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23 juin 2025
LES LOYERS EXPLOSENT À DAKAR
Entre 1994 et 2014, les loyers ont augmenté de 256 %. Une hausse qui s’est poursuivie depuis au même rythme selon les spécialistes du marché immobilier
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 03/09/2021
Dieye Sarr habite avec sa famille depuis douze ans dans un petit appartement du quartier populaire de Grand Yoff à Dakar. Mais depuis qu’il a refusé une augmentation de son loyer, l’agence immobilière qui gère son logement lui rend la vie impossible. « Un huissier est venu trois fois alors que j’avais à chaque fois moins d’un jour de retard de paiement du loyer. Et je n’ai jamais eu d’arriérés », se plaint-il.
Menacé d’expulsion, il est maintenant convoqué au tribunal de Dakar pour avoir refusé de payer les frais d’huissier. Il soupçonne son bailleur de vouloir le faire partir pour relouer son appartement à un prix plus élevé. « Si je me fais expulser, je ne sais pas comment je vais trouver un nouveau logement car les loyers sont devenus trop chers », s’inquiète le père de famille.
Ce scénario est de plus en plus fréquent, constate Elimane Sall, président de l’Association de défense des locataires du Sénégal (ADLS) pour qui l’augmentation exorbitante des loyers à Dakar dépasse l’entendement. « Nous sommes sollicités chaque jour par cinq à dix locataires qui demandent des conseils, souvent suite à une assignation en vue d’une augmentation de loyer », explique le militant, qui estime que plus de la moitié des revenus des Dakaroisest désormais absorbée par le loyer, diminuant leur pouvoir d’achat.
Capitale active implantée sur une étroite presqu’île, Dakar compte plus de 3,7 millions d’habitants. Soit le quart de la population sénégalaise, estimée à 17 millions de personnes qui sont regroupées sur 0,3 % du territoire. Confrontée à une croissance démographique et un exode rural élevés, la capitale économique et politique est submergée et l’offre de logements n’est pas suffisante pour éponger la demande.
« Beaucoup de spéculation »
Entre 1994 et 2014, les loyers ont augmenté de 256 % dans la région de Dakar, selon des données gouvernementales. Une hausse qui s’est poursuivie depuis au même rythme selon les spécialistes du marché immobilier.
TROP D'OIGNONS FONT PLEURER LES PRODUCTEURS SÉNÉGALAIS
"Une maison, un sac d'oignons": derrière cet énigmatique appel lancé récemment sur les réseaux sociaux se cache le cri d'alarme de producteurs d'oignons appelant chaque foyer à acheter une portion de leur récolte, qui pourrit faute d'acheteurs
A Bambilor, un des foyers de production des oignons au Sénégal, à une trentaine de kilomètres de Dakar, le constat est amer: l'offre dépasse largement la demande, sous l'effet conjugué de la concurrence étrangère, de pratiques agricoles néfastes ou encore de capacités de stockage insuffisantes.
Sous une fine pluie matinale, des filets de 25 kilos sont empilés le long des trottoirs, ignorés des passants.
Les professionnels parlent d'une année sombre.En réalité, l'écoulement de la production nationale du bulbe à forte saveur est une préoccupation ancienne, à la mesure de l'importance de l'oignon au Sénégal.
L'oignon, dont le Sénégal produit 450.000 tonnes par an, est un ingrédient incontournable de la gastronomie locale.
"Il est cuisiné à toutes les sauces", explique Aram Faye, 50 ans, qui travaille dans un jardin de maraîchers.Il donne du goût au poulet yassa, au thiéboudienne et au mafé, plats traditionnels au pays de la Téranga.
L'oignon arrive en tête de la consommation et de la production maraîchères au Sénégal, avec une croissance forte, indiquait en 2018 un rapport de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).Il fait vivre près de 200.000 producteurs, dans un pays de plus de 16 millions d'habitants où l'agriculture emploie plus des deux tiers des actifs, selon Amadou Abdoul Sy, directeur de l'Agence de régulation des marchés (ARM).
Parmi eux, Diongue Masseye, 71 ans, regarde, impuissant, les oignons défraîchis qui tapissent son entrepôt de 450 m2 et dont beaucoup ont déjà germé.
- Question de qualité -
Près d'un tiers de la production est ainsi perdue chaque année.
"Je vais en distribuer aux femmes du coin", soupire-t-il.
Le prix du filet de 25 kilos a drastiquement chuté: vendu 8.000 ou 9.000 francs CFA (12 ou 13 euros) il y a quelques mois, il ne part plus qu'à 4.500 ou 5.000 FCFA (autour de 7 euros) - beaucoup moins si une partie du lot est défraîchi.
Diongue Masseye peste contre l'Etat qui, selon lui, aurait dû prévoir une chambre froide géante.La carence en capacités de stockage est une des raisons de cette déperdition.Mais elle n'est pas la seule.
"La faible qualité de l’oignon local se traduit par des pertes importantes et une quasi impossibilité de le stocker", écrivait la FAO.Les spécialistes invoquent la qualité discutable des semences mais aussi la propension à récolter les oignons trop tôt et donc trop humides, pour les vendre avant les concurrents.
A Notto Gouye Diama, grand marché de produits maraîchers dans l'ouest du pays, Daouda Mbaye, commerçant, montre des dizaines de sacs d'oignons abîmés dont se détournent des clients plus intéressés par les poivrons, les pommes, les choux et les carottes.
"Ils appartiennent à un agriculteur venu me les déposer pour que je les vende.Je l'ai informé qu'ils ne sont plus vendables.Il viendra lui-même le constater", explique-t-il.
- Effet d'aubaine -
Les fêtes du Ramadan en mai et de la Tabaski (Aïd al-Adha local) en juillet "n'ont malheureusement pas permis d'écouler les stocks des invendus", déplore Boubacar Sall, président du collège national des producteurs d'oignons au Sénégal.
Il réclame la mise en oeuvre d'une régulation de l'agriculture au Sénégal, pour rééquilibrer le statut des petits producteurs, "en proie à une concurrence déloyale de la part des grands", aux rendements trois fois supérieurs.
Certes, les importations sont suspendues depuis janvier, "mais on a importé les producteurs: Marocains, Chinois etc, qui eux, ont des moyens costauds de production et de conservation", souligne M. Sall.
