En Conseil des ministres avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, le président de la République, Macky Sall, a demandé l’évaluation de la loi d’orientation sociale visant à assoir le respect des droits des personnes vivant avec un handicap. Pour le président de la Fédération sénégalaise des Associations des personnes handicapées, Yatma Fall, il faut aller bien au-delà en tenant un Conseil présidentiel sur la question.
Le chef de l’Etat a invité «le ministre de la Santé et de l’Action sociale à engager, avec les acteurs concernés, l’évaluation de l’application intégrale de la loi d’orientation sociale». C’était avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, en Conseil des ministres. Tout en saluant une telle requête formulée à une occasion telle que le Conseil des ministres, le président de la Fédération sénégalaise des Associations de personnes handicapées, Yatma Fall, juge qu’une évaluation ne saurait suffire. «Les organisations des personnes vivant avec un handicap demandent la tenue d’un Conseil présidentiel sur la question. La prise en charge est transversale, multisectorielle et pluridisciplinaire. On a dépassé le temps qu’elle était seulement sociale. Maintenant, elle est devenue une question de droits humains.
Le handicap, c’est aussi un problème de transport, d’accessibilité aux bâtiments publics. C’est aussi une question d’habitat, d’une éducation inclusive et de la santé. Ces points sont du ressort du ministère des Transport, de la Justice et celui de l’Habitat. Donc, plusieurs secteurs sont concernés et sont dirigés par des ministres différents. Celui de la Santé n’a pas les prérogatives à donner des ordres à ses collègues.
En l’absence d’un Premier ministre, il nous faut un Conseil présidentiel», soutient Yatma Fall. Pour lui, ce n’est qu’à cette occasion qu’ils peuvent «faire le point au président de la République qui prendra les décisions idoines et donner des directives pour que chaque ministère joue son rôle dans l’effectivité du service offert aux personnes handicapées et contenus dans la loi».
Les problèmes des personnes vivant avec un handicap, surtout celles à mobilité réduite, sont : l’inaccessibilité aux services publics ; d’où l’alerte sur les projets d’infrastructures de l’Etat. «Parmi les quatre problèmes prioritaires auxquels les personnes handicapées sont confrontées, il y a l’aménagement du cadre de vie général et de l’accessibilité. Le Sénégal est en voie de se doter d’infrastructures de nouvelles générations. Ces infrastructures sont destinées à l’usage des citoyens. Et, parmi eux, il y a des personnes vivant avec un handicap dont la spécificité doit être prise en compte. Les infrastructures doivent prendre en compte les standards internationaux et les normes architecturales», plaide Yatma Fall. Il est déjà connu, selon lui, que les personnes avec des handicaps peinent à accéder à l’emploi. Il est nécessaire de les privilégier dans l’octroi des fonds, clame-t-il. «Il faut rendre inclusifs les fonds existants (Der, Anpej… ), pour qu’ils aient une ligne dédiée aux personnes avec un handicap, pour prendre en compte la jeunesse. Nous sommes dans un environnement inaccessible ; et, malgré tout, il y a des jeunes avec un handicap diplômés des universités. Il faut un recrutement spécial pour eux. Il faut que le Fonds d’appui aux personnes vivant avec un handicap, prévu par la loi d’orientation sociale, soit fonctionnel. Il est aussi indiqué qu’avec cette loi, à chaque fois qu’il y a recrutement dans la fonction publique, 15% soit réservés aux personnes avec un handicap. Il faut que tout cela soit appliqués».
UN PROGRAMME NATIONAL, A LA PLACE DE LA CARTE D’EGALITE DES CHANCES
Conformément à une exigence de la loi d’orientation sociale, il est établi une Carte d’égalité des chances. Bien qu’importante, elle n’est pas accessible à tous les nécessiteux et ne garantit pas un total accés aux services sociaux de base, souligne Yatma Fall. «La Carte d’égalité des chances est un bon mécanisme pour la protection sociale. Cependant, elle pose deux problèmes liés à ses deux fonctions dont l’identification et l’accés aux services sociaux de base. Elle a été lancée le 30 avril 2015 ; ça fait maintenant 6 ans. Les personnes avec handicap sont estimées à 15% de la population nationale ; ce qui fait un total de 3 millions d’habitants. Mais, de 2015 à maintenant, on a produit moins de 70.000 cartes ; c’est un problème.
Le système de production est lent. Il faut qu’il soit revu. Les personnes avec handicap détentrices de la carte bénéficient de la Bourse de sécurité familiale et de la Couverture maladie universelle. Mais, ça ne règle pas l’accés aux services sociaux de base». Il est important donc, selon Yatma Fall, d’élargir ses compétences. «Les Associations de personnes vivant avec un handicap ont proposé comme solution que la carte soit érigée en Programme national avec un directeur qui aura les moyens techniques, logistiques, financiers et humains, pour lui permettre de se déployer partout dans le pays, pour aller la rencontre des personnes avec un handicap. L’avantage sera qu’on pourra avoir des statistiques fiables». La loi d’orientation sociale n°2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées a été adopté parce que les politiques de promotion et de protection sociale des personnes handicapées ont été, pour l’essentiel, guidées et sous-tendues par des dispositions internationales qui se sont révélées sans impact réel sur les cibles.
LE SENEGAL OBTIENT LES NOTES A- ET A2
Selon l’étude conduite par le cabinet BLOOMFIELD INVESTMENT, le Sénégal a obtenu à long terme la note A- et à court terme la note A2. Ce qui veut dire en d’autres termes que le Sénégal a une économie résiliente
Le rapport de la première notation financière en monnaie locale de l’Etat du Sénégal a été restitué hier, jeudi 30 septembre. Selon cette étude conduite par le cabinet BLOOMFIELD INVESTMENT, le Sénégal a obtenu à long terme la note A- et à court terme la note A2. Ce qui veut dire en d’autres termes que le Sénégal a une économie résiliente.
Le Ministre des finances et du budget Abdoulaye Daouda Diallo a présidé hier, jeudi 30 septembre la cérémonie de restitution du rapport de la première notation financière en monnaie locale de l’Etat du Sénégal. Cet exercice, conduit par le cabinet BLOOMFIELD INVESTMENT vise à améliorer la transparence du marché des titres publics, par une information de qualité sur la situation économique et financière des émetteurs et à favoriser son développement par un élargissement de la base des investisseurs.
A long terme, le Sénégal a eu la note A- ce qui correspond à risque faible et à court terme la note A2. «A l’issue de ce processus deux notes ont été établies. Une note à long terme et une note à court terme. La note à court terme établit la flexibilité financière du Sénégal à moins de 12 mois. La note à long terme établit les fondamentaux de l’économie sénégalaise. A long terme, le Sénégal a eu la note A- ce qui correspond à risque faible. Cela veut dire que l’économie du Sénégal est résiliente et a des fondamentaux assez solides pour absorber non seulement les chocs extérieurs, mais la capacité et la volonté à faire face à ses obligations financières à courts moyens et longs termes.
