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22 juin 2025
Yoro DIA
IMPUISSANCES AFRICAINES
L’Algérie confrontée au jihadisme a développé une volonté de puissance qui lui a permis d’éradiquer militairement le fléau. Alors que le Mali s’est contentée de la volonté d’impuissance qui consiste à faire appel à la France
Si la France est restée une puissance africaine, soixante ans après les indépendances, c’est à cause principalement des impuissances africaines. La France est devenue une «puissance africaine» parce que la quasi-totalité de ses opérations extérieures se déroulent sur le continent et presque exclusivement en Afrique au Sud du Sahara. Le désir d’impuissance des Etats africains est le moteur de la volonté de puissance française en Afrique, qui est devenue son avantage comparatif dans les relations internationales.
L’empire colonial français incluait pourtant une partie de l’Asie, le Moyen Orient et le Maghreb où il n’y a plus d’interventions militaires françaises comme c’est le cas en Afrique noire. A l’exception notoire de l’intervention en Libye, qui a été une guerre privée de Sarkozy et de Bernard-Henri Levy, la France n’intervient pas militairement au Maghreb, ni en Asie comme au Vietnam ou au Cambodge, parce que ces pays ne développent pas une quête d’impuissance comme les Etats d’Afrique noire. Cette quête d’impuissance, incarnée par la schizophrénie permanente et le «complotisme» dans nos relations avec la France.
Quand la France nous oppose notre souveraineté pour ne rien faire, on dénonce l’indifférence, quand elle intervient, souvent à la suite d’appels des Etats, on dénonce l’ingérence et la recolonisation. Bien avant le Mali, l’Algérie a été confrontée au jihadisme terroriste, mais a développé une volonté de puissance qui lui a permis d’éradiquer militairement le fléau, alors que le Mali s’est contentée de la «volonté d’impuissance» qui consiste à faire appel à la France.
Cette quête d’impuissance est aussi présente en Côte d’Ivoire, où les acteurs politiques, incapables de s’entendre sur les règles minimales du jeu politique, ont fait appel à l’ancienne puissance coloniale pour arbitrer un conflit politique et identitaire qui a fait des milliers de morts. La même chose en République centrafricaine où, après 60 ans d’indépendance, on ne peut parler ni de Nation ni d’Etat, encore moins de cohabitation d’ethnies, où ce sont encore les acteurs incapables de régler leurs conflits politiques qui transforment leur pays en champ de confrontation internationale comme l’Espagne pendant la guerre civile. Cette impuissance africaine sévit aussi où Burkina Faso, où l’on se rend compte que la principale mission de l’Armée a toujours été de défendre un régime contre les coups d’Etat et non pas de protéger le pays. Cette fragilité intrinsèque de l’Armée du Burkina fait aujourd’hui la force des jihadistes.
C’est à cause de ces impuissances africaines qu’on donne trop d’importance à la France dans le débat en Afrique et qu’on voit sa main partout, même si les faits prouvent le contraire. Les jeunes Burkinabè ont fait leur révolution et chassé le tyran. Au Sénégal, nous avons élu en 2000 Me Wade que la France de Foccart considérait comme un «aventurier dangereux qui allait plonger le pays dans un saut dans l’inconnu».
Au Mali, le coup d’Etat et «le coup d’Etat dans le coup d’Etat», malgré la présence militaire française, prouve que la France n’est pas le Big brother qu’on croit. En Centrafrique, le jeu d’échec de l’Etat entre la France et la Russie prouve aussi qu’il y a une certaine marge de manœuvre. En Côte d’Ivoire, la France n’a pas pu empêcher Ouattara de se lancer dans l’aventure du 3e mandat. La révolution des jeunes Burkinabè qui ont chassé Compaoré montre que les causes et les rapports de force endogènes l’emportent sur la volonté des puissances coloniales, comme ce fut le cas à la Baule. Ce qui se passe est simple.
Le désir d’impuissance est consubstantiel à la recherche de bouc émissaire, alors que la volonté de puissance exige qu’on prenne ses responsabilités comme l’Algérie avec les jihadistes, ou le Rwanda qui a redéfini ses relations avec le France. De toute façon, qu’ils le veuillent ou pas, les Etats africains vont être obligés de faire face à leurs responsabilités, parce qu’ils n’auront plus de bouc émissaire. La fin de l’opération Barkhane marque la mort du pré carré qui n’existe plus depuis longtemps que dans la tête des Africains. La France a tourné la page du syndrome de Fachoda en organisant la conférence internationale sur le Soudan à Paris, en marge du sommet sur le financement des économies africaines, en se focalisant plus sur le Nigeria, l’Afrique du Sud ou le Kenya que sur la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Gabon.
La volonté de puissance de la France en Afrique est naturelle, parce que cela lui confère des attributs de grande puissance, comme la doctrine de Monroe en Amérique, mais ce qui ne l’est pas, c’est la quête d’impuissance de l’Afrique noire et sa quête permanente de boucs émissaires (France, Cpi, Banque mondiale, colonisation). L’arrivée de Macron et la fin de Barkhane montrent que pour l’Afrique noire, la «France de Papa est morte et ceux qui ne l’auront pas compris mourront avec elle», comme avait dit Gaulle à propos de L’Algérie. Espérons que le Sénégal l’ait compris, parce que pour la France, le Mali est un problème de politique extérieure alors que pour le Sénégal c’est un problème de sécurité nationale, car on ne peut pas déménager ! Et les jihadistes à Bamako et Kayes, ce n’est plus une vue de l’esprit, mais une thèse dans notre stratégie de sécurité nationale.
L’UIDT PERD SES FACULTÉS
Une explosion de colère s’est emparée hier de l’Université Iba Der Thiam (Uidt) de Thiès où de vives altercations ont opposé les étudiants et les Forces de l’ordre, occasionnant plusieurs arrestations
Après plusieurs semaines de grève sans succès, les étudiants de l’Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt) ont décidé d’élever d’un cran leur lutte pour de meilleures conditions de vie et d’études. Déterminés à obtenir gain de cause, ils se sont affrontés hier, durant plusieurs heures, aux Forces de l’ordre.
