SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
22 septembre 2025
ANTOINE DIOME, LE SNIPER DE MACKY SALL
Artisan des condamnations de Karim Wade et de Khalifa Sall, l’ancien procureur est désormais ministre de l’Intérieur. Soldat dévoué, il est prêt à prendre des coups et à les rendre… Portrait d’un homme politique atypique
S’il était une figure de la mythologie grecque, peut-être serait-il Eunomie, l’une des trois filles de Zeus et Thémis, qui personnifie la loi, la législation et l’ordre. Hier magistrat du Parquet, ministre de l’Intérieur depuis novembre 2020, Antoine Félix Abdoulaye Diome n’a-t-il pas accepté, dans ses fonctions successives, de prendre la relève, au Sénégal, de cette « déesse mineure » en assumant ses principales tâches : « assurer la stabilité intérieure de l’État et le maintien de l’ordre public » ?
À 47 ans, l’homme a conservé un visage juvénile et avenant. Mais ne vous y trompez pas : « Il prend des airs souriants et n’attaque jamais frontalement. Il poignarde dans le dos ! » commente, amère, une avocate qui s’est confrontée à lui lors du procès de Karim Wade et de ses coaccusés, entre 2014 et 2015. « Ce n’est pas un mauvais juriste mais il avait tendance à tordre les débats : il était manifestement en service commandé », ajoute la même source.
Antoine Diome – « Tony », pour les intimes – fuit les médias comme la peste. « Il est plus à l’aise au prétoire que dans un meeting, résume un célèbre intervieweur sénégalais qui a vu défiler le gratin politique du pays. Nous sommes nombreux à avoir sollicité un entretien, mais il a toujours décliné courtoisement. » Jeune Afrique aussi s’y est cassé les dents, faute de pouvoir se rendre dans les délais à Dakar pour un face-à-face qu’il laissait entrevoir. Pas de discussion possible à distance avec Antoine Diome, même par visioconférence.
« Forces occultes »
Le 6 mars 2021, c’est face à une caméra de télévision, mais sans journaliste pour l’interroger, qu’il a connu son baptême du feu médiatique, lisant en prime time une déclaration où il s’indignait des émeutes qui venaient d’ébranler la capitale sénégalaise et plusieurs grandes villes du pays. Devenu ministre de l’Intérieur quatre mois plus tôt, Antoine Diome n’y est pas allé de main morte dans sa riposte aux sympathisants du député de l’opposition Ousmane Sonko, convoqué par la justice pour une accusation de viol vue par nombre de Sénégalais comme un traquenard politico-judiciaire.
« Ces actes de provocation sans précédent et sans commune mesure ont provoqué, avec le soutien de forces occultes identifiées, des manifestations violentes dans plusieurs quartiers de la capitale et dans d’autres localités du pays », déclarait-il, avant d’énumérer ces « actes de nature terroriste » : « Voies de fait, saccages, pillages et dégradations de bâtiments publics et de biens privés, mais aussi de commerces appartenant à des personnes physiques et morales… »
Antoine Diome, ce soir-là, ne rechigne devant aucun superlatif, allant jusqu’à qualifier la grogne populaire qui embrase le pays de « conspiration contre l’État » relevant d’une « insurrection organisée ». Pour une personnalité politique qui connaît bien le magistrat, cette intervention « maladroite » revenait à employer un jerricane d’essence pour tenter d’éteindre un départ de feu : « À l’audience, la parole d’un procureur est naturellement à charge. Mais là, il s’exprimait en tant que ministre de l’Intérieur face à une jeunesse qui se révolte. »
L’objectif premier des marchés publics est de procurer à l’Etat, les meilleures prestations aux meilleurs prix en réponse aux attentes des citoyens. Mais eu égard à l’importance des ressources engagées, l’enjeu des marchés pourrait déborder le cadre restreint du jeu de la concurrence et de la rationalité budgétaire pour investir celui de la promotion de l’activité génératrice de revenus et d’emplois. Dans une économie libérale, le niveau de l’emploi est tributaire, entre autres, du niveau de la demande effective, celle-ci étant composée d’une part, des dépenses de consommation de l’Etat et des autres agents économiques et d’autre part, de leurs investissements respectifs. Cette thèse keynésienne, du nom de l’économiste britannique auteur du célèbre ouvrage «La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie», est confortée par l’actualité récente notamment en France et aux Usa.
En effet, l’Hexagone qui, avant la crise sanitaire du coronavirus, enregistrait un recul significatif du chômage, doit cette performance à une embellie dans la consommation des ménages et dans l’accroissement de l’investissement notamment étranger. Aux Etats-Unis, «l’Administration Trump», du nom de son ancien Président, envisageait de demander l’aval du Congrès pour investir massivement dans les infrastructures, signe de son pari, à l’époque gagnant, de promouvoir l’emploi par les dépenses publiques entre autres, quitte à aggraver le déficit budgétaire du pays. C’est la politique dite de la demande préconisée et mise en œuvre prioritairement dans les économies développées par opposition à la politique de l’offre qui quant à elle, met l’accent sur la baisse des charges de l’entreprise pour l’encourager à investir davantage afin d’impacter positivement l’emploi.
L’objectif de cette contribution est de tenter d’indiquer dans quelle mesure les marchés publics pourraient servir de levier au service du développement de l’activité productrice et de la stimulation de l’emploi au Sénégal, pays où «le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur est particulièrement élevé (31 % en 2011). Le pourcentage des jeunes en situation de chômage de longue durée y était de 74 % pour les diplômés du supérieur, 52 % chez les diplômés du secondaire, 62 % pour ceux qui ont le niveau primaire et 41 % pour ceux qui n’ont aucun niveau d’instruction». Le rapport 2015 de l’Autorité de Régulation des Marchés publics (Armp) fait état d’un total de 1417 milliards Cfa, représentant le montant des marchés immatriculés au cours de cette année, taux croyons-nous largement en deçà du potentiel de ressources disponibles à dépenser suivant la procédure de marché.
En effet, les budgets de l’Etat de 2014 et 2015 prévoyaient des dépenses en matériel (investissements et dépenses courantes) se chiffrant respectivement à 1542,7 et 1631,4 milliards soit un potentiel de marchés qui se situait bien au-delà des statistiques fournies par l’Armp. Si on ajoute à ce volant les dépenses de matériel effectuées par voie de marchés publics par les collectivités territoriales, les établissements publics, les sociétés nationales et les agences autonomes, on devrait obtenir un volume de marchés publics autour de 2000 milliards Cfa par an, voire audelà, soit l’équivalent du quart du Pib. Ce chiffre devrait être largement dépassé si on inclut les contrats de partenariat qui, vu qu’ils représentent des opportunités d’affaires pour les opérateurs économiques, peuvent également être qualifiés de marchés. Comment tirer le meilleur parti de cette manne du point de vue de la promotion de l’emploi, voilà qui constitue un défi lancé aux décideurs. L’offre d’emplois résulte théoriquement de deux types d’expérience : elle peut figurer parmi les substrats matériels de l’investissement direct. Elle peut également être «créée» au sens premier du terme, c’est-à-dire par la transformation d’occupations en activités professionnelles structurées.
L’achat public comme investissement générateur d’emplois
De toute évidence, les commandes de l’Etat, principalement les dépenses en capital, ont un effet direct sur le niveau de l’emploi. D’un côté, ils contribuent sûrement au maintien des emplois préexistants et de l’autre, offrent probablement l’opportunité à de nouveaux travailleurs de jouir d’un emploi au moins le temps de l’exécution du marché. L’emploi est qualifié dans ces circonstances d’emploi-résidu. Il naît à la faveur de la dépense et reste tributaire des soubresauts de celle-ci. Les expériences qui illustrent cette logique sont rappelées infra.