La note à court terme est de A2, une note d’investissement et veut dire qu’à court terme, le Sénégal a suffisamment de liquidités pour faire face à ces obligations à court terme», a expliqué, Kanisla Zeze, Pdg de Bloomfield. Selon lui, l’accent a été mis sur certains points notamment la soutenabilité de la dette. «On a un pays qui a une dette assez soutenable.
En regardant les ratios de la dette du Sénégal, il est le pays qui a des ratios qui sont les plus faibles en termes de gestion de la dette. Le service de la dette est raisonnable. Le stock de la dette par rapport au Pib est nettement en dessous de la norme communautaire qui est de 70%. Le Sénégal est à peu près à 62%», indique-t-il. Présidant cette cérémonie de restitution, le Ministre des finances et du budget Abdoulaye Daouda Diallo a relevé que le ratio d’endettement public reste contenu en-dessous du seuil de 70% du PIB imposé par les critères de convergence de l’UEMOA.
Selon lui, l’impact de cette hausse de la dette en 2020 a été atténuée par les économies réalisées au travers de l’adhésion à l’Initiative de Suspension du Service de la Dette multilatérale (ISSD) avec des reports d’échéances qui ont permis à l’Etat de réaffecter ses ressources sur les dépenses urgentes, en lien avec la crise. «Il s’y ajoute la gestion proactive du profil de la dette par le biais en particulier de rachats de dettes, en anticipation, en saisissant les opportunités offertes à cet effet, par l’évolution des conditions de financement sur les marchés de capitaux.
Au total donc, la trajectoire du déficit et la dynamique de la dette demeurent maitrisées. Un Comité national de la Dette publique a été instauré pour veiller à la coordination et à la mise en œuvre de la politique d’endettement ; pour s’assurer de la qualité des investissements», a-t-il laissé entendre.
CONTESTATION FAST TRACK
Le compte à rebours est en marche ! Vingt-quatre après la publication des listes électorales issues des dernières révisions exceptionnelles des listes électorales, les citoyens n’ont vraiment pas du temps à perdre
Au lendemain de la publication des listes électorales issues des dernières révisions exceptionnelles qui se sont déroulées du 31 juillet au 8 septembre 2021 dernier, une véritable course contre la montre va se jouer désormais pour les citoyens concernés par cette opération de contestation. Ceux, dont la demande (inscription, modification d’adresse électorale, radiation ou changement de statut) n’est pas prise en compte, ont juste trois jours à compter d’aujourd’hui pour introduire leur recours auprès du président du tribunal d’instance de leur ressort.
Le compte à rebours est en marche ! Vingt-quatre après la publication des listes électorales issues des dernières révisions exceptionnelles des listes électorales qui se sont déroulées du 31 juillet au 8 septembre 2021 dernier, les citoyens qui avaient profité de cette fenêtre pour s’inscrire ou demander des modifications sur leurs informations électorales n’ont vraiment pas du temps à perdre.
En effet, interpellé par Sud Quotidien sur les différentes étapes de la procédure après cette publication des listes électorales hier, jeudi 30 septembre, Ndiaga Sylla, expert électoral et président de la plateforme «dialogue citoyen pour la consolidation de la démocratie et la paix» a estimé que les citoyens concernés par ces révisions n’ont que trois (03) petits jours pour agir. «La publication des listes provisoires des mouvements issus de la révision exceptionnelle des listes électorales effective (hier, jeudi 30 septembre) au niveau des préfectures et mairies sera suivie de l’ouverture du contentieux à partir du 1er octobre. Chaque citoyen dont la demande (inscription, modification d’adresse électorale, radiation ou changement de statut) n’est pas prise en compte peut saisir le président du tribunal d’instance de son ressort», a-t-il d’emblée souligner avant de préciser que cette période de contentieux «ne dure que trois (03) jours».
Poursuivant son éclairage, le président de la plateforme «dialogue citoyen pour la consolidation de la démocratie et la paix» d’inviter dans la foulée les tous les citoyens concernés par les dernières révisions à aller «auprès des préfectures où sont affichées les listes pour voir si la demande qui avait été faite concernant, la radiation, le changement de lieu de vote, a été effectivement pris en compte dans cette liste provisoire publiée hier (mercredi)». Par ailleurs, ajoute encore Ndiaga Sylla, «en cas de constatation de la non prise en compte de sa demande, le citoyen pourrait former et déposer dans ce délai de 72h son recours auprès du président d’instance de son ressort». Lequel dispose également «48h pour statuer sur la requête et 24h pour notifier sa décision à l’intéressé et la commission administrative».
DEUX ANS DE DIALOGUE POUR RIEN
Loin de s’en tenir là, l’expert électoral a pointé du doigt le dialogue initié par le chef de l’Etat au lendemain de sa réélection à l’issue de la présidentielle de 2019 comme étant la principale cause de se resserrement des délais de le cadre du processus électoral en cours pour les prochaines élections municipales et départementales.
Estimant qu’en temps normal, la durée de la période contentieuse varie entre dix jours et un mois, Ndiaga Sylla confie: «la cause du rétrécissement du délai de la période de contentieux est liée au temps relativement court qui nous sépare du dépôt des listes de candidatures prévu pour la fin de ce mois d’octobre. Tout cela, c’est de la faute au dialogue politique qui a pris trop de temps pour peu d’accords. Pour la première fois dans notre histoire politique, les gens se sont concertés pendant deux ans pour parvenir à peu d’accord alors que pour les réformes les plus essentielles, les gens n’ont même pas fait deux mois de concertations».
DECES DU DETENU CHEIKH NIASS AUX URGENCES DE LE DANTEC
L’ASRED exige l’ouverture d’une enquête judiciaire
Enième décès d’un détenu encore en attente de jugement. Cheikh Niass est décédé aux urgences de l’hôpital Aristide Le Dantec, où il a été admis sur ordonnance du juge, aussitôt après lui avoir décerné un mandat de dépôt. Vu la récurrence de ce genre d’incidents qui sont souvent classés sans suite, l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociales des Détenus (ASRED) exige l’ouverture d’une enquête judiciaire pour situer les responsabilités.
