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21 septembre 2025
SALE TEMPS POUR LES DELINQUANTS
La douane a réussi à mettre la main sur des billets noirs en coupures euro d’une valeur de 184 millions de francs Cfa à Mpack, région de Ziguinchor, et près de 640 kg de chanvre indien entre Toubacouta, Nioro et Keur Mbouki,
La douane a réussi à mettre la main sur des billets noirs en coupures euro d’une valeur de 184 millions de francs Cfa à Mpack, région de Ziguinchor, et près de 640 kg de chanvre indien entre Toubacouta, Nioro et Keur Mbouki, localités situées dans la région de Kaolack.
La pêche a été bonne pour la douane. «Les agents des douanes du poste frontalier de Mpack, Subdivision de Ziguinchor, ont procédé le vendredi 16 juillet 2021, vers 18 heures, à l’arrestation d’un homme de nationalité bissauguinéenne voyageant à bord d’un véhicule de transport de marchandises vide», révèle le Bureau des relations publiques et de la communication de la douane.
En détail, il s’agit de 520 billets de 500 euros, 400 billets de 50 euros, 25 billets de 20 euros et 13 billets de 5 euros. Le cumul a atteint 184 millions 038 mille 575 F Cfa. «Le prévenu est mis à la disposition de la justice et l’enquête suit son cours», poursuit le Bureau des relations publiques et de la communication. Dans le même sillage, il annonce que les unités de la région douanière du Centre ont saisi près de 640 kg de chanvre indien entre le dimanche 11 et le mardi 13 juillet 2021. «Ces saisies de drogue ont été effectuées entre les débarcadères de Toubacouta (Fatick) et les berges du Saloum, dans la région de Kaolack», révèle toujours la douane. Il faut noter que lors de l’opération de Toubacouta, une dizaine de trafiquants ont été arrêtés dans le cadre de ces opérations.
Les agents de la Brigade mobile de Nioro n’ont pas réussi à mettre la main sur les dealers qui ont abandonné la marchandise, profitant de la nuit et de la végétation abondante de cette partie de la frontière avec la Gambie
PAR MADIAMBAL DIAGNE
L’EXEMPLE SERIGNE MBAYE SY MANSOUR
Finalement, seul Serigne Mbaye Sy Mansour, le khalife général des Tidjanes, a eu la bonne attitude ; l’attitude cohérente et constante face au Covid-19
Finalement, seul Serigne Mbaye Sy Mansour, le khalife général des Tidjanes, a eu la bonne attitude ; l’attitude cohérente et constante face au Covid-19. Il a strictement observé et cherché à faire observer les mesures de distanciation physique, du port du masque et de l’interdiction des rassemblements, même pour des activités liées au culte. Pendant que tout le Sénégal se relâchait sur les gestes barrières et autres mesures de prophylaxie, Serigne Mbaye Sy a continué de vivre comme un reclus. Ses efforts n’ont peut-être pu être compris, mais l’histoire lui donne raison. La flambée subitement vertigineuse de la propagation de la pandémie à travers le Sénégal révèle que notre irresponsabilité, notre laxisme nous rattrapent tous. Nous avons vécu comme s’il n’y avait aucun péril. Dans les cérémonies familiales, les transports collectifs, les lieux de rencontres, les rassemblements politiques et autres, les accolades et embrassades avaient libre cours. Nul n’avait plus cure du virus qui vit et se développe parmi nous. Les doses de vaccin, difficilement acquises, ont été snobées par les populations, jusqu’aux plus vulnérables, en dépit des campagnes d’information et de sensibilisation. Le 21 décembre 2020, au début de ce qui était appelé «la deuxième vague du Covid-19 au Sénégal», dans une chronique intitulée «En attendant les vaccins de la charité», nous relevions «qu’assurément, nous sommes en proie à une nouvelle vague, tant redoutée, de la pandémie du Covid-19.
Cette situation est due à notre relâchement collectif. Chacun d’entre nous a pu observer avoir personnellement fait montre de moins de vigilance, de moins de précaution, de moins d’attention. Les personnels de santé ne peuvent pas eux se relâcher, ils subissent stoïquement l’épreuve de devoir faire avec notre irresponsabilité ou notre insouciance. La désinvolture a eu pour conséquence que de plus en plus de personnes ont fini par choper le virus. Les services hospitaliers commencent à être débordés, les personnels épuisés et les moyens financiers commencent à faire défaut». Une accalmie a néanmoins été notée par la suite. Mais aujourd’hui, le Sénégal, dont la gestion de la pandémie avait pu être donnée en exemple, retombe au même niveau que tous les autres pays. La hausse des cas de contamination grimpe de jour en jour et la liste des décès s’allonge. Les alertes lancées par les médecins et autres professionnels de la santé ont été ignorées. Et le pire est que cette troisième vague a révélé que bien des choses que l’on pouvait considérer comme acquises n’existaient que dans les discours et autres rapports officiels.
En effet, si tant est que des centaines de lits d’hospitalisation avaient été acquis dans le programme d’urgence de riposte contre le Covid-19, où sont-ils passés ? Où sont passées les dizaines de respirateurs artificiels et les unités de production d’oxygène, pour qu’on en arrive à devoir en commander à nouveau dans l’urgence ? Ainsi, apprend-on que les Centres de traitement des épidémies (Cte) avaient été démontés alors que la pandémie n’était pas encore vaincue. Où sont passés les matériels démontés ? Et on découvre, comme par enchantement, que toutes les cliniques médicales privées de Dakar qui ne disposaient pas de matériels et autres appareils respiratoires ont pu s’en doter après le démantèlement des Cte.
Allez savoir, mais une telle coïncidence est fort troublante ; surtout qu’on assiste à la naissance d’un nouveau business, apparemment lucratif et qui se développe, avec des privés disposant d’appareils respiratoires qu’ils mettent à disposition de malades restés à domicile faute de places à l’hôpital ou ne pouvant bénéficier d’une assistance respiratoire au niveau des structures hospitalières. Des spécialistes de la santé considèrent que les Cte avaient été fermés pour éviter de devoir payer des primes aux personnels de santé intervenant dans les opérations de prise en charge des malades. L’exemple le plus parlant serait le Cte de l’hôpital Le Dantec, démonté dans la précipitation, en dépit des avis contraires des médecins qui préconisaient une veille durant un certain temps. On voit que les protestations du Pr Moussa Seydi (la figure la plus emblématique de la lutte contre le Covid-19 au Sénégal) et du Dr Abdoulaye Bousso (ci-devant directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire), entre autres, quant aux conditions qu’ils jugeaient insatisfaisantes de la prise en charge de la pandémie, n’étaient pas que des querelles de chefs.
En outre, dès l’instant que le niveau de contamination avait baissé, les autorités sanitaires avaient crié victoire, oubliant que la résurgence de la pandémie a été systématique dans tous les pays, avec des nombreux variants du virus en circulation. Résultat des courses ? Des arriérés de primes à payer aux personnels de santé sont accumulés et aucun service de réanimation n’est aux normes dans la région de Dakar qui concentre plus de 86% des malades de la pandémie. Une démotivation réelle est observée au niveau des personnels de santé qui, il faut le rappeler, ont payé un lourd tribut à la lutte contre la pandémie. Si telle est la situation à Dakar, qu’en sera-t-il des structures de santé des autres régions ? L’urgence n’est assurément pas de chercher des responsables de tel ou tel manquement, mais de s’efforcer d’abord à faire face au chaos qui nous guette.
La fatale Tabaski
Déjà que le Sénégal n’a jamais atteint ces niveaux de contamination, avec ces statistiques de positivité de près de 40% des personnes testées, mais la situation risque de se révéler encore plus dramatique. Les jours à venir, il faudra s’attendre fatalement à une explosion des cas de contamination à travers le pays. Les migrations de populations vers toutes les contrées du pays, à l’occasion de la fête musulmane de la Tabaski, seront un facteur de démultiplication des contaminations.
