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18 juin 2025
LE FLEUVE SÉNÉGAL N'A JAMAIS ÉTÉ UNE BARRIÈRE DE SÉPARATION
Le fleuve Sénégal n’a jamais été perçu comme "une barrière de séparation" par les populations vivant sur ses deux rives, a déclaré mardi, le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani
Le fleuve Sénégal n’a jamais été perçu comme "une barrière de séparation" par les populations vivant sur ses deux rives, a déclaré mardi, le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani.
Il procédait avec son homologue sénégalais Macky Sall à la pose de la première pierre du pont de Rosso, qui va permettre de relier les deux rives du fleuve Sénégal.
"Bien avant nos Etats modernes", a-t-il affirmé, les deux peuples ont entretenu des échanges économiques socio-culturels et religieux qui ont été renforcés avec la création de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS).
La réalisation du pont de Rosso vient conforter cette organisation qui regroupe le Sénégal, la Mauritanie, le Mali, la Guinée, a-t-il fait valoir.
’’Cet ouvrage de franchissement répond à une réelle exigence économique et un acte concret de la matérialisation de l’aspiration des deux peuples", a salué le président mauritanien qui a remercié son homologue sénégalais d’avoir accepté d’honorer sa présence à la pose de la pose de la première pierre du pont de Rosso.
Pour lui, le futur pont "rendra fluide la circulation des biens et des services et va permettre de resserrer davantage les liens d’amitié qui unissent" les deux pays.
Il estime que "les bacs ont permis d’assurer la fluidité des circulations" entre la Mauritanie et le Sénégal.
Cependant, a poursuivi El-Ghazaouani, "ces dernières années, la croissance rapide des transports sur cet important axe reliant l’Europe, le Maghreb et l’Afrique subsaharienne a rendu urgente la construction d’une infrastructure qui soit à la hauteur des échanges".
D’ailleurs, une convention signée entre les deux pays va bientôt permettre de supprimer les ruptures de charge sur cet axe routier, selon le chef de l’Etat mauritanien.
Ce futur pont est le ‘’maillon manquant’’ de l’axe routier Dakar-Nouakchott, souligne un document de presse reçu des autorités des deux pays, à l’occasion de la cérémonie de lancement des travaux prévue à Rosso, en Mauritanie.
Il va faciliter le transport et le transit entre les capitales des deux Etats.
L’ouvrage va coûter environ 57,4 milliards de francs CFA provenant de la Banque européenne d’investissement, de l’Union européenne (un don d’environ 13,1 milliards de francs CFA), du Fonds d’appui au développement, de la Banque africaine de développement et de contributions des deux Etats, le Sénégal (682,19 millions de francs CFA) et la Mauritanie (2,29 milliards de francs CFA).
Le pont de Rosso sera construit sur le fleuve Sénégal et va s’étendre sur 1.461 mètres. Il aura une largeur de 14,55 mètres et des routes d’accès.
PAR Jean-Claude Djéréké
POLITICIEN ET HOMME D’ÉTAT, DES OISEAUX DE MÊME PLUMAGE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce sont les politiciens qui donnent une mauvaise image de la politique. Celle-ci est au départ une activité noble. N’est-il pas temps de sanctionner les politiciens si nous voulons redonner à la politique ses lettres de noblesse ?
Sauf au Québec, le substantif “politicien” a une connotation péjorative car il désigne un individu qui est coutumier des coups bas et des intrigues en politique. Peut-on confondre un tel individu avec l’homme d’État ? Les deux utilisent-ils les mêmes méthodes ? Poursuivent-ils les mêmes objectifs ? Bref, quelle est leur vision de la politique que Julien Freund définissait comme “l’activité sociale qui se propose d’assurer par la force, généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde intérieure d’une unité politique particulière en garantissant l’ordre au milieu de luttes qui naissent de la diversité et de la divergence des opinions et des intérêts” (cf. ‘L’essence du politique’, Paris, Dalloz, 1965) ?
Aristote, dont la pensée a beaucoup influencé Freund, estimait que la politique devrait permettre à chacun d’avoir “une vie bonne” dans la cité (polis en grec). Les citoyens ne peuvent atteindre cette vie bonne, ajoutait-il, que dans une société qui ne tolère pas l’injustice en son sein. Une société vit dans l’injustice lorsqu’une minorité y a droit aux avantages et privilèges de toutes sortes pendant que la majorité, privée du strict minimum vital, est soumise à l’arbitraire et aux ratonnades. On comprend dès lors pourquoi le Stagirite condamne le capitalisme excessif et l’esclavage (cf. Aristote, ‘La Politique’). Cette précision étant faite, qu’est-ce qui distingue le politicien de l’homme d’État ?
D’abord, le politicien promet beaucoup mais réalise peu. Pour lui, “les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent”. Une formule que l’on doit à Henri Queuille, ministre sous la IIIe République en France, et qui sera reprise par Charles Pasqua et Jacques Chirac en 1988. Lorsqu’un candidat promet de donner des milliards de franc CFA à toutes les villes du pays, de n’exercer qu’un mandat de 5 ans, de sévir contre tous les coupables de crimes contre l’humanité, d’être au service de tous les citoyens et qu’il fait autre chose une fois arrivé au pouvoir, c’est un politicien. L’homme d’État, lui, met un point d’honneur à tenir ses promesses ; il est soucieux de faire ce qu’il dit. Le respect de la parole donnée est une règle sacro-sainte chez lui.
Ensuite, le politicien ne voit pas la politique comme “l’art de résoudre les problèmes, mais de faire taire ceux qui les posent” (H. Queuille). Au début des années soixante, un certain nombre de jeunes cadres du PDCI avaient posé des problèmes qui méritaient l’attention du gouvernement et du parti. Par exemple, ils regrettaient que la France continue d’avoir la mainmise sur le pays après 1960, l’année des fausses indépendances. En réponse à leurs justes préoccupations, Houphouët, certainement à l’instigation de Foccart, les fit arrêter et emprisonner à Assabou après les avoir accusés de comploter contre lui. 4 ans plus tard, Houphouët avouera avoir été induit en erreur par le commissaire Goba (cf. Samba Diarra, ‘Les faux complots d’Houphouët-Boigny. Fracture dans le destin d’une nation : 1959-1970’, Paris, Karthala, 1997). Jeter en prison journalistes et enseignants parce qu’ils ont soulevé de vraies questions tout en laissant en liberté des criminels connus de tous est le propre des politiciens. Parce qu’il reconnaît le droit au désaccord, parce qu’il adhère à l’idée que “à vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend inévitables les révolutions violentes” (John Fitzgerald Kennedy), l’homme d’État n’embastille pas ceux qui critiquent sa gestion de la Res publica. Charles de Gaulle était constamment vilipendé par Jean-Paul Sartre qui qualifia le scrutin présidentiel de décembre 1965 d’élections pièges à cons mais, quand des militaires voulurent arrêter Sartre pendant la guerre d'Algérie, le général refusa en disant : “On n’emprisonne pas Voltaire.”
