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21 juin 2025
LAURENT GBAGBO EST RENTRÉ EN CÔTE D'IVOIRE DANS UNE ATMOSPHÈRE TENDUE
C'est son acquittement définitif le 31 mars qui a rendu possible ce retour, de même que le feu vert donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la "réconciliation nationale"
C'est son acquittement définitif le 31 mars qui a rendu possible ce retour, de même que le feu vert donné par son rival, le président Alassane Ouattara, au nom de la "réconciliation nationale".
M. Gbagbo a été acclamé à sa descente d'avion par des centaines de personnes, celles qui avaient pu avoir accès à l'aéroport, ses proches, les responsables de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI) et le personnel de l'aéroport et de compagnies aériennes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mais peu avant l'atterrissage vers 16H30 (GMT et locales), ces mêmes journalistes ont entendu des tirs et vu des fumées de gaz lacrymogènes, tout près de l'aéroport.
Depuis jeudi matin, la police disperse avec du gaz lacrymogène tous ceux qui tentent de se rassembler près de l'aéroport, situé dans le quartier de Port-Bouët où, selon des témoins, des échauffourées ont opposé les forces de l'ordre à des partisans de M. Gbagbo.
Les manifestants repoussés ne cachaient pas leur colère de voir les accès à l'aéroport bloqués, sauf pour les voyageurs devant prendre un avion et les journalistes accrédités.
- Populaire "sans triomphalisme" -
Avant son départ de Bruxelles, son avocate Habiba Touré qui a voyagé avec lui a déclaré à l'AFP qu'il était "content, enthousiaste et veut jouer sa partition pour essayer de réconcilier les Ivoiriens.Il a besoin de parler à son peuple".
Laurent Gbagbo, 76 ans, vivait à Bruxelles depuis son acquittement par la CPI en janvier 2019, confirmé en appel le 31 mars 2021.
A son ancien QG de campagne pour l'élection présidentielle de 2010, au quartier d'Attoban où il doit se rendre, des centaines de personnes étaient rassemblées, a constaté un journaliste de l'AFP.
Entre l'aéroport, situé dans le Sud d'Abidjan, et Attoban dans le Nord, son cortège traversera plusieurs quartiers où la foule devrait tenter de se masser pour l'acclamer.
Les rassemblements le long du cortège n'ont pas été interdits par le gouvernement, mais le ministre de la Communication Amadou Coulibaly a affirmé à l'AFP avoir appris l'itinéraire "par la presse".
Il a qualifié les tentatives des partisans de M. Gbagbo de rejoindre l'aéroport de "troubles à l'ordre public", car je "n'ai pas entendu d'appel à aller l'accueillir". "Il n'y a pas d'abus dans le maintien de l'ordre", a-t-il affirmé.
"Nous sommes surpris par cette réaction injustifiée", a déclaré à l'AFP Justin Katinan Koné, porte-parole de Laurent Gbagbo, affirmant que des "arrestations ont eu lieu" et que des cars de partisans de l'ex-président venus de province ont été "bloqués à l'entrée d'Abidjan".
L'ampleur de l'accueil de l'ex-président a été au coeur des récentes négociations entre le pouvoir et le FPI: le premier souhaitant qu'il soit sans "triomphalisme", le second qu'il soit populaire en permettant au plus grand nombre de ses partisans d'être présents dans les rues d'Abidjan. L'enjeu était la sécurité de M. Gbagbo lui-même mais aussi d'éviter tout débordement ou violence.
- "Se retrouver" -
A Yopougon, quartier populaire d'Abidjan considéré comme pro-Gbagbo on attend son retour avec impatience, mais "on veut le voir pour le croire", dit habitant du quartier portant un maillot sur lequel est écrit: "Gbagbo acquitté, merci Seigneur".
A l'opposé, ses adversaires estiment toujours qu'il a précipité son pays dans le chaos en refusant sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010.Ce refus a provoqué une grave crise post-électorale, pendant laquelle quelque 3.000 personnes ont été tuées.
M. Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, avait été arrêté en avril 2011 à Abidjan puis transféré à la CPI à La Haye.
Ses proches assurent qu'il rentre sans esprit de vengeance mais pour oeuvrer à la politique de "réconciliation nationale".
La Côte d'Ivoire est encore meurtrie par deux décennies de violences politico-ethniques, les dernières remontant à la dernière présidentielle, en 2020, qui ont fait une centaine de morts.
Alassane Ouattara a été réélu pour un 3e mandat controversé lors d'un scrutin boycotté par l'opposition qui jugeait ce nouveau mandat anticonstitutionnel.
La Côte d'Ivoire "doit se retrouver", estime Assoa Adou, secrétaire général du FPI, car "elle est aujourd'hui en danger de déstabilisation par des jihadistes" après des attaques contre l'armée qui ont récemment tué quatre militaires dans le Nord, à la frontière avec le Burkina Faso.
Laurent Gbagbo reste sous le coup d'une condamnation en Côte d'Ivoire à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011, mais le gouvernement a laissé entendre qu'elle serait abandonnée.
BOUBACAR BORIS DIOP EN LICE POUR LE NEUSTADT
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé aux côtés de neuf autres auteurs pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today, grâce à son œuvre Murambi : "Le livre des ossements"
Le journaliste et écrivain sénégalais est nominé pour ce prix littéraire américain parrainé par l’université d’Oklahoma et la revue littéraire World Literature Today grâce à son œuvre Murambi : Le livre des ossements.
World Literature Today, le magazine primé de littérature et de culture de l'Université de l'Oklahoma, a annoncé les finalistes du Prix international de littérature Neustadt 2022. Ce prix prestigieux récompense des contributions importantes à la littérature mondiale.
Au nombre des 10 nominés figure le Sénégalais Boubacar Boris Diop, écrivain, auteur de plusieurs œuvres dont des romans, des essais et des pièces de théâtre. Le lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire pour l’ensemble de son œuvre en 2000, est également journaliste et enseignant.
La liste des autres nominés comprend : le Ghanéen Kwame Dawes, le Français Jean-Pierre Balpe, la Grecque Michális Ganás, la Russe Ludmilla Petrushevskaya, la Mexicaine Cristina Rivera Garza, la Cubaine Reina María Rodríguez, les Américaines Natalie Diaz, Micheline Aharonian Marcom et Naomi Shihab Nye.
Le jury de Neustadt annoncera le gagnant le 26 octobre prochain lors d’une cérémonie qui devrait également rendre hommage à Cynthia Leitich Smith (Muscogee), lauréate du prix NSK Neustadt 2021 pour la littérature pour enfants.
L’heureux élu de ce prix remporté en 2020 par l'écrivain albanais Ismaïl Kadare, est récompensé d’une enveloppe de 50 000 dollars.
par emmanuel desfourneaux
LES ROIS FAINÉANTS DE LA GÉNÉRATION DU COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - L’idée politique est morte au Sénégal. Macky et Macron ont construit des alliances sans assise doctrinale. Mais les idéologies demeurent : le Covid est une crise idéologique, politique et géopolitique (1/2)
#SilenceDuTemps - L’année 2020 restera un millésime inédit dans l’histoire humaine. La pandémie Covid-19 a été affublée d’un surnom angoissant de « Grand confinement » (« Great Lockdown »). La presque totalité de nos libertés a été encellulée, dont la plus élémentaire d’entre elles : la liberté d’aller et venir. Lorsque nous acquîmes le droit de sortir hors couvre-feu, celui-ci fut conditionné par un laissez-passer et/ou par un obstructeur nasal et buccal. Que restera-t-il de nos libertés dans nos démocraties libérales post Covid-19 ? Trop tôt pour en faire le bilan, mais, pareillement en temps de guerre, au moins celle de penser semble demeurer intacte, car elle est consubstantielle à l’homme, son étouffement est insensé : « La pensée est plus qu’un droit, c’est le souffle même de l’homme. » (Victor Hugo).
Et si le Covid-19 était un avertissement de l’univers adressé aux humains ? Avons-nous négligé la métaphore de Blaise Pascal ? Le roseau pensant a été fragilisé par de simples gouttelettes, transmises par la voie interhumaine. Il n’en fallut pas plus pour dérégler l’horloge quotidienne de nos libertés. L’univers, à travers le Covid-19, a repris l’avantage sur nous, car nous avons oublié de faire de la science et de l’humanisme. Jean-Paul Sartre en faisait le reproche au moment où l’Europe, entraînant le monde derrière elle, se préparait à basculer dans l’obscurantisme en 1939. L’univers, depuis mars 2020, a eu un avantage certain sur nous, car nous avons oublié que notre dignité consistait dans la pensée.
- Remuons nos méninges -
Le code Xel-19 Sénégal-Africa est bien un code (cri) de guerre. Ian Fleming aurait pu en faire un titre d’un épisode de James Bond. Dans ma présente contribution, c’est une proclamation à se creuser nos méninges : Dieufeu ndikol sa xel ! C’est en effet prendre conscience que si nous subissons à bien des égards cette crise sanitaire sans précédent, notre pensée reste la meilleure arme pour faire face aux défis soulevés par le Covid-19, ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. Nous devons nous réapproprier nos cerveaux que nous avons tant laissés en jachère ces dernières décennies à cause de notre candeur en notre génie humain, et de l’attitude démissionnaire des politiques envers les oligarques financiers, multinationales et institutions financières comprises.
Après le coup de massue du confinement, l’espoir d’un nouveau Sénégal renaissait : cela se reflétait dans mes éditos sur SenePlus d’avril et de juin 2020. On refaisait le monde ! Mais la politique politicienne a repris le dessus sur la pensée.