Les expériences actuelles et passées de positionner les marchés au service de l’emploi
a- Le procédé du faire-faire de l’agence Agetip
L’Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt public contre le Sous-emploi (Agetip) a été créée en 1989 pour servir d’unité d’exécution de projets pour le compte de l’Etat et des collectivités territoriales ou pour tout autre type d’entité qui le souhaite. Son mode opératoire est la maîtrise d’ouvrage déléguée et l’assistance à la maîtrise d’ouvrage dans notamment l’édification d’infrastructures de base. Mais comme son nom le laisse entendre, Agetip se voit également assigner la mission de promotion de l’emploi en privilégiant les investissements à forte intensité de main-d’œuvre. Les statistiques de 2017 font état de la création de 15 000 emplois à durée déterminée par an en moyenne, soit quelque 430 000 emplois en 30 ans. Ces résultats plus que significatifs prouvent que le «faire-faire» mode d’intervention adopté par Agetip, doit être consolidé voire étendu. A cet égard, Agetip pourrait se limiter à des secteurs spécifiques (exemples : éducation, santé, hydraulique, voirie…) tandis qu’une ou deux autres entités de même type à créer, s’occuperaient des autres secteurs (sécurité, restructuration urbaine…), tous domaines qui recèlent de réelles potentialités en termes d’activités. Cette mutation aurait l’avantage de soulager Agetip qui, à la faveur de sa position de monopole de fait, a tendance à essaimer vers toujours de nouveaux types de réalisations, ce qui à terme pourrait entamer sa rationalité. Dans le même temps, il serait indispensable de mettre un terme à la dispersion que l’on constate avec le penchant des départements ministériels à créer chacun sa propre unité de construction (cas des ministères de l’Education, de l’Intérieur et de la Justice).
b- Les marchés réservés
Au début des années 90, le gouvernement annonçait le programme de promotion de certaines catégories sociales (handicapés notamment), consistant en l’octroi d’office de certaines commandes à des fins d’insertion économique. Cette politique était d’autant plus ambitieuse qu’elle envisageait le développement de la production locale de biens par ces mêmes groupes (matériels de nettoiement et d’entretien). Elle est malheureusement restée lettre morte faute de suivi et surtout du fait d’absence de mesures d’accompagnement en termes de textes de mise en œuvre.
c- Le Mobilier National
Le projet «Mobilier National» constitue une réponse des pouvoirs publics face au besoin, d’une part, d’offrir aux artistes et designers sénégalais un cadre d’expression contribuant à la sauvegarde de notre identité culturelle et d’autre part, de promouvoir le développement de l’artisanat en général et de la menuiserie bois en particulier. Le processus de mise en œuvre du programme, entamé en 1997, avait abouti à la sélection de 174 prototypes répartis entre 9 gammes de mobiliers de bureau et 9 autres de mobiliers d’appartement tous réalisés et entreposés à la Direction du Matériel et du Transit administratif (Dmta). La phase suivante, qui devrait être celle de la production à grande échelle pour équiper progressivement les services de l’Etat, n’a pas vu le jour faute de certaines mesures d’accompagnement indispensables. Ces mesures pourraient consister à accorder pendant une période probatoire, des dispenses de produire certaines pièces justificatives. En effet, en l’état actuel de la réglementation des marchés publics, l’accessibilité aux commandes de l’Etat n’est point garantie aux artisans du bois qui sont, pour l’écrasante majorité d’entre eux, insuffisamment organisés pour pouvoir répondre aux exigences des appels d’offres.
d- La loi de 1968 dite loi du 1%
Ce texte faisait obligation de consacrer au moins 1% du montant des marchés d’édification d’immeubles publics, à l’acquisition d’œuvres d’art avec comme objectif de contribuer à la promotion de l’activité dans le domaine de la création artistique. Ce projet semble sinon abandonné, du moins en léthargie depuis très longtemps.
e-L’investissement de proximité par voie de Partenariat public privé (Ppp)
La promotion de l’emploi dans les collectivités territoriales passe par la maîtrise de leurs besoins de proximité. «Les mini concessions d’électrification développées au cours de l’année 2009 par le projet Peracod du ministère de l’Ecologie et l’entreprise allemande Isensus, sont une parfaite illustration de ce type d’approche. Il s’agissait d’un Ppp ayant pour objet l’électrification de villages côtiers par des systèmes hybrides vent-diesel-solaire. La croissance économique et l’emploi dans le village sont encouragés par le développement des usages productifs de l’électricité (couture, mouture, aviculture, menuiserie métallique, etc.).»
La professionnalisation des acteurs des marchés publics
Les marchés publics seraient en passe de gagner leurs galons en qualité de discipline autonome aux dépens des finances publiques qui constituent jusqu’ici leur domaine de définition. Ce statut devrait leur procurer la légitimité de créer, sinon un cadre, du moins un corps de personnels avec des profils conçus pour animer la «chaîne de valeur» de l’achat public. C’est tout le sens qu’il faut donner au projet de charte de compétence que l’Armp ambitionne de mettre en place. «Remettez l’ouvrage sur le métier !» Tel pourrait être l’appel lancé aux décideurs en ce qui concerne les expériences énumérées ci-dessus. Elles devraient être évaluées et le cas échéant réactivées afin de libérer le potentiel qu’elles recèlent en termes de promotion de l’emploi. Pour y parvenir, nous sommes d’avis que les acquisitions doivent être rendues plus pertinentes et le processus de dévolution des contrats plus crédible et davantage inclusif de l’entreprise sénégalaise.
II. L’achat public et la création-invention d’emplois
Le mécanisme de l’emploi induit n’est pas le seul moyen de développer l’emploi. Il convient pour le montrer de paraphraser un parlementaire français qui déclarait ironiquement : «La meilleure façon de lutter contre le chômage, c’est de créer des emplois.» Ce discours aux allures tautologiques, reste pourtant plein de sens. Il place le processus de génération d’emplois aux antipodes de la conception de l’emploi-résidu autrement dit tributaire de l’investissement. Il s’agit plutôt, tel le révélateur d’image dans le système de la photographie analogique, de transformer une occupation en emploi. L’exemple à rappeler à cet égard est la profession bancaire qui serait née des services d’un individu qui, patiemment assis sur un banc à l’ombre d’un arbre, se voyait confier bénévolement la garde des recettes de forains, qu’il leur restituait à la fin de la journée. Au fur du temps, «banc» serait devenu «banque», l’arbre un bâtiment sécurisé et son tenant rémunéré pour ses services. Et si à l’exemple de cette origine prétendue ou réelle de la profession bancaire, certaines activités exercées par d’aucuns pouvaient être pérennisées par le biais de commandes passées par des entités publiques ? Aussi, le ramassage des ordures ménagères par des charretiers évoluerait-il vers la collecte et le traitement industriel des déchets comme l’ambitionne le Programme spécial «Villes vertes pour l’Emploi», figurant parmi les projets retenus dans le Document de Programmation Budgétaire Economique Pluriannuelle (Dpbep) 2016-2018 ; tandis que la culture et la commercialisation de fleurs prospéreraient-ils en «végétalisation» de nos villes voire la reforestation de nos campagnes, toutes choses qui contribueraient considérablement à la protection de l’environnement ainsi que le prévoit le Document de Programmation budgétaire et économique pluriannuelle. C’est dans ce sens qu’on parle de création d’emplois et il existe assurément un potentiel en latence que les marchés publics et autres contrats de partenariat pourraient contribuer à éveiller et à maintenir. Le processus d’implémentation propre à garantir la réussite des objectifs déclinés supra implique des changements importants qu’il faudrait introduire dans les marchés publics.
