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15 août 2025
L’INTERSYNDICALE DES TRAVAILLEURS EN EAUX TROUBLES
En plein Forum mondial de l’eau, les travailleurs de la société en charge de la distribution de l’eau potable au Sénégal (Sen’Eau) sont dans le désarroi.
L’intersyndicale des travailleurs de la Sen’eau, constituée du Sates, du Sutes, de l’Utis/Unsas, a fait face à la presse hier pour annoncer son deuxième plan d’action. Ce, suite à ses bisbilles avec la directrice générale Jahny Arnal qui évite, selon elle, le dialogue avec les syndicalistes pour vider les points du mémorandum de 2019.
En plein Forum mondial de l’eau, les travailleurs de la société en charge de la distribution de l’eau potable au Sénégal (Sen’Eau) sont dans le désarroi. Depuis son accession à la tête de l’entreprise en janvier 2020, la directrice générale Jahny Arnal n’a pas daigné les représentants syndicaux pour discuter avec eux du mémorandum déposé sur la table de son prédécesseur. Le point essentiel de ce document porte sur l’augmentation des salaires à hauteur de 40%.
Hier, l’intersyndicale est montée au créneau pour annoncer la mise œuvre de la seconde phase de son plan d’action. Celui-ci consiste, selon Ahmadou Dieng, «à saisir la direction générale du travail et de la sécurité sociale par une notification de conflit collectif. Dans le cas où une non-conciliation sanctionnerait ces négociations, un préavis de grève sera déposé afin d’amener la Sen’eau à apporter des solutions aux véritables préoccupations des travailleurs».
D’autant que l‘intersyndicale avait tiré la sonnette d’alarme lors de son point de presse du 14 mars 2022. Elle avertit l’opinion que les conséquences de son mouvement d’humeur seraient de la seule et unique responsabilité de la direction générale de la société.
Mais depuis cette date, la directrice générale n’a apporté aucune réponse concrète au premier point du mémorandum des travailleurs de 2019 à savoir : « une augmentation des salaires à hauteur de 40%. En lieu et place, c’est une direction générale qui nous annonce des déficits répétés dans ses résultats, ce qui était prévisible pour toute entreprise qui démarre», souligne Ahmadou Dieng, porte-parole de l’intersyndicale. «Mais ce que Mme Arnal ne dit pas, c’est l’augmentation considérable de son chiffre d’affaires avec le démarrage de l’usine de Keur Momar Sarr 3, l’arrivée de 100 mille M3/jour, et la seconde phase de 100 mille m3 attendus dans quelques semaines», tonnent ElHadji Malick Guèye et Cie. Les camarades d’Elimane Diouf fustigent aussi la démarche de la direction générale de la Sen’eau. « Le nouveau gestionnaire tend à bafouer les acquis des syndicalistes notamment la demande d’augmentation des salaires de 40% ».
A côté de cela, les travailleurs s’émeuvent du manque de conciliation de leurs vis-à-vis afin d’apaiser la tension sociale qui prévaut dans la société nationale de l’eau. «Le Directeur des Ressources Humaines et de la Transformation (Drht) préfère instaurer la ruse et la division des acteurs comme mode de négociation. C’est le lieu de dénoncer ces méthodes d’un autre âge qui sont contraires au modèle de dialogue social de longue date dans notre pays et particulièrement dans notre entreprise depuis près de 30 ans. Les sacrifices consentis par le personnel n’ont pas été reconnus et rétribués à leur juste valeur par la direction», pestent les syndicalistes.
Par Moussa KAMARA
NEC PLUS ULTRA
C’est vrai qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, aucun politicien de ce pays n’a fait mieux qu’Ousmane Sonko.
C’est vrai qu’avec l’avènement des réseaux sociaux, aucun politicien de ce pays n’a fait mieux qu’Ousmane Sonko.
Dans leur utilisation, leur transformation en medium de communication et de propagande entre autres. Bien sûr qu’avant Pastef, certains parmi nos hommes politiques utilisaient le Net. Et bien sûr les résultats sont en deçà de ce qu’ils attendaient ou espéraient.
De purs amateurs qui refusaient de le reconnaitre. Leur implication dans Internet se faisait selon l’air du temps pour ne pas dire par snobisme. Des sites ou des portails rarement à jour des évènements parce que sans agent dédié à cette tâche. Jusqu’à ce qu’un jeune politicien vienne tout bouleverser.
Avec des pros du Net. Simplement et fermement. Une bande de jeunes cadres, issus de tous les milieux, bon chic bon genre entoure le boss du Pastef. Ils sont efficaces dans les rôles qui leur sont assignés.
Et, au-delà du Net, des interventions ciblées dans les media de leur convenance avec des émissaires souvent au-dessus de leurs interlocuteurs. Ce sont eux qui mènent le bal et non les gens payés pour le faire. Jamais nous n’avons encore vu une conférence de presse des gens de Pastef avec des questions tout azimut lancées par les gens de la presse. Ils ont changé la donne sans que personne ne le relève pour s’en offusquer.
L’audace des gens de Pastef est sans commune mesure avec ce qui se faisait dans le champ politique. Ils règnent sur le Net jusqu’à susciter la peur des interventions hasardeuses. Pour vérifier ce que j’avance, il suffit d’intervenir dans les réseaux sociaux à charge contre Pastef pour récolter la curée.
Trop peu de personnes osent s’y aventurer. Surtout les gens d’un certain âge qui redoutent les insultes et les quolibets. C’est comme si les jeunes militants avaient trouvé en Sonko un messie. La différence entre lui et les autres jeunes non pastéfiens est que lui a l’étoffe d’un véritable chef de parti. Un parti qu’il a créé et mené de main de maitre jusqu’à présent. Une démarche originale qui n’a jamais été menée avant lui. Et jusqu’à présent il a su s’en sortir magistralement.