Un certain nombre de consommateurs continuent à afficher une préférence pour l'oignon importé quand il est disponible sur le marché.
Pour Amadou Abdoul Sy, le directeur de l'Agence de régulation des marchés, les producteurs ont leur part de responsabilité.
"Tout le monde produit en même temps.Les autorités avaient demandé de mettre les récoltes sur le marché par périodes différentes selon chaque zone de production mais elles n'ont pas été écoutées", regrette-t-il.
Les ménagères, elles, se frottent les mains, comme Astou Ndiagne à Bambilor.
"Au lieu d'acheter un kilo d'oignon à 400 francs CFA, on l'achète à 100 ou 150 francs CFA, ça nous permet de faire des économies", sourit-elle avec malice.
par Abdourahmane Sarr
OPPOSITION ÉLECTORALISTE, ERREUR STRATÉGIQUE DE PASTEF
La politique du ôte-toi que je m’y mette pour les frustrés du pouvoir qui ont élu Macky Sall ou qui n’ont pas pu le rejoindre ne peut pas fédérer les Sénégalais. Le Sénégal n’a pas un problème de liberté politique et de démocratie
Le nom est bien choisi « Yewwi Askan Wi » ou « Libérer le peuple » et il correspond au projet du parti leader de la coalition qui ambitionne de libérer le Sénégal de l’emprise internationale. Il fallait en avoir le courage et présenter aux Sénégalais une coalition politique sous le leadership d’Ousmane Sonko et non une coalition électorale. Les couleurs de la coalition, à défaut de rappeler celles du Parti Socialiste, sont les couleurs de Pastef. Le compromis d’une coalition électorale sans projet commun et un leadership clair dès sa constitution est une erreur stratégique de notre point de vue.
Les élections locales et législatives au Sénégal sont faites à dessein pour être gagnées, du point de vue du suffrage proportionnel global, par le pouvoir et l’opposition d’être représentée. La victoire de l’opposition en 2009 dans les grandes villes n’a pas empêché que les acteurs des assises nationales, artisans de ces victoires, n’aient pas été choisis par les Sénégalais qui ont préféré la continuité par un simple changement d’hommes. Ces mêmes hommes qui ont aidé à élire le pouvoir, étaient avec le pouvoir, ou ont été au pouvoir, sont dans l’opposition et dans la coalition « Yewwi Askan Wi », ce qui montre qu’il ne s’agit d’hommes mais effectivement de système. Comme nous le disions dans notre contribution soutenant la candidature d’Ousmane Sonko à la présidentielle de 2019 «Macky la Continuité, Sonko la Rupture », ce système auquel les Sénégalais sont habitués a nécessité que notre pays soit géré comme une seule entreprise devant présenter ses projets à des bailleurs puisque n’ayant pas les moyens de sa politique. Cet état socialisant a fait l’objet de convoitises corruptrices de tous bords puisque ne pouvant pas satisfaire tout le monde dans sa façon de faire y compris ses propres agents.
Les élections de 2022 ne feront donc pas exception et les objectifs intermédiaires de la coalition électorale, notamment sur les libertés, ne seront pas atteints. Le Sénégal n’a pas un problème de liberté politique et de démocratie. La coalition «Yewwi Askan Wi» devait travailler sur un projet fédérateur qui aurait été minoritaire en 2022 mais compétitif dans un premier tour de scrutin en 2024. Au contraire, la coalition a reporté à 2024 ce qui sera de profondes divergences si tous les leaders constitutifs devaient se présenter à cette élection. Nous aurons alors une compétition entre les tenants des assises nationales ressuscités (du pouvoir et de l’opposition), ceux de Pastef pour des ruptures systémiques fondamentales, et ceux de la grande famille libérale sociale pour la continuité. Il s’en suivrait un risque que la confusion électoraliste, une fois de plus, ne permette pas aux sénégalais d’avoir une alternative politique réellement nouvelle.
De ce fait, le Sénégal n’a pas besoin d’une coalition électorale composée pour la plupart d’acteurs qui nous ont montré ce dont ils étaient capables à un moment ou à un autre en termes de propositions ou de gestion. La cible n’est pas Macky Sall car il ne fera pas de troisième mandat, son régime non plus, mais la doctrine de gouvernance du Sénégal qui n’a jamais été libérale et patriotique et devra l’être pour que nous nous mettions sur le chemin du développement. Comme nous le disions à Ousmane Sonko commentant son livre « Solutions », il ne s’agit pas pour nous de libérer l’État de l’étranger seulement mais plutôt de libérer le peuple lui-même de son État et de sa classe politique à renouveler.
La politique du ôte-toi que je m’y mette pour les frustrés du pouvoir qui ont élu Macky Sall ou qui n’ont pas pu le rejoindre ne peut pas fédérer les Sénégalais. De ce fait, nous exhortons la coalition «Yewwi Askan Wi » de nous définir son slogan et de clarifier ce sur quoi ils peuvent d’ores et déjà s’entendre dans le fond, car l’opposition au régime n’est pas suffisante pour nous.
Le Sénégal n’a pas de problème fondamental de gouvernance, ni de liberté politique, ni d’allocations des ressources. Nous disions dans une interview du magazine Réussir de décembre 2018 que « trois raisons peuvent justifier une alternance politique de façon générale. La première est la corruption et un mécontentement quant à la gestion sur le plan éthique des acteurs. La deuxième est que les gestionnaires de l’appareil d’État manquent d’efficacité et d’efficience ou allouent les ressources publiques de manière inéquitable. La troisième est qu’il faut alterner pour une meilleure stratégie de développement, c’est-à-dire comment faire pour que le gâteau Sénégal soit plus large. Il ne s’agit dans ce dernier cas, ni de corruption systémique, ni d’allocation des ressources ou d’efficacité dans la gestion, mais d’améliorer le processus de développement du pays et de création de richesse.
Pour nous, ce n’est pas un plan de l’État central qui va le réaliser. Notre problème est culturel car on pense que le développement se fera avec notre État central si seulement nous pouvions le libérer de l’influence étrangère. C’est une erreur. Nous pouvons avoir une économie qui crée de la croissance inclusive auto-entretenue par des ressources qui ne viennent pas du pétrole ou du gaz ou de l’étranger, mais du génie de chaque Sénégalais et de sa communauté locale. La question est le comment.