Norbert N. Ouendji soutient que l’Afrique n’a guère le temps de penser. Ce continent se limiterait au périmètre réduit et inactif de la survie et du suivisme. Et pourtant, « seules la créativité et l’imagination peuvent sauver l’Afrique », selon la prophétie de Me Abdoualye Wade. C’est le devoir de la génération Xel-19 (en référence au Covid-19) : elle porte le lourd fardeau de revitaliser une pensée neuve pour l’envol du continent africain. Ce challenge, exaltant, ne peut être accompli que par la jeunesse africaine sur les pas de leurs aînés, comme Frantz Fanon (Pour la révolution africaine).
- La pensée politique sénégalaise est aliénée -
Les émeutes de mars 2021 au Sénégal ne sont que les prémices d’une Afrique sur le chemin de la libération mentale : Je pense, donc je suis.
À ce jour, la pensée politique sénégalaise est aliénée. C’est toute ma démarche présentement : reprendre la maîtrise de sa pensée, fort de la crise du Covid-19. Xalatal ak sa xel ! Dans ma série éditoriale (« Histoire gagnante-gagnante »), j’insistais déjà sur cette prise de conscience psychanalytique, indissociable de la Renaissance africaine.
Avertissement aux lecteurs : Dans cet article, je ne me préoccupe que de la pensée politique sénégalaise dont je prétends qu’elle a été largement influencée par l’extérieur. Me Abdoulaye Wade l’a écrit dans son ouvrage « Un destin pour l’Afrique » : « Il n’est pas possible d’occulter les questions d’idéologie et de doctrine (donc de pensée politique) qui sont le ressort de toute action (humaine), surtout si l’on constate que les Africains pensent généralement qu’il n’existe en Afrique ni idéologie ni doctrine susceptible de sous-tendre notre développement et que, par conséquent, ils vont les chercher ailleurs. » La conséquence ? Un système politique amorphe pour trouver des solutions de sortie de crise du Covid-19.
Même si, après la conclusion du présent article, je vous propose un projet d’organigramme portant sur des nouvelles institutions sénégalaises post Covid-19 (à voir en illustration de la seconde partie), il convient de ne pas se méprendre sur ma démarche : j’invite les jeunes sénégalais à développer, à leur tour, leur propre pensée, à ne pas s’inspirer de l’extérieur, mais à explorer leur for intérieur (histoire, culture…) pour refonder une pensée politique africaine, innovante et inspirante.
PREMIÈRE PARTIE
Mars 2020, semblable aux troupes obéissantes à leur chef de guerre, nous avons reçu l’ordre de mise en cantonnement dans nos quartiers. Seul, enfermé entre quatre planches et confronté au silence du temps, le ciel m’était tombé sur la tête. Épreuve d’autant plus redoutable pour celui qui même seulement quelques jours, connut les affres de l’embastillement, bien avant celui d’Idy, de Karim et de Khalifa ! Des images, en pagaille, ressurgissaient des profondeurs mémorielles : la cave, l’impassibilité d’une procureure aux ordres de là-haut, la fourgonnette au grillage, la chambre 2 (comme si nous étions dans un hôtel !), la mixité avec des tueurs de nonnes (sous bonne garde !), les tortures de toutes sortes, le bruit d’un essaim d’abeilles assourdissant à l’heure du parloir, la génuflexion dans un box des accusés débordé, la désolation des juges, l’invite d’un beau-frère à trouver un autre toubab, la mise à mort par un décret Sall (au sens propre et figuré du terme !), la petite corruption pour une sortie provisoire d’une cage Zoo du commissariat central, les prostituées « respectueuses » jetées en pâture dans des cachots, la séparation inhumaine avec un nouveau-né, les petites trahisons à la sénégalaise, et ce satané silence des droits de la défense dans l’intérêt d’une famille gouvernante…
Et puis, mes capacités cérébrales reprirent le dessus sur l’émotivité du Covid-19. J’enchaînai des éditoriaux dans l’espoir d’une nouvelle donne politique au Sénégal : « Pour un nouvel ordre politique sénégalais » et « Pour un gouvernement d’union nationale ». J’encourageai le leader du PDS, Karim Wade, à faire un pas, en ces temps difficiles, vers Macky Sall ; il le fit dans l’intérêt général du Sénégal malgré une grande et compréhensible rancœur. Le locataire du Palais de Roume reçut les chefs des partis. Un plan socio-économique d’une ampleur inédite vit le jour, aussi ambitieux que celui d’un pays riche. La Covid-19 avait ramené les hommes politiques à la raison et à la fraternité. Des discours, très prometteurs, prirent la mesure de la gravité planétaire, à l’exemple de « Revenons sur terre ! » de Macky Sall.
Malheureusement, au Sénégal, quelques mois après l’euphorie du monde d’après, la montagne-remaniement accoucha d’une souris-entriste ; les arrestations arbitraires reprirent leur vitesse de croisière (l’amour de son prochain, ressuscité par le Covid-19, s’est très vite éclipsé) ; les amis des amis du grand vizir, lui-même beau-frère du président, se partagèrent les marchés juteux du fonds d’urgence Covid-19 ; la pause-café-photo de Macky Sall devant l’entassement à perte de vue de sacs de riz importés et entreposés comme un trophée de guerre fit comprendre que l’autosuffisance alimentaire était un rêve pieux ; les promesses électorales s’empilèrent sur la pile des précédentes poussiéreuses (pour les jeunes) ; les martyrs pour la démocratie de mars 2021, rebelote de 1968 et 2011, tombèrent le drapeau sénégalais à la main, sans reconnaissance ; le sifflement des oreilles des Sénégalais sur le troisième mandat repartit comme en quarante ; les ciseaux de l’exécutif redécoupèrent Dakar, selon une technique de façonnage électoraliste, quelques mois avant les élections locales. Et la CEDEAO fut encore assimilée à un « machin » par les autorités sénégalaises dans le cadre de la condamnation de la loi sur le parrainage.
L’histoire de l’humanité a auparavant connu un genre d’hommes de pouvoirs : les « Rois fainéants ». Durant trois siècles, ils régnèrent, en France, en somnolant. L’emploi fictif parfait ! Grassouillets, ils avaient pris coutume, en guise de couronnement, de traverser leur royaume, confortablement affalés sur des chars à bœufs. Cette scène des « Rois fainéants » m’a donné une lecture politique de la récente affaire des voitures du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). Laquelle nous conduira à la constatation du couronnement de la matière sur la pensée pour les « Rois fainéants ».
L’arrivée de ces tout-terrains 8x8, à Dakar, en début d’année 2021, correspondait à la vente des cartes des membres du PDS. Les voitures en question, rutilant aux côtés des charrettes tirées par des chevaux frêles, traversant certaines localités sans écoles ou presque, se parquant sans gêne auprès des enfants de la rue, valent, au minimum, à l'unité 40.000 euros, soit 26 206 800 FCFA. Si vous en ajoutez 16, le prix grimpe à 640.000 euros, soit 419 308 800 FCFA, sans compter les frais de transport et les taxes de dédouanement. Après l'éclatement de l'affaire, le PDS a apporté un démenti sur la date d'arrivée des véhicules en question, mais non sur leur nombre. Cela ne change rien d'ailleurs à l'analyse, nous pourrions aussi prolonger la réflexion sur l'acquisition du tout nouvel avion présidentiel.
- L'affaire des voitures, c'est loin d'être anecdotique –
Karim Wade, en réalité, a payé l’allégeance des fédérations du PDS en vue de la conquête du poste de Secrétaire général : on rejoue la note du clientélisme au titre du pouvoir. Les fédérations étaient jusqu'alors exsangues, celles-ci ont même appris le don de kits-tests de Karim Wade par la presse. Elles s’en plaignaient. Les voilà désormais au volant d'une Vroum ! Vroum ! Vroum ! De quoi oublier leur rancœur et de quoi promettre à vie leur fidélité au nouveau maître : Karim ! Karim ! Karim ! Le fils de l’ancien président, avec ses voitures tapageuses et pétaradantes, a imité les « Rois fainéants ». Tout comme eux, et le rituel de chars à bœufs, il a pris possession des fédérations, l’équivalent des territoires pour les Rois, par un don matériel. Et ce au détriment de la pensée, des idées politiques, d’un nouveau programme et d’une nouvelle vision politique. C’est le cadet de ses soucis en dépit de sa charge dans le nouveau secrétariat national du PDS (Élaboration des stratégies politiques) !
Cela renseigne ô combien sur l’état des partis politiques sénégalais en général. Lors de l’élection présidentielle de 2019, c’était à celui qui avait le convoi de 4x4 le plus ébouriffant. À ce jeu-là, Macky Sall s’était imposé. L’acquisition des voitures par les partis, leurs signes extérieurs de richesse et donc de leur pouvoir (avec leur siège pédantesque, à l’exemple de celui de l’APR grâce à ses généreux donateurs), se fait souvent au détriment de la gestion et rémunération de leurs propres ressources humaines. Les collaborateurs de ces leaders sont rarement ou mal payés. J’ai recueilli de nombreux témoignages en ce sens. À la présidence du Sénégal se produit le même phénomène, j’en sais quelque chose. Pourquoi donc ? Car le talent humain compte peu, il est possible d’en trouver pêle-mêle. C’est du menu fretin ! Cela nous renseigne ô combien sur l’absence de dignité de la pensée, perçue comme secondaire. Il n’y a plus de visionnaire au Sénégal : l’idée politique y est morte. La pensée senghorienne et wadiste fait partie du passé.