Une explosion de colère s’est emparée hier de l’Université Iba Der Thiam (Uidt) de Thiès où de vives altercations ont opposé les étudiants et les Forces de l’ordre, occasionnant plusieurs arrestations. A l’origine, les retards notés dans la livraison des chantiers de l’Uidt. Ils ont alors investi les rues de la Cité du Rail hier matin, pour exiger l’achèvement des chantiers. Furieux, ils ont bloqué la Rn 2, principale artère qui mène à l’entrée de la ville de Thiès.
Rongés par la colère, les étudiants, en mouvement dans toute la ville, ont brûlé un véhicule de l’Administration et des pneus après avoir barricadé les grandes artères de la ville aux deux gares. Les manifestants, qui reprochent aux autorités de «faire la sourde oreille», ont extériorisé leur désespoir, réclamant «la livraison des chantiers» de l’établissement d’enseignement supérieur. Pendant des heures, les contestataires ont réussi à perturber le trafic urbain sur différents endroits sensibles dans la ville.
De violents affrontements au cours desquels les étudiants ont réussi à déjouer maintes fois les stratégies des Forces de l’ordre qui se sont déployées sur le terrain et n’ont pas hésité un seul instant à user de bombes lacrymogènes pour disperser les rassemblements de protestataires. Aussi sur le site de la Voie de contournement nord (Vcn), en passant par la station Edk oil, la gare routière de Thiès à l’avenue Caen, les manifestants, formant en plusieurs groupes, ont eu d’assez violents accrochages avec les policiers qui n’ont pu les empêcher de brûler des pneus.
Et plusieurs heures durant, l’atmosphère était devenue chaude, étouffante, du fait de la fumée permanente et de gaz lacrymogènes. Les étudiants, qui ont surtout dénoncé «l’injustice, l’anarchie et la dictature qui règnent dans l’université depuis le début de leur mouvement d’humeur», exigent «le démarrage sans délais des travaux de réhabilitation de l’ancien site de l’Isep qui doit être livré à l’Ufr». Ils jurent : «Nous irons jusqu’au bout de notre lutte. Tant que les chantiers ne sont pas livrés, nous ne baisserons pas les bras.» Il faut savoir que la communauté universitaire de Thiès est en mouvement d’humeur depuis plusieurs semaines pour réclamer l’achèvement des chantiers de l’Université.
En effet, fait-elle savoir, «les étudiants arrivent dans le site de l’Uidt et vivent dans des conditions déplorables aussi bien sur le plan social que pédagogique. Les salles de télé de même que les bureaux des amicales sont convertis en dortoirs pour loger les nouveaux bacheliers qui souvent n’ont aucun endroit où loger à Thiès.
Les étudiants ne peuvent pas faire cours, faute de salles de classe». Idem «au niveau de la réception» où des «ruptures dans les services de la restauration sont notées». Pour simplement dire la nécessité de boucler les chantiers pour améliorer les conditions d’accueil des étudiants face à l’orientation massive de nouveaux bacheliers
LES LIONNES NE VERRONT PAS LE MONDIAL DE HAND
L’équipe nationale féminine du Sénégal s’est inclinée sur le fil devant celle du Congo (20-21) en quart de finale du Championnat d’Afrique de la discipline
L’équipe nationale féminine du Sénégal s’est inclinée sur le fil devant celle du Congo (20-21) en quart de finale du Championnat d’Afrique de la discipline. Les « Lionnes » ratent le coche et ne décrocheront pas l’un des quatre tickets africains pour la coupe du monde de la discipline prévue en décembre en Espagne.
Elles avaient fait une fixation sur le favori, l’Angola, et elles étaient loin de se douter qu’elles ne retrouveront pas les Angolaises en finale comme tant rêvé. L’aventure s’arrête en effet dès les quarts de finale pour les coéquipières de Doungou Camara.
Finalistes malheureuses de la précédente édition, les « Lionnes » n’ont pas pu honorer leur statut de favori et sortent ainsi de la compétition à la surprise générale. La faute à un début de match calamiteux avec aucun point inscrit après plus de 10 minutes de jeu permettant aux Congolaises de faire la course en tête (5-0) mais aussi à un manque d’adresse devant les buts. Le premier but n’interviendra qu’à la 14ème minute.
Les protégées essaieront de revenir au score mais vont se heurter à une coriace équipe congolaise qui va rentrer aux vestiaires avec une avance de cinq buts (11-6). Requinquées, les « Lionnes » vont se rebiffer en deuxième mi-temps au point de revenir à égalité 20-20. Mais elles vont finalement encaisser un but assassin qui va sceller le sort définitif de la partie en faveur du Congo (21-20). Une élimination dès les quarts de finale qui constitue une énorme désillusion pour cette génération qui n’accèdera pas au dernier carré.
Les « Lionnes » ratent l’unique chance de décrocher une deuxième qualification consécutive à la coupe du monde de la discipline prévue en décembre en Espagne. Une énorme déception pour Fred Bougeant et ses joueuses qui risquent de passer dans un contexte de crise du handball sénégalais. Le Cameroun, le Congo, l’Angola et la Tunisie représenteront donc l’Afrique au prochain Championnat du monde de handball féminin. La compétition se déroulera du 2 au 19 décembre prochain en Espagne.
Résultats des quarts de finale
Angola – RD Congo 29-20
Congo – Sénégal 21-20
Cameroun – Nigeria 44-14
Tunisie – Guinée 27-20
Programme des demi-finales
Mercredi 16 juin (en GMT)
14h30 Angola – Tunisie
17h00 Cameroun – Congo
LA STRATEGIE DU RENFLOUEMENT DES STOCKS DE SANG
Le Sénégal a fait face l’année dernière à un déficit de 65 000 poches de sang sur un besoin annuel de 170 000 dons
Le Sénégal a fait face l’année dernière à un déficit de 65 000 poches de sang sur un besoin annuel de 170 000 dons. Un gap à combler pour différentes raisons, selon le directeur du Centre national de Transfusion sanguine, Pr Saliou Diop, qui liste les stratégies mises en place pour pouvoir renflouer les stocks dans nos banques de sang.