Les mutations envisageables de l’achat public pour le développement de l’emploi
a- De la pertinence des commandes de l’Etat
Bien des commandes de l’Etat sont consacrées à des acquisitions récurrentes qui, sans être inutiles, ne sont pas toujours porteuses de progrès, faute de stratégie conçue exprès à cet effet (cas des frais de mission et des dépenses permanentes par exemple - voir également le DPBEP 2016-2018). Cette routine serait aujourd’hui en passe d’être dépassée avec l’avènement du nouveau paradigme des finances publiques (le budget programme) qui assigne aux acteurs des objectifs mesurables en termes d’impact socio-économique. Cette nouvelle donne devrait être exploitée dans le sens d’offrir aux marchés publics l’opportunité de produire leur plein effet y compris au plan de la génération d’emplois. C’est là un des points sur lesquels le ministère en charge des Finances est attendu eu égard à ses nouvelles fonctions de régulateur de la dépense publique. Bien entendu, il conviendra de se garder de tout détournement d’objectifs par un gonflement des effectifs sans commune mesure avec les besoins réels des services de l’Etat.
b-Rendre l’achat public plus crédible et plus attractif
Les principales insuffisances du système de passation de marchés résident dans la mise en œuvre du principe de l’égalité de traitement des candidats. Quelques entraves empêchent en effet cette norme de s’exprimer totalement. Elles ont pour noms : procédures spécifiques et ou procédures dérogatoires. Elles se rapportent par ailleurs à l’absence de quelque mesure d’accompagnement à notre avis indispensable pour contribuer à la survie des nombreux «start-up» qui comptent souvent sur les commandes des secteurs public et parapublic pour survivre et se développer. Les procédures spécifiques de passation de marchés concernent notamment les «célèbres» Drp (Demandes de Renseignements et de Prix) qui se rapportent à des montants «faibles» (inférieurs à 70 millions de francs pour les marchés de travaux et à 50 millions pour les fournitures et les prestations intellectuelles) mais dont le montant cumulé atteint un niveau très important (230 milliards en 2016). En considérant le nombre de contrats conclus selon cette procédure (24 000 en 2016), le montant en moyenne linéaire d’une Drp serait de 9,5 millions francs. Ces statistiques laissent entrevoir la possibilité de créer ou de pérenniser quelque 160 000 emplois directs ou induits. Il faudra à cet effet produire un choc de confiance de nature à attirer et maintenir le maximum de postulants dans le circuit des commandes en combattant les dérives relevées par les rapports d’audit de l’Armp à savoir les «associations transparentes»¹, les candidatures de «couverture»² , les attributions «programmées» ³, ce sombre répertoire n’étant malheureusement pas exhaustif. En plus, la culture du démarchage où les relations personnelles ou de réseau qui l’emportent sur le mérite des postulants, doit être endiguée. Il semble que la solution à cet effet, serait le «e-procurement»⁴ envisagé depuis plus d’une décennie mais malheureusement toujours attendu. La Direction des Petites et Moyennes Entre - prises trouve ici un levier pertinent pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés en termes de mise en œuvre de la politique de l’Etat en matière d’encadrement et de promotion des Pme.
c-Achats publics et «inclusivité» nationale
La problématique mérite d’être soulevée de savoir s’il ne serait pas plus judicieux de renoncer au gain de modernité que procurerait un investissement dont le niveau de technicité est hors de portée des entreprises sénégalaises au profit d’un investissement technologiquement plus modeste mais accessible à ces dernières afin de pouvoir bénéficier d’effets d’entraînement plus conséquents sur le tissu économique national y compris au plan de l’emploi
d-Mesures d’accompagnement en faveur des bénéficiaires de marchés publics
Les mesures d’accompagnement concernent principalement la question du financement des contrats. En effet, bien des initiatives restent lettres mortes, faute non pas pour leurs auteurs de parvenir à décrocher des commandes, mais de moyens propres pour honorer les engagements souscrits. Il s’y ajoute que l’ordre budgétaire fait souvent l’objet de modifications intempestives dans un sens défavorable à l’exécution des marchés. En effet, dans certains cas, les ressources budgétaires réservées pour des contrats déjà conclus sont annulées ou réorientées vers d’autres besoins. Dans d’autres, ils ne sont pas reconduits d’une année sur l’autre ou le sont si tardivement que l’exécution des marchés est définitivement compromise. Cette instabilité qui se solde par l’inexécution des prestations et la perte d’opportunités pour l’activité et l’emploi, met en péril la survie des entreprises, notamment les Pme ou Pmi qui auront «risqué» leurs faibles moyens dans les commandes de l’Etat. Elle génère par ailleurs de la méfiance de la part des opérateurs effectifs ou potentiels. Une des possibilités à explorer pour protéger les Pme et Pmi parties à des contrats publics serait l’étude et la mise en place d’un outil institutionnel de type bancaire dédié à l’accompagnement financier des titulaires de marchés de montants relativement «modestes» (par exemple maximum 50 millions francs)
Conclusion
Autant parait-il tautologique d’affirmer que «pour lutter contre le chômage, il faut créer des emplois», tout autant, nous semble-t-il, pléonastique de proclamer, comme le fait la Constitution du Sénégal (article 25), que «chacun a le droit de travailler et le droit de prétendre à un emploi». Faut-il réécrire ces dispositions de notre texte fondamental ? Si l’autorisation m’en était accordée, je serais plus prosaïque en indiquant que «l’Etat doit entreprendre toute action pour exploiter toutes opportunités susceptibles de générer des emplois en faveur des demandeurs». Dans cette perspective, la commande publique offre plusieurs pistes, tel que nous avons tenté de le montrer ici. Il conviendra de les explorer ou de les relancer. A cet effet, une entité dédiée rattachée à l’Armp pourrait être mise en place. Elle disposerait de pouvoirs réels notamment de contrôle a posteriori des procédures particulières de passation de marchés (Appel d’Offres Restreint, Drp simple et Drp restreinte). Le «sponsoring» des Pme-Pmi auprès de l’organisme financier dont la mise en place est préconisée ci-avant, pourrait figurer parmi les attributions de cette entité
Mansour DIOP
Administrateur civil
Ancien Président du Conseil de Régulation des Marchés publics 1 «Associations transparentes» : structures fictives pour faire l’appoint de concurrence 2 «candidatures de couverture» : les candidats proposent des prix délibérément au-dessus de celui qui d’un commun accord devra remporter le marché 3 «Attributions programmées» : cas des marchés passés à titre de régularisation de commandes déjà consommées 4 «e-procurement» : marchés dématérialisés
ME SALIOU DIEYE ELU PRESIDENT
L’Ordre national des experts du Sénégal (Ones) a un nouveau président
L’Assemblée générale de l’Ordre national des experts du Sénégal, qui s’est tenue hier, a élu un nouveau président. Il s’agit de Me Saliou Dièye, expert fiscal. Ce dernier remplace à la tête de l’Ones, feue Marie Delphine Ndiaye, décédée au cours du mois de février 2021.
L’Ordre national des experts du Sénégal (Ones) a un nouveau président. Il s’agit de l’expert fiscal, Me Saliou Dièye, qui a été élu hier, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’Ones. Il remplace à la tête de cette organisation, feue Marie Delphine Ndiaye, présidente de l’exercice en cours, décédée au cours du mois de février 2021, à qui les experts ont rendu un vibrant hommage. Le président entrant a exprimé sa fierté de succéder à ses illustres prédécesseurs, qui ont servi l’Ones avec compétence et abnégation. Il a ainsi promis de faire tout son possible pour préserver leur legs et remplir avec «humilité et efficacité», la mission qui l’incombe désormais.
«Présider l’Ordre, c’est concevoir et mettre en œuvre des projets et programmes au bénéfice de ses membres. Cette tâche s’avère aujourd’hui mal aisée en raison des impacts de la pandémie du Covid-19. Néanmoins, nous ferons de notre mieux pour vous proposer un agenda pour les actions prioritaires à mener durant le second semestre de l’année en cours afin de pouvoir, entamer sereinement l’année 2022.
En effet, notre priorité est de donner plus de visibilité à l’Ones à travers notamment la mise à jour et une large diffusion du Tableau de l’Ordre», a déclaré le nouveau patron de l’Ones. Et d’ajouter : «Nous devons réfléchir à une stratégie permettant de mieux faire connaître les compétences de nos experts et du rôle qu’ils peuvent jouer dans le développement économique et social de notre pays.
Par ailleurs, l’Ones doit faire preuve d’ouverture en accueillant davantage de jeunes diplômés, bien formés qu’il faudra ensuite encadrer afin qu’ils puissent, plus tard, exercer avec compétence et efficacité, le métier d’expert.» L’exercice illégal de la profession d’expert le préoccupe aussi.
Raison pour laquelle il exhorte à poursuivre la lutte, «afin de remédier aux difficultés souvent rencontrées dans le cadre de l’administration provisoire ou la transmission de cabinets de confrères décédés ou atteints d’incapacité».
L’expert s’engage à proposer des solutions pertinentes. Mieux dit-il : «Je proposerai la mise sur pied d’un conseil de Sages afin de prévenir ou régler les conflits et contentieux inutiles. Nous devons également diversifier nos sources de revenus avec les publications d’ouvrages tels que le Code général des impôts et l’organisation de manifestations lucratives afin notamment de mettre en place un Fonds de solidarité permettant de soutenir les confrères en difficulté.»