Un détenu du nom de Cheikh Niass est décédé aux urgences de l’hôpital Aristide Le Dantec, où il a été admis sur décision du juge, qui a ordonné son évacuation immédiate après lui avoir décerné un mandat de dépôt. Ce énième décès au niveau des lieux de privation de liberté au Sénégal préoccupe l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociales des Détenus (ASRED). «L’ASRED précise que le détenu Cheikh Niass n’est jamais arrivé en prison et selon les dernières informations reçues par un ancien directeur de prison qui était sur place, le juge avait ordonné, après lui avoir décerné un mandat de dépôt, son acheminement direct aux urgences à l’hôpital Le Dantec où il a finalement rendu l’âme», explique l’ASRED dans un communiqué signé Ibrahima Sall, son président fondateur. Suffisant pour qu’elle exige l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire la lumière sur cette affaire. «L’ASRED constate une recrudescence des cas de décès dans les lieux de privation de liberté au Sénégal.» «De plus en plus, des détenus meurent comme des mouches et sans que personne n’en parle. Aucune suite logique, ni contre contre-expertise pour les besoins de l’autopsie n’est opérée.
Les familles des victimes n’obtiennent jamais gain de cause. Ainsi, nous exigeons l’ouverture d’une enquête judiciaire pour situer les responsabilités», Ibrahima Sall et Cie tiennent «à préciser que : la garde à vue est une mesure privative de liberté prise à l’encontre d’une personne suspectée d’avoir commis une infraction, lors d’une enquête judiciaire... La durée de la garde à vue est limitée. Le suspect à des droits en tant que gardé à vue dont celui d’être assisté par un avocat». Aussi appellent-ils au respect de l’effectivité du Règlement N°5 de l’UEMOA et au professionnalisme des Force de sécurité. «De plus, la première chose à respecter, c’est l’application du règlement numéro 5 l’UEMOA: le pouvoir de l’avocat qui est souvent violé. L’article 10 de la déclaration universelle des droits de l’homme sur le principe de présomption d’innocence est constamment violé. Le droit d’être assisté par un médecin n’est souvent pas pris en compte. Généralement, tous ces droits humains sont bafoués dans un pays qui est cité comme une exception démocratique en Afrique. Nous appelons également les agents de la Police et de la Gendarmerie à être beaucoup plus professionnels même si l’individu adopte un comportement de rebelle.»
ONLPL, REMPLACEMENT DU DEFUNT DOYEN DES JUGES SAMBA SALL ET DOSSIER DROGUE SAISIE AU PORT
L’ASRED indexe également l’Observatoire National des Lieux de Privation de Liberté (ONLPL) qui, selon elle, «a failli à sa mission de veiller au bien-être des gens qui sont sous les liens de la détention. Cette institution qui dépend directement du ministère de la justice ne peut pas dénoncer certaines pratiques. Elle doit être logée à la Présidence de la République avec un budget suffisant pour lui permettre de bien accomplir bien sa mission», recommande-t-elle dans le document. En outre, Ibrahima Sall et Cie demandent «un remplacement du Doyen des juges d’instruction décédé depuis 5 mois car les détenus qui sont dans ce cabinet souffrent énormément. L’exemple le plus patent est celui de la drogue saisie au port de Dakar. Depuis bientôt 03 ans, Ibrahima Thiam alias «Toubey» et les 11 autres détenus présumés innocents sont à Rebeuss et n’ont pas encore reçu la moindre notification», relève la même source. Tout en dénonçant la libération de leurs co-inculpés blancs dans ce même dossier du port, l’ASRED demande leur jugement rapide. «Ibrahima Thiam a perdu la totalité de ses biens, lui qui s’est rendu volontairement au cabinet du juge lorsqu’il a été cité dans cette affaire. Nous demandons à ce que ces derniers soient jugés le plus rapidement possible. L’ASRED fustige également dans ce dossier du port le fait que les blancs soient libérés et que les Sénégalais croupissent en prison».
SAMBE : MYTHES ET REALITES AUTOUR D’UN CHAMP DE BATAILLE
Jadis localité faisant partie de l’ancienne province du Mbayar, dans le royaume du Baol, Sambé est un village chargé d’histoire. Son refus d’être traversé par un roi lui a valu des batailles dont la plus connue reste celle qui l’avait opposé à Lat Dior
Jadis localité faisant partie de l’ancienne province du Mbayar, dans le royaume du Baol, Sambé est un village chargé d’histoire. Son refus d’être traversé par un roi lui a valu des batailles dont la plus connue reste celle qui l’avait opposé à Lat Dior Ngoné Latyr Diop en 1860. « Le Soleil » vous fait revisiter le champ de cette bataille qui reste un témoin de cette période ou Sambé était une terre de refus.
DIOURBEL- L’ambiance de Sambé est bon enfant en cet après-midi du samedi. Presque tout le monde a terminé l’essentiel de ses travaux champêtres de la journée. Raison pour laquelle certains jeunes occupent les espaces libres qu’ils transforment en terrain de football. D’autres, un peu plus âgés, sont au grand terrain du village où se tiennent les entrainements de l’équipe « navétane ». Tout le long de la nationale 3 qui traverse le village, des groupes de personnes, tous âges confondus, palabrent sous les arbres qui encadrent la route. Dans les maisons, les femmes s’affairent aux derniers travaux domestiques. Tenant une calebasse remplie de mil entre ses mains, Aïssatou Pouye, qui se rend au moulin, nous indique la maison dite « Keur Serigne Touba ». C’est le repère qu’a donné celui qui doit nous amener sur le champ de bataille.
Devant sa maison, où il a aménagé un champs d’haricots, Assane Ngom, natif de Sambé, taille élancé, l’air timide, précise que « contrairement aux localités sénégalaises qui sont dites « interdit de séjour » aux autorités publiques, Sambé refusait d’être traversé par les rois de l’époque ». Notre guide, Professeur d’histoire et de géographie de fonction, est l’actuel Principal du collège de Ndalla Gabou. Sambé, c’est un grand terroir qui commence entre la vallée morte du Sine et l’actuel village de Sambé-école au 12 siècle. Il se situe à huit km de Diourbel sur la route de Touba, dans la commune de Patar, au-delà du rond-point Gappo, après Khojil. De Sambé-école, aussi appelé Sambé Guente, fondé par Ndiapaly Coura Ngom, ont essaimé beaucoup de localités éponymes, en l’occurrence Sambé Niakhène, Sambé Digue, Sambé Tocassone, Darou Sambé, Sambé Sante Yalla, Sambé Peul 1, Sambé Peul 2, Sambé Mouride. Sambé-école ou Sambé Guente, qui était le chef-lieu de canton avant son transfert à Diourbel, abrite donc le site du champ de bataille qui a opposé le Damel du Cayor, Lat Dior Ngoné Latyr Diop, à la population de cette localité d’alors dirigée par Yacine Diop Gala.