Troisième différence : Le politicien cherche à faire carrière. Il veut monter en grade. Il se gardera donc d’aborder les sujets qui fâchent comme l’homosexualité, le départ des soldats français d’Afrique, la fin du franc CFA, les multinationales Bouygues, Bolloré, Lagardère, Orange, Areva qui “s’enrichissent outrageusement alors que l’espérance de vie en Afrique est de 49 ans et qu’un enfant sur 3 n'y mange pas à sa faim” (Michel Collon, journaliste belge). L’homme d’État n’a pas peur de prendre position sur ces questions parce que, pour lui, il s’agit de protéger ou de défendre le peuple. Pour lui, il est inacceptable que le peuple soit famélique et porte des guenilles pendant que les députés, maires, ministres et président de la République sont bien nourris, roulent dans de grosses cylindrées et se soignent avec leurs familles dans les meilleurs hôpitaux de Paris, Londres ou Genève.
La quatrième différence, c’est que le politicien n’a pas d’autre métier que la politique. Un métier qui le nourrit et l’entretient. L’homme d’État, par contre, a souvent exercé un métier (médecin, pharmacien, enseignant, agriculteur, ingénieur ou facteur comme Olivier Besancenot en France) avant de descendre dans l’arène politique. S’il est fatigué de la politique, il n’a pas honte de retourner à ce qu’il faisait avant.
L’homme d’État pense en même temps au court et au long terme tandis que le politicien n’est intéressé que par ce qui arrive aujourd’hui. Comme l’a bien résumé l’Américain James Freeman Clarke, “la différence entre le politicien et l’homme d’État est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération”.
Le politicien est capable d’invoquer les grandes figures littéraires et humanistes (Zola, Camus, Guevara, Jean Moulin, Gandhi, Luther King, Nelson Mandela, Mère Teresa, Nkrumah, Sankara…) mais fera le contraire de ce que ces hommes et femmes ont accompli. Tel est le cas de François Hollande qui, le 23 avril 2014 à Carmaux (dans le Tarn), rendait hommage à Jean Jaurès, grande figure de la gauche française assassinée en 1914. Pourtant sa politique ultra-libérale et sa propension à plaire au Medef n’avaient rien à voir avec les idées de Jaurès. Pour Michel Onfray, seuls des “guignols” sont capables de se revendiquer de Jaurès ou de Jean Moulin tout en soutenant oligarques, dictateurs et criminels. En Côte d’Ivoire, Ouattara, quoique se réclamant d’Houphouët, n’hésita pas en 2011 à faire bombarder la résidence du chef de l’État construite par le même Houphouët. Il ne s’installa jamais à Yamoussoukro contrairement à une promesse de campagne. Le fait que la prison, l’exil ou les gaz lacrymogènes soient ses seules réponses aux légitimes revendications de l’opposition montre qu’il n’a rien à voir avec Houphouët qui, dit-on, était attaché au dialogue. Pire encore, la capitale politique, abandonnée depuis 1993, se meurt pendant qu’il s’enrichit et thésaurise. L’incohérence, c’est aussi le fait de se dire socialiste et de tourner le dos aux valeurs de la gauche que sont la simplicité, l’intégrité, le partage avec les démunis et la solidarité avec les camarades.
Enfin, l’homme d’État s’efforce d’être cohérent avec lui-même. Cela veut dire qu’il se gardera de reconnaître un individu qui vient de briguer un 3e mandat illégal. Jamais il ne l’appellera “président”. Le politicien, lui, ne voit aucun inconvénient à participer à des élections bidon organisées par une commission électorale inféodée au dictateur. Car l’important, pour lui, ce n’est pas le peuple, mais sa petite personne, l’argent qu’il gagnera avant ou après le scrutin, son poste et sa carrière. Il a une obsession : entrer dans l’Histoire. Peu lui importe par quelle porte il y entre. Ni les reniements ni les compromissions ne lui posent donc aucun problème.
Tout ce qui précède nous montre que ce sont les politiciens qui donnent une mauvaise image de la politique. Sinon, celle-ci est au départ une activité noble, “le champ de la plus vaste charité” (Pape Pie XI en 1927). N’est-il pas temps de sanctionner les politiciens si nous voulons redonner à la politique ses lettres de noblesse ?
L'HOSTILITÉ À L'ENGAGEMENT DE LA FRANCE AU SAHEL DE PLUS EN PLUS VISIBLE
L'adhésion au discours anti-français est "en train de s'imposer dans l'espace politique sahélien. La population n'arrive pas à comprendre que le terrorisme puisse gagner du terrain alors que les soldats français sont là
AFP |
Amaury Hauchard avec Daphné Benoit |
Publication 30/11/2021
L'engagement français au Sahel fait face à une hostilité de plus en plus visible, illustrée ces derniers jours au Burkina Faso puis au Niger par la mobilisation contre le passage d'un convoi militaire en route pour le Mali.
La longue file de véhicules devait traverser le Burkina Faso puis le Niger pour se rendre dans le nord du Mali, à Gao, comme cela est fréquent depuis le début de l'intervention française au Sahel en 2013.
Mais le chemin a été semé d'embûches: à Kaya (centre burkinabè), puis à Tera (ouest nigérien), dans des zones où les violences sont omniprésentes, des manifestants ont bloqué le convoi et caillassé les véhicules escortés par des forces de sécurité locales.
A Kaya, plusieurs manifestants ont été blessés. A Tera, au moins deux d'entre eux ont été tués dans des tirs imputés aux forces nigériennes par certains, français par d'autres. Une enquête a été ouverte. Le convoi est arrivé à Gao dimanche soir.
C'est la première fois, selon plusieurs observateurs du conflit, que la contestation de la présence française est aussi évidente dans les zones affectées par le conflit. Auparavant, les manifestations étaient cantonnées aux capitales, Bamako et Ouagadougou en tête.
Si l'ampleur de l'adhésion au discours anti-français est difficile à mesurer, il est "en train de s'imposer dans l'espace politique sahélien et en façonne la dynamique", note le chercheur français Yvan Guichaoua. Il parle de "bain d'hostilité" dans lequel évolue la France.
"Même les chefs d'Etat sont appelés à se positionner par rapport à cette dynamique", note-t-il.
Vendredi soir, le président du Niger Mohamed Bazoum exprimait sa "reconnaissance" envers la France dont il saluait "les sacrifices".