La coalition nous doit une réponse à cette problématique, et les tenants des assises nationales, un contenu de politiques publiques pour prendre en charge les préoccupations bien campées de ces assises. La mise en place de pôles régionaux annoncés en est un élément essentiel et la coalition devra nous donner un signal clair sur les leaders pressentis de ces pôles et surtout leur vision par rapport à l’ensemble Sénégal. Celui de Dakar sera révélateur.
Librement.
Abdourahmane Sarr est président CEFDEL, Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
Par Mamadou Oumar NDIAYE
REQUIEM POUR UN GRAND COMBATTANT AFRICAIN NOMMÉ HISSENE HABRE
Le président Macky Sall n’a guère cherché à résister aux organisations de défense des droits de l’homme. Elles voulaient le scalp de Habré ? Il leur a offert sa tête !
Il avait fui son pays d’Afrique centrale pour venir s’établir sur les rives de l’Atlantique, dans cette partie la plus occidentale du continent. Ce pays qu’il avait choisi comme terre d’exil — ou, plutôt, qui avait accepté de l’accueillir — était devenu le sien. Il y a pris femme, y a eu des enfants qui ont la nationalité sénégalaise, qui y ont grandi pour certains et poursuivent leurs études dans de grandes universités occidentales. Son argent, il l’y a investi, s’est parfaitement intégré, a développé d’excellentes relations de voisinage dans ses deux résidences de Ouakam et des Almadies, a fréquenté assidument les mosquées et entretenu aussi de bons rapports avec les chefs de confréries musulmanes au point que l’un d’entre eux, aujourd’hui disparu, l’avait adopté et le considérait comme son propre frère.
Bref, le président Hissène Habré aimait ce pays, qui était devenu sa seconde patrie, et y a coulé des jours heureux pendant plus de 20 ans. Puis ce fut la curée, la chasse de la meute, les aboiements des chiens d’organisations prétendument de défense de droits de l’homme, les glapissements des chacals, les cris des hyènes, la ronde des vautours au-dessus de l’homme.
Lancée par l’organisation Human Rights Watch avec des moyens tellement importants que, finalement, bien rares étaient les Africains qui pouvaient y résister, l’impitoyable chasse à l’homme s’est intensifiée à mesure que le temps passait, se renforçant de l’appui de mercenaires que l’odeur de l’argent attirait. Dès lors, l’ancien président du Tchad n’a plus eu droit à une vie tranquille.
Traqué, harcelé, persécuté, insulté, calomnié, il a fait face crânement, s’est défendu comme il a pu, a résisté avec courage mais les forces étaient inégales. Quelle chance avait-il de résister face aux milliards de francs dégagés par son tombeur, son ex-chef d’état-major qui gérait comme une cagnotte personnelle les fabuleuses recettes provenant de l’exportation du pétrole tchadien ? C’était une question d’honneur, en effet, pour le président Idriss Déby Itno — mort quelques mois avant lui — de le faire juger et condamner de manière à pouvoir continuer à spolier impunément le Tchad qu’il avait de toute façon fini d’écraser sous sa botte de maréchal d’opérette. Des milliards qui venaient s’ajouter à d’autres débloqués par Human Rights Watch qui avait besoin d’épingler un dirigeant africain à son tableau de chasse de manière à pouvoir lever encore plus de fonds auprès de ses bailleurs.
Au nom de la lutte contre l’impunité dans le monde. Et si le président Abdou Diouf avait résisté à tous les assauts visant à lui faire lâcher son hôte Habré, si son successeur Wade a joué avec l’alors colonel puis général Déby en faisant mine à chaque fois de faire juger voire d’expulser Habré, jamais, cependant, ils n’ont cédé aux pressions de la meute.
Le président Macky Sall, lui, n’a guère cherché à résister aux organisations de défense des droits de l’homme. Elles voulaient le scalp de Habré ? Il leur a offert sa tête ! Son gouvernement a signé un accord bidon avec l’Union africaine en vertu duquel on lui donnait « mandat » de juger Habré et de l’emprisonner au Sénégal, de jouer un rôle de maton sans aucune possibilité ne serait-ce que de lui accorder une libération pour cause médicale, ne parlons pas de liberté provisoire. Après quoi, Déby a aboulé le pognon pour faire juger l’homme qui l’empêchait de dormir. Et Macky Sall a mis à disposition des magistrats pour interpréter ce qui aurait pu être une comédie judiciaire n’eut été sa fin tragique que tout le monde connaît.
Faisant fi du droit d’asile qui est sacré, de notre légendaire Téranga qui sanctuarise nos hôtes et leur accorde en quelque sorte une immunité, le président de la République a livré le président Habré aux chiens qui le réclamaient. Il l’a fait arrêter, juger en un drôle et pitoyable procès au cours duquel le grand résistant Habré, qui n’avait que mépris pour ses juges, a refusé d’ouvrir la bouche une seule fois ne serait-ce que pour leur cracher sa salive en plein visage comme ils le méritaient !
Plusieurs fois malade, s’étant aussi fracturé la jambe une fois, il s’est vu régulièrement refuser la permission d’aller se faire soigner. Les organisations de défense des droits de l’homme mettaient systématiquement leur véto !
Hélas, même après sa mort, il n’a pas droit à un repos mérité puisque, à présent, le combat de nos mercenaires des droits de l’homme, et de ses prétendues victimes, c’est celui pour l’indemnisation de ces dernières ! Autrement dit, des figurants que Déby et Reed Brody, le chef des chasseurs de HRW, avaient recrutés pour venir jouer la comédie à la barre des Chambres africaines extraordinaires mises sur pied par l’Union africaine avec la complicité du Sénégal pour juger l’ancien homme fort du Tchad.
Devant celles-là, on a même entendu de vieilles pétasses dont Habré n’aurait même pas voulu comme édredons, voire bonniches, prétendre avoir été violées par lui ! Ayant réussi à faire prononcer par ces « juges » indemnisation pour tous ces escrocs, HRW et leurs avocats veulent à présent que les biens de Habré soient saisis et vendus afin de désaltérer la soif d’argent de ses prétendues victimes. Il est à cet égard proprement indécent — mais ô combien révélateur — que priée de livrer son sentiment sur la mort du président Habré, l’avocate tchadienne Jacqueline Moudeina, compagne de chasse de Reed Broody, ait trouvé le moyen de parler d’indemnisation des victimes dès les premières phrases qu’elle a prononcées ! Ce au moment où même le gouvernement tchadien avait eu la décence de s’incliner devant la mémoire du défunt et de présenter ses condoléances à sa famille.
