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21 juin 2025
L'AFRIQUE DU SUD LANCE SA PREMIERE USINE DE VACCINS ANTI-COVID
L'Afrique du Sud, fer de lance de la lutte pour l'égalité d'accès aux vaccins anti-Covid-19, a lancé mercredi au Cap la première usine du continent qui fabriquera des doses de A à Z, financée par le milliardaire des biotechnologies Patrick Soon-Shiong.
L'Afrique du Sud, fer de lance de la lutte pour l'égalité d'accès aux vaccins anti-Covid-19, a lancé mercredi au Cap la première usine du continent qui fabriquera des doses de A à Z, financée par le milliardaire des biotechnologies Patrick Soon-Shiong.
L'objectif est la production d'"un vaccin de deuxième génération, et nous voulons le fabriquer en Afrique, pour l'Afrique, et l'exporter dans le monde entier", a déclaré l'homme d'affaires américain d'origine chinoise, né en Afrique du Sud.
Les premiers vaccins seront produits cette année et le site devrait atteindre un milliard de doses par an d'ici 2025. La mise au point de vaccins de deuxième génération vise notamment à remédier à la perte d'efficacité des premiers vaccins dans le temps, mais aussi à l'apparition de variants du virus.
Autonomie
"Aujourd'hui, nous prouvons que nous sommes en train de devenir autonomes en tant que continent, et nous devons être fiers de ce que nous réalisons", a déclaré sur place le président sud-africain Cyril Ramaphosa.
Officiellement pays africain le plus touché, l'Afrique du Sud compte plus de 3,5 millions de cas dont 93 400 décès, alors que le continent a officiellement enregistré plus de 10 millions de cas en janvier, selon l'Union africaine.
Difficultés d'approvisionnement
Les infections ont grimpé en flèche depuis que la variant Omicron a été découvert en Afrique du Sud fin novembre. Mais la vaccination des près de 1,2 milliard d'Africains reste faible, en raison de difficultés d'approvisionnement et d'un scepticisme d'une partie de la population.
Le continent participe à la production de moins d'1% des vaccins administrés sur le continent, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Dès fin 2020, l'Afrique du Sud et l'Inde ont proposé à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de suspendre les droits de propriété intellectuelle pour les traitements et les vaccins contre la Covid-19.
Nombre d'ONG et d'États leur ont emboîté le pas. Le sujet, qui était de nouveau à l'agenda de la conférence de l'OMC en novembre reportée en raison du variant Omicron, n'a toujours pas été tranché.
Sites d'assemblage
L'Afrique du Sud compte déjà deux sites d'assemblage et de conditionnement de vaccins. L'institut Biovac également au Cap devrait commencer à assembler le vaccin Pfizer-BioNTech en début d'année et le géant pharmaceutiques Aspen conditionne des vaccins de Johnson & Johnson sur son site de Gqeberha (sud).
Patrick Soon-Shiong a fait fortune en mettant au point une médicament anticancéreux appelé Abraxane. Il est également actionnaire de l'équipe de basket américaine, les Los Angeles Lakers.
PARIS POURRAIT ÊTRE CONTRAINT À QUITTER LE MALI
Il faut arrêter de présenter les populations maliennes comme simplement manipulées par des puissances extérieures. Un sentiment majoritaire, et non instrumentalisé, existe selon lequel la présence française est inutile - ENTRETIEN AVEC NIAGALÉ BAGAYOKO
TV5 Monde |
Maya Elboudrari |
Publication 19/01/2022
Vendredi 14 janvier au Mali, des manifestations populaires ont dénoncé les sanctions adoptées par la Cédéao contre la junte militaire et le soutien français à l'organisation. Niagalé Bagayoko, chercheuse en sciences politiques et présidente de l'African Security Sector Network, répond à TV5Monde sur les enjeux et les impasses de la présence française dans le pays.
TV5Monde : Le ministre des Affaires Étrangères français Jean-Yves Le Drian a déclaré vendredi 14 janvier : « Si nous sommes au Mali, nous y restons, mais pas dans n’importe quelles conditions ». Que peut-on comprendre de cette affirmation, dans un contexte de plus en plus tendu ?
Niagalé Bagayoko, politologue et présidente de l'African Security Sector Network : Ce type de déclaration se révèle tout d'abord en contradiction avec les nombreuses lignes rouges qui ont été fixées par les autorités françaises. Lignes rouges qui ont toutes été franchies, non pas uniquement par la junte, mais par l'ensemble des dirigeants maliens qui ont accédé au pouvoir au cours des deux dernières années.
La première ligne rouge, c'était le refus catégorique de la France de voir engager des négociations avec les groupes djihadistes. On se souvient de la fameuse conférence de presse en 2020 au cours de laquelle le Premier ministre malien Moctar Ouane répondait à Jean-Yves Le Drian qu’il appartenait aux Maliens de prendre une décision, et qu'ils entendaient engager des pourparlers avec tous les groupes du pays, quelle que soit la position de la France sur cette question.
Deuxième ligne rouge : la date d'organisation des élections, fixée comme un élément qui, en cas de non-respect, pouvait amener à la remise en cause de la présence française. On voit très bien que cela n'a pas été le cas.
Troisième élément, l'arrivée potentielle de la société russe Wagner. La France avait déclaré que la présence de Wagner était incompatible avec sa propre présence militaire. Or, le 23 décembre, l'adoption du communiqué faisant état de l'arrivée de Wagner au Mali et la condamnant, expose explicitement le fait que les partenaires européens, dont la France, resteront malgré tout engagés. Donc cette diplomatie des lignes rouges s'est trouvée prise en défaut par la façon dont les autorités maliennes ont franchi le Rubicon à chaque fois.
Par ailleurs, la façon dont l'opération Barkhane a communiqué ces derniers mois, en insistant sur l’efficacité, le progrès du partenariat militaire de combat et du partenariat militaire opérationnel français avec les Fama (Forces armées maliennes, NDLR) me semble en décalage total avec la détérioration très grave des relations politico-diplomatiques entre la France et le Mali.
TV5Monde : Comment expliquer ce décalage ?
Niagalé Bagayoko : Par le fait que la politique étrangère de la France a, de manière excessive, cherché à s'incarner dans l'opération Barkhane. Elle est devenue le symbole le plus mis en avant par les autorités françaises du dynamisme de l'engagement dans le pays et au Sahel.
C'est un piège qui rend très difficile d'avancer d'autres options, alors que l'une des difficultés qu'a précisément expérimentée Barkhane, était l'absence de vision politique claire. Une intervention militaire n'est qu'un instrument parmi tant d'autres et on a toujours peiné à voir quel était l'objectif politique de celle-ci.
Cela illustre aussi une tendance à sous-estimer l’intelligence politique des autorités maliennes, habiles à la fois sur le plan diplomatique extérieur et intérieur. Leur grande faiblesse restant bien entendu leur incapacité à intervenir de manière autonome pour faire face à la situation conflictuelle.
TV5Monde : Quels intérêts a la France au Mali ? Pourquoi insiste-elle tant sur son maintien malgré les lignes rouges franchies ?
Niagalé Bagayoko : Justement, c'est ce qui est difficile à interpréter. De manière objective, les intérêts de la France au Mali sont extrêmement limités. Il y a peu de ressortissants, peu d'intérêts économiques. Je pense que ce que la France défend avant tout au Mali, c'est son statut de puissance. Elle cherche à démontrer qu'elle dispose toujours d'instruments de politique étrangère, à commencer par l'instrument militaire, pour peser sur les relations internationales.
