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25 juin 2025
BOUTEFLIKA, UN ACCRO DU POUVOIR FINALEMENT CHASSÉ PAR LA RUE
Sommé de quitter le pouvoir par l'état-major, "Boutef" jette l'éponge le 2 avril 2019, après une improbable tentative de briguer un cinquième mandat malgré l'attaque cérébrale qui l'avait cloué sur un fauteuil roulant six ans plus tôt
Plus de 35 ans après son premier poste ministériel, Bouteflika accède à la tête de l'Algérie en 1999, auréolé d'une image de sauveur dans un pays déchiré par une guerre civile.Vingt ans après, il en est chassé sans égards par l'armée, pilier du régime, sous la pression d'un mouvement ("Hirak") de contestation inédit.
Sommé de quitter le pouvoir par l'état-major, "Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, jette l'éponge le 2 avril 2019, après une improbable tentative de briguer un cinquième mandat malgré l'attaque cérébrale qui l'avait cloué sur un fauteuil roulant, quasi inerte, six ans plus tôt.
- Humiliation de trop -
Cette candidature a été perçue comme l'humiliation de trop par des millions d'Algériens, souvent jeunes et décrits à tort comme résignés.
Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour avec plus de 80% des voix en 2004, 2009 et 2014, ce cinquième mandat semblait acquis aux yeux du régime.
Mais six semaines de mobilisation massive du "Hirak" --du jamais vu en Algérie-- poussent le patron de l'armée, le général Ahmed Gaid Salah, un de ses fidèles, à obtenir sa démission.
Jusqu'au bout, Abdelaziz Bouteflika aura voulu s'accrocher, bravant l'évidence: celui qui fut à 26 ans le plus jeune ministre des Affaires étrangères au monde ne renvoyait plus que l'image d'un vieillard muet et reclus en son palais.
Un contraste saisissant avec le début de sa présidence, quand ce beau parleur aux yeux clairs et en costume trois pièces, amateur de cigare, s'affichait en dirigeant hyperactif.
"Je suis l'Algérie tout entière", lance en arrivant au pouvoir celui dont le destin se confond avec l'histoire contemporaine de son pays.
Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), dans une famille originaire de la région de Tlemcen (nord-ouest), Bouteflika rejoint dès 19 ans l'Armée de libération nationale (ALN) qui combat la puissance coloniale française.
A l'indépendance en 1962, il est, à 25 ans, ministre des Sports et du Tourisme, avant d'hériter un an plus tard du portefeuille convoité de la diplomatie, qu'il conserve jusqu'en 1979, une époque où l'Algérie s'affiche en leader du "tiers-monde".
En 1965, il soutient le coup d'Etat de Houari Boumédiène, alors ministre de la Défense, qui s'empare du pouvoir en déposant le président Ahmed Ben Bella.
S'affirmant comme le dauphin de Boumédiène --"le père qu'il n'a pas eu", dira ce dernier--, qui décède en 1978, il est pourtant écarté de la succession par l'armée puis de la scène politique sur fond d'accusations de malversations.Il s'exile à Dubaï et Genève.
C'est pourtant l'armée qui l'impose en 1999 comme candidat à la présidentielle: il l'emporte après le retrait de ses adversaires qui dénoncent des fraudes.
Sa priorité: rétablir la paix en Algérie, plongée dans la guerre civile depuis 1992 contre une guérilla islamiste (quelque 200.000 morts en dix ans, officiellement).
Deux lois d'amnistie, en 1999 et 2005, convainquent nombre d'islamistes de déposer les armes.
Accusé par ses détracteurs d'être une marionnette de l'armée, Bouteflika travaille à desserrer l'emprise de la puissante institution.
- "Mémorisation phénoménale" -
Promettant qu'il ne sera pas un "trois quarts de président", il devient tout puissant.
"Bouteflika n'aime pas consulter les dossiers, ne lit ni les notes ni les fiches que lui préparent conseillers, ministres ou diplomates.Toutefois, il a une capacité de mémorisation phénoménale", raconte le journaliste algérien Farid Alilat dans une biographie ("Bouteflika, l'histoire secrète", éditions du Rocher).
Avec la France, la relation reste à vif, même si le chef d'Etat algérien, qui sait nouer des relations étroites, parfois amicales, est apprécié des dirigeants français, en particulier de Jacques Chirac.Il a aussi fait de nombreux séjours à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, dans la plus grande discrétion, avant d'aller se faire soigner à Genève.
Sur la scène intérieure, Abdelaziz Bouteflika impose au Parlement de supprimer la limitation du nombre de mandats pour en conquérir un troisième en 2009, puis brave les oppositions affichées jusqu'au sein de l'appareil sécuritaire pour en gagner un quatrième, un an après son AVC.
Très affaibli physiquement, il n'en renforce pas moins ses pouvoirs en dissolvant début 2016 le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services secrets), après avoir congédié son chef, le général Mohamed Médiène, jadis considéré indéboulonnable.
Mais ce quatrième mandat se déroule sur fond de dégringolade des prix du pétrole pour une économie très dépendante des hydrocarbures.
Les caisses sont vides et il n'est plus possible d'acheter la paix sociale, comme en 2011 quand le Printemps arabe balaie la région.
Au-delà des difficultés économiques enfle surtout la frustration d'une population outrée du symbole que représente ce président mutique et paralysé.Jusqu'à l'avènement spectaculaire du Hirak, mouvement pluriel, non violent et sans leadership.
ABDELAZIZ BOUTEFLIKA EST MORT
L'ex-président algérien vient de s'éteindre à l'âge de 84 ans après une longue maladie. Il a été à la tête du pays pendant une vingtaine d’années
Il a lutté contre sa maladie pendant plus de dix ans, une maladie secrète. Cancer ou ulcère, non, plutôt un AVC... le secret rythme la vie du pays durant toutes ces années. Désormais, les Algériens vont devoir apprendre à vivre sans lui. Abdelaziz Bouteflika est mort. Il est mort après avoir régné pendant 20 ans.