Un grand chef de guerre doublé d’un patriote sourcilleux
Le président Hissène Habré était un grand chef de guerre, cela nul ne le lui conteste. Il avait du courage à revendre et un patriotisme à fleur de peau, ce qui fait que les intérêts du Tchad passaient à ses yeux avant tout. Hélas, il avait parmi ses voisins un Guide fantasque et hégémonique qui a tout fait pour annexer le Nord du Tchad, plus précisément la Bande d’Aouzou. Surarmé, ayant transformé son pays en gigantesque arsenal, ne sachant pas quoi faire de tout l’argent que lui rapportait son pétrole, le colonel Kadhafi qui, comme tout Arabe qui se respecte, méprisait les Nègres, croyait que le Tchad lui revenait de droit. Mal lui en a pris puisque le président Habré a infligé à son armée une raclée qui lui est restée en travers de la gorge. Au cours de la bataille de Ouadi Doum, non seulement Habré a fait des milliers de prisonniers libyens — dont certains seront récupérés plus tard par les Américains qui les ont retournés contre leur ennemi Kadhafi — mais encore il a récupéré pour près de deux milliards de dollars d’armement libyen ! Quant à la France, elle ne lui a jamais pardonné l’enlèvement de sa ressortissante, la sociologue Françoise Claustre, et aussi d’avoir tué le commandant Gallopin venu négocier sa libération. Surtout, le président François Mitterrand avait considéré comme une humiliation personnelle le fait que, lors du sommet de La Baule où il sommait les potentats africains de se démocratiser, Habré lui avait porté la contradiction.
Par cette objection courageuse, il avait signé son arrêt de mort. Quelques mois plus tard, la France soutenait son chef d’état-major, le colonel Idriss Déby, pour le renverser. L’homme qui nous a quittés la semaine dernière n’était sans doute pas un enfant de chœur mais qui l’était parmi les présidents africains des années 60 à 90, et même ceux d’aujourd’hui ? Dirigeant d’un pays en guerre, devant constamment se défendre face à des rébellions financées, équipées et entraînées par la Libye, avec une cinquième colonne omniprésente, le président Hissène Habré ne pouvait qu’avoir une main de fer et être sans pitié avec ses ennemis. Il y allait de la survie même du Tchad. En d’autres temps, les dirigeants de la Révolution française l’avaient fait lorsque, après avoir renversé et décapité le roi Louis XVI, ils avaient dû faire face à une invasion du territoire hexagonal par plusieurs armées.
Ils avaient donc instauré la Terreur dont les atrocités font frémir jusqu’à présent. Qu’il y a ait eu des ennemis tués durant le magistère du président Hissène Habré, c’est sans doute incontestable. De là à parler de milliers de personnes massacrées, de génocides, de crimes contre l’humanité et autres incriminations qu’adorent les ONG, il y a manifestement beaucoup d’exagérations pour ne pas dire d’affabulations. Mais quand on veut tuer son chien, ne l’accuse-t-on pas de rage ? Et puis, était-il possible que le président Habré lui-même massacrât ces milliers de personnes qu’on l’accuse d’avoir tuées sans que son chef d’état-major d’alors, qui finançait les poursuites contre lui, et avait à l’époque la haute main sur tous les services de sécurité et de défense du pays y ait eu lui aussi sa part de responsabilité ? S’il n’était pas le principal exécuteur de tous ces massacres présumés ! Une question à laquelle aussi bien les ONG occidentales que les braves magistrats qui ont « jugé » Habré se sont bien gardés de répondre…
Le président Habré et moi…
Le président Habré, je l’admirais pour ses qualités de grand résistant, de patriote africain authentique, son courage à toute épreuve, sa dignité et son refus de l’humiliation de l’Afrique. J’avais fait sa connaissance au début des années 2000 alors que les chiens de guerre avaient déjà commencé à aboyer en sa direction. Pendant qu’activistes des droits de l’homme et mercenaires de tout poil commençaient déjà à l’accabler de tous les maux de la Terre et réclamaient sa tête, j’avais pris ma plume pour le défendre et essayer un tant soit peu de rétablir les faits à la lumière de ce que je savais en tant que journaliste intéressé par ce qui se passait sur le continent. J’avais donc fait une série de papiers pour le défendre.
Puis un beau jour, j’étais dans mon bureau — le siège de notre journal se trouvait alors à Gibraltar —lorsqu’un homme a demandé à me voir. Je l’ai reçu et il s’est présenté à moi comme étant un médecin tchadien vivant dans notre pays. Il se disait envoyé par le président Habré qui voulait faire ma connaissance car appréciant énormément le fait que je le défende sans le connaître, sans avoir jamais demandé à le rencontrer alors pourtant que je savais qu’il était au Sénégal depuis 1990. Un rendez-vous fut convenu et je me rendis donc à Ouakam où l’ex-homme fort du Tchad m’a reçu chaleureusement et retenu à dîner alors pourtant que ce n’était pas prévu initialement. Ce jour-là, il m’a longuement parlé de lui-même, de sa politique, des complexités de la politique tchadienne, de ses rapports avec Kadhafi et aussi, bien sûr, les présidents français, de la situation géopolitique de cette partie du continent à la lisière entre la partie « blanche » et noire de l’Afrique etc. Après ce premier contact, nos rencontres ont été régulières quoique espacées. Et c’était à chaque fois un ravissement pour moi d’entendre parler cet homme à la vaste culture et aux analyses toujours lucides sur les événements du continent. C’était un homme d’Etat, un vrai, doté d’une vision très structurée, qui avait de fortes croyances, qui était également très au fait de tout — enfin, disons, de l’essentiel — de ce qui se passait à travers le monde. Un homme qui lisait beaucoup, était tout le temps devant son téléviseur en train de zapper entre les différentes chaines d’informations qu’elles soient francophones, anglophones ou…arabophones, car il maîtrisait parfaitement l’arabe aussi. Parfois, celle que j’appelais « Mme la Première Dame », sa gracieuse épouse Fatime Raymonne, se mêlait à nos discussions. Elle aussi était une intellectuelle de haut vol comme tous ceux qui ont lu dans la presse ses textes très bien écrits et solidement argumentés ont pu s’en rendre compte. Bien sûr, au fil des années, pour ne pas dire des mois, lui, le chef de guerre intrépide et le grand stratège, sentait l’étau des colonnes ennemies se refermer autour de lui. Pour autant, il ne s’est jamais départi de son légendaire sang-froid. Jusqu’à ce qu’un allié de ses ennemis, un combattant insoupçonné, le président Macky Sall en l’occurrence, lui plante sa dague dans le dos. La suite, on la connaît. Le Sénégal, qui fut pendant plus de deux décennies sa très hospitalière terre d’asile, s’est brusquement transformé un jour en prison pour lui…
Bien sûr que je ne pouvais manquer de rendre un hommage mérité à ce grand Africain que fut le président Hissène Habré dont je prie du fond du cœur le Bon Dieu pour qu’Il l’accueille en Son paradis. Je n’avais pas voulu mêler ma voix au chœur des pleureuses ni mes larmes à celles des crocodiles qui, après avoir conduit à la mort le président Habré, se sont ensuite fendus d’hommages hypocrites ! En cette très douloureuse circonstance, je présente donc mes sincères condoléances à sa veuve, la très distinguée et fidèle « Mme la Première Dame » Fatime Raymonne Habré, à sa famille ainsi qu’à toute sa famille au sens large. Puisse enfin le président Habré reposer en paix en attendant que l’Histoire se charge de le blanchir à tout jamais des accusations calomnieuses portées contre lui par ses ennemis. Des accusations qui lui ont valu de vivre le martyre que l’on sait…
Le leader des Forces Démocratiques du Sénégal (Fds) continue de réclamer au ministre de l’Intérieur le récépissé de son parti. En effet, après avoir rencontré des partis politiques, Dr Babacar Diop a organisé hier une table ronde pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur le terme «Guelewar».