Et malheureusement, l'échec qu'elle est en train d'essuyer, comme tous les acteurs au Sahel, et d'ailleurs comme tous les acteurs engagés dans ce type d'environnement insurrectionnel, tend à remettre en cause ce statut de puissance auquel elle prétend.
C’est ça qui explique aussi le retournement de l'opinion publique contre la France. Il y a un substrat de ressentiment anticolonial, qui a toujours été là mais qui n'avait pas empêché que la France soit accueillie à bras ouverts lorsqu'elle est intervenue en 2013.
TV5Monde : Comment évolue le sentiment anti-français au Mali ? Sur quoi s’appuie-t-il, en dehors de l’anticolonialisme ?
Niagalé Bagayoko : Je pense que l’incapacité qu'a eu la France à travers l'opération Barkhane à transformer ses succès tactiques indéniables en victoires stratégiques a laissé l'opinion publique malienne pantoise. Il est très difficilement concevable pour elle que la France n'a véritablement pas les moyens de combattre ces groupes, qui avaient été présentés comme des combattants utilisant des moyens rudimentaires - alors qu'il s'agit d'adversaires sophistiqués, recourant à des tactiques aussi bien qu'à des stratégies politiques extrêmement élaborées. Les populations sont arrivées à un véritable scepticisme, qui s'est mué en un sentiment d'insatisfaction puis d'exaspération sécuritaire.
Ces opinions publiques ont pour certaines sombré dans ces théories du complot, qui sont instrumentalisées sur les réseaux sociaux, par des acteurs extérieurs comme la Russie, et par des groupes patriotes nationaux. J’insiste sur l'aspect national : il faut arrêter de présenter les populations maliennes comme simplement manipulées par des puissances extérieures. Un sentiment majoritaire, et non instrumentalisé, existe selon lequel la présence française est en fait inutile : la situation des populations n'a cessé de se dégrader d'un point de vue sécuritaire au cours des dix années écoulées.
TV5Monde : Quels éléments, au-delà des impasses militaires, font que ce rejet s'est autant cristallisé récemment ?
Niagalé Bagayoko : Il y a eu énormément d’erreurs en matière de communication stratégique de la part de la France. Dès le départ, une « diplomatie des sommets » a été mise en place. Le G5 Sahel ou d’autres sommets internationaux prennent des décisions tous les six mois, y consacrent des milliards, en les présentant comme étant de nature à bouleverser la situation. En réalité, les populations n'en voit pas les bénéfices directs en matière de développement.
La visite annoncée, puis très vite annulée du président français en décembre, illustre aussi cette communication maladroite. Le processus était extrêmement gênant et je pense qu’Emmanuel Macron aurait eu énormément de mal ne serait-ce qu'à atterrir. Il aurait pu être l'objet de mouvements de protestation, voire d'émeutes embarrassantes.
Aujourd'hui, la France fait face à la difficulté qu'elle a éprouvé dans cette crise, à articuler de manière cohérente la défense de ses intérêts et la défense de principes politiques intangibles tels que le respect de la démocratie. Au Mali, on s’étonne par exemple du décalage entre la position française à l’égard du pays, et celle vis-à-vis du Tchad, où la France a avalisé la transition dynastique.
TV5Monde : Lors des dernières manifestations s’opposant aux sanctions adoptées par la Cédéao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest), certains dénonçaient un soutien, voire une mainmise française sur l’organisation régionale. Sur quoi se fondent ces critiques ?
Niagalé Bagayoko : C'est une grave erreur de penser que c'est la France qui a instrumentalisé la Cédéao. Historiquement, la France est éloignée de la Cédéao parce qu'elle l’a toujours perçue comme étant dominée par les pays anglophones, comme le Nigeria ou le Ghana, sur lesquels la France a très peu de leviers politiques.
Je pense que ce sont deux haines grandissantes qui se sont coalisées. La France fait l'objet de ce rejet qui s'est aggravé au cours des six derniers mois, et depuis 2020, la Cédéao est devenue un organisme honni, ou en tout cas très critiqué par les populations maliennes.
Les décisions que la Cédéao a prises renvoient à la réalisation par les chefs d’États que l'organisation était en perte de crédibilité et de légitimité et qu'il fallait lui en redonner une. Autrement, tous les gouvernements de la région étaient eux-mêmes susceptibles d'être renversés par des juntes militaires.
Le problème, c'est qu’elle n'a adopté aucune sanction lorsque des coups d'État ont été perpétrés par des civils. Il y a donc un sentiment de « deux poids deux mesures », qui a été un premier facteur de délégitimation. Le second, c'est que l’organisation était censée passer d'une « Cédéao des États » à une « Cédéao des peuples ». Lorsqu'on voit le type de sanctions qui sont adoptées aujourd'hui et qui, à l'évidence, vont toucher la population malienne et non pas seulement le gouvernement, on s'interroge.
TV5Monde : La junte malienne a récemment accusé la France de violation de son espace aérien. Comment s’articule la présence militaire française avec toutes ces tensions politiques ?
Cette affaire révèle de manière éclatante le hiatus entre d’une part le maintien de la présence militaire française, et d’autre part des relations diplomatiques détériorées, comme cela n’était jamais arrivé dans l’histoire des relations franco-maliennes.
Ce qui devient prédominant aujourd'hui, c’est l'élément politique alors qu'il a été assez peu affirmé lors des dernières années. Et l'opinion publique malienne, voire ouest-africaine, devient un paramètre essentiel de cet environnement.
D'abord d'un point de vue opérationnel, comme on l'a vu avec le convoi bloqué en novembre. Cela représente un tournant essentiel, où la France a été très gravement empêchée sur le terrain. Puis en termes de posture politique. Aujourd'hui, c'est sans doute un mouvement populaire massif qui pourrait forcer la France à quitter le Mali, beaucoup plus tôt et de manière beaucoup moins planifiée qu'elle ne l'avait envisagé initialement.
La question n'est ainsi plus de savoir si la France veut rester au Mali puisqu'elle l'affirme de toute façon, mais plutôt de savoir si elle va pouvoir y rester. Je ne pense pas que les conditions pour cela, en tout cas de la façon dont elle l'avait envisagée, soient désormais réunies.
La difficulté, c’est qu’aucun des deux partenaires n’accepte aujourd’hui de voir qu’il devient absolument intenable dans le cadre d’un tel affrontement verbal et politique, d’un désaccord aussi profond, de maintenir une présence militaire.
TV5Monde : Quelles stratégies peut désormais adopter la France ? Parmi les options envisageables, qu’entraînerait un retrait aujourd’hui ?
Niagalé Bagayoko : Si la France quitte de manière prématurée le Mali, ça fragiliserait particulièrement la zone des trois frontières. Si les bases de Gao et de Ménaka devaient fermer, ce serait un motif de préoccupation sérieux notamment pour le Niger.
Un redéploiement vers le Niger me paraît extrêmement compliqué. Ce qui s’est passé à Téra démontre que, là encore, la contestation par les populations de la présence française devient un facteur handicapant, qui va de plus en plus entraver la liberté d'action, d’approvisionnement et de manœuvre militaire française. L'Algérie a aussi fermé son espace aérien aux vols militaires français, ce qui contrarie aussi l'opération Barkhane.
Des déploiements massifs, avec une intervention au sol de type Barkhane, des effectifs lourds et des opérations très exigeantes en termes de soutien et en terme logistique, vont à mon avis devenir exclus dans cet environnement. La présence sera sans doute davantage centrée sur des moyens aériens, des moyens de renseignement, en se rendant le moins visible possible et en affirmant que désormais l’objectif concerne la montée en puissance des armées sahéliennes. Mais le premier objectif, martelé par les autorités françaises, était d’éradiquer le terrorisme au Sahel. Il est assez difficile de montrer aujourd’hui que ce n’est plus l’enjeu principal.
