Pour diriger une équipe nationale, il est nécessaire de connaître la réalité du pays, mais aussi de posséder des compétences pointues dans le domaine technique et tactique. Enfin, je pense qu’il est important de se familiariser avec l’histoire de ce pays. Quand on ne sait rien du passé, il me semble difficile de se projeter vers l’avenir.
Avec FIFA.COM
PAR Hamidou Anne
DAKAR, UN ATELIER DE LA PENSÉE
La magie des Ateliers réside aussi dans sa capacité à décloisonner les savoirs, les formes et les pratiques artistiques et intellectuelles. C'est l’une des plus grandes initiatives politiques en Afrique de ces 30 dernières années
La quatrième édition des Ateliers de la pensée a vécu. Pendant près d’une semaine, des intellectuels, artistes et universitaires du continent et de la diaspora se sont retrouvés à Dakar autour du thème : «Cosmologies du lien et formes de vie.» Co-géniteurs de la manifestation devenue un lieu physique et symbolique phare du monde des idées, Felwine Sarr et Achille Mbembe contribuent au renouveau de la pensée critique en Afrique et explorent les moyens de repositionner le continent au cœur de la géographie mondiale des savoirs. Depuis leur première édition en 2016, sur le thème de la planétarisation de la question africaine, les Ateliers se sont installés comme un rendez-vous phare des idées africaines, sur l’Afrique et à partir d’Afrique.
En 2019, Achille Mbembe soulignait l’importance des Ateliers. En effet, à partir d’un continent longtemps considéré comme «hors monde», se dessinait peut-être l’outil le plus puissant pour repenser notre humanité abîmée par diverses menaces, et fragmentée en multiples communautés qui se font face. Cette année, la manifestation était attendue après notamment la pause mondiale imposée par la pandémie du Covid-19, qui a éprouvé l’Occident, ancien modèle dominant, et mis en exergue ses fragilités et ses vulnérabilités. L’Afrique, elle, malgré les prédictions sombres, a mieux résisté au choc. Le Covid nous impose une nouvelle façon d’habiter la terre et des nouvelles manières de sociabilité afin de faire communauté. Mais après deux ans de pandémie douloureuse, nous nous acheminons vers une sortie de crise, et tous les engagements pris par les pouvoirs politiques et économiques, semblent oubliés afin de reprendre la vie là où elle était arrêtée.
Les résolutions volontaristes au sujet de ce fameux «monde d’après» cèdent sans surprise à la continuation des pratiques qui ont produit ce monde dont tout le monde annonçait la fin nécessaire. Les Ateliers, à travers ses quatorze panels et des communications importantes qui y ont été données, ont l’avantage de nous rappeler à notre devoir de faire monde, en lien avec toutes les espèces locataires de la terre sur laquelle les humains ne doivent plus se comporter en maîtres et possesseurs. Felwine Sarr et Achille Mbembe, à partir de Dakar, ont invité des penseurs afin de proposer un nouveau chemin, de converger vers de nouvelles pratiques afin de panser les plaies provoquées par le capitalisme et la violence qu’il charrie. Il s’agit aussi de penser le vivant par la configuration de nouvelles solutions.
Les deux animateurs des Ateliers nous invitent face à la «déliaison sociale, économique et environnementale du monde contemporain, à repenser les soubassements philosophiques de notre rapport au vivant en reconstruisant des ontologies relationnelles».
Si c’est aussi parce que l’humain, par le productivisme acharné, la destruction de la nature et le bouleversement de notre écosystème, a provoqué cette pandémie, il convient d’inventer de nouvelles formes d’habitabilité de la Terre par le respect dû aux autres locataires, la sobriété dans la fabrication de la richesse et la conception d’un nouveau rapport entre humains, animaux, végétations, etc.
La magie des Ateliers réside aussi dans sa capacité à décloisonner les savoirs, les formes et les pratiques artistiques et intellectuelles. Aux côtés par exemple des philosophes Souleymane Bachir Diagne et Mathieu Potte-Bonneville, figuraient des économistes comme Seydou Ouédraogo, des romanciers comme Mbougar Sarr, des photographes comme Teddy Mazina, des danseurs, des militants, des musiciens, des performers…
Les Ateliers de la pensée constituent l’une des plus grandes initiatives politiques en Afrique de ces 30 dernières années. Sur les cendres des universités dont la vocation de construction, de pérennisation et d’approfondissement du savoir semble essoufflée du fait de nombreuses causes, et à l’heure de la résurgence de la rétractation nationaliste et de la prééminence des obscurantismes, générer un espace de pensée libre et féconde, c’est opérer un choix de mener un combat culturel pour brandir le drapeau de l’humanisme et interroger des notions aussi cruciales que le politique, la culture, la liberté, l’art, l’écologie, etc.
Où ailleurs qu’à Dakar ? Dans cette capitale qui a longtemps eu l’ambition d’être une terre de débats et au cœur des enjeux culturels du monde. Edouard Glissant invitait à agir en son lieu et penser avec le monde. Pendant une semaine, nous avons, de Dakar, convié le Burkina Faso, le Mali, l’Ukraine, terres en turbulences et théâtres des impasses politiques mondiales actuelles, à nos idéations. Dakar, dont la vocation est d’être la capitale de la rencontre, de la création et de l’universel, est dans son rôle quand elle accueille pour la quatrième fois des intellec-tuels parmi les plus grands du monde, afin d’explorer les formes nouvelles d’habitabilité de la terre et de tisser les liens d’une humanité à inventer.
AHMED AÏDARA DÉPOSE SA LETTRE DE DÉMISSION
Le maire de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, a déposé sa lettre démission, aujourd’hui, sur la table de Bougane Guèye Dany. Dans un document largement partagé sur les réseaux sociaux, il a mis fin à ses fonctions de présentateur au groupe D-Media.
Le maire de Guédiawaye, Ahmed Aïdara, a déposé sa lettre démission, aujourd’hui, sur la table de Bougane Guèye Dany. Dans un document largement partagé sur les réseaux sociaux, il a mis fin à ses fonctions de présentateur au groupe D-Media. "À Monsieur le PDG de DMédia.
Objet : Démission. Monsieur,
Je viens par cette présente vous informer de ma démission du groupe DMédia pour des raisons de convenance personnelle", a-t-il écrit. Avant de poursuivre : "je vous remercie vivement pour la franche collaboration et les liens étroits et fraternels qui ont toujours marqué nos relations professionnelles et sociales.
J’associe également aux remerciements mes collègues de service et tous les collaborateurs du groupe DMédia et prie pour un succès et de meilleures perspectives pour l’organisation. En vous souhaitant une bonne réception veuillez agréer, Monsieur le PDG, l’expression de ma très profonde gratitude".
LE SUICIDE, UN MAL PROFOND
En espace de deux mois, (février et mars), le pays a enregistré 11 cas de suicide. Un phénomène qui concerne des jeunes comme des personnes en âge avancé. Qu’est-ce qui peut pousser un individu à mettre fin à sa vie ?
Les morts par suicide se multiplient. Rien qu’au mois de février dernier, 11 personnes ont mis fin à leur propre vie. EnQuête donne la parole à des psychologues et sociologues qui expliquent les raisons de ce fléau. Ils ont également proposé des solutions.
En espace de deux mois, (février et mars), le pays a enregistré 11 cas de suicide. Un phénomène qui concerne des jeunes comme des personnes en âge avancé. Qu’est-ce qui peut pousser un individu à mettre fin à sa vie ? Selon le sociologue certifié en psychologie, Dr Sanoko Abdoukhadre, joint par EnQuête, plusieurs facteurs, non encadrés, peuvent expliquer le sujet. En ce qui concerne les cas notés au Sénégal, il note un déni des personnalités. ‘’Ce que j’appelle déni de soi-même, c’est le fait refuser en tant que telle une situation ou un état de fait que nous vivons, compte tenu de plusieurs raisons, selon qu’on a découvert des choses qu’on n’aime pas, selon qu’on vit des situations difficiles que nous avons du mal à traverser, selon qu’il y a des surprises qui se sont invitées dans notre vie, qui ont complètement perturbé notre existence’’, analyse-t-il.
Au -delà du déni de soi, c’est-à-dire du refus de sa propre situation ou de sa propre personnalité ou de son propre vécu, il donne un deuxième paramètre, en indexant ce qu’il appelle un certain déséquilibre à travers les émotions. ‘’Aujourd’hui, il se passe une mauvaise gestion émotionnelle de la vie en contexte modernité des sénégalais’’, dit-il. En effet, Dr Sanoko Abdoukhadre souligne que ces derniers ne savent pas comment gérer leur peur, tristesse, angoisse et stress. Cela explique par le fait que les gens ont souvent du mal à pouvoir traverser des moments très difficiles. ‘’Les émotions constituent les socles qui régulent de manière visible et permanente notre vie. Si maintenant, on a du mal à vivre nos émotions, à avoir l’emprise sur nos émotions, ça devient un problème. C'est-à-dire, c’est nos émotions qui nous guident. Fondamentalement, elles peuvent nous conduire à prendre des décisions désastreuses qui frisent la fin de la vie’’, a-t-il expliqué.