Pour l’avoir fréquenté, nous sommes bien placés pour savoir que le monde politique est plein de ressources brumeuses, fumeuses, incroyables et pitoyables pour se débarrasser d’adversaires coriaces. Des armes conventionnelles ou non sont hardiment usitées pour gagner. Mais quand l’adversaire ou l’ennemi est aussi coriace que ceux d’en face, sûrement que les cris de victoire fuseront de là où on ne les espérait guère. Du balcon, nous savourons les péripéties de ces batailles épiques.
LA DÉMOCRATIE A L’ÉPREUVE
Abdoulaye Wade avait quand même laissé un bilan matériel plus ou moins acceptable. Et de visu, il y avait ces grandes infrastructures culturelles comme le Monument de la renaissance, controversée, le Grand Théâtre, la Place du Souvenir africain
Abdoulaye Wade avait quand même laissé un bilan matériel plus ou moins acceptable. Et de visu, il y avait ces grandes infrastructures culturelles comme le Monument de la renaissance, controversée, le Grand Théâtre, la Place du Souvenir africain… Ou encore ce bâtisseur des routes, autoroutes, Aéroport Blaise Diagne… C’était son « weddi guiss bokku ci » qu’il pensait être en mesure de lui offrir un 3e mandat. C’est justement, c’est que le « bâtisseur » a tout démoli : le bilan immatériel.
La démocratie n’est pas qu’électorale, elle est dans les libertés, le respect du calendrier électoral, l’accès équitable aux médias publics, le respect et la stabilité de la Constitution. Quand il a été élu en 2000, Wade a promis un mandat de 5 ans et l’a « verrouillé ». Quand il a été réélu en 2007, il a ramené, par la voie de l’article 27, le septennat à partir de 2012. Puis le 3è mandat.
Voilà pourquoi en 2012, pour tous ces cas de reculs démocratiques, les Sénégalais ont sanctionné ce jeu interminable. Et Macky Sall, qui a compris ce rejet massif dès le premier tour, a, dans sa première déclaration au 2e tour, promis de s’appliquer le quinquennat et de le verrouiller à 2. A l’épreuve, le nouveau président se livre aussi à la ruse politique : transhumance, la Crei comme épée de Damoclès sur la tête des opposants, les changements constitutionnels pour revenir sur sa promesse de s’appliquer 5 ans au lieu de 7 ans. Puis pour verrouiller le mandat à 2… sans le verrouiller puisque le débat sur la constitutionnalité d’une 3e candidature ou pas a ressurgi. La même ritournelle qu’en 2012 ! C’est donc, sous cet angle, un surplace.
Le système politique
Qui d’ailleurs, de façon générale, se manifeste dans le fonctionnement du système politique et électoral. Si cela est le fait de la classe politique dans sa globalité, il convient tout de même de souligner que c’est le président qui conduit la politique de la nation, y compris celle de l’organisation des élections libres, transparentes et sans contestations. Mais tout ne dépend pas du pouvoir ou de celui qui l’incarne. Il y a, en revanche, une absence de confiance entre les acteurs politiques, que seules des garanties de transparence par les paroles et les actes peuvent régler. A chaque élection, ce sont les mêmes choses : ouvrir le dialogue, auditer le fichier électoral, évaluer le processus électoral…
Emprisonnement des opposants
Abdoulaye Wade avait mis Idrissa Seck aux fers, officiellement pour l’affaire dite des chantiers de Thiès. Même si l’ancien premier ministre pensait que la prison était le chemin qui mènerait au palais, il s’en est plutôt éloigné. Le palais ne restera qu’un mirage pour lui. S’il s’en était approché, ce n’était que par son rang de 2e à la Présidentielle de 2007, mais qui n’a jamais pu envoyer Wade au second tour. Macky Sall a, en plus de Karim Wade condamné par la Crei, mis hors d’état de nuire Khalifa Sall qui, après avoir été maî(t)re de Dakar, pouvait approcher l’Avenue Léopold Sédar Senghor en 2019.
Deux « K » qu’il a réglés par une condamnation qui ne leur donnait aucune chance devant le Conseil constitutionnel, leur casier judiciaire étant finalement le « filtre » le plus compliqué. Même s’ils sont parvenus à mobiliser les parrainages sans gros soucis. Ce système n’est pas mauvais en soi. Mais le seul hic demeure le manque de discussions entre le pouvoir et l’opposition. Il reste que le système politique, loin d’être parfait, a permis à ceux qui ont contesté les victoires du pouvoir, de gagner des élections (locales de 2014 et de 2022 à Dakar).
SALIF SADIO ET SON ÉPOUSE FUIENT VERS LA GAMBIE
Lancée depuis le 13 mars dernier en Casamance, l’opération militaire de démantèlement des bases rebelles et autres sanctuaires de voyous n’a duré que deux semaines dans le Nord-Sindian. Elle s’est arrêtée faute de combats dans le camp en face !
Moins de deux semaines après un assaut mené par des troupes d’élite de nos forces armées, dotées d’un matériel de guerre impressionnant, il n’y a plus de combats en Casamance. L’Armée a pratiquement démantelé toutes les bases rebelles et sanctuaires de voyous dans le Nord-Sindian. Sous un déluge de feu, le chef rebelle Salif Sadio et son épouse ont fui vers la Gambie. « Le Témoin » vous révèle également que l’Armée compte d’ailleurs user de son droit de poursuite pour localiser et capturer, morts ou vifs, tous ces bandits de grand chemin prétendument du Mouvement des forces démocratiques de Casamance. Ce jusqu’au delà de nos frontières.
Lancée depuis le 13 mars dernier en Casamance, l’opération militaire de démantèlement des bases rebelles et autres sanctuaires de voyous n’a duré que deux semaines dans le Nord-Sindian. Elle s’est arrêtée faute de combats dans le camp en face ! Il s’est agi en réalité d’une « blitzkrieg » ou guerre éclair à l’issue de laquelle pratiquement toutes les bases arrière de la faction du chef rebelle du Mfdc Salif Sadio et situées dans les villages de Diounor, Karounor, Kapa, Bakingaye, Djilanfalé, Guikess, Katama, Katinoro, Tampindo, Kanfounda et Younor ont totalement été détruites avant d’être occupées par nos forces armées. Sur place, nos braves soldats ne font désormais plus que des opérations de ratissage et de fouille des décombres des bases rebelles pulvérisées par la puissance de l’artillerie de nos « diambars ». « Le Témoin » a d’ailleurs appris que le chef rebelle Sadio Sadio s’est évaporé dans la nature. Une fuite éperdue dès les premiers bombardements à l’arme lourde.