Tout a commencé pour lui en 1956. Il a à cette époque 19 ans. Il est né le 2 mars 1937 à Oujda dans cette ville marocaine située à la frontière avec l'Algérie. Comme la plupart des jeunes de sa génération, il quitte ses études pour répondre à l'appel du Front de Libération Nationale (FLN) pour lutter contre la présence coloniale française. Il intégrera ensuite les rangs de l'armée de libération nationale.
Et quand Ahmed Ben Bella devient président au lendemain de l'indépendance proclamée en 1962, Bouteflika, déjà député de Tlemcen, est nommé ministre de la Jeunesse. Mais sa carrière politique sera véritablement lancée en 1965 quand le nouveau président dont il était un des fidèles, Houari Boumediène, le confirme définitivement au poste de ministre des Affaires étrangères. Une ascension fulgurante.
Le "Little big man"
Celui qu'on surnomme "Little big man" en référence à son jeune âge et à sa petite taille, un mètre cinquante-neuf, portera la voix de l'Algérie pendant 15 ans. Mais à la mort de Boumediène, Abdelaziz Bouteflika connaît une traversée du désert et passe six ans en exil.
En 1987, Abdelaziz Bouteflika revient en Algérie dans un contexte de contestations sociales. Il réintègre le comité central du FLN et se relance à tout petits pas dans la vie politique algérienne.
En 1991, l'annulation des élections législatives que le Front islamiste du salut (FIS) a largement remportées enfonce l'Algérie dans une guerre civile à laquelle Bouteflika tentera de mettre fin après son accession au pouvoir le 15 avril 1999. Il offre l'amnistie puis le pardon aux islamistes.
Mais l'appui dont il jouit de la part des militaires fait des mécontents.
En 2008 une nouvelle révision de la constitution lui ouvre la porte à un troisième mandat. S'appuyant sur les ressources pétrolières Bouteflika lance des chantiers tous azimuts.
La chute de Bouteflika
Mais en 2013, un AVC ébranle le président. Sa dernière apparition en public date d'un an plus tôt. Depuis, il communique par des lettres adressées à ses concitoyens choqués de voir leur président sur une chaise roulante. Malgré tout, le quatrième mandat sera consommé. Un quatrième mandat entamé sous la prolifération des scandales financiers et politiques.
Seul bémol : Bouteflika réussit enfin à limoger le patron des services de renseignements pour ne pas être comme il l'a laissé entendre, « un président aux trois quarts» mais dans le pays, tout le monde sait qu'en vérité, le président ne gouverne plus depuis longtemps.
Le 10 février 2019, l'annonce qu'il veut briguer un cinquième mandat jette les Algériens dans la rue. Ils demandent le départ non seulement de Bouteflika mais de tout le système. Une lettre aux Algériens dans laquelle on lui attribue l'engagement, s'il est élu, à ne pas aller au bout de son mandat et à organiser une élection présidentielle anticipée ne convainc pas.
La rue ne cède pas. Et c'est la mort qui tranche finalement. Bouteflika invisible depuis des années, l'est désormais définitivement.
PAR Maguèye Touré
MOHAMED MBOUGAR SARR, ENTRE INQUIÉTUDE, PASSION ET IDÉAL
EXCLUSIF SENEPLUS - La littérature considérée comme un terrain d’interrogation, de résistance aux clichés et aux postures radicales du grand nombre - Écrire tout en interrogeant l’écriture, voilà bien une gageure
Il faut lever une possible équivoque : dans le titre de cette note de lecture, les termes « inquiétude » et « passion » sont employés dans leurs sens étymologiques respectifs « d’état de non tranquillité » d’une part, de « souffrance » ou de « ce qu’on subit », d’autre part, comme on parlerait, par exemple, de la Passion du Christ.
Cette précision faite, il est loisible d’aborder le rapport de cet auteur à la littérature considérée comme un terrain d’interrogation, de résistance aux clichés et aux postures radicales du grand nombre. En effet, chez Mohamed Mbougar Sarr, l’écriture est d’abord exigence et, en premier lieu, exigence par rapport à la langue dont les ressources cachées, magiques, sont appelées à servir de matériau à l’écrivain véritable qui ne peut se contenter de retranscrire la langue commune telle qu’elle s’exprime communément. Il faut donc écrire autrement pour être un écrivain.
L’écrivain doit s’inscrire en permanence dans la tension ; l’écriture est nécessairement souffrance, mais souffrance voluptueuse. Chez Mohamed Mbougar Sarr, l’acte d’écrire n’est pas une opération de transcription du réel tel qu’il peut se présenter au commun ; il s’agit davantage de la sublimation de celui-ci, pour en faire une matière littéraire unique, non transposable, idiosyncrasique. C’est pourquoi le choix du thème importe moins que la manière dont on l’aborde. En poussant le raisonnement à son extrême, la question habituelle : « De quoi parle le livre ? » devient caduque, non pertinente. Les grandes questions de la littérature – Qu’est-ce qu’écrire ? Quoi écrire ? Comment écrire ? Pourquoi écrire ? Pour qui écrire ? – semblent se concentrer en une seule : qu’est-ce qu’écrire ?
Il est ainsi des thématiques qui imposent leur autorité parce qu’elles font déployer un surplus de tension et de réflexion, parce qu’elles font franchir un palier dans l’exigence. De toutes ces thématiques, il semble bien que celle relative à l’écriture et à la littérature en constitue l’aristocratie. Écrire tout en interrogeant l’écriture, voilà bien une gageure. L’écriture qui se déploie en questionnant son être et son devenir. La littérature qui prend pour sujet la littérature. Une complexité supplémentaire. On se prendrait les pieds dans le tapis pour moins que ça. Avec cette forme d’exigence esthétique, la littérature flirte toujours avec le vertige, court le risque de l’incommunicabilité avec le plus grand nombre, celui de l’enfermement dans une forme d’oligarchie de l’esprit. Mais c’est un risque calculé, car on n’écrit pas pour plaire, et surtout pas à la masse, a fortiori juste pour gagner sa vie – expression malheureuse que « gagner sa vie », comme si, sans ressources matérielles, on devrait se déclarer mort car inutile. L’aristocratie de l’esprit doit être assumée. L’auteur interroge également la notion d’engagement attachée sournoisement à l’écrivain africain comme un boulet dont il arrive difficilement à se débarrasser. L’engagement en littérature est d’abord lié à la qualité esthétique irréductible et inaliénable. Si l’écriture peut aider à penser, à faire voir les ressorts cachés d’un réel à la simplicité trompeuse, à interroger les évidences, ou ce qui prend l’apparence d’évidences, à éveiller les consciences, il faut préciser que ce n’est pas son objet premier, qu’on écrit d’abord parce qu’on ne peut pas faire autrement. C’est cela le tragique de même que la beauté de la littérature.