L’autre élément comme facteur explicatif, d’après le sociologue certifié en psychologie, c’est que de plus en plus en Afrique et dans les communautés, il y a une chute des amortisseurs sociaux. ‘’Ce que j’appelle ressort ou amortisseur social, ce n’est rien d’autre que ces mécanismes que nous tirons de la famille, et qui peuvent jouer le rôle de réceptacle, d’exutoire au niveau des citoyens sénégalais, afin de leur permettre de laisser libre cours à leur inquiétude, à leurs frustrations, à leur peur, à leur rêve, à leur fantasme. Donc, tous ces éléments-là, si on a du mal en a discuté avec quelqu’un pour pouvoir se libérer, se décharger de lourds fardeaux qui existent en notre intériorité et que nous n’avons pas à percevoir chez l’individu qui, de manière hypocrite- mais ça c’est nous tous, essaye de jouer, comme disait l’autre, la comédie et des scènes de théâtre, en faisant comprendre à ses interlocuteurs que tout va bien, lorsque, intérieurement, ça ne va pas’’, explique-t-il.
Absence d’intégration sociale des victimes
Selon lui, ces ressorts ou amortisseurs sociaux peuvent être retrouvés dans la notion de famille élargie, surtout, où il a des oncles, des grands-mères, des tantes et cousins de classe d’âge qui constituent des canaux à travers lesquels la personne pouvait partager ce qui lui fait mal. ‘’Malheureusement, aujourd’hui, nous sommes dans une famille nucléaire où en tant que responsable de famille, homme ou femme, on se trouve brusquement dans l’espace que nous partageons avec nous enfants. ? Et ceux-là, du point de vue de leur bas-âge et de leur expérience, on n’a pas envie de les ankyloser avec nos problèmes. Et comme on n’a nulle part ailleurs où se débriefer, se libérer par rapport aux soucis, souvent, on trouve une solution ultime : c’est de penser que si on met fin à notre vie, on met fin à notre souffrance. Alors qu’à un moment donné, ils sont les principaux acteurs à pouvoir comprendre leur propre acte et le justifier. A mon avis, ça ne sera jamais de tout repos, parce que la personne va laisser ici… (les problèmes) vont demeurer, surtout quand ils ont un lien précis avec les membres de la famille’’, a dit Dr Sanoko Abdoukhadre.
Un pouvoir ‘’coercitif et extérieur’’
Expert en prévention et lutte contre les violences, le Psycho-sociologue Abdoulaye Cissé souligne que le suicide est un fait social qui exerce sur l’individu un pouvoir ‘’coercitif et extérieur’’ et, en tant que tel, il se passe partout où les gens vivent en communauté, donc, dans toutes les sociétés humaines. ‘’C’est un phénomène étudié très tôt par la discipline sociologique, notamment par l’un des pères fondateurs de cette discipline à savoir Emile Durkheim, en 1897. L’une des causes fondamentales du suicide est l’absence d’intégration sociale des victimes et, en partie, la faillite de la religion et de la famille’’, dit-il.
Selon lui également, l’effondrement de ces superstructures sociales qui étaient les piliers fondamentaux sur lesquels reposaient les individus, en cas de situation de vulnérabilité, est élément essentiel pour comprendre ce qui pousse aujourd’hui les gens à faire recours à l’ultime solution. ‘’L’espace familial, jadis, offrait une protection et était un cadre d’échange et de production de solutions pérennes. Aujourd’hui, avec la nucléarisation de la famille, l’individualisme galopant, l’esseulement des parents, etc. les soupapes sociales, gages de stabilité et d’équilibre, ont lâché. On ne réfléchit plus en termes de communauté, mais de manière individuelle et c’est également de cette manière qu’on essaie d’apporter nos propres solutions aux problèmes auxquels on est confronté. Tout cela revient à la problématique existentielle relative à l’absence d’intégration sociale des victimes’’, analyse-t-il.
Pour sa part, la sociologue Ndèye Ndiaya Ndoye parle d’un contexte économique qui serait défavorable par rapport à l’évolution de certaines personnes. D’ailleurs, selon elle, l’environnement familial est devenu un espace où les personnes subissent toutes les formes de violences : verbales, économiques, sexuelles. Elle note notamment des problèmes dans les foyers tels que les violences conjugales, mais aussi, le désespoir des jeunes. Parlant des cas spécifiques aux femmes, elle dit : ‘’Certaines femmes ne sont pas considérées comme des femmes à part entière. Ce qui fait qu’avec la relation exacerbée, la pression que jouent la famille et l’environnement de la personne dans le mariage sont des facteurs favorisant des tendances suicidaires’’.
‘’Maintenant, les gens se méfient entre eux. Il y a beaucoup de conflits dans les familles. De plus, le chef de famille ne joue plus son rôle qui est celui d’un rassembleur. ‘’Au niveau des femmes, c’est beaucoup plus dramatique. Il y a aussi le problème des enfants nés hors mariage et qui le découvrent à un certain âge, la question de l’honneur’’, poursuit-elle.
Insensibilité à la souffrance
La pendaison est le moyen le plus utilisé, dans les derniers cas de suicide. Abdoulaye Cissé : ‘’Il y a différentes manières de se donner la mort et ce qu’il faut comprendre, c’est qu’au moment où la personne passe à l’acte, il est animé par ce que Jean Pinatel appelle ‘l’indifférence affective’ qui entraîne une insensibilité à la souffrance de la victime associée à une absence de culpabilité. Quand une personne se plonge dans une situation pareille, elle utilise le moyen qui lui semble le plus adéquat pour abréger la souffrance sociale ou le dérèglement psychique à l’origine de son acte. On fait souvent recours à la pendaison, parce que c’est un moyen irréversible dont est sûr et certain qu’il vous mènera direct vers la mort en l’absence, peut-être, d’autres outils comme les armes à feu ou autres. Cela peut être une hypothèse parmi tant d’autres qu’une étude confirmera ou infirmera’’.
Dans la même veine, Dr Sanoko Abdoukhadre note que les outils utilisés par les personnes pour se suicider semblent être le mieux accessible à leur niveau. ‘’Ce sera très difficile d’aller prendre des injections. C’est ceux qui sont dans les milieux hospitaliers qui peuvent l’utiliser’’. Il soutient qu’il y a aussi, dans l’esprit du suicidaire, la peur qu’on découvre le projet. Et à ce niveau, prendre une corde à bas prix serait beaucoup plus facile que de mûrir un autre plan qui peut être éventré par l’entourage ou bien même un commerçant qui aurait à ventre les outils. ‘’C’est des actes qui se font dans la précipitation et dans l’esprit de se cacher’’, dit-il.
Y a-t-il des spécificités liées au genre dans le suicide ? Le Psycho-sociologue, Abdoulaye Cissé relève que les études menées sur le sujet montrent une prédominance d’hommes suicidaires que de femmes. ‘’L’explication donnée est que les femmes sont statutairement plus engagées que les hommes dans les relations familiales, donc, elles sont plus intégrées dans le tissu social’’, explique-t-il. ‘’Nous savons également qu’au Sénégal, les femmes se confient plus que les hommes, lorsqu’elles sont confrontées à des situations problématiques. Elles discutent entre elles, elles se confient aux parents et sont plus attentionnées aux conseils qu’on leur donne’’, poursuit-il.
Pour lui, cela découle également de la manière dont l’homme et la femme sont socialisés dans la société. Abdoulaye Cissé indique que les thèses de Pr Gora Mbodj sur le sujet sont assez révélatrices à ce propos.
Les signes avant-coureurs
Il existe des signes qui peuvent permettre de connaître que telle personne pense au suicide. Abdoulaye Cissé estime que cela dépend en réalité du type de personnalité de l’individu. Mais, dans la plupart des cas, ‘’les victimes donnent des alertes voire des signaux plus ou moins clairs, en développant des idées suicidaires et certaines même évoquent clairement l’idée de se donner la mort. Elles envoient très souvent des messages de détresse et de souffrance à leur entourage’’. Ce dernier est-il suffisamment outillé pour les détecter ? ‘’C’est là que se trouve le problème. Lorsqu’une personne commence à s’isoler, à s’adonner subitement à des pratiques hors norme, développe une dépression, évoque l’idée d’abréger sa souffrance, de se tuer…, alors il faut la prendre au sérieux et agir aussitôt en conséquence, au lieu d’attendre que l’irréparable ne se produise pour in fine dire qu’elle était bizarre, depuis quelques temps’’, a indiqué M. Cissé.
Ces messages sont appelés des signes avant-coureurs. Dr Sanoko Abdoukhadre nous en parle. ‘’En société, quand vous voyez des personnes bipolaires, c’est-à-dire qui changent de comportement comme elles changent de chemise ou de robe, ça peut être un facteur de risque. Quand vous voyez aussi des hommes qui ont un parcours solitaire, casanier, qui détestent la vie en communauté, de groupe, peu sociables, ça peut aussi dégénérer. On peut aussi deviner que c’est forcément des personnes qui ont rencontrés ds difficultés ou qui souffrent de l’intérieur, et qui préfèrent prendre de la retraite’’, dit-il.