Les appels du chef de l’Etat à éviter les déplacements inter-régionaux en cette période de fête sont ignorés, au point que de hauts responsables de l’Etat (ministres, directeurs d’entreprise publique), sans doute dans la futile perspective de marquer des points précieux pour les batailles prochaines des élections locales, affrètent des dizaines de bus pour transporter des étudiants et autres militants pour leur permettre de passer les fêtes dans leur patelin. Ce n’est pas alors à ces personnes qu’il faudrait demander d’éviter de se rassembler dans les lieux de culte le jour de la fête pour s’acquitter de la prière rituelle. De quels moyens disposerait l’Etat pour contrecarrer la menace ? L’Etat est pratiquement impuissant. Qui ne se rappelle pas que les populations avaient bravé tous les interdits, au prix de confrontations avec les Forces de l’ordre, encouragées à cela, pour ne pas dire incitées, par des leaders politiques, des leaders sociaux et des leaders d’opinions qui développaient des agendas politiques parfois en opposition au régime du Président Macky Sall, et qui ne se rendaient même pas compte qu’ils s’exposaient ainsi eux-mêmes et aussi leurs proches aux périls de la mort ? Les Forces de sécurité devront-elles consacrer toute leur énergie à des actions de maintien de l’ordre, sans aucune assurance de pouvoir remplir leurs missions ?
Le Président Macky Sall aura beau menacer de recourir à des mesures fortes que ces colères passeraient pour de vulgaires rodomontades. Il ne pourra pas mettre tout le monde en prison ou fermer à nouveau l’économie du pays qui a déjà tant souffert des contrecoups de la pandémie. Et le plus désolant est l’absence de lisibilité, de logique ou de cohérence dans les décisions au plus haut niveau de l’Etat. Comment pourrait-on demander aux populations d’éviter les rassemblements dans les lieux de prière le jour de la fête et laisser organiser à Dakar le week-end dernier des concerts géants, regroupant des milliers de personnes pour chanter, danser, s’amuser et faire la fête sans aucune mesure particulière ?
Qui pourra empêcher à l’impertinent du coin de considérer que si le concert de la vedette musicale Julien Bouadjie, plus connu sous le nom de scène Tayc, a pu se tenir à Dakar, sans aucune mesure d’interdiction dans un tel contexte, c’est justement parce que son public est composé de filles et fils de riches, des enfants des «en-haut d’en-haut», qui sont seuls capables de s’offrir les tickets d’entrée qui coûtent le prix d’un mouton de Tabaski ?
N’avait-on pas bien observé que durant les périodes de couvre-feu de l’année dernière, seuls ces fils et filles de riches disposaient de laisser-passer et autres autorisations pour sortir nuitamment et faire la fête jusqu’à provoquer des drames ? Nous sommes en proie à une véritable insouciance dans un contexte lourd de dangers et de menaces. Cela rappelle un passage d’une chronique du «célébrissime» Abdou Sow dans l’hebdomadaire Walfadjri dans les années 1990, qui disait que les passagers du Titanic faisaient la fête sur le pont du bateau, pendant que le paquebot sombrait.
Le président de la République lui-même n’a pas manqué de pécher par un excès de confiance, vu les statistiques optimistes des derniers mois, jusqu’à engager des tournées économiques en pleine pandémie. Cependant, il peut s’estimer heureux que les régions et localités qu’il a eu à visiter ne font pas partie des zones touchées par la nouvelle vague de la pandémie, bien après la période d’incubation.
Peut-être qu’on ne rechignera plus à prendre le vaccin
Un véritable problème de sécurité nationale se pose. La situation est partie pour être difficile. La panacée se trouve dans l’administration à grande échelle des vaccins. Le Sénégal, comme tous les pays africains du reste, peine à en trouver. Les dons sont faits de manière parcimonieuse, car les plus grands donateurs songent d’abord à mettre en sécurité leurs propres populations. Les limites des moyens de nos Etats ne leur permettent pas de faire de grosses commandes, encore qu’il faudrait trouver des laboratoires en mesure de satisfaire aux éventuelles commandes dans des délais d’urgence. Le Président Sall a eu la bonne idée de positionner le Sénégal sur le terrain de la production de vaccins anti Covid-19. Le Sénégal est parti pour être le premier pays africain producteur de vaccins de ce type. Cette initiative fort heureuse est à saluer. L’échéance de juin 2022 pour la production à Diamniadio des doses de vaccin ne devra point être manquée. L’enjeu devrait d’ailleurs être de travailler à rapprocher autant que possible cette échéance. Des livraisons prochaines de 500 mille nouvelles doses provenant de l’étranger sont annoncées et on ose espérer que quand les vaccins seront disponibles en quantités suffisantes, les populations ne rechigneront plus à prendre d’assaut les centres de vaccination. La désaffection du vaccin avait poussé le Président Sall à fulminer jusqu’à dire qu’il risquait de donner les vaccins en souffrance à d’autres pays qui en auraient besoin. La presse a eu à faire état de lots de vaccins jetés à la poubelle pour cause de délais et conditions de conservation qui les auraient rendus impropres. Peut-être que pour une fois, la leçon sera retenue !
Par Mamadou Lamine DIANTE
REVIENS SENGHOR, ILS SONT DEVENUS FOUS
Pour tenter de décrire le spectacle que nous offrent l’école et l’université sénégalaises ces derniers jours, nous empruntons à Philippe Val le titre de son ouvrage tout en choisissant de remplacer Voltaire par le Président Senghor
Pour tenter de décrire le spectacle que nous offrent l’école et l’université sénégalaises ces derniers jours, nous empruntons à Philippe Val le titre de son ouvrage tout en choisissant de remplacer Voltaire par le Président Senghor. Car, les scènes de violence et de vandalisme perpétrés par nos apprenants actuels ne font que rendre nostalgiques les sénégalais qui ont connu l’école sous Senghor, où le maître était à la fois l’être le plus craint et le plus admiré. Une époque où il fallait d’abord assister à la levée des couleurs, ensuite se mettre en rangs pour entrer en classe, puis débuter les journées de classe par les leçons d’éducation civique et de morale, qui sont présentement rayées des curricula.
Les faits qui se sont déroulés à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) durant cette année académique font froid dans le dos. Après les affrontements entre deux groupes d’étudiants en février, que d’aucuns ont voulu à tort qualifier de conflits interethniques, des perquisitions effectuées dans le campus social par les services de la Direction générale du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) ont dévoilé un arsenal inquiétant d’armes blanches dans les chambres d’étudiants.
Les élections des représentants de la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSPJ) et de la Faculté des lettres et sciences humaines (FSLH) en juin, ont été émaillées d’actes de vandalisme et de violence inouïs, car ne se limitant plus à des batailles rangées entre étudiants et atteignant le campus pédagogique. Il s’est agi d’agressions physiques sur des professeurs, de micro arraché d’un enseignant qui faisait cours, de menaces de mort proférées contre des autorités universitaires, de voitures caillassées, de facultés saccagées et de dégradation de biens de l’UCAD.
L’université et la violence, c’est une longue histoire et c’est connu. Mais celle-ci a été entretenue et exacerbée par des politiciens véreux à la quête de vivier électoral et les privilèges et autres prébendes liés à la position de représentant des étudiants à l’assemblée de l’université. Ce qui est nouveau, c’est la brutalité qui atterrit dans les lycées et collèges d’enseignement moyen (CEM). En réalité, cette année scolaire a connu de nombreux cas patents de violences et d’agressions physiques et morales. Il s’agit non seulement d’actes de violence entre élèves, notamment des disputes pour petit copain avec usage d’armes blanches entre filles, d’altercations entre élèves ayant abouti à mort d’homme aux Parcelles assainies et à Saint Louis, selon certaines versions ; mais aussi et surtout d’agressions contre des enseignants et d’actes de vandalisme visant des édifices scolaires.
La présente année scolaire a débuté par des histoires de «Flash K», qui sont des vidéos indésirables réalisées à l’insu d’enseignants et balancées dans les réseaux sociaux par des élèves indélicats ; ensuite, ce furent des séquestrations et jets de pierre contre le corps professoral au lycée de Ndiaganiao et au CEM de Bambey Sérère ; l’étranglement d’une professeure de philosophie au lycée de Kébémer ; l’agression d’un surveillant par un élève au lycée de Sangue, pour ne citer que ceux-là.
Les scènes de vandalisme perpétrées par des élèves du CEM de Hann, devenues virales et qui ont sidéré plus d’un sénégalais, en marqueraient le paroxysme. Sur ces images, on voit des élèves vandaliser des salles de classes, déchirer leurs cahiers achetés pourtant par leurs parents, jeter par terre leurs cartables et blouses avant de les piétiner, etc. Une manière inédite de célébrer la fin de l’année scolaire et le début des grandes vacances. De pareils actes auraient eu lieu dans beaucoup d’autres lycées et collèges de Dakar, notamment à Yoff.