Le PDS n’est pas le seul parti à blâmer ; tous les partis politiques ou presque aiment les belles autos : Thomas Sankara et sa légendaire Renault 5 sont à ranger définitivement dans les garages-archives ! Les gouvernants, durant la période du Covid-19, ont mis à nu leur fainéantise. Le monde a raté son premier coup d’essai vers une nouvelle société post-Covid-19 : à savoir plus inclusive et plus humaniste. À la question du philosophe Edgar Morin, j’ai bien peur de lui répondre que, pour l’instant, aucune pensée politique indiquant une nouvelle voie n’est sortie de cette méga-crise. Pouvions-nous attendre mieux du président Macky Sall et de nos politiques en général ? A posteriori, il fallait être bien naïf pour croire que cette génération des « Rois fainéants » était apte à nous engager vers une nouvelle ère de prospérité humaine tant ils ont pêché par leur déficience d’idées, par leur appétence pour le pouvoir personnel et par leur absence d’éthique.
De surcroît, cette génération de « Rois fainéants » a été la source de nos malheurs consécutifs au Covid-19 : avant mars 2020, ils avaient classé la santé comme secteur non rentable. En plein Covid-19, à l’hôpital de Fann, une responsable d’un service a dû financer de sa propre poche une pompe à eau pour en disposer d’une. Aujourd’hui, au motif de préserver notre droit à la vie, nos libertés sont maltraitées.
Pour les « Rois fainéants » africains (on pourrait l’élargir aux autres continents), l’idéologie est passéiste. Au nom du pragmatisme Salliste et Macronien, du nom des deux présidents qui ont chamboulé le paysage politique de leurs pays respectifs, d’aucuns ont cru à la disparition des idées politiques. C’est faux, archi-faux. Les présidents français et sénégalais ont construit des alliances opportunistes, une armée mexicaine sans assise territoriale (et doctrinale). Mais les idéologies demeurent : le Covid-19 est, à n’en pas douter, une crise idéologique, politique et géopolitique.
- De la valorisation du capital humain -
La crise du Covid-19, c’est avant toute chose celle des « Rois fainéants ». Ils n’ont pas été capables de se pencher sur les questions fondamentales. Telles que la place de l’homme africain dans l’univers (entendu dans le sens environnemental) ; la valorisation du capital humain (richesse extraordinaire de l’Afrique) ; la considération des services publics essentiels de la vie : l’éducation, la santé et la culture. C’est aussi le questionnement de la liberté qui est au cœur de la crise sanitaire. Dès lors, il importe de s’interroger sur les bases d’une nouvelle doctrine libérale africaine axée sur l’épanouissement de l’individu en général et de sa personnalité en particulier. Comment concourir pour que les Sénégalais atteignent chacun dans leur vie de tous les jours une forme d’indépendance ? Me Abdoualye Wade a démontré que le libéralisme dont il s’inspirait est « la doctrine qui a le moins d’emprunts extérieurs » ; la doctrine libérale aurait, selon lui, « des fondements authentiques africains identifiés dans notre pensée (africaine). » Xel-19, c’est la liberté de penser et d’agir par soi-même, en puisant dans le patrimoine de la pensée africaine et en la refondant chaque fois que nécessaire.
Les « Rois fainéants » ne gouvernent plus ce monde, comme naguère lorsque le vrai pouvoir était exercé par les maires du palais. Les « Rois fainéants », en Afrique, se font rédiger leur constitution par des juristes étrangers. Ces lois fondamentales sont d’inspiration occidentale, et très souvent inadaptées aux réalités sociopolitiques. C’est le complexe du « Roi fainéant » de croire que tout ce qui vient de l’extérieur serait meilleur ! Le « Roi fainéant » n’innove pas, n’imprime aucun rythme, il suit, il court derrière, il copie, il réclame, il supplie : les exemples sont nombreux où Paris pense et agit à la place des « Rois fainéants » (voir mon édito : « Le mauvais œil de Dakar »). « La liberté, c’est l’indépendance de la pensée. », déclarait pourtant Épictète. Le Sénégal, à bien des égards, à cause des « Rois fainéants », n’a pas atteint cette fameuse indépendance de la pensée, et tout simplement l’indépendance, à défaut de mettre en œuvre son idée politique.
Cette renonciation à la pensée politique se mesure aussi sur le plan de l’économie alors que l’Afrique a tout pour réussir. L’enjeu de Xel-19, c’est de réaffirmer la primauté du politique sur l’économie. Le Covid-19 nous a fait comprendre que l’économie n’était pas au service des peuples. Les politiques africains doivent reprendre le contrôle de leur pensée, en privilégiant une économie de vie selon Jacques Attali, ou une économie du vivant selon Felwine Sarr (Liye takh nite di ndoundeu). Les facteurs de blocages des États africains ont tous attraits au capital humain - la santé, l’éducation. Dans les années 50 et 60, des améliorations dans la santé ont joué un rôle décisif pour aider l’Asie de l’Est à décoller économiquement.
Au tout début de la pandémie, un texte d’intellectuels africains « Face au Coronavirus, il est temps d’agir » insistait sur le besoin de ruptures dans la gouvernance d’une part et d’une nouvelle idée politique d’Afrique d’autre part. Nous y sommes : rompre avec cette génération de « Rois fainéants », échafauder une politique aux sources d’inspiration endogène, engendrer une gouvernance de confiance (Yor rine bou dal xeli). C’est à cet exercice de pensée neuve à laquelle je m’engage dans ce travail Xel-19 Sénégal-Africa. Je le partage avec vous, acteurs et/ou témoins de la transformation de la vie politique africaine post-Covid-19. Dans la deuxième partie, je m’intéresserai à la refondation de l’État post-colonial et post Covid-19, à celle de la démocratie devant aboutir à la mise en œuvre de nouvelles conditions de stabilité et de liberté, au Sénégal.
Emmanuel Nabiyou Desfourneaux est directeur général de l’Institut Afro-européen, éditorialiste à SenePlus, politologue et ancien Conseiller en droits de l’homme à la présidence du Sénégal.
DANS LE LABYRINTHE DES MILLIARDS
Entre le diktat des bailleurs, la quête de facilité de certains opérateurs économiques sénégalais et le dénuement de l’Etat, c’est le privé étranger qui jubile, dans l’octroi des marchés publics
En ce dimanche 13 juin 2021, quelques jours seulement après leur sortie musclée contre l’Etat du Sénégal ou ses démembrements prompts, selon eux, à privilégier la préférence étrangère à la préférence nationale, les avocats d’Ecotra s’emmurent dans le silence. Finalement, c’est Maitre El Hadj Diouf qui décroche son téléphone et donne une promesse ferme de réagir vers 15 h, pour aller plus en profondeur dans le dossier de son client évincé du marché relatif à la boucle des Kalounayes, en Casamance, au profit de la Chinoise CRSG (China Railway Seventh Group). La suite, c’est un téléphone qui ne cessera de sonner dans le vide. Ni les multiples appels ni les SMS à lui envoyés ne le feront réagir. Même pas le plus petit mot pour décliner l’invite à parler du lancinant débat sur l’accès du privé national à la commande publique qu’ils ont pourtant remis sur la place publique, la semaine dernière.
Loin de la passion, il s’agit-là d’un débat qui soulève des enjeux réels de développement. En effet, la commande publique tourne autour de 2 500 et 3 000 milliards F CFA. Mais pour beaucoup, en particulier pour les opérateurs sénégalais, c’est une manne qui échappe à l’économie. Avocat de l’un des majors des entreprises de BTP au Sénégal - la sénégalaise Ecotra - Maitre Demba Ciré Bathily disait : ‘’Aujourd’hui, dans beaucoup de pays, il y a ce qu’on appelle la préférence nationale. C’est-à-dire, quand les nationaux peuvent faire certains marchés, on les favorise. Ici, non seulement, on ne favorise pas les nationaux, mais on crée des critères artificiels pour les écarter. Heureusement, notre Cour suprême, qui était là pour veiller au grain, a annulé la décision. Elle leur a dit qu’il est inconcevable de dire à une société qui fait 180 milliards de travaux, 52 milliards de chiffre d’affaires, 77 milliards de matériels, qu’elle n’est pas capable de réaliser un marché de 12 milliards. Elle a ainsi montré la voie…’’
Mais au-delà des griefs contre l’Etat, le cas Ecotra est symptomatique du casse-tête des privés nationaux pour l’accès à la commande publique. Ce qui a été curieux dans le dossier, c’est le statut même de la plaignante, en l’occurrence l’entreprise Ecotra. A tort ou à raison, ils sont nombreux, les observateurs, à estimer que c’est une entreprise qui a été faite de toutes pièces par le régime actuel. D’où la curiosité de la voir ruer dans les brancards pour vouer aux gémonies des décisions du même régime.
D’ailleurs, plaidait Maitre El Hadj Diouf, lors de la conférence de presse, ceci est un mauvais procès ; la vérité est qu’Ecotra est la meilleure dans les BTP. Il peste : ‘’On ne peut donc pas l’écarter à chaque fois qu’elle postule à un marché… Il ne faut pas faire croire aux Sénégalais que l’Etat prend parti pour Ecotra. Tout ce que l’entreprise a gagné, elle l’a mérité. Il ne faut pas admettre qu’on vous dise que c’est parce qu’Abdoulaye Sylla est ami du chef de l’Etat qu’il gagne des marchés. Ce n’est pas vrai. Ablaye ne travaille pas comme ça. C’est parce qu’il est le meilleur. Il ne cesse de laminer les Chinois, Européens et autres étrangers dans toutes les procédures ouvertes. Il faut que tout le monde le sache.’’