‘’Mais on dit souvent aussi que les personnes qui sont sans filtre ; quand elles ressentent quelque chose, elles l’expriment sur le coup. C’est ce qu’on appelle des personnes entières. Les personnes cachotières, qui ont tendance à évoluer sous le voile, sont des personnes qui ne s’acceptent pas et qui n’acceptent pas les autres et lisent les phénomènes de manière différente. Elles sont enclines à passer à l’acte’’, poursuit-il. Et fondamentalement, dans sa liste, Dr Sanoko Abdoukhadre ajoute les personnes qui ont une fragilité psychologique, qui ont des antécédents, qui n’ont jamais réussi à trouver l’équilibre, qui se comparent toujours aux autres, qui se plaignent toujours de leur sort, qui détestent leur existence, leur personne, qui ont un sérieux problème d’estime de soi et les personnes sanguinaires.
Eviter les cas de suicide
Ainsi, il peut y avoir des moyens pour aider les suicidaires, les empêcher de passer à l’acte. Tout en estimant qu’’’il n’y a pas de solution panacée, de solution miracle halte au suicide’’, le Sociologue certifié en psychologie pense qu’il faut utiliser l’approche éducationnel, en faisant un plaidoyer à travers les lieux d’apprentissages, des spots de pub et des scénarios de film. Il s’agit de sensibiliser au fait que le suicide n’a jamais été une réponse positive aux préoccupations auxquelles les humains se sont confrontés.
Dr Sanoko Abdoukhadre ajoute que ‘’la responsabilité de l’Etat est de mettre en place des structures publiques pour aider les personnes qui seraient dans le besoin d’être écoutées, soutenues, accompagnées à se libérer’’. En outre, il estime qu’il faudrait que les familles continuent à jouer leur rôle, en explorant et en exploitant la problématique de la proximité entre membres. Aussi d’éviter la rupture des liens sociaux ou parentaux.
Dans la même logique d’idées, Abdoulaye Cissé demande à ce qu’on essayer de nouer rapidement le dialogue avec toute personne développant les signaux. ‘’Ce n’est pas donné de prime abord, mais il faut tenter de se rapprocher d’elle et lui montrer que vous comprenez parfaitement bien sa situation’’, dit-il, soulignant qu’il faut être dans une logique de compréhension et jamais de jugement. ‘’Si une relation de confiance s’établit, il faut la convaincre à aller consulter un spécialiste de la relation d’aide, en vue de surmonter le problème à l’origine de son intention. Il faut toujours partir du principe que la personne préposée au suicide ou suicidaire garde encore un désir ardent de vivre et c’est justement sur ce registre qu’il faut rapidement agir’’, dit-il.
Par Adama Ndiaye
BYE BYE BOLLORÉ...
Bolloré manque déjà à l’Afrique! Par un subtile communiqué, balancé fin mars, l’homme d’affaires français annonce, toutes affaires cessantes, son départ du continent après avoir cédé en totalité sa marque de fabrique Bolloré Africa Logistiques (BAL) à MSC
Bolloré manque déjà à l’Afrique ! Par un subtile communiqué, balancé fin mars, l’homme d’affaires français annonce, toutes affaires cessantes, son départ du continent après avoir cédé en totalité sa marque de fabrique Bolloré Africa Logistiques (BAL) à MSC.
Ces initiales, d’apparence barbare -m’enfin !- ne le sont qu’au plan visuel. Elles se déclinent plutôt en Mediterranean Shipping Company pour laisser apparaître un redoutable armateur de porte-conteneurs et de navires italo-suisses. Basé à Genève, il condense en son sein une kyrielle d’activités (croisières, plaisance, transports, logistiques, gestion de ports et de bâtiments).
Pour acquérir BAL aux termes d’âpres négociations menées tambour battant dans une discrétion toute feutrée, MSC a signé un chèque de 5,7 milliards d’euros. Vincent Bolloré empoche ainsi 373 milliards de francs CFA. Et « poussière », comme aiment à le dire le Sénégalais ! Avez-vous bien lu ? Ajustez vos lunettes…
Cette transaction, qui consacre l’opulence du secteur maritime, révèle par la même occasion combien l’Afrique compte (ou pèse) dans les chiffres d’affaires du monde de la manutention. L’activité rapporte. Point besoin d’un dessin pour le comprendre. Et à cet égard, toute la façade atlantique constellée de ports rentables fait l’objet de convoitises souvent planifiées en dehors de l’Afrique et à l’insu de ses dirigeants (politiques et économiques) qui ne sont en réalité que de simples faire-valoir.
D’où la menace qui plane sur nos souverainetés. Elle est peu visible, cette menace. Contrairement à la présence militaire. Pour autant, le commerce portuaire n’en est pas moins florissant. Il constitue même l’armature économique d’un pays. Le Mali et le Sénégal le savent et le vivent surtout en ces temps d’embargo qui frappent le premier et impacte le second sur injonction de la Cedeao face à l’imbroglio politique né de l’intrusion des militaires à Bamako.
Donc Bolloré rétrocède à un sérieux concurrent 100% de sa marque détenue en Afrique. Ce projet, le Breton le nourrissait depuis longtemps. Entre plusieurs options sur la table, la cession de parts lui semblait la plus opportune, la plus juteuse et la plus sûre, puisqu’un Européen en est l’acquéreur en définitive. Bien évidemment d’autres armateurs, asiatiques notamment, affichaient des prétentions tout aussi fortes que celles de l’opérateur italo-suisse.
Ici se mêlent transactions financières, appétit de puissance, calculs politiques et logiques économiques sur fond d’intérêt bien compris qu’aucun contractuel ne néglige ni n’occulte. Or ces dimensions sont centrales. Mieux, l’enchevêtrement, ou si l’on veut le croisement d’ambition sous tend les négociations dont les enjeux ne sont pas que financiers : ils sont autrement plus géostratégiques.
Bolloré ne quitte pas l’Afrique. Il prépare la relève avec ses fils Cyrille et Yannick en l’occurence. Le premier, pressenti comme l’héritier, tisse sa toile dans les hautes sphères de pouvoir, introduit par un père prévenant et prudent à la fois. Le second coiffe l’activité média et pilote Vivendi qui possède Canal+ en même temps qu’il est actionnaire de Multichoice (pay view), secteurs dans lesquels le Groupe Bolloré entend investir davantage.
En Afrique s’entend, point de mire et lieu d’élaboration de la nouvelle carte d’influence que préparent Vincent (en retrait), Yannick et Cyrille. Ce dernier, adoubé par certains chefs d’Etat Africain commence à prendre ses aises, se familiarise avec les pratiques en cour dans les Palais présidentiels et se lie d’amitié avec quelques rejetons moins ostensibles et sûrement plus fréquentables. Tout en évitant ceux dont les frasques horripilent l’opinion africaine très remontée contre une « certaine idée » de la France. Le rejet de la France s’explique.
Ce basculement dans l’influence, Bolloré père l’a mûri aux détours de bravades, de dénonciations, de révélations ou de campagnes de protestations contre des prévarications au Cameroun, au Gabon et au Congo où règnent dans l’absolu de véritables potentats très peu regardants sur la gouvernance mais surtout usent des richesses (pétrole, gaz, bois) de manière despotique. Il a mal vécu la curiosité « malsaine » de la presse sur ses propres affaires. Il y voit de la médisance et, surtout de la jalousie qui frise la haine dans ce qu’il appelle des succès à l’étranger.
Pendant longtemps le Français a fréquenté ces dirigeants au point de leur ressembler étrangement. Il ne supporte pas la contradiction et ne s’accommode guère des critiques. Meurtri par les enquêtes et les reportages, si ce ne sont des investigations, Bolloré rumine ses chagrins. Dans son esprit se télescopent les intentions.
En clair, il veut s’accaparer des médias et pour ce, rachète des organes et des titres déliquescents, les renfloue tout en changeant avec fracas les directions remplacées par des proches capables de relayer son message et de traduire sa pensée « sans en avoir l’air ».
Bolloré a compris la puissance des médias devenus les vecteurs de la « soft power ». Il y croit. Pire, il découvre avec étonnement que les médias sont financièrement fragiles. Il investit et s’arroge des « droits de regard » que fustigent des rédactions très attachées à l’indépendance ou aux libertés.
Le patron breton n’en a cure. Il s’enhardit même d’injecter des liquidités dans la presse dont il réorganise le « business model ». Pour lui, cela rapporte gros « comme au loto » avec moins de charges à la clé. Pour y arriver, le Breton convainc le président Congolais, Denis Sassou NGuesso , 37 ans au pouvoir et,« affectueusement appelé l’Empereur » par ses pairs.
Médiateurs dans diverses crises, le Président Nguesso multiplie les apparitions dans les tribunes internationales : Climat à Paris, Présidence de l’Union Africaine, Conférence sur le Bassin du Congo. Bolloré s’en réjouit et se caresse le menton. Les médias sous son contrôle adoubent le VRP du Congo qui se délecte de soutenir des entretiens « bien ficelés » à Paris. Pendant ce temps, une pauvreté endémique sévit au Congo. Tandis que les chocs pétroliers désarticulent l’économie basée sur une manne pétrolière dont les revenus fluctuent au gré des fixing spéculatifs.