L’EMERGENCE DU FOOTBALL SENEGALAIS EST-ELLE REELLE ?
Le championnat sénégalais émerge du mieux que possible. Certains spécialistes du ballon rond dans ce pays diront le contraire.
Depuis quelques saisons, on note une nette progression du football local. L’avènement de l’ère professionnelle en 2009 a donné un coup de pouce au football sénégalais qui a su insuffler un nouveau souffle afin de pouvoir se hisser au niveau des autres championnats africains qui depuis plusieurs années continuent de nous distancer. Cette progression est cependant loin d’atteindre les résultats escomptés avec le Sénégal qui ne figure même pas parmi les douze (12) meilleurs championnats africains, selon le nouveau classement de la CAF.
Le championnat sénégalais émerge du mieux que possible. Certains spécialistes du ballon rond dans ce pays diront le contraire. En effet depuis l’avènement de l’ère professionnelle, le football local est en train de faire des pas en avant pour combler le gap afin de pouvoir atteindre un niveau digne de la meilleure Nation africaine au classement mondial de la FIFA. Cette nette progression se constate récemment par la qualification du Jaraaf en quart de finale de la Coupe de la CAF et de Teungueth FC en phase de poules de la Ligue africaine des champions. Des faits qui constituent sans demi-mesure des avancées considérables sur tous les plans de développement sportif en général et footballistique en particulier. Depuis sa professionnalisation, le niveau ne cesse de s’élever avec la progression notoire de certains clubs à l’image d’un Teungueth fc, du Jaraaf, de l’Académie Génération Foot ou encore de l’Institut Diambars pour ne citer que cela.
Lors de la saison 2016-2017, Génération Foot, champion de cette saison-là, a affiché des chiffres très élevés en étant premier avec 57 points et inscrit un total de 52 buts. Le Jaraaf a haussé le niveau en devenant champion l’année suivante avec un total de 61 points, après avoir marqué 46 buts. En 2018-2019, GF a repris le flambeau mais avec moins de points au terme de cette saison. Les « Grenats » ont été champions du Sénégal avec seulement 51 points pour 43 buts marqués. La défunte saison, malgré la pandémie du coronavirus qui a provoqué l’arrêt définitif du championnat, la Ligue 1 a connu des progrès avec une équipe de Teungueth FC avec 33 points en 13 journées. Pour cette année, les Rufisquois ont maintenu la cadence avec six (6) points d’avance sur leur dauphin à trois journées de la fin du championnat.
Les poulains de Youssoupha Dabo réalisent un parcours impeccable avec 47 points à leur compteur en ayant la meilleure attaque (33 buts inscrits) mais aussi la meilleure défense (seulement 9 buts encaissés) de ce championnat. Que cela soit en Ligue 1 ou 2 l’évolution est bien remarquée. Avec en l’occurrence plus de jeu, des équipes bien mieux structurées et/ou organisées. Nombreux sont ceux qui ont affirmé aimer le beau jeu que proposent les équipes locales.
C’est le cas de ce journaliste de la DTV, Mamadou Sy. « On voit que les équipes jouent du vrai football comme on l’aime de plus en plus. Il fut un temps où j’avais arrêté d’aller au stade pour regarder un match de notre championnat car le jeu était tellement médiocre mais actuellement je suis bien satisfait de ce que je vois » affirme ce journaliste qui se dit être un amoureux du beau jeu. Une progression qui se constate aussi au niveau des moyens notamment les infrastructures mises en place par beaucoup de clubs de l’élite sénégalaise.
Cependant cela cale au niveau continental, les clubs sénégalais n’y arrivent toujours pas. On constate nettement la supériorité des autres Nations alors que le pays de la Téranga occupe la première place au niveau continental. Cela se confirme par ce nouveau classement des championnats les plus prolifiques réalisé par la CAF. En effet le pays du célébre ballon d’or El Hadji Diouf ne figure même pas parmi les douze (12) meilleures nations coté foot local. Comme l’on peut le constater, le foot local sénégalais toujours à la traîne, événement qui vient entacher les progrès soulignés en amont. Mais selon un ancien joueur du football local, Becaye Keita, on ne doit pas sauter les étapes et qu’il est très tôt de nous comparer aux autres championnats qui ont plus de moyens que nous. « Evidemment qu’il est très tôt de se comparer aux autres nations au niveau des championnats, elles nous dépassent de loin, du point de vue infrastructures, football, moyens bref tout est différent. Par exemple on se croirait en Europe quand on visite les installations des clubs du Maghreb.
C’est forcé que leur niveau de jeu et leur championnat soient beaucoup plus élevés que le nôtre », explique l’ancien joueur qui pense qu’avec le temps tout sera mis au point pour qu’on puisse être au même niveau d’ici quelques années. Il a souligné par ailleurs l’importance des investissements. « Pour le bien du foot local, le gouvernement, les entreprises du privé et autres doivent investir dans ce sport qui rapporte énormément de fond et contribuera sans doute au développement du pays » explique l’ancien joueur. D’après ce classement, trois pays maghrébins, le Maroc en tête avec 180 points, dominent le classement (Maroc, Egypte, Tunisie). La RDC, l’Algérie, l’Afrique du Sud, le Nigeria, Zambie, Guinée, Angola, Soudan, Tanzanie complètent le classement.
A l’instar du Sénégal, des pays qui dominent le classement FIFA en Afrique, comme la Côte d’Ivoire et le Cameroun ne figurent pas dans ce classement qui récompense les efforts faits dans le football local. Ces pays en question auront droit à quatre (4) représentants dans les compétitions interclubs (deux en Ligue des champions et deux en Coupe de la Confédération) en vue de l’exercice 2021/2022, rapporte Orange Football Club sur sa page Facebook.
L’EX CAPITAINE TOURE BRISE LE SILENCE
Trois semaines après sa radiation de la Gendarmerie, l’ancien officier Oumar Touré parle aux sénégalais à travers une tribune qu’il a lui-même postée
Trois semaines après sa radiation de la Gendarmerie, l’ancien officier Oumar Touré parle aux sénégalais à travers une tribune qu’il a lui-même postée
« Mes très chers compatriotes ! Aujourd’hui mercredi 07 juillet 2021 j’ai reçu notification de ma radiation des contrôles de la gendarmerie nationale sénégalaise, consécutif au décret n°2021 – 830 du 17 juin 2021, portant ma radiation des cadres de la gendarmerie nationale sénégalaise. J’ai été incorporé dans la gendarmerie nationale le 03 décembre 2012 et nommé au grade de sous-lieutenant (premier grade d’un officier d’active) par le décret 2015- 301 du 09 mars 2015, après quoi, j’ai accompli huit (08) années, six (06) mois et quatorze (14) jours de service actif au sein de la gendarmerie sénégalaise.
Mon serment de gendarme fut « je jure d’obéir à mes chefs en tout ce qui concerne le service auquel je suis appelé et, dans l’exercice de mes fonctions, de ne faire usage de la force qui m’est confié que pour le maintien de l’ordre et l’exécution des lois et règlements» article 03 du décret 74-683 du 09 juillet 1974.
Dans le cadre du service auquel j’ai été appelé, j’ai toujours essayé de faire de ce serment un crédo et une devise, dans mes relations avec mes collègues et avec les citoyens de notre pays. Je m’en vais surement mais le temps passé ensemble a tissé entre vous (gendarmes) et moi des liens forts et sincères, que l’épreuve du temps aussi rude soit-elle ne peut défaire. Au-delà des relations fraternelles, l’objectivité m’impose, si demain on m’interpellait sur le meilleur service public de la République du Sénégal, de répondre sans hésiter que c’est la gendarmerie nationale.
La gendarmerie n’est et ne sera jamais à l’image d’un seul homme quel que soit sa personnalité, son comportement ou sa position hiérarchique, mais la somme de sacrifice et le reflet d’hommes et de femmes qui sont les remparts de la cité partout et chaque jour. Ce fut un grand honneur d’avoir pu servir mon pays en tant que gendarme et surtout un privilège d’avoir côtoyé les hommes de valeur qui composent cette arme. J’ai appris et compris avec vous que l’honneur et la Patrie sont une réalité, un vécu et non de simples mots gravés sur un insigne, que l’on prononce pour les besoins d’une cérémonie ou pour un discours parfois aux antipodes des aspirations et de la réalité de la troupe.