Ce discours est aux antipodes des prises de paroles publiques du Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga, qui n'hésitait pas récemment à accuser la France de former des groupes jihadistes.
"Jusque là ce type de propos émanait de réseaux pas très crédibles, de cercles complotistes, mais que cela émane d'une autorité aussi haute que le Premier ministre y donne du crédit", estime Boubacar Haidara, chercheur malien.
- "#OnEstEnsemble" -
"La population n'arrive pas à comprendre que le terrorisme puisse gagner du terrain alors que les soldats français sont là", fait valoir auprès de l'AFP un diplomate français sous le couvert de l'anonymat. "Les populations se retournent contre ceux qui sont en première ligne", abonde une source proche de l’exécutif français, évoquant une "situation inquiétante".
L'influence des groupes jihadistes au Sahel, affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, va grandissant dans les trois pays du Sahel central. Les Etats, parmi les plus pauvres du monde, n'arrivent pas à faire face, malgré l'appui de forces étrangères.
Les attaques sont quasi-quotidiennes, et la lassitude d'un conflit qui dure depuis huit ans, perceptible. Quatre soldats burkinabè ont encore été tués dimanche dans le nord.
Soucieuse d'alléger son empreinte, la France a entrepris de quitter des bases au nord du Mali (Kidal, Tombouctou et Tessalit) et de réduire ses effectifs de plus de 5.000 aujourd'hui à 2.500 ou 3.000 hommes d'ici à 2023.
L'annonce a poussé la junte malienne à s'intéresser à l'offre sécuritaire des mercenaires russes de Wagner, déclenchant de graves tensions entre partenaires. Bien qu'une coopération ne se soit pas encore concrétisée pour l'instant, les rumeurs ont fait florès. Des manifestations pro-Russie et anti-France sont désormais fréquemment organisées à Bamako.
L'ancienne puissance coloniale, qui dénonce une campagne de désinformation russe, cherche à réagir: des panneaux publicitaires avec le mot-dièse #OnEstEnsemble ont fleuri dans Bamako, et les communiqués hebdomadaires de l'opération Barkhane sont désormais traduits en bambara, langue malienne.
"On n'est plus en face-à-face avec les Maliens, les Russes redistribuent les cartes", observait récemment un haut gradé français sous couvert d'anonymat. "Et la junte (malienne) a presque plus de cartes en main que nous".
Pour Boubacar Haidara, "l'erreur des autorités françaises est de penser que les contestations de la présence française ne sont que le fruit de manipulations, mais (elles) sont également le résultat de sa politique sahélienne".
Le président Emmanuel Macron a fixé une ligne rouge: les soldats français ne cohabiteront pas sur un même territoire avec Wagner, que Paris accuse de prédation en Centrafrique. Mais un désengagement brutal sonnerait comme un échec à l'afghane, à quelques mois de la présidentielle française.
MACKY SALL OUVERT À LA RÉHABILITATION DE KARIM WADE ET KHALIFA SALL
Recevant lundi le Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis), le président a fait part de sa volonté d’engager des discussions sur le cas des leaders politiques ayant perdus leurs droits civiques et politiques
Macky Sall est dans une dynamique d’apaisement. Le chef de l’Etat est prêt à renouer le fil du dialogue avec toute la classe politique sénégalaise. Il a fait part de cette volonté, hier, lors de l’audience qu’il a accordée au Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal (Cudis), plaidant pour la pacification de l’espace public en direction des élections territoriales du 23 janvier 2022. Le président Macky Sall n’exclut pas d’engager des discussions sur les cas des leaders politiques comme Khalifa Ababacar Sall et Karim Meisssa Wade qui ont perdu leurs droits civiques et politiques après des condamnations par la Justice. Selon des participants à cette audience, le chef de l’Etat s’est dit même prêt à évoquer la question de ces personnes n’ayant pas encore été réhabilitées par la Justice. Il est même ouvert à discuter sur un calendrier. Selon un membre du Cudis, «il y a de bonnes perspectives et nous avons bon espoir que les gens vont aller au moins à des discussions». Depuis quelques temps, le climat est très tendu entre l’opposition et le pouvoir.
Devant le Président Macky Sall, le Cudis a tenu à exposer toutes les questions de récriminations de l’opposition. Serigne Cheikh Tidiane Sy et Cie ont posé sur la table du chef de l’Etat les doléances des opposants. «La discussion avec le chef de l’Etat a été l’occasion de présenter les récriminations des acteurs politiques et coalitions sur le processus électoral, leur manque de confiance aux autorités de tutelle, le traitement présumé tendancieux de certains dossiers judiciaires etc.», lit-on dans le communiqué. La question des milices accusées d’user de la violence gratuite envers les honnêtes citoyens a également été abordée. De son côté, le Président Macky Sall a aussi fait des reproches à l’opposition. Selon des sources, le chef de l’Etat a déploré le comportement de certains leaders de l’opposition qui, souvent, défient la Justice en refusant d’aller répondre à des convocations. Face à ces accusations mutuelles, le Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal a invité le Président Sall à poser, dans ce contexte de crise économique et de menaces sécuritaires régionales, des actes forts de conciliation à l’intention de ses adversaires politiques pour pacifier le jeu démocratique. Car, soulignent Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Amine et ses camarades, tout le monde voudrait qu’on aille vers un apaisement, à commencer par les autorités religieuses. Un vœu que le Président Macky Sall est disposé à matérialiser. Dans son communiqué, le Cadre renseigne «qu’au-delà des élections locales, le président de la République pense qu’un dialogue approfondi peut permettre d’avancer sur d’autres mesures de préservation de notre vivre ensemble et de pacification des relations entre les acteurs politiques». Aussi, le chef de l’Etat a salué l’initiative du Cadre unitaire de l’Islam au Sénégal et s’est engagé à l’appuyer pour qu’elle se traduise par un code de conduite ou une charte partagée par tous les acteurs. «Le président de la République a promis que sa coalition Benno bokk yakaar la signera pour contribuer à cette dynamique contre la violence», rapporte le communiqué du Cadre.