Le pays s’endette. Exagérément. Presque 67 % de son PIB est absorbé par ces créances. A sa suite, le Tchad tombe dans l’escarcelle des projections : Déby Itno tombe quand Ali Bongo titube alors qu’au Mali c’est l’hécatombe. Ces variations de régime insupportent Bolloré qui misent moins sur l’industrie et davantage sur les services audiovisuels, la « nouvelle frontière » d’un Groupe familial en quête de repères dans une Afrique plus turbulente.
La raison ? L’accaparement des richesses quand des peuples entiers errent sans but ballotés entre insécurité, viols et violence sur des terrains que ne voient pas certains médias aveuglés par les lambris dorés.
LA BANDE DESSINÉE POSE LES BASES DE SON ENVOL
Faire la promotion de la Bande dessinée (Bd) et du dessin de presse, tel est l’objectif de l’initiateur du festival «Bulle Dakar».
La première édition du festival de Bande dessinée (Bd) intitulé «Bulle Dakar» a baissé ses rideaux samedi. Cette plateforme des professionnels et passionnés de la Bd vise entre autres à hisser le 9e art et le dessin de presse au rang d’œuvre de premier plan dans le quotidien des citoyens de 07 à 77 ans.
Faire la promotion de la Bande dessinée (Bd) et du dessin de presse, tel est l’objectif de l’initiateur du festival «Bulle Dakar».
Pour Oumar Diakité alias Odia, ce festival d’exposition et de panel d’échanges consacré à la Bd va booster le secteur du 9e art au Sénégal. C’est une salle pleine de planches de Bd qui ornaient les murs de l’espace dédié à l’exposition, où trônait le nom de chaque participant. Parmi les parties prenantes, en plus des dessinateurs qui ont étalé leurs œuvres hautes en couleurs, avec des personnages et des décors locaux, il y avait les Maisons d’édition spécialisées notamment en «Bande dessinée, Bd passion et Sis illustration». Il y avait également une bibliothèque consacrée à la distribution des œuvres illustrées. «La Bd est le premier support de communication, de l’antiquité aux temps modernes. Elle permet de passer des messages. Cette initiative vient d’une volonté des dessinateurs sénégalais de nous affirmer en montrant nos capacités, notre savoir-faire. Il était urgent de nous regrouper», renseigne Odia qui précise dans la foulée que ce n’est certes pas le premier festival de bande dessinée, mais plutôt, la première édition du festival Bulle Dakar. «Il y a eu d’autres initiatives du genre. Seulement, il n’y a pas eu de suite. Mais nous avons la volonté de pérenniser ce festival, d’en faire un événement annuel et de l’inscrire sur le calendrier culturel sénégalais», dit-il avec le sourire, casquette vissée sur le chef.
Invité d’honneur, Ben Barry Youssouph dit Oscar estime que ce premier jet de «Bulle Dakar» démontre que les Sénégalais s’intéressent à la Bd. «Il y a un réel engouement autour de la Bande dessinée, cela démontre que si les autorités appuient les acteurs, il y aura un envol de la Bd. Il y a plein de talents. Il faut les détecter pour assurer la transmission à travers des formations et échanges afin de passer le relais à la nouvelle génération. Il y a un concours initié, dans le cadre du festival, qui permettra de découvrir les jeunes talents ; c’est à eux de poursuivre l’œuvre pour éviter qu’il y ait un gap entre les générations», préconise l’initiateur du festival «Bulle D’encre» de Guinée qui est à sa 7e édition.
Illustrateur de Bd, Seydina Issa Sow mise lui, en sus des initiatives telles que les festivals, sur la formation et l’édition des jeunes talents pour assurer la visibilité et la durabilité. «Je lance également un appel au ministère de la Culture pour qu’il accompagne la Bd. Une école spécialisée permettra aussi la professionnalisation des jeunes. Donc, c’est toute une chaîne qui constitue le 9e art. Il faut qu’il y ait les jeunes talents qui dessinent, les maisons d’édition, les bibliothèques pour la distribution et le ministère qui chapeaute tout cela», souligne l’éditeur de Bd, Seydina Issa Sow.
Par Arona DIOP
POUR UNE MEILLEURE REPRESENTATIVITE DE LA JEUNESSE DU SENEGAL DANS LES INSTANCES DE DECISIONS
C’est beau de faire des discours élogieux mais passons à l’œuvre car c’est le plus important.
Excellence Monsieur le président de la République, c’est avec un grand honneur et plaisir que je vous adresse ces propos. La jeunesse est le socle et l’espoir de demain. Faites confiance à votre jeunesse, responsabilisez-la, accompagnez-la, soutenez-la. C’est ça qui fait la fierté d’une Nation. Il importe que les jeunes fassent partie des acteurs-clés dans les assemblées de propositions et de prises de décisions et que leurs avis comptent. Ils doivent rejoindre les hautes instances comme l’Assemblée nationale, les institutions judiciaires et certains services de l’Exécutif même avec des profils de junior.
C’est beau de faire des discours élogieux mais passons à l’œuvre car c’est le plus important. Vous avez certes une ambition pour votre jeunesse, mais parmi vos collaborateurs et représentants se trouvent des légions de politicards qui se servent de la politique et à des fins personnelles. Et cela change vraiment la donne. La jeunesse sénégalaise regorge d’une multitude de compétences, de ressources humaines ingénieuses et très qualifiées. Je ne suis pas là pour vanter cette jeunesse mais pour simplement dire que les jeunes méritent d’être suivis et accompagnés de manière pérenne. Cette composante de votre population est très bien formée et très intelligente. De Dakar, en passant par Thiès, Bambey, Kaolack, Ziguinchor et sans oublier notre Sanar de Saint-Louis, pour ne citer que ceux-là, les années d’études dans les universités sénégalaises (publiques comme privées) constituent un vrai parcours du combattant et les jeunes qui en sortent, restent souvent paumés et déboussolés.
Dans le monde de la diaspora aussi, votre vaillante jeunesse allie le plus souvent études et boulots, travaillant jour et nuit sans baisser les bras. Malgré certaines contraintes préfectorales, administratives et surtout financières, ces jeunes réussissent et se font respecter par leurs pairs car très pugnaces et sérieux. Ayant été concerné par cette partie de votre jeunesse, nous vous rassurons que les petits boulots, la galère administrative et pécuniaire auxquels font face les étudiants, ne les empêchent pas d’avancer et de persévérer. Avec toutes les difficultés que rencontre cette jeunesse de la diaspora, ces jeunes ne passent pas inaperçus en matière de réussite universitaire, dans la vie courante et avec de bonnes attitudes à adopter. Certains d’entre eux finissent leur cursus universitaire mais ont ce dilemme de retourner au pays natal par peur de tomber dans la recherche incessante de nouvelles opportunités. Facilitez-leur la tâche pour une intégration effective et durable dans le monde professionnel. Essayons de juguler la fuite des cerveaux et c’est toujours un réel bonheur de retrouver ses racines ou de travailler au service de son pays.
Dans les plus grandes démocraties, les jeunes constituent un pilier important dans les instances de décisions. Gabriel Attal, l’actuel porte-parole du gouvernement français et Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, a 32 ans et est élu député lors des élections législatives de 2017 à l’âge de 28 ans. La Namibienne, Emma Theofilus, est devenue vice-ministre en charge des Technologies de l’information et de la technologie à l’âge de 23 ans. De par cette fonction, elle siège à l’Assemblée nationale en qualité de députée.
Beaucoup de jeunes dans le monde investissent les hautes institutions de leur République. Et c’est cela qui les forge à devenir de vrais leaders. Dans les assemblées des Nations unies que ce soit à Genève, New York ou autres représentations, nous percevons une nouvelle génération de jeunes de moins de 30 ans faisant partie de la représentation diplomatique de leur pays et qui sont responsabilisés. Cependant, on constate que la majorité des composantes de la représentation du Sénégal ont approximativement 40 ans ou plus. Notre Sénégal ne manque pas de jeunes ingénieux et compétents, il suffit de les responsabiliser et de les épauler afin d’assurer une bonne relève pour que demain nos homologues ne soient pas en avance sur nous. La relève doit se préparer dès maintenant, encastrez votre jeunesse dans vos administrations et votre gouvernement. C’est de l’intérêt du Sénégal d’assurer une meilleure représentativité de sa jeunesse dans les instances de décisions et l’avenir nous le dira.
On ne peut pas comprendre au Sénégal ce phénomène inquiétant : des jeunes qui finissent leurs études à l’âge de 26 ou 29 ans et qui vont attendre l’âge de 40 ans ou plus pour trouver un poste qui réponde à leurs attentes, voire un travail décent. Cette partie de la population sénégalaise fait face à une pénurie d’horizons, un avenir incertain et doute pour son lendemain.
Accompagnez les jeunes et évitons la politisation des postes au profit d’un groupe souvent choisi selon des critères d’appartenances partisanes, ou proche d’un dignitaire du régime, etc.