Aux yeux des populations, la présence militaire française apparaît de moins en moins comme une garantie et de plus en plus comme un risque, même si de nombreux chefs d'État continuent à requérir un soutien ou un accompagnement français. De toute façon, il va être impératif pour la France, non pas uniquement de tirer les leçons de l'opération Barkhane, mais aussi du type de coopération militaire qu'elle mène avec les pays africains, qui n’est pas adapté aux types de conflictualité auxquelles on a à faire aujourd'hui.
CAN 2021, LE NIGERIA REEDITE SA PERFORMANCE FACE A LA GUINEE-BISSAU
La partie entre le Nigéria et la Guinée Bissau, comptant pour la 3e et dernière journée de la phase de poules, s’est emballée en deuxième période.
La partie entre le Nigéria et la Guinée Bissau, comptant pour la 3e et dernière journée de la phase de poules, s’est emballée en deuxième période. Maurice Gomis, le frère du gardien numéro 2 sénégalais, Alfred, mais qui évolue, lui, chez les Djurtus battu, par Umar Sadiq, permet aux Super Eagles de consolider leur place de leader du groupe D. Troost Ekong fera le break à la 75e minute, 2-0.
Une des sensations du début de ce tournoi, l’ogre nigérian, est le seul parmi les grands, à ce stade de la compétition, à faire un carton plein. Trois matchs, trois victoires. Neuf points.
Dans l’autre rencontre du groupe joué au même moment, l’Égypte de Mohamed Salah, après une entrée en lice ratée face au Nigéria, 0-1, est parvenue à sortir la tête hors de l’eau. Après s’être relancés suite à leur victoire étriquée sur la Guinée Bissau, 1-0, lors de la 2e journée, les Pharaons ont enchaîné, ce soir, 1-0, aux dépens du Soudan, pour s’accaparer du second ticket qualificatif en huitièmes de finale, avec six points.
Out dès le premier tour, le miracle n’aura pas eu lieu pour les Djurtus. Ils prennent la porte avec les Soudanais, avec pour chaque formation un point engrangé en trois matchs.
Des résultats qui actent la qualification du Cap Vert
Une élimination de la Guinée Bissau qui confirme la qualification des Requins bleus du Cap Vert et des Malawites, parmi les quatre meilleurs troisièmes au tour suivant.
Reste à voir si les Comores réaliseront l’exploit, ce jeudi, pour leur première participation à la Coupe d’Afrique des Nations (Can) officiellement appelée Cameroun 2021.
Les Lions du Sénégal, leaders du groupe B, croiseront l’un des meilleurs troisièmes.
LES COOPÉRATIVES DES NIAYES DOTEES EN EQUIPEMENT DE PROTECTION INDIVIDUELLE
Le directeur régional du développement rural (DRDR) de Thiès (ouest), Abiboulaye Sidibé, a remis à six coopératives horticoles de la région des équipements de protection individuelle offerts par le Projet d’intensification éco-soutenable
Thiès, 19 jan (APS) - Le directeur régional du développement rural (DRDR) de Thiès (ouest), Abiboulaye Sidibé, a remis à six coopératives horticoles de la région des équipements de protection individuelle offerts par le Projet d’intensification éco-soutenable de l’agriculture dans la zone des Niayes (PIESAN), a constaté l’APS, mercredi.
Le don comprend des masques et des lunettes de protection, des tenues, des pulvérisateurs, des bottes et des gants, par lots de 400 par article, que le PIESAN a mis à la disposition de 10 coopératives, dont six de la région de Thiès.
Les équipements offerts aux 10 coopératives ont coûté ‘’plus de 14 millions de francs CFA’’.
Les organisations bénéficiaires doivent les vendre à leurs membres à un prix subventionné à 60 %, soit à 15.000 francs CFA par kit complet, a expliqué Ndèye Yacine Guèye, qui représentait le PIESAN à la cérémonie de distribution des équipements.
Cinq champs-écoles, la Fédération des producteurs de Keur Moussa et l’Association des unions maraîchères des Niayes en bénéficient.
Les bénéficiaires ont aussi reçu une formation dispensée par le PIESAN, sur l’utilisation de ces outils, ainsi que des pesticides.
Par ce don, le PIESAN encourage les coopératives à mener des activités génératrices de revenus et à sensibiliser leurs membres à l’importance des équipements de protection.
Souahibou Diaw, responsable de l’une des coopératives bénéficiaires, s’est réjoui du don et de la formation dispensée par le PIESAN aux horticulteurs qui, jusque-là, utilisaient les pesticides ‘’à l’aveuglette’’.
Le DRDR de Thiès a salué le caractère ‘’primordial’’ de la santé et de la sécurité au travail. Il a loué le bilan ‘’très positif’’ du PIESAN, qui, en un an, a contribué à la constitution des coopératives et à la publication des statistiques horticoles.
Les membres des coopératives ont également été formés à la gestion administrative et financière, à la recherche de partenariats et au marketing.
PAR Jean-Claude Djéréké
SOLIDARITÉ AVEC LE MALI QUI SE BAT POUR SA VRAIE INDÉPENDANCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Qui ignore aujourd’hui que la CÉDÉAO est manipulée par la France ? Qui ne sait pas que l’ancienne puissance colonisatrice a des comptes à régler avec les autorités de Bamako ?
La 33e coupe d’Afrique des nations ne doit pas nous faire oublier les souffrances du Mali. Réunie à Accra le 9 janvier 2022, la Communauté économique des États d’Afrique occidentale (CÉDÉAO) a adopté contre ce pays des sanctions commerciales et financières qui ressemblent étrangement à celles de l’Union européenne en 2011 contre les Ivoiriens et Laurent Gbagbo que Sarkozy voulait coûte que coûte remplacer par son poulain Ouattara : non seulement les banques étrangères étaient alors fermées mais un embargo fut décrété sur les médicaments à destination de la Côte d’Ivoire, ce qui ne pouvait que causer la mort de milliers de personnes. Des morts qui n’ont jamais été pris en compte par les médias français qui ne parlent que des 3 000 victimes de la crise postélectorale. Même si l’on n’est pas encore arrivé à de tels excès au Mali, les autorités de ce pays n’ont pas tardé à dénoncer l’illégitimité et l’illégalité des sanctions prises par l’organisation sous-régionale créée le 28 mai 1975 à Lagos (Nigeria) dans un but purement économique.
Mais qui ignore aujourd’hui que la CÉDÉAO est manipulée par la France qui, en plus de n’avoir pas digéré le renversement d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), ami de François Hollande, perçoit les deux têtes de l’exécutif malien comme des gens issus de deux coups d’État ? Qui ne sait pas que l’ancienne puissance colonisatrice a des comptes à régler avec les autorités de Bamako qui lui avaient reproché d’avoir abandonné le Mali en plein vol ? Qui ne voit pas que cette France n’est pas cohérente dans la mesure où elle accuse Goïta et Maïga de n’avoir pas été élus alors qu’elle fut muette devant le troisième mandat anticonstitutionnel d’Alassane Ouattara ? La même remarque vaut pour la CÉDÉAO : pourquoi cette organisation fait-elle une fixation sur le retour à l’ordre constitutionnel et à l’État de droit au Mali alors qu’elle ne protesta jamais contre la violation de la Constitution ivoirienne par Ouattara ? Condamna-t-elle le 4e mandat de Faure Gnassingbé ? Pourquoi l’ECOMOG est-il incapable de chasser les terroristes du Sahel ?