Les privés nationaux, entre retards de livraison et défauts d’exécution : les cas Ecotra et Jean Lefèvre
Une chose est sûre : au Sénégal, des privés naissent et meurent avec les régimes qui les ont fabriqués. D’autres, malgré les difficultés, survivent aux dirigeants qui les ont créés. Parfois, en transhumant comme les politiciens. Dans le cas d’Ecotra et de son patron, la brouille est arrivée plus tôt que d’habitude. Est-ce révélateur d’un clash au sommet ? La sortie des avocats a-t-elle été discutée avec les ‘’parrains’’ de l’entreprise ? Est-ce une sortie dirigée contre les autorités sénégalaises ou contre les bailleurs ? En tout cas, à en croire des sources proches de l’ARMP, Ecotra est l’entreprise qui fait le plus de recours devant l’autorité de régulation des marchés publics. Ce qui veut dire qu’elle perd pas mal de marchés. D’où peut-être le courroux de ses conseils.
Sur les raisons de ces évincements, les avis sont partagés. Si les uns estiment que c’est une discrimination, d’autres invoquent des ‘’manquements graves’’ de l’entreprise dans d’autres marchés qui lui ont été confiés. Un des exemples rappelé par plusieurs interlocuteurs, c’est le marché de l’assainissement à Diamniadio, chiffré à des dizaines de milliards F CFA, plus de 150 milliards F CFA, selon ce haut fonctionnaire. Qui souligne que les travaux qui devaient être livrés depuis 2019 continuent toujours de trainer.
Mais ce grief, il faut le préciser, n’est pas propre à Ecotra. Souvent, les entreprises sénégalaises qui gagnent certains gros marchés ont du mal à les terminer dans les délais requis. Parfois, c’est la qualité même qui fait défaut. L’opinion a encore en mémoire les travaux de la route Kaolack - Fatick réalisée par JLS de Bara Tall, sous Wade, et qui s’est dégradée en un temps record. Autant de choses qui militent en défaveur du privé national prompt à ruer dans les brancards.
Selon ce patron et ancien membre de l’ARMP, il y a privé et privé. ‘’Imaginez-vous qu’une autorité contractante va écarter CSE (Consortium sahélien des entreprises de Yérim Sow) pour défaut de capacité financière ? Sur ces projets financés avec l’argent des partenaires, certains laxismes ne peuvent pas prospérer, parce qu’il y a les partenaires qui veillent au grain. Ce n’est pas toujours le cas’’, confie-t-il, avant de renchérir : ‘’Dans d’autres projets, c’est l’autorité même qui a envie que les choses avancent, pour une raison ou une autre. Dans ces cas également, on les donne à ceux qui ont une bonne assise financière et une expérience avérée.’’
Quand la Bad corrige l’Administration sénégalaise
Pour en revenir au dossier Ecotra, plusieurs bizarreries ont été notées. Première bizarrerie : l’entreprise sénégalaise, dont les capacités techniques n’ont pas été remises en cause, a été moins disante que son homologue chinois.
En effet, là où CRSG avait proposé de réaliser le marché pour un montant de plus de 16 milliards F CFA, la Sénégalaise, elle, avait proposé un montant de plus de 14 milliards. Mais malgré cet avantage financier de deux milliards environ, l’autorité contractante a préféré l’offre chinoise sous les avis du bailleur. Pourquoi ?
Selon l’Ageroute, Ecotra n’a pas la capacité financière requise pour mener à bien ce marché. C’est ce qui résulte de la décision 141/2020/ARMP/CRD/DEF du 9 septembre 2020 du Comité de règlement des différends de l’ARMP. Dans cette décision, le Comité de règlement des différends confirme : ‘’La clause 2.3.3 des données particulières de l’appel d’offres stipule que le soumissionnaire doit montrer qu’il a accès à des financements tels que des avoirs liquides, avoir non grevés, lignes de crédit autres que l’avance de démarrage éventuelle, à hauteur de 3 milliards F CFA.’’
Et d’ajouter : ‘’L’attestation de capacité financière fournie ne prouve pas que l’entreprise Ecotra a accès à des financements tels que des avoirs liquides ou lignes de crédit permettant l’exécution du marché.’’ Il fallait, en sus de l’attestation de financement délivré à Ecotra par la CNCAS, une promesse de la banque émettrice de l’attestation… Un motif rejeté par la Cour suprême pour des motifs évoqués si après.
Loin de ces considérations d’ordre technique et bancaire, il faut noter une autre bizarrerie mise en exergue par l’arrêt de la Cour suprême. En effet, alors que l’on pensait que l’autorité contractante, en l’occurrence l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute), avait souverainement opté pour la Chinoise, il ressort de l’examen de l’arrêt rendu par la Cour suprême qu’en fait, il n’en fût rien.
La décision d’attribuer le marché à CRSG a été prise suite aux observations de la Banque africaine de développement (Bad), bailleur du projet. La Cour suprême de rappeler : ‘’Qu’après analyse des offres, le comité d’Ageroute a proposé l’attribution provisoire du marché à la société requérante (Ecotra) qui a présenté l’offre évaluée conforme pour l’essentiel la moins disante… Ce choix a été porté à la connaissance de la Bad, qui a émis l’avis d’objection aux motifs qu’Ecotra ne satisfait pas à deux critères : l’expérience spécifique et le chiffre d’affaires moyen annuel…’’
La banque panafricaine ou les bailleurs ont-ils un grief particulier contre Ecotra ? Le fait est que l’entreprise sénégalaise peine, depuis quelques années, à remporter des marchés, malgré un arsenal redoutable de matériel. ‘’Ce qu’il faut savoir, confie ce haut fonctionnaire, c’est que l’expertise et le matériel, ça peut s’acheter. Mais le savoir, cela se construit sur une longue durée. Je vous conseille juste de faire l’inventaire des marchés confiés à cette entreprise. Qu’est-ce qu’elle en a fait ?’’.
La capacité financière, l’arme contre les privés nationaux
De ces observations, il résulte deux obstacles majeurs qui contrecarrent souvent l’accès des entreprises sénégalaises à la commande publique, quand elles parviennent à dépasser l’étape de la capacité technique et de l’expérience. D’une part, il y a la capacité financière ; d’autre part, il y a l’obstacle des bailleurs. En l’espèce, Ecotra a surtout été victime de l’objection du bailleur qui a mis ses billes et qui dicte ses lois à l’Administration sénégalaise.
Mais pour Lamine Ba, responsable à l’Apix, il faut relativiser. ‘’Ce qui est important, c’est de savoir si le motif pour lequel le soumissionnaire a été évincé est objectif ou non. Et à ce niveau, la Bad ne badine pas avec les règles de transparence. Je vois mal cette institution écarter une entreprise africaine pour des arguments légers. Je ne le pense pas’’.
Toutefois, s’empresse-t-il de préciser, ‘’ce qu’il faut savoir, c’est qu’il n’y a pas de souveraineté, dès que le financement est extérieur. Même si c’est une dette, le prêteur va mettre ses conditions. Parfois, il y a des clauses qui exigent de requérir l’avis du bailleur avant l’attribution du marché. Mais comme je l’ai dit, le plus important c’est de négocier l’ouverture des procédures aux nationaux et de veiller à la transparence des procédures’’.
Intervenant lors de la conférence des avocats d’Ecotra, Maitre Aly Fall estime qu’il y a une réelle question de souveraineté qui se pose à nos Etats. ‘’Aujourd’hui, dit-il, il n’y a pas de doute que nous avons la souveraineté politique. Mais il faut savoir que la souveraineté la plus importante, elle est économique. Sauvegarder les intérêts de notre secteur privé national, c’est sauvegarder l’emploi, c’est sauvegarder notre économie, nos richesses. Il est déplorable d’avoir toujours à lancer un appel pour que ces privés nationaux puissent profiter du respect des règles du jeu’’.
Par ailleurs, il est très facile de tout mettre sur le dos de l’Etat. La faiblesse des acteurs du privé national et le manque de diligence, dans certains cas, n’est pas une création de l’esprit. D’où cette invite de l’ancien membre de l’ARMP à plus de regroupements. ‘’Pour moi, il faut que le secteur privé aille vers des consortiums. Nous avons besoin d’un secteur privé plus dynamique que ce que nous avons. Il faut former de grands groupes. Mais ce n’est pas demain la veille, si l’on sait que ce n’est pas un secteur privé homogène et les acteurs ne se font pas toujours confiance’’.
Cela dit, fait-il remarquer, l’Etat n’a aucun intérêt d’écarter les acteurs sénégalais des marchés publics
LE SÉNÉGAL A UNE POLITIQUE CULTURELLE INCOHÉRENTE
Thierno Diagne Ba sur les industries culturelles et créatives
Spécialiste des industries culturelles et Expert audiovisuel, Thierno Diagne Ba explique dans cet entretien, l’importance des industries culturelles créatives. Porteuses d’emplois mais aussi moteurs de l’économie, les Icc sont encore à consolider au Sénégal. Selon M. Ba, la politique de l’Etat dans ce domaine reste «fragmentée et incohérente».
De plus en plus on parle d’industries culturelles et créatives. De quoi s’agit-il exactement ?
Les industries culturelles et créatives désignent les secteurs d’activités correspondant aux secteurs d’activités ayant comme objet principal la création, le développement, la production, la reproduction, la promotion, la diffusion et la commercialisation des biens, des services et des activités qui ont un contenu culturel, artistique et patrimonial. Les industries culturelles comprennent les filières du livre, de la musique enregistrée, du cinéma, des industries médiatiques (la presse, la radio et la télévision, multimédia) et des jeux vidéo. Ce qu’il faut souligner c’est que toutes les expressions culturelles ne sont pas considérées comme industries culturelles. Certaines ne sont pas reproductibles et elles sont dans les industries créatives. Il s’agit du spectacle vivant (danse, théâtre, cirque), des arts vivants (arts plastiques, photographie, design) de l’artisanat d’art, de l’architecture, du patrimoine (musée, bibliothèque, archéologie), de la publicité. Ceci explique l’expression Industries culturelles et créatives (Icc).