La politisation persistante des postes et l’usurpation des fonctions constituent le fléau majeur qui gangrène l’insertion de la jeunesse et des jeunes diplômés. Etant les futurs leaders, c’est un devoir pour nos dirigeants de bien préparer et de former les jeunes, de les associer à l’Ecclésia ou l’Agora, de leur apprendre à légiférer, à négocier, à se responsabiliser et à être de vrais patriotes ancrés des valeurs de l’amour de la Patrie. L’une des panacées de cette spirale infernale liée à la problématique de l’emploi des jeunes est la suivante : Mettez les hommes qu’il faut à la place qu’il faut sans parti pris. Et dans cette perspective, espérons-le, tout reviendra peut-être à la normale.
A quand va finir cet adage dans nos sociétés : il faut faire de la politique pour trouver un bon poste, être l’ami du politicien ou être un proche du pouvoir. L’emploi des jeunes est une priorité pour tout gouvernement souhaitant le développement. Il sera important de mobiliser les entreprises en faveur de ce pan de la société.
A quoi servent les plateformes de la Fonction publique si on perçoit qu’il n’y a jamais de suivi et de retour concernant nos candidatures antédiluviennes en dépit de maintes relances. L’apport de solutions innovantes dans le marché du travail est une nécessité car l’emploi des jeunes devient une urgence politique. Récemment, des efforts ont été certes entamés pour le recrutement de 5000 enseignants, de 10 000 jeunes par le ministère de l’Environnement et du développement durable, de 250 stadiers par le ministère des Sports. Néanmoins, il serait très crucial aussi de recruter des jeunes pour qu’ils s’acclimatent dès maintenant des règles de fonctionnement institutionnel, des instruments et procédures des institutions exécutives, législatives et judiciaires et qu’ils puissent apprendre à défendre dignement les intérêts du Sénégal aux niveaux national et international.
Une révolution subite s’opère et dégénère quand la jeunesse perd tout espoir. Franck Thilliez n’avait pas tort lorsqu’il déclarait que «l’espoir est ce qui nous fait avancer. Sans espoir, nous ne sommes rien». Néanmoins, dans la vie, comme le martèle souvent le journaliste sénégalais, Pape Djibril Fall, il ne faut jamais perdre espoir quelle que soit la difficulté et j’y ajoute que tout viendra au bon moment. Bref, je confirme les sages assertions du Daron qui avait l’habitude de me dire : la persévérance et le sérieux finissent toujours par payer. La répétition étant pédagogique, comme je l’ai dépeint dans mon précédent post : il faut que l’on comprenne que la politique n’est pas un métier, c’est une fonction que l’on exerce et qui permet de rendre service à son pays.
Dans son sens le plus noble, la politique devrait constituer un espace où les hommes incarneraient les bonnes valeurs d’honnêteté, d’éthique, de gestion transparente de la chose publique, de respect de la parole donnée, bref de vertu et de responsabilité, etc. Cependant c’est tout à fait le contraire de nos sociétés modernes où les hommes politiques érigent l’intérêt personnel au-devant de tout acte. Cela aussi reste un obstacle freinant les jeunes dans leur insertion professionnelle. L’arrêt de la politisation des financements publics et l’accélération de l’emploi décent au profit de la jeunesse seraient la bienvenue et constitueraient un sacerdoce pour adoucir l’inactivité et le chômage des jeunes.
Poussons nos élites et dirigeants à laisser de côté les gadgets politiques et se mettre à l’essentiel pour assurer un Sénégal émergent et prospère. On vous le souhaite en tout cas mais pour cela, pensez bien à qui vous confiez vos missions de service public. De nos jours, la plupart des hommes politiques pensent plus à comment maintenir ou conserver leur poste qu’à aider les jeunes. Dans cette logique, tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. In fine, la jeunesse manque de plus en plus de références politiques.
Loin de se concentrer sur leur travail, bon nombre d’hommes politiques passent maintenant une bonne partie de leur temps sur les réseaux sociaux afin de montrer une bonne image d’eux-mêmes et par ricochet de targuer leur mérite. Soyons humbles car seul le travail dans l’humilité nous mènera loin. Faisons le nécessaire pour une restauration de la moralisation de la vie publique et de la culture des valeurs patriotiques, civiques et humaines. Ce sont ces valeurs qui peuvent augurer de la grandeur d’une Nation. Martin Luther King ne nous démentira pas lorsqu’il postulait que «nous avons besoin de leaders qui ne sont pas amoureux de l’argent, mais de la justice. Qui ne sont pas amoureux de la publicité, mais de l’humanité».
Invitons nos acteurs politiques à une république des valeurs justes et équitables, à faire confiance aux jeunes et à les chapeauter. Laisser en rade sa jeunesse est la pire chose qu’un dirigeant puisse léguer à son pays. La jeunesse sénégalaise est très battante. Donnez-lui sa chance, n’attendons pas que les jeunes soient déprimés ou paumés pour leur venir en aide. Nous ne voulons point de médecin après la mort. Les longues promesses doivent être mises en œuvre. Les jeunes sont l’espoir de demain, si vous les esquivez, vous sacrifiez toute une génération. Poussez-les à s’engager et à s’occuper de la vie publique, invitez-les et donnez-leur les moyens. La démocratie participative et l’engagement des jeunes constituent un outil majeur en ce sens qu’ils leur permettent d’assurer un rôle primordial dans l’organisation, voire le bon fonctionnement de la société, et d’être un acteur central dans l’élaboration des processus décisionnels en proposant leurs idées et leurs façons d’organiser la cité.
Montrez la voie et donnez la voix à votre jeunesse. Faites d’elle l’un des acteurs dans l’élaboration du processus décisionnel au sein des institutions. L’importance de veiller à une meilleure représentativité des jeunes dans les instances de prise de décisions les incite à devenir des acteurs responsables et incontournables du développement de leurs pays. La participation des jeunes à la vie publique augure une certaine maturité et leur confère le pouvoir de prendre leur destin en main et faire d’eux des leaders en devenir. L’implication active des jeunes dans les institutions nationales et internationales leur permet de pouvoir influer sur le fonctionnement, voire la bonne organisation des administrations étatiques. Par ailleurs, la jeunesse, relève de demain, doit dès à présent développer les bases d’une bonne gouvernance en prônant dans leurs actions la démocratie, le respect de l’Etat de droit, la transparence dans la gestion de la chose publique, le contrôle de la corruption, le respect des aînés et de la hiérarchie, entre autres pour ainsi assurer l’évolution d’un monde meilleur et garantir le développement durable.
Pour faciliter cela, la jeunesse a besoin de repères, de modèles d’hommes politiques et d’hommes d’Etat. Et pour finir, je dirais qu’il nous appartient, nous jeunes du Sénégal et de sa diaspora, de participer non seulement au rayonnement, à l’avancée de la solidification de nos institutions mais aussi à la valorisation et la promotion d’une culture démocratique intériorisée, au plein respect des droits humains, et une société plus juste et plus équitable pour le bien de l’humanité. Je vous prie d’agréer, Excellence Monsieur le président de la République, mes salutations les plus distinguées.
Arona DIOP
Analyste politique
Diplômé des sciences politiques et des relations internationales aronadiop10@gmail.com
Par Alinard NDIAYE
INTRIGUE POUR CONTRÔLER LE PORT AUTONOME DE DAKAR
Une structure qui n’est pas en mesure de construire une infrastructure fonctionnelle comme celle du port de Foundiougne-Ndakhonga n’est pas à même de porter la Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal
Excellence Monsieur le président de la République, depuis quelques temps, des travaux pour la mise en place d’une Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) se déroulent sur initiative du ministre des Pêches et de l’Economie maritime et en toute complicité avec l’ANAM comme bras d’exécution.
En effet, dans le souci de vous éviter une déception quant à l’issue de ces travaux, je me fais le devoir de prendre ma plume en tant que cadre portuaire et maritimiste, pour m’adresser à votre Excellence dans le seul but d’attirer votre attention sur la démarche très louche, cavalière et orientée de ces travaux en cours sur l’élaboration de la Stratégie National Portuaire du Sénégal (SNPS). Cette stratégie nationale portuaire est co-pilotée par le Ministère des Pêches et de l’Economie Maritime comme maitre d’ouvrage et l’ANAM (Agence Nationale des Affaires Maritimes) comme maitre d’ouvrage délégué. Sa réalisation est assurée par deux cabinets étrangers en tant qu’agents d’exécution, sur financement de la Belgique à travers son agence ENABEL.
Le seul soubassement de cette stratégie nationale portuaire est d’arriver à la création d’une structure que va hériter l’ANAM avec le rajout d’un P comme port dans sa dénomination ; ce qui veut dire (Voir rapport provisoire de la Phase 1). Or, de notre avis, une structure qui n’est pas en mesure de construire une infrastructure fonctionnelle comme celle du port de Foundiougne-Ndakhonga n’est pas à même de porter un tel projet. Et pourtant, on vous a fait inauguré depuis le 23 juillet 2015 cette infrastructure qui n’est toujours pas fonctionnelle malgré les fortes sommes d’argent investi sur fond national et de la coopération avec la Corée dans le cadre du MIEP1 (Projet d’Infrastructures et d’Equipements Maritimes), Il est ainsi de notre devoir en tant qu’élément du milieu de nous adresser à vous, à titre d’informations.