Personnellement, je trouve les sanctions de la CÉDÉAO injustes et inacceptables, d’abord parce qu’elles visent à asphyxier le Mali, ensuite parce que ceux qui ont pris ces décisions inhumaines se sont montrés indignes. En effet, seuls des gens indignes peuvent chercher à plaire à un pays qui en 8 ans n’a pas été capable de venir à bout des jihadistes malgré tous les moyens logistiques et militaires dont disposaient ses 5 000 soldats. Seuls des gens indignes peuvent se dresser contre un des leurs qui se bat pour parvenir à la vraie indépendance. Seuls des gens indignes peuvent avoir oublié que les Blancs, eux, se sont toujours mis ensemble pour faire du mal au Noir : en 1885 à la conférence de Berlin pour se partager l’Afrique, en 2011 pour assassiner le colonel Mouammar Kadhafi qui était sur le point d’utiliser une partie des 143 tonnes d’or que possédait son pays pour permettre la création d’une monnaie panafricaine, si l’on se fie aux éléments trouvés dans les lettres d’Hillary Clinton déclassifiées le 31 décembre 2021.
Qu’ils sont minables et ignobles, ces valets de l’Occident qui n’ont pas encore compris que “nous devons trouver une solution africaine à nos problèmes et que cette solution ne peut être trouvée que dans l'unité africaine [car], divisés, nous sommes faibles [mais] ; unie, l’Afrique pourrait devenir l’une des plus grandes forces du bien pour le monde” (Kwame Nkrumah) ! Ils pensent intimider les dirigeants de la transition au Mali. Ils croient pouvoir les soumettre facilement, mais ils se trompent lourdement car Goïta et Maïga ont posé le pied sur un gros caillou (la Russie, la Chine, l’Algérie et la Guinée) et bénéficient du soutien de leur peuple. La preuve, les autorités de la transition ont immédiatement rassuré le peuple malien sur le fait que “l'approvisionnement régulier du pays sera assuré”, appelé “à la solidarité et à la vigilance pour dénoncer tous les traîtres”, déclaré que le Mali se réservait “le droit de se retirer de la CÉDÉAO” et demandé aux jeunes de “commencer par se mobiliser pour défendre leur patrie”.
Pour ma part, je pense que ce n'est pas seulement la jeunesse malienne qui doit se préparer à défendre le Mali. Tous les jeunes Africains épris de liberté devraient se mobiliser et agir pour le Mali. Pendant que certains mènent le combat sur les réseaux sociaux, d'autres, ceux qui vivent dans les pays voisins, devraient converger vers Bamako. Je propose aussi que la jeunesse africaine manifeste chaque jour devant l'ambassade de France et boycotte les produits français dans les pays de cette CÉDÉAO dirigée par des larbins et des poltrons.
“Nous ne sommes confrontés ni à l'Est ni à l'Ouest. Nous sommes face à nous”, disait le Docteur Kwame Nkrumah. Nous étions alors dans un contexte de guerre froide entre le bloc américain et le bloc soviétique. Pour moi, l’expression “nous sommes face à nous” signifie, d’une part, qu’en notre sein se trouvent des individus qui ne sont guère gênés de s’associer à l’ennemi pour des intérêts et avantages bassement matériels. Nous devons être sans pitié pour ces individus que la cupidité et la médiocrité poussent à travailler contre l’Afrique. La Chine n’aurait pas eu la puissance économique et militaire que tout le monde lui reconnaît si Mao Zedong et ses camarades avaient montré quelque complaisance à l’égard de ceux qui étaient réfractaires à la révolution culturelle de 1966. La formule signifie, d’autre part, que nous devons prendre notre destin en main sans attendre le feu vert de quiconque et sans compromission. Nous devons nous assumer devant l’Histoire en nous mettant debout et en affrontant ensemble ceux qui nous pourrissent la vie depuis 1960, l’année des pseudo-indépendances.
Grâce aux travaux de Cheikh Anta Diop, de Joseph Ki-Zerbo, d’Ibrahima Baba Kaké et de Théophile Obenga, entre autres, nous savons aujourd’hui que l’Afrique, berceau de l’humanité, fut un grand continent parce que plusieurs penseurs grecs (Thalès, Pythagore, Solon, Anaximandre, Héraclite d’Éphèse, Platon…) reçurent leur formation en Égypte, parce que Tombouctou était un grand centre intellectuel, parce que l’Afrique eut des empires riches et puissants (Ghana, Mali, Songhaï, Monomotapa, etc.). Pouvons-nous redonner à l’Afrique sa grandeur ? Oui mais ce ne sera pas en ergotant à l’envi sur ce glorieux passé ni en étant obsédés par la démocratie que l’Occident est le premier à bafouer en Afrique, mais en nous solidarisant avec le Mali. En 2010, Laurent Gbagbo fut malheureusement privé de cette solidarité africaine. En Afrique de l’Ouest, excepté Joseph Kokou Koffigoh, Hermann Yaméogo, Amath Dansokho, Malick Ndiaye, IBK, Aminata Traoré…, beaucoup préférèrent soutenir son adversaire qui avait dit le 9 octobre 1999 à Paris qu’on l’empêchait d’être candidat parce qu’il était musulman et du Nord. Ils avaient oublié le proverbe africain qui dit : “Quand la case de ton voisin brûle, hâte-toi de l’aider à éteindre le feu, avant qu’il n’atteigne la tienne.” Ironie du sort, c’est le même Alassane Ouattara qui veut brûler le Mali tandis que Laurent Gbagbo naguère voué aux gémonies est opposé aux sanctions de la CÉDÉAO. Ceci montre que nous devons nous battre, non pour une religion, une ethnie ou une idéologie (socialisme, libéralisme, etc.), mais pour que nos pays cessent d’être contrôlés et pillés par la France.
Marcel Amondji estimait que les Français comme colonisateurs n’étaient ni meilleurs ni pires que les autres mais qu’ils ne savaient pas s’arrêter. Avant le grand penseur ivoirien, Albert Camus enseignait que “la bêtise insiste toujours”. Je pense, quant à moi, que les Français sont les pires colons et néocolons car un pays intelligent et sage se serait gardé de traiter le Mali comme il traita la Côte d’Ivoire de septembre 2002 à avril 2011.
En un mot, les Africains (jeunes, artistes, opposants, intellectuels) doivent se tenir aux côtés des Maliens. Toute l’Afrique doit se mobiliser pour le Mali, lui apporter son savoir-faire et ses idées car ce qui se joue, dans le pays de Modibo Keïta, c’est le destin des pays “francophones” que la France n’a pu dominer et exploiter qu’en les divisant et en les montant les uns contre les autres.
POURQUOI LE TER DOIT ÊTRE RÉSERVÉ À LA CLASSE MOYENNE
On veut en effet faire accroire, en haut lieu, que ce TER est destiné à convoyer 115 000 voyageurs par jour, dont une majorité de pauvres des banlieues paupérisées. La réalité est autre
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Guèye |
Publication 19/01/2022
Le Train express régional (TER), avancée technologique d’importance, a donc été ré-inauguré en grande pompe le 27 décembre dernier par le chef de l’État sénégalais. Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, l’a aidé à tenir le ruban. Cette fois, le TER roulera tous les jours sans s’arrêter, de la gare du port de Dakar à Diamniadio – en attendant, affirme Macky Sall, de rejoindre bientôt les villes de Mbour et de Thiès.