Le champ de bataille de Sambé
Situé à environ un kilomètre à l’est de la nationale 3 qui transverse Sambé-école, le champ de bataille est devenu des terres cultivables. Mais, il garde certains témoins passifs, en l’occurrence les arbres et le puits. Ces symboles remplacent certes les originels, mais permettent d’indiquer des lieux stratégiques de cette bataille entre les troupes du Damel du Cayor et les habitants de Sambé. Faisant la géopolitique de cet affrontement qui a eu lieu en 1860, Assane Ngom explique que le Damel Lat Dior Ngoné Latyr se sentait à l’étroit au Cayor à cause de la présence des colons. C’est pourquoi il voulait se rendre, avec ses hommes, à Nioro du Rip, chez l’Almamy Maba Diakhou Bâ, en passant par le chemin le plus droit et proche en traversant le Sambé. Chose que les autochtones ont toujours refusé à tous les rois parce que, disaient-ils, le passage d’un roi était accompagné de pillage de biens, de captures des plus belles jeunes filles et plus solides jeunes garçons. Lat Dior voulait faire l’exception en vertu de sa puissance en tant que Damel du Cayor.
Dans ces champs de mil qui sont entre tallages et épiaison, le Professeur d’histo-géo raconte l’histoire de cette journée sanglante et indique du doigt l’emplacement des témoins passifs. Entre autres, il s’agit du grand tamarinier sur lequel était monté l’un des guerriers de Lat Dior, Madoumbé Mara. Par sa position stratégique sur cet arbre qui surplombait le champ de bataille, ce soldat abattait les gens de Sambé. Mais, il a été vite repéré et descendu par Diane Pouye, le plus brave des guerriers de Sambé.
Au-delà de ce tamarinier et des grands arbres dont des baobabs, des jujubiers et des acacias albida, le puits appelé « Diam Sambé », qui veut dire « paix à Sambé » en sérère, est aussi un symbole de cette bataille. Même si le puits originel a disparu, une autre source d’eau est apparue à quelques mètres et les populations l’ont entretenu en lui donnant le même nom de « Diam Sambé ». Un peu modernisé avec un couvercle en fer et toujours utilisé, ce puits date du début du 20 siècle. Très remarquable au milieu de cette brousse verte, le puits « Diam Sambé » était aussi un enjeu lors de la bataille de Sambé. En fait, selon le récit d’Assane Ngom, chacun des protagonistes voulait l’avoir derrière son cantonnement pour permettre à ses combattants de s’abreuver convenablement mais également empêcher à ses adversaires d’y accéder. À l’en croire, Lat Dior et ses hommes ont perdu cette bataille contrairement à ce que racontent certains. « La preuve, Lat Dior s’était replié chez son ami Moussa Diouf, à Kaba, une autre localité du Mbayar, avant de retourner au Cayor et ensuite se rendre à Nioro du Rip en passant par un autre chemin autre que Sambé », argumente-il, le visage illuminé comme pour montrer qu’il est fier de ses aïeux qui ont gagné contre un roi réputé puissant comme Lat Dior.
Le Tam-tam mystérieux « Diam Sambé »
Parler de Sambé sans évoquer son tam-tam mystérieux, dénommé lui aussi « Diam Sambé », qui se battait tout seul, est impossible. Il revient dans tous les récits de l’histoire de ce village qui date du Moyen Âge. Assane Ngom rapporte que cet instrument mystérieux qui a mystérieusement disparu en 2010 serait ramassé par le chasseur Diéno Diass Kab. En effet, dit-il, lors d’une partie de chasse, Diéno Diass Kab avait tiré sur un phacochère. Sachant qu’il a blessé l’animal, le chasseur l’a suivi dans la brousse, espérant qu’il allait succomber à ses blessures. C’est ainsi qu’il a découvert que le phacochère rejoignait sa famille qui, par une musicothérapie, avec un tam-tam, était parvenue à soigner la plaie en un laps de temps. C’est ainsi que Diéno Diass Kab tira en haut pour disperser les phacochères et récupérer le tam-tam, poursuit M. Ngom. Il confia ensuite cet instrument à un griot sur la demande de ce dernier. « C’est un tam-tam qui a certes des pouvoirs mystiques, mais un noble ne garde pas de tam-tam ; laisse-nous le garder », lui avait dit le griot, selon Assane Ngom. Depuis lors, la garde de ce mystérieux tam-tam est confiée à des familles de griots dans le Sambé. Ainsi, de Mbessa Dibore Faye, le premier conservateur, à Cheikh Abdou Faye, le dernier conservateur, qui est décédé il y a environ deux ans, le tam-tam « Diam Sambé » est passé entre les mains de 15 conservateurs avant de disparaitre mystérieusement en 2010, renseigne le principal du Cem de Ndalla Gabou. Revenant sur certains miracles que ce tam-tam savait faire, l’enseignant raconte avec beaucoup de joie que c’était un instrument qui annonçait certains évènements du village à l’image de la traditionnelle séance de lutte qui se tient à Ngalo Back. « Il était toujours accroché au baobab qui surplombait les lieux. Quand la séance de lutte devait commencer, le tam-tam donnait le coup d’envoi et il tombait à terre pour annoncer la fin de la cérémonie », rapporte-il, entre autres faits marquants de ce tam-tam mystérieux qui, comme un être vivant, laisser couler du sang s’il était égratigné.
Légendes et moments fondateurs de Sambé
Sambé signifie, dans le dialecte sérère local, « nid d’oiseau ».
Selon donc la légende des moments fondateurs rapportée par Assane Ngom, dans la localité de l’actuel Sambé-école résidait un charognard qui y avait construit un grand nid. D’après ce dernier, à chaque fois que ce vautour était sur son nid, il chantait les bienfaits que renferme la zone. « Cette terre est bénie et regorge de beaucoup de trésors. Heureux seront les habitants », chantonnait l’oiseau. Comprenant le message, Ndiapaly Coura Ngom y alluma un grand feu tout au long d’une nuit avant de s’installer définitivement. À en croire M. Ngom, Ndiapaly Coura Ngom est donc le premier habitant de Sambé Guente.
En réalité, dit-il, Mbabo, père de Thiolté Mbamane, qui était éleveur, avait un gros cheptel. Il était donc transhumant. Par conséquent, il fréquentait juste la zone du Sambé. D’ailleurs, il est resté quelques années sans venir dans la localité. C’est en ce moment que « Ndiapaly qui venait d’une localité de la vallée morte du Sine s’est marié à Thiolté Mbamane qui a donné naissance à deux enfants, un garçon, Sengado Ndiapaly, et une fille nommée Diamané Ngom. D’ailleurs, le bois sacré de Sambé qui était son refuge porte son nom. Elle était possédée par les djinns. Et quand elle avait des problèmes, elle entrait dans le buisson qui est devenu bois sacré », explique M. Ngom. Par la suite, Thiolté Mbamane va divorcer d’avec Ndiapaly Coura Ngom et contracter un second mariage. De cette union naquit un garçon qui s’appelait Diéno Diass Kab. C’est ce dernier qui a ramassé le fameux tam-tam.