Dans beaucoup de pays maintenant, on essaie de développer le potentiel de création d’emplois des industries culturelles et créatives. Est-ce que les autorités sénégalaises et les acteurs ont conscience des niches d’emplois dans le secteur ?
L’économie de la culture est un moteur des économies contemporaines. Partout dans le monde les politiques publiques de la culture se réforment pour mieux soutenir leurs Icc. Selon l’Unesco, le secteur a généré près de 30 millions d’emplois dans le monde en employant des jeunes de 15 à 29 ans. Avant la pandémie du Covid-19, les Icc représentaient 4,4 % du Pib de l’Union européenne, en termes de chiffre d’affaires soit une contribution économique supérieure à celle des télécommunications, de l’industrie de l’automobile, de la haute technologie. Et au Nigeria les Icc pèsent plus de 4 milliards de dollars grâce, notamment, à Nollywood (deuxième producteur de films au monde derrière l’Inde avec son Bollywood) et à son industrie musicale. Pour vous dire que les industries culturelles et créatives sont un réel gisement d’emplois et levier de développement, elles sont dans une dynamique qui s’accélère d’année en année. Au Sénégal, il y a un bouillonnement chez les jeunes et surtout chez les natifs du numérique qui ont d’autres habitudes de consommation et d’esthétiques de création. Mais il est extrêmement difficile de sortir des statistiques. Celles-ci n’ont jamais été notre tasse de thé, surtout pour le secteur de la culture. Il est difficile d’affirmer le poids de la culture dans notre économie. L’Etat a beaucoup soutenu ses industries culturelles et créatives à travers les différents fonds : Fonds d’aide à l’édition, Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica), Fonds de développement des cultures urbaines, Fonds d’aide aux artistes, etc. Cependant, à mon humble avis, nous manquons encore de vision claire sur notre politique de développement des Icc. Il nous faut une rupture et une réforme des politiques publiques de la culture et leurs administrations qui doivent inéluctablement se tourner vers l’économie et le développement durable.
Est-ce que le Sénégal a une politique pour développer ses Icc ?
Le Sénégal a une politique pour les Icc fragmentée et incohérente. Elle manque de synergie et ne s’articule pas encore autour de l’économie et du développement. Si nous prenons l’exemple du cinéma et de l’audiovisuel, nous ne contrôlons pas la distribution, alors que dans ce secteur elle est un maillon essentiel. Il ne sert à rien de financer des films et séries qui seront distribués par des boîtes étrangères. C’est un manque à gagner énorme. Nos télévisions ne font pas de préachat, ni d’achat ni de coproduction. Ce qui explique que certains producteurs se retournent vers Canal+, A+ ou TV5 pour vendre leurs films à de vils prix. Qu’en est-il de la billetterie nationale pour contrôler toutes les entrées et recettes des spectacles payants (théâtre, danse, cinéma, musique, lutte… ) et parer aux éventuels blanchiments d’argent. Je rappelle que la billetterie nationale ne doit plus concerner uniquement le cinéma. En outre, une politique de fiscalité propre aux entreprises culturelles est quasi inexistante. L’activité culturelle n’est pas comme les autres, il faut des années pour rentabiliser des œuvres. A ce niveau tout est encore à créer. Pour qu’il y ait un développement harmonieux des Icc, il faudra les prendre en compte dans l’ensemble des politiques publiques. Les industries culturelles et créatives touchent presque tous les domaines : politique, économique, éducatif, social, juridique, technique, technologique, environnemental, sécuritaire, culturel, patrimonial, sportif... Il est réducteur de penser que seuls les artistes sont concernés par les Icc. Il y a certes un vaste réservoir de main d’œuvre artistique et technique dans les Icc mais elles restent multidimensionnelles.
La culture en général est un secteur peu organisé et où les acteurs travaillent sans aucune synergie. Comment faudrait-il faire pour que le secteur soit plus professionnalisé et tire profit de sa créativité pour créer davantage d’emplois ?
Quand je parle de rupture, je fais allusion à ce manque de synergie dans l’administration culturelle. Il est clair que si nous voulons asseoir une industrie cinématographique et audiovisuelle, il faudra dépasser une simple direction et aller vers un centre autonome, étoffer et mettre en œuvre la législation. Dans le domaine du théâtre, un Office national du théâtre peut gérer le Grand théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose et le Théâtre national Daniel Sorano. Notre politique du patrimoine n’est pas en harmonie avec tout ce qui l’entoure. La Direction du patrimoine culturel est faible par rapport aux enjeux patrimoniaux. Un Conseil suprême du patrimoine doit la remplacer et gérer toutes les structures comme la Place du Souvenir africain, le Monument de la Renaissance, le musée Bori - bana, les projets de Mémorial de Gorée et du Bateau le Diola, voire le Musée des Civilisations noires, etc., ainsi que toutes les questions relatives à l’immatériel (éducation, mœurs, va - leurs…). Dans le même ordre d’idées, une Direction générale des Arts peut gérer l’Orchestre national, la Galerie nationale, la Direction du livre et de la lecture, le Festival national des arts et cultures (Fesnac), le Spectacle sons et lumières. Elle pourra être une Direction générale-clé pour le développement et la promotion des industries créatives. Cette synergie dans l’administration culturelle appellera aussi à une autre synergie qui est celle des fonds. Le Fonds d’aide à l’édition, le Fonds d’aide aux artistes, le Fonds de développement des cultures urbaines pourraient se muer en un seul guichet : le fonds de développement des industries culturelles et créatives. Ce guichet unique sera mieux doté pour accompagner les acteurs dans le financement de projets structurants. Il ne s’agira pas seulement de financer mais d’accompagner dans tout le processus de la conception, à la mise en œuvre au suivi et évaluation. Pour mieux professionnaliser le secteur, il nous faudra revenir sur un fondement, un socle de tout développement des industries culturelles et créatives : la formation.
Quel modèle de formation professionnelle faudrait-il adopter ?
L’Etat n’a pas assez investi dans la formation. En 2005, j’étais le représentant des étudiants au séminaire sur la réforme de l’Ecole nationale des arts (Ena), ce dossier est placé aux oubliettes. Aujourd’hui l’Ena se trouve dans une situation lamentable aussi bien sur le fond que sur la forme. En 2017, le Président Macky Sall avait annoncé une Ecole nationale des arts et métiers de la culture avec des locaux adaptés et modernes. Aujourd’hui, quelle est la situation de l’institut de coupe couture et mode qui est presque méconnu ? Il s’ajoute que le Sénégal n’a jamais eu d’institut national de formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel. Tout cela montre que nous avons un réel problème de formation dans ce secteur. En plus des initiatives privées qu’il faut soutenir, l’Etat a l’obligation d’avoir une stratégie de formation qui répond aux exigences de l’heure. La formation pour le développement des Icc doit être pluridisciplinaire et épouser les technologies de l’information et de la communication. Aujourd’hui les Icc sont étroitement liées au numérique. Le modèle de la formation doit être académique, universitaire, professionnel, continu et diversifié. Car nous avons besoin d’artistes, de techniciens, de producteurs, de distributeurs, d’exploitants, de manageurs, d’administrateurs culturels, de juristes, de formateurs, de chercheurs, etc. A mon humble avis, le premier défi pour mettre en place des industries culturelles et créatives solides et pérennes au Sénégal est la formation.
Par Yacine BA Sall
AU NOM DE TOUS LES MIENS
On s’enivre de plaisirs futiles. Le souvenir de l’être aimé s’estompe, jusqu’à ce qu’il devienne abstrait. On se perd dans des querelles stériles, dans des luttes mortifères qui laissent le cœur aride, les yeux secs. Et l’on oublie la mort qui a fauché
L’ai-je assez aimé ? L’ai-je écouté ? Lui ai-je donné de mon temps ?...
Autant de questions que l’on se pose quand la mort survient.
Quand elle nous touche de plein fouet, emportant un être aimé… qui s’en va avec ses mystères.
Un être aimé qui plus jamais ne répondra aux questions que l’on voudrait tant lui poser.
Un être aimé qui s’en va, nous laissant dans un brouillard épais, dans une nuit noire.
Qui s’en va nous laissant hagard, hébété, interdit.
Et l’on erre triste, désespéré, impuissant.
Amputé de son affection, avec le sentiment que rien ne sera plus jamais comme avant.
Cet être aimé nous laisse avec un sentiment de rendez-vous manqué.
On aurait voulu lui poser tant de questions, lui dire tant de choses…
On voudrait que le temps s’arrête, on aimerait rembobiner le fil de la vie, remettre le compteur du temps à zéro, pour aimer plus, aimer mieux.
Pourtant, passée la douleur, on renoue avec la vie, avec l’insouciance, avec les joies, avec la farandole du présent.
La course folle vers l’éphémère reprend.
On s’enivre de plaisirs futiles.
Le souvenir de l’être aimé s’estompe, jusqu’à ce qu’il devienne abstrait.
On se perd dans des querelles stériles, dans des luttes mortifères qui laissent le cœur aride, les yeux secs.
Et l’on oublie la mort qui a fauché parents, amis, voisins, collègues de travail …
Elle, qui chaque jour, arrache à notre affection des têtes connues, des visages aimés.
Elle est et restera un grand mystère, une des plus grandes manifestations de la puissance divine telle que la vie, le flux et le reflux de la mer, l’alternance du jour et de la nuit….