Merci pour tout. Je profite de l’occasion pour adresser mes sincères remerciements et ma gratitude au peuple sénégalais et à toutes ces personnes qui, à travers les réseaux sociaux dans le monde entier m’ont apportés leur soutien et continuent de le faire aujourd’hui encore. Je sais que vous croyez en la vérité et à la justice, raison pour laquelle je me suis jamais senti seul durant toute cette épreuve. Je vous invite humblement à garder cette lancée et à aimer d’avantage votre patrie car elle (la patrie) est le repère et la fierté de chacun d’entre nous.
L’amour de la patrie n’est pas une chanson mais un comportement à adopter. Ce comportement commence par nos relations de chaque jour, de respect, de discipline, de l’acceptation de l’autre et de la tolérance entre concitoyens que nous sommes. Dans ce monde d’aujourd’hui où tout semble être fait, pour plaire aux autres, pour paraître bien, je vous recommande respectueusement à avoir le courage d’affronter le jugement des autres en faisant ce qui vous semble bien pour votre patrie et non ce qui semble bien pour les autres.
L’ancien Directeur du FBI, James COMEY dans son ouvrage mensonges et vérités reprend Ralph Waldo Emerson qui disait « il est aisé dans le monde de vivre selon l’opinion du monde ; il est aisé dans la solitude de vivre selon sa propre opinion ; mais le grand homme est celui qui, au beau milieu de la foule, conserve avec une parfaite douceur l’indépendance de la solitude ».
Nous sommes tous ce grand homme, si nous le voulons vraiment. Je remercie ma famille, mes parents et mon épouse en particulier, qui n’ont jamais douté de moi et m’ont permis de trouver la force de croire en mes idéaux. Je remercie mes camarades et proches civils et militaires, qui depuis le premier jour n’ont cessé de m’apporter un soutien indéfectible. Aujourd’hui je ne fais plus partie des forces armées actives sénégalaises, par conséquent, je me consacre à ma famille et à mes activités personnelles en attendant l’ouverture de nouvelles perspectives.
Toujours se rappeler que nos grades, titres et fonctions éphémères sont certes importants car ils nous permettent d’exister dans la société. Mais ne jamais oublier que nous sommes avant tout des êtres humains. Et si un titre, une fonction ou un grade prend le dessus sur votre être alors vous perdez le contrôle de ce qu’est le vrai sens de la vie de l’être humain. Dieu garde le Sénégal. Je vous remercie ! »
Par Abdoul Aly KANE
CONDITIONS POUR INSERER UN SECTEUR PRIVE NATIONAL FORT DANS LE SECTEUR MINIER
L’expression est tirée du Plan Sénégal Emergent (PSE) qui répartit clairement les rôles entre l’Etat et le secteur privé au niveau économique.
L’expression est tirée du Plan Sénégal Emergent (PSE) qui répartit clairement les rôles entre l’Etat et le secteur privé au niveau économique. L’Etat est en charge de la conception, de la réalisation des infrastructures structurantes et des réformes permettant d’asseoir l’attractivité de notre pays auprès d’investisseurs internationaux, tandis que le secteur privé est chargé de la mise en œuvre des projets et, par conséquent, de la création d’emplois. L’expression « secteur privé national fort » peut prêter à confusion en ce qu’elle ne précise pas les critères de distinction, voire de différenciation, du secteur privé dans son ensemble. S’il s’agit du secteur privé étranger, dont on attend des “investissements directs”, il est notoire que celui-ci n’est mû par aucune autre préoccupation que le retour sur investissements.
Peu regardant sur l’environnement des affaires, il concentre présentement ses activités sur les secteurs à forte valeur ajoutée, les mines en particulier, où d’importants investissements sont réalisés. C’est d’ailleurs à ce secteur qu’on impute la progression du taux de croissance économique d’avant COVID. Le secteur privé national que l’on peut qualifier de « moderne » évolue dans les secteurs de la transformation agro-alimentaire, des BTP, des services financiers, des télécommunications etc. Ce en direction aussi bien du marché local que de la clientèle sous régionale.
Evoluant dans des organisations patronales comme l’UNACOIS, la CNES et le CNP, il est davantage soucieux de pérenniser sa position de place que de prendre des risques dans les projets du PSE sans appui de l’Etat. Le secteur privé national moderne n’est pas en mesure de compétir dans les secteurs clés comme celui des mines où les coûts d’exploration et d’exploitation ne sont pas à la portée de sa capacité d’autofinancement. Il reste le secteur privé issu du secteur informel. Les acteurs de ce dernier, évoluant dans le commerce local et sous régional ou alors dans les corps de métiers traditionnels (artisanat d’art et de production), ont la particularité d’avoir une réelle culture de l’épargne mais également, hélas, une profonde aversion pour le risque industriel. Peu d’entre eux passent du commerce ou de l’artisanat à l’industrie.
Hommes d’affaires de l’informel : Une mentalité de « rentiers »
Certains d’entre eux, qui ont sauté le pas industriel, l’ont souvent fait en parfaite entente avec leurs anciens fournisseurs tentés par la délocalisation de leurs activités pour des besoins de proximité (mèches, électroménager etc.) avec leur marché. Ce phénomène, ou cette réticence, peut être imputé à la complexité des processus industriels impliquant la délégation de pouvoir alors que, dans le commerce, le contrôle est plus aisé. C’est pourquoi, en général, les profits générés par le commerce sont souvent réinvestis dans des secteurs de rente comme l’immobilier.
Pour avoir un secteur privé national fort dans l’industrie minière, il faut des « entrepreneurs » et une forte volonté politique de promouvoir nos hommes d’affaires. Il s’avère qu’un changement de paradigme se profile au niveau des Etats, avec la prise de conscience de la nécessité d’abandonner le modèle d’exploitation des ressources extractives non transformées, exportées à l’état brut sans grande valeur ajoutée. La Vision minière pour l’Afrique a été adoptée en 2009 par les chefs d’Etat de l’Union Africaine. Elle exprime ce changement de paradigme, et prône très clairement une politique d’insertion des nationaux dans le secteur minier. Cette Vision essaie de solutionner le paradoxe africain de vivre dans un continent où se côtoient d’immenses richesses en ressources naturelles et une pauvreté extrême des populations. L’un des problèmes à résoudre pour atteindre l’objectif de la transformation locale des ressources minières se rapporte à la prise en charge des investissements réputés lourds, donc à la mobilisation des ressources financières.
Concernant le PSE, c’est le lieu d’évoquer l’une des 6 conditions identifiées comme les fondements de l’émergence, à savoir « l’approfondissement du secteur financier ».Cette conditionnalité est adossée au constat fait par l’Etat que le paysage bancaire et financier actuel ne favorise pas l’émergence économique. Le paysage bancaire est toujours dominé par des banques de dépôts prenant peu de risques de transformation de leurs ressources courtes en crédits à moyen et long terme dans des secteurs hautement capitalistiques comme celui des mines. Elles se limitent à collecter l’épargne issue de l’activité économique, et à accorder des crédits à une clientèle sûre sur la base de garanties hors de portée de l’essentiel des Pme à promouvoir. Ces banques sont essentiellement mues, et à juste titre, par la réalisation de marges substantielle sur leur activité d’intermédiation et sur les services rendus à leur clientèle. Elles obéissent à des politiques de crédit strictes de leurs mandants, et doivent afficher des résultats pourvoyeurs de dividendes tout en étant gardiennes de l’intégrité des dépôts confiés par la clientèle. La création d’institutions de type nouveau, axées sur le financement du développement à travers le secteur privé national est du ressort des Etats et de la BCEAO qui doivent comprendre la prise de risque PME dans leurs objectifs.
Création de banques d’affaires nationales, une nécessité
Pour la solution de cet important problème, nous ne voyons pas encore les réformes institutionnelles initiées en termes de création d’institutions financières de type nouveau. Dans le cadre de l’approfondissement du système financier prévue, la présence de banques d’affaires pour la participation du secteur privé national au développement du secteur minier est une nécessité, de même que la création d’institutions financières spécialisées pour la promotion des corps de métiers traditionnels et la modernisation de leurs activités.