Selon des villageois interrogés dans la zone, Salif Sadio a fui en compagnie de son épouse vers la Gambie. « Ils ont quitté leur sanctuaire pour fuir nuitamment en moto vers les villages frontaliers de la Gambie. Suivi d’une horde de rebelles et de lieutenants, Salif Sadio s’est évaporé dans la nature gambienne bien avant l’assaut terrestre des soldats » ont indiqué les villageois aux soldats dans leur chasse à l’homme. Comme l’attestent les prises de vues sur place (voir photos), Salif Sadio vivait dans une case en dur couverte de tôles et abritant un bunker souterrain. Un bunker qui lui servait d’abri et de poste de commandement.
En fouillant les décombres de cette base stratégique dévastée par les obus, les soldats ont découvert une importante logistique de « guerre » et surtout de survie tels que des marmites, des ustensiles de cuisine, des sacs de riz, des mortiers, des lance-roquettes, des fusils rouillés, des voitures volées, des munitions, des sachets de chanvre indien, des pipes à tabac ou à yamba, des motos en panne, des bicyclettes, , des matelas, ustensiles de cuisine, des panneaux solaires etc.. Sans oublier de petits pagnes de séduction et autres ceintures de perles pour femmes. Ce qui laisse croire que Salif Sadio vivait avec son ou ses épouse(s) dans cette forêt qui abritait sa base.
Une chasse sous-régionale à l’homme !
Dans son dernier communiqué faisant état du premier bilan de cette opération, la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) déclarait que plusieurs rebelles et autres voyous armés ont été tués dont certains dans leurs bunkers. Et indiquait que « d’autres rebelles ont pris la fuite abandonnant précipitamment une importante quantité d’armes et de munitions de guerre, des matériels divers et surtout des véhicules volés et gardés depuis plusieurs années » lit-on dans le communiqué de l’Etat-major des armées.
Face à cette criminalité frontalière tournant autour du trafic illicite de noix d’anacarde, de rapts, de chanvre indien, de coupe illégale de bois et de contrebande de marchandises, l’Armée avait martelé que « ces bandes criminelles en déroute seraient traquées jusque dans leurs derniers retranchements à l’intérieur du territoire national et partout ailleurs ».
Justement, que sous-entend le mot « Ailleurs » ? Eh bien, « Le Témoin » est en mesure de dire qu’« ailleurs » n’est autre qu’un droit de poursuite de manière étendue que compte user l’Armée sénégalaise. Autrement dit, localiser et traquer Salif Sadio et sa bande de malfaiteurs jusque dans leurs derniers retranchements. Que ce soit en Gambie, en Guinée-Bissau ou ailleurs !
LE MINISTÈRE DE LA JUSTICE VEUT PERFORMER LE SYSTÈME D’ÉVALUATION DES MAGISTRATS
Le ministère de la Justice, à travers sa Direction des Services judiciaires, en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, a démarré ce jeudi à Saly Portudal, un atelier de renforcement des capacités sur le système d’évaluation des magistrats
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 25/03/2022
Le ministère de la Justice, à travers sa Direction des Services judiciaires, en partenariat avec l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique, a démarré ce jeudi à Saly Portudal, un atelier de renforcement des capacités sur le système d’évaluation des magistrats. Cette rencontre de deux jours est destinée aux chefs de juridictions, notamment au premier président et le Procureur général de la Cour suprême, aux présidents et procureurs généraux près les Cours d’appel (CA) et aux présidents et procureurs près les tribunaux de grandes instance (TGI) du ressort de Dakar. La finalité de cette réforme est de mieux encadrer la gestion de la carrière du magistrat. Selon certains magistrats, elle devrait participer considérablement à changer la perception du justiciable sur la Justice et celle du fonctionnaire « intouchable » collée à tort aux magistrats.
La rencontre de Saly Portudal a pour objectif principal d’accompagner le processus de conduite du changement nécessaire à l’appropriation du système d’évaluation par les acteurs afin de disposer d’un outil objectif d’appréciation de l’activité et de la qualité professionnelle des magistrats et d’aide à la décision en vue du choix à l’inscription au tableau d’avancement. « Cela va nous permettre de mieux encadrer la gestion de la carrière du magistrat. A l’issue de cet atelier, les magistrats auront une meilleure connaissance de ce texte » a indiqué le directeur des Services judiciaires du ministère de la Justice, Abdoulaye Ndiaye, qui présidait l’ouverture des travaux. « Le statut des magistrats prévoit, à son article 43, un dispositif d’évaluation et précise que l’évaluation du magistrat se fait chaque année à partir du 15 août. Il sera régi à partir des fiches d’évaluation dont les caractères sont fixés par un décret », a expliqué le Directeur des Services judiciaires au ministère de la Justice. Le Bureau du développement, de l’assistance et de la formation en matière de poursuites à l’étranger (OPDAT, acronyme anglais) du département de la Justice des Etats-Unis d’Amérique a décidé de continuer d’appuyer le ministère de la Justice du Sénégal dans la mise en œuvre du système d’évaluation des magistrats. Thomas Bradley, conseiller Juridique DOJ /OPDAT à l’ambassade des Etats Unis d’Amérique au Sénégal, soutient que les magistrats sont au cœur de la Justice. Et qu’à ce titre, ils doivent être professionnels et indépendants. « C’est important. Lorsque le citoyen vient au tribunal, il réclame justice, il veut gagner le procès sans doute. Mais, je crois aussi qu’il veut être traité avec équité, savoir qui est son juge, sur la base des lois et des faits. Le procureur et les juges sont des professionnels, ils le méritent et nous aussi, en tant que magistrats. C’est pourquoi nous sommes ici pour garder cette mission, pour que le Sénégal reste leader en Afrique de l’Ouest. Je sais que vous êtes leaders, je l’ai dit partout ailleurs », a dit l’ancien procureur aux USA durant plus de 25 ans.