Au Sénégal, les besoins en don de sang sont estimés à environ 170 000 dons par an. L’année dernière, le Centre national de transfusion sanguine (Cnts) avait prélevé 105 000 dons de sang. Soit un gap de 65 000 poches à trouver. Ces collecteurs avaient réussi à avoir 61,76% des besoins annuels en termes de poches en sang. Toutefois, il y a encore un gap de 38,24%. Un déficit à combler, d’autant plus que les besoins ne fléchissent pas. Au contraire, l’utilisation du sang voit une augmentation progressive chaque année à cause de l’apparition de nouvelles maladies chroniques. De nouvelles maladies en plus des besoins traditionnels liés à l’accouchement des femmes, et la situation chez certains enfants, sollicitant beaucoup le sang comme produit thérapeutique. C’est le cas dans le traitement des cancers, des hémodialyses, de la chirurgie cardio vasculaire... Il y a également la survenue de l’épidémie de Covid-19 en mars 2019, pour le cas spécifique du Sénégal. D’ailleurs le directeur du Centre national de Transfusion sanguine révèle que la structure, sur le plan des besoins en transfusion, est encore beaucoup plus sollicitée. Pendant la période de la pandémie, dit-il, « il y avait plus d’actes médicaux qui étaient programmés et qui ont été reportés ».
Au niveau de ce centre, le constat est que, avec la survenue de cette pandémie de Covid, les prescriptions, les demandes en produits sanguins, avaient augmenté. Une période de Covid qui a beaucoup ébranlé le système de santé en général. Particulièrement le système de transfusion sanguine qui en a beaucoup souffert. « Nous sortons de cette période avec des demandes et des prescriptions qui sont plus importantes. Nous devons nous adapter à cette situation », selon le Pr Diop qui a mis en place des stratégies pour permettre de « renflouer nos stocks ». Une situation qui appelle aujourd’hui à une relance des activités de don de sang. C’est d’ailleurs ce qu’ont compris les services dudit centre qui, à l’occasion de la journée mondiale du don de sang, ont organisé, hier, une journée de collecte de sang avec un objectif d’un minimum de 500 poches de sang à collecter. Ils demandent la contribution de tous pour pouvoir renflouer les stocks. Ce, en faisant en sorte que le mois de juin soit comme une occasion d’avoir des stocks assez suffisants « pour préparer la période des vacances universitaires où malheureusement la plupart de nos donneurs rentrent dans les villages.
Et c’est très difficile d’avoir des dons de sang pendant cette période », a dit le Pr Diop qui a mis en place des stratégies de collecte de poches de sang pour avoir installé des sites de collectes au niveau national où tous les jours, il y a en moyenne une trentaine de sites de collecte ouverts dans le pays. Ce qui, pour lui, constitue une opportunité à tous ceux qui veulent donner du sang. Dans le cadre des activités déployées au niveau des collectivités locales, ils ont beaucoup travaillé dans la collecte, mais surtout la sensibilisation communautaire. « Le don de sang, c’est l’affaire de la collectivité. Il est donc important que les maires des communes d’arrondissement qui sont tout près de la collectivité puissent nous appuyer à mieux sensibiliser les populations. Nous avons commencé depuis le début du mois de juin à aller dans les communes, dans les quartiers et à faire des site fixes avancés sur une place, et nous y restons trois à quatre jours d’affilés en relation avec la mairie, les collectivités locales, qui connaissent mieux les détails de différents quartiers. Ce qui nous permet d’être plus proches des populations, d’être là, et de leur parler du don de sang et recruter de nouveaux donneurs de sang », a expliqué le directeur du Cnts dont la seule politique aujourd’hui, c’est de rendre le sang disponible le plus près du patient.
Dans ce cadre, la stratégie c’est d’avoir une carte en matière de transfusion sanguine qui épouse la carte sanitaire du pays. C’est pourquoi ils ont élaboré une organisation qui permet un maillage dans le pays. Au-delà du centre de transfusion sanguine qui coordonne toutes les activités transfusionnelles, ils ont aussi prévu des centres régionaux de transfusions sanguines. « Chaque centre doit coordonner des postes de transfusion sanguine qui sont dans les hôpitaux de niveau 1 ou 2. Ce qui fait que, avec cette organisation, même les centres de santé doivent disposer d’un dépôt de sang. Une organisation qui permet à ce que, jusqu’aux poste de santé, qu’on puisse avoir le sang ». Mais qui requiert « un processus », d’après le Pr Diop qui donne « l’exemple de l’hôpital de Kaffrine. Il y a une banque de sang, un poste de transfusion à l’ancien hôpital qui va certainement se déplacer au nouvel hôpital. C’est le cas également à Touba où nous avons des postes de transfusion sanguine. C’est le cas également à Kédougou ».
Dans toutes les nouvelles structures qui sont ouvertes, il y a des structures de transfusion sanguine qui sont là prêtes à se déployer pour pouvoir assurer les besoins des patients. Les produits sanguins sont un élément essentiel de la prise en charge des maladies. La journée mondiale du donneur de sang, édition 2021, c’est « donner du sang pour faire battre le cœur du monde ». Un thème qui fait appel plus aux jeunes de s’investir davantage dans le don de sang.