Le Coran (Sourate 67 La Royauté, verset 24) nous prévient : «c’est Lui qui vous a répandus sur la terre et c’est vers Lui que vous serez ramenés» ...
Qu’à cela ne tienne, nous vivons comme si nous étions éternels, sûrs de nous réveiller demain, après-demain et tous les jours suivants…
Mortels que nous sommes.
En oubliant que le clap final peut survenir à tout moment.
La faculté d’oublier la mort nous permet de panser nos blessures, de dépasser nos meurtrissures, de reprendre goût aux choses de la vie, d’avancer léger.
Que serions-nous si nous devions pleurer nos morts tous les jours ?
Ce même oubli, ce déni, cette propension à se croire immortels, expliquent la stupeur et l’effroi dans lequel on est plongés à l’annonce d’un décès.
Et l’on se sent fragiles et vulnérables.
On est si peu de choses…
On se promet d’aimer plus, d’aimer mieux les êtres qui nous entourent.
Leur amour, leur tendresse nous aident à panser notre douleur, à continuer de vivre, à accepter.
On se remet à croire en l’humain.
«Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis», nous dit Victor Hugo.
Y a-t-il plus belle invite à continuer à chérir nos morts après les avoir tant aimés de leur vivant ? S
i seulement nous étions dotés de la faculté de faire revenir nos morts, sans doute les aurions-nous aimés de tout notre être.
Chaque être humain est un mort en sursis.
Dieu nous prête la vie. Il la reprendra.
Ne soyons pas avares de déclarations d’amour et d’amitié.
Ne soyons pas ces retardataires pris au dépourvu lorsque la mort survient, à qui il ne reste que leurs yeux pour pleurer.
Cessons de rater les trains, de rouler à tombeaux ouverts sur l’autoroute de la vie.
Pourquoi n’avons-nous pas illuminé la vie de nos êtres chers en leur témoignant de l’amour ?
Un mot gentil, un regard appuyé, une caresse, une accolade, un sourire, un baiser, distribués généreusement redonnent à la vie tout son sens. Il est urgent d’aimer. Même mal.
Dépêchons-nous de serrer les êtres chers dans nos bras. Il ne nous reste que la prière pour maintenir un lien avec nos chers disparus.
Alors prions de toutes nos forces.
Cheikh Ahmadou Bamba n’a-t-il pas recommandé de prier Dieu «comme si nous devions mourir demain ?».
Prier c’est aussi aimer…
Tombons les masques, armures et autres barricades.
Pour aimer tant qu’il est encore temps… et se laisser aimer. «Aimons-nous vivants», chantait à juste raison, François Valery, icône de la variété française des années 80.
Pour Birago Diop : «Ceux qui sont morts ne sont jamais partis, ils sont dans le sein de la femme, ils sont dans l’enfant qui vagit et dans le tison qui s’enflamme. Les morts ne sont pas sous la terre, ils sont dans le feu qui s’éteint, ils sont dans les herbes qui pleurent, ils sont dans le rocher qui geint …»
Il s’agit de ne pas laisser s’installer en soi regrets et amertume.
Le marché international du riz est un marché résiduel (c’est le surplus après consommation qui est vendu), où seulement 8 % de la production mondiale sont échangés (soient 92 % consommés dans les pays producteurs), ce qui montre l’importance du riz
Le président de la République, en visite dans les zones de culture du riz, annonce l’atteinte de l’autosuffisance en cette céréale dans notre pays dans un futur proche. C’est le lieu de nous interroger sur la notion d’autosuffisance et sur l’état de la culture de cette spéculation qui est la base de la consommation des populations. 506 millions de tonnes de riz devraient être produites dans le monde en 2020-2021 pour une consommation estimée dans la même période à 494 millions de tonnes. L’Inde, la Thaïlande et le Viêt-Nam sont les principaux pays exportateurs de riz. La Chine, premier producteur mondial, est le 2ème pays importateur derrière les Philippines. Pour en revenir au propos présidentiel, on pourrait s’interroger sur cette notion assez volatile d’autosuffisance dans la mesure où elle ne renvoie pas à une réponse, voire à une mesure quantitative précise. Si on la considère du point de vue de la couverture totale des importations par la production locale, on peut affirmer que ni la Chine, ni les Philippines ne seraient autosuffisants en riz.
Le marché international du riz est un marché résiduel (c’est le surplus après consommation qui est vendu), où seulement 8 % de la production mondiale sont échangés (soient 92 % consommés dans les pays producteurs), ce qui montre l’importance de cette denrée dans l’alimentation mondiale des populations. Dans la sous-région ouest-africaine, le Mali est le deuxième producteur de riz d’Afrique de l’Ouest avec 2 080 000 tonnes, derrière le Nigéria. Le Mali possède de vastes étendues de terres encore non exploitées et des ressources hydriques faiblement utilisées (fleuves Niger et Sénégal).
Les riziculteurs maliens sont capables de couvrir 93 % des besoins du pays en riz. Malgré cette situation, le marché malien reste paradoxalement tributaire du riz importé car celui produit localement n’est pas compétitif par rapport au riz importé, vendu moins cher. Le Sénégal, avec 1,4 million de tonnes de riz annoncés, est en retrait par rapport à la Guinée qui affiche une production de 1,62 million de tonnes, et la Guinée 1,955 million de tonnes en 2020/2021 (source USDA). Il faut rappeler que la Guinée a une population de 12 millions d’habitants, contre 16 millions pour le Sénégal, et enfin 19 millions pour le Mali et 20 millions pour le Burkina, ce qui confirme la forte consommation de riz par habitant dans notre pays qui se situerait aux alentours de 90kg par personne et par an. Le classement selon le critère de la production de riz par tête d’habitant s’établirait ainsi qu’il suit. La Guinée occuperait la première place avec une production par tête de 120 kg, suivie du Mali avec 90 kg, du Sénégal avec 50 kg et du Burkina avec 14 kg.
L’autosuffisance en riz a été inscrite dans le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalais (PRACAS) qui vise, comme objectif prioritaire, une production rizicole de 1.600.000 tonnes de paddy. Le Sénégal est le plus grand importateur de riz hors Nigéria ; ses importations annuelles sont de 1,25 million de tonnes, contre 475 000 tonnes pour le Mali, 690 000 tonnes pour la Guinée, et 570 000 tonnes pour le Burkina. Nous serions donc les plus dépendants des importations dans la sousrégion. Notre pays devrait consommer 2 millions de tonnes de riz en 2021/2022 d’après l’USDA. Cette céréale occupe environ 85 % des terres cultivables ; elle est essentiellement cultivée par irrigation dans la Vallée du Fleuve Sénégal et dans le Bassin de l’Anambé, mais aussi sous pluie ou par bas-fonds ou de plateau, dans les régions méridionales de Fatick, Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Tambacounda et Kédougou.
Souveraineté alimentaire et riz
Le Gouvernement a libéralisé le secteur du riz en 1996 et s’est retiré de toutes les interventions dans la filière, notamment au niveau de la production et de la commercialisation. Il a, par la même occasion, libéralisé les importations. La stratégie de production et de commercialisation du riz est basée sur le concept de souveraineté alimentaire. En effet, ce qu’on a appelé en son temps « les émeutes de la faim » en 2008 suscitées par l’arrêt momentané des exportations asiatiques et la hausse consécutive des cours mondiaux du riz ont poussé les gouvernants à mettre en œuvre une stratégie sécurisante de production de denrées de base de l’alimentation des populations. Depuis cette crise alimentaire, des efforts soutenus d’investissements ont été mis en œuvre pour arriver à satisfaire les besoins du Sénégal en céréales, en particulier en riz, base de l’alimentation dans notre pays.
Les efforts ont été dirigés en particulier vers la Vallée du Fleuve dont les ressources en eau superficielles, et l’expérience de la SAED (Société d’aménagement et d’exploitation des terres du Delta) sont de gros atouts pour l’accroissement de la production de cette céréale. Selon la SAED, près de 105.000 hectares ont été emblavés dans la Vallée du Fleuve en 2020-2021. Il est prévu pour l’année 2021/2022 d’emblaver 125.000 hectares durant les trois saisons (hivernage, saison sèche chaude, saison sèche froide), afin de produire 500.000 tonnes de riz paddy. Le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Pr Moussa Baldé, a annoncé, lors de la dernière conférence de presse du gouvernement, une production de près de 1.349.723 tonnes de riz sur l’ensemble du territoire lors de la campagne 2020-2021, ce qui tendrait à minorer la production de la Vallée par rapport aux autres zones rizicoles. Les statistiques devraient être revues à ce niveau pour une meilleure compréhension des résultats de la filière, et une clarification des objectifs.
Les contraintes de l’agriculture irriguée
L’accroissement de la production nécessaire à l’atteinte des objectifs d’autosuffisance annoncés se heurte à de nombreuses contraintes. Les ressources en eau de notre pays sont caractérisées par leur vulnérabilité en quantité et en qualité, liée à la position géographique (proximité de la mer) et à d’autres facteurs dont la variabilité de la pluviométrie, la pollution due aux eaux usées domestiques, industrielles et agricoles. Dans la Vallée du Fleuve, la salinisation des terres est la principale cause de la dégradation des sols ; l’irrigation par inondation des périmètres rizicoles provoque une remontée substantielle de la nappe qui s’accompagne d’une remontée de sels en surface et sur les parcelles. Les rejets d’eaux usées s’opèrent de façon désorganisée et sans retraitement préalable (eaux de drainage, rejets chargés de pesticides) au niveau des petites unités rizicoles, ce qui altère également la qualité des sols.