Mais s’il s’avère que le bon sens est effectivement la chose du monde la mieux partagée, il n’y a pas de risque que l’écrivain véritable ne trouve pas de larges publics, ici et maintenant, ailleurs, demain, dans deux siècles.
On n’écrit pas aussi pour la gloire. L’écriture s’impose à l’auteur comme la parole divine s’impose au prophète chargé de la transmettre à l’humanité ; elle arrive et se déploie dans la souffrance comme une nécessité incontournable, inaliénable, à la différence que l’écrivain n’est pas traversé par la parole de la littérature comme la lumière une eau diaphane. Non : l’écrivain, seul producteur du langage littéraire, en est tout entier responsable. Ce qui l’amène parfois à affronter des tentatives d’excommunication du texte littéraire. L’écriture est donc un destin. Et l’écrivain véritable toujours un résistant. Malgré lui. C’est pourquoi aussi, ultimement, l’écriture ne peut être un métier, parce qu’elle vous choisit plus qu’on ne la choisit, parce qu’elle vous domine toujours. Si l’écriture devient un métier, ce n’est que de manière incidente, par accident, fortuitement. Le but de l’écriture, pour l’écrivain total, c’est d’abord et finalement l’écriture. La littérature est une fin en soi.
Le grand mérite de Mohamed Mbougar Sarr est de nous proposer une œuvre sublime – à entendre aussi au sens étymologique -, magique, vertigineuse, inclassable, fondée sur la quête, au cœur des ténèbres de la littérature, d’une œuvre inachevée comme il se doit, Le labyrinthe de l’inhumain, et d’un écrivain, T.C. Elimane, tous deux mythiques et donc insaisissables. « Chercher la littérature, c’est toujours poursuivre une illusion », dit bien le narrateur. D’où le refus de la conclusion, y compris dans des situations particulières comme quand se présente la facilité d’une relation charnelle et qu’on choisît de passer outre. Mohamed Mbougar Sarr est plus qu’un simple magicien des mots, c’est un prestidigitateur qui nous montre une chose pour qu’on en devine d’autres, qui sort de sa manche une pensée surprenante sur la littérature et sur la vie au détour d’une phrase, qui brouille à dessein les repères de la fiction en mêlant les discours. Ce que nous dit l’auteur, la question qui irrigue l’ensemble de l’œuvre, c’est que la littérature se présente en définitive comme un idéal vers lequel il faut tendre sans cesse, de toutes ses forces, en ayant conscience qu’elle est nécessairement une ligne de fuite permanente. À ce propos, le narrateur de La plus secrète mémoire des hommes réinvente – ou actualise – l’idéal flaubertien du livre sur rien, sans attaches extérieures, sans sujet, ou plutôt où le sujet serait le style, dont on a dit que c’est l’homme lui-même. Mais le livre sur rien signifie ici aussi une œuvre qui se suffit à elle-même, qui n’est jugée que par son contenu, une production dont on ne devrait pas avoir besoin de connaître l’auteur en tant que personne relevant de l’état-civil, sa vie, ses amours, etc. Dans l’absolu, idéalement, une grande œuvre pourrait se passer d’un auteur connu, identifié.
Il est très difficile de classer finalement l’œuvre dans un genre, même si elle est insérée dans le vaste champ du roman. C’est aussi ce qui fait sa force et son originalité. On y devine l’essai, le journal intime, le roman d’enquête policière, la biographie (ou plutôt les biographèmes), l’enquête journalistique ; on y rencontre les articles de presse datés (datés au regard du temps, mais aussi au regard de l’approche clichéique du génie de l’écrivain africain T.C Elimane), les échanges épistolaires entre scientifiques de leur temps ; on y repère le ton pamphlétaire, l’humour, la dérision, l’autodérision, l’ironie, la critique, la mélancolie. Nul doute que l’auteur ait adopté volontairement cette posture qui convient parfaitement à son objet, lui qui est conscient que les classements, les étiquetages sont surtout des limitations et des enfermements.
Cette œuvre, sorte de mise en abyme de la littérature sénégalaise, africaine et mondiale, convoque des auteurs dont certains sont cités explicitement, tandis que d’autres se devinent derrière des figures singulières comme celle de cette Siga D. mystérieuse, transmetteur de flambeau littéraire, et un peu entremetteuse, dont le portrait fait inévitablement songer à un mélange de Ken Bugul et de Fatou Diome, écrivaines d’origine sénégalaise dont les sujets originaux et polémiques, la posture scandaleuse de femmes africaines engagées à lever des tabous jusque-là inexprimables, leur ont conféré une étrange destinée de fascination et de rejet.
C’est la même logique de citation des contemporains et des devanciers illustres qui pousse le narrateur, écrivain africain francophone vivant à Paris, - statut qui est déjà d’une certaine façon un cliché –, à interroger son destin et celui de ses semblables en écriture. Cela passe par une tentative de meurtre des pères, au moyen d’un réquisitoire sans concession contre les illustres devanciers, icônes intouchables, dont pourtant un examen sans compromis semble mettre à jour des faiblesses rédhibitoires ; le narrateur prend le risque d’interroger, de manière provocante, leur valeur véritable en tant que créateurs et que guides, leur légitimité, leur indépendance. Mais la sévérité et le parti-pris de la charge sont immédiatement atténués, dans un moment de lucidité, ou de culpabilité, salvatrice, par l’incertitude accrochée à l’auto-interrogation sur la légitimité même du critiquant à adopter une telle position, en raison notamment de la difficulté éprouvée soi-même à se définir, à s’évaluer en tant que créateur et en tant qu’homme, en raison des interrogations et des doutes sur l’identité de l’écrivain africain vivant à Paris, sommé de s’inscrire dans une certaine voie. Comment juger l’autre si on n’arrive pas à se définir soi-même ? Ce que nous dit en filigrane le narrateur, c’est que l’originalité du créateur contemporain est, en définitive, toujours sujette à questionnement, dans la mesure où l’écrivain est nécessairement poussé à interroger les devanciers, à les louer, à les citer, à les critiquer, mais toujours à les faire exister dans son œuvre, consciemment ou non. La littérature est donc, toujours, d’une certaine manière, trace, mémoire, citation, miroir, palimpseste. Pour être un grand écrivain, il faut bien posséder le « génie du collage ».