PR SALIOU DIOP, DIRECTEUR DU CNTS : «IL N’Y A PAS DE RISQUES DE TRANSMETTRE LE COVID PAR LE SANG»
Les services du Centre national de Transfusion sanguine de Dakar (Cnts) ont lancé des activités de collecte de sang dans tout le pays. Pour rassurer les populations sur d’éventuelles contamination en cette période de « queue » de pandémie Covid-19, le directeur de structure de collecte et de stock et de distribution de sang, Pr Saliou Diop tient à rassurer sur le fait que, le Covid ne se transmet pas par voie sanguine. Par rapport au Covid, dit-il, « nous savons que, aujourd’hui, cela ne peut pas être transmis par le sang. Il n’y a pas de possibilités. C’est un virus respiratoire qui ne peut pas être transmis par le sang. Il y a eu des millions et des millions de cas de Covid. Aucun de ces cas n’a été transmis par le sang ». C’est pourquoi, il lance un appel à l’endroit de ceux qui sont guéris du Covid. « Lorsqu’on ne met plus en évidence le virus pendant plus de deux semaines, ces personnes-là peuvent donner du sang. Soit on est guéri du Covid soit on a été vacciné, on peut donner du sang. Donc, il n’y a pas de risque de transmettre le Covid par le sang », a-t-il donné comme assurance.
Par Mohamed Bachir Diop
UN PRECURSEUR POLITIQUEMENT ENGAGÉ
Coin d’Histoire : Ousmane Sembene, cinéaste à succès
C’est à travers son livre, « Les bouts de bois de Dieu » que Sembène est connu par la plupart des jeunes Sénégalais puisque ce bouquin faisait partie des ouvrages recommandés aux élèves par les professeurs. Mais c’est surtout le cinéaste qui a attiré le regard du monde entier grâce à sa production d’une qualité originale qui lui a valu l’obtention de nombreux prix tant en Afrique qu’ailleurs.
Ousmane Sembène était un écrivain prolifique, un producteur inspiré, un scénariste hors pair et un militant politique qui prônait une société égalitaire où l’éthique joue un rôle prépondérant. Malgré son immense talent et sa renommée, l’homme était pourtant un autodidacte qui s’est formé tout seul. Né à Ziguinchor le 1er janvier 1923 de parents lébous qui avaient émigré en Casamance, Sembène est envoyé à l’école dès ses huit ans. Mais il ne fait pas preuve d’une grande discipline. Il est exclu de l’école Escale et, pour le punir, son père l’éloigne de Ziguinchor pour le confier à son oncle maternel Abdourahmane Diop, qui était le directeur de la première école en langue française à Marsassoum en 1922. Son oncle, un homme très strict, lui fait fréquenter également l’école coranique ce qui calme un peu ses ardeurs. En 1936, il est envoyé à Dakar où il devait préparer son certificat d’études. Mais dans la capitale, son esprit rebelle reprend le dessus et il est, une nouvelle fois, exclu de l’école à cause d’une altercation avec son directeur qui avait entrepris de leur apprendre le… corse. Commence alors pour lui une vie de bohême. Il devient tour à tour apprenti mécanicien puis maçon. Il commence à s’intéresser au cinéma lorsqu’il voit le film « Les Dieux du stade » réalisé par un certain Leni Riefenstahl. Après la visite du général de Gaulle au Sénégal en février 1942, il est mobilisé par l’armée française. C’est là qu’il découvre les inégalités profondes entre soldats africains et français d’origine, ce qui provoque chez lui un sentiment de révolte et des velléités anticolonialistes
Voyage en France
En 1946, il embarque clandestinement dans un bateau pour la France et se retrouve à Marseille où il exerce pendant 10 ans le métier de docker au port de la ville phocéenne. C’est en tant que docker qu’il devient syndicaliste et militant politique en adhérant à la CGT (Confédération générale des travailleurs) et au Parti communiste français. Il milite alors contre la guerre en Indochine et pour l’indépendance de l’Algérie. Sembène Ousmane joue d’ailleurs comme figurant dans le film « Le Rendez-vous des quais », qui témoigne de la solidarité entre les indépendantistes indochinois et les dockers de la CGT. Il est attiré par les lettres, fréquente assidûment les bibliothèques du Parti communiste et boit littéralement toutes les œuvres qui lui tombent sous la main tout en suivant des cours dispensés par les responsables communistes qui voulaient que leurs militants soient dotés d’une certaine instruction. C’est ainsi qu’en 1956, il publie son premier roman « Le Docker noir » qui relate son expérience dans le port de Marseille. Puis en 1957 il publie « Ô pays, mon beau peuple ». En 1960, il publie un nouveau roman « Les Bouts de bois de Dieu » connu de tous les élèves des lycées et qui raconte l’histoire de la grève des cheminots du Dakar-Niger, la ligne de chemin de fer qui relie Dakar à Bamako en 1947-1948. L’histoire se déroule entre Dakar, Thiès, Kayes et Bamako où les cheminots africains voulaient avoir les mêmes droits que leurs collègues français. Une grève longue, socialement difficile pour les protagonistes et qui sera durement réprimée mais qui donnera des résultats. C’est en 1960, avec les indépendances que Sembène revient au pays. Il entreprend plusieurs voyages notamment en Guinée, au Mali et au Congo et en revient avec une conscience plus aigüe de la nécessité pour les Africains de s’unir afin de lutter contre le néocolonialisme et de fonder des sociétés plus justes.
Débuts dans le cinéma
Il commence à penser au cinéma pour atteindre les analphabètes encore très nombreux sur le continent mais aussi pour donner une autre image de l’Afrique car il voulait montrer la réalité du continent d’une autre manière, hors des sentiers battus qu’empruntaient les cinéastes européens. Aussi se rend-t-il en 1961 à Moscou où il intègre une école de cinéma et il réalise son premier film, un court métrage intitulé « Borom sarett » (le charretier), suivi en 1964 par « Niaye » qui gagnera le Prix CIC du festival de court métrage de Tours et une mention spéciale au Festival international du film de Locarno. Ce film, qui est l’adaptation cinématographique de son livre « Véhi Ciossane » (Blanche genèse) raconte l’histoire d’une famille noble de la région des Niayes qui se voit déshonorée après que le père ait commis l’inceste sur sa fille. En 1966 sort son premier long-métrage, qui est aussi le premier long métrage « négro-africain » du continent, intitulé « La Noire de… ». Il y retrace l’histoire d’une jeune Sénégalaise qui quitte son pays et sa famille pour venir en France travailler chez un couple qui l’humiliera et la traitera en esclave, la poussant jusqu’au suicide. Considéré comme l’un de ses chefsd’œuvre et couronné par le Prix de la critique internationale au Festival de Venise, « Le Mandat » qui sort en 1968 est une comédie acerbe et satirique contre la nouvelle bourgeoisie sénégalaise apparue avec l’indépendance. En 1969, Sembène est invité au premier Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) par les fondateurs de ce festival, dont il ne fait pas partie. En revanche, à partir de 1970, il prend un rôle très important dans le festival et participe à son envol. Jusqu’à sa mort, il participera au Fespaco tout en refusant de participer à la compétition, afin de laisser émerger les jeunes cinéastes africains qui commençaient à produire des œuvres de qualité.