Tarifs prohibitifs
Dans des accents de Lider Maximo communiste, le président de la République a annoncé qu’une « aube nouvelle [s’était] levée ». Communisme ? C’est bien le mot juste ! On veut en effet faire accroire, en haut lieu, que ce TER est destiné à convoyer 115 000 voyageurs par jour, dont une majorité de pauvres des banlieues paupérisées. La réalité est autre. Ce TER entièrement climatisé, d’un coût de « 780 milliards [de F CFA] hors taxes » – selon le dossier de presse officiel – devrait être destiné à la seule classe moyenne. Cela doit être dit.
Déjà, les tarifs pratiqués ne sont pas à la portée du goorgorlou lambda, censé l’emprunter plusieurs fois par jour : 500 F CFA pour rallier Thiaroye, 1 500 F CFA pour atteindre Diamniadio. Ensuite, le véritable défi, c’est de convaincre les ménages qui ont une ou deux voitures de s’en priver en semaine afin de contribuer au nécessaire désengorgement de la capitale sénégalaise. Ils emprunteraient ainsi des transports en commun adaptés à leur standing et répondant à leurs légitimes attentes de confort et de propreté.
Laissez les pékins moyens continuer à monter dans les bus Tata et les Ndiaye Ndiaye à 150 F CFA le trajet. Réservez plutôt le TER aux citoyens de la classe moyenne, dont beaucoup ont d’ailleurs quitté le centre-ville pour s’installer dans les villas cossues des poches prospères de banlieues comme Mbao Villeneuve, Malika, Keur Massar…
La Fédération algérienne de football s’est opposée à la désignation de l’arbitre botswanais, Joshua Bondo, pour diriger le match entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire ce jeudi
Woury DIALLO (Envoyé spécial au Cameroun) – |
Publication 19/01/2022
La Fédération algérienne de football s’est opposée à la désignation de l’arbitre botswanais, Joshua Bondo, pour diriger le match entre l’Algérie et la Côte d’Ivoire ce jeudi.
L’objection de l’Algérie est intervenue après la diffusion d’informations, par la presse algérienne, sur la possibilité de nommer l’arbitre Joshua Bondo pour diriger la «finale» du groupe C.
La raison du rejet de l’arbitre botswanais par l’Equipe algérienne est due à sa «farce arbitrale» lors du match Algérie-Burkina Faso, qui s’est déroulé à Marrakech, où Riyad Mahrez s’est vu refuser un penalty.
A l’époque, le sélectionneur national Djamel Belmadi avait vivement critiqué l’arbitre botswanais à la fin du match.
En attendant l’annonce officielle de celui qui va officier ce choc que toute l’Afrique attend, l’Algérie retient son souffle.
La Caf dément une délocalisation du match
A noter qu’une forte rumeur annonçait que la Caf va délocaliser l’affiche Algérie-Côte d’Ivoire et les autres matchs restants et prévus au stade Japoma (Douala) au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Selon la rumeur, une réunion était prévue hier pour statuer sur le sort du stade Japoma dont la pelouse inquiète. Ces matchs devaient donc être délocalisés à Ahmadou Ahidjo de Yaoundé si la proposition de la Commission d’organisation est retenue.
Face à cette rumeur, le média algérien El Heddaf a contacté Alexandre Siewe, directeur de la Communication de la Caf. Ce dernier a démenti ces informations. «Il n’y a pas de réunion du Bureau exécutif de la Caf concernant un changement de stade. Côté organisationnel, il est impossible de changer les stades dans ces circonstances», a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : «La pelouse de Japoma a attiré l’attention du Comité d’organisation de la Can, qui se réunira mardi (hier) pour étudier son état.»
MANKEUR SANS DIPLOMATIE
Mankeur Ndiaye détaille la sitution politico-sociale en Rca, de la présence des agents de Wagner et de l’importance des Casques bleus sénégalais dans ce pays déchiré par un long conflit armé.
Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République centrafricaine et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), Mankeur Ndiaye détaille la sitution politico-sociale en Rca, de la présence des agents de Wagner et de l’importance des Casques bleus sénégalais dans ce pays déchiré par un long conflit armé.
M. le ministre, quelle est la situation politico-sociale en Rca ?
La situation politique actuelle en Rca est dominée par le processus de revitalisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation ainsi que les préparatifs du dialogue républicain sous l’égide du Président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, conformément aux recommandations d’une consultation populaire organisée l’année dernière. Ce dialogue républicain était censé se tenir avant fin 2021. Il s’est malheureusement heurté à la tentative de levée d’immunité parlementaire de certains députés de l’opposition qui s’est soldée par le retrait de plusieurs partis d’opposition du comité d’organisation du dialogue républicain. Les bons offices et efforts de dialogue en cours, avec le soutien des parties prenantes y compris les composantes de la société centrafricaine, l’Union africaine (Ua), la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), les pays de la région et les partenaires internationaux, devraient aboutir à l’adoption de mesures de confiance nécessaires au maintien d’un climat propice à la tenue d’un dialogue inclusif et crédible de nature à déboucher sur des solutions durables à la crise centrafricaine. La tenue du dialogue, qui se veut inclusif, est cruciale pour créer des conditions favorables à la paix et à la stabilité.
Ainsi, en décembre dernier, en compagnie des représentants en Rca de l’Ua et de la Ceeac, j’ai rencontré la principale coalition de l’opposition (Cod 2020), dans le cadre de mes bons offices, pour discuter et essayer de trouver un compromis, afin que l’opposition puisse revenir dans le comité d’organisation du dialogue républicain. Le Président Touadéra soutient ce travail de bons offices, en concertation avec d’autres partenaires de la Rca, avec qui nous nous sommes déjà engagés, avec l’espoir qu’un compromis sera trouvé, et que le dialogue républicain puisse redémarrer. En même temps, la Minusca ainsi que d’autres partenaires internationaux continuent d’apporter une assistance technique au comité d’organisation.
Sur le plan sécuritaire, 2022 a commencé avec la poursuite des attaques perpétrées par certains groupes armés signataires de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (Appr-Rca) du 6 février 2019, avec notamment le recours aux engins explosifs improvisés qui ont déjà fait des morts et des blessés parmi la population civile, ainsi que des blessés au sein des casques bleus de la Minusca, avec notamment les explosions qui ont blessé trois Tanzaniens et trois Bangladais, les 30 et 31 décembre 2021. Dans ce contexte, la Minusca et l’ensemble des partenaires de la Rca, restent mobilisés pour soutenir les efforts des autorités centrafricaines pour que le dialogue puisse mener le pays vers la sécurité et une paix durable.
Aujourd’hui, la Rca demeure profondément affectée par un conflit entre les forces du gouvernement soutenues par leurs alliés bilatéraux et la rébellion armée de la Coalition des patriotes pour le changement (Cpc). Ce conflit se conjugue à une situation économique morose, notamment du fait de la pandémie de la Covid-19, et une situation humanitaire extrêmement préoccupante. Les efforts pour un dialogue politique inclusif et constructif, sont cruciaux pour remédier à cette situation et améliorer la situation des Centrafricains.
On a prolongé le mandat de la Minusca, cela veut dire qu’il y a encore de nombreux problèmes à régler ? Ou cela veut dire simplement que le Conseil de sécurité ne veut pas lâcher la Rca ?
Le renouvellement du mandat de la Minusca jusqu’au 12 novembre 2022, n’est pas une imposition du Conseil de sécurité, mais plutôt l’expression de la solidarité internationale à l’égard du peuple centrafricain, principale victime de cette longue crise. Il faut rappeler que la Minusca est en Rca à la demande des autorités du pays. C’est une opération de maintien de la paix, et comme toute opération de maintien de la paix, elle n’est pas éternelle. Elle a des objectifs et si ses objectifs sont atteints, la Mission prendra fin. Et nous, nous souhaitons qu’elle prenne fin le plus vite possible, c’est-à-dire que la Rca, le peuple centrafricain retrouvent la paix, la stabilité dans le meilleur délai, et c’est ça l’engament du leadership de la Minusca. Et c’est ça aussi l’engagement et la volonté de l’Organisation des Nations Unies.