Ce que Macky Sall a dit sur la convocation de Barthélémy Dias
Le dossier de Barthélémy Dias a été aussi au menu des discussions entre le Président Macky Sall et le Cudis. Le chef de l’Etat est revenu sur la convocation du maire de la commune de Mermoz/Sacré-Cœur pour son procès en Appel dans le dossier de l’attaque en 2011 de sa mairie où Ndiaga Diouf avait perdu la vie. Loin des accusations de l’opposition le soupçonnant de vouloir liquider ses adversaires politiques, le Président Macky Sall parle de coïncidence malheureuse. Le chef de l’Etat a clairement signifié à ses hôtes que c’est quand il y a des grabuges qu’il apprend souvent dans la presse la convocation de certains leaders politiques par la Justice. Et sur le cas particulièrement de Barthélémy Dias, c’est quand il y a eu des appels que le Président Macky Sall a su que le juge avait appelé le dossier. D’ailleurs, rapporte un participant à la réunion, le chef de l’Etat a fait savoir que si on lui avait demandé son avis sur ce dossier, il aurait recommandé d’attendre après les élections territoriales du 23 janvier 2022 pour le réactiver.
par Mamour Seck
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PATHÉ-BADIANE, JAA -JËF
La Bataille de Pathé Badiane constitue un des plus hauts faits d’armes d’autres preux comme Alboury Ndiaye ; le fidèle talibé et stratège de Ma Bâ, Birane Cissé, etc. - Cet épisode est l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de la Sénégambie
Bref rappel du contexte socio-politique et économique du Sénégal de l’époque
Face à un système politique Ceddo du Rip-Badibou rongé à la longue par la Traite Négrière en fin de cycle et coexistant avec la pratique de" l’asservissement interne ", les sujets opprimés des" Bours "et "mansa" avaient hâte de humer enfin l’air de la liberté. Il est aisé alors de comprendre que la dernière moitié du XIXe siècle fût l’époque de la pratique de la « Guerre sainte » ou Djihad. C’est cette conjoncture qu’exploitera le réformateur Ma BÂ Diakhou, au nom de l’Islam, pour organiser et former ces populations, et notamment les paysans victimes des razzias, à la résistance à l’oppression. En 1861, en riposte, il fut obligé de déclencher un Djihad certes instantané, mais surarmé par la dynamique de la Foi (musulmane). Galvanisés par l’élan de cette foi nouvelle, Ma BÂ et ses talibés-combattants parvinrent à mettre bas l’ordre établi depuis au moins quatre siècles dans le Rip où il est né.
De 1862 à 1864, les Djihad que les talibés en armes menèrent avec succès permirent à Ma BÂ de gagner la sympathie des populations de la plupart des entités du Saloum, du Cayor, du Djolof, du Niani, etc. ; et d’élargir les limites territoriales du Rip. C’est dans ce contexte que le preux Cayorien Lat- Dior, déchu de son titre de Dammel par le Gouverneur Faidherbe, se résolut à demander asile à Ma BÂ en 1864. Il était accompagné de ses fidèles les plus valides qui étaient prêts à se convertir à l’Islam. Ce fait coïncidait avec la recrudescence des interventions militaires françaises aux côtés des tenants de l’ordre ancien. Dès lors, du côté de Ma BÂ, l’esprit du Djihad ne se limitait plus simplement à l’islamisation mais incluait aussi la résistance à la conquête coloniale. D’autant que même certains tirailleurs de la Colonie préféraient exercer librement leur religion au sein d’une même communauté libérée et plusieurs autochtones de cette époque s’accommoderaient de la tutelle du Rip plutôt que d’être des sujets de la Colonie, elle-même tributaire d’une métropole lointaine.
Cette nouvelle donne confortait Ma BÂ dans sa mission consistant dorénavant à allier sa Stratégie globale de défenseplus affinée et la poursuite du projet de création d’une Grande entité sénégambienne musulmane en chantier: rempart de la Foi, diplomatie préventive active, mise en place de "tata " (fortifications quasi imprenables), perfectionnement du réseau de renseignement et d’espionnage licite, restructuration des unités de l’armée, tactiques et stratagèmes mieux adaptés au contexte climatique et environnemental, etc.
Les prémices de la “ Bataille de Pathé Badiane ”
Il ne s’agit pas de retracer, de façon exhaustive, la vie et l’œuvre de l’Almamy. Mais il sied de souligner les faits saillants de l’actualité dominante de l’époque en lien avec le sujet qui nous préoccupe.
Dès 1862, Ma BÂ était devenu le chef politique légitime et le guide religieux du Rip et des « pays » avoisinants tels que le Sabakh, le Sandial, le Paos Koto, le Niom, etc. tombés dans son giron. Au point de porter désormais le précieux surnom Almamy du Rip-Badibou ", avec comme capitale Nioro (ci-devant Paos-Dimbah , nouvelle appellation à consonance musulmane).
En 1864, la seconde campagne victorieuse de Ma BÂ dans le Saloum eut une portée diplomatique incontestable. Ce qui ne pouvait laisser indifférent le Gouverneur Faidherbe, car la Colonie était tenue de préserver les intérêts commerciaux des Français installés à Kaolack. En atteste cet extrait d’une correspondance adressée à l’Almamy le 23 mai 1864 :
« Respecte donc partout nos nationaux, nos postes et nos territoires, la rive droite du Saloum est à nous jusqu’à portée de canon et de l’eau » [2] .
Et Ma BÂ de répliquer en ces termes :
« Celui qui ferait du tort à un musulman aurait à en rendre compte à Dieu. Celui qui se croit puissant ne doit pas ignorer que c’est à Dieu qu’appartient sa puissance. Les hommes ne peuvent rien créer sauf par sa volonté ». [3]
Le Gouverneur Faidherbe, par un compte rendu destiné à la Hiérarchie métropolitaine, annonçait à demi-mot le projet de détruire le système de Ma BÂ en voie de construction en ce qui suit :
« Nous avons beaucoup à craindre de ce mouvement religieux et nous devons nous hâter de le paralyser par tous les moyens » [4].
Après analyse, les atermoiements de la Colonie tournaient autour de cet enjeu : le contrôle du Cayor, du Djolof, du Sine. Et donc pour la Colonie, Ma Bâ constituait un danger en contrôlant le Saloum et le Sine. Car ce serait lui faciliter sa mainmise sur les provinces du Cayor, du Bawol et du Djolof. Néanmoins, la Colonie avait alors intérêt à créer les conditions d’une paix et non d’un conflit avec le Rip. En effet, le rapport de forces en termes de mobilisation, de Foi et d’engagement, lui serait peu favorable. Faidherbe, en fin calculateur, élabora au cours du dernier trimestre de 1864 un traité entre les protagonistes. Au terme de multiples échanges, le Traité de paix fut conclu d’accord parties le 27 décembre 1864. Lequel traité reste le seul accord liant la Colonie (Saint-Louis du Sénégal) et le Rip ayant à sa tête l’Almamy du Rip et du Saloum. Le Traité était censé favoriser la paix entre les acteurs de ces entités : le Saloum, le Cayor, le Bawol ; le Djolof, le Sine et, en priorité, entre la Colonie (les Français) et le nouveau Rip. Il fait partie des traités de type colonial : instrument de légitimation entre Européens, des non-dits, la porte ouverte à diverses interprétations discordantes de certaines dispositions, etc.