« Ceddo » interdit au Sénégal
En 1979, son film « Ceddo » est interdit au Sénégal par le président Léopold Sédar Senghor qui justifie cette censure par une « faute » d’orthographe : le terme ceddo ne s’écrirait, selon Senghor, qu’avec un seul « d ». Le pouvoir sénégalais ayant en fait à cœur de ne pas froisser les autorités religieuses, notamment musulmanes. Sembène relate la révolte à la fin du XVIIe siècle des Ceddos, vaillants guerriers traditionnels aux convictions animistes qui refusent de se convertir à l’Islam. Il attaque ainsi avec virulence les invasions conjointes du catholicisme et de l’islam en Afrique de l’Ouest, leur rôle dans le délitement des structures sociales traditionnelles avec la complicité de certains membres de l’aristocratie locale. En 1988, malgré le prix spécial du jury reçu au Festival de Venise, son film, « Camp de Thiaroye », est interdit de salle en France. Ce long-métrage est un hommage aux tirailleurs sénégalais et, surtout, une dénonciation d’un épisode accablant pour l’armée coloniale française en Afrique, qui se déroula à Thiaroye en 1944. Le film ne sera finalement diffusé en France que vers le milieu des années 1990. En 2000, avec « Faat Kiné », il commence un triptyque sur « l’héroïsme au quotidien », dont les deux premiers volets sont consacrés à la condition de la femme africaine (le troisième, « La Confrérie des Rats » était en préparation). Le second, « Moolaadé » (2003), aborde de front le thème très sensible de l’excision. Le film relate l’histoire de quatre fillettes qui fuient l’excision et trouvent refuge auprès d’une femme, Collé Ardo (jouée par la Malienne Fatoumata Coulibaly), qui leur offre l’hospitalité (le « moolaadé ») malgré les pressions du village et de son mari. Sembène a récolté à cette occasion une nouvelle kyrielle de récompenses en 2004 : prix du meilleur film étranger décerné par la critique américaine, prix « Un certain regard » à Cannes, prix spécial du jury au festival international de Marrakech entre autres. L’homme à l’éternelle pipe revendiquait un cinéma militant et allait luimême de village en village, parcourant l’Afrique, pour montrer ses films et transmettre son message. Après une maladie qui l’a cloué au lit pendant plusieurs mois, Sembène Ousmane est mort à l’âge de 84 ans à son domicile à Yoff le 9 juin 2007. Il est inhumé au cimetière musulman de Yoff/
LES BRASSARDS ROUGES, UNE SAILLIE SUR LE PROTOCOLE D’ETAT
Si jusqu’ici les manifestations de brassards rouges se sont toujours exprimées dans un cadre serein, à Dodel, dans le Fouta, ce lundi, le cortège présidentiel aurait essuyé des jets de pierres de populations brandissant des brassards rouges.
Contrairement aux précédentes tournées économiques du président Sall, celle entamée depuis cette semaine dans les régions de Saint-Louis et de Matam, malgré la ferveur populaire dans laquelle elle se déroule, a une particularité. En effet, elle a par moments des airs de corrida quand on sait qu’un peu partout, des manifestants portent des brassards rouges ou brandissent des étoffes écarlates pour exprimer leur mécontentement. Ce qui produit le même effet que les chiffons rouges que brandissent les toréros pour exciter les taureaux qu’ils transpercent ensuite avec leurs banderilles. Toutefois, plutôt que de les snober ou faire tabasser par les nervis qui l’escortent aux côtés des policiers et des gendarmes, le président de la République a arrêté son cortège parfois pour engager le dialogue avec les manifestants. Une attitude d’écoute qui a poussé le sociologue Ousmane Ba à estimer que Macky Sall a sans doute décrypté le message des événements regrettables du mois de mars dernier. Et qu’il retombe donc sur terre après s’être cru dans les nuages. Les brassards rouges ont fini de bousculer le protocole d’Etat. Ils n’étaient pas attendus, ils se sont invités de force. Une véritable saillie dans le programme présidentiel !
Si jusqu’ici les manifestations de brassards rouges se sont toujours exprimées dans un cadre serein, à Dodel, dans le Fouta, ce lundi, le cortège présidentiel aurait essuyé des jets de pierres de populations brandissant des brassards rouges. Les manifestants ont été finalement dispersés par le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN).
Comme lors de la première partie de sa présente tournée économique à Kaffrine et à Kédougou, le président Macky Sall voit encore rouge lors de ce deuxième volet entamé depuis le 12 juin dans le nord du pays (régions de St-Louis et Matam). Entre manifestations bruyantes, mobilisation et démonstration de force de ses partisans, inaugurations, le chef de l’Etat a été obligé à plusieurs reprises d’arrêter son cortège pour parler à des populations en brassards rouges qui exposent différentes revendications tournant toutes autour de frustrations et d’ « oublis » dont feraient part les mécontents dans la mise en œuvre des projets et programmes présidentiels.