Alors que l’émoi était déjà à son comble, des élèves du lycée de Sindia en rajoutèrent, en défonçant la porte de la salle des professeurs et en mettant le feu à l’intérieur. Dans leur honteuse odyssée, ils ne s’arrêtèrent pas en si mauvais chemin : ils incendièrent des cahiers de texte, des fiches de pointage d’absences d’élèves et autres documents administratifs. Une chose est sûre et tous les acteurs avertis en conviennent : quelque chose s’est cassé. Ces actes impardonnables n’en sont que la manifestation et leurs auteurs, les derniers éléments d’une longue chaine de responsabilité. Il s’agit d’abord des parents qui peinent de plus en plus à prendre en main sérieusement l’éducation de leurs enfants.
Ensuite l’Etat qui, non content d’avoir failli à sa mission régalienne d’éducation citoyenne, est incarné par des dirigeants au comportement incivique. Il s’y ajoute une justice à plusieurs vitesses qui crée une catégorisation des citoyens. Puis l’administration scolaire, coupable de laxisme et le corps professoral qui manque souvent d’observer la distance critique avec les élèves. Enfin, la société sénégalaise qui a tendance à promouvoir des anti-modèles et tend à faire croire que l’école n’est plus cet ascenseur social. Pour tenter d’éradiquer ce fléau dans le système éducatif, les autorités optent pour des sanctions.
A l’université, le Conseil restreint de l’Assemblée de l’UCAD, réuni le 21 juin dernier, a «condamné avec fermeté » ces actes de violences, exprimé sa solidarité à l’endroit des membres de la communauté victimes de ces violences et s’est engagé à traduire les mis en cause devant les juridictions.
Puis, le Conseil de discipline, réuni le vendredi 2 juillet, a prononcé les sanctions. Et, il n’y est pas allé de main morte. Sur 88 apprenants visés par l’instance, un étudiant en Licence 2 à la FSJP est exclu de façon perpétuelle ; 7 autres exclus pour une durée de 5 ans ; 37 potaches pour une durée de 2 ans ; 9 ont été réprimandés ; 21 autres ont bénéficié d’une relaxe et 10 ont été suspendus d’inscription, en attendant leur audition. Dans le moyen secondaire, les différends entre enseignants et potaches sont restés globalement impunis, ou ont fait l’objet de petits arrangements pour satisfaire les différentes parties, pendant que certains acteurs auraient souhaité des sanctions exemplaires à l’encontre des élèves fautifs.
Tout comme, depuis l’épisode du CEM de Hann, des voix se sont élevées pour réclamer des sanctions contre les coupables. Pourtant, tout semble indiquer que ces scènes honteuses ne sont qu’une expression de dépit d’une année scolaire marquée par le pilotage à vue, avec des programmations ; déprogrammations et reprogrammations des dates d’évaluations par la tutelle.
S’il est vrai que nul ne doit cautionner des actes de violence et de vandalisme, encore moins dans le système éducatif, il est tout aussi improductif d’installer l’école et l’université dans une logique permanente de sanction et d’exclusion, au risque de violer la loi 2004-37 qui consacre l’obligation scolaire de 10 ans. En réalité, ce que d’aucuns pourraient qualifier de faiblesse coupable de l’administration n’est que le résultat, au-delà de la suppression de l’éducation civique et de la morale des curricula, de l’édulcoration du règlement intérieur des écoles et de la réduction à leur portion congrue des prérogatives du Conseil de discipline dans les cycles moyen et secondaire.
L’élève a presqu’ainsi tous les droits, mais pratiquement aucun devoir. L’école devient de moins en moins un lieu d’éducation, et de plus en plus un simple espace d’enseignement-apprentissage. Il apparait donc nécessaire d’envisager sérieusement des solutions structurelles, en lieu et place de mesures conjoncturelles, épidermiques. Cela exige le repositionnement du système éducatif dans sa triple mission d’apprentissage, d’éducation et de socialisation ; avec une part belle à accorder à l’éducation à la citoyenneté.
En effet, l’anéantissement des valeurs fondamentales de la citoyenneté, à tous points de vue et à tous les niveaux, est clairement établi. Toutes les concertations effectuées durant les Assises nationales de l’éducation et de la formation, avec des sénégalais de toutes catégories, ont recommandé «la nécessité et l’urgence de la refondation du système». L’ambition étant de transformer le système d’éducation et de formation en un levier puissant de «production du capital humain dont le Sénégal a besoin» et de «restaurer l’école de la République », portée par une « vision inclusive et prospective ».
En effet, les Assises de l’éducation proposent un € citoyen (ne) éduqué €, « enraciné € dans ses valeurs culturelles, collectives, spirituelles, morales, civiques et citoyennes positives de son milieu tout en restant ouvert € au monde». Ainsi, le produit de l’école sénégalaise devra être porteur de valeurs positives fortes, et faire montre de citoyennetés locale, nationale et internationale.
A cet égard, elles soutiennent que « l’Ecole du futur va s’engager dans la logique du triptyque : instruire, socialiser et qualifier », avec comme valeurs fondatrices et mobilisatrices «respect ; foi ; créativité et solidarité». Sanctionner et extirper la gangrène de notre système éducatif est bien, mais se donner les moyens de ne pas la reproduire est encore bien mieux ; car cela préservera la société sénégalaise de ‟l’ivraie” citoyenne.
Mamadou Lamine DIANTE
Président du Mouvement pour une Citoyenneté Engagée – M.C.E Andu nawle
Par Imam et Citoyen Tahir Fall
CONTRE LA COVID: LA VOLONTE PUBLIQUE EN PLUS DE LA VOLONTE D’ETAT
Concentrons-nous sur le combat que tous les Sénégalais, au-delà des allégeances politiques, au-delà des erreurs des uns et des autres, doivent mener pour contrer la 3ième vague
Imam et Citoyen Tahir Fall |
Publication 19/07/2021
Nous voulons joindre ici notre voix à celle des autorités gouvernementales, des autorités sanitaires et scientifiques, des chefs religieux et coutumiers, de la société civile et enfin de tous les Sénégalais lucides et qui aiment le pays pour appeler à l’effort commun nécessaire pour briser la chaîne de transmission de la COVID-19 avec ses variantes.
Ce lundi, nous réciterons le Coran, comme l’a recommandé le saint khalife général, Serigne Mountakha Mbacké. Nous implorerons la clémence de Dieu et solliciterons aussi la bienveillance du Prophète Mouhamed (PSL) ainsi que celle de nos guides religieux de toutes les confréries et de toutes les religions. Mais aussi, nous convoquons à déployer tous les efforts à notre portée humaine et dans les circonstances difficiles actuelles pour freiner le virus. Dans la réalisation de nos destins d’êtres humains, il y a la décision de Dieu mais aussi une part que nous devons prendre en charge par nos propres actions. Et que devons-nous faire?
Bien sûr prier, mais aussi suivre ce que nous recommande la science des humains et que nous pouvons chacun, chacune de nous réaliser. Cela est bien possible et c’est la pratique assidue des mesures barrières. Se préoccuper de sa santé et de celle des autres est aussi un acte de dévotion. Car Allah aime que nous protégions nous même ce bien sublime qu’est la vie. Il y a urgence pour tous à se mobiliser pour endiguer le virus car s’il continue ainsi sa progression actuelle, nous vivrons un tsunami pandémique. Qu’Allah nous en préserve.
Le virus a percé notre garde et il est en train d’assommer. Nous avons vécu des moments de relâchement et d’inattention. Nous pensions que le virus avait faibli. Mais non. La covid était allée recharger ses batteries et elle nous revient plus fort avec ses variantes qui tapent dur. Les taux de contamination journalière que l’on nous fournit sont en fait en dessous de la réalité. L’urgence est d’agir et de taire les accusations contre les uns et les autres. Le virus explose aussi au Rwanda, en Ouganda, en Tunisie, en Afrique du Sud etc.