Mieux encadrer la gestion de la carrière des magistrats
« Il y a un travail participatif qui a été mené ces dernières années. Ce travail a abouti à l’adoption d’un décret portant sur l’adoption d’une fiche d’évaluation des magistrats. Donc l’atelier d’aujourd’hui, qui regroupe tous les présidents de Cours d’Appel et chefs de juridiction de Dakar, devrait nous permettre de partager ce texte et de partager les fiches d’évaluation qui ont été élaborées et qui font partie de ce décret. Et cela va nous permettre de mieux encadrer la gestion de la carrière du magistrat. A l’issue de l’atelier, les magistrats auront une meilleure connaissance de ce texte », a dit pour sa part Abdoulaye Ndiaye, Directeur des services judiciaires au ministère de la Justice. « Au Sénégal, cinq ans après l’adoption de ce projet de loi, l’évaluation des magistrats en est encore au stade des balbutiements. Cette évaluation se fait de manière erratique, très inégalitaire sur l’ensemble du territoire. Il y a des chefs de juridiction et des chefs de juridiction qui sont satisfaits. Il est temps que nous franchissions ce cap et que nous parvenions à l’effectivité de cette évaluation qui est un gage et d’un critère de performance. Toute administration et tout service public digne de ce nom et qui se qui se veut performant, doit sacrifier à ce processus. Il ne peut pas faire l’économie d’une évaluation objective qui est basée sur des critères scientifiques et dont l’efficience est reconnue », a fait remarquer de son côté Ciré Aly Bâ, 1er président de la Cour d’Appel de Dakar. « Les magistrats du Tribunal de grande instance sont suivis, supervisés et évalués par le président du TGI à l’intérieur du ressort, le président de la Cour d’Appel supervise tous ces gens-là. Maintenant, il faut que tout ça soit formalisé et doit résulter des procédures objectives égalitaires et contradictoires pour que celui qui est évalué ait son mot à dire et qu’au bout du compte, l’on puisse avoir une notation transparente et qui puisse rendre compte du profil du magistrat pour qu’au moment des nominations et même dans les procédures disciplinaires on connaisse le processus du magistrat afin qu’on sache à qui on a à faire » a estimé quant à lui Cheikh Ndiaye 1er président de la Cour d’Appel de Saint Louis. Pour lui, en effet, il n’est pas normal qu’on sorte le dossier d’un magistrat et qu’on ne voie aucune fiche de notation qui renseigne sur son comportement vis-à-vis de ses collègues et des justiciables. « Il faut faire des évaluations qui permettront d’avoir des renseignements sur la nature de la personne », insiste-t-il.
« Les magistrats ne travaillent pas en vase clos »
« Le processus d’évaluation, de notation des magistrats est connu dans la chaîne hiérarchique interne et ensuite au niveau de l’administration centrale. Mais il peut être utile aux justiciables parce que l’idée la plus répandue est que les magistrats travaillent en vase clos, personne ne sait ce qu’ils font et ils sont munis d’une certaine impunité alors que ce n’est pas le cas », a soutenu le magistrat Cheikh Ndiaye. Pour ce chef de juridiction, cet atelier est une initiative qui vient à son heure. « Le texte est nouveau, c’est vrai que le système d’évaluation était prévu depuis 2018. Mais il y a toujours un processus ou une phase d’adaptation au bout duquel tous les magistrats de toutes les juridictions se mettent au diapason pour pouvoir appliquer correctement les textes », estime-t-il.
Le système d’évaluation des magistrats est à usage interne à titre principal. Le statut des magistrats prévoit, à son article 43, un dispositif d’évaluation et ce texte précise que l’évaluation du magistrat se fait chaque année à partir du 15 août et sera régi à partir des fiches d’évaluation dont les caractères sont fixés par un décret. Le président du tribunal du travail hors classe de Dakar, le président du tribunal de commerce, le doyen des juges de Dakar, les magistrats à l’administration centrale et le président de l’Union des magistrats sénégalais (UMS), prennent également part à cet atelier.
Pour rappel, au courant de l’année 2017, la volonté de modernisation du cadre juridique au ministère de la Justice a entrainé l’adoption de plusieurs lois organiques, notamment celle portant sur le statut des magistrats, loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 abrogeant et remplaçant celle n° 92-27 du 30 mai 1992 portant statut des magistrats.
L’ARCOP QUALIFIÉE DE TROMPERIE INSTITUTIONNELLE
Le bébé de Macky Sall destiné à promouvoir davantage de transparence encore dans la passation des marchés publics ne séduit pas
L’Autorité de Régulation de la Commande publique (ARCOP), dont l’avènement a été annoncé hier en Conseil des ministres en remplacement de l’Autorité de Régulation des marchés publics (ARMP), serait une véritable tromperie institutionnelle. C’est du moins la forte conviction de Birahim Seck du Forum civil.
Le bébé de Macky Sall destiné à promouvoir davantage de transparence encore dans la passation des marchés publics ne séduit pas. Du moins pas tout le monde. Les premières salves tirées contre l’Arcop viennent d’une autorité qui fait référence dans le domaine notamment le coordonnateur du Forum Civil Birahim Seck. Lequel a publié illico un communiqué dans lequel il écrit que « le changement du nom de l’Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP) pour l’Autorité de Régulation de la Commande publique (ARCOP) qu’on présente comme une avancée majeure vers plus de transparence est une véritable tromperie institutionnelle. Ce changement de nom semble être une ruse pour solder le passif de l’ARMP, en matière de contrôle de la Commande publique avec la complicité du gouvernement » estime Birahim Seck.