Les jeunes écrivains et intellectuels africains, filles et garçons, qui entourent Diégane Faye vivent avec lui en quelque sorte leur aventure ambiguë, s’interrogent sur les particularités de leur génération 2.0. On n’est pas toutefois sûr qu’ils « fassent génération », qu’ils soient portés par l’idée d’une libération culturelle de leurs Peuples, comme leurs lointains devanciers du mouvement de la Négritude, par exemple. Il faut dire qu’ils ne semblent pas porter le combat de l’engagement collectif : la littérature, la création, restent affaires individuelles, même si la communion des esprits n’est jamais loin. Leur seul engagement, s’il en est un, demeure celui de la quête inquiète de la littérature.
Mohamed Mbougar Sarr, à travers le personnage de Diégane Faye, son double peut-être, s’ingénie, comme les auteurs exigeants, à traquer sans relâche le cliché, l’idée reçue, le lieu commun comme éléments antithétiques de la littérature. Mais une telle opération demande, paradoxalement, qu’on cite d’abord le cliché, l’idée reçue, le lieu commun, c’est-à-dire qu’on les endosse provisoirement, avant d’entreprendre de les excommunier. Parfois, le cliché lui-même, trompant la vigilance du narrateur, joue à pointer son nez là où on ne l’attend pas. Étrange situation qui montre la prégnance de la bêtise, sa force, son caractère totalitaire. En même temps le recours au cliché paraît inévitable, car il est un signe de reconnaissance communautaire, un terrain de rencontre partagé qui facilite la fonction de communication de la langue. On le voit bien, la difficulté consiste, en voulant combattre l’ordre établi, à faire finalement dans la pose, voire la préciosité, et de risquer, à force de systématicité, de recréer un autre ordre, en parallèle. Ce risque, Mohamed Mbougar Sarr arrive toutefois à le conjurer dans une œuvre en miroir, bâtie sur plusieurs niveaux de lecture et d’interprétation, et dont, on le répète, le classement dans un genre s’avère une opération malaisée.
L’auteur, à travers son narrateur, fait preuve de courage. De sa posture d’écrivain tout court et d’écrivain sénégalais et africain, il dit le fond de sa pensée sur la littérature, sans concession, ce qui ne signifie pas qu’il porte en bandoulière une obsession pour la critique, car il se pare souvent des nuances utiles. L’auteur dit la force de la littérature, et la fragilité assumée de l’auteur exigeant, laquelle se fonde sur une inquiétude consubstantielle à la création.
Chez l’écrivain, la quête - la tension -, toujours renouvelée, est un prédicat définitoire, une composante de son identité, en même temps une fin en soi et un aboutissement ; et aussi une aporie : « Désir d’absolu, certitude du néant : voilà l’équation de la création », constate le narrateur. L’écrivain de génie, souvent incompris, nécessairement incompris, est l’ennemi de cette coterie constituée notamment des critiques littéraires qui vit de la littérature en faisant la promotion des médiocrités ; ces critiques, parasites de la littérature, ne méritent finalement, pour ce crime de lèse-génie, que la mort, fût-elle symbolique. Ainsi, le roman est parsemé de cadavres réels (dans l’ordre de la fiction) ou symboliques ; tous ceux qui essaient d’interpréter la littérature – et souvent mal – de lui donner un ou des sens enferment celle-ci, tentent de limiter son horizon ; de même, quand on tente de cerner l’écrivain véritable, on bouche l’horizon de la littérature. La seule punition qui convienne à tous ceux-là, c’est bien la mort. La littérature, pour être totale, doit demeurer, paradoxalement et idéalement, dans le domaine de l’incommunicable et de l’indicible. Toutefois, malgré la reconnaissance de la puissance de la littérature, il demeure que peut se poser toujours la question de sa légitimité par rapport aux bouleversements sociaux. C’est la responsabilité même de l’écrivain qui est engagée, partagé qu’il est entre habiter la littérature et habiter la vie, vivre et écrire, écrire en oubliant de vivre, écrire pour vivre…
On aurait pu penser que cette œuvre qui questionne l’être de la littérature devait être le fait d’un auteur établi, devenu « classique », à la trajectoire longue, presque « en fin de carrière ». Eh bien non : l’auteur de La plus secrète mémoire des hommes est un jeune auteur, par l’âge, quoique un écrivain déjà important par la qualité de la production. S’il prend la responsabilité de produire une œuvre « de la maturité » qui lui ressemble le mieux sans doute, c’est qu’il est tenaillé par cette inquiétude du créateur et qu’il fallait inévitablement cette parturition pour continuer à écrire. On devine, avec l’écriture de cette œuvre complexe, un plaisir jubilatoire, l’accomplissement d’une mission, un soulagement. En même temps, la nécessité, pour le créateur, d’interroger, en marchant, sa propre pratique, son destin littéraire et d’homme, celui du texte en général. Un texte donc aux vertus thérapeutiques.