LE CASSE-TETE DES RAPATRIEMENTS
Perdre un être cher, c’est douloureux. Ne pas pouvoir rapatrier son corps, c’est encore plus terrible. Pays d’émigration, le Sénégal est souvent confronté à ce genre de problème
Dans l’expectative, la famille d’Ibrahima Niang, brillant basketteur sénégalais des années 1970-1980, décédé depuis le 7 septembre aux Etats-Unis, peine toujours à faire son deuil, pour défaut de rapatriement du corps. Un cas qui remet au goût du jour le lancinant problème du rapatriement des corps des Sénégalais décédés dans leur pays d’accueil.
Perdre un être cher, c’est douloureux. Ne pas pouvoir rapatrier son corps, c’est encore plus terrible. Pays d’émigration, le Sénégal est souvent confronté à ce genre de problème. Il n’est pas rare de voir ses ressortissants ruer dans les brancards pour appeler à l’aide, afin de pouvoir rapatrier un proche, ami, ou même simple connaissance, dans le seul but de permettre à la famille de faire son deuil et de respecter la volonté ‘’naturelle’’ du défunt d’être enterré dans son pays natal. Le dernier cas en date, qui en émeut encore plus d’un dans la communauté sénégalaise aux Etats-Unis, c’est celui d’Ibrahima Niang, ancien international de basketball, ancien champion d’Afrique, joueur de l’Asfa dans les années 1970-1980.
Décédé depuis le 7 septembre dernier à San Antonio, son corps n’a toujours pas été rapatrié. A travers un audio partagé sur WhatsApp, des membres de l’Association des Sénégalais d’Amérique lançaient une campagne de Fundraising, pour porter secours à la famille. Leur ‘’porte-parole’’ revient sur les circonstances de leur saisine : ‘’C’est un Sénégalais du nom de Tamsir Momar Ndiour qui m’a appelé pour me dire qu’il a appris le décès d’un compatriote au niveau du Texas… L’association fait le maximum pour que le corps soit emmené ici à New York, afin d’être rapatrié au Sénégal. A notre niveau, nous tendons la main à tous les Sénégalais. Nous allons donner le numéro de l’association pour que les bonnes volontés puissent envoyer leur contribution…’’
Pendant ce temps, la famille restée au Sénégal, au quartier Thiokho de Rufisque, se trouve toujours dans l’expectative. Joint au téléphone, hier, par ‘’EnQuête’’, Ousseynou Niang, frère cadet du défunt, saluant la forte mobilisation des Sénégalais basés aux Etats-Unis, finit par lâcher : ‘’Nous, nous avons juste besoin de son corps pour faire notre deuil. Ses frères sénégalais qui sont là-bas ont tout fait pour mobiliser les fonds nécessaires. Maintenant, c’est surtout sa femme qui constitue un obstacle. Ibrahima est un digne fils du Sénégal ; il a rendu tous les services à son pays ; ses parents sont là ; ses enfants sont là. Je pense que l’Etat doit déployer les moyens pour nous aider à lever tous les obstacles qui s’opposent à son rapatriement.’’
Pendant que la communauté sénégalaise n’a pas fini de pleurer la disparition du Rufisquois, elle a appris la mort d’un autre compatriote. Pour ce dernier cas, le rapatriement est encore plus compliqué. Aucun de ses parents n’a été identifié. ‘’C’est la police qui nous a informés. Nous avons vérifié et avons les preuves qu’il s’agissait bien d’un Sénégalais qui s’appelle Kefa Dira. Son voisin qui l’a découvert est un Ougandais et il a certifié que c’est un Sénégalais et un musulman qui priait. Malheureusement, nous ne connaissons aucun de ses proches. Et on ne peut l’emmener au Sénégal sans connaitre ses proches. Puisque c’est un musulman, notre devoir est de le préparer et de l’inhumer dans les concessions funéraires, avant qu’il ne soit incinéré, si ses proches ne se montrent pas’’.
Boubacar Sèye : ‘’Ce fonds de solidarité est nécessaire pour parer à de tels évènements’’
Ces cas signalés aux Etats-Unis illustrent suffisamment toute la problématique du rapatriement des corps des Sénégalais décédés à l’étranger. Selon Boubacar Sèye, Président de l’ONG Horizon sans frontières, il urge de trouver des réponses structurelles à cette lancinante problématique. Il déclare : ‘’C’est un grand problème pour nous de la diaspora. Chaque fois que nous avons un corps, c’est la croix et la bannière pour mobiliser des fonds nécessaires pour la prise en charge des frais de gestion techniques et administratifs. Généralement, ce sont les Dahiras et autres associations qui font des quêtes, mais avec la crise c’est devenu très compliqué. Les gens n’ont plus de quoi donner. Ce qui remet au goût du jour les propositions pour une prise en charge structurelle de cette problématique.’’
Selon lui, son organisation avait, depuis 2015, fait des propositions dans ce sens. Mais hélas, l’initiative avait fait l’objet de sabotage. ‘’C’est bien beau de toujours indexer la responsabilité de l’Etat. Et à juste raison. Mais il faut aussi déterminer quel est notre part de responsabilité. Quand l’Etat faillit dans l’assistance due à ses citoyens, il faut réfléchir à mettre en place des solutions alternatives, puisque nous sommes les principales victimes. C’est en ce sens que nous avions préconisé de mettre en place un fonds, à raison d’un euro par personne. Si on le fait, aucun corps ne va trainer. Mais les gens étaient là à critiquer’’.
Revenant sur la responsabilité de l’Etat, le fervent défenseur des migrants insiste : ‘’Sa responsabilité est entière. Il devrait y avoir un fonds pour prendre en charge cette préoccupation. Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes toujours là à nous démerder tout seuls. Le dernier cas en date est celui de Souleymane Ndiakhté, à Barcelone. Avec son frère, on a fait le tour des télés. Je pense qu’avec tout ce que fait la diaspora, l’Etat doit les assister. Sinon, il faut qu’on s’organise nous-mêmes. C’est mieux que les quêtes qui sont un peu aléatoires et pas toujours évidentes.’’ Et de lancer un appel à ses amis : ‘’C’est une erreur de penser que nous ne sommes pas concernés. A tout moment, la mort peut frapper, puisqu’on passe la majeure partie de notre temps dans un pays qui n’est pas le nôtre. Donc, ce fonds de solidarité est nécessaire pour parer à de tels évènements.’’