Des lois doivent être votées pour accorder la place qu’il faut au secteur privé visé par l’expression « national fort » dans les secteurs actuellement porteurs de croissance. Il s’agit des ressources minérales à savoir l’or, le fer, le cuivre, le chrome, le nickel, le zircon, le titane, les phosphates et les calcaires industriels, etc. Il faut regretter que l’on ait perdu l’opportunité d’exploiter le fer avec Mittal, dont l’un des engagements était de développer l’activité sidérurgique du Sénégal en sus du projet de la réalisation d’un port en eau profonde à Bargny et de 750 km de voie ferrée des mines de la Falémé à Dakar, avec 20 000 emplois prévus. Ce type d’accord ouvrant la voie à la création d’un sous-secteur industriel doit être mis en avant dans les phases de négociations avec les entreprises minières.
Des institutions financières de développement comme la BAD, très impliquée dans le développement minier, sont disposées à accompagner les Etats dans ces phases cruciales. Il serait également opportun de faire du benchmark vers des pays comme l’Afrique du Sud, tant du point de vue financier que minier. Enfin, pour l’implication du secteur privé national « fort » dans ces secteurs stratégiques, il est indispensable que celui-ci parle d’une même voix, ou, à tout le moins, exprime ses préoccupations de façon plurielle, face au devoir qui lui est assigné de faire émerger le Sénégal. L’heure n’est plus aux “Assises de l’entreprise “ mais plutôt aux “Assises de l’émergence par le secteur privé”. Vaste chantier…
LES «REMEDES» DE MEDECINS POUR AIDER À FREINER L’EVOLUTION DU COVID
En une journée, le Sénégal a enregistre 5 décès et 356 nouvelles contaminations
La mise en place d’un comité scientifique, la nomination d’un chef au COUS, la création d’un conseil national de lutte à l’image du Cnls… Voilà ce que proposent des médecins pour vaincre la pandémie. Surtout, surtout, ils préconisent de taire les divergences politiques et aller se vacciner.
Face à la propagation rapide du virus avec cette troisième vague de contamination très contagieuse provoquée par un variant plus virulent que la souche initiale, des professionnels de la santé proposent une « nouvelle organisation » pour une meilleure riposte. Ils demandent surtout de mettre les moyens pour rendre le vaccin accessible, renforcer la sensibilisation et restreindre les rencontres pour rompre au plus vite la chaine de contamination. Autres propositions : la création d’une structure indépendante et d’un comité scientifique.
Le Sénégal a encore déploré hier cinq nouveaux décès provoqués par le covid-19 portant le nombre de décès à 1183 depuis le premier cas enregistré le 02 mars 2020. Un an et quatre mois après le début de la pandémie, l’évolution est de nouveau très préoccupante avec la survenue d’une troisième vague plus contagieuse que les deux précédentes, causée par un variant indien (Delta) plus virulent. Hier, le bulletin quotidien du ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état de 356 nouvelles contaminations sur un nombre de 2388 tests réalisés. Soit un taux de positivité de 14,91% en valeur relative. La région de Dakar, comme d’habitude, a enregistré la presque totalité des cas. En effet, sur les 356 cas, les 205 ont été enregistrés dans la capitale contre seulement 24 cas dans cinq régions du pays que sont Thiès, Saint Louis, Diourbel, Kaolack et Matam. Pour le cas spécifique de Dakar, Dr Yéri Camara du Sames (Syndicat autonome des médecins du Sénégal) explique les raisons de ce fort taux de contaminations. « Entre Dakar et les autres régions, ce n’est pas le même ordre de grandeur. La région accueille plus de voyageurs et le mouvement y est très dense. Il faut aussi dire qu’il y a des malades venus des régions et qui sont diagnostiqués à Dakar. C’est pour dire qu’il y a tout un ensemble de facteurs qui peuvent favoriser l’émergence de la maladie à Dakar ». Avec cette troisième vague plus virulente et très mortelle, n’y a-t-il pas lieu de mettre en place une nouvelle organisation dans la gestion de cette pandémie au vu surtout de sa rapidité de propagation ?
« Ranger les divergences politiques et ramer dans la même direction »
Selon le secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames), Dr Yéri Camara, « le ministère y est. Après avoir réuni le Comité national de gestion des épidémies (Cnge), le message de prudence qui a été délivré au chef de l’Etat rentre dans ce sens ». Il pense qu’il faut des messages plus hardis pour amener la population à se faire vacciner notamment dans les régions où la vaccination traine. « A Diourbel comme à Touba, qui sont les villes plus touchées, les personnes ne se vaccinent pas. Il faut que les chefs religieux aident l’Etat. Il faut qu’on renforce la sensibilisation parce que au-delà de cette réticence, il y a aussi un problème d’accessibilité des populations dans les centres de vaccination ». Sur ce, il propose que l’Etat mette à la disposition des équipes des médecins chefs de districts des moyens pour qu’ils puissent aller trouver les populations chez elles en faisant du porte-à-porte pour les vacciner. Les vaccins, du moins en ce qui concerne les régions dit-il, sont disponibles. Mais « c’est la vaccination qui est balbutiante », a-t-il déploré tout en invitant les chefs religieux à appeler leurs communautés à les suivre dans la prise de doses et le respect des prescriptions des autorités sanitaires. Le patron du Sames demande aussi aux politiques de taire leurs divergences et ramer dans la même direction pour pouvoir rompre au plus vite la chaine de transmission. « Tant qu’on a des discours contradictoires qui polluent le message, ce sera difficile de rompre cette chaine de contamination et immuniser les populations », estime Dr Yéri Camara. Selon lui, si les hôpitaux de Dakar, qui enregistrent beaucoup de cas ces jours-ci, arrivent à saturation, les structures sanitaires régionales le seront aussi. Il demande ainsi à la population d’aller se faire vacciner, et à l’Etat d’envisager d’autres mesures restrictives. « Peut-être pas le couvre-feu, mais restreindre un peu les rencontres » préconise-t-il tout en proposant au ministère de trouver quelqu’un d’expérimenté pour le nommer à la tête du COUS (Centre des opérations d’urgence sanitaire). « Le COUS n’a pas de chef. Il faudrait que le ministre trouve quelqu’un et pourvoie le poste. Il faut mettre une personne qui a de l’expérience pour pouvoir relever le défi. Le COUS est un organisme qui doit être dirigé par quelqu’un d’expérimenté qui a fait les périphériques et qui pourra faire la riposte ».
Trouver un remplaçant au Dr Abdoulaye Bousso qui a démissionné du COUS
Alors que Dr Yéri Camara propose une nouvelle tête pour le COUS, Cheikh Mbaye, master en politique et gestion des systèmes de soins en santé, lui, mise sur un Conseil national de lutte contre la Covid-19. A l’image de celui créé pour combattre le Sida. Selon lui, « une telle structure avec des hommes du sérail aurait une feuille de route et une mission sur deux ans pour éradiquer la maladie ». Une structure qui se chargera de « rendre compte au ministère » mais qui « aurait les coudées franches pour reprendre le combat déjà au niveau des stratégies institutionnelles et programmatiques ». A son avis, il est urgent de nommer un secrétaire d’Etat au Covid-19 qui aura une coordination à même de gérer l’épidémie à l’instar du Cnls (Conseil national de lutte contre le sida) qui s’occupe du Vih. Mais pour le secrétaire général du Sames, derrière le Conseil national qui gère le Sida, il y a un bras armé technique derrière à savoir la direction de lutte contre le sida. Encore que, dit-il, « les conseils nationaux, à part le niveau national, ont montré leurs limites ». Il ne souhaite en aucune manière que la Covid se chronicise. « On n’aimerait pas que la Covid devienne une pandémie chronique pour nous inscrire dans 20 ans de lutte. C’est une maladie aigue. On a eu à gérer des épidémies. Mais il ne faut pas que l’on se trompe. La santé, ce n’est pas que la médecine. Car, il y a aussi les appuis techniques », explique Dr Yéri Camara.