La polémique autour du vrai sens du terme «Les Guelewar» qui oppose le ministre de l’Intérieur aux responsables des Forces Démocratiques du Sénégal (Fds) ne faiblit pas.
Invités autour d’une table ronde organisée par le leader des Forces Démocratiques du Sénégal pour trancher la question, les Professeurs Boubacar Diop, Rokhaya Fall et Pape Massène Sène, tous historiens à l’Université Cheikh Anta Diop, ont soutenu que le mot « Guelewar » ne renvoie pas exclusivement à une ethnie, mais plutôt à des valeurs que les citoyens devraient s’évertuer à respecter.
A en croire l’enseignant à l’Ifan, Pape Massène Sène, le terme est polysémique etles gens l’habillent à leurs manières. «Le mot est attribué à tous, à l’origine à l’ethnie mandingue mais aussi à celle installée au Sénégal dans l’empire Ngabou avec la Guinée Bissau. Cet aspect est significatif, parce que l’on peut se demander pourquoi on ne parle pas de « Guelewar » dans l‘empire du Mali avec Soundjata Keita.
Le Guelewar est certes un terme issu de cette zone du Mali, mais on ne le retrouve pas dans la langue malienne », explique le Pr Sène.
Poursuivant, il renseigne que le terme a été pris en charge et assumé par les sérères. C’est ainsi, dit-il, que le Guelewar est devenu le métis entre l’aristocratie mandingue et sérère, donnant naissance à une société avec deux composantes dontl’une est mandingue et l’autre sérère. «Leur enfant est censé être capable de traiter les deux parties d’une manière juste et aussi d’être riche des biens de chacune de sa lignée sur le plan éthique. Voilà pourquoi le mot Guélewar renvoie à des individus qui sont porteurs de valeurs importantes que les citoyens devraient s’évertuer à respecter», indique l’enseignant chercheur.
Il estime ainsi que personne ne peut enfermer le Guelewar dans une ethnie, mais il reconnaît que le terme est plus présent dans la culture sérère. Le Pr Rokhaya Fall qui abonde dans le même sens soutient que le Guelewar est un citoyen dans l’espace sénégambien. «Un Guelewar peut êtrewolof, peul, soninké ou mandingue, mais l’invocation du nom renvoie à des valeurs dont le courage, la dignité et le sens de la justice. Donc se réclamer Guelewar, c’est se réclamer de ces valeurs», tranche-t-elle.
Se réjouissant de la rencontre, Dr Babacar Diop estime que la bataille scientifique a été remportée. Selon le leader du Fds, le ministre de l’Intérieur ne peut que tenir compte de la position des universitaires. Au-delà de la bataille judiciaire, Dr Diop et Cie comptent également mener un combat politique. « Nous sommes des « Guelewar » et nous ne resterons pas les bras croisés. A partir du mois d’octobre, nous organiserons des rassemblements et des marches partout, à Dakar devant le ministère de l’Intérieur», avertit-il.
LES ARTISTES SENEGALAIS FIN PRETS
La tenue du FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anouma), Abidjan (Côte d’Ivoire) est sur la dernière ligne droite. Invité d’honneur de cette 13e édition, le Sénégal n’a ménagé aucun effort pour la réussite du festival qui se tiendra dans 5 jours
Les derniers réglages du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (FEMUA) sont assurés. Hier, le commissaire général et promoteur du rendez-vous culturel, Salif Traoré alias A’Salfo, a tenu une conférence de presse avec le Sg du ministère de la culture, Habib Léon Ndiaye. Sur cette tribune, le promoteur du festival a dit être convaincu que les artistes du pays invités d’honneur sont prêts pour prendre part au festival d’Afro Pop, du 07 au 12 septembre.
La tenue du FEMUA (Festival des musiques urbaines d’Anouma), Abidjan (Côte d’Ivoire) est sur la dernière ligne droite. Invité d’honneur de cette 13e édition, le Sénégal n’a ménagé aucun effort pour la réussite du festival qui se tiendra dans 5 jours. A cette effet, le commissaire général du FEMUA, Salif Traoré dit A’Salfo du groupe Magic System, venu peaufiner les derniers réglages, a montré sa satisfaction. Cette rencontre culturelle est un moment de partage des us et coutumes entre pays de la sous-région Ouest africaine, et du continent noir par extension. Après le Burkina Faso invité d’honneur de la 12e édition du FEMUA (2019), c’est au tour du pays de la «Teranga » d’être aux premières loges du festival.