En effet, cette stratégie nationale portuaire est d’une importance capitale car elle ambitionne de régir notre secteur maritime, portuaire et logistique pour les années à venir. Comme tel, ces travaux en cours devraient se faire avec comme viatique de travailler uniquement pour l’intérêt supérieur du Sénégal et non comme un moyen ou une tentative de liquidation ou de mise sous giron du Port Autonome de Dakar.
Ainsi, Il importe aussi de signaler à votre Excellence que le Port Autonome de Dakar qui gère le plus grand port de notre pays avec un rang de 3éme port Ouest africain et 12eme africain selon la CNUCED est marginalisé et piétiné dans ces travaux en cours avec une position de second rôle. Excellence monsieur le président de la République, le Port Autonome de Dakar, grâce au soutien et au financement de l’Agence Française de Développement (AFD), s’est doté d’un schéma directeur dans le cadre de son plan stratégique de transformation. Cependant, la tutelle a tout mis en œuvre pour nous barrer la route avec une volonté manifeste de contourner et d’étouffer notre schéma directeur. Sinon comment comprendre que pour un tel travail qui devait requérir l’avis de tous, que les termes de références soient exclusivement rédigés par l’ANAM sans que le port autonome de Dakar ne soit associé, sinon à la dernière minute uniquement pour meubler la galerie.
En effet, de notre avis, l’ANAM n’a pas vocation à définir ou à piloter les travaux de la stratégie nationale portuaire du Sénégal au vu des dispositions du décret 2009-583 du 18 juin 2009 portant sa création et ses attributions que sont :
• l’administration des navires :
• l’administration des gens de mer :
• la participation à la police de la navigation maritime et fluviale
• la participation à la police de la pollution marine
• la participation à la police du domaine public maritime
• la surveillance de la circulation des navires et embarcations non pontées en mer et dans les voies navigables
• le développement des ports dits secondaires ;
• la mise en œuvre, le suivi, le contrôle et l’évaluation des dispositifs de sécurité et sûreté maritimes et portuaires ;
• la constatation des infractions relatives aux actes illicites commis contre la sécurité et la sûreté de la navigation maritimes et portuaires ;
•l’élaboration et le contrôle de l’application des normes de sécurité et de police portuaires ;
•la recherche, la constatation et l’instruction des infractions en matière de polices de la navigation maritime, de la pollution marine, du domaine public maritime, de la circulation en mer, d’administration des gens de mer et des navires.
Nous reconnaissons à l’ANAM ses prérogatives en ce qui concerne les pouvoirs et son statut d’agent maritime désigné par l’Etat du Senegal pour veiller à l’application des conventions internationales et des codes qui régissent le milieu maritime. Nous reconnaissons aussi à l’ANAM son rôle d’agent désigné par l’OMI pour l’application du code ISPS au niveau du port de Dakar et ses installations (décret 2015- 91 du 21 Juin 2015).
Genèse de la stratégie nationale portuaire
En effet, l’origine de cette Stratégie nationale portuaire trouve d’abord sa source dans la volonté manifeste de l’ensemble des acteurs du milieu qui ont tous rêvé de voir le Sénégal disposer enfin d’une politique portuaire à l’image de nos ambitions avec l’arrivée prochaine de nouveaux ports, mais aussi à cause de votre vision et volonté de faire du Sénégal le hub portuaire et logistique de la sous-région. Au commencement, ce projet était dénommé Stratégie Nationale de Renforcement de la Plateforme Portuaire du Sénégal (SNRPPS), pour ensuite devenir « Stratégie Nationale Portuaire du Sénégal (SNPS) » ???
Sans aucune concertation préalable, le ministre des Pêches et de l’Economie Maritime, exerçant son droit de tutelle sur le secteur maritime national a institué par arrêté ministériel N°025779 du 09 Juillet 2021 le Comité de Pilotage pour le Suivi du Processus de l’élaboration de la stratégie nationale portuaire (COPIL-SNP) avec comme membres ; les représentants de 12 ministères avec comme Secrétaire permanent le Directeur général de l’ANAM (Article 3 de l’arrêté). Ce comité est l’organe d’orientation pour le suivi de l’élaboration de la stratégie nationale avec comme missions : de donner les orientations et de fixer les objectifs du processus de l’élaboration de cette stratégie (Article 4). Cet arrêté ministériel sera complété par un autre sous le N° 025783 portant création d’un comité technique de suivi du processus d’élaboration de la SNPS.
Ce comité compte une liste de 12 membres représentants des directions nationales relevant des 12 ministères membres du comité de pilotage. Il est dirigé par le Ministère avec comme Secrétaire conjoint : l’ANAM et le PAD (Article 3). Il faut préciser que par la volonté du Ministre et de l’ANAM, le PAD n’a jamais exercé ce statut de Secrétaire à causes de manœuvres qui ont fait que l’ANAM a occupé exclusivement ce poste. Devant un tel schéma, il ne fait aucun doute pour nous que le Port Autonome de Dakar, qui devait être l’épine dorsale de cette stratégie nationale, soit tenue à l’écart pour un travail aussi important que la stratégie nationale portuaire du Sénégal, pour des raisons purement subjectives.
Excellence monsieur le président de la République, les développements notés ainsi que la nouvelle tournure de ce travail nous confortent dans notre idée que cette stratégie nationale portuaire donne les allures d’un procès pour juger le Port Autonome de Dakar. Sinon, comment comprendre que, dans les pré-rapports (… ) en notre possession, aucun des nombreux acquis et résultats positif du PAD n’a été relevé ? Il n’y a été que des manquements et insuffisances qui, pourtant, sont devenus de vieux souvenirs pour le PAD et la communauté de ses usagers.
Dans le pré-rapport, ces experts nous parlent de congestions et fluidités dans le port de Dakar et ses alentours, en ignorant que ces deux éléments ne sont pas des fléaux, mais de solides baromètres qui attestent de la bonne santé d’un port, s’y ajoute que le port de Dakar est un port naturel qui se trouve au cœur de la ville. Un port fluide et décongestionné est synonyme d’un port qui n’est pas fréquenté ; ce qui n’est pas le cas du port de Dakar.
Ils nous parlent de voiries inexistantes dans l’enceinte du port, alors que depuis 2019 l’autorité portuaire a injecté plus d’un milliard de nos francs sur fond propre pour la reprise totale de la voirie des deux zones, nord et sud du port. Ils oublient également que, grâce à la coopération avec le Japon, la JICCA a investi près de 23 milliards pour la remise à neuf du Mole 3 spécialement dédié au trafic Mali. En ce qui concerne des lenteurs au niveau des procédures, le PAD s’est lancé dans un ambitieux et révolutionnaire programme en cours de finalisation pour la mise en service d’un guichet unique portuaire qui va intégrer l’ensemble des administrations intervenant dans le milieu.
Pourquoi le Port Autonome de Dakar doit porter la SNSPS
Afin que nul ne l’ignore, le PAD demeure à ce jour le fleuron de notre économie maritime, sur qui le Sénégal peut et doit compter pour entrer dans l’histoire des transports maritimes en perspective de la construction imminente du port en eaux profondes de Ndayane et la mise en service imminent du port de Sendou-Bargny.
Depuis 2018, le Port Autonome de Dakar s’est lancé dans un ambitieux programme de réformes, de transformations et de repositionnement qui est entrain de porter ses fruits avec des résultats visibles, n’en déplaise les contempteurs. Bon gré mal gré, le Port Autonome de Dakar est classifié comme un port d’intérêt national de par son importance pour l’économie nationale et sa contribution sur le PIB national. A titre d’exemple, il importe de relever que des pays comme la France, dans la classification de ses ports (arrêté ministériel du 24 octobre 2012 pris en application de l’article R 154-1 du code des ports maritimes), a opéré une discrimination pour raison d’intérêt national en conférant au port de Marseille le statut d’unique port d’intérêt national sur les 66 ports que comptent la République française avec tout ce que cela comporte en termes de traitements de faveurs, de facilités et d’avantages. L’Etat du Sénégal peut bel et bien suivre un tel exemple. Qu’est-ce qu’un port ?
De la dizaine de définitions connues des différentes écoles doctrinales maritimes, nous allons retenir celle du Professeur Jean GROSDIDIER DE MATONS (Droit, Economie et Finances Portuaires) qui définit le port comme : Un lieu de la côte spécialement désigné par l’autorité administrative compétente pour servir aux opérations de commerce maritime. Cette définition est complétée par la convention de Genève du 9 décembre 1923 portant statut du régime international des ports maritimes qui dispose que : sont considérés comme des ports maritimes, les ports fréquentés par des navires de mer servant au commerce extérieure…
Ces deux définitions permettent de se rende compte qu’à ce jour, notre pays le Sénégal ne compte qu’un seul port ; celui de Dakar, des ports secondaires (KaolackNdakhonga-Ziguinchor-Saint Louis) et de nouveaux ports (Sendou et Ndayane) qui ne sont pas encore en exploitation. Devant une telle cartographie portuaire, une Stratégie nationale des ports s’impose et trouve toute sa pertinence bien que son départ a été faussé.