Ces protestations sont si récurrentes que les brassards rouges, qui bien évidemment ne faisaient pas partie du programme présidentiel, ont fini par bousculer le protocole d’Etat au grand dam des affidés locaux du chef de l’Etat qui n’auraient pas aimé voir une seule once de contestation au niveau de leurs terroirs car leur stratégie était de faire croire à Macky Sall que tout était nickel avec « zéro revendication », toutes les doléances avaient été satisfaites. C’est ainsi d’ailleurs qu’on a pu entendre le ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, déclarer que Podor n’avait aucune doléance où formuler au président de la République. Venu pourtant s’enquérir de l’état d’exécution des projets et programmes qu’il avait lancés dans les régions administratives de Saint-Louis et Matam mais aussi — il l’avait fait savoir — recueillir les doléances des populations. Mais puisque celles de Podor n’en avaient pas, Macky Sall ayant déjà tout réglé…
Pourtant, n’étant pas dupe par rapport à ces flagorneries, le président Sall a donné la parole aux populations de toutes les localités visitées. De Sud-Est au Nord du pays, il s’est arrêté à chaque fois qu’il le pouvait pour discuter avec les porteurs de brassards rouges ou qui déployaient des pancartes dans lesquelles étaient inscrites des doléances. Il les a écoutés et leur a promis de régler leurs problèmes. Une chose qu’il ne faisait pas d’habitude. Depuis, les évènements du mois de mars dernier, qui ont vu le pays basculer dans une violence inouïe, sont passés par là.
Au cours de sa présente tournée dans le Fouta, malgré souvent la forte mobilisation des leaders politiques des localités visitées, ils n’ont pas pu empêcher l’expression de la colère de quelques segments de la population qui ont manifesté leur mal -vivre. Mieux, malgré le bilan assez positif du président en matière de réalisations, surtout infrastructurelles, des personnes ont exprimé un peu partout leur mécontentement. Des protestataires que le président Sall a choisi d’écouter. Interrogé sur la signification de ces brassards rouges exhibés tout au long du parcours présidentiel, le sociologue Ousmane Ba définit d’abord ces brassards rouges comme l’expression d’une démarche pacifique des populations qui ont besoin juste qu’on leur prête une oreille. « Les brassards rouges sont souvent l’affaire des Asiatiques. Mais ici, au Sénégal, c’est avec l’avènement du président Abdoulaye Wade que ce phénomène s’est implanté. Lui-même ayant invité les populations à exprimer ainsi leur colère. Et cela constitue une marque de fabrique de la démocratie », a expliqué le sociologue Ousmane Ba.
Par ailleurs, il rappelle que le discours du chef de l’Etat, Macky Sall, le 31 décembre dernier, où il disait en réponse à une question d’un journaliste qu’il « ne voit pas le rouge » avait été très maladroit. Pour le sociologue, c’était une erreur que le président ne devait pas commettre en s’exprimant comme il l’a fait. Car, selon Ousmane Ba, c’est cette phrase qui a sans doute poussé les jeunes à se radicaliser davantage du fait que le président de la République soutient ne pas voir la couleur rouge. En brandissant cette couleur sous son nez partout, ils l’ont obligé à s’arrêter pour leur parler. Pour le sociologue, dans une démocratie active, les autorités doivent prêter attention à certains signaux comme le brassard rouge afin de pacifier l’espace. « Si le président Macky Sall avait été attentif aux brassards rouges, certainement que, lors des événements dramatiques du mois de mars dernier, les manifestants auraient fait usage de ces brassards rouges au lieu de verser dans la violence » suppose notre interlocuteur.
Ainsi, le sociologue Ousmane Ba soutient que, sociologiquement, il est préférable que les manifestants utilisent les brassards rouges au lieu d’exprimer leur mécontentement autrement. Mais, il faut que les autorités soient beaucoup plus attentives pour décrypter les messages de ces porteurs de brassards rouges. Lesquels, souvent, manifestent pour l’amélioration de leurs conditions de vie et le développement de leur Cité. Et ne sont donc nullement des « terroristes » ou des « grands bandits ».
LE PELERINAGE ENCORE REPORTE
Comme l’année dernière, le Hadj de cette année est encore reporté à cause de la Covid19.
Comme l’année dernière, le Hadj de cette année est encore reporté à cause de la Covid19. C’est une information que la Délégation générale au pèlerinage a livrée hier, lors de son face à face avec la presse, une décision qui va permettre à la DGP de bien s’outiller pour préparer les prochaines échéances.
Le Hadj étant le 5e pilier de l’Islam, il est régi par une réglementation de la Shari’a islamique dans son rituel. Et il est soumis, du point de vue de son organisation, aux lois et règlements en vigueur dans les pays organisateurs. Ainsi, en ce qui concerne le Sénégal, il y a deux cadres législatifs réglementaires et socioculturels à prendre en compte. Le royaume d’Arabie saoudite, qui est la qibla et le Sénégal…
Concernant le Sénégal, l’Etat s’est toujours mobilisé, depuis les indépendances à nos jours, pour soutenir, encadrer et assister ses pèlerins. Ce qui a été à la base de la mise en place de déférents commissariats, élevés institutionnellement en délégation générale par le Président de la République M. Macky Sall. Pour M. Abdoul Aziz Kébé, délégué général de la DGP, ce dernier, en procédant de la sorte, a voulu hisser cet événement à sa juste dimension dans les cœurs des croyants et dans son statut social. « Il a invité tous les acteurs et compatriotes à élever au rang de cause nationale et à le sortir de toutes contingences clivantes.
Concernant le royaume d’Arabie Saoudite, nous devons à l’honnêteté de magnifier les efforts louables consentis pour que le Hadj soit le moins pénible possible, tout en gardant toute sa sacralité et sa spiritualité », a fait savoir M. Abdoul Aziz Kébé. Mais malgré tous les efforts consentis et quelle que soit la volonté des autorités du Sénégal et de l’Arabie Saoudite de satisfaire le désir des croyants, force est de reconnaitre qu’il y a des contingences que l’homme ne maitrise pas, et qui peuvent perturber toutes les planifications.