Le premier semestre de 1865 s’est écoulé sans problème majeur. Peu après, comme prévu, on constate que le Traité ne pouvait résister à l’épreuve du temps. Les deux protagonistes se regardaient désormais en chiens de faïence et ne s’embarrassaient guère de le violer d’un côté comme de l’autre. Qu’on en juge par les faits suivants triés sur le volet :
* Le chef de la garnison française de Kaolack se permit de faire parvenir un message à Ma Bâ lui demandant de chasser Lat-Dior du Rip en évoquant bizarrement le traité en question. Or ce dernier s’était jusque-là montré digne de la confiance de l’Almamy.
* Faisant fi de tout, le Gouverneur Faidherbe occupa brusquement et unilatéralement tout le Cayor le 17 janvier 1865. Par ce geste, le Cayor fut classé parmi les « pays annexés » à l’exemple du Waalo et autres.
* L’Almamy, conscient de sa notoriété, interdisait à quiconque de traverser son domaine, notamment le Saloum et autres. Ce qui semble être une violation du principe de la liberté de commerce par exemple.
* Avec l’appui et l’autorisation de Ma Bâ, Lat-Dior et ses fidèles, dont Maissa Mbaye, Youga Faly, appuyés par des talibés en armes du Rip, firent main basse sur la localité stratégique de Mbacké en mai 1865. Ce "glacis" du Baol, une fois déverrouillé, Ma Bâ ne rencontra aucun obstacle dans la conquête du Djolof. Ce qui explique le caractère violent de cette expédition.
La suite : le Djolof assiégé accueillit Ma Bâ en héros de l’Islam. L’influence de Ma Bâ ne cessait de s’amplifier en Sénégambie ; il devint ainsi le maître du Djolof. Presque au même moment, le Bourba Djolof, Bakan TamKhari Dialor, opta pour un exil temporaire au Walo. La réaction de la Colonie s’avéra virulente à l’encontre de Ma Bâ à travers les échanges épistolaires. S’installa alors un climat délétère traduisant l’extrême détérioration des relations entre les principaux protagonistes. Cette période d’incertitudes fut marquée aussi par le rappel définitif de Faidherbe, le 12 juillet 1865. Son remplaçant n’était autre que le Colonel Pinet-Laprade, qui a eu à gérer - par intérim - des moments difficiles entre la Colonie et le Rip. La fin de l’hivernage qui se profilait à l’horizon augurait-elle une trêve ou plutôt l’exacerbation des conflits entre Ma Bâ et le nouveau Colonel- Gouverneur ?
Ma Bâ face à l’offensive du Colonel Gouverneur Pinet-Laprade : la bataille de Pathé Badiane [5]
Des faits avant-coureurs de l’événement. Stratagèmes des forces en présence.
Les mises en garde de l’équipe de Pinet-Laprade à l’encontre de Ma Bâ, loin d’être prises à la légère, ont au contraire poussé Ma Bâ et Lat-Dior à alerter d’office leur état-major. Surtout que les fidèles de Lat-Dior avaient hâte de retourner au Cayor pour rétablir leur damel dans sa fonction légitime. Et comme par miracle, un jour de la dernière décade de novembre 1865, un individu en guenilles s’introduisit nuitamment dans le camp de Barkéwel où étaient en conclave les éléments moteurs de l’armée intégrée du Rip. Sans aucune hésitation, il s’agenouilla devant Ma Bâ puis déclina son identité. En fait, c’était un fidèle serviteur de l’Islam et un agent de l’Almamy ; il s’appelait effectivement Bocar AlphaKane. Polyglotte de son état, il s’était évertué à infiltrer la cohorte des soldats auxiliaires recrutés par les Français. En un mot, c’était un des espions légitimes oeuvrant au nom des combattants au service de Dieu : les « Ayoun ».[6]Après avoir devisé avec son maître, il fut convié à faire un compte rendu succinct de sa précieuse moisson. On retiendra que la campagne militaire en cours était commandée par le Gouverneur-Colonel Pinet-Laprade. Au total, 7 600 hommes[7] étaient mobilisés : 1600 soldats et 6000 auxiliaires dont 4000 fantassins et 2 000 cavaliers comprenant des « alliés » en provenance du Walo, du Cayor, du Ndiambour, du Diander… Quant aux troupes de 1600 hommes, on comptait un bataillon d’infanterie, un bataillon de tirailleurs sénégalais, une section de disciplinaires, une batterie d’artillerie, un escadron de spahis sénégalais, une section de fusée, une compagnie d’ouvriers sénégalais, une compagnie de débarquement. Une fois ces informations recueillies, Lat-Dior et Ma Bâ eurent une certaine idée de la stratégie de la colonne coloniale établie en direction de Nioro.
Du côté du Rip, Ma Bâ ordonna à Lat-Dior de proposer un plan de combat, qui s’avèrerait imminent d’autant plus que la colonne était peut-être déjà à proximité de Nioro. En voici le résumé esquissé par Lat-Dior à même le sol.
* Installer des combattants non loin du cours d’eau (jadis, un lac) situé à l’ouest de Nioro pour attaquer l’ennemi susceptible de venir se ravitailler en eau. Une partie des troupes se cantonnera à Barkéwel, et des hommes prendront position derrière le tata de Nioro.
* Comme stratagème, il fallait se confondre avec la végétation, et notamment aux abords du sentier menant à Nioro, pour tendre des pièges.
* La tactique adoptée était la suivante : contrôler les accès aux points d’eau, procéder à des rotations géométriques et encerclements puis passer à l’assaut par petits groupes coordonnés afin de neutraliser l’artillerie ennemie avant qu’elle ne se mette en action. Pour ce faire, la technique proposée par Lat-Dior consistait à placer des assaillants embusqués dans des tranchées de part et d’autre du sentier. Donc en deux lignes parallèles ! D’autres combattants sélectionnés parmi les plus efficaces et expérimentés, disposés perpendiculairement à l’axe de la route que la colonne française était censée emprunter en file indienne, ont pour mission d’attaquer les forces ennemies, et ce, simultanément avec l’assaut latéral de renforts formant une ligne oblique pour les " envelopper ". Un scénario mathématique…Une précision : ce dispositif piège ne devait entrer en action que si et seulement si l’artillerie française venait tomber dans son ensemble dans le « guet-apens ».[8]
* Pour dissuader toute tentative de fuite des guerriers, la cavalerie devrait se placer à la périphérie du théâtre des opérations, prête à intervenir. Enfin, la consigne consisterait à provoquer, si nécessaire, des combats de proximité avant l’entrée en action de l’artillerie française meurtrière.