Le Port Autonome de Dakar occupe une place hautement stratégique et nodale dans l’économie nationale du Sénégal. Il contribue à hauteur de 95% aux recettes de la douane qui est de loin le premier contributeur à notre budget national à hauteur d’un ¼. En termes de chiffres, le PAD a atteint pour la première fois de son histoire en 2021 la barre de + de 21 millions de tonnes de marchandises traitées, soit une hausse nette comparée aux 19 millions de tonnes de 2020.
Le port de Dakar accueille chaque année plus de 650 000 conteneurs dont les 95 % sont traités par le concessionnaire DPW, et plus de 100 milles véhicules consignés par les différentes compagnies. Côté hinterland, le Port de Dakar demeure le principal partenaire de la République sœur du Mali avec un trafic journalier de l’ordre de 400 à 500 camions par jour pour un tonnage global de près de 2 800 000 Tonnes de marchandises par année. En termes de fréquentations, l’essentiel des lignes maritimes desservent le port de Dakar avec un cumul de plus 2800 navires par an. (Source : rapport statistique 2020 du PAD)
En outre, le Port autonome de Dakar présente l’un des meilleurs modèles d’affaire de tous les ports ouest africains avec quatre concessions :
• DPW pour le terminal à conteneurs et la construction du port en eaux profondes de Ndayane,
• Dakar Terminal pour le trafic roulier,
• Necotrans/Sea Invest pour le Terminal vraquier et le Terminal pétrolier,
• COSENI (Consortium Sénégalais d’Investissement) avec 100% de privés nationaux pour la base pétrolière.
Sur le plan administratif, le Port autonome de Dakar est, depuis la loi 87-28 du 18 aout 1987, une société nationale sous la double tutelle des ministères des Pêches et de l’Economie maritime et celui des Finances. Il est doté de l’autonomie dans sa gestion à travers un Conseil d’administration qui valide les orientations et son budget. En ce qui concerne les ports secondaires, ils sont au nombre de quatre ; à savoir : les ports de Kaolack, Foundiougne-Ndakhonga, Saint louis et Ziguinchor. Ils dépendent encore de l’ANAM en attendant que vous actiez votre décision annoncée publiquement à l’effet de les mettre sous la tutelle de la Direction générale du Port Autonome de Dakar qui demeure la seule structure nationale à même de financer leurs modernisations pour en faire des ports d’éclatements et de transbordements qui seront en mesures de développer l’économie locale de ces régions mais aussi une bonne source de rentrer d’argents pour les collectivités locales. Les nouveaux ports du Sénégal sont :
• Le Port privé de Sendou en cours de finition, qui est un port construit par la société SPM. Ce port bénéficie déjà d’une concession. Il n’est pas encore fonctionnel,
• Le Port en eaux profondes de Ndayane. Il sera le prolongement du Port autonome de Dakar, parce qu’il trouve sa source sur un avenant de la concession du TAC que le Port autonome de Dakar a accordée à l’opérateur DPW.
Excellence Monsieur le Président de la République, cette cartographie des ports du Sénégal permet de se rendre à l’évidence que notre pays, le Sénégal, ne compte qu’un seul port à vocation d’intérêt national : le Port de Dakar. Ce port avec tous ses atours devrait occuper les premiers rôles dans tout projet de mise en place d’une quelconque nouvelle stratégie portuaire national, ce qui n’est pas le cas en ce moment. Monsieur le Président de la République, la vision et l’orientation que vous aviez données durant le Conseil des ministres du 29 Décembre 2021 (… le chef de l’état demande au gouvernement, d’accélérer la mise en œuvre de la stratégie portuaire national avec notamment la mise à niveau du Port Autonome de Dakar, des ports secondaires et de leurs gares maritimes…) ne cadrent pas avec les orientations actuelles et le canevas de travail qui est en train d’être fait.
En effet, la seule préoccupation des acteurs ou j’allais dire des activistes autour de cette stratégie, c’est d’arriver à la mise en place d’une architecture institutionnelle qui mettrait le port autonome de Dakar sous la tutelle d’une agence : ANAM(P) P comme Portuaire. Nous ne sommes pas en mesure de comprendre qu’au moment où vous, Président de la République du Sénégal, faites de la promotion de l’expertise nationale votre combat quotidien en faisant rentrer au Sénégal nos meilleurs profils, que pour l’élaboration d’une stratégie nationale portuaire, le Ministère des pêches et l’ANAM jettent leur dévolus sur l’expertise internationale au détriment de nos brillants cadres et experts qu’ils soient du Port Autonome de Dakar ou des compagnies maritimes locales.
Le fait de confier un tel projet est comme une insulte pour la communauté portuaire nationale dont ses cadres et experts ont parcourus les meilleurs instituts portuaires et maritimes du monde pour renforcer leurs capacités. De notre avis, le Sénégal de 2022 sous votre magistère doit dépasser la période où des cabinets étrangers viennent réfléchir pour nous pour notre stratégie nationale portuaire alors que nous sommes mieux formés et mieux expérimentés que ces derniers.
Le Sénégal est un pays leader en manière de management, d’expertise et de gestion portuaire ; ce qui explique le tenue durant la période du 21 au 24 mars dernier des réunions des comités techniques de l’AGPAOC (Association de Gestion des Ports Ouest Africain et du Centre) ici à Dakar sur invitation et organisation du Port Autonome de Dakar qui en est un des membres phares, pionniers et leviers. En effet Monsieur le Président de la République, nous n’avons rien contre la coopération internationale surtout en ce qui concerne la Belgique qui est un des plus importants partenaires du Sénégal dans plusieurs domaines relevant de notre Economie nationale.
En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de cette SNPS, le Ministère des Pêches et de l’Economie maritime et l’ANAM ont contractés à travers un protocole signé le 25 janvier 2021 avec ENABAL (Agence gouvernemental belge) qui devient ainsi le financier et l’accompagnateur d’une telle vison selon les mots de son Ambassadeur à Dakar.
Dans un esprit de solidarité européenne, ENABAL, au lieu de s’appuyer sur l’expertise nationale sénégalaise, s’est adossée sur deux cabinets étrangers pour accompagner cette SNSPS : le cabinet CPCS (CPCS - advisors to infrastructure leaders Infrastructure management consulting ) et le Cabinet Tractabel-Engy (Tractebel (tractebelengie.be) qui sont tous belges et ne se prévalent d’aucune expertise en la matière. Il est bon Monsieur le Président de la République que vous soyez informé que ces cabinets sont spécialisés respectivement dans la nucléaire, l’énergie et les infrastructures. Ainsi, veuillez retenir Excellence que ces deux cabinets ne peuvent rien faire de plus que nos brillants et chevronnés cadres et acteurs maritimo-portuiares. C’est le lieu de rendre un vibrant hommage aux pionniers, je veux nommer : Bara Sady, feu Saliou Fall, Gonar Ndior, Omar Diagne Thiam, Amadou Ndiaye, Ambroise Sarr, Pathé Ndiaye, Ibra Guissé, Grégoire Diatta, Yérim Thioub, etc. Faudrait-il vous rappeler, Excellence, que c’est grâce à cette expertise purement sénégalaise que le Sénégal est devenu une attraction et un intérêt pour les grandes compagnies et sociétés internationales à l’image de DPW, Dakar-terminal, Cmacgm, COSENI, Grimaldi et biens d’autres sociétés de références mondiales.
Le 5 juin 2005, Vous, alors Premier ministre du Sénégal présidant l’ouverture du Conseil interministériel sur la compétitivité du Port Autonome de Dakar, releviez la nécessité d’une vision stratégique de développement à moyen et long terme pour le Port autonome de Dakar avec la mise en place d’un schéma directeur. Aujourd’hui que vous êtes à la tête du Sénégal, votre déclinaison d’il y a 17 ans cadre parfaitement avec le nouveau schéma directeur actuel du Port Autonome de Dakar qui ambitionne de faire de l’activité portuaire le moteur de notre Economie.
En effet, au moment où cette stratégie nationale portuaire promet de soutenir la croissance, le schéma directeur du PAD ambitionne de porter cette même croissance. Déjà, les signaux en sont donnés par les brillants résultats notés depuis quelques années ainsi que la contribution réelle et visible du PAD dans plusieurs domaines.
Excellence Monsieur le Président de la République, il ne fait aucun doute qu’avec votre arbitrage et soutien, le PAD va réussir le pari de promouvoir la croissance économique et la compétitivité nationale. C’est pour cette raison que nous vous invitons en tant que spécialiste du milieu de prendre les mesures ci-dessous dans l’intérêt supérieur du Sénégal :
• Acter officiellement votre décision de confier la gestion des ports secondaires au Port Autonome de Dakar,
• S’appuyer sur le Schéma directeur du Port Autonome de Dakar pour une meilleure prise en charge du secteur portuaire et de la logistique,
• Nommer par appel à candidature un Conseiller chargé du secteur maritimeportuaire et de la logistique,
• Dissocier la gestion de la Pêche et du Maritime,
• Régler la question de la tutelle du Port Autonome de Dakar. Celui-ci doit dépendre d’un Ministère comme celui de l’Economie, du PSE ou des Transports et non celui des Pêches,
• Convoquer un Conseil présidentiel sur les Ports,
• Créer une haute Autorité pour la gestion des Corridors. Monsieur le Président de la République, telle est l’économie de ma lettre ouverte.