Cette œuvre s’adresse aussi, au-delà de ceux qui triturent les mots pour en extraire la substantifique moelle, à tous les autres créateurs. Elle leur trace une voie et leur donne la voix en les citant ; elle les met en garde contre l’apparence de la facilité ; elle leur révèle l’idiosyncrasie de la création. Dans La plus secrète mémoire des hommes, la référence aux autres arts, et aux autres genres, est présente en filigrane : ainsi en est-il du clin d’œil – c’est le cas de le dire – au cinéma avec le sulfureux Basic Instinct, pour nous rappeler que l’écrivain est aussi voyeur, mais un voyeur particulier qui fixe l’endroit pour révéler l’envers. On y devine la chanson avec Omar Pène et Jean-Jacques Goldmann : « Elle a fait un bébé toute seule », pour rappeler le brouillage des repères sur l’identité d’un père, la danse (le tango). L’auteur montre bien qu’il n’y a pas de cloisonnement entre les différents arts qui ne sont que des manières différentes et complémentaires d’appréhender et de rendre le réel.
Finalement, l’auteur interroge l’être de la littérature en disant surtout ce qu’elle n’est pas plutôt que ce qu’elle est, ce qui serait revenu, en définitive, à conclure sur la littérature, c’est-à-dire à l’enfermer, alors que celle-ci demeure dans la tension, dans l’ouverture, bref un idéal.
On ne peut aussi manquer de penser que La plus secrète mémoire des hommes est un miroir que se tend l’auteur lui-même pour combattre ses démons, ses doutes, exposer peut-être ses espoirs et ses incertitudes, et son statut d’écrivain à l’identité problématique. Sommé de jouer un rôle qui ne doit pas être le sien, l’écrivain de génie est brandi comme une « bête de foire », autant par ceux de sa terre d’origine qui se cherchent des héros que par ceux de sa terre d’adoption, celle des Blancs, qui pointent l’intelligence exceptionnelle chez un Noir africain, comme la résultante du travail achevé de la colonisation ou alors le fruit d’une magie africaine mystérieuse. L’écrivain préfère emprunter une troisième voie, en se réfugiant à corps perdu dans la littérature, seule patrie qui reste entièrement la sienne. En cela, cette œuvre présente une vertu cathartique pour l’auteur et pour tout véritable créateur qui s’y reconnaîtrait.
Ce roman est aussi une histoire de parentèle, d’unicité et de singularité, de gémellité et de double, de fratrie, de fraternité et d’amitié trinitaires. Le caractère fragmenté de ces composantes, comme les handicaps (cécité, folie) et les désespérances (suicides) questionne la validité d’une vérité qu’on n’arrive pas à capter et à domestiquer entièrement. La vérité est souvent problématique dans cette œuvre, enfermée dans une forme d’illusion (comme la littérature elle-même), prise en étau par la fuite permanente des êtres qu’on croit posséder, la paternité aléatoire, le rêve, la folie, la peur, la cécité, toutes choses qui la font considérer de biais ou, a contrario, en dévoilent mieux la surréalité. Par ailleurs, la quête de T.C. Elimane et de son œuvre est aussi une sorte de circumnavigation érudite dans la littérature mondiale.
L’une des idées essentielles de ce roman vertigineux réside par ailleurs dans la leçon que le livre idéal est toujours à venir et que la littérature n’existe par la quête illusoire du chef d’œuvre ultime. Dans cette recherche effrénée, comme dans une course de relais, les grands écrivains se passent le témoin – et le flambeau -, chacun tentant de combler à sa manière une part du vide. Ainsi la littérature devient une affaire de transmission et d’héritage, en d’autres termes de tentative de raccordement du passé, du présent et du futur ; le passé, la mémoire occupent toutefois la plus importante part de l’espace temporel. Ce que nous dit aussi le roman, c’est que l’écrivain n’est finalement qu’un copiste, quelle que soit la force de son imagination et quelque génie qu’il ajoute à ce travail.
Servie par la virtuosité, l’audace esthétique, la grande culture de son auteur, cette œuvre originale, qui questionne la possibilité même de la littérature et le statut de l’écrivain dans la société et dans l’histoire, fera date, à n’en pas douter.
34 ANS, VEUVE AVEC 7 ENFANTS, VOICI COMMENT MAIMUNA S'EN SORT
A 34 ans, Maimuna veuve et mère de sept enfants a trouvé le moyen d’alléger ses charges. Grâce aux ordures ménagères qu’elle collecte, elle a su profiter d’un nouveau système recyclage pour monétiser le fruit de son labeur.
A 34 ans, Maimuna veuve et mère de sept enfants a trouvé le moyen d’alléger ses charges. Grâce aux ordures ménagères qu’elle collecte, elle a su profiter d’un nouveau système recyclage pour monétiser le fruit de son labeur. Désormais, Maimuna bénéficie d’une assurance santé grâce à son activité. Une économie circulaire en branle. C’est un reportage de la BBC Afrique.
GUINEE : LA CEDEAO EXIGE LA TENUE D’ÉLECTIONS DANS UN DÉLAI DE 6 MOIS
Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont demandé jeudi la tenue, dans un délai de six (6) mois, d’élections présidentielle et législative pour la restauration de l’ordre constitutionnel en Guinée.
Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont demandé jeudi la tenue, dans un délai de six (6) mois, d’élections présidentielle et législative pour la restauration de l’ordre constitutionnel en République de Guinée, indique un communiqué reçu à l’APS.
Réunis en session extraordinaire à Accra (Ghana), les chefs d’Etat de l’espace communautaire ont également décidé du maintien de la suspension de la Guinée de toutes les instances de la CEDEAO jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel.
De même, ils ont décidé la mise en œuvre des sanctions ciblées conformément aux protocoles de la CEDEAO, impliquant l’interdiction de voyage des membres du CNRD ainsi que des membres de leur famille et le gel de leurs avoirs financiers.
Parmi les autres décisions issues de cette session figurent l’appui de l’Union Africaine, de l’Union européenne, des Nations Unies, et des partenaires multilatéraux et bilatéraux pour la mise en œuvre desdites sanctions, l’interdiction aux membres du Comité National de Rassemblement et de Développement (CNRD) d’être candidats à l’élection présidentielle, l’accompagnement de la CEDEAO dans la résolution rapide de la crise et la préparation des élections.
La Conférence a appelé l’Union Africaine, les Nations Unies ainsi que les partenaires au développement à endosser les décisions prises et à accompagner la restauration de l’ordre constitutionnel en République de Guinée.