Le Coordonnateur du Forum Civil ajoute que « l’ARMP est la championne incontestée de décisions accordant des marchés de gré à gré avec un déconcertant et régulier justificatif «à titre exceptionnel», sans compter une absence totale de Redevabilité sur sa gestion de la redevance de régulation de marchés publics. L’Armp a pourtant déjà les compétences de contrôler les marchés publics, les Délégations de services publics (Articles 4.13, 82.1.a du Code des marchés publics) et un volet essentiel des contrats de PPP à savoir les offres spontanées (article 81 du CMP) que l’on gagnerait à supprimer d’ailleurs car sources de gouffre à milliards ».
Un manque de cohérence
L’initiative du Gouvernement révèlerait un manque de cohérence et de maîtrise d’une politique stratégique de gestion de la commande publique selon toujours le conseiller économique, social et environnemental. « Il y a juste 5 mois, le Président avait pris le décret n°2021-1443 du 27 octobre 2021 portant application de la loi n°2021-21 du 2 mars 2021 relative aux contrats de partenariat public-privé qui prend en charge les modalités d’organisation et de fonctionnement des organes de gouvernance (Comité interministériel, Comité national d’appui au CPPP etc.) des contrats PPP. Une situation qui dénote un déficit de rigueur dans la formulation de politique publique en matière de conduite de la commande publique au Sénégal. Si le Gouvernement veut effectivement aller dans le sens de plus de transparence dans la commande publique, il doit, entre autres actions, supprimer les offres spontanées, revoir les critères de qualification qui empêchent les entreprises nationales de gagner des marchés, autonomiser les cellules de passation des marchés, sortir l’organe de gestion de la commande publique de la Présidence de la République, auditer l’Armp, arrêter l’illégalité toujours en cours du mandat du DG de l’Armp et faire le point sur les montants de la redevance de régulation et son utilisation. La liste est loin d’être exhaustive. En réalité, le projet de réforme est une tentative du gouvernement de répondre au communiqué du FMI qui avait demandé de «réviser le cadre des marchés publics» car, l’idée de l’ARCOP date de plus de 5 ans » conclut le coordonnateur du Forum Civil.
«IL FAUT INVERSER L’INTÉRÊT DES JEUNES EN LES ORIENTANT VERS LA SCULPTURE, LA LITTÉRATURE OU LE CINÉMA»
La danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, fondatrice de l’Ecole des Sables, souhaite une diversification des intérêts des enfants, en les faisant aimer la culture.
La danseuse et chorégraphe Germaine Acogny, fondatrice de l’Ecole des Sables, souhaite une diversification des intérêts des enfants, en les faisant aimer la culture.
Pour Germaine Acogny, le football est extraordinaire, mais ne doit pas seulement être l’activité que les enfants suivent. “Il faudrait inverser cet intérêt des jeunes, en les orientant par exemple sur la sculpture, la littérature ou encore le cinéma”, a-t-elle dit, hier, lors de la cérémonie d’ouverture du festival Cinéma 72, initié par le journaliste Alioune Diop.
Pour la célèbre danseuse, c’est grâce à la culture que le Sénégal a émergé. Elle cite les prix remportés par des sénégalais évoluant dans la culture. C’est le cas de Boubacar Boris Diop, lauréat du Prix International de Littérature Neustadt 2022 ou Mouhamed Mbougar Sarr qui a remporté le Prix Goncourt ou encore, elle -même avec le Lion d’Or. Ce qui a fait, selon elle, que le Sénégal a longuement été au-devant de l’actualité. La fondatrice de l’Ecole des Sables, où sont formés des danseurs et chorégraphes sénégalais et étrangers, soutient qu’il n y a pas que le football qui gagne. “Les autres sports comme le basket ont beaucoup gagné. Il faut donc absolument que les gouvernants et ceux qui sont là diversifient l’intérêt des enfants pour qu’ils ne s’intéressent pas uniquement au football où on gagne beaucoup d’argent, parce qu’il existe aussi d’autres valeurs”, a lancé Germaine Acogny. D’après, elle, son école implantée à Toubab Dialaw, dans le département de Rufisque, a réussi ce que les politiciens n’ont pas pu faire, à savoir réunir toute l’Afrique et le monde par la danse.
« Iya Tunde » et « Amadou Lamine Sall: La poésie en action » à l’affiche
Le film “Iya Tunde” (La mère est revenue) a été projeté lors de la cérémonie d’ouverture. Selon Germaine Acogny, la réalisatrice Laure Malecot retrace son travail de chorégraphe. Un documentaire sur le poète Amadou Lamine Sall, intitulé “La poésie en action”, a été également projeté. Ce film, qui retrace la vie du poète de sa ville natale à Kaolack à Dakar, s’intéresse à l’enfance de Sall, marquée par le décès de son père alors qu’il était âgé de dix ans. La danseuse n’a pas manqué de féliciter l’initiateur du festival, Alioune Diop, qu’il qualifie de courageux. Cependant, elle a suggéré au journaliste de délocaliser l’événement en l’amenant dans les lycées et les universités, aller vers la jeunesse pour leur montrer le patrimoine du pays. Un avis partagé par le poète Amadou Lamine Sall qui invite le promoteur à convier la jeunesse à assister aux projections.
Cette édition 2022 est consacrée aux documentaires du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la République du Congo et de la France. Il y aura également des documentaires longs, moyens et courts métrages au tour du thème, Patrimoine : “Quelle coopération africaine pour une restitution”. Ce festival est dédié aux films d’art et de littérature.” A travers le thème, nous cherchons également à fédérer les pays dans le but de réclamer nos objets et biens patrimoniaux”, a soutenu l’initiateur du festival qui est aussi fondateur et administrateur de Production Artistiques Culturelles d’Afrisie (PACAF).
Moustapha DIA
Par Abdoul Aly KANE
GESTION DE L’EAU ET SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
En 2030, près de 40% de la population mondiale vivra dans une zone de stress hydrique élevé (situation où la demande en eau est supérieure à l’offre).
Le Forum Mondial de l’Eau se tient cette fois ci au Sénégal du 21 au 26 mars courant. Cet évènement est le plus grand rassemblement des différents acteurs du secteur de l’eau dans le monde. L’évènement est d’importance, et il convient par conséquent de saluer les initiateurs qui ont décidé de tenir cette rencontre, pour une première, en Afrique subsaharienne. Le discours d’ouverture du Président du Conseil Mondial de l’Eau, M. Loïc Fauchon, nous a paru désabusé voire empreint de lassitude. Les prévisions sont inquiétantes en effet.