En effet, selon M. Kébé, il en a été ainsi avec cette pandémie qui a surpris tout le monde, et remis en cause tous les agendas, culturel, sportif, religieux… « Comme vous le savez, pour la 2e fois consécutive, les autorités saoudiennes, sous la contrainte de cette crise, ont décidé de restreindre le pèlerinage aux seuls résidents en Arabie Saoudite. C’est une mesure que nous avons analysée sous l’angle juridique et comprenons parfaitement », informe M. Abdoul Aziz Kébé. Pour ce faire, la Délégation générale au pèlerinage (DGP) a fait savoir qu’elle a eu lundi passé une discussion avec les responsables des associations regroupant des voyagistes, FNOP, RENOPHUS, COSAPO, COPHOM…
Ainsi en à croire le Délégué général, il ont retenu de profiter de ce temps pour étudier le nouveau contexte du pèlerinage, marqué de plus en plus par l’utilisation de l’électronique, dans tout le processus du Hadj. De s’y adapter dans l’avenir, ce qui exige une réflexion sérieuse, un benchmark objectif, une autocritique interne, et un ajustement courageux basé sur des ruptures nécessaires. Il sera nécessaire pour eux d’élaborer et d’exécuter un plan de communication conséquente ayant pour seul objectif d’éclairer l’opinion, d’apaiser les pèlerins, de les rassurer dans les limites de ce qui est humainement possible.
De même, un dispositif, d’alerte et d’assistance sera mis en place pour que les acteurs du Hadj, organisateurs comme pèlerins, se retrouvent dans une dynamique où les intérêts et droits de chacun ne seront pas spoliés. Cela implique le respect des instructions de l’Etat consistant à ne pas encaisser l’argent des pèlerins et, pour ceux qui l’avaient fait, de rembourser dès que le concerné l’exige.
Enfin, d’évaluer l’impact de la Covid19 sur le secteur, avec deux ans d’inactivité, en demandant à l’Etat de soutenir les voyagistes privés organisateurs de pèlerinages.
DECRET DECLASSIFIANT 150 HECTARES DE LA BANDE DES FILAOS DE GUEDIAWAYE
La section sénégalaise de l’Ong Transparency international s’oppose à la déclassification de 150 hectares de la bande des filaos de Guédiawaye. En effet, Birahime Seck et ses camarades du Forum Civil sont montés au créneau pour exiger l’abrogation du décret portant déclassification de cette zone.
La déclassification de 150 hectares de la bande des filaos de Guédiawaye sent un parfum de partage de gâteau entre des conseillers municipaux. En tout cas, c’est l’appréciation qu’en fait le Forum Civil après la signature, le 04 juin dernier, d’un décret approuvant et rendant exécutoire le Plan d'Urbanisme de Détails (Pud) de la zone nord de Guédiawaye et déclassant 150,58 hectares de la bande de filaos située dans la zone couverte par le Pud. Selon le coordonnateur du Forum Civil-Guédiawaye, Pape Michel Mendy, la Ville de Guédiawaye et les communes de Wakhinane-Nimzaat, Golf-sud, Ndiarème-Limamoulaye et Sam Notaire ont refusé de donner suite à la proposition de la société civile de procéder à des consultations citoyennes en vue de construire ensemble un Plan d'Aménagement Concerté. Non contents de cela, ils ont poussé le bouchon en faisant voter des délibérations par des conseillers à qui il était promis, en cas de déclassement de la bande, des cités municipales.
Rappelant l'article 25 de la Constitution qui dispose que «les ressources naturelles appartiennent au Peuple», considérant le rôle important de la bande contre l'érosion côtière et les effets du réchauffement planétaire, le Forum Civil, section Guédiawaye, dénonce avec la dernière énergie le décret en question et demande son abrogation. «Nous fustigeons le comportement inapproprié des conseillers municipaux, exigeons l'audit foncier de la bande et la restauration, la sauvegarde et la conservation de la bande», ont exigé Pape Michel Mendy et ses camarades. D’ores et déjà, ils tiennent «pour responsables des conséquences liées à l'éradication de la bande toute personne ayant joué un rôle dans la préparation, la signature et l'exécution du décret, notamment le chef de l'État, le préfet de Guédiawaye, le maire de la Ville de Guédiawaye, les maires et les conseillers municipaux des communes de Wakhinane- Nimzatt, Golf-sud, Ndiarème Limamoulaye et Sam Notaire».
En prenant ce décret, affirment les responsables du Forum Civil, le président de la République a posé «un acte dommageable, en contradiction absolue avec ses précédentes déclarations concernant cette bande des filaos située dans la zone des Niayes».
Il s’agit notamment celle, instruisant lors du conseil des ministres du 20 juillet 2016, le Premier ministre d'alors à veiller à la préservation stratégique du littoral national, notamment de la bande des filaos et des cordons dunaires et celle, où il promettait comme candidat à la présidentielle de 2019 dans le point 3 de son PSE vert, de lancer un programme d’investissements de 50 milliards FCFA dédié à l’initiative PSE vert de reforestation durable du territoire national, à réaliser en relation avec les collectivités territoriales, en particulier celles des zones semi-arides du pays.
PENURIE D’OXYGENE MEDICAL, L’AFRIQUE, PARMI LES CONTINENTS EN ALERTE
«Les pénuries d’oxygène médical représentent l’un des aspects tragiques de la pandémie», a soutenu hier l’UNITAID, une agence de santé mondiale.
Même si elle est en nette régression, la Covid-19 fait toujours des dégâts dans le monde. Aujourd’hui, de nombreux patients dans les pays pauvres souffrent sur leurs lits d’hospitalisation, parce que tout simplement l’offre de bouteilles d’oxygène est largement inférieure à la demande
«Les pénuries d’oxygène médical représentent l’un des aspects tragiques de la pandémie», a soutenu hier l’UNITAID, une agence de santé mondiale. Selon l’organisation, ces difficultés d’accès, qui constituaient déjà un problème chronique dans de nombreuses régions du monde avant la Covid-19, ont été exacerbées par la pandémie, mettant sous pression les systèmes de santé fragiles et provoquant des décès qui auraient pu être évités.