Les membres de la conférence ont demandé au président en exercice de visiter les Républiques de Guinée et du Mali dès que possible afin de notifier en personne les décisions de la Conférence.
La Conférence a par ailleurs réitéré sa ferme condamnation du coup du 5 septembre 2021 et a réaffirmé son exigence pour la libération immédiate et sans condition du président Alpha Condé.
Elle a rappelé encore qu’elle tenait les membres du CNRD responsables individuellement et collectivement de l’intégrité physique du président Alpha Condé.
LA SOCIÉTÉ CIVILE VALIDE LA NOUVELLE STRATÉGIE DE L’OFNAC
Représentée par Ibrahima Wade, le président du Conseil des organisations non gouvernementales d’appui au développement (CONGAD), la société civile sénégalaise épouse la nouvelle stratégie nationale de lutte contre la corruption dont s’est dotée le Sénégal. Le chef de l’État, Macky Sall, a présidé le forum de lancement, ce vendredi 17 septembre, par visio-conférence.
Dans la déclaration d’engagement de la société civile, Wade a commencé par saluer le processus d’élaboration de la nouvelle stratégie nationale, mettant en exergue son caractère inclusif. Poursuivant, il ajoute à l’endroit de Macky Sall : "ce à quoi vous nous invitez, à savoir de vous accompagner dans la lutte contre la corruption, est d’une très grande importance pour notre consortium et pour l’ensemble du peuple sénégalais." Il en veut pour preuve : "la corruption doit être combattu partout, au Sénégal et ailleurs, car tout le monde doit être sur un pied d’égalité quant aux droits et avantages qu’un État crée pour ses citoyens. Une rupture de ce principe d’égalité crée une injustice, qui est source de désordre voire de violence. Qu’elle soit grande ou petite, la corruption est une infirmité sociale qui annihile les efforts pour un développement inclusif et met en opposition des membres d’une même communauté."
Comme garde-fous, il préconise "l’éducation, l’éveil, la protection, la répression et même, dans certains cas, l’utilisation d’une force coercitive notamment contre les récalcitrants."
"Notre qualité d’organisation faîtière de la société civile nous autorise devant nos organisations sœurs de porter ce combat pour le développement de notre pays", conclut-il.
Pour rappel, l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), dirigé par Seynabou Ndiaye Diakhaté, est chargé de coordonner la nouvelle stratégie de lutte.
Avant la société civile, le syndicat des travailleurs, le patronat, entre autres parties prenantes, ont approuvé la nouvelle stratégie de lutte contre la corruption. D’autant plus que pour les associations de consommateurs, "la corruption est un facteur de surcoût", mettant "en péril le bien-être" des populations
"La corruption est devenue un fait social total", a déploré, de son côté, le représentant du Conseil national du patronat du Sénégal (CNP), saluant, avec le lancement de cette nouvelle stratégie, "un passage de l’action individuelle dont les expériences ont montré leur inefficacité" vers "une nouvelle phase d’actions collective".
MALNUTRITION: LES COLLECTIVITES LOCALES SOLLICITES
Le coordinateur du projet ’’Xeex xiboon’’ de l’ONG Save the children a invité les mairies à se doter d’un budget spécifique dédié à la lutte contre la malnutrition afin de réduire le phénomène chez les filles et garçons de moins de 5 ans d’ici fin 2021.
’’Le plaidoyer, c’est demander aux maires de créer un budget spécifique à la lutte contre la malnutrition car le budget de la santé au niveau des mairies est un budget global. Cela a été fait cette année, mais l’objectif c’est que les mairies puissent continuer dans cette dynamique’’, a soutenu Ousmane Diouf.
Il s’exprimait en marge d’un atelier de partage des résultats du processus de plaidoyer budgétaire sensible à la nutrition auprès des collectivités territoriales organisé dans le département de Mbirkilane. La rencontre se poursuit ce vendredi dans le département de Kaffrine.
’’Dans le cadre du projet nous avons une intervention qui cible un plaidoyer budgétaire auprès des collectivités territoriales, l’objectif est d’amener toutes les communes du département de Mbirkilane à allouer des ressources à la nutrition’’, a précisé M. Diouf.
Il a rappelé qu’un atelier de formation des élus locaux sur le processus de planification budgétaire et la décentralisation a été organisé au mois de novembre 2020 avec les élus locaux, secrétaires municipaux et acteurs de la santé.
A la fin de cet atelier, les participants à cette rencontre avaient pris l’engagement d’augmenter les ressources allouées à la santé plus spécifiquement à la nutrition.
’’Nous avons ainsi mener des visites de suivi et participé au débat d’orientation budgétaire pour attirer l’attention des collectivités territoriales sur l’importance d’investir dans la lutte contre la malnutrition’’, a notamment souligné le coordinateur du projet.
Les résultats partagés au cours de cette rencontre ont montré, selon lui, que le département de Mbirkilane a mis 8,3 millions dans la nutrition. Dans le département de Kaffrine 7,5 millions ont été dégagés par les communes.
Le préfet de Mbirkilane Abdou Wahab Tall qui a présidé cette rencontre a estimé qu’après cette étape de mobilisation des ressources, ’’les acteurs doivent s’assurer que le budget soit utilisé en proposant des activités pertinentes et cohérentes qui permettront d’atteindre les objectifs’’ de lutte contre la malnutrition.
Au Sénégal, la mortalité néonatale est estimée à 29 pour mille naissances vivantes et celle infanto juvénile est de 592 pour mille naissances vivantes.
La malnutrition par déficit serait associée d’une manière directe ou indirecte à un tiers de ces décès d’enfants dans le pays, contre 45% de ces décès au niveau mondial, selon l’ONG.
Par ailleurs, les conséquences économiques de la malnutrition représentent des pertes annuelles équivalant à 11% du produit intérieur brut (PIB) en Afrique et en Asie, selon le Rapport mondial sur la nutrition de 2016.