Selon le World Resources Institute (Institut des ressources mondiales, spécialisé dans les questions environnementales), 14 mégalopoles du monde sur 20 font face à une pénurie d’eau ou sont en situation de sécheresse.
En outre, en 2030, près de 40% de la population mondiale vivra dans une zone de stress hydrique élevé (situation où la demande en eau est supérieure à l’offre). La thématique de ce sommet se rapporte à 4 préoccupations majeures, à savoir la sécurisation de la ressource en eau, le droit à l’eau, la mobilisation des ressources financières pour la mise à disposition des usagers du liquide précieux, et la diplomatie indispensable à l’extinction des conflits autour des bassins, liés à la rareté de la ressource.
En Afrique subsaharienne, 40 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. C’est une situation de crise dans la mesure où l’accès à l’eau et à l’assainissement a été reconnu comme un droit humain en 2010 par l’ONU. Le défaut d’infrastructures est le véritable problème de l’accès à l’eau, car ceux qui détiennent les ressources financières escomptent en retour, outre le remboursement, la valorisation de leurs financements sous forme d’intérêts à recevoir. En revanche, ceux qui ont la charge de fournir l’eau à leurs populations, à savoir les Etats, sont contraints de s’adresser aux bailleurs et autres marchés financiers par voie d’emprunt, quitte à accepter les modes de gestion (Partenariat Public Privé) donnant tout apaisement au prêteur de deniers quant à l’efficacité de la gestion commerciale et la sécurisation du remboursement.
Les investissements hydrauliques sont onéreux
L’accès à l’eau étant un droit humain, les Etats ne peuvent facturer la ressource aux populations à son prix réel ; ils sont par conséquent contraints d’accorder des subventions d’équilibre permettant aux gestionnaires de couvrir les charges d’exploitation et les remboursements de prêts. Subventionner le prix de l’eau, et payer la dette lorsque les revenus de l’eau n’en permettent pas la couverture, voilà les charges herculéennes pesant sur les épaules des Etats africains, déjà lourdement chargés des contraintes de la gestion de leurs budgets nationaux en déficit structurel. Le président du Conseil mondial de l’eau, Loïc Fauchon, a appelé dans son discours à l’annulation de la dette de l’eau pour les États et collectivités les plus pauvres, à la mise en place d’un Fonds bleu international émanant des financements du climat, au couplage de financements non conventionnels en eau et en énergie afin de sécuriser l’accès universel à l’eau, et enfin au recours à des financements hybrides. Ces perspectives traduisent à notre sens la vanité de tous les schémas de financement proposés depuis une vingtaine d’années dans le cadre de l’atteinte des objectifs du millénaire des Nations Unies, notamment les recours aux marchés bancaires et financiers, les financements innovants de toutes sortes proposés ici et là, en particulier dans le Rapport Camdessus.
Qu’en est-il pour le Sénégal ?
D’avis d’experts, le potentiel hydraulique du pays couvre largement les besoins de la population. En effet, seuls trois pour cent (3 %) des eaux de surface et environ de 30 % des eaux souterraines seraient utilisés pour l'eau d’alimentation humaine (hydraulique urbaine et rurale) et l’agriculture. Les ressources souterraines et superficielles sont fragiles parce qu’agressées principalement par le sel dans les zones côtières, et accessoirement par le fluor, le fer, les nitrates, les pesticides non maîtrisés (zone des Niayes).
En réalité, le seul sous-secteur bénéficiant de financements substantiels est l’eau potable urbaine. La raison en est que son exploitation génère des revenus aptes à faire face au remboursement des concours financiers ayant permis l’érection du patrimoine, lequel est constitué d’infrastructures de matériels de production, de transport et de distribution de l’eau aux usagers. Les autres secteurs, y compris l’assainissement urbain permettant de préserver la qualité de la ressource, manquent cruellement de moyens financiers (ONAS). Pour ce qui concerne l’agriculture, les infrastructures hydro agricoles pour la maîtrise de l’eau sont les plus indispensables mais les moyens financiers y relatifs sont les plus difficiles à mobiliser auprès des partenaires financiers internationaux. C’est la raison pour laquelle l’après-barrage est davantage incarnée aujourd’hui par la fourniture de l’électricité que par le développement agricole des Etats. Au-delà de la question financière, le secteur de l’eau souffre d’un problème organisationnel du fait de l’éclatement des centres de gestion et de décision.
Le cadre juridique de l’eau est très complexe au Sénégal
La gestion des ressources en eau est régie par un certain nombre de textes législatifs et réglementaires, à savoir le Code du Domaine de l'État, qui traite du statut juridique des ressources en eau, le Code de l'eau, qui détermine les régimes d’utilisation des eaux et organise leur préservation et leur protection, le Code de l’assainissement, le Code de l’environnement, le Code de l’hygiène et les règlements divers. Les acteurs sont nombreux et relèvent de départements ministériels différents. La Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau (DGPRE), relevant du ministère en charge de l’Hydraulique, est la principale structure en charge la gestion des ressources en eau de surface et eaux souterraines du Sénégal.
Sa mission fondamentale est d’assurer une gestion intégrée des ressources en eau du pays. Elle est chargée d’élaborer des études générales relatives aux ressources hydrauliques et le plan directeur d’utilisation des ressources en eau, de l’inventaire, de la planification et de la gestion des ressources en eau. Les prélèvements d’eau et rejets sont soumis à réglementation, et doivent donc donner lieu à paiement de redevances de la part des usagers pour les prélèvements sur la ressource et les rejets des industries riveraines. Faute de moyen cette direction parvient difficilement, hélas, à assurer une police de l’eau permettant de gérer la ressource, en particulier d’assurer sa protection.