A ce titre, A’Salfo a indiqué que le choix qui est porté sur le Sénégal n’est pas fortuit. C’est, ditil, de par son dynamisme dans le secteur culturel et créatif. Et audelà de faire flotter le drapeau de son pays, lors de cet échange culturel, c’est une occasion de partager toutes les expériences artistiques et gastronomiques, notamment avec le partage de recettes culinaires du pays invité d’honneur. Mais aussi à travers le conte, la comédie, la mode voire le cinéma. C’est ce qui explique entre autres l’invitation de la styliste et réalisatrice Selly Raby Kane qui va présenter la mode sénégalaise à travers un défilé.
Parmi les artistes qui vont prendre part au FEMUA, il y a le chanteur Pape Diouf désigné porte-étendard. Mais également Ngaka Blindé (Rappeur), Doudou (comédien), OMG (Rapeuse), Samira Fall (Slameuse), Sidi Diop (chanteur) entre autres. «Je suis venu pour prendre le pouls », soutient A’Salfo qui a précisé par ailleurs que pour cette 13e édition, c’est 13 pays qui sont invités à prendre part aux activités qui rythmeront Anouma entre les 07 et 12 septembre. «Notre enfance a été bercé par les Youssou Ndour, Ismaïla Lô, Baba Maal ; maintenant les Ivoiriens veulent voir cette nouvelle génération», ajoute le magicien.
Venu présider la rencontre, le secrétaire général du ministère de la culture et de la communication Habib Léon Ndiaye dira : «Cela conforte les forts liens de fraternité culturelle qui existent entre nos deux nations dont le FEMUA se fera le porte-étendard. C’est aussi le lieu d’expression de toutes les diversités culturelles aussi bien de la Côte d’Ivoire pays organisateur que du Sénégal pays invité d’honneur».
A noter que le FEMUA, festival annuel, décalé l’an dernier à cause de la pandémie, tient son nom d’Anoumabo, un quartier du sud d’Abidjan (Côte d’Ivoire) où a grandi le chanteur A’salfo. Ce dernier est membre du Conseil économique et social ivoirien. Ayant reçu plus de 40 000 spectateurs en 2017, il est considéré comme l’un des plus importants festivals de musique d’Afrique.
DENREES DE PREMIERE NECESSITE, LA VERITE DES PRIX
La hausse des prix de denrées de première nécessité à laquelle l’Etat doit trouver une solution n’est pas une première au Sénégal
L’actuel chef de l’Etat Macky Sall a semblé mieux faire que son prédécesseur pour améliorer le panier de la ménagère sénégalaise. Après sa prise de pouvoir en 2012, les prix des denrées de première nécessité ont connu une baisse.
La hausse des prix de denrées de première nécessité à laquelle l’Etat doit trouver une solution n’est pas une première au Sénégal.
Sous le régime de Abdoulaye Wade, en juin 2008, il y a eu une réunion avec les Partenaires Techniques et Financiers du gouvernement à cause d’une hausse des prix des produits alimentaires, suite à celle des cours mondiaux des produits de base, notamment les céréales, avec un renchérissement du prix mondial du riz de plus de 40%, des oléagineux (60%) et des produits laitiers (20%). Le pouvoir était obligé de prendre des mesures qui avaient trait à la suspension des droits de douanes et de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) à l’import.
Leur impact sur la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) à l’import sur le blé, le riz et le lait a été de 36 milliards de FCFA durant cette époque. Mais au moment de l’accession au pouvoir du Président Macky Sall, les populations criaient leur ras-le-bol en ce qui concernait la cherté de la vie. Certains soupçonnent même les commerçants d’avoir comploté contre le régime finissant de Me Wade.
Ainsi, le successeur de Abdoulaye Wade a pris un certain nombre de mesures durant son mandat qui ont abouti à la baisse des prix des denrées de première nécessité et du carburant. C’est pourquoi, de 2012 au 30 juin 2021, le prix du kilogramme de sucre cristallisé est passé de 700 à 600 francs, celui du riz ordinaire de 300 à 250, celui du lait en poudre de 3300 à 3000, celui de la farine de 400 à 340.
Le prix de la bouteille de gaz de 9 kilogrammes est également passé de 5510 à 4800 francs, celui de la bouteille de gaz butane de 6 kg de 3700 à 2900. Le litre d’huile en vrac qui coûtait 1300 en 2012 valait 1000 francs en juin 2021. La dosette d’un quart de litre d’huile est passée aussi de 325 à 290, tandis que la baguette de pain de 210g qui valait 175 francs en 2012 s’achète à 150 maintenant.
En ce qui concerne le carburant, le prix du Super est passé de 889 à 755 et celui du Gasoil de 792 à 655 francs. Mais malgré tous ces efforts, le Sénégal fait encore face à la situation de juin 2008, avec une hausse des prix des produits alimentaires suite à celle des cours mondiaux des produits de base. Pour cette fois-ci, la solution pour régler le problème coûtera à l’Etat 47 milliards FCFA sur la période de septembre à décembre.
OUSMANE SONKO-KARIM WADE, L’IMPOSSIBLE ALLIANCE
Entre le leader du Pastef et l’héritier de la formation libérale, c’est moins de petits désaccords qu’un choc manifeste des ambitions. Entre les deux, personne ne veut suivre le courant. Chacun veut indiquer le cap
La grande coalition de l’opposition en vue des prochaines élections locales s’est faite sans le Parti Démocratique Sénégalais (Pds). Les libéraux fustigent le fait que plusieurs points de désaccords n’ont pas été résolus. Toutefois, au-delà de ces considérations évoquées çà et là par le parti du Président Abdoulaye Wade, force est de constater que le problème vient de Ousmane Sonko et Karim Wade, respectivement dépositaires du Pastef et du Pds. Entre le leader du Pastef Ousmane Sonko et l’héritier de la formation libérale Karim Wade, c’est moins de petits désaccords qu’un choc manifeste des ambitions. Entre les deux, personne ne veut suivre le courant. Chacun veut indiquer le cap.