Dr Amadou Sow favorable à un comité scientifique
Mais ne devrait-on pas retirer carrément la gestion de la pandémie au ministère ? A cette question, le Dr Amadou Sow, médecin légiste, dit humblement qu’il n’est « pas prétentieux pour dire que c’est bien ou pas », mais soutient avoir eu à « fustiger » le fait qu’il n’y ait pas de comité scientifique dans cette gestion de la Covid. « Ce que l’on a, c’est le Cnge. C’est une structure administrative. Les gens y sont de par leurs fonctions. Et comme nous connaissons l’administration sénégalaise, ce ne sont pas les meilleurs qui sont promus pour diriger les structures. Quand on dit le Cnge, c’est le directeur de la Santé publique qui le dirige. Quand tu occupes cette fonction, peut-être que tu as des accointances politiques qui ont fait qu’on t’a nommé directeur général de la Santé publique, voilà ! Ce qui fait que, in fine, nous n’avons pas les meilleurs profils dans ce Cnge et nous n’avons pas toutes les spécialités ou, en tout cas, les scientifiques. C’est plus une structure administrative qu’autre chose. C’est multisectoriel, certes, car il y a tous les ministères mais, en réalité, ce n’est pas un truc scientifique. Décision avait été prise de mettre en place un comité scientifique, et le ministre avait pris un arrêté ou quelque chose comme ça pour mettre en place ce comité. C’est le professeur Seydi qui le dirige, mais ce comité n’a jamais été mis en place à part la désignation de son président. Même si on ne peut aller vers ce que propose Cheikh Doudou, à savoir une structure comme le Cnls, qu’on mette en œuvre au moins ce comité scientifique ! Qu’il y ait vraiment une instance qui donne des avis uniquement scientifiques selon les connaissances de la médecine, et cet avis pourrait peut-être être discuté au niveau du Cnge qui aura une composition multisectorielle. Mais que le comité scientifique, composé des différents secteurs, au moins des différents acteurs de la médecine, se retrouve pour discuter des questions relatives à la pandémie. Et quand il prendra une décision, elle devra être examinée par le Cnge qui pourra ou non l’appliquer », propose le médecin légiste Dr Amadou Sow.
PROCESSUS DE LA PAUX EN CASAMANCE
Le mouvement indépendantiste veut savoir où elles mettent les financements destinés au processus de paix en Casamance…
Où passent les importantes sommes d’argent débloquées par les bailleurs de fonds pour le règlement du conflit casamançais ? Voilà la question que se posent certaines franges du Mfdc (Mouvement des forces démocratiques de Casamance), regroupées dans une structure appelée ‘’Cadre de Travail Ensemble pour les négociations et les accords de paix avec l’Etat du Sénégal’’ (CTENAP).
Ils ont soulevé cette question à l’issue d’une formation sur les techniques de négociations visant à préparer les pourparlers avec le gouvernement qui a eu lieu depuis le week-end jusqu’à mardi au Cap-Skirring avec l’appui de la fondation allemande Friedrich Ebert, la COSPAC et AJWS. Le thème de la formation portait sur ‘’gestion de conflit, négociations, médiation, gestions humaines et communication’’.
Cette formation, selon les responsables du mouvement indépendantiste, se tient en prélude aux futures négociations avec le gouvernement sénégalais. Les indépendantistes, las sans doute d’être bernés par des Ong qui les utilisent pour bénéficier de financements qui ne leur parviennent jamais, ont mis à profit cette rencontre pour élever la voix.
Cette question figure en bonne place dans la déclaration finale lue par Sény Badji, le chargé de la communication, selon qui le Mfdc s’inquiète par rapport à ce sujet. ‘’Le Mfdc s’inquiète et se demande où estce que toutes les Ong, financées par l’USAID, l’Union européenne et autres coopérations pour accompagner le processus de paix en Casamance mettent-ils leurs fonds ? Sont elles financées pour choisir de façons sélective les structures au sein du Mfdc devant bénéficier des fonds ? Une question d’autant plus légitime, selon le mouvement, qu’aujourd’hui le CTENAP ‘’est fort de dix groupes travaillant pour mettre fin aux violences sur le terrain et aller aux négociations avec l’Etat du Sénégal’’, selon Sény Badji qui a profité de l’occasion pour lancer un appel aux bailleurs de fonds. ‘’Le CTENAP attire l’attention de tous les bailleurs qui ont choisi d’aider la Casamance sur la nécessité de sortir de cette situation désastreuse et de veiller sur notre alerte’’.
Parlant de l’atelier de formation proprement dit, les indépendantistes ont exprimé leur satisfaction en ce sens qu’ils disent avoir acquis des outils nécessaires leur permettant de préparer les futures négociations avec l’Etat. Ils se sont félicités également de l’engagement de tous leurs frères qui ont pris part à cette formation de travailler ensemble et d’oeuvrer pour que l’ensemble du Mfdc signe des accords de paix avec l’Etat du Sénégal.
Par Yakhya DIOUF
QUELLE SORTE DE DEMOCRATIE EST LA NOTRE ?
Le président Senghor, en quittant volontairement le pouvoir disait ceci : « Si vous vous adonnez à la démocratie, le pays sera promis à un avenir radieux. »
Le président Senghor, en quittant volontairement le pouvoir, a tenu, dans son dernier message à la nation, le 31 Décembre 1980, à recommander aux sénégalais, la démocratie. En substance, il disait ceci : « Si vous vous adonnez à la démocratie, le pays sera promis à un avenir radieux. »
Nous n’avons pas le droit d’oublier cette parole de sage, quelles que soient les circonstances auxquelles nous seront confrontées. La démocratie et la démocratie seulement pour accéder au pouvoir. Mais quelle sorte de démocratie avons-nous ? Une démocratie s’apprécie surtout à son fonctionnement. La majorité gouverne et l’opposition s’oppose, mais dans l’élégance, le respect mutuel comme cela se passe dans les grandes démocraties tels les Etats-Unis, la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, par exemple.
Notre démocratie repose sur une constitution, des partis politiques, des élections, des tribunaux, mais aussi sur le parlement dit Assemblée Nationale. Chacun de ces piliers, joue sa partition dans la marche de notre expérience démocratique. La constitution, en tant que texte juridique qui présente des lois et des règles et qui organise l’exercice du pouvoir politique est l’élément fondamental de la démocratie. Les « Toubab » sur qui nous copions presque tout en ont un respect quasi religieux. Il ne la taille pas, ni à la mesure de ceux qui exerce le pouvoir, ni à ceux de l’opposition mais à l’intérêt exclusif du peuple. Cependant, elle doit s’adapter à l’évolution des mœurs. Sa protection est assurée par le conseil constitutionnel.
Tout le monde doit se confronter à ses arrêts. « BUKO DEFE, JAMM AME. » Une démocratie, c’est aussi des partis politiques. Il en existe à foison au Sénégal. Même les grandes démocraties n’en comptent pas autant. Mais cela témoigne tout de même de la vitalité de notre démocratie. Le rôle des partis, entre autres, est d’inviter les citoyens à participer activement à la vie politique. De ce point de vue, la démocratie ne se limite pas au choix des dirigeants. Elle ne se ramène pas à l’obtention d’un résultat politique particulier, comme certains le croient – Président de la République, député ou conseiller municipal – C’est un processus grâce auquel le citoyen s’instruit par sa propre participation.
Aussi, découvre-t-il son aptitude à diriger ; mais en outre concertée au processus gouvernemental – notamment au niveau local – il contribue à son éducation personnelle. Comme l’affirme Aristote, celui qui porte la chaussure sait où elle blesse. Que veut dire le philosophe ? A mon sens, il veut dire par là que, dans une démocratie, celui qui fait le mauvais choix peut en subir les conséquences ; il veut également dire qu’en portant la chaussure on apprend à mieux choisir la prochaine fois. Ou, comme le dit John Stuart Mill, la fin dernière de la démocratie n’est pas de produire des Lois, mais de développer l’entendement des citoyens. Donc, mes chers concitoyens, Attention au choix de 2024 ! « Bu Lèène Kène nax » ! Une démocratie qui fonctionne bien, c’est aussi et surtout des élections régulières et transparentes à date échue. Le calendrier électoral doit être respecté et rigoureusement. Il ne doit obéir à aucun calcul « politicien ». Sous ce rapport, nous devons aspirer à atteindre le niveau, pourquoi pas, des grandes démocraties américaines et européennes.