Les redevances de rejets souffrent d’un déficit de recouvrement auprès des pollueurs, et il n’y a pas d’application de mesures coercitives. L’obligation de traiter les rejets polluants n’est pas respectée par les pollueurs ; la plupart des rejets sont effectués dans les milieux naturels sans autorisation ni retraitement préalable. Le Conseil Supérieur de l’Eau (CSE) décide des grandes orientations d’aménagement et de gestion des ressources en eau du Sénégal ; il arbitre les différends nés des utilisations diverses de l’eau (alimentation en eau potable des populations urbaines, rurales, l’élevage, l’agriculture, la pisciculture, la sylviculture, les industries, les mines, l’énergie hydro-électrique et même la navigation).
Le Comité Technique de l’Eau (CTE) étudie toute question relative à la gestion de l’eau pour le compte et à la demande du CSE. Les Collectivités locales sont en charge de la gestion des ressources naturelles et de l’environnement par le code des collectivités locales depuis la réforme de 1996. Les Administrations autonomes comme la SAED et la SODAGRI gèrent l’eau pour les besoins agricoles de leurs localités d’intervention.
La SONES, l’ONAS, la SEN’EAU gèrent l’eau urbaine et l’Office du Lac de Guiers gère le Lac de Guiers. En conséquence, c’est toute l’architecture organisationnelle de l’eau qu’il faut revoir pour davantage de centralisation, ainsi que le choix des investissements, en particulier agricoles de sorte à s’inspirer de l’expérience de pays exposés au stress hydrique comme le Maroc, exportateur net de fruits et légumes en Afrique. En conclusion, les ressources en eau tant superficielles que souterraines sont présentes en quantité dans notre pays. Toutefois, l’insuffisance des ressources financières pour leur protection face aux agressions chimiques, anthropiques, et la construction d’infrastructures idoines, en limitent l’exploitation. Dans un contexte où la dépendance alimentaire vis-à-vis de pays tiers nous contraint à assurer notre souveraineté alimentaire, une vigoureuse politique de l’eau doit être réamorcée.
L’ouverture à outrance au commerce international dans ce domaine a montré ses limites. La crise alimentaire de 2008 et celle en cours en Ukraine nous imposent la souveraineté alimentaire. La rareté des ressources financières doit nous conduire à privilégier de nouveaux modèles de promotion de notre agriculture, comprenant la mise en place de divers modes de protection. Il faut rompre d’avec les logiques marchandes détachant la gestion de l’assainissement de celle de l’eau. Les collectivités territoriales, du fait de leur proximité, doivent être renforcées dans leurs prérogatives de protection de la ressource en zone urbaine, péri urbaine et rurale.
Pour l’alimentation en eau potable, le système PPP a fait son temps. Le partage des revenus de l’eau entre l’exploitant et l’Etat est source de dispersion de revenus ; il ne permet pas le renouvellement en temps utile des infrastructures pour accompagner le croît démographique sans à-coups. Il faudra par conséquent bâtir de nouvelles stratégies en matière de gestion de l’eau pour ne pas être surpris en 2050 (dans 30 ans), date à laquelle la population africaine est prévue pour atteindre 2 milliards d’individus à nourrir mais aussi à alimenter en eau.
Abdoul Aly Kane
Par Boubacar CAMARA
CONTRE LE PLAN DE SAUVETAGE DU TROISIÈME MANDAT DE MACKY SALL
La meilleure façon d’asperger de l’eau sur le tapis de braises déroulé par le régime est de réussir le pari de disposer d’une majorité de députés de l’opposition à l’Assemblée nationale à l’issue des élections du 31 juillet 2022
Dans un article publié la semaine dernière et intitulé « Les balades du ciel avec le pilote préféré », j’affirmais avec force que « l’option de Macky SALL est claire, il n’est pas question de quitter le pouvoir : rester ou rester ». J’y lançais également un appel à l’opposition pour « surveiller comme du lait sur le feu les élections législatives (maintien de la date et déroulement transparent du scrutin), pour conquérir la majorité à l’Assemblée nationale. Ainsi, formant un bloc homogène malgré nos différences, nous amorcerons ensemble le changement de cap devenu un impératif de développement pour le Sénégal et l’Afrique ». La suite logique de ces messages est que Macky SALL n’organisera les élections législatives qu’à condition d’avoir la garantie de les « emporter » pour rester au pouvoir. Ensuite, sa crainte d’une cohabitation avec une opposition majoritaire est un cauchemar pour lui.
La première menace sur la tenue des élections, à bonne date et dans la transparence, résulte de la reconduction unilatérale du parrainage par le pouvoir malgré l’arrêt de la Cour de Justice de la CEDEAO du 28 avril 2021 qu’il me plaît de baptiser « arrêt Maitre TINE », en hommage à mon confrère du barreau de Paris, chef de parti au Sénégal et auteur de la requête. Cette décision enjoint le Sénégal à lever tous les obstacles à une libre participation aux élections en supprimant le système du parrainage électoral dans un délai de six mois, largement expiré aujourd’hui. La décision de la CEDEAO est contraignante, exécutoire et sans appel. De quelle logique les tenants du pouvoir peuvent-ils se prévaloir pour, au nom de la CEDEAO, engager notre pays dans la mise en œuvre de sanctions immédiates et réfutables contre le Mali au point de faire perdre à notre économie des dizaines de milliards de francs et dans le même temps, refuser systématiquement d’appliquer l’injonction incontestable de la même CEDEAO de supprimer le parrainage. C’est du maa tey !
Pourtant, l’introduction du nouveau système de parrainage le 19 avril 2018 et sa mise en œuvre chaotique à l’élection présidentielle de 2019, ont entrainé une levée de boucliers contre ce système inique de parrainage, échantillon unique dans le monde. Constant dans sa démarche, le régime de Macky SALL est resté sourd. Il a imposé le parrainage sous les grenades, l’a conduit en confisquant illégalement le fichier électoral non remis aux candidats de l’opposition et aux observateurs de la société civile, l’a contrôlé à l’aide d’une application informatique conçue et mise en œuvre sans aucune concertation avec l’opposition et sur la base d’un fichier miné. Résultat des courses : seuls cinq candidats ont été autorisés à participer à l’élection présidentielle y compris le candidat sortant avec une élimination annoncée et triomphaliste de 27 candidats.