En France, malgré les vaccins disponibles et les infrastructures sanitaires, on parle d’une 4ième vague. Est-ce que toutes ces recrudescences fulgurantes sont liées à des tournées politiques ou des manifestations publiques? Les raisons sont multiples et les responsabilités aussi diversement situées. Concentrons-nous sur le combat que tous les Sénégalais, au-delà des allégeances politiques, au-delà des erreurs des uns et des autres, doivent mener pour contrer la 3ième vague. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, ce sont les bonnes idées de tous, les bonnes stratégies d’accompagnement pour les populations, une communication cohérente et à portée de compréhension par les différents milieux, groupes et âges afin que les actions de terrain soient efficaces et suscitent l’adhésion de tous. Qu’est-ce que chacun peut faire là où il se trouve? Comment organiser nos structures de santé pour une bonne prise en charge à l’hôpital ou à domicile? Comment susciter une collaboration harmonieuse entre les forces qui surveillent l’application des mesures barrières et les populations, partout où cela est nécessaire? Comment activer plus la solidarité internationale pour la disponibilité des vaccins dans notre pays? Comment susciter l’adhésion des personnes réticentes à la vaccination?
Ce sont les réponses à ces questions qui doivent orienter nos réflexions et actions. J’ai une pensée particulière à l’endroit de nos «daras» où cohabitent de nombreux jeunes talibés, souvent dans des conditions difficiles. Il est important d’y mener la communication appropriée dans un langage accessible et de mettre à disposition le matériel nécessaire ( gel, savon, masques). Bal len ma akh. Et qu’Allah nous protège et nous apporte l’harmonie des cœurs et des comportements, surtout en cette période, alors que les Sénégalais ont besoin d’avancer ensemble.
Dewenati.
Imam et Citoyen Tahir Fall
Guendel, Rufisque, Sénégal
«NOTRE GOUVERNEMENT A FAILLI...»
L’assertion est du Dr Cheikh Tidiane Dièye qui jette ainsi un pavé dans la mare du gouvernement qui, au sujet de la riposte contre cette troisième vague du Coronavirus, brille par sa timide réaction
Alors que le débat sur l’absence de mesures restrictives pour freiner la propagation apide du variant Delta du Coronavirus fait rage, Cheikh Tidiane Dièye croit dur comme fer que le Chef de l’Etat n’a plus de légitimité pour diriger la lutte contre cette troisième vague. le leader de la plateforme “avenir Sénégal Bi nu Beugg” estime que c’est Macky Sall lui-même qui a démobilisé le peuple
«Notre gouvernement a failli». L’assertion est du Dr Cheikh Tidiane Dièye qui jette ainsi un pavé dans la mare du gouvernement qui, au sujet de la riposte contre cette troisième vague du Coronavirus, brille par sa timide réaction.
“Si l’autorité morale du Président Macky Sall est inhérente à sa position institutionnelle, ses actes et pratiques ont cependant contribué à dilapider cette autorité. Voilà pourquoi il est disqualifié pour conduire la guerre contre la troisième vague du Coronavirus. Son message ne passe pas. Il a perdu toute légitimité pour diriger cette lutte”, soutient mordicus le leader de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug dans un post sur sa page Facebook où il clame : “Nous sommes seuls face à nous-mêmes !Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.”D’ailleurs, en mars dernier, constate Dr Cheikh Tidiane Dièye pour s’en désoler, au moment où nul ne s’y attendait, lui (ndlr, Macky Sall) et ses hommes ont provoqué les terribles événements que nous avons vécus. S’il n’y avait pas eu leur complot sordide et irresponsable, nous serions tous restés concentrés sur la lutte contre le virus, croit savoir l’opposant.
“Non content d’avoir fait cela, il s’est ensuite lancé dans une campagne électorale déguisée, pompeusement appelée « tournées économiques », ayant drainé des milliers de personnes transportées à des centaines de kilomètres de leur domicile pour l’accueillir”, s’en prend-il au Chef de l’Etat qui, dit-il, a fini avec ses tournées par démobiliser le peuple. Il lui sera impossible de le remobiliser, poursuit Cheikh Tidiane Dièye. “Pendant qu’il tente de convaincre les citoyens de passer la fête là où ils sont, dans son propre camp, des responsables politiques offrent des bus gratuits pour convoyer les jeunes aux quatre coins du pays. Chacun d’entre nous peut et doit assumer une part de responsabilité. Mais il n’y a aucun doute, il est le responsable. Car tous les autres, à un moment ou un autre, ont été forcés de réagir à sa méconduite : les uns pour résister légitimement à sa charge et refuser de se laisser détruire ; les autres pour répondre à sa surenchère politique”, assène le leader de la plateforme Avenir Sénégal Bi Nu Beug qui trouve que face à la gravité de l’heure, l’éthique nous commande de taire les divergences pour sauver ce qui peut encore l’être.
Fort de ce constat, l’opposant prône le respect des gestes barrières et d’éviter les rassemblements.
LA SOCIETE CIVILE MET EN PLACE UNE TASK-FORCE
Les stratégies et les idées pullulent de partout pour faire face à l’évolution dangereuse du variant Delta de la Covid-19 avec son taux record de contaminations depuis le début de la pandémie au Sénégal, le 2 mars 2020.
Après avoir constaté la passivité du gouvernement dans la riposte contre l’évolution inquiétante de cette troisième vague du Coronavirus, la coalition des organisations de la société civile a décidé de mettre en place une task-force afin de donner prôner une réponse rigoureuse et plus inclusive.
Les stratégies et les idées pullulent de partout pour faire face à l’évolution dangereuse du variant Delta de la Covid-19 avec son taux record de contaminations depuis le début de la pandémie au Sénégal, le 2 mars 2020. C’est dans ce cadre que, se retrouvant autour d’un webinaire tenu le vendredi 16 juillet dernier sous le thème : «Quelles réponses de la société civile face à la 3e vague de Covid-19 ?», la Coalition des organisations de la Société civile a fait un diagnostic complet de l’évolution exponentielle de la pandémie avec cette troisième vague qui, selon les chiffres, avance avec une progression 3 fois plus rapide que la deuxième et avec une virulence encore plus dangereuse marquée par de nouvelles infections majoritairement communautaires.
Ainsi, affichant toute son inquiétude face à la stratégie passive adoptée par les pouvoirs devant cette situation, la Coalition des Organisations de la Société Civile (COSC) sur le Global Financing Facility a décidé de mettre en place une taskforce de riposte rigoureuse qui implique tous les acteurs de la société civile évoluant dans le domaine de la santé.
Selon la note de presse reçue à la Rédaction, cette task-force ambitionne de mettre en synergie les ressources de la société civile afin que toutes les organisations membres revisitent encore les plans et les budgets pour mettre en place un programme d’urgence et venir en aide au système de santé du pays. Dans ce dispositif, une place importante est réservée aux jeunes et aux femmes dans les stratégies de riposte, surtout au plan commun a u t a i r e , indique-t-on.
Regrettant la politique de l’Etat qui n’a pas beaucoup intégré la société civile dans ses actions de lutte contre la pandémie de manière structurée et durable, malgré le soutien effectif en ressources humaines, financières et matérielles, en action sur le terrain de cette dernière, Safiétou Diop Fall, la présidente de la Coalition des organisations de la société civile, et Cie ont exhorté l’Etat du Sénégal à valoriser le travail de la société civile en démédicalisant davantage la riposte, à reconnaître pour le rectifier que le système de santé ne se limite pas uniquement au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale, et qu’il est impératif d’impliquer tous les acteurs de la santé, du niveau stratégique au niveau communautaire.
Aussi, le COSC demande à l’Etat de veiller à ce que les messages destinés aux populations ne soient pas divergents ni conflictuels, mais plutôt centrés et coordonnés, de sortir du relâchement en adoptant des mesures fortes tout en adoptant l’attitude d’un « bon père de famille, de centraliser et analyser la remontée des informations afin de définir de meilleures stratégies de gestion de cette troisième vague, et de revoir ses nouvelles politiques de prise en charge des cas de Covid-19, en pensant à une stratégie hardie de vaccination visant à immuniser au moins 60 à 70% de la population.
Par rapport aux déplacements liés à la célébration de la fête de la Tabaski, la Société civile, non sans appeler à une prise de conscience de toute la communauté pour endiguer cette troisième vague, souhaite que les Sénégalais qui sont à Dakar et qui envisagent d’aller passer la Tabaski dans leur localité puissent se prémunir en masques et en gels hydro-alcooliques comme « Yobàlu Tabaski».