Comme nous le savons tous, Ousmane Sonko a fini avec le Pastef de séduire et de convaincre bon nombre de Sénégalais par ses sorties détonantes, son parcours et son intransigeance à l’encontre du Président Macky Sall et de son régime. Le discours passe. Et à ce titre, il est l’une des figures de proue de l’opposition, sinon le chef comme l’a dit un jour un certain Thierno Bocoum qui l’accuse aujourd’hui de faire dans le diktat. L’ex-inspecteur des Impôts est celui qui donne le la des initiatives dans l’opposition. Son influence est incontestable. Et pour le Pds et son coordonnateur Karim Wade, il est inconcevable de laisser à Sonko le loisir de dérouler son agenda. D’autant que le patriote, par bravade politique, a laissé entendre il y a quelques années que l’ancien ministre de l’Energie faisait partie du système qu’il combat. Evidemment, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et depuis le député est devenu plus pragmatique et plus lucide dans ses projections. Le ‘’système‘’ est plus rusé et plus huilé qu’il ne le pensait visiblement. A un moment donné, Ousmane Sonko était obligé, au risque d’être frappé d’ostracisme politique, de s’associer au combat pour la libération de Wade-fils et pour qu’il retrouve tous ses droits civiques et politiques.
Dans la foulée aussi, il a eu à rencontrer Abdoulaye Wade à plusieurs reprises. Ce dernier, en fin politicien, lui promettant monts et merveilles pour l’élection présidentielle de 2019. L’on se souvient que le candidat de la coalition Sonko-président avait interrompu sa campagne pour venir rencontrer le chantre du ‘’Sopi‘’. Et pour certains, la messe était dite : le régime Macky-Sall ne va pas résister au tandem Wade-Sonko. Mais, les observateurs avertis savaient que le Président Wade n’allait jamais ‘’livrer‘’ le Pds à Ousmane Sonko au risque de compromettre la carrière politique de son fils, acquise dans la douleur. Et comme l’a dit un célèbre journaliste, ancien de «Jeune Afrique», c’est la neutralité pas du tout neutre de l’ex-chef d’Etat sénégalais lors de l’élection présidentielle qui a aidé le Président Macky Sall à rempiler pour un second mandat. Cette élection aurait pu prendre une autre tournure si Wade avait soutenu Ousmane Sonko. Il y aurait probablement eu un deuxième tour. Et peut-être la chute de Macky Sall… Qui sait ! Mais ç’aurait été aussi une victoire à la Pyrrhus pour le Pds. Les chances pour Karim Wade de devenir président du Sénégal s’envoleraient certainement avec l’avènement des ‘’patriotes‘’. Et qui est plus placé que le chevronné Me Wade pour comprendre tous ces enjeux ? Il ne s’est pas tout de même séparé d’identités remarquables comme Idrissa Seck, Macky Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye, Omar Sarr et autres alliés pour venir céder au projet de Sonko, aussi alléchant soit-il. Un romantisme trop beau et inaccessible pour nos hommes politiques.
DES PROMESSES DE RETROUVAILLES DE LA GRANDE FAMILLE LIBERALE ?
Il y a beaucoup de zones d’ombre non élucidées dans l’avenir politique de Karim Wade. Et l’un des points d’achoppement est probablement son affaire politico-judiciaire. Comment fera-t-il pour convaincre l’actuel Président de lui donner l’amnistie par le biais de ses députés ? Le Pds a-t-il toujours le même poids politique ? Son retour vat-il rebattre les cartes au sein de l’opposition ? Autant de questions en suspens. Mais ce qui est sûr, c’est que ‘’li mbëtt bëgg là bar bëgg‘’.
Abdoulaye Wade a été toujours dans sa logique. Et si pour les récalcitrants au sein du Pds, il était plus facile pour le pape du Sopi de les museler voire se débarrasser d’eux politiquement, pour Ousmane Sonko, il fallait trouver d’autres subterfuges. Quitte à faire semblant de projeter sa nostalgie sur la jeune figure montante de l’opposition. Mais, il a été toujours question de la carrière politique de Karim Wade. Abdoulaye Wade veut que son fils devienne président de la République du Sénégal. Donc le leader du Pastef et Wade-fils ne peuvent se retrouver que sur des considérations générales comme le fichier électoral, les questions de bonne gouvernance pour ne citer que ceux-là. Toutefois, une alliance de principes pour des élections entre les deux semble illusoire. Même si la politique est une bouteille noire, ces deux ne cachent pas leur jeu, le Pds et le Pastef avec. 2024 oblige.
Par ailleurs, la politique étant le cimetière des amitiés et le berceau des retrouvailles pour reprendre Babacar Justin Ndiaye, d’ici 2024, il n’est pas impossible de voir la grande famille libérale se retrouver pour barrer la route à l’ascension fulgurante du leader du Pastef. D’ailleurs parmi les dignitaires du Pds, il n’y a que Karim Wade qui n’a pas encore rejoint le régime. Macky Sall, en bon gestionnaire des contradictions en politique, a phagocyté tout le reste. Reste à gérer d’ici 2024 les plus ambitieux pour trouver un candidat de consensus pour le remplacer éventuellement. Du tout sauf Sonko n’est-il pas en gestation ? Attendons pour y voir plus clair ! Mais ce qui est sûr, c’est que le linge sale des libéraux peut sa laver en famille. Ces gens se connaissent trop bien. Donc, que Ousmane Sonko ne se fasse pas trop d’illusion !Il peut dérouler avec les autres mais Karim Wade et le Pds font partie des classiques en politique. Le comprendre très tôt serait mieux pour lui, sinon il recevra d’autres coups de massue. Le monde de la politique est intraitable. En attendant d’autres bouleversements peut être…
DISCUSSIONS POUR LA MISE EN PLACE D’UNE GRANDE COALITION DE L’OPPOSITION
Le Pds avait 5 représentants dans les négociations
La déclaration du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) selon laquelle il n’a signé aucune charte avec le Pur, le Pastef et Taxaawu Sénégal alors qu’il était cité comme l’un des initiateurs de la grande coalition de l’opposition avait surpris plus d’un. A juste raison, d’ailleurs. D’autant que, de l’avis des responsables de «Yeewi Askan Wi, le parti de Me Abdoulaye Wade avait 5 représentants dans les négociations au même titre que les autres partis.
Dans son communiqué qu’il a sorti mercredi dernier pour se démarquer de la mise en place d’une grande coalition de l’opposition, le Parti Démocratique Sénégalais avait soutenu qu’il n’avait signé aucune charte avec Taxawu Senegaal, Pastef et le Pur. Parce qu’ajoutent les libéraux, des points de désaccord subsistaient encore. C’est ainsi que les camarades de Me Abdoulaye Wade ont dénoncé des «jeux dans l’ombre», des «détours et subterfuges inutiles».