* En matière d’effectifs des talibés en armes combinés aux troupes de Lat-Dior, on s’en tiendra aux propos du Commandant de Kaolack à Gorée, qui mentionne aux Archives nationales du Sénégal 13 G 318 que les troupes de l’armée intégrée d’alors de Ma Bâ comptait « 17 à 20 000 hommes ; sûrement la première force militaire au nord de la Gambie ».
La bataille proprement dite
Ma Bâ ne doutait guère que la colonne de Pinet-Laprade avait fait escale à Gapakh où il passa la nuit avec sa suite. Tant son réseau d’information fonctionnait à plein régime. Il ordonna à Lat-Dior de mettre en œuvre le plan proposé dès le coucher du soleil. Dans la nuit, toutes les unités étaient déjà à leurs postes. Ma Bâ, à la tête d’une partie de la cavalerie, devait se poster à Paos Koto, et le reste guetter l’ennemi aux envions du village de Boubou Dème. Bien avant, Farba Demba War Sall, le fidèle de Lat-Dior s’évertua à répartir les fantassins le long de l’unique sentier menant à la capitale du Rip. À noter que ce passage obligé s’explique par l’emplacement de la forêt logée dans une vallée (Xur, en wolof) d’accès difficile proche du village légendaire de Keur Pathé Badiane. Le dispositif stratégique de Lat-Dior était prêt à fonctionner. Ce jeudi 30 novembre, vers 8 heures du matin, des soldats de la colonne coloniale s’aventurèrent sur la piste menant à la capitale du Rip, Nioro. Il y eut tout à coup une bévue imprévue : un fantassin apeuré ou impatient tira unilatéralement le premier coup de feu ! Pour parer à tout désordre en amont et toute débandade dans les rangs de l’arrière-garde, Demba War Sall se jeta furtivement dans la mêlée afin de galvaniser ceux qui seraient tentés de rebrousser chemin soit vers Gapakh, soit vers le sud de Nioro.
Mais Ma Bâ, conscient que cette bataille était défensive, ne nourrissait aucune crainte vis-à-vis du Créateur quant à l’issue malgré les pertes humaines des deux côtés. Après une heure de combat, les pertes du Rip étaient perceptibles parmi les talibés-combattants chargés de la défense du sentier et ceux de la ligne oblique. L’aile droite de Ma Bâ s’était attaquée à l’artillerie française qui ne dut son salut qu’à l’intervention des tirailleurs sénégalais, laissant sur place une énorme quantité de munitions et de provisions. Toujours du côté des Français, les assaillants de la colonne tombés dans le piège et surpris par la rapidité de la manoeuvre, furent quasiment décimés. C’était le branle-bas. Le chef de l’escadron de spahis, le commandant du peloton d’infanterie de marine, etc. succombèrent au combat. Et l’avant-garde de la colonne fut sérieusement malmenée. Symbole de défaite : Pinet-Laprade se retrouva grièvement blessé par le frère de Ndery Kani Touré à l’épaule gauche. Le nombre de morts parmi les Officiers et leurs adjoints avoisine la cinquantaine ; les blessés, en dehors du gouverneur, se chiffrent au moins à 60. Enfin, au moins deux officiers[1] furent faits prisonniers et gardés à Nioro. En outre, ce fut une riche moisson de trois trophées : un plan du « pays » saisi sur l’ennemi avec, en annexe, un plan de guerre probablement, que Ma Bâ s’empressa d’envoyer à son ami Saloum Dioubanté ; ensuite, les deux pièces d’artillerie (canons) arrachées à Pinet-Laprade, qui trônaient tout récemment sur l’esplanade de l’hôtel de ville de Nioro ; sans compter un gigantesque chameau alors peu familier aux Rip-Rip ! Quant à Lat-Dior, il était partout et nulle part lors de cette bataille. Maître dans l’art d’esquiver la colonne française, il pratiquait la guérilla avant la lettre. C’est ainsi que, vers 18 heures, une patrouille de reconnaissance, secondée par diverses forces, fut envoyée par le gouverneur en direction de Nioro. Elle se heurta subitement à une petite unité commandée par Lat-Dior. Qui s’en sortit sans coup férir. La patrouille retourna en catimini. Le Gouverneur ordonna de cesser la bataille. Et cap sur Saint-Louis via Kaolack !
Comme on ne saurait tirer de conclusion hâtive ni tout relater, il est à noter que la Bataille de Pathé Badiane constitue un des plus hauts faits d’armes d’autres preux comme Alboury Ndiaye ; le fidèle talibé et stratège de Ma Bâ, Birane Cissé ; Bounama Dior ; Samba Sarakhoulé ; Gankal aux côtés de Lat-Dior. Sans oublier le brave Sémou Djimit Diouf, talibé de Ma Bâ et futur bour Saloum…Qu’il nous soit permis de préciser que toutes ces contrées de l’époque ont archivé et mémorisé cet épisode comme étant l’une des pages les plus glorieuses de l’histoire de la Sénégambie.
[1]Traduction du sous-titre écrit en wolof : Vibrant hommage à l’Almamy Maba Diakhou BÂ ou Ma BÂ (Diakhou), option retenue ici.
[2]Archives du Sénégal, 13 G 318 réf : Ma Bâ au Gouverneur du Sénégal, reçu le 10 juin 1864.
3 Archives M. F. O. M., Sénégal et Dépendances IV, dossier 48.
[4] Archives M.FOM. Sénégal et dépendances IV dossier 48 a.
[5]Cette fameuse bataille est aussi appelée bataille de Paos Koto et même " Paos Badiane".
[6]Littéralement, les "Yeux de Dieu au service du Chef (islamique) " pour exprimer le caractère licite de leur prestation.
[7]Archives du M. FOM., dossier 51a & La revue « Horizons africains » du Vicariat Apostolique de Dakar dans sa livraison Nos 63 et 64 de Janvier-Février 1953.
[8]Consulter le schéma du stratagème de LAT-DIOR : Document / Annexe, pour faciliter la compréhension. Ce dessin est extrait du Mémoire de Maîtrise d’un ami Kélétigui S. KEITA .
PAR Yann Gwet
QUAND MACRON S'APPROPRIE LE MONOPOLE DE LA DÉMOCRATIE
Lors du sommet de Montpellier, Emmanuel Macron a annoncé la création du Fonds d’innovation pour la démocratie. Mais l’argent peut-il vraiment la faire émerger ? Et la France peut-elle donner des leçons en la matière ?