Par Daro KANE
FATAL DELTA
« Je voudrais dire clairement que si la situation l’impose, nous reviendrons aux mesures que nous avons connues par le passé. »
Comme prévu. Cette troisième vague annoncée est finalement bien installée. Dans un photomontage, le Président Macky Sall est représenté centimètre au cou, avec cette légende : le tailleur a pris de nouvelles mesures, évoquant les dispositions que compte prendre le gouvernement face à la crise sanitaire. Seulement, la situation ne prête pas à rire. Lors de la remise du rapport du Comité de suivi de mise en œuvre des opérations du Fonds Force-Covid 19, le Chef de l’Etat menace et avertit sur le retour de la batterie de mesures justement en déclarant : « Je voudrais dire clairement que si la situation l’impose, nous reviendrons aux mesures que nous avons connues par le passé. »
Les rassemblements et les déplacements seront désormais limités et le respect strict des mesures barrières est préconisé à nouveau. Un appel relayé aussi par le Comité national de Gestion des Epidémies (CNGE), réuni ce jeudi 15 juillet 2021, qui tire la sonnette d’alarme. Face à la recrudescence des nouveaux cas de Covid, la pandémie n’a jamais été aussi présente. Plusieurs centaines de cas enregistrés pendant trois jours successifs, de quoi faire réagir les autorités. Cette variante Delta se révèle plus dangereuse et plus contagieuse que les précédentes pour un virus qui semble avoir élu domicile. Conformément aux recommandations du CNGE qui préconise entre autres le port généralisé du masque, le retour au télétravail, le recours à la vaccination, avec l’annonce d’un nouvel approvisionnement en vaccins ou encore d’éviter les déplacements et les voyages, surtout en cette période de fête de Tabaski, les autorités ont pris acte. Après un relâchement général(encore !) et surtout après la tournée économique du Chef de l’Etat et les mobilisations monstres enregistrées, l’opposition, toujours dans son rôle, désigne le coupable idéal.
S’inscrivant dans une volonté de montrer l’exemple, le mouvement Y en a marre livre, dans une déclaration en mode visioconférence, ses accusations contre le pouvoir accusé d’avoir utilisé à mauvais escient les Fonds Force Covid-19 et d’avoir mis en danger les populations lors de la tournée baptisée « Taggato » (au revoir) du Président. Le Congrès pour la renaissance démocratique (CRD), réunissant plusieurs chefs de partis de l’opposition, dénonce aussi la gestion calamiteuse de la pandémie et les efforts consentis malgré tout pour contenir sa propagation, et réduits à néant en quelques jours. Une situation causée par le « déplacement de foules mécaniques à travers le pays », dénonce le CRD.
Le pouvoir, dans une posture de défense, plaide innocent. Seydou Guèye, porte-parole du gouvernement, justifie et déclare que la hausse des cas de Covid a été notée surtout à Dakar et non à Matam. Les experts apprécieront et les chiffres vont livrer leur verdict. En attendant, les communiqués sortent en rafales, en premier celui du ministère de l’Intérieur qui préconise le port du masque dans les transports en commun et les espaces publics. La Société Dakar Dem Dikk a décidé de suspendre ses dessertes interurbaines face à cette recrudescence de cas et compte ainsi éviter tout « risque de propager le virus ».
Conséquence du retour annoncé de ces mesures barrières contre la propagation du virus, la fête de la Tabaski risque d’être célébrée en mode restriction. D’ores et déjà, les autorités de la mosquée Omarienne ont annoncé sa fermeture et appelle les fidèles à prier chez eux, en famille. Tandis que les pères de familles poursuivent leurs recherches ardues de moutons qui, après avoir pris le péage, semblent être arrivés à bon port, dans la capitale.
DANIEL SORANO PASSE DES PLANCHES AU NUMERIQUE
Le directeur général du théâtre national Daniel Sorano, Abdoulaye Koundoul, déroule un agenda annuel d’activités.
Le directeur général du théâtre national Daniel Sorano, Abdoulaye Koundoul, déroule un agenda annuel d’activités. Lors des échanges sur l’histoire du théâtre national, «Jaarjaar ak jaloore», Abdoulaye Koundoul prône un changement de paradigme après 56 ans d’existence. Et ouvre les rideaux de Daniel Sorano à la digitalisation voire le cinéma.
La 56e année d’existence du théâtre national Daniel Sorano (1965-2021) a été célébrée le samedi dernier. Ce moment de déclic a permis au Directeur général du théâtre d’acter le passage de la compagnie nationale, de la simple représentation théâtrale à la diffusion numérique et cinématographique, afin de toucher un large public. Cette nouvelle politique d’Abdoulaye Koundoul s’explique par les difficultés de regrouper des gens à cause de la pandémie de Covid-19. «Nous pouvons nous passer de cette possibilité à regrouper tout le monde pour un spectacle, et diffuser, grâce aux nouvelles technologies, tous les produits culturels aux Sénégalais, partout où ils puissent se trouver dans le monde. Car il devient évident que le théâtre aura des difficultés à rassembler encore le public, malgré les dispositions sanitaires prises. »
Retraçant le parcours du mythique théâtre Sorano sous le label «Jaarjaar ak jaloore», le Dg de la compagnie a présenté les partenaires qui accompagnent le théâtre national dans sa nouvelle orientation. Ce cercle de réflexion a permis aux partenaires de Daniel Sorano, notamment Musik Bi, le directeur de la cinématographie et le manager d’arthéa, de décliner la feuille de route de leur collaboration avec le théâtre. Toutefois, Abdoulaye Koundoul a lancé officiellement le programme «Jaarjaar ak Jaloore» qui devait être animé par les anciens. Et ce, malgré l’absence de ces derniers qui n’ont pas fait le déplacement à cause de la troisième vague de la pandémie.
La direction de Daniel Sorano a ainsi mis dans le contenu du programme « Jaarjaar ak jaloore » des éléments éclectiques qui passent par la danse, la musique traditionnelle et moderne mais aussi le théâtre. Et pour le dérouler, M. Koundoul a tendu la main à des partenaires pour atteindre ses objectifs. Il s’est agi de la direction de la cinématographie, Arthéa et Musik Bi. Ce dernier est une plateforme qui permet de diffuser du contenu artistique à travers la technologie, le numérique aux fins de toucher un large public. Quant à Arthéa, il intervient dans l’éducation artistique à travers des cours de danse et la musique.
«LES GRANDS EVENEMENTS QUI ONT FAIT L’HISTOIRE DU SENEGAL SE SONT DEROULES A DANIEL SORANO»
Auparavant, Dr Ibrahima Wane a porté un témoignage sur le symbolisme du théâtre national. «Les grands événements qui ont fait l’histoire du Sénégal se sont déroulés à Daniel Sorano. A travers cette triptyque : le ballet national la Linguère depuis (1961), la troupe théâtrale et l’ensemble lyrique traditionnel. Ce qui, selon lui, fait de Sorano un patrimoine à transmettre aux générations futures. Un avenir qui semble être tourné vers le numérique et le cinéma. Ce qui ouvrira la voie du théâtre national qui dispose déjà d’un écran de cinéma et d’un public à la diffusion de «grands films africains et d’ailleurs», indique le directeur de la cinématographie, Marcel Coly. M. Koundoul indique par ailleurs qu’au-delà des 56 ans qui sont célébrés, c’est également le passage d’un siècle à un autre, ce qui est un changement de paradigme. «Jaarjaar ak Jaloore» est, selon lui, une réminiscence des hauts faits ou les activités marquant le théâtre national. «Quand on parle de « Jaarjaar », on évoque le passer, la trajectoire de Sorano pour mieux fonder le programme qu’on veut mettre en avant. C’est juste une sorte de tremplin sur lequel nous nous appuyons pour nous projeter de l’avant», conclut le directeur général de Sorano.
TEUNGUETH ETRENNE SON SACRE, DIAMBARS EN AFRIQUE, US GOREE RESTE DANS L’ELITE
L’équipe de Teungueth Fc a soulevé hier, dimanche son premier trophée de champion de Ligue 1.
Teungueth FC a fêté son équipe fanion avec le trophée de champion de Ligue 1 étrenné hier, dimanche 18 juillet après le dernier match qui l’a opposé à l’As Pikine. La Ligue 1 a également rendu son verdict pour la très convoitée deuxième place qualificative à la Coupe CAF. Et c’est Diambars qui passe devant Génération Foot et s’empare de cette position après un large succès face aux CNEPS (5- 0). Pour l’opération maintien, elle a finalement souri à l’Union sportive Goréenne aux dépens du Stade de Mbour et Niary Tally qui basculent en Ligue 1.