Seulement, à en croire Moussa Tine, un des membres de la Coalition “Yeewi Askan Wi”, qui revenait sur le processus de la mise sur pied de ce cadre de l’opposition, les libéraux avaient au même titre que le Pur, le Pastef et Taxawu Sénégal 5 représentants lors des négociations. «Tous les quatre partis à savoir Taxawu Sénégal, le Pds, le Pur et le Pastef avaient 5 représentants dans les négociations. Mais dès le départ, il a été écrit que c’était tout simplement pour des commodités de négociations et que la coalition allait être ouverte à tous les partis et mouvements politiques du Sénégal. C’est cela la vérité et pas autre chose», a déclaré Moussa Tine. S’agissant du processus qui a abouti à la mise en place de «Yeewi Askan Wi», Moussa Tine a souligné que les négociations ont duré neuf mois. Et cela, sous l’initiative de Khalifa Sall qui a discuté avec une grande partie de l’opposition.
D’ailleurs, précise-t-il, lors du voyage du leader de Taxawu Sénégal en France, ce dernier avait confié le relais à Ousmane Sonko pour continuer les négociations. «Pendant les trois semaines d’absence de Khalifa Sall, Ousmane Sonko a continué à discuter avec tout le monde de la mise en place et de la charte de la coalition. Quand Khalifa Sall est revenu, ils ont continué à faire le travail ensemble. Cela a été fait dans le plus grand secret, parce qu’il fallait le faire en toute responsabilité», a-t-il dit niant toute idée d’exclusion.
C’est pourquoi, il annonce qu’à partir de cette date du 2 septembre 2021, il n’y a plus de Aida Mbodji, de Khalifa Ababacar Sall, de Ousmane Sonko, de Moustapha Guirassy ou de Cheikh Tidiane Dièye, plutôt un bloc pour l’intérêt exclusif du Sénégal. «Les Sénégalais ne sont pas contents de l’Exécutif encore moins de l’Assemblée nationale. Et les magistrats ont dit qu’ils ne sont pas indépendants. C’est l’occasion, avec cette coalition, de régler définitivement ce problème», a lancé Moussa Tine à l’endroit de ses camarades de l’opposition restés en dehors de la coalition.
Tenant à les rassurer, Moussa Tine indique que la coalition n’est pas dans des calculs politiciens. «Même si il va y avoir beaucoup de difficultés, parce qu’il n’existe pas un homme politique sans ambition. On sait qu’il va y avoir des chocs d’ambitions entre des responsables qui appartiennent à des partis politiques différents. Mais, nous nous sommes lancés le défi d’y arriver. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’être ensemble à cause du système électoral. Ce qui nous interpelle, ce n’est pas d’aller vers deux ou trois coalitions», lancent-ils à l’endroit des opposants qui ne sont pas membres de la coalition “Yeewi Askan Wi”.
Pour lui, la coalition est leur seul moyen de régler les problèmes des Sénégalais sans que des personnes périssent dans des manifestations ou croupissent en prison. «Il nous faut nous entendre et mettre ensemble une seule et unique coalition», a insisté Moussa Tine.
PROJET DE CONFECTION DES TENUES SCOLAIRES, LES SÉRIGRAPHES REFUSENT D’ETRE ÉCARTÉS
Après la polémique sur la priorité ou non de consacrer 30 milliards pour la confection des tenues scolaires, on assiste à un autre débat. Il s’agit, cette fois-ci, des sérigraphes qui informent qu’ils sont en train d’être écartés de ce projet
Le Regroupement des sérigraphes du Sénégal attire l’attention de l’opinion sur les manœuvres visant à écarter ses membres de la mise en œuvre du projet de confection des uniformes scolaires. La structure rejette les arguments invoqués pour les empêcher de bénéficier de ce marché.
Après la polémique sur la priorité ou non de consacrer 30 milliards pour la confection des tenues scolaires, on assiste à un autre débat. Il s’agit, cette fois-ci, des sérigraphes qui informent qu’ils sont en train d’être écartés de ce projet.
Dans un communiqué, le Regroupement des sérigraphes du Sénégal a alerté : «Nous tenons à informer le président de la République et toute l’opinion nationale que des agissements visant à écarter les sérigraphes du marquage des blouses sont en train d’être menés par des personnes tapies dans l’ombre.» Selon eux, ces dernières «ont pour objectif d’augmenter le profit des confectionneurs en faisant en sorte de garder l’enveloppe de dix milliards entièrement pour eux».
Dans leur document, Djibril Sène et ses collègues soulignent que «le prétexte avancé est que le prix de revient de la confection d’une blouse serait sous-évalué, le prix d’achat proposé par l’Etat serait très bas et que la sérigraphie ne pourrait pas rentrer dans leurs charges». Une explication qu’ils jugent «totalement erronée». D’après cette organisation, «le cahier des charges prévoit la confection, le marquage et tous frais jusqu’à la livraison contre le paiement fixé par tenue».
De ce fait, soutiennent Djibril Sène et ses collègues, «vu les prix appliqués sur le marché de la sérigraphie, le marquage reviendra aux confectionneurs avec un montant forfaitaire de 200 francs Cfa par tenue». Ce qui, à les en croire, «constitue une part d’environ 850 millions sur les dix milliards». Une part qu’ils estiment non négligeable pour leur sous-secteur. C’est la raison pour laquelle ils exigent «que le cahier des charges soit respecté et l’ensemble des blouses soient marquées par des sérigraphes disposant de toute la technique requise à cet effet». «Nous n’accepterons pas d’être laissés de côté et exigeons d’être associés à toute la chaîne, de la confection à la livraison, car la confection et la sérigraphie constituent des métiers complémentaires depuis plus de 60 ans», a fait savoir le Regroupement des sérigraphes du Sénégal.
Joint par téléphone, le président dudit rassemblement, Djibril Sène, a insisté sur le fait qu’ils ont été fortement touchés par la crise du Covid-19. «Le Covid-19 a touché tout le monde, particulièrement nous qui sommes dans la communication. Il n’y avait plus de rassemblement. Donc nous n’avions pas de travail. Et ce projet est une aubaine pour nous», a-t-il dit.