LOI D’ORIENTATION SOCIALE ET PRISE EN CHARGE DES PERSONNES VIVANT AVEC UN HANDICAP
Yatma Fall demande un conseil présidentiel sur la question

En Conseil des ministres avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, le président de la République, Macky Sall, a demandé l’évaluation de la loi d’orientation sociale visant à assoir le respect des droits des personnes vivant avec un handicap. Pour le président de la Fédération sénégalaise des Associations des personnes handicapées, Yatma Fall, il faut aller bien au-delà en tenant un Conseil présidentiel sur la question.
Le chef de l’Etat a invité «le ministre de la Santé et de l’Action sociale à engager, avec les acteurs concernés, l’évaluation de l’application intégrale de la loi d’orientation sociale». C’était avant-hier, mercredi 29 septembre 2021, en Conseil des ministres. Tout en saluant une telle requête formulée à une occasion telle que le Conseil des ministres, le président de la Fédération sénégalaise des Associations de personnes handicapées, Yatma Fall, juge qu’une évaluation ne saurait suffire. «Les organisations des personnes vivant avec un handicap demandent la tenue d’un Conseil présidentiel sur la question. La prise en charge est transversale, multisectorielle et pluridisciplinaire. On a dépassé le temps qu’elle était seulement sociale. Maintenant, elle est devenue une question de droits humains.
Le handicap, c’est aussi un problème de transport, d’accessibilité aux bâtiments publics. C’est aussi une question d’habitat, d’une éducation inclusive et de la santé. Ces points sont du ressort du ministère des Transport, de la Justice et celui de l’Habitat. Donc, plusieurs secteurs sont concernés et sont dirigés par des ministres différents. Celui de la Santé n’a pas les prérogatives à donner des ordres à ses collègues.
En l’absence d’un Premier ministre, il nous faut un Conseil présidentiel», soutient Yatma Fall. Pour lui, ce n’est qu’à cette occasion qu’ils peuvent «faire le point au président de la République qui prendra les décisions idoines et donner des directives pour que chaque ministère joue son rôle dans l’effectivité du service offert aux personnes handicapées et contenus dans la loi».
Les problèmes des personnes vivant avec un handicap, surtout celles à mobilité réduite, sont : l’inaccessibilité aux services publics ; d’où l’alerte sur les projets d’infrastructures de l’Etat. «Parmi les quatre problèmes prioritaires auxquels les personnes handicapées sont confrontées, il y a l’aménagement du cadre de vie général et de l’accessibilité. Le Sénégal est en voie de se doter d’infrastructures de nouvelles générations. Ces infrastructures sont destinées à l’usage des citoyens. Et, parmi eux, il y a des personnes vivant avec un handicap dont la spécificité doit être prise en compte. Les infrastructures doivent prendre en compte les standards internationaux et les normes architecturales», plaide Yatma Fall. Il est déjà connu, selon lui, que les personnes avec des handicaps peinent à accéder à l’emploi. Il est nécessaire de les privilégier dans l’octroi des fonds, clame-t-il. «Il faut rendre inclusifs les fonds existants (Der, Anpej… ), pour qu’ils aient une ligne dédiée aux personnes avec un handicap, pour prendre en compte la jeunesse. Nous sommes dans un environnement inaccessible ; et, malgré tout, il y a des jeunes avec un handicap diplômés des universités. Il faut un recrutement spécial pour eux. Il faut que le Fonds d’appui aux personnes vivant avec un handicap, prévu par la loi d’orientation sociale, soit fonctionnel. Il est aussi indiqué qu’avec cette loi, à chaque fois qu’il y a recrutement dans la fonction publique, 15% soit réservés aux personnes avec un handicap. Il faut que tout cela soit appliqués».
UN PROGRAMME NATIONAL, A LA PLACE DE LA CARTE D’EGALITE DES CHANCES
Conformément à une exigence de la loi d’orientation sociale, il est établi une Carte d’égalité des chances. Bien qu’importante, elle n’est pas accessible à tous les nécessiteux et ne garantit pas un total accés aux services sociaux de base, souligne Yatma Fall. «La Carte d’égalité des chances est un bon mécanisme pour la protection sociale. Cependant, elle pose deux problèmes liés à ses deux fonctions dont l’identification et l’accés aux services sociaux de base. Elle a été lancée le 30 avril 2015 ; ça fait maintenant 6 ans. Les personnes avec handicap sont estimées à 15% de la population nationale ; ce qui fait un total de 3 millions d’habitants. Mais, de 2015 à maintenant, on a produit moins de 70.000 cartes ; c’est un problème.
Le système de production est lent. Il faut qu’il soit revu. Les personnes avec handicap détentrices de la carte bénéficient de la Bourse de sécurité familiale et de la Couverture maladie universelle. Mais, ça ne règle pas l’accés aux services sociaux de base». Il est important donc, selon Yatma Fall, d’élargir ses compétences. «Les Associations de personnes vivant avec un handicap ont proposé comme solution que la carte soit érigée en Programme national avec un directeur qui aura les moyens techniques, logistiques, financiers et humains, pour lui permettre de se déployer partout dans le pays, pour aller la rencontre des personnes avec un handicap. L’avantage sera qu’on pourra avoir des statistiques fiables». La loi d’orientation sociale n°2010-15 du 6 juillet 2010 relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées a été adopté parce que les politiques de promotion et de protection sociale des personnes handicapées ont été, pour l’essentiel, guidées et sous-tendues par des dispositions internationales qui se sont révélées sans impact réel sur les cibles.