L’équipe de Teungueth Fc a soulevé hier, dimanche son premier trophée de champion de Ligue 1. Sacrés depuis la 24e journée, les Rufisquois ont été fêtés à l’issue de la rencontre qui les ont opposé au stade Galandou Diouf, à l’As Pikine (5e, 40 points) pour le compte de la 26e et dernière journée de Ligue 1. Le sacre n’a pas ôté les enjeux de cette ultime journée auprès des équipes de têtes qui luttaient pour la deuxième place synonyme qualification à la Coupe CAF. Cette position est revenue à Diambars Fc.
Dans cette ultime bataille, les Académiciens n’ont pas fait dans la détail face aux Thiessois de CNEPS Excellence qu’ils ont battu sur la marque de 5 à 0. Simon Diédhiou et Moustapha Diaw, auteur d’un doublé chacun et Bilal Diallo, ont permis à l’équipe du président Saer Seck de sceller ce précieux succès. Avec cette victoire, Diambars (2e; 46pts) compte le même nombre de points que Génération Foot (3e; 46 points), Mais le devance au niveau de la différence de buts (+19 contre +17). En déplacement à Louga, les Académiciens de Deni Biram Ndao se sont imposés (0-2) face au Ndiambour. Après sa dernière participation en Ligue des Champions, Diambars effectue ainsi son retour en Afrique mais disputera pour la première fois la Coupe CAF.
Pour les autres matchs de la 26e journée, Mbour PC a dominé (3-1) Dakar Sacré Cœur (11e; 28pts -10). L’ AS Douanes (8e; 30pts -7) est tombée à domicile (0–2) devant le Casa Sports (6e, 36pts +9). En guise de bilan de la Ligue sénégalaise de football professionnel il a retenu un championnat relèvé et disputé. C’est ce que révèle Amsata Fall, directeur exécutif de la Ligue pro après la fin du championnat marqué par le sacre de Teungueth FC.. “Cette année c’est l’une des rares fois, qu’on a assisté à un championnat très relevé et disputé. Même si Teungueth Fc a été sacré à terme, sur le plan médiatique, les équipes ont fait beaucoup d’efforts au plan des liens sociaux. C’est tout à l’honneur de la Ligue professionnelle”, a- t-il confié.
Amsatou Fall pense que le sacre des Rufisquois est mérité. Selon lui, après une première expérience en compétition inter-clubs, le retour en Afrique devrait leur permettre de permettre de revenir mieux renforcé. “Teungueth Fc mérite son titre de champion. Il a maintenu la dragée haute à ce championnat pendant plus de 20 journées. C’est bien pour Teungueth parce que cela va lui permettre de retourner en Afrique. Teungueth a bien appris. Il a fait une coupe d’Afrique remarquable, un parcours honorable qui pouvait les amener en quart de finale. J’espère que les Rufisquois vont tirer tous les enseignements. Pourquoi ne pas se renforcer. En tout cas avec beaucoup plus de ressources financières et matérielles”.
Revenant sur l’ultime match de la 26e et dernière journée, le directeur de la Ligue pro ajoute: “ En fonction du goal barrage, c’est Diambars qui va représenter le Sénégal en Coupe de la Confédération. Au niveau des descentes, avec la défaite, le stade de Mbour rejoint la Ligue 2. L’Us Gorée s’est maintenue. L’équipe de Niary Tally a cravaché en 2e phase du championnat. Mais depuis quelques temps, Niary Tally et l’Us Gorée ont flirté avec des positions de relégables. Les Goréens ont fait des remontées extraordinaires lors des dernières journées”.
US GORÉE S’ACCROCHE, LE STADE DE MBOUR ET NIARI TALLY BASCULENT EN L2
Au bas du tableau, la lutte pour le maintien s’est aussi poursuivie jusqu’au bout. Lanterne rouge à l’avant dernière journée, l’Union sportive goréenne (12e; 27pts -10) a réussi à s’extirper de la relégation en L2, suite à sa précieuse victoire obtenue samedi (1–0) face Stade de Mbour. Ce qui lui permet de doubler les Stadistes et lui ravir sa place de première équipe non relégable. Mais aussi de le faire basculer au purgatoire (Ligue 2), les Stadistes qui accompagneront l’équipe de Niary Tally (14e; 24pts -7) qui a perdu (1-1) le match de la dernière chance face au Jaraaf (4e; 44pts +2 ). Un match qui a été interrompu à la 77e alors que les «Vert et Blanc» menaient par 1 but à 0.
DE LA NECESSITE DE REFORMER A L’OBLIGATION DE PERFORMANCE
Pour quoi, sur quoi et sur quels modèles des villes à forte identité historique, politique et émotionnelle pourraient-elles être l’objet de réforme ? Pour quels objectifs et sur quelle durée ? Quid des modèles étrangers ?
Annoncé par les tenants du pouvoir, le projet de changement de statut des villes comme Dakar a suscité une polémique, empruntant par moment des contours aux relents politiques. Mais, au-delà de ce débat qui semble passionnel, des questions légitimes se posent avec acuité : pour quoi, sur quoi et sur quels modèles des villes à forte identité historique, politique et émotionnelle pourraient-elles être l’objet de réforme ? Pour quels objectifs et sur quelle durée ? Quid des modèles étrangers ?
POLITIQUE DE PROXIMITE DE L’ETAT ET DE RESPONSABILISATION DES COLLECTIVITES LOCALES : De Diouf à Sall en passant par Wade, un processus sans cesse en mutation
Depuis 1872, date de la création de la commune de Saint-Louis, le Sénégal s’est lancé dans un processus irréversible de renforcement continu de la décentralisation. Ce processus a conduit à deux réformes majeures réalisées respectivement en 1972 et en 1996. La première réforme de 1972 pose «l’acte précurseur des libertés locales plus affirmées, avec la création des communautés rurales, la promotion de la déconcentration et la régionalisation de la planification».
Réalisée en 1996, la deuxième réforme, dans le souci d’accroitre la proximité de l’Etat et la responsabilité des collectivités locales, consacre la régionalisation avec notamment l’érection de la région en collectivité locale, la création des communes d’arrondissements, l’attribution aux collectivités locales de compétences par le transfert de neuf domaines de compétence. Cette loi de 1996 ouvre également la possibilité pour les communes de créer, par association, une structure d’entente et de coordination de leurs activités dans certains domaines de portées municipales : c’est la commune urbaine. Ainsi en 1997, les communes de la région de Dakar sont découpées en communes d’arrondissements : 19 dans la ville de Dakar, 16 à Pikine, 5 à Guédiawaye et 3 à Rufisque.
En faisant cette réforme, le président Abdou Diouf voulait expérimenter l’extension de la notion de « commune urbaine » aux autres régions. Arrivé au pouvoir en 2000, le président Wade a aussi apporté sa touche dans ce processus de consolidation de la démocratie locale. En 2002, il élève le territoire couvert par la ville de Guédiawaye dans le département de Pikine en département distinct de celui de Pikine.
En 2005, la communauté d’agglomération de Dakar qui regroupait les villes de la région de Dakar est créée sur la base d’une intercommunalité entre collectivités locales. En 2008, par n° 2008-1344 du 20 novembre 2008, trois communes d’arrondissement sont créées à Thiès : Thiès Nord, Thiès Est et Thiès Ouest portant ainsi le nombre de villes à 5, à savoir : Dakar, Pikine, Guédiawaye, Rufisque et Thiès. Mais avec l’Acte 3 de la décentralisation lancée par le président Macky Sall en mars 2013, on assiste à la généralisation des communes, à la création de conseils départementaux et à des modifications dans la répartition des compétences au sein des collectivités locales.
L’objectif visé par le président Sall était clairement affiché : « mettre en place une planification cohérente des compétences entre les collectivités locales et l’Etat. » Désormais, les communes étant de plein exercice, il devenait impossible de créer des communes d’arrondissements. C’est dans le cadre de la deuxième phase de cet Acte 3 devant parachever la première phase grâce à l’émergence de « nouveaux pôles territoriaux » que cette polémique portant sur le changement de statuts des villes est née.