L’adoption de ce nouveau mandat intervient dans un contexte de défis et d’opportunités majeures pour le processus de paix : la revitalisation de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (Appr-Rca) à travers la feuille de route de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (Cirgl), le cessez-le-feu unilatéral déclaré le 15 octobre 2021, le dialogue républicain et les élections locales prévues pour septembre 2022.
À travers la résolution 2605, le Conseil de sécurité a assigné à la Minusca un ensemble de tâches, particulièrement les tâches prioritaires comme la protection des civils, qui demeure au cœur du mandat de la Minusca, les bons offices et l’appui au processus de paix, y compris à la mise en œuvre du cessez-le-feu et de l’ Appr-Rca, l’aide à l’acheminement en toute sécurité et sans entrave de l’aide humanitaire, ainsi que de la protection des biens et du personnel des Nations Unies. Les autres tâches portent sur la promotion et la protection des droits humains ; l’appui au dialogue républicain et aux élections locales ; l’appui à l’extension de l’autorité de l’État, au déploiement des forces de sécurité et au maintien de l’intégrité territoriale ; la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) ; le Désarmement, la démobilisation, la réintégration et le rapatriement (Drr) y compris le cantonnement ; et l’action en faveur de la justice nationale et internationale, de la lutte contre l’impunité et de l’État de droit. Les questions de genre et de protection de l’enfance sont bien entendu pleinement prises en compte dans le mandat.
Les violences actuelles provoquées par les groupes armés, entrainant le déplacement massif de milliers de personnes et empêchant la fourniture de l’assistance humanitaire, sont la preuve des nombreux chantiers en cours. Conformément à son mandat, la Minusca continuera d’apporter son appui aux autorités centrafricaines. Ce vaste mandat requiert une continuité dans la posture robuste incarnée par la Minusca, un usage dynamique de nos initiatives de bons offices ainsi que la mise en œuvre de programmes articulés autour des tâches additionnelles en guise de réponses aux causes profondes des crises successives qui continuent malheureusement de compromettre la paix et la stabilité de la République centrafricaine.
Est-ce qu’il est possible pour les forces de la Minusca de pacifier le territoire centrafricain ?
La Minusca a été établie en 2014, soit bientôt huit ans de présence dans le pays. Grâce à ses mandats successifs, le pays a connu de nombreuses avancées sur le plan sécuritaire alors que les casques bleus étaient les seules forces présentes sur le terrain, pour protéger les populations civiles des violences des groupes armés. Des villes comme Bambari ont été libérées, fruit de la posture robuste des casques bleus dont certains ont fait le sacrifice ultime face aux groupes armés, notamment à Bangui, Bangassou, Dékoa et Grimari.
À chaque fois qu’il a fallu s’acquitter de son mandat, la Minusca a utilisé les moyens mis à sa disposition pour protéger la population civile ou réduire la menace des groupes armés. Par ailleurs, la résolution 2566 (2021) du Conseil de sécurité de mars 2021, augmentant l’effectif de la Minusca de 3 690 casques bleus (2 750 pour la Force et 940 pour la Police), témoigne de la réponse des Nations Unies à la menace sécuritaire actuelle dans le pays, pour permettre à la Mission d’exécuter pleinement son mandat de protection des civils. La résolution 2605 prévoit un effectif maximal de 14 400 militaires, 3 020 policiers et 108 agents pénitentiaires, auxquels s’ajoutent 1480 personnels civils.
Cette augmentation de nos effectifs porte le budget 2021/2022 de la Minusca à 1.036.595.600 de dollars américains soit près de 590 milliards de francs Cfa. Cette estimation pourrait atteindre 1.080.247.400 de dollars amé¬ricains, soit près de 615 milliards de francs Cfa pour l’exercice 2022/2023 en préparation. Cela étant, il faut souligner que les autorités centrafricaines ont la responsabilité première dans la pacification du pays tout comme dans la protection des civils. La Minusca intervient en appui, y compris en soutenant le déploiement des forces de défense et de sécurité ou lors d’opérations militaires concertées.
La résolution 2605 souligne clairement que « L’exécution effective des mandats de maintien de la paix relève de la responsabilité de toutes les parties prenantes et qu’elle dépend de plusieurs facteurs essentiels (…) ». Il s’agit donc d’une responsabilité collective qui concerne, au premier plan, les autorités centrafricaines notamment dans leurs efforts pour promouvoir une paix et une stabilité durables et lutter contre la présence et l’activité des groupes armés notamment par une appropriation nationale renforcée de l’APPR et sa bonne mise en œuvre ainsi que par la réforme du secteur de la sécurité. La résolution 2065 demande également aux autorités centrafricaines de mener d’urgence une entreprise de réconciliation véritablement inclusive dans le pays et de prendre des mesures en faveur, entre autres, de l’amélioration de la situation sécuritaire, du respect des droits de l’homme, de la justice et de la lutte contre l’impunité ainsi que pour le redressement économique du pays.
Par ailleurs, la pacification de la Rca n’est pas que militaire, tout comme la solution militaire n’a jamais été une solution à la crise dans les pays en conflit. La problématique des groupes armés et la paix en RCA passe par le processus de dialogue dans le cadre de l’APPR et la Feuille de route de la Conférence internationale pour la région des Grands Lacs (CirgL) ainsi que par le Ddrr. La déclaration de cessez-le-feu unilatéral par le Président Touadéra, le 15 octobre 2021, est un pas important dans ce sens, et la Minusca veillera à son application et à son suivi.
Bien évidemment, cet élan implique une mobilisation de tous les partenaires internationaux, une diplomatie de la navette et pour une approche harmonisée et consensuelle de règlement définitif de la crise.Les Nations Unies, l’Union africaine, la Ceeac et l’Union Européenne entreprennent une démarche concertée dans le cadre d’un quartet qui entretient régulièrement un dialogue constructif avec le Gouvernement et le peuple centrafricains afin de promouvoir une appropriation nationale du processus de paix et susciter l’adhésion aux solutions politiques consensuelles envisagées pour une sortie de crise définitive.
Est-ce que les pourparlers sont réels entre les différents protagonistes du conflit pour permettre aux populations de retrouver leur quiétude ?
L’Appr a été violé à plusieurs reprises par des groupes armés signataires qui n’ont pas respecté leurs engagements, d’où d’ailleurs l’inscription de leurs leaders sur la liste des sanctions du Conseil de sécurité, à savoir Abdoulaye Miskine (Fdpc), Sidiki Abass (3R) et tout récemment Ali Darassa (Upc), en raison des menaces qu’ils représentaient pour la paix.
En même temps, l’Accord de paix s’est traduit par plusieurs avancées telles que le déploiement des Forces armées centrafricaines (Faca) et des Forces de sécurité intérieure (Fsi) dans des villes comme Bria, Kaga-Bandoro et Birao où l’État était absent depuis plusieurs années. De même, un effectif de 2 532 combattants (dont 144 femmes) de 12 des 14 groupes armés signataires, ont été désarmés et démobilisés dans le cadre du programme national Ddr lancé en décembre 2018 par le Président Touadéra.