NOUVELLE PROJECTION DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Le ministre sénégalais de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a fait savoir, vendredi, que le pays était dans une dynamique d’atteindre une croissance de 5 % de son Produit intérieur brut en 2021, contre une projection initiale de 3, 7
Le ministre sénégalais de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, a fait savoir, vendredi, que le pays était dans une dynamique d’atteindre une croissance de 5 % de son Produit intérieur brut en 2021, contre une projection initiale de 3, 7 %.
"Le taux de croissance du PIB réel est projeté, pour 2021 à 5%, contre une projection initiale de 3,7%, à la faveur des efforts d’exécution d’investissements structurants et à la reprise de l’économie mondiale", a-t-il déclaré lors d’une revue annuelle conjointe (RAC) de la politique économique et sociale.
Il avait à ses côtés le ministre auprès du président de la République en charge du Plan Sénégal émergent (PSE), Abdou Karim Fofana et l’ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal, Irène Mingasson.
Pour Amadou Hott l’économie sénégalaise est résiliente et surfe sur une dynamique qui augure des perspectives positives en dépit de la persistance de la pandémie du Covid-19.
’’Cela conforte la pertinence des options du PAP2A (Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré)", a-t-il déclaré.
Évoquant la baisse du rythme de croissance enregistré par le Sénégal en 2020 (1, 5 % contre 4, 2 en 2019), le ministre de l’Economie a fait remarquer qu’il s’agissait d’une performance en raison d’un contexte international marqué par la recession.
Il a souligné que les résultats et les perspectives positives de l’économie sénégalaise illustraient les bons résultats de la riposte à la pandémie à travers le mise en place du Fonds de FORCE Covid-19 qui avait été doté d’un financement de 1.000 milliards de francs Cfa.
BACONDING PLEURE SA SPLENDEUR ÉCONOMIQUE
Il fut une période où le village était considéré comme le centre de la production des bananeraies dans le Balantacounda. Une époque bien révolue à cause de l’irrédentisme casamançais et de la rareté de l’eau
Il fut une période où le village de Baconding était considéré comme le centre de la production des bananeraies dans le Balantacounda par le taux de sa production et la réputation de la zone considérée comme le centre commercial de la bananeraie. Aujourd’hui, avec l’irrédentisme casamançais et la rareté de l’eau, Baconding pleure cette belle époque où le village ravitaillait presque tout le pays. Si certains villages ont su résister à cette crise, Baconding peine à reconstituer sa vie antérieure et reprendre son envol économique. Retour sur l’histoire des bananeraies dans ce village qui a durement vécu l’irrédentisme casamançais.
A une ou deux bornes de Goudomp, Baconding s’accroche à la vie. Le village, jadis fort fréquenté par des hommes et femmes venus de tous les coins du pays, a perdu sa belle réputation. Celle-ci reposait sur ses importants périmètres de bananeraies. Ce qui faisait qu’il était devenu célèbre par son importante production de bananes. Centre commercial réputé, le village profitait de cette belle notoriété à travers le train de vie de ses habitants. Lesquels avaient connu un grand essor. Les maisons à l’allure rustique faisaient place à de belles concessions. Dans cette circonspection où était logée l’ancienne communauté rurale de Goudomp, on comptait 7 bananeraies. Ce qui faisait du village un centre commercial de fruits. Les grossistes et revendeurs en détails appelés « bana-banas » investissaient régulièrement les lieux pour s’approvisionner. On était alors en 1970. Quotidiennement, plus de 200 personnes se rendaient dans les champs de bananeraies. Le village respirait par ce fructueux business. Les bananes de Baconding avaient également leur bonne réputation avec leur volume supérieur à celles que l’on propose aujourd’hui dans le village et les autres contrées dans le Balantacounda. Les périmètres étaient tellement étendus qu’on les avait séparés. Il y avait ainsi : Baconding 1 et Baconding 2.
La première inauguration de l’un des périmètres a été faite par l’ancien président de la République, Abdou Diouf en 1976 et le second en 1981. Baconding sortait ainsi en cette époque de la misère et de la pauvreté ambiante qui sévissaient dans la zone. Le village prenait son élan et dépassait les autres bourgs environnants de très loin. « Les premiers bana-bana sont descendus ici. Le fondateur était venu de Goudomp. Baconding signifie le petit fleuve à cause des rizières », explique le confrère Youssouph Sadio alias Chinois, habitant de Baconding. Et puis, un beau jour tout sombra. Ce qui était devenu le centre commercial de la banane fut transformé en terre de cataclysme. L’irrédentisme casamançais eut raison de cette belle époque. Pour trouver une vie plus apaisée, ses habitants étaient obligés de fuir et laisser leur terre à d’autres…
Un village dépourvu d’infrastructures, chômage et sans emplois
Des années plus tard… En cette matinée du mois de septembre 2021, le village de Baconding a été arrosé par une forte pluie diluvienne. Mais le sable a fini d’aspirer toute l’eau. Les femmes sont déjà dans les champs de patates et les hommes s’occupent de leurs plans d’arachides. Le village est resté le même depuis la chute des bananeraies à cause du conflit casamançais.
De jeunes gens, assis à l’ombre d’un arbre, discutent des matchs du championnat populaire communément appelé « Navétanes ». Certains d’entre eux sont en califourchon sur leur moto, guettant les clients. Chez Youssou, la famille s’est installée sous la véranda. La discussion sur la chute des bananeraies s’expliquerait, selon eux, par l’irrédentisme casamançais. « Baconding 1 est plombé par la rébellion. C’est un Belge qui avait repris les activités, mais il n’a pas pu gérer les 134 ha. Dans ces périmètres, on cultivait même de l’ananas et de la papaye », se souvient notre interlocuteur en haussant les épaules, signe de désolation de voir un si grand projet à l’eau. Son frère, deuxième adjoint au maire de la commune de Djibanar, Bourama Soutéyo Sadio, assis à côté, revient sur ces bananeraies qui pourraient sortir de la misère les villages du Balantacounda et au-delà de Baconding. « Chaque semaine, on récoltait plus de 30 tonnes en bananes, 20 tonnes en ananas, 10 tonnes presque en papaye. Tout était géré par l’ancienne communauté rurale de Goudomp. Les champs appartenaient à Goudomp, Baconding et Djibanar, Birkama. Presque 7 à 8 villages travaillaient dans ces champs. », se souvient M. Sadio. Malheureusement, aujourd’hui, les champs sont transformés en culture de la patate et de l’arachide. Cela étant des cultures hivernales. L’adjoint au maire de Djibanar, habitant de Baconding, souligne que ce business de fruits était tellement florissant que lui-même, agent de développement, s’était reconverti en commerçant exportateur de mangues. Ce passé glorieux est aujourd’hui loin.