Cela dit, pour Boubacar Sèye, au-delà de la prise en charge du rapatriement, le défi est d’assister les familles qui se retrouvent parfois dans un dénuement total. ‘’On n’en parle pas trop, mais c’est des drames derrière certaines disparitions. Certains enfants et veuves sont laissés à eux-mêmes. Les enfants peinent même à aller à l’école dans certains cas. C’est un problème assez complexe. Un euro c’est symbolique et cela aurait pu permettre de prendre en charge beaucoup de problèmes’’.
450 millions FCFA logés dans le fonds de secours
Mis au banc des accusés, l’Etat nie en bloc. Selon le directeur général des Sénégalais de l’extérieur, Amadou François Gaye, il existe bel et bien un fonds qui permet les rapatriements au niveau du ministère des Affaires étrangères. ‘’Pratiquement, souligne-t-il, chaque deux, trois jours, des corps sont rapatriés grâce à nos soins. Le dernier en date, c’est avant-hier, avec deux corps qui venaient du Maroc. Il y a un fonds disponible au niveau du ministère pour ce genre de dossier’’.
En fait, se défend-il, le problème de certains, c’est qu’ils ne passent pas par le consulat pour demander de l’aide. ‘’Ils font directement leurs quêtes auprès des différentes associations. On ne peut donc pas en vouloir au ministère qui n’est même pas saisi. Ceux qui nous saisissent ont très souvent un traitement très diligent de leur dossier. On le prend même en procédure d’urgence’’, souligne le DGSE.
Sur la procédure pour accéder à cette assistance, il explique : ‘’Il faut écrire une lettre au consulat général de la localité où vous vous trouvez. Vous l’adressez au ministre et on va le traiter dans les plus brefs délais. Moi, dès qu’on me l’envoie, je le traite de façon très urgente. Maintenant, il faut aussi souligner qu’il y a des associations qui ont parmi leurs missions le rapatriement de corps. Et les gens cotisent pour ça et cela nous soulage. Parce que le fonds n’a pas beaucoup d’argent et, par moments, ça peut être difficile.’’
De l’avis du directeur général, c’est la Caisse de secours qui permet de prendre en charge cette question. ‘’Au temps de Wade, fait-il remarquer, cette caisse était de 40 millions F CFA. Maintenant, c’est de 540 millions. C’est un fonds logé au niveau du ministère’’.
A propos des montants nécessaires au rapatriement des corps, il précise : ‘’Tout dépend des pays. Parfois 3 000 euros, jusqu’à 6 000 euros dans d’autres pays.’’
Dans la plupart des pays concernés, si un corps n’est pas rapatrié, c’est soit la location d’une concession funéraire soit l’incinération tout court. Et les coûts sont parfois exorbitants.
PROFIL IBRAHIMA NIANG Un des plus doués de sa génération
Peu connu des générations actuelles, le colosse Ibou Niang, de son vrai nom Ibrahima Niang, a eu à épater le monde du basket sénégalais et africain dans les années 1970-1980. Journaliste indépendant, Ndiapaly Guèye n’a pas tari d’éloges dans un hommage rendu à l’adjudant-chef, ancien joueur de l’Asfa. Il déclare : ‘’Le Sénégal vient encore de perdre l'un de ses plus valeureux fils. En effet, l'ancien international de basketball sénégalais était le plus doué de sa génération. L'un des plus grands basketteurs sénégalais de tous les temps. Cette génération dorée de basketteurs des années 1970-1980 de l'Asfa dont ses joueurs militaires constituaient l'ossature de notre équipe nationale qui nous aura permis de remporter énormément de titres continentaux.’’
Ibou Niang de Rufisque, estime le journaliste, était la principale figure de proue qui étonnait toujours par sa dextérité et sa technicité. ‘’Il aura toujours répondu aux grands rendez-vous sportifs avec son club l'Asfa et la sélection nationale. Ce qui caractérisait le grand footballeur brésilien Garrincha à la fin des années 1950 à 1970, le caractérisait aussi dans le basketball. Ils faisaient correctement leur job, puis se taisaient’’.
Parti aux Etats-Unis au début des années 2000, selon son frère Ousseynou Niang, il est resté toujours égal à lui : un frère protecteur, un ami fidèle et un grand patriote. Monsieur Guèye ne dit pas le contraire. Dans son témoignage, il déclare : ‘’Nous avons eu à partager beaucoup de choses. D'abord, à l'intendance militaire où il passera et obtiendra tous ses diplômes en administration. Puis aux États-Unis, à San Antonio - Texas - où tous les weekends, il passait nous encourager, nous stagiaires sénégalais que nous étions. Car il aura été notre devancier à la Defense Language Institute (DLI). Ses conseils nous faisaient redoubler d'efforts, car le stress était à son paroxysme.’’
Né en 1951, il est décédé le 7 septembre, à l’âge de 70 ans, laissant derrière lui trois enfants qui vivent au Sénégal.
PARCOURS PRODIGIEUX D’UNE CINEASTE QUI SE LIBERE
Connue pour son professionnalisme dans le domaine du journalisme, Mame Woury Thioubou a aussi la cote dans le monde du 7e art où elle est régulièrement primée.
Connue pour son professionnalisme dans le domaine du journalisme, Mame Woury Thioubou a aussi la cote dans le monde du 7e art où elle est régulièrement primée. Timide, elle a réalisé plusieurs films documentaires pour se libérer et donner son point de vue par rapport à des sujets sociétaux. Elle se prépare pour le Festival panafricain de la télévision et du cinéma de Ouagadougou. Son film est sélectionné et concourt dans la catégorie Documentaire.
Elle est petite de taille, mais grande par l’esprit. Elle fait partie de ces femmes qui revendiquent le naturel. Admirable, elle s’affiche sans maquillage. Elle est une réalisatrice qu’on ne présente plus, mais également une journaliste aguerrie. Elle, c’est Mame Woury Thioubou, une brave dame qui excelle dans ses domaines. Elle a étudié la géographie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, après l’obtention du baccalauréat. Elle poursuit ses études jusqu’au DEA, sans faire sa soutenance. Malgré une Maîtrise en géographie, elle passe quelques années sans emploi, avant de décrocher un stage en journalisme au journal ‘’le Quotidien’’ où elle est désormais chef du desk Culture.
Trouvée aux HLM dans une maison calme, elle nous accueille avec l'hospitalité légendaire sénégalaise, dans son salon, pour retracer son parcours. Vêtue d’un jean bleu assorti d’un t-shirt, souriante avec ses belles dreadlocks, elle se remémore d’une voix basse, mais assez audible : ‘’J’avais envie de découvrir le journalisme, parce que j’avais une sœur journaliste. Quelque temps après avoir commencé mon stage, une autre opportunité s’est présentée. La mairie de Matam a fait appel à moi.’’