Plus que jamais, l’Appr reste l’outil essentiel devant permettre au pays d’avancer vers la paix, et la Minusca apportera le soutien politique, technique et opérationnel à l’application et au suivi du cessez-le-feu et de l’Appr, ainsi qu’aux autorités centrafricaines dans la création de conditions propices à la pleine mise en œuvre de l’Accord par le biais de la feuille de route de la Cirgl. Cela exige l’implication de tous les signataires, y compris le retour dans l’Appr des groupes armés ayant rejoint la coalition des rebelles.
Vous avez aidé à l’organisation de la Présidentielle, est-ce que toutes institutions fonctionnent normalement ?
L’organisation des élections présidentielle et législatives de 2020-2021, malgré les violences et la tentative de prise du pouvoir par les groupes armés membres de la coalition, fait partie des progrès à l’actif du Gouvernement et du peuple centrafricains, à laquelle la Minusca et les agences concernées des Nations Unies en Rca ont énormément contribué.
Ce processus électoral a été un pas important dans la consolidation de la démocratie en Rca, en permettant aux électeurs d’exercer leur droit constitutionnel, mais aussi d’élire les nouvelles institutions, qui gouvernent le pays et travaillent avec leurs différents partenaires, parmi lesquels les Nations Unies. Cependant, le processus électoral ne sera achevé qu’avec la tenue en septembre 2022 des premières élections locales en Rca depuis 1988. À l’image des élections présidentielle et législatives, la Minusca travaille avec l’Autorité nationale des élections (Ane) et le Gouvernement, afin d’apporter son appui en mobilisant les ressources auprès des partenaires et en fournissant un appui en matière de sécurité et un soutien opérationnel, logistique et technique à la tenue de ces scrutins locaux d’enjeux importants pour l’ancrage de la démocratie, la gouvernance et le développement à la base en Rca.
La stabilité institutionnelle qui a prévalu, grâce notamment au soutien robuste de la Minusca, doit servir à consolider les acquis démocratiques et renforcer les institutions, ainsi qu’à améliorer la gouvernance, pour résoudre les causes profondes du conflit.
Quid de la formation des forces armées ? Sont-elles prêtes ou capables de défendre le territoire national centrafricain ?
La formation des Faca, qui n’est pas incluse dans le mandat de soutien de la Minusca, est assurée par d’autres partenaires bilatéraux et multilatéraux de la Rca. Cependant, la Minusca y apporte sa contribution en appuyant les autorités centrafricaines, d’une part au niveau stratégique en soutenant le ministère de la Défense . En matière de formation, ce sont plutôt les forces de sécurité intérieure qui bénéficient du soutien de la Minusca au travers de son pilier Unpol qui aide les autorités centrafricaines à former les forces nationales de police et de gendarmerie et à assurer la sélection, le recrutement et la vérification des antécédents de policiers et de gendarmes, avec l’appui de donateurs bilatéraux et de l’équipe de pays des Nations Unies. Ce soutien sera poursuivi en 2022, au cours de laquelle il est prévu le recrutement de 1 000 Fsi soit 500 pour la police et 500 pour les gendarmeries.
On parle de la présence des agents de Wagner sur le sol centrafricain. Quelle est votre position par rapport à cette situation ?
Permettez-moi de m’exprimer uniquement sur le mandat de la Minusca. En matière de réforme des secteurs de la défense et de la sécurité intérieure, la résolution 2605 demande à la Minusca de fournir des conseils stratégiques et techniques aux autorités centrafricaines pour mettre en œuvre la politique nationale de sécurité et sa stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité (Rss) ainsi que le plan national de défense, en étroite coordination avec l’Eutm-Rca, l’Euam-Rca, la Mission d’observation de l’Union africaine en République centrafricaine (Mouaca) et d’autres partenaires internationaux de la République centrafricaine, dont les États-Unis d’Amérique, la Fédération de Russie, la France, la République populaire de Chine et la République du Rwanda. L’objectif et le défi étant de veiller à la cohérence de la réforme du secteur de la sécurité et à la complémentarité des actions Conformément à son mandat, la Minusca anime de façon régulière des groupes de coordination des actions en soutien aux secteurs de la défense et de la sécurité intérieure avec les partenaires internationaux, au niveau technique, mais aussi au niveau politico-stratégique comme le groupe des amis de la Rss avec les chefs de missions et ambassadeurs en Rca. Toujours dans la cadre de son mandat, la Minusca soutient au quotidien les efforts de la Coordination nationale Rss sise à la Présidence de la République qui doit rester le guichet unique national en matière de Rss, coordonnant acteurs nationaux et internationaux suivant les orientations nationales.
Cette présence russe approuvée par une partie de l’opinion nationale du pays et même du continent ne signifie pas qu’il faut changer de paradigme pour prévenir et gérer les conflits ?
La Russie, qui est un éminent membre du Conseil de sécurité des Nations Unies, contribue beaucoup à la mise en œuvre du mandat de la Minusca. Je voudrais vraiment vous rassurer de ce point de vue, il est important que tous les partenaires travaillent ensemble, nous aident à mettre en œuvre le mandat que le Conseil de sécurité nous a donné. Les membres du Conseil sont tous des partenaires de la République centrafricaine et restent engagés auprès du pays en vue d’une solution définitive à la crise.
Dans le cadre de mes engagements avec les États membres et partenaires de la Rca, j’ai rencontré en novembre dernier le Représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies ainsi que des représentants permanents d’autres États membres, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité tels que la Chine, la France et le Royaume-Uni pour échanger sur le mandat de la Minusca et la situation en Rca. Je poursuivrai ce dialogue en 2022, car la Rca a besoin de l’appui des partenaires régionaux et du reste du monde pour mettre fin à sa crise qui n’a que trop duré.
Le Sénégal est l’un des principaux pays fournisseurs d’effectifs de police de la Minusca avec deux unités de police constituées déployées à Bangui et à Berbérati ? Quelle évaluation faites-vous de leur contribution à la protection des populations civiles et à la mise en œuvre du mandat de la Minusca en général ?
J’aimerais particulièrement saisir l’opportunité de cette interview pour exprimer, au nom du Secrétaire général des Nations Unies, toute ma gratitude au Président de la République du Sénégal, pour la contribution qualitative de la police et de la gendarmerie sénégalaises à la mise en œuvre du mandat de la Minusca. La Mission dispose actuellement de 193 gendarmes et 148 éléments de la police déployés dans la capitale et à Berbérati, dans l’ouest de la Rca, dans le cadre de la protection des populations civiles et la conduite d’opérations sécuritaires multidimensionnelles dans le pays.
Je tiens à rappeler le rôle crucial joué par l’unité de police constituée sénégalaise lors de l’attaque de la ville de Bangui par les rebelles de la Cpc, le 13 janvier 2021. Les casques bleus sénégalais ont été les premiers à s’opposer aux éléments armés et leur bravoure a permis de freiner leur avancée, avant que des renforts de la Minusca mais aussi des Faca et leurs alliés ne soient déployés sur le terrain pour mettre fin définitivement à la tentative de prise du pouvoir par la force.
Nous attendons très prochainement le déploiement d’une troisième unité constituée de 180 gendarmes, qui sera basée à Batangafo, ainsi que l’arrivée d’une Force de réaction rapide sénégalaise, constituée de 180 militaires.
LA COSYDEP INQUIETE POUR L’ANNEE SCOLAIRE
Le deuxième trimestre de l’année scolaire, dans un contexte marqué par des événements devenus de véritables centres d’intérêts pour les Sénégalais, comme la campagne électorale, la Can ou la grève des enseignants, inquiète la Cosydep
La campagne électorale des Locales, la 33ème édition de la Can (Coupe d’Afrique des Nations), tout comme les mouvements de grève des syndicats d’enseignants, poussent la Cosydep (Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique) à afficher ses inquiétudes.