CONSEQUENCES DE L’ACTE III DE LA DECENTRALISATION SUR LES VILLES : Dakar perd sa culture d’investissement
Certain spécialistes en décentralisation estiment que l’Acte 3 de la décentralisation a été mal fait avec, notamment, une communalisation intégrale jugée «trop osée». Selon eux, le chef de l’Etat en a fait des communes de plein exercice, «alors que leurs budgets ne leur permettaient pas d’investir». Des maires ne cessent de se plaindre de ces transferts de compétences par l’Etat qui ne sont pas accompagnés du transfert de moyens et de ressources nécessaires à l’exercice normal de ces compétences, comme le prévoient les dispositions de l’article 282 du Code général des Collectivités territoriales. «Si je prends le cas de la commune de la Patte d’Oie dont je suis le maire, nous avons hérité dans le cadre de la réforme de l’Acte III de la décentralisation la gestion du centre de santé Nabil Choucair et de son personnel dont la masse salariale est de 200 millions, sans le concours de ressources conséquentes. La preuve, cette année nous n’avons reçu que 51 millions dans le cadre des fonds de dotation pour l’ensemble des compétences transférées en matière de santé, d’éducation, de jeunesse, de sport, de culture, d’environnement», avait indiqué Banda Diop, maire de Patte d’Oie, en mai 2018, dans les colonnes de Sud quotidien.
Dans les collectivités locales, le personnel est souvent recruté sur «une base clientéliste, avec une vision qui s’arrête à la politique politicienne», estime un expert. Tout le contraire de la ville porteuse d’une «culture d’investissement». Prenant l’exemple de Dakar, des spécialistes constatent que non seulement elle avait la culture d’investissement, mais elle disposait aussi d’une «ingénierie» à travers un personnel municipal qualifié et capable de réaliser un plan d’aménagement durable. «La ville de Dakar n’est pas comparable à celle de Rufisque. Elle s’étend sur les 19 communes du département. Donc il y a une force départementale qui gère un puissant budget de 50 milliards, par péréquation ou pas, en tout cas avec la possibilité d’aider les communes.
La ville de Rufisque a 7 milliards de budget prévisionnel, mais recouvre tous les ans 5 milliards alors que le budget agrégé des 3 communes qu’elle polarise ne fait pas 3 milliards. Donc, cette ville-là est beaucoup plus puissante que les communes qui doivent se charger de l’exécution locale», explique Djibril Gueye, expert en décentralisation et membre du Bureau exécutif du Forum civil, la branche sénégalaise de l’ONG Transparency international (Ti).
En termes de gros investissements, il faut rappeler que tous les centres de santé dans les 19 communes ont été construits par la ville de Dakar. Grâce à l’amélioration du recouvrement des impôts, du temps du maire Pape Diop, la ville a vu ses recettes passer de 12 milliards de F CFA, en 2002, à 36 milliards de F CFA en 2008, dont la moitié consacrée à l’investissement, contre moins de 2 milliards il y a six ans. Dakar a pu ainsi refaire peau neuve, avec 270 km de réseau d’éclairage public mis en place depuis 2002. Mieux, 24 km de routes ont été aménagés, et 11 autres réhabilités. L’ouverture des centres commerciaux « Quatre C », de Colobane et des HLM, l’aménagement d’espaces publics (place Bienvenue, place du Souvenir, place Sfax…) ont contribué à embellir le décor urbain.
L’ouverture d’un Samu municipal, d’un centre gériatrique et d’une clinique ophtalmologique dit de dernière génération ont amélioré la couverture sanitaire de l’agglomération. Quant au « Crédit municipal de Dakar », il aide les démunis à démarrer une activité. Le maire Khalifa Sall, élu en 2009 grâce à une coalition d’opposition locale au président Abdoulaye Wade, n’a pas été en reste avec ses grands travaux : des investissements de 13 milliards de francs CFA sur la voirie, un éclairage public à 9 milliards, le pavage de la ville à 12 milliards, la construction du centre commercial de Kermel à 4 milliards et celui du centre Félix Eboué pour 2,5 milliards. La Ville de Dakar avait aussi acquis le centre commercial Djily Mbaye pour un montant de 1,5 milliard de francs Cfa afin de recaser «provisoirement» les vendeurs établis à Sandaga. Cependant, dès l’entrée en vigueur de l’Acte 3 de la décentralisation suivie du conflit ouvert en 2014 entre l’Etat central qui cherchait une mainmise sur la capitale et le maire qui nourrissait d’autres ambitions, presque tous les projets de la ville ont pris un coup de frein.
Trois épisodes de cette guerre entre les deux entités restent frais dans les mémoires : la sommation servie à la Mairie de Dakar par la Direction de la surveillance et du contrôle des sols (Descos, un organe dépendant de la Primature) pour arrêter les travaux de pavages sur la corniche ouest de Dakar, le blocage par l’Etat de l’emprunt obligataire lancé par la ville de Dakar dans la zone Uemoa, le différend ayant opposé la municipalité à l’ex ministre du Cadre urbain, Diène Farba Sarr, concernant l’aménagement de la Place de l’Indépendance… Aujourd’hui, «il semble que l’avènement de l’Acte III de la décentralisation ait fini par étouffer la culture d’investissement» de certaines villes, avancent des experts en décentralisation, qui se sentent du reste confirmé par le président de la république qui a indiqué que les villes «flottent parce que les communes sont de plein exercice». Une déclaration tenue le 31 décembre dernier, face à quelques journalistes, tout juste après son discours à la Nation.
PROCESSUS IRREVERSIBLE DU RENFORCEMENT CONTINU DE LA DECENTRALISATION : Les états généraux de la décentralisation nécessaires
«La ville est le lieu de la modernité et de la modernisation, c’est le lieu où on innove, on invente. Parce qu’on n’est plus pris dans le carcan des traditions et la surveillance en Afrique des anciens. On est dans un espace libre où face à de nouveaux challenges, on est obligé de venir avec des innovations», avait déclaré le Professeur d’Histoire à l’université de Columbia (Etats-Unis) Mamadou Diouf, lors de l’émission « Objection » de Sud Fm du 03 janvier dernier. Une assertion partagée par nombre d’experts en décentralisation pour qui la ville est «historique» et même «sociologique», regrettant ainsi ce débat sur la suppression des villes. «C’est une situation qui ne doit pas être prise à la légère car c’est une proposition d’un homme politique qui, devant la loi, cherche à modifier un existant. La ville de Rufisque, la ville de Dakar, historiquement ont une place dans l’ordre de territorialité au Sénégal. Ça, c’est depuis le 19ème siècle», argumente Djibril Guèye, du Forum civil. Poussant la réflexion plus loin, des experts rappellent qu’il y a beaucoup d’organisations internationales, comme la Fédération mondiale des villes jumelées (FMVJ), ou encore Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLU Afrique) qui reconnaissent plutôt les villes que les communes. Mieux, la ville en tant que collectivité locale disposant d’un grand budget, «est la seule, selon eux, capable de faire des investissements et au-delà, d’interagir dans le cadre de la diplomatie municipale.» Des exemples de coopérations décentralisées comme le Plan climat territoire intégré (Pcti) et l’initiative «Pépinière d’entreprises» dont l’idée remonte à 2009 foisonnent. Des interrogations et inquiétudes existent, par conséquent, quant à l’avenir de cette coopération décentralisée.
Du côté de l’Etat, plus précisément le président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar (BBY, mouvance présidentielle), Aymérou Gningue, l’argument de l’inexistence des villes dans l’Acte III de la décentralisation est toujours mis en avant. «Avec la loi de 2013 communément appelée l’acte 3 de la décentralisation, nous avons créé la communalisation intégrale avec des communes d’égale dignité.
Ce qui veut dire qu’aujourd’hui il n’y a plus de région, il n’y a que le département et la commune et toutes les communes sont d’égale dignité. Cette loi dispose que deux communes peuvent se mettre ensemble pour créer des espaces qui peuvent être des espaces territoriaux, des espaces viables qui puissent leur permettre véritablement d’impulser le développement. Donc, la notion de ville n’existe pas dans l’acte 3 de la décentralisation», s’est défendu le parlementaire, sur un site d’information générale, le 18 décembre dernier.