Pour réaliser ce forfait, des parrains ont été volontairement déplacés de leur lieu d’inscription dans le but de réduire le nombre d’électeurs obtenu par les candidats ciblés pour qu’ils n’atteignent pas le seuil requis par région, d’autres ont été simplement éliminés pour erreurs matérielles. Quant au Conseil constitutionnel, il a manqué à son devoir de vérification préalable des informations reçues du ministère de l’Intérieur et à l’obligation de les partager avec les candidats pour sauvegarder sa neutralité absolue. Les récentes modifications du dispositif de contrôle comportent des pièges. Sous prétexte « d’aider » les candidats à éviter les doublons, un logiciel est proposé pour permettre de les détecter. Quelle manœuvre cousue de fil blanc ! « Ku sa wujj di sang doo set ! C’est connu. Rien n’empêche le pouvoir et son ministère de l’intérieur de procéder au pré-enregistrement, bien dissimulé dans le logiciel filé aux partis, d’une liste de parrains non réutilisables. Une forme d’asséchement ciblé du stock de parrains déjà à sa disposition ! Il en est de même du logiciel de contrôle des parrainages.
Cette application doit être conçu de concert avec l’opposition et combiné à une procédure consensuelle de contrôle des signatures. L’opposition doit refuser l’utilisation de tout logiciel à la conception duquel ses spécialistes n’ont pas participé. Il n’est pas question d’envoyer des techniciens pour assister en spectateur au fonctionnement d’une application préconçue unilatéralement par un ministère de l’intérieur partisan.
La seconde menace sur les élections législatives tient à l’entêtement du pouvoir à priver des leaders politiques, Karim WADE et Khalifa SALL en l’occurrence, de leur droit de participer aux élections, à la suite de procès inéquitables et de modifications ciblées du Code électoral. La même volonté du pouvoir d’écarter Ousmane SONKO est évidente. La lutte pour sauvegarder leurs droits est légitime et doit être menée par tous les démocrates. Enfin, les techniques traditionnelles de fraude mises en œuvre par le pouvoir sont encore en cours et doivent être paralysées.
L’opposition doit se mobiliser, quelle que soit l’entité à laquelle ses membres appartiennent, pour surveiller le processus électoral de bout en bout. Il faut, en particulier, refuser la participation au vote des électeurs mercenaires recrutés des pays frontaliers du Sénégal, les achats de bulletins ou de procès-verbaux et les transferts massifs d’électeurs.
Pour l’exécution du Plan de Sauvetage du 3ème mandat de Macky SALL, c’est l’argent qui manque le moins. Rien n’est de trop : les cargos masqués d’euros, les jets privés bourrés de pétro dollars, la distribution bruyante de financements de campagnes électorales, les dividendes des « actionnaires confidentiels », les tickets d’entrée des multimilliardaires et les appuis politiques extorqués. Les moyens financiers pour réaliser le forfait sont là.
Les complices pour y contribuer aussi. Leur prix est connu. Les uns le font de bon gré, les autres y sont contraints et forcés, du fait de leurs forfaits du passé et leurs travers découverts, certains pour respecter leurs signatures, d’autres par crainte d’être vilipendés. Je comprends bien que l’évaporation des soucis d’argent ait laissé la place à l’omniprésence de l’angoisse du lendemain. C’est essoufflant ! Mais ce n’est pas une raison pour s’agripper aux plans casse-cous mijotés par des cerveaux amortis qui s’affolent en privé et font les féroces devant le chef pour l’aider à exorciser sa panique. Le projet déraisonnable et aventureux de garder le pouvoir en 2024 et au-delà ne prospérera pas. En tout état de cause, il n’est pas question de boycotter les élections. Macky SALL a déjà perdu le pouvoir. Il ne lui reste qu’un choix : ruser pour mettre l’Assemblée nationale dans sa poche dans le dessein de procéder à toutes les modifications constitutionnelles nécessaires pour sauver le troisième mandat dont il rêve. Il faut l’en empêcher. Il n’a même pas besoin de l’Assemblée nationale pour perpétuer l’héritage de la belle aventure de l’APR de 2008 et de la coalition Benno Bokk Yaakaar de 2012. Ku añaane sa ndono…..
Le sage et riche laboureur de Jean de La Fontaine avait bien compris, sentant sa mort prochaine, qu’il ne fallait pas vendre l’héritage laissé par les parents. Il fit alors venir ses enfants et les exhorta au trésortravail de si belle manière : « ne laissez nulle place où la main ne passe et repasse ». Le Trésor du Sénégal, c’est sa stabilité. C’est l’héritage laissé par les précurseurs politiques et les guides spirituels. Nous inspirant de cette leçon, ne laissons nulle fenêtre, nul trou de souris ou nulle fissure pouvant ouvrir la porte d’un troisième mandat à Macky SALL et pouvant menacer la stabilité de notre cher pays. La meilleure façon d’asperger de l’eau - denrée rare, il est vrai, même si on en parle beaucoup ces derniers jours et qui manque horriblement aux populations - sur le tapis de braises déroulé par le régime de Macky SALL est de réussir le pari de disposer d’une majorité de députés de l’opposition à l’Assemblée nationale à l’issue des élections du 31 juillet 2022. En nous épargnant un combat inutile, le pouvoir aura fait l’essentiel : bien partir ! Nos compatriotes sont patients et conscients qu’ils sont quelque part obligés d’assumer la gestion du pouvoir, même avec regret, car ils en ont élu les tenants actuels.
Le peuple sénégalais traverse des moments difficiles. Il n’a pas besoin de laisser exploser sa colère et sa déception. De grâce, ne lui en donnez pas l’occasion. Ne privez pas, non plus, vos fidèles partisans de la joie et de la dignité de vous accompagner jusqu’à votre domicile, si vous choisissez de rester au Sénégal à la fin de votre mandat. Ils méritent de lever la tête comme l’ont fait les partisans de vos trois prédécesseurs : SENGHOR, DIOUF et WADE.