Le deuxième trimestre de l’année scolaire, dans un contexte marqué par des événements devenus de véritables centres d’intérêts pour les Sénégalais, comme la campagne électorale, la Coupe d’Afrique des Nations (Can) ou encore la grève des enseignants, inquiète la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep). Cette organisation de la Société civile se soucie de la menace sur la continuité des apprentissages. Dans un communiqué, l’organisation a réaffirmé «sa forte préoccupation pour la quiétude et la sécurité dans les lieux d’apprentissage, en préservant l’institution scolaire des rivalités entre acteurs engagés dans ces élections».
Dans la même veine, elle «invite les candidats à prendre des engagements documentés, réalistes et sincères face aux questions qui perdurent et qui doivent trouver des solutions». Cheikh Mbow et ses collaborateurs rappellent également «aux acteurs politiques, que les joutes électorales devraient être des opportunités d’éducation à travers les débats, manifestations et autres réflexions, qui doivent être des occasions d’enseignement à distance pour renforcer la mission d’éducation de l’école».
S’agissant des plans d’action des syndicats d’enseignants et les manifestations d’apprenants, la Cosydep «recommande de décrypter et traiter à temps les alertes et autres menaces, en bannissant toute logique de pourrissement». Il est aussi demandé de «régulariser la situation des 5000 enseignants nouvellement recrutés et d’affronter le rapport sur le système de rémunération des agents de l’Etat, qui constitue un point déterminant dans la re-motivation des enseignants».
Pour ces membres de la Société civile, les autorités doivent «faire face aux exigences de mise aux normes de l’environnement des apprentissages et à l’effectivité du droit à l’éducation, en dépit de l’actualité politique». Et d’ajouter : «L’éducation étant un enjeu à la fois national et local, investir davantage dans la protection des jeunes apprenants qui constituent l’avenir, l’Etat central, tout comme les collectivités territoriales, doivent s’engager à investir davantage dans la protection des jeunes apprenants qui représentent l’avenir de notre pays.»
Par ailleurs, revenant sur les prochaines élections locales, l’organisation souligne qu’elles «pèsent lourdement sur le secteur». D’après la Cosydep, ces élections «mobilisent plus de 6 millions d’électeurs, dont une bonne partie d’apprenants et d’enseignants, mais aussi des milliers d’enseignants sur qui repose le fonctionnement correct des 6639 lieux de vote». Dès lors, font remarquer les auteurs du document, «il se pose la question de la nécessité d’un retour sur investissement de la part des élus, pour les 6 millions d’apprenants en quête de perspectives d’avenir.»
Or, déplorent-ils : «La réalité du terrain montre jusque-là des écoles sans eau ou avec des factures impayées, sans blocs sanitaires ou non fonctionnels, sans gardiens ou femmes de ménage.»
Pire, la Cosydep fait remarquer «une ‘‘cantinisation’’ anarchique, une absence de réserve foncière pour l’élargissement du réseau, une absence de pièce d’état civil pour de nombreux apprenants, un retard dans l’appui découlant des fonds de dotation, peu d’efforts dans la réhabilitation, la modernisation et la rénovation des lieux d’apprentissage». Cela, souligne-elle, «est d’autant plus regrettable que ces différents services relèvent de la compétence des élus locaux».
Par Yoro DIA
DE L’INDIGENCE À L’EMERGENCE
Imaginez un peu ce que le Sénégal serait aujourd’hui si Wade avait arrêté ses grands travaux, en écoutant le peuple et quelques populistes en opposition à ces projets sous prétexte que "l’on ne mange pas le béton et le goudron"
Il y a quelques mois, le Sénégal s’était passionné pour le débat sur le déboulonnage de la statue de Faidherbe dans la vieille ville de Saint-Louis. La réponse se trouve au pont de Foundiougne. La meilleure façon de déboulonner Faidherbe n’est pas dans le verbe mais dans le béton et le goudron. Pour déboulonner Faidherbe, il faut construire un deuxième pont plus grand et plus majestueux, comme l’Etat vient de le faire à Foundiougne.
Ainsi, le vieux pont sera le symbole du passé et le nouveau, celui d’un Sénégal moderne et conquérant. Le Sénégal ne pourra jamais remercier Wade d’avoir ouvert les portes de l’Hubris (démesure) en 2000. Chaque fois que je passe par l’autoroute à péage, je ne peux m’empêcher de penser à l’ancienne minuscule route entre Bountou Pikine et l’ancien immense rond-point de la Patte d’Oie. Cette minuscule route, symbolise un Sénégal indigent. Avec l’autoroute à péage, la route secondaire de Wade (celle que l’on prend à défaut de l’autoroute), est deux fois plus grande que l’ancienne route principale de Diouf. Depuis que Wade a ouvert les portes de l’Hubris, on est en train de passer d’un Sénégal indigent à un Sénégal émergent, en passant des Tata au Ter, d’une route nationale minuscule aux autoroutes, des bacs aux ponts, d’un port toujours congestionné et qui remonte à la colonisation, au port de Ndayane.
Au fond, en termes simples, c’est ça l’émergence. C’est juste penser que rien n’est jamais suffisamment grand pour son pays, comme le pensent les habitants de Dubaï, qui sont passés sans transition de l’indigence du désert et de la pêche à l’incarnation de la prospérité. Il y a un certain nombre de constantes dans l’Emergence, et l’une des plus importantes est que le leadership politique ne doit pas être à la remorque du peuple par populisme. Imaginez un peu ce que le Sénégal serait aujourd’hui si Wade avait arrêté ses grands travaux, à commencer par l’autoroute, en écoutant le peuple et quelques populistes qui attaquaient ces projets sous prétexte que «l’on ne mange pas le béton et le goudron, et le Peuple a faim».
Wade avait raison de continuer, parce que ses grands travaux contribuent à la croissance, parce que le béton et le goudron se mangent, car chaque nouvelle route, autoroute ou pont, crée de nouvelles opportunités économiques. Il avait aussi raison de ne pas renoncer au Monument de la renaissance africaine, devenu aujourd’hui symbole et la carte de visite de Dakar, et qui a surtout relégué dans les poubelles de l’histoire, la fameuse statue coloniale Demba et Dupont. A l’instar du Monument de la renaissance, devenu la carte de visite de Dakar, Diamniadio doit devenir celle d’un Sénégal émergent et conquérant, reléguant ainsi Dakar à sa place : l’histoire, notre passé, comme c’est le cas en Malaisie, entre Kuala Lumpur et Putra Jaya ou entre Dar es Salam et Dodoma en Tanzanie.
Tout à Dakar, le cœur de l’Etat, est vestige colonial, à commencer par le Palais présidentiel. Mais heureusement, le cannibalisme du béton et de l’immobilier débridé comme dans tous les pays émergents, est en train de se substituer à la volonté politique, en effaçant les traces du Dakar colonial. Dans quelques années, avec le cannibalisme du béton, ne restera du Dakar colonial que le Palais, l’Assemblée nationale, la marie et le ministère des Affaires étrangères, car le Building et Sandaga ont déjà changé de siècle.
Dans notre marche du Sénégal indigent vers le Sénégal émergent, on entendra toujours des arguments comme, «on ne mange pas le béton» ou tout le monde n’a pas les moyens de payer le billet du Ter ou le péage du Pont. C’est fort normal car, comme disait Winston Churchill, «le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. La vertu inhérente au socialisme consiste en une égale répartition de la misère». L’histoire lui a donné raison, car aucun pays n’a émergé avec la vertu inhérente du socialisme. Même les Chinois ont été obligés de recourir au «vice inhérent» du capital, pour trouver le chemin de l’Emergence.