Poursuivant M. Gningue estimera que «la question est de voir quelles sont les limites de la loi de 96 et regarder quelles sont les dispositions pertinentes de la loi de 2013 et regarder, à travers cette loi parce que ce qui est important c’est que toutes les communes sont égales». En fin de compte, même si l’Etat a ses arguments, nombre d’experts en décentralisation insistent sur la nécessité et «l’obligation de ne pas affaiblir les villes». Il y a un impératif de décentralisation à «concilier avec des critères bien déterminés, une taille géographique bien définie, ou encore des ressources financières conséquents» pour préserver la ville. Cela pousse à redéfinir la vocation des collectivités territoriales pour éviter des réformes simplement «cosmétiques» qui ne rendraient pas service aux populations. «Mon sentiment, et je crois que c’est le sentiment de toute la société civile, ce n’est pas de supprimer la ville. Cela n’a aucun sens. On peut garder la ville et lui assigner des missions. C’est ça que le président Macky Sall avait demandé. Il avait demandé qu’on lui corrige les imperfections en termes d’attribution de la ville par rapport aux communes. Il y a trop d’enchevêtrement (…)», a fait savoir Djibril Gueye.
Dans la même veine, d’autres experts estiment qu’il y a moyen de réfléchir sur un nouveau statut à donner aux villes, «comme une institution intercommunale, sur la base d’un regroupement de collectivités territoriales, comme le prévoit le Code général des collectivités territoriales». «Je pense qu’il faut donner à la ville un autre contenu pour régler le problème (...) II serait beaucoup plus facile de permettre à la ville de Dakar, qui gérait la fiscalité au niveau départemental, de pouvoir maintenir un matelas financier important et de se charger des gros investissements du département de Dakar(…)», suggère M. Guèye.
Pour ce faire, «des états généraux de la décentralisation» au Sénégal, semblent être nécessaire à leurs yeux. Ce qui permettrait de définir les attentes sur les collectivités locales, les communes, les villes, les conseils départementaux. Mieux, cela permettrait d’évaluer les 6 années d’exercice des villes avec des budgets conséquents, leurs différents échecs et manquements, pour créer d’autres attributions, ont-ils estimé. Les appellations, les vocables et les termes «importent peu», à leurs avis. Ils optent pour le «contenu» à mettre pour chaque entité de la décentralisation.
Comment «bien copier» l’exemple français en matière de décentralisation ?
Ailleurs, plus précisément dans la grande ville de Paris, en France, il existe des arrondissements municipaux, mais qui n’ont pas de fiscalité. C’est la ville qui prend sur son budget pour le distribuer aux 20 arrondissements municipaux. C’est ce qu’on appelle la loi PLM (Paris-Lion-Marseille), «mal» copiée, de l’avis des experts en décentralisation, par le Sénégal pour instaurer, à la place, des communes d’arrondissement. Là-bas, «la décentralisation a un sens», soutiennent-ils, d’autant plus que «l’Etat n’intervient même pas dans les territoires».
C’est eux qui construisent partout des terrains municipaux, des cantines scolaires, organisent des activités culturelles et sportives, etc. Contrairement à la décentralisation « incomplète » au Sénégal, marquée par la dépendance des communes par rapport aux fonds de dotation de l’Etat, «la France a parachevé la sienne», ont-ils estimé. Cela, même s’il faut admettre que cette loi d’exception PLM est très fortement critiquée en France, dans sa composante mode d’élection des maires, car considérée par certains comme permettant l’élection d’un maire minoritaire en voix. Il urge ainsi de trouver le juste milieu entre la nécessité de décentralisation conformément au processus déjà enclenché et l’obligation de performance pour que les collectivités territoriales puissent suppléer l’Etat dans les territoires. Un impératif, dans le but d’éviter ce qui se passe au Mali «champion en découpage», plus de 600 communes, avec comme conséquences, «la revendication de chacune d’entre elles d’un territoire qui lui serait propre», avertissent les experts en décentralisation.
«Sachant que le sentiment d’identité locale passe avant celui national dans ce pays, le fait de jouer sur les découpages pareils pourrait soulever des passions à même de créer des problèmes», ont ils fait noter. Ils n’ont pas manqué de prévenir que la levée de boucliers de la communauté Lébou, dès l’annonce du projet de changement de statut des villes, en disait long.
QUESTIONS À… DJIBRILGUÈYE (EXPERT ENDÉCENTRALISATION) : «Les réformes doivent répondre à des interpellations de développement socio-économique»
La question du changement de statut des villes a soulevé une vive polémique. Comment en sommes nous arrivé à ce point-là ?
C’est une question très importante qui mérite beaucoup de réflexion. Les villes de Dakar et Rufisque, historiquement, ont une place dans l’ordre de territorialité au Sénégal. Ça, c’est depuis le 19ème siècle. Il y a dans le nouveau code, l’acte III, les 2 ordres de territorialité : la commune et le département. C’est par décret que les villes ont été créées. On est à un moment maintenant où on demande la suppression de la ville, ce qui n’est pas prévu dans le code. Aujourd’hui, des politiciens (…) veulent créer un autre ordre de territorialité qui leur est favorable. Surtout si on interroge l’histoire, notamment tout ce qui s’est passé entre la ville de Dakar et le pouvoir. En termes électoraux, le pouvoir a des problèmes avec Dakar et Rufisque dont le poids politique reste extrêmement important. Mais à mon avis, le plus important reste le contenu qu’on donne à la ville. (…) L’historique de l’Acte 3 était de renforcer financièrement les communes d’arrondissement et faire de la ville, même dans son mode d’élection, un cadre d’orientation stratégique devant servir de lieu de péréquation pour que les communes qu’elle polarise soient renforcées financièrement. Mais, dans l’exécution, cela n’a pas été le cas. Ils ont renforcé les villes et affaibli les communes.
Quelles seraient les conséquences de la suppression de la ville ?
Pour moi, la première conséquence, si on élimine la ville de Dakar, forcément il doit y avoir un autre ordre de territorialité au-delà des communes : donc ce sera le département. On élimine la ville pour créer un département qui doit être géré par un président de Conseil départemental avec le même budget que la ville et qui sera peut-être un cadre pour l’association des différentes 19 communes. Donc, c’est presqu’une faitière des différentes communes. Alors, la ville sera supprimée de l’achalandage territorial du Sénégal. Du point de vue historique, c’est moribond. Il y aura énormément de conséquences sur le plan historique. Parce que, pour nous, la ville de Rufisque qui date du 19ème siècle, en 1880, il est impensable qu’on se réveille un bon jour pour nous entendre dire que la ville de Rufisque est supprimée. Idem pour Dakar. Il faut les garder. Ce sont des communes qui ont existé depuis plus de 3 siècles. Les réformes doivent répondre à des interpellations de développement socio-économique, mais pas sur des interpellations politiques politiciennes. Du point de vue économique, la ville de Dakar avait un budget, au-delà des fonds de concours, une fiscalité. Cette fiscalité sera certes favorable aux autres communes. Mais, il serait beaucoup plus facile de permettre à la ville de Dakar qui gérait la fiscalité au niveau départemental, de pouvoir maintenir un matelas financier important et de se charger des gros investissements du département de Dakar, comme ce qu’avait commencé à faire Khalifa Sall. (…) Cela a permis aux autres communes d’être sur d’autres formes d’investissements que sur les gros que seule la ville peut porter avec les 50 milliards. Donc, si on l’élimine, c’est par exemple permettre à chaque commune de se charger de sa propre fiscalité. C’est presqu’une assiette fiscale déchiqueté.
A votre avis, quelle est la réforme territoriale la mieux appropriée pour créer en réalité des territoires viables ?
(…) Ils ont créé la ville depuis 2014, qu’ils aient le courage d’évaluer la ville. Comme par exemple à Rufisque, ils ont 6 années d’exercice. Ils ont recouvré un net de 5 milliards chaque année. Donc, durant ces 6 années, cela fait 30 milliards. Posons le problème pour voir où est ce que ces 30 milliards sont visibles dans Tengheth.
Quelles sont les investissements majeurs, visibles que la ville de Rufisque a portés pour l’évaluer par rapport aux communes ?
(…) Quelles sont les attributions de la ville de Thiès qui peuvent être transférées aujourd’hui aux communes en termes de développement ? Ça, on peut y réfléchir. Pour moi, on peut garder la ville comme ordre de territorialité. Mais, on lui affecte d’autres attributions et on corrige l’assise financière des communes qui sont carrément dans l’exécution de la politique locale.