Mame Woury Thioubou quitte ainsi la capitale sénégalaise et s’installe au nord-est du pays où elle a travaillé sur un programme d’ONU habitat : Environnement et développement durable. Elle profite de sa présence à Matam pour continuer de travailler, en même temps, pour le compte du ‘’Quotidien’’, en tant que correspondante. Ayant la volonté d'apprendre et de se perfectionner, elle participe à un programme de formation en journalisme destiné aux correspondants. ''J'ai été retenue pour ce programme-là. Entre-temps, j’étais revenue à Dakar. Mais, dans le cadre de ce programme, pendant une année, chaque mois, je passais une semaine à l’université Gaston Berger de Saint-Louis’’, a expliqué Mame Woury Thioubou.
C’est d’ailleurs dans cette université qu’est née sa fascination pour le 7e art. ‘’Pendant que je faisais cette formation (en journalisme), je rencontrais des gens qui faisaient le Master de réalisation de films documentaires. Attirée par les caméras et les micros, je me suis inscrite en Master. Et j’ai présenté un projet qui sera finalement retenu’’, a relaté Mme Thioubou qui a ainsi parvenu à décrocher son Master II de réalisation de documentaires de création. Son statut de journaliste lui permet-elle d’avoir une certaine facilité à réaliser des documentaires ? Oui et non, va-t-on dire.
En effet, même s’il y a des similitudes entre les deux domaines, elle insiste sur leur différence. ‘’C’est à la fois complémentaire et différent'', dit-elle. ‘’Complémentaire, parce qu’avant de faire un film documentaire, il faut se renseigner, faire un minimum d’études, de recherches sur le sujet. Et donc, le plus souvent, avant de faire un film, je vais d'abord écrire un article. Ça me permet d’entrer en contact avec les personnages, de me familiariser avec le sujet et de savoir un peu quel angle donner à mon film’’, a expliqué la réalisatrice. La différence, selon elle, c’est qu’en documentaire de création, le réalisateur n’est pas obligé d’être objectif ou de respecter l’équilibre. ‘’En documentaire de création, on a un point de vue qu’on veut faire passer’’, a-t-elle affirmé. Cette capacité de Mame Woury Thioubou à prendre position à travers ses films documentaires, on le retrouve dans la production qu’elle vient de terminer. Il s’agit de son dernier film sur la situation carcérale au Sénégal. ‘’Rebeuss : chambre 11’’ s’appuie sur la mort par électrocution de deux jeunes prisonniers, Cheikh Ndiaye, âgé de 18 ans, et Babacar Mané, 19 ans. ‘’L’Administration pénitentiaire a brandi la thèse de l’accident ; la famille se contente du ‘’ndogalou Yalla’’ (volonté de Dieu, en wolof). Mais moi, dans mon film, je dis que c’est l’Etat et l’Administration pénitentiaire qui sont responsables de ces morts. J’ai pris le parti de montrer, de mettre en avant des personnages (anciens prisonniers, parents d’un jeune qui est mort en prison, etc.) et des situations qui permettent d’étayer cette théorie’’.
Presque dans tous les films de Mme Thioubou, il y a cette dimension sociale du documentaire. Est-elle une voix des sans voix ? ‘’Je réagis avec ma sensibilité d’être humain. Il y a des choses qui me touchent, comme tout le monde’’, a dit la documentariste, en toute humilité. Talentueuse, elle a été plusieurs fois honorée à l’occasion de grands festivals de cinéma. D’ailleurs, son film ‘’5 étoiles’’ (2019), avec lequel elle a déjà remporté plusieurs prix, est sélectionné à la prochaine édition du Festival panafricain de la télévision et du cinéma de Ouagadougou (Fespaco 2021).
Fatou Kiné Sène : ‘’Tous les films qu’elle a réalisés interpellent son quotidien…’’
Une première rencontre suffit pour savoir que Mame Woury Thioubou est timide. Mais elle prend toujours de l’assurance. Et elle s’en sort plutôt bien, même si elle ne l’admet pas. ‘’Je suis hyper timide. Je suis quelqu’un qui ne va pas facilement vers le gens. Je suis obligée de me faire violence, quand il faut aller en repérage, trouver des personnages. C’est compliqué’’, a-t-elle reconnu. ‘’J’utilise toutes sortes de subterfuges. C’est pourquoi être journaliste m’a beaucoup aidée. Il faut gagner la confiance des gens, parce que le documentaire de création, c’est filmer des relations. Il faut d’abord tisser une relation avec la personne qu’on a envie de filmer. Et c’est cette relation-là qu’on va filmer plus qu’autre chose. Au départ, il y a la sensibilité, mais après, les choses s’alignent de telle sorte que ça soit possible. C’est pourquoi, quand on fait un documentaire de création, on a toujours les yeux et les oreilles ouverts, a-t-elle ajouté. Elle explique qu’en réalisant ‘’5 étoiles’’, c’est ainsi qu’elle a pu entrer en contact avec la première personne qu’elle a rencontrée. Il s’agit d’un jeune Sénégalais migrant qui a traversé la Libye, le Mali et la Méditerranée. C’était à Lille, dans un squat. ‘’Ce n’est pas un lieu anodin où l’on peut entrer n’importe comment. Il faut être accepté par les gens. C’est un lieu dangereux, fréquenté par toutes sortes de personnes’’, dit-elle.
Journaliste à l’APS et présidente de la Fédération africaine des critiques de cinéma (Facc), Fatou Kiné Sène connait bien Mame Woury Thioubou avec qui elle partage la passion pour la culture. Elle témoigne : ‘’Mame Woury, c’est une femme très calme, très timide et très compétente aussi. Par rapport à ses objectifs, elle connait bien ce qu’elle veut et où elle veut aller avec le cinéma surtout’.’ En ce qui concerne sa filmographie, Fatou Kiné Sène estime qu’elle permet à la réalisatrice de se libérer. ‘’Parce que c’est une personne qui est très timide, réservée, qui parle à travers son cinéma. Et elle ne parle que des choses qui la concernent, qui l’interpellent, qui la touchent’’, soutient-elle. Madame Sène donne l’exemple de ‘’Face-à-Face’’, Ebène du meilleur film au festival du film de quartier 2009 (FIFQ, Dakar). C’est la première réalisation de Mame Woury Thioubou. Ce film parle de la beauté. ‘’Qu’est-ce qu’il faut regarder chez la personne ? C’est une chose qu’elle a eu à dire lors d’une interview qui lui a permis un peu de se libérer face aux brimades qu’elle a eu à subir dans son enfance et sa jeunesse, par rapport à sa personnalité’’. Le film se résume ainsi : ‘’Toute mon enfance, j’ai souffert de mon apparence physique. Les autres me trouvaient moche et me le disaient. Aussi, Saint-Louis a-t-elle de tout temps cristallisé mes rêves d’enfants. Aujourd’hui que je suis dans cette ville de charme, de beauté et d’élégance, je pose ma caméra. C’est pour interroger la beauté des femmes.’’