Les activités rizicoles impliquent l’utilisation d’intrants chimiques pour la fertilisation des sols et la défense des cultures contre les insectes. Les sols ainsi affectés par la salinisation et les rejets d’eaux usées deviennent totalement impropres à l’agriculture. La salinisation des sols est sources d’instabilité dans l’utilisation des périmètres aménagés. Après plusieurs années, les rendements sont généralement en baisse du fait de la salinisation, entraînant un phénomène connu dans la Vallée sous le nom d’ « irrigation itinérante », consistant pour les petits agriculteurs à abandonner les périmètres anciennement aménagés pour s’installer sur les plus récents.
Au plan foncier, les zones de culture sont souvent le lieu de conflits réels ou latents (entre agriculteurs et éleveurs), avec des systèmes fonciers complexes ne leur donnant pas des gages de stabilité de leur environnement d’affaires. Les investisseurs de l’agrobusiness, considérant l’accès à la propriété comme un instrument de levée de fonds, n’y trouvent pas souvent leur compte faute de garanties réelles à offrir aux institutions financières. Concernant les parcelles rizicoles, elles sont le fait de l’agriculture familiale et sont caractérisées par leur exiguïté, ce qui induit une faiblesse des rendements, et, par conséquent, l’incapacité des producteurs à rembourser les dettes bancaires. Les parcelles vont d’un demi-hectare à 10 hectares pour la majorité des riziculteurs de la Vallée, la moyenne étant de 2 hectares par producteur
Conclusion
Le Sénégal, à l’instar du de la Côte d’Ivoire et du Mali, s’est engagé à atteindre l’autosuffisance en riz. L’importation de cette denrée grève, en effet, la balance commerciale de nos pays par le niveau d’importation, et la balance des paiements en ce qu’elle vide nos réserves de change en dollars qui est la monnaie de fixation de son prix. Tenant compte de la nécessité de mettre en avant la sécurité alimentaire éprouvée par la crise de 2008, et du poids des importations de riz dans la balance commerciale (10 %) et enfin de son impact social sur la population (emplois etc.), la production de riz doit être légitimement soutenue. Toutefois, la course à l’autosuffisance en riz est, en fin de compte, une course-poursuite entre les variables que sont : la croissance de la population, la tendance à la dégradation de la qualité des terres et des ressources en eau superficielles (eaux de surface). Aussi, avec les objectifs fixés, la production marginale sera d’autant plus coûteuse qu’elle se traduira forcément par l’augmentation de surfaces à emblaver, donc d’aménagements hydroagricoles réputés onéreux, et de matériels de production. La mobilisation des ressources financières correspondantes, tant pour les infrastructures structurantes — à savoir les aménagements et la réhabilitation de périmètres hydroagricoles ainsi que la mécanisation agricole relative aux groupes motopompes, tracteurs et moissonneuses batteuses etc., — que pour les besoins en investissement et fonds de roulement du petit producteur, cette mobilisation des ressources financières est essentielle.
MARIAMA SARR, UN DESTIN DE MAIRE EN DANGER
Mariama Sarr pourra-t-elle-faire rempiler lors des municipales de janvier prochain? Une question qui vaut son pesant d’or à la lecture de la situation politique très tendue qui prévaut au sein de la mouvance présidentielle à Kaolack
Alioune Badara Diallo (Correspondant à Kaolack) |
Publication 17/06/2021
A Kaolack, le premier défi que Mariama Sarr devrait relever, c’est de parvenir à un consensus autour de sa personne au sein de la majorité présidentielle. Si le maire de Kaolack semble avoir les faveux du président de la République, son condisciple au lycée Gaston Berger, dans la même ville, elle n’aura pas les coudées franches puisqu’elle est fortement contestée au sein même de l’Alliance pour la République (APR). Beaucoup de ténors du camp présidentiel ont des visées sur son fauteuil de maire parmi lesquels le plus sérieux semble être…son ancien mari « Rahma ». La ministre de la Fonction publique n’a pas non plus la côte au sein des Kaolackois du fait d’un bilan jugé négatif à tous les niveaux.
Mariama Sarr pourra-t-elle-faire rempiler lors des municipales de janvier prochain? Une question qui vaut son pesant d’or à la lecture de la situation politique très tendue qui prévaut au sein de la mouvance présidentielle dans la capitale du Bassin arachidier. En effet, depuis que le président de la République a fixé la date des élections locales prévues en janvier 2022, la guerre de positionnement des responsables politique de la majorité présidentielle qui ont décidé d’aller à la conquête de la mairie de la ville, « avec ou sans la bénédiction du président Macky Sall », cette guerre fait rage. Surtout que les challengers de la mairesse de Kaolack ne boxent pas dans la petite catégorie qu’elle puisqu’ils ont démontré leur popularité au cours de manifestations ayant drainé un monde fou. en drainant une foule folle.
Retenons d’emblée que le choix du président Macky Sall pour la commune de Kaolack est un secret de Polichinelle, rien qu’à voir ses relations avec Mariama Sarr — qui fut sa « djiguène » au lycée — en dit long sur la confiance qu’il lui porte. Un dernier exemple, lors de son passage à Kaolack, le président Macky Sall, en escale dans la zone, a passé la mi-journée et déjeuné à « l’improviste » avec elle pendant que les autres responsables politiques de l’APR attendaient le cortège présidentiel à quelques encablures de la mairie de Kaolack. D’ailleurs, Mariama Sarr a sauté de joie et mis en exergue ce geste de son mentor lors d’une interview accordée à la presse après le départ du président vers Kaffrine pour l’inauguration de l’hôpital de cette ville. Tout compte fait, même si Mariama Sarr est « investie » par le président de la République, il n’en demeure pas moins que ses challengers constituent des obstacles majeurs qui risqueraient d’entraver sa réélection à la tête de la municipalité de la ville de Mbossé
Modou Ndiaye « Rahma » et Serigne Mboup, les adversaires les plus redoutables
Pour ce qui est de Modou Ndiaye « Rahma » de l’APR ayant à ses cotés le député Awa Guèye et 12 des 14 maires du département de Kaolack, il a l’art des grandes manifestations facilitées par son poids électoral et ses gros moyens financiers. D’ailleurs, ses rassemblements sont chaque fois une véritable démonstration de force en termes de mobilisation même si les mauvaises langues prétendent qu’il ne fait foule que parce qu’il a les moyens logistiques et financiers de se livrer à l’« import-export » de militants en convoyant ses partisans d’une localité à l’autre du Saloum lors de ses meetings. Particulièrement en provenance des 12 communes précitées dont les maires lui sont acquis. or, l’élection à la mairie de Kaolack ne concerne que les habitants de cette ville. Modou Ndiaye Rahma va-t-il réussir à détrôner son ex-épouse Mariama Sarr ?
Encore faudrait-il que Macky Sall, qui a fait de lui un ambassadeur itinérant et lui octroie beaucoup de marchés de l’Etat, soit d’accord ! Un autre prétendant sérieux — pas pour la main de Mariama Sarr mais pour son fauteuil ! —, c’est l’homme d’affaires Serigne Mboup, leader du mouvement And Défar Kaolack, affilié à la mouvance présidentielle ; Lui aussi cherche à jouer sa partition. Ce candidat à la candidature de la mairie a explicitement affiché son ardent désir d’occuper le fauteuil municipal et, pour y parvenir, l’opérateur économique investit beaucoup sur les jeunes et les femmes. Il a développé un réseau de partenariat avec des personnes très influentes qui pèsent dans le domaine économique ce qui, également, lui facilite ses investissements.
De grosses pointures du parti au pouvoir et de Bby seraient prêtes à lui apporter soutien si toutefois Macky Sall confirmait Mariama Sarr comme tête de liste. Une manière selon eux de rejeter la candidature de celle-ci. Sauf que, comme pour Rahma, Serigne Mboup, en tant qu’homme d’affaires, peut difficilement se passer des subsides de l’Etat… dont Macky Sall aurait tôt fait de le priver s’il voulait combattre électoralement sa « djiguène » !
Par contre, l’un des handicaps du président de la chambre de commerce et d’industrie de Kaolack serait son incapacité de mobiliser massivement même si, c’est vrai, beaucoup de Kaolackois lui prêtent une oreille attentive. Serigne Mboup a aussi un atout, qui n’est pas mince : il sait trouver des emplois aux jeunes qui, d’ailleurs, lui apportent leur soutien à travers des mouvements. Certaines indiscrétions parlent d’une probable candidature du directeur général de la Senelec Pape Mademba Bitèye. Toutefois, même si le président du mouvement Kaolack sur les rampes de l’émergence (Krem) ne l’a pas annoncé, il a le soutien du leader Parti justice et développement de Cheikh Ibrahima Diallo. La liste des prétendants au fauteuil de Mme Mariama Sarr n’est pas exhaustive… Une chose est sûre : au sein de la mouvance présidentielle kaolakoise, les violons ne sont pas accordés et cette désunion risque de coûter cher à Mariama Sarr qui est seule contre tous et traine un handicap constitué par les multiples complaintes des populations qui lui donnent une mauvaise note dans la gestion de la cité. Pas d’emplois créés, pas de réalisations phares en termes d’infrastructures routières, sanitaires et éducatives sous son mandat. Bref, il est très difficile de rencontrer des Kaolackois qui se disent satisfaits de sa gestion.