Enseveli sur les ruines du conflit casamançais. Le village est redevenu très ordinaire depuis la chute des bananeraies. « Le commerce est mort. On tire le diable par la queue. La seule activité économique demeure la culture de la patate, de l’arachide et des petits métiers. Notre plaidoyer c’est d’avoir des partenaires pour faire revivre la culture de la bananeraie. Nous voudrions une piste qui va vers le fleuve. Nous avons un accès difficile à cause de la rizière. Si on pouvait avoir une piste, ça aurait encouragé ou permis aux jeunes d’aller pêcher. Nous souhaitons avoir des bassins de rétention pour permettre aux femmes de continuer leurs travaux après l’hivernage. Il y a une rizière où on retrouve du poisson », liste Bourama Souteyo Sadio pour les besoins du village de Baconding, un hameau créé vers les années 1930 par un certain Yagha Fenfé (hivernage). Selon notre interlocuteur, cela s’explique sur le fait que les Balantes n’avaient pas de noms de famille et se basaient sur une circonstance.
Faire renaitre ce projet et créer de l’emploi en Casamance
Au-delà du conflit, l’eau a été également un des facteurs majeurs de la chute de la culture de bananes. L’agent de l’agriculture en retraite, Albert Mangou, qui a servi dans la zone en 1969 relève que ce sont des Hollandais qui avaient aménagé les plaines pour faire de la bananeraie dans les bas-fonds. Ce, dès lors qu’il pleuvait beaucoup. Ce qui fait que les populations n’avaient pas besoin d’arroser leur périmètre. Mieux, dit-il, les gens n’avaient même pas besoin de forages. « Les gens ont commencé à utiliser plus tard les forages à cause du manque d’eau. La sécheresse s’était installée. On utilisait les mares jusqu’au mois de février avant qu’elles ne tarissent. C’est ce qui fait qu’on était obligé de faire des forages. Ces forages ravitaillaient Baconding à Alkintou. Il y avait un qui devrait ravitailler Birkama 1 et Birkama 2. Parce que Baconding, Akintou et Birkama 1 étaient dans une canalisation. On avait fait de telle sorte que l’eau puisse suivre le canal dans les périmètres », s’est-il rappelé. Il souligne que dans la zone, Baconding était la gravité et disposait de 80 à 85 ha. M. Mangou se souvient également de la bonne moisson de la population. Il se rappelle qu’en ces débuts où les plantations avaient démarré, les populations travaillaient ensemble. Les gens étaient payés en fonction des pointages. Les villageois avaient presque chacun 1/3 ha. Ce qui faisait mille pieds. En somme, l’un des meilleurs projets dans les années 1970 à 1980 en Casamance. Parce qu’avec le petit financement que les gens avaient, les populations s’en sortaient bien grâce à leur production. Baconding disposait de 90% presque.
« A Baconding, on allait jusqu’à 21 tonnes par semaine ou plus pour au moins quarante coopérateurs. C’était très rentable. C’était là que les gens de Tambacounda ont pris référence pour s’approprier le projet. Les premières plantations de bananeraies, c’est dans cette zone en Casamance », a-t-il informé.
Sur la chute de la production en 1986, notre interlocuteur l’explique par le manque d’eau. « Au début, on n’avait même pas besoin de forage. Mais avec la rareté de l’eau, on utilisait les moteurs pour les forages qui consommaient beaucoup de gasoil. On allumait de 7 h du matin à minuit. C’était de gros moteurs qui consommaient beaucoup », s’est-il désolé. Pour l’ancien agent de l’Agriculture, l’Etat peut faire renaitre ce projet et créer de l’emploi en Casamance. « J’ai travaillé dans ce domaine. Je pense qu’il n’y a pas meilleur emploi à trouver pour les jeunes. Au jour des récoltes, les gens travaillaient durant trois jours. Les forages existent. Je pense qu’il faut chercher des moteurs puissants et reprendre cette production et déverser l’eau dans le canal surtout pour les trois périmètres où il y a la gravité », a-t-il fait savoir. Selon le vieil homme, ces plantations de bananes peuvent générer 2000 à 3000 emplois au plus surtout avec le retour de l’accalmie dans la zone. Des zones jadis poumon de l’économie de la Casamance et qui ont vu les Présidents Senghor et Diouf se promener dans ces périmètres. Hélas, cette belle époque est encore loin. Mais le rêve de faire revivre cette splendeur perdue reste dans le domaine du possible.
FELWINE SARR PARMI LES CENT PERSONNALITÉS LES PLUS INFLUENTES DU MONDE
L’universitaire sénégalais et sa collègue française Bénédicte Savoy figurent dans la catégorie des « Pionniers » du classement annuel établi par Time, le célèbre magazine américain
C'est la consécration du travail des auteurs du « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle éthique relationnelle ». Le document, commandité par le président Emmanuel Macron, est censé préparer le terrain pour « des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain ».
Sur Twitter, Felwine Sarr, qui enseigne actuellement à l'Université américaine de Duke, a accueilli la nouvelle avec humilité : « Notre contribution au débat sur la restitution du patrimoine africain nous vaut avec Bénédicte Savoy d'être dans le TIME 100 ».
L'idée de rendre à l'Afrique des objets culturels, conservés dans des musées de l'Hexagone, a germé dans la tête du chef de l'Etat français à la suite de son discours prononcé à l'Université de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 28 novembre 2017.
Le jeune président s'était alors fixé un délai de cinq ans pour l'entame du processus de restitution. Le 17 décembre 2020, l'Assemblée nationale française a adopté, en lecture définitive, le projet de loi portant sur la restitution de biens culturels au Bénin et au Sénégal.