Appréciant ‘’5 étoiles’’, Fatou Kiné Sène déclare : ‘’C’est un film sur l’émigration. Mais, au-delà, c’est un film sur l’héritage colonial avec le statut de Faidherbe qui est tombé à Dakar et qui est resté debout en France. C’est aussi un questionnement sur notre rapport à la France, à l’Europe de manière générale.’’
‘’Fiifiiré en Pays Cuballo’’ a également quelque chose de personnelle, parce qu’il parle du peuple des pêcheurs traditionnels de la vallée du fleuve Sénégal. ‘’Tous les films qu’elle a réalisés interpellent son quotidien, sa vie ou celle de sa communauté. Et à travers ça aussi, pour elle, le cinéma est une thérapie’’, conclut Mme Sène.
Par ailleurs, aussi prolifique soit Mame Woury Thioubou dans ses réalisations, elle affirme qu’il y a des problèmes de financement. ‘’On veut bien faire des films. Ce n’est pas les idées qui manquent. Mais il y a toujours des problèmes de financement. Au Sénégal, il n’y a qu’un seul fonds, c’est le Fopica. L’Etat a préféré l’utiliser pour autre chose. Permettre aux cinéastes d’accéder au financement, c’est vraiment la meilleure façon de les aider. Les télévisions aussi n’achètent pas nos films. Elles veulent qu’on fasse tout et qu’on leur offre nos films. Ce n’est pas possible. C’est ça le grand problème’’, regrette-t-elle. ‘’On aimerait que nos films soient vus ici par les populations. S’ils ne passent pas dans les festivals, les gens ne les voient pas. On réalise des films avec les personnes qui sont ici. Donc, on a envie que nos concitoyens les regardent. Ces films parlent de nos sociétés. On est obligé de chercher des mécènes, mais c’est toujours compliqué. Les gens préfèrent soutenir un meeting ou une soirée’’, se désole la jeune cinéaste.
XËYU NDAW NII, 683 JEUNES ENTRENT EN FONCTION
Quelque 683 jeunes de la région de Fatick ont été recrutés d’urgence grâce au Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes appelé ‘’Xëyu Ndaw Nii’’, a révélé la manistre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall.
Fatick, 1er oct (APS) - Quelque 683 jeunes de la région de Fatick ont été recrutés d’urgence grâce au Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes appelé ‘’Xëyu Ndaw Nii’’, a révélé la manistre de la Jeunesse, Néné Fatoumata Tall.
‘’Cette région compte 683 jeunes recrutés dans des secteurs divers comme le cadre de vie, la santé, le tourisme, le sport, l’environnement, le service civique, les animateurs socioéducatifs’’, a-t-elle noamment déclaré.
Elle intervenait jeudi à la cérémonie officielle de signature de contrats, d’octroi de financement et de bon de formation organisée dans le cadre de l’exécution dudit programme à Fatick.
’’Pour ce qui est des bons de formation, a-t-elle souligné, la région a déjà reçu 153 bons de formation pour un montant de 62 millions de francs CFA’’.
Au sujet du financement de l’entrepreneuriat et de l’autonomisation des femmes et des jeunes, la ministre a assuré que la Délégation à l’entrepreneuriat rapide pour les jeunes et les femmes (DER/FJ) avait financé 37 projets pour enveloppe globale de 12 millions 575 mille francs CFA.
S’adressant aux jeunes bénéficiaires de ce programme venus en masse prendre part à cette cérémonie, elle a souligné, que la République attend d’eux ‘’un engagement constant, patriotique dans les actions de promotion du civisme et du développement de la citoyenneté.
‘’Ensemble nous amorçons une entreprise sanitaire pour le développement du Sénégal’’, a-t-elle ajouté, rappelant que le programme ‘’XËYI NDAW NII’’ table sur le recrutement de 65000 jeunes sur l’ensemble du territoire nationale.
Ce programme est doté d’une enveloppe de 450 milliards de francs CFA d’ici à 2023.
Le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’insertion Dame Diop et son collègue chargé des Sports et maire de la commune de Fatick, Matar Bâ ont pris part à la cérémonie.
Des élus locaux, les présidents de conseils départementaux, et les autorités administratives de la région ont pris part aussi à la cérémonie.
MA THESE EN 180 SECONDE, AMINATA SOURANG MBAYE DIOUF VICE-CHAMPIONNE DU MONDE
L’étudiante Aminata Sourang Mbaye Diouf de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, âgée de 26 ans, a été sacrée vice-championne du monde du concours ’’Ma thèse en 180 secondes’’.
L’étudiante Aminata Sourang Mbaye Diouf de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, âgée de 26 ans, a été sacrée vice-championne du monde du concours ’’Ma thèse en 180 secondes’’. Elle avait présenté le trophée remporté au niveau national au Recteur, le mercredi 7 juillet, selon un communiqué parvenu à notre rédaction. Le Pr Ahmadou Aly Mbaye avait exprimé toute sa satisfaction pour cette distinction de l’UCAD à travers l’Ecole Doctorale Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion (ED-JPEG) dont la lauréate en est une pensionnaire.
« C’est un grand moment pour notre université. Cette distinction montre le niveau de la qualité de notre enseignement et de notre recherche. Le fait que ce soit une doctorante ajoute toujours à notre fierté », se réjouissait le Recteur avant de poursuivre pour dire que l’UCAD tient sa place dans le leadership national.
Le trophée reçu dans un contexte particulier à l’Université, la lauréate, fille de notre confrère Mbaye Diouf du ministère de la Santé, déclarait que c’est une lumière qui doit guider les apprenants. « C’est un message à tous mes camarades étudiants qu’avant toute chose, c’est le travail, la réussite dans les études. Ça doit être notre premier objectif », disait-elle.
Ayant assuré l’encadrement de la vainqueur, Pr Françoise Dieng pense, pour sa part, que son étudiante peut être donnée en modèle. Elle soutient ne pas être surprise par cette distinction car, estime-t-elle, l’étudiante a toujours été sérieuse. Toutefois, vu que la lauréate doit représenter le Sénégal en France, Pr Dieng n’avait pas manqué de plaider pour un appui à la hauteur du challenge.
« Je compte vraiment sur le soutien des autorités académiques et pourquoi pas de l’État, pour qu’elle soit bien accompagnée, parce que vraiment elle le mérite », lançait l’universitaire. Aujourd’hui les faits lui donnent raison. Son étudiante a porté haut le flambeau de l’université sénégalaise.