Et d’après les dernières estimations, souligne l’UNITAID, environ un million de personnes gravement atteintes de Covid-19 dans les pays à revenu faible et intermédiaire ont besoin de 2,2 millions de bouteilles d’oxygène (15,1 millions de mètres cube) par jour. Des augmentations alarmantes de ces besoins ont été observées dans plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est, renseigne l’agence de santé mondiale.
Pour pallier ce problème, l’UNITAID a annoncé hier une coopération avec des fournisseurs d’oxygène pour le bénéfice des pays les plus pauvres. Ces accords ont été signés avec les entreprises Air Liquide et Linde afin d’ouvrir la voie à l’élargissement de l’accès à l’oxygène médical dans les pays à revenu faible et intermédiaire durant la pandémie de Covid-19.
En vertu des deux mémorandums d’accord signés avec Air Liquide et Linde, rapporte le communiqué parcouru par «L’As», chacune de ces entreprises s’est engagée à travailler avec les partenaires pour la santé mondiale associés à l’Accélérateur ACT en vue de favoriser l’accès équitable à l’oxygène dans un certain nombre de pays prioritaires, afin de répondre aux besoins urgents générés par la pandémie de Covid-19. «Si nous n’améliorons pas considérablement l’approvisionnement en oxygène, nous verrons le nombre de victimes de la Covid-19 dans le monde augmenter plus vite encore. Il est donc crucial d’améliorer les partenariats public privé, et l’industrie joue un rôle absolument essentiel à cet égard», a déclaré, dans la note parvenue à la rédaction, Carl Bildt, envoyé spécial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Accélérateur ACT et ancien Premier ministre de Suède.
De son côté, le Dr Philippe Duneton, Directeur exécutif d’UNITAID, s’est félicité de l’engagement dont ont fait preuve Air Liquide et Linde. «C’est la première fois qu’un tel accord est conclu pour favoriser l’accès équitable à l’oxygène, médicament essentiel pour sauver des vies. Nous espérons que d’autres fournisseurs d’oxygène feront de même et se joindront à nous», a-t-il ajouté. «Nous avons une vraie opportunité de changer le cours de l’histoire, aussi bien vis-à-vis de la pandémie de Covid-19 que dans d’autres domaines pour lesquels l’oxygène médical constitue un besoin vital souvent non satisfait : par exemple la lutte contre la pneumonie, la prise en charge des femmes souffrant de complications liées à l’accouchement ou la prise en charge des patients victimes de traumatismes», affirme-t-il.
En outre, il a été indiqué que même avant la Covid-19, la pneumonie était la maladie infectieuse qui faisait le plus de victimes chez les adultes et les enfants à travers le monde, coûtant la vie à 2,5 millions de personnes en 2019. Il n’a pas manqué de préciser que la pandémie a exacerbé ce problème, en particulier dans les pays qui connaissent un «double fardeau», à savoir ceux qui sont confrontés à des niveaux élevés de pneumonie et de Covid-19.
«PREPAREZ-VOUS À QUITTER LE POUVOIR AU PLUS TARD EN 2024»
Plus acerbe que jamais, Bruno d’Erneville pense que l’Etat sénégalais a atteint ses limites objectives pour le pilotage de ce pays
Des élections locales transparentes et une transition démocratique sereine à toutes les autres échéances électorales. C’est ce que recommande Bruno d’Erneville au chef de l’Etat dont le régime, dit-il, est marqué par la gabegie, la course à l’enrichissement et la corruption
«Qui peut encore croire que vous êtes sur la bonne trajectoire pour notre peuple ? » C’est la question que pose le leader du Parti pour l’Action Citoyenne (PAC), Bruno d’Erneville qui connaît déjà la réponse puisqu’il assène : « plus personne, et même pas ceux qui font encore semblant de vous soutenir. Les nouveaux soulèvements d’étudiants semblent sonner le glas de votre régime, vous êtes désormais sur la corde raide… Vous le savez, les remous de cet ordre commencent par les étudiants puis gagnent les syndicats et puis la grande masse de la population. »
Plus acerbe que jamais, Bruno d’Erneville pense que l’Etat sénégalais a atteint ses limites objectives pour le pilotage de ce pays. C’est pourquoi, croit-il savoir, pour sauver ce qu’il nous reste du pays, le président de la République se doit : « de rassurer le peuple qu’il va y avoir des élections locales sans coup férir et en toute transparence, et d’engager tout de suite après ces Locales une réflexion élargie, nationale, pour une transition démocratique sereine et transparente à toutes les autres échéances électorales qu’attendent ardemment les populations qui, si vous ne le voyez pas gros comme le nez au milieu de la figure, ont tourné la page APR / BBY ».
Comme si cela ne suffisait pas, il ajoute : « Préparons sérieusement les Locales en faisant voter les modifications du code électoral sur la base des points d’accord du dialogue politique, organisez sans tricher ces élections et préparez-vous à quitter le pouvoir, au plus tard en 2024 ». Et, prévient Bruno d’Erneville, toute autre manœuvre qui sera tentée pourrait déclencher une rage générale qui vous emportera dans la douleur. Car il estime que ni la gendarmerie, ni la police, ni même l’armée ne peuvent stopper ces phénomènes. « Bien sûr tout cela est regrettable, votre politique politicienne et affairiste a noyé les quelques réalisations ou même avancées (soyons honnêtes) que vous avez pu faire. Votre drame : la gabegie, la corruption flagrante et l’impéritie de vos ouailles couplées à une verve sans nom de vos affidés. Les jeunes en ont plus que marre et votre tournée prétendument économique ne trompe plus personne. Alors stoppez-la illico presto et revoyez votre copie », dénonce-t-il.
Plus loin, le leader du PAC indique qu’une constituante sera sans doute nécessaire plus tard vu l’ampleur du fossé entre la gouvernance politique actuelle et le vécu du peuple. Pour le moment, il invite les Sénégalais à revenir maintenant aux sources culturelles, cultuelles et historiques de notre Nation pour construire de manière pérenne un avenir favorable à notre peuple, et à sa jeunesse.