Par Madi Waké TOURE
GOUVERNER AUTREMENT NOS QUARTIERS POUR LES SAUVER DE LA DESHUMANISATION
« Ville cruelle », avait dit Eza Boto, un pseudonyme utilisé par un célèbre écrivain africain du nom de Mongo Béti qui a consacré sa vie entière au combat pour la libération du continent africain sans faillir un seul instant.
« Ville cruelle », avait dit Eza Boto, un pseudonyme utilisé par un célèbre écrivain africain du nom de Mongo Béti qui a consacré sa vie entière au combat pour la libération du continent africain sans faillir un seul instant.
Cette sentence avec toute la charge de violence qu’elle charrie, délivrée il y a de cela plusieurs décennies par un brillant esprit, n’a pas pris une seule ride au regard des évènements qui se déroulent dans les villes et cités africaines. Ce verdict, rapporté à l’aune de ce que nous voyons et vivons au Sénégal, tous les jours, garde toute sa pertinence. Le roman d’Eza Boto, publié en 1954, garde toute sa contemporanéité. Les réalités de beaucoup de villes sont marquées par la cruauté, l’exploitation, le vol, les crimes. Hommes et femmes, qui y vivent, baignent dans leur écrasante majorité dans un désarroi social qui les plonge dans une affliction aux conséquences incommensurables. Ce tableau supra qui fait peur ne détonne pas trop avec cette réflexion signée Bernard Ndiaye (BN). Dans son ouvrage « Paroles sur la vie » — que je vous recommande vivement de lire —, BN renseigne sur les valeurs qui prévalent dans ce monde fort égoïste : « Nous baignons dans une civilisation du paraître où l’on ne donne rien sans retour et où les relations humaines sont immolées sur l’autel des intérêts personnels. » Face à des situations aussi difficiles, une interrogation vient à l’esprit : que faire ? La vérité est que les quartiers revêtent une grande importance. Ecoutons à ce sujet Abdoulaye Ngom, ancien directeur de projets à la Sade, délégué de quartier aux Hann-Maristes : « Le président de la République nous cite comme des administrateurs de proximité.
J’ai l’habitude de dire que le quartier est un maillon important dans le développement.
Le Quartier c’est la somme des Familles. La Commune c’est la somme des Quartiers. Le SENEGAL c’est la somme des Communes. Donc le délégué devrait insister pour le développement des familles. » L’Etat central est confronté à des limites objectives parmi lesquelles le manque de moyens. Cette insuffisance de moyens n’expliquerait-elle pas les politiques de décentralisation mises en place ? Celle-ci telle que pensée n’est pas une mauvaise chose. Au contraire : les hommes et femmes qui l’ont théorisée ont eu un flair de génie en ce sens qu’il n’y a pas de développement véritable sans l’implication effective des populations à la base. Seulement, et c’est là le drame, les grandes idées qui ont présidé à la naissance de la décentralisation ont été perverties à la faveur de mobiles et d’enjeux politiciens. Cette décentralisation, qui se voulait porteuse de changements qualitatifs au niveau des collectivités territoriales, n’a pas répondu à toutes les attentes. A l’épreuve des faits, on s’est rendu compte que les nouvelles lois et autres règlements ont été contournés pour servir malheureusement d’autres desseins. Desseins contraires aux exigences de l’heure ! Lesquelles nous commandent de prendre notre destin en mains au motif qu’il n’y a pas de défis que des hommes et femmes, décidés et engagés, ne peuvent relever. Dans cette direction, il urge que les différentes entités existant dans les quartiers –délégués de quartiers et leurs équipes, imams, groupements de femmes et association de jeunes, daaras — se donnent la main et se mettent ensemble pour réfléchir aux problèmes qui gangrènent la vie de la collectivité. Et, dans cette stratégie de l’autogestion urbaine, je crois savoir que les délégués de quartiers ont un rôle capital à jouer afin de booster le développement économique, social et culturel de leur terroir.
Dans le décret N°921615 du 20 novembre 1992, il est rappelé que le délégué de quartier est chargé de veiller à l’application des lois et règlements ainsi qu’à celle des décisions et mesures d’hygiène et de salubrité publics prises par les autorités administratives et municipales. Ce texte qui encadre et organise l’exercice de la fonction de délégué de quartier est séduisant sur le papier mais… c’est sur le terrain de la pratique que le bât blesse. À qui la faute ? Je ne saurai le dire. Une chose est certaine : il y a urgence à « révolutionner » nos quartiers pour en faire des moteurs véritables de développement. Dans cette optique, l’Etat central a l’obligation par le biais de séminaires, conférences et autres foras de renforcer les compétences managériales des délégués de quartiers.
Ces derniers, bien encadrés et bien formés, pourraient être des catalyseurs de progrès dans leurs localités respectives. C’est là l’avis d’El Hadj Samba Fall (EHSF), président de l’association des délégués de quartiers du département de Dakar. Dans un document intitulé : « Plaidoyer pour la valorisation de la fonction de délégué de quartier », EHSF, assène : « A la réflexion, le délégué de quartier, de par sa proximité avec sa base, est un acteur incontournable ; son rôle est déterminant dans le choix et les prises de position de ses administrés avec qui il partage au premier degré et au quotidien les joies et les peines. Le délégué de quartier, comme son nom l’indique, est Délégataire de pouvoirs. Ses missions et ses attributions le placent au cœur du pouvoir local, poumon sans lequel le pouvoir central ne peut respirer.
A la limite si beaucoup d’initiatives entreprises par les autorités administratives ou municipales ont souvent échoué, cela est essentiellement dû au fait qu’ils n’ont jamais été associés ou impliqués directement dans la recherche de solutions. » Et pourtant, à l’échelle de chaque quartier, les habitants essaient, innovent et développent de nombreuses initiatives qui ne demandent qu’à être soutenues, accompagnées. S’agissant de l’accueil et de la protection des personnes vulnérables, les délégués de quartiers sont en première ligne et depuis très longtemps. Hélas, la reconnaissance institutionnelle de cette modalité de protection administrative, des enfants notamment, tarde. Les fonctions d’instances administratives, judiciaires, politiques et sociales des délégués de quartiers appellent une institutionnalisation qui, pour l’instant, est « informelle ».
Tout cela pour dire que ce cri du cœur d’un homme du sérail et qui connaît bien son rôle doit être entendu.
Le sera-t-il ? Rien n’est moins sûr !
Tout de même, il y a nécessité vitale que les gens se parlent utilement dans les quartiers en mettant en synergie les différentes compétences qui y existent. En le faisant dans un esprit d’ouverture, de tolérance, de recherche de consensus fort, il y a de fortes chances que bien des problèmes qui plombent la vie de nos cités soient résolus. Essayons d’illustrer un peu en montrant ce que la communauté peut faire pour changer qualitativement le cours des choses.
Dans pratiquement tous les quartiers de ce pays, le problème de la drogue se révèle être un casse-tête avec beaucoup de désagréments pour le plus grand nombre. Cette question de société de par sa charge explosive nous interpelle tous. Quand une bonne partie de la jeunesse, sans perspectives d’avenir sérieuses, devient accro à la drogue, il y a de quoi avoir peur. Mais faut-il désespérer ? Non ! Non en ce sens que la problématique de la drogue est loin d’être une fatalité. A supposer que dans les quartiers de types nouveaux que j’appelle de tous mes vœux, imams, délégués de quartiers et autres notabilités soient formés sur les questions relatives à la drogue et aient des moyens de persuasion à même d’amener les jeunes à abandonner l’utilisation de ces produits toxiques. Ces gens-là bien outillés et connaissant bien leurs localités, pourraient aller à la rencontre des jeunes. En les écoutant avec empathie – n’oublions surtout pas que beaucoup de jeunes souffrent de solitude et du sentiment d’abandon —, il y a de fortes chances qu’on arrive à sauver certains cadets dont on désespérait des cas. Cet exemple, à lui seul, montre qu’on peut faire beaucoup de choses dans nos quartiers. Quand le groupe se met en mouvement, en mouvement d’idées bien sûr, il n’y a rien d’impossible. Rien d’impossible surtout s’il y a couplage entre des actes concrets sur le terrain et une réflexion bien mûrie. Ma conclusion, je vais l’emprunter à un expert des questions de développement, Olivier Laurent (OL).
Lors d’un panel, organisé par le Centre culturel L.-J. LEBRET, le service œcuménique d’entraide (Centre de Bopp) sur la thématique : « Stratégies urbaines en Afrique Noire : quel avenir pour la ville de Dakar » et regroupant un aréopage d’intellectuels de haut vol dont notre compatriote, feu, Amady Aly Dieng —que la terre lui soit légère —, OL martelait ces vérités éminemment justes : « A partir du moment où des gens se sont mis ensemble pour faire œuvre commune, ils préparent sans trop le savoir « le meilleur » pour demain. »