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 30/11/2021
Un « fonds d’innovation pour la démocratie » doté de 30 millions d’euros sur trois ans pour soutenir les « acteurs du changement » en Afrique… Comment rester indifférent à une telle annonce ? Pour les participants au sommet de Montpellier, c’est la preuve qu’Emmanuel Macron est bien du côté des peuples africains. Pour ses détracteurs, c’est un montant ridicule, bien loin de ce qu’il faudrait, et de ce que les intérêts français gagneraient indûment en Afrique.
Entre les deux, peu de voix qui interrogent la pertinence de l’idée sous-tendue par cette annonce. L’idée suivant laquelle l’argent serait la mère de la démocratie. Passons sur le surmoi capitaliste à l’origine d’une telle idée : l’argent comme réponse au moindre problème ; l’argent au centre des rapports humains, de l’organisation de la société, de la vie sociale et politique. Passons aussi sur le fait que, lorsqu’ils ne l’exportent pas à la pointe de leurs baïonnettes partout dans le monde, les Américains financent grassement la démocratisation de l’Afrique depuis au moins l’époque de la guerre froide, avec un « succès » qui renseigne à suffisance sur l’impact prévisible du « fonds d’innovation pour la démocratie » du président français.
Premières démocraties africaines
Le fait est qu’il est plus que temps d’interroger ce sentiment naturel de supériorité qui pousse certains pays à s’approprier le monopole de la « démocratie » au point qu’ils s’estiment fondés à donner des leçons en la matière, à accompagner « ces pays-là » sur le chemin du salut démocratique, à financer la démocratie des autres. Dans son dernier livre, The decline and rise of democracy, David Stasavage, professeur à l’Université de New York, établit de façon formelle que « des formes anciennes de démocratie étaient courantes au sein des sociétés humaines ; en fait, elles l’étaient autant que les autocraties… Nous devons aussi en finir avec l’idée que la démocratie a été inventée en un lieu donné à une époque précise avant de se diffuser ailleurs ».
S’agissant de l’Afrique, il indique que « des formes anciennes de démocratie ont également existé dans plusieurs sociétés africaines précoloniales », même si « les Européens ont tardé à s’en rendre compte ». Les Tshiluba du Kasai, les Lwimbi (Angola) ou encore les Songye (Katanga, Maniema, Kasai), sont des exemples parmi d’autres de peuples africains qui avaient adopté des modes de gouvernement « démocratiques ». Les conditions d’émergence de ces formes premières de démocratie ne devaient rien ni à l’argent ni a fortiori à la race, mais à des dynamiques locales spécifiques.
Dirigeants faibles
Ces démocraties initiales émergeaient plus facilement sur des territoires de taille modeste, dans lesquelles le chef n’avait aucun moyen de contrôler la production économique – et par conséquent aucun moyen de décider du niveau d’imposition –, dont les résidents pouvaient facilement partir, et dont les chefs avaient davantage besoin de leurs peuples que ces derniers, d’eux. En d’autres termes, depuis la nuit des temps, la démocratie a été tributaire de rapports de force internes aux sociétés.
Ils ont réalisé leur rêve d’artiste : Faada Freddy et Ndongo D, deux garçons de la Médina de Dakar forment le duo à succès qui s’est produit à plusieurs reprises sur les scènes internationales. Un groupe de rap d’une longévité exceptionnelle
Ils ont réalisé leur rêve d’artiste : Faada Freddy et Ndongo D, deux garçons de la Médina de Dakar forment le duo à succès Daara J Family qui s’est produit à plusieurs reprises sur les scènes internationales. Un groupe de rap d’une longévité exceptionnelle, mais qui a su rester fidèle à ses origines : c’est le coup de cœur d’Aminata Thior.
Ce qui est nouveau dans la remise en cause du fonctionnement de la justice, c’est que des hommes politiques indexent dorénavant les magistrats nommément et les vouent aux gémonies. C’est irresponsable et dangereux
Il est impropre de parler d’une justice indépendante au Sénégal tant qu’il n’est pas mis un terme au lien ombilical entre Exécutif et Pouvoir judiciaire. Dans un système politique régi par la séparation des pouvoirs, l’Exécutif, notamment le Garde des sceaux, ne saurait continuer à avoir ce rôle prépondérant au sein du Conseil supérieur de la magistrature. Mon ami, l’ancien magistrat Ibrahima Hamidou Dème, a produit une intéressante réflexion à ce sujet.
La Justice au Sénégal n’est pas, comme en France, une autorité. Elle est ici un pouvoir qui doit assurer pleinement sa souveraineté. Pour rappel, notre Constitution, en son article 88, dispose que «le Pouvoir judiciaire est indépendant du Pouvoir législatif et du Pouvoir exécutif…».
Tout citoyen un tant soit peu exigeant quant à la réalité de cette indépendance des juges ne peut qu’être gêné par le rôle de la Justice, érigée en arbitre de conflits politiques, dans les affaires Khalifa Sall et Karim Wade.
Mais élargissons le spectre, pour aller au-delà des seules affaires «politiques». Le malaise de la Justice est plus profond. Il est lié à l’état scandaleux des prisons sénégalaises qui, par la promiscuité et le surpeuplement carcéral, sont devenues des mouroirs ou des lieux dont les malheureux locataires peuvent contracter toutes sortes de maladies. Il s’y ajoute la perte de toute dignité des détenus dans ces lieux de privation de liberté. Les citoyens souffrent aussi de la lenteur des procédures judiciaires, par un déficit criant de magistrats. Les longues détentions préventives, souvent pour des délits mineurs, sont contraires à tous les principes des droits humains.
En assistant un jour à une audience de flagrants délits, j’ai pu mesurer comment certains magistrats jugeaient les pauvres avec une forme de désinvolture coupable. Ces prévenus sans défense, souvent analphabètes en français et systématiquement ignorants de leurs droits les plus élémentaires, reçoivent de ces magistrats un traitement déshumanisant. Aucune de ces questions ne fait l’objet d’une prise en charge sérieuse des hommes politiques. La majorité se complaît dans sa posture actuelle. Elle ne change pas grand-chose car étant en responsabilité et ayant entre les mains les leviers de l’Etat. L’opposition, d’hier à aujourd’hui, rechigne à poser les débats sur l’indépendance réelle de la Justice et la modernisation de la pratique judiciaire. Elle se limite aux affaires dites politiques, car au fond, ce qui intéresse tout le monde n’est nullement les préoccupations des citoyens, mais l’accès ou le maintien au pouvoir pour en jouir.