D’ailleurs, par rapport au système d’assainissement, les habitants expriment tous les jours leur ras-le-bol face au réseau d’assainissement défectueux qui « n’honore pas la ville qui récolte plusieurs millions de recettes municipales au vu de sa taille et des activités qui y sont développées sans compter sa position de carrefour ». Disons seulement qu’en politique rien n’est joué avant les résultats finaux issus du scrutin. Il ne faudra pas non plus perdre de vue un fait, tous les partis alliés classiques de l’APR sont avec le ministre Mariama Sarr, qu’il s’agisse de l’Afp, de Ld ou du Ps… reste à savoir ce que ces partis représentent au niveau local…Et si Macky perdait les élections à Kaolack, en s’entêtant à imposer envers et contre tout sa « djiguène » ? La question reste posée…
OUSMANE SONKO DEVANCE LES LEADERS DE BBY DANS LES INTENTIONS DE VOTES
Le « Témoin » s’est promené dans les rues de Ziguinchor.
La bataille pour les Locales du 23 janvier prochain a commencé un peu partout dans le pays. Le président de la République, à travers ses tournées dites économiques, mène en réalité une campagne électorale. C’est d’ailleurs ce que pensent beaucoup de Sénégalais qui se désolent de cette supercherie. Si Macky Sall est presque en terrain conquis dans le Nord du pays où il se trouve actuellement, et où ses troupes évolueront en roue libre lors des élections locales, il n’en est pas de même dans le Sud, plus précisément à Ziguinchor, où le leader de Pastef, Ousmane Sonko, semble avoir pris une longueur d’avance sur ses adversaires sans même y avoir mené campagne. Il est quasiment plébiscité par la jeunesse. Le « Témoin » s’est promené dans les rues de Ziguinchor.
Depuis l’annonce de la date des Locales prévues en janvier 2022, la politique est au cœur des débats partout au Sénégal. Chaque leader local se déploie sur le terrain en vue de conquérir et maintenir son électorat. Mais il y a des zones déjà conquises. Voire imprenables. Ziguinchor en est une. Si le Fouta est un « titre foncier » du président de la République, la Basse Casamance semble immatriculée au nom du leader de Pastef. Après la Présidentielle de 2019 où Ousmane Sonko était arrivé largement en tête dans la région de Ziguinchor malgré la puissance financière de nombreux responsables politiques de la majorité dans la ville, il semble bien parti pour transformer l’essai lors des élections locales du 23 janvier prochain.
En effet, bien rares sont les habitants de Ziguinchor à parier sur la capacité des responsables locaux du camp présidentiel à renverser la tendance. Aujourd’hui, la jeunesse de cette Basse Casamance, formatée politiquement, est « patriote ». Assis sur une moto, Saliou estime que sa carte est déjà pour le Pastef. « Ne vous méprenez pas sur la liesse populaire qui suit tout le temps les leaders de la majorité présidentielle dans les meetings ou autres manifestations, ils n’ont rien derrière eux. Ici, c’est Ousmane Sonko qui a le vent en poupe. Nous voulons un autre régime et une nouvelle équipe municipale pour changer nos vies », soutient le jeune Jakartaman. « Le fait qu’on nous ait remis des miettes, ne nous fera pas changer d’avis. Il faut continuer à interroger les gens. Tu verras que les Ziguinchorois ont tourné le dos aux responsables de la mouvance présidentielle », a-t-il renchéri. Aux abords du rond-point « Jean Paul II », des vendeurs ont installé un peu partout leurs marchandises. Abdou, un client d’une banque de la place, range ses billets dans ses poches et s’apprête à prendre une moto. « Ce régime de Macky Sall a fini d’appauvrir les gens. A Ziguinchor, je ne sais pas encore qui va conduire la liste de Pastef, mais les gens ont Ousmane Sonko dans leur cœur.
L’actuel maire, Abdoulaye Baldé, et les autres responsables ne font pas le poids. Ils le savent. Ils ont obtenu tous les moyens durant la dernière élection présidentielle mais ils ont été battus à plate couture. Pour vous dire, que la réalité se trouve dans les urnes. Nous votons Sonko », s’est-il exclamé. A l’arrêt du bus, une étudiante de l’Université Assane Seck de Ziguinchor attend tranquillement son transport en commun. « Je suis « patriote ». Je ne sais pas ce qui va se passer, mais il ne sera pas facile de renverser le Pastef à Ziguinchor. Nous sommes déterminés. Il n’y a qu’une minorité de vieilles personnes qui votent pour la mouvance présidentielle », fait-elle comprendre. Un professeur de collège requérant l’anonymat confie que, à Ziguinchor, il n’y aura pas de confrontation. « Nous allons passer comme lettre à la poste. La majorité des élèves, étudiants, enseignants et professeurs sont des « Patriotes ». Nous voulons un changement dans ce pays. Nous allons le commencer d’abord avec ces Locales en les remportant haut la main. Nous suivons le leader de Pastef pour son programme très ambitieux », a-t-il lancé. Une quadra de la majorité présidentielle douche l’enthousiasme des détracteurs de BBY. « Les Patriotes oublient que les Locales sont différentes de la Présidentielle. Ils n’ont pas de représentants charismatiques dans la zone qui peuvent égaler l’actuel maire. Ils se trompent d’élection. Ils seront surpris et parleront encore de fraude », soutient Astou Goudiaby.
En tout cas pour beaucoup de nos interlocuteurs, Ziguinchor pourrait basculer du côté de Pastef si les « Patriotes » investissent comme tête de liste leur leader Ousmane Sonko. Mais ce dernier, qui a des ambitions nationales, acceptera-t-il de se faire piéger localement par la majorité présidentielle, comme Malick Gackou l’a été jadis à Guédiawaye ? Il ne reste plus que quelques mois pour avoir la réponse à cette question !
MACKY SALL MET EN GARDE LES ETUDIANTS
Les saccages récurrents d’installations universitaires et les violences répétées des étudiants pour appuyer diverses revendications ont finalement mis hors de lui le président de la République.
Les saccages récurrents d’installations universitaires et les violences répétées des étudiants pour appuyer diverses revendications ont finalement mis hors de lui le président de la République. Récemment à Kolda, à Ziguinchor, à St-Louis, à Thiès, puis à Kaolack et très souvent à Dakar, les étudiants manifestent violemment en détruisant souvent des biens publics pour dénoncer leurs conditions d’études ou réclamer des bourses si ce n’est e « master pout tous ». Des violences qui commencent à révulser les plus hautes autorités du pays, notamment le président de la République. Macky Sall a d’ailleurs mis à profit la pause de la première pierre de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel (Isep) de Matam, hier, pour mettre sévèrement en garde les étudiants auteurs de casses.
Le chef de l’Etat est fortement énervé par l’attitude des étudiants qui, pour un oui ou un non, sèment le chaos dans les campus universitaires et dans les espaces publics. Une terreur de la violence qui, selon lui, ne peut plus continuer. De Matam hier où il posait la première pierre de l’Institut supérieur d’enseignement professionnel, il a lancé une mise en garde aux étudiants. « Il ne faut pas que les étudiants pensent que pour un oui ou pour un non, on doit détruire ou casser... Nous allons mettre un terme à tout cela » a-t-il menacé.
Dans un message intitulé «l’appel aux étudiants», le chef de l’État a déploré la série de manifestations qui continuent de se propager dans les universités. «Rien que durant le mois de mai, nous avons payé plus de huit milliards de francs en bourses pour les étudiants. Le Sénégal dépense des moyens qu’aucun pays africain, toutes proportions gardées, ne dépense pour ses étudiants et pour ses élèves. Alors, il ne faudrait pas simplement parce qu’il y a une volonté de perturbation que tous ces moyens soient annulés. Notre volonté, c’est de couvrir davantage l’université, rapprocher les enseignements et les apprentissages pour créer des étudiants et des familles. Cela demande énormément de ressources. Il faut recruter autant d’enseignants, construire autant universités et d’institutions supérieures, des logements et des restaurants. Donc si on a un pays qui fait autant de sacrifices, il ne faudrait pas que tous ces sacrifices soient annulés par des gens qui ne sont même pas animés par les études, mais qui pensent que l’université doit être un espace de perturbation», a vigoureusement tonné le président Macky Sall. Sans chercher à faire les yeux doux « aux enfants gâtés » de la République, Macky Sall a tout simplement menacé de mettre un terme à toute cette forme de destruction des biens publics.
Il invite également les universités à prendre leurs responsabilités pour éviter toute perturbation dans l’espace universitaire. «Ceux qui veulent étudier ne doivent pas accepter qu’on compromette leur carrière et leur volonté de réussir et d’aller servir leur pays et de contribuer à son développement. Nous allons continuer les efforts et le ministre de l’Enseignement supérieur plaide tous les jours pour qu’on lui donne davantage de ressources. Vous savez qu’aujourd’hui, ce ministère est le premier ou le deuxième en termes de consommation de ressources devant des ministères comme les Forces armées, devant la santé des populations. Donc, la communauté universitaire doit en être consciente et comprendre qu’il y a des limites dans ce que nous faisons. Nous allons poursuivre les efforts, construire tous les quarante cinq ENO dans les quarante six départements, nous allons construire des espaces numériques ouverts dès l’année prochaine. Il ne faut pas également que les gens pensent que les moyens sont illimités et que pour un oui ou pour un non on commence à détruire ou à casser. A un moment donné, on mettra un terme à tout cela. Sur le plan pédagogique, il faudrait que les universités prennent leurs responsabilités pour éviter toute perturbation. Car, on n’est pas à l’université pour perturber. Nous sommes là-bas pour étudier et partir. Surtout que le gouvernement est disposé et qu’on a amélioré toutes les conditions d’études », a ajouté le président Macky Sall sur un ton ferme lors de la pause de la première pierre de l’institut supérieur d’enseignement professionnel de Matam...
Espérons que son appel sera entendu par les étudiants.