Ce qui est nouveau en revanche dans la remise en cause du fonctionnement de la justice, c’est que des hommes politiques indexent dorénavant les magistrats nommément et les vouent aux gémonies. C’est irresponsable et dangereux. Irresponsable, car un homme politique qui se respecte sacralise les institutions de son pays ; il peut critiquer leur fonctionnement, mais son discours doit être enveloppé dans la rigueur et la mesure. Un homme politique doit avoir de la tenue. Dangereux, car indexer nommément des juges, c’est les livrer à la vindicte populaire, fragiliser leur positon, appeler au lynchage de leur personne et mettre leur vie danger. Ce lynchage auquel on expose les juges, aujourd’hui verbal, peut demain devenir physique avec l’abêtissement de militants que les partis arides d’idées et de valeurs républicaines promeuvent.
En février 2021, le juge Mamadou Seck, lynché et menacé des semaines durant, a jeté l’éponge avec un argument ethnique qui constitue un précédent dangereux pour le pays.
Le défunt Doyen des juges, Samba Sall, a subi les mêmes foudres des mêmes gens. Même sa mémoire a été profanée par des foules hystérisées et des hommes politiques dont un est lui-même fils d’un magistrat qui a présidé le Conseil constitutionnel. Un nouveau Doyen des juges vient d’être nommé. La meute a repris sa funeste entreprise. Son procès est fait. Les accusations de faiblesse et de partialité fusent.
Je rappelle à cette classe politique, dont une partie a perdu sa boussole républicaine, qu’un juge a été assassiné en 1993 du fait de la matière électorale. La personne jugée coupable de son assassinat se pavane dans les médias, sans que la décence n’étouffe ceux qui lui donnent la parole. Demain, il est à craindre que des militants fanatisés, excités et radicalisés par des populistes dangereux envahissent un Tribunal pour s’en prendre physiquement à un juge qu’ils auront récusé. Ils ont déjà attaqué la maison d’un avocat qui a eu le malheur d’exercer le droit de défendre les intérêts de sa cliente. Partout, les populistes usent des mêmes méthodes qui produisent sensiblement les mêmes effets dangereux pour la démocratie et la cohésion sociale. L’identification d’ennemis intérieurs à abattre est une de leurs grandes caractéristiques. Les combattre sied aux républicains de toutes les rives.
Post-scriptum : Que des individus aux agissements douteux ou dangereux comme Gaston Mbengue et Djibril Ngom existent dans une société ne me choque pas, mais qu’ils aient accès aux sphères les plus élevées de l’Etat relève pour moi d’un insondable mystère.
HARCELEMENT, VIOLENCES CONTRE LES FEMMES PARLEMENTAIRES AFRICAINES : L’UIP DENONCE UN «SEXISME A CARACTERE EPIDEMIQUE»
C’est en pleine période des 16 jours de combat et de campagne contre les violences faites aux femmes dans le monde qu’intervient un nouveau rapport sur le fléau
C’est en pleine période des 16 jours de combat et de campagne contre les violences faites aux femmes dans le monde qu’intervient un nouveau rapport sur le fléau. Cette étude, qui fait suite à celle de 2018 sur les parlements d’Europe, a été réalisée par l’Union interparlementaire (Uip) et l’Union parlementaire africaine (Upa) révèle que «le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes sont omniprésents dans les parlements du continent africain».
Sur la base d’entretiens confidentiels menés auprès de 224 femmes travaillant dans les assemblées parlementaires de 50 pays africains, ainsi qu’une assemblée parlementaire sous-régionale, «80% des femmes parlementaires interrogées ont subi des violences psychologiques dans les parlements, 67% ont été victimes de comportements ou de remarques sexistes, 42% ont été menacés de mort, de viol, de coups ou d’enlèvement, généralement en ligne, 40% ont été harcelés sexuellement et 23% ont subi des violences physiques», lit-on dans un communiqué de l’Uip publié sur le site de cette organisation mondiale des parlements nationaux.
Le président de l’Uip, Duarte Pacheco, dénonce ce «sexisme à caractère épidémique» qui «dissuade les jeunes femmes d’entamer une carrière politique», alors que le président de l’Upa, Mohamed Ali Houmed, prône une «tolérance zéro à l’égard de toutes les formes de violence faites aux femmes dans les parlements».
La vice-présidente de l’Uip, la Sénégalaise Adji Mergane Kanouté, estime que «cette étude braquait les projecteurs sur une triste réalité qui appelle une action immédiate» des hommes et femmes pour mettre fin à ces violences faites aux femmes parlementaires.
MACKY S’ENGAGE À SIGNER LA CHARTE POUR LA NON-VIOLENCE
Le président de la République engage la Coalition Benno bokk yaakaar à signer la charte de non-violence portée par le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal et la plateforme Jammi rewmi qu’il a reçus hier
Le président de la République engage la Coalition Benno bokk yaakaar à signer la charte de non-violence portée par le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal et la plateforme Jammi rewmi qu’il a reçus hier.
Les responsables du Cadre unitaire de l’islam au Sénégal (Cudis) et de la plateforme Jammi rewmi ont été reçus hier par le président de la République. Dans un communiqué, les deux entités, initiatrices de la charte de non-violence, informent que Macky Sall est en phase avec leur démarche. «Il s’est également engagé à l’appuyer pour qu’elle se traduise par une charte partagée par tous les acteurs. Il a promis que sa coalition la signera pour contribuer à cette dynamique contre la violence», relève-t-on dans la note du Cudis et de Jammi rewmi.
En revanche, le communiqué de la présidence de la République, quelques minutes après celui du Cudis, a été plus nuancé. «Le président de la République a reçu dans la soirée, une délégation du Cadre unitaire de l’islam et la plateforme Jammi rewmi de la Société civile. Ils ont fait part au chef de l’Etat, garant du bon fonctionnement des institutions de la République, des inquiétudes de certains acteurs politiques, surtout de l’opposition. Le Président Macky Sall les a écoutés et rassurés de sa volonté de soutenir le processus de mise en place d’un code de conduite des acteurs politiques en direction des élections à venir», a écrit le Palais.
La discussion avec le président de la République a également été l’occasion pour le Cudis et Jammi rewmi de présenter «les récriminations des acteurs politiques et coalitions électorales sur le processus, leur manque de confiance aux autorités de tutelle, le traitement présumé tendancieux de certains dossiers judiciaires, etc.».
Dans son communiqué, le Cadre unitaire a invité le président de la République «à poser dans ce contexte de crise économique et de menaces sécuritaires régionales, des actes forts de conciliation à l’intention de ses adversaires politiques pour pacifier le jeu démocratique». De plus, ajoute-t-on, «la question des milices accusées d’user de la violence gratuite envers les honnêtes citoyens a également été abordée comme une question très inquiétante». Le chef de l’Etat considère qu’au-delà des élections locales, «un dialogue approfondi peut permettre d’avancer sur d’autres mesures de préservation de notre vivre-ensemble et de pacification des relations entre les acteurs politiques».