En matière d’élection, quelle qu’elle soit, du reste, l’attitude de l’électeur est simple. Il doit se dire ceci : « J’échange mon vote contre une promesse contenue dans un « programme » – « Yonu Yokuté » - par exemple : si les dirigeants tiennent cette promesse, je renouvellerai l’échange. Sinon, la prochaine fois – 2024 -, j’échangerai mon vote contre les promesses et le « programme » d’un autre candidat. » Ce modèle de démocratie est logique et sensé, et il tient compte des complexités de la vie moderne.
Par ailleurs, dans une démocratie digne de ce nom, le rôle majeur que doivent jouer les cours et tribunaux doit être sans équivoque. Ici, celui du conseil constitutionnel, épine dorsale de notre vie démocratique, ne doit souffrir d’aucune suspicion. Sur la question d’une « éventuelle candidature », les « sages » sont bien sûr, attendus.
Rappelons qu’une constitution n’est que l’ensemble des lois fondamentales qui dans un pays tel que le nôtre règle l’organisation et les rapports du gouvernement – pouvoirs publics – et qui éventuellement détermine les principes qui régissent les relations entre les gouvernés et les gouvernants – droit de manifester par exemple – Une démocratie, c’est aussi une Assemblée Nationale. Nous l’avons. L’Assemblée Nationale, pour rappel, est un corps législatif dont les membres sont les députés qui représentent l’ensemble de la nation – et pas un président. Elle est investie d’une double mission, qui sont le rôle législatif et le rôle budgétaire.
En effet, elle élabore, amende et vote les Lois, contrôle le budget ainsi que l’action du gouvernement, dans le cadre de la séparation des pouvoirs – Théoriquement – Mais tout de même, elle existe et fonctionne tout bien que mal, en tant qu’institution. Au Sénégal, toutes les institutions fonctionnent sous l’œil vigilant de la presse.
Autrement dit, la liberté de la presse, d’expression qui est une garantie constitutionnelle est une réalité chez nous. Comme on le voit, tous les piliers qui soutiennent une démocratie digne de ce nom, sont bien en place au Sénégal. Dès lors ne peut-on pas dire que le Sénégal est une démocratie ? Si, elle l’est ! Elle est même une démocratie moderne et pluraliste !
Aussi, dois-je marquer mon désaccord avec ceux qui soutiennent que le Sénégal est en recul démocratique. Pas du tout ! Sa démocratie est bouillonnante. Sinon, les EtatsUnis, avec l’invasion du capitole seraient-ils en recul démocratique ? Non quand même ! Comme toute œuvre humaine, la démocratie n’est pas parfaite. Elle est toujours à faire. J’invite les acteurs politiques – moi, je suis loin d’en être un – pouvoir comme opposition, à jouer le jeu avec élégance et démocratie ; mus par un seul souci : Le bien-être et l’intérêt supérieur du Sénégal ; «Ni balles, ni pierres !»
Par Nalla NDIAYE
MACKY SALL ET L’ÉQUATION DU TROISIÈME MANDAT
Les partisans du pouvoir défendront fermement le troisième mandat (n’en déplaise Macky Sall) à l’instar d’une opposition qui lutte farouchement à sa fin
L’ actualité politique sénégalaise est dominée, quasiment depuis la réélection du Président Macky Sall au premier tour des élections présidentielles de février 2019, par ce lancinant débat sur un éventuel troisième mandat que pourrait briguer ou pas l’actuel locataire du palais de Roume ; débat qui, non seulement, pollue l’atmosphère par sa capacité à sursaturer l’espace médiatique mais aussi par la cacophonie qu’il a fini d’installer, chacun des protagonistes des deux camps opposés sur la question tirant la couverture à soi avec force d’arguments ( parfois et bien souvent hélas d’arguties) juridique. Ce qui finit par laisser pantois le sénégalais lamda qui, balloté entre les points de vue des uns et des autres, est comme pris dans un silence et une valse-hésitation qui semble faire croire que tout le monde a raison dans cette affaire. Alors que dans la réalité des faits, plus que de développer un argumentaire neutre éclairé par les principes et visant à de dire le droit rien d’autre que le droit dans le but d’édifier, sans parti pris , l’opinion du plus grand nombre de nos compatriotes, la plupart de ces intervenants qui squattent les plateaux des télé et inondent les ondes des radios ne font que défendre, chacun leur intérêt propre ou celui des groupes d’intérêt dont ils sont les porte-voix. Ces débatteurs acharnés sur l’équation d’un éventuel troisième mandat illustrent de fort belle manière, ce qui, à l’évidence, semble échapper à beaucoup y compris certains d’entre eux : qu’au-delà des faits et actes moteurs des phénomènes, l’objet propre de la politique est la sauvegarde ou la recherche d’intérêts. Chacune partant et parlant de son intérêt personnel avant même qu’il ne soit question de l’intérêt général. Fort de ce constat, les partisans du pouvoir défendront fermement le troisième mandat (n’en déplaise Macky Sall) à l’instar d’une opposition qui lutte farouchement à sa fin.
Aussi, dans ce pays, à l’exception des chefs de confréries et du clergé, la plupart de ceux qui se réclament de la société civile, leaders à la tête des syndicats, les militants autoproclamés des droits de l’homme, les activistes et autres mouvements sont des acteurs politiques revêtus de divers manteaux et qui manipulent, régulièrement, les populations d’une manière éhontée dans cette arène politique parsemée de crocs en jambe et multicolore d’invectives, de dénigrements et d’injures rien que pour la défense d’intérêts personnels. C’est donc presque normal que perdure ce bruitage incessant sur le troisième mandat où ma position n’a aucunement changé depuis ma contribution de 2019. Mon opinion sur cette question reste que sur le plan juridique , le libellé de l’article 27 de la Constitution de 2016 portant sur la durée du mandat présidentiel de cinq ( 05) ans a été diversement apprécié du fait d’une situation juridique portant sur le mandat de sept (07) ans en cours et évocable à tout moment.
Ainsi, selon l’article 27, je cite : « la durée du mandat du Président de la République est de cinq (05) ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Considérant les termes de cet article, on peut déduire à contrario ce qui suit : « Nul ne peut faire plus de deux (02) mandats consécutifs » est compris comme : « Nul ne peut faire plus de deux (02) mandats consécutifs de cinq (05) ans» et dès lors, que ledit article ne s’est pas prononcé sur le mandat de sept (07) ans en cours et qu’aucune disposition transitoire n’a été évoquée , on peut affirmer sans risque de se tromper qu’une brèche est ouverte. Macky Sall en profitera-t-il ? « That is the question » comme disent les Anglais ou près de nous : « Môme ak Sounou Borom rék, nio kham». Sur le plan politique, il s’agit de sa parole contre celles des autres.
En effet, ce n’est pas parce qu’il avait déclaré ou promis qu’il allait faire deux (02) mandats dont l’un sept (07) ans et l’autre quatre (04) ans qu’il est tenu de s’y conformer. Si les contextes politiques changent et surtout que (pour rappel, l’objet de la politique est la sauvegarde ou la recherche d’intérêts, son intérêt politique commande de continuer en poursuivant le bail avec son peuple pour mettre en évidence son programme politique et juridiquement, rien ne pourrait l’en empêcher.
En termes clairs, force est de constater que s’il n’y trouve aucun intérêt guidé par les contextes politiques, il va briguer légalement un troisième mandat ; bien cela, certes, n’assure son éventuelle élection car le récent exemple du Président Wade face à la majorité populaire est un fait patent qui demeure non loin de la porte d’à côté. En outre, je rappelle cette compréhension philosophique des promesses et déclarations de nos hommes politiques car si l’histoire ne se répète pas ; constat est fait que de temps à autre elle bégaie. En effet, rappelons d’abord que Léo le poète, premier Président de la République nous avait promis que : « Dakar sera comme Paris en l’an 2000 ».
A l’époque, je me souviens avoir dansé sous les rythmes endiablés du saxophoniste feu Pacheco dans des concerts à travers cette mélodie : « l’an 2000, l’an 2000 : l’an 2000 atoum natanguéla », littéralement : « l’an 2000, l’an 2000 : l’an 2000 sera une année de prospérité ». Nous nous rappelons aussi de l’année « bénie » de 1981 où Abdou Diouf nous avait, longtemps, bercé de déclarations dignes d’un homme politique super engagé dans la gestion des affaires publiques ; année où, président de la république porté au pouvoir à la faveur de l’article 35 de la Constitution d’alors taillé à sa mesure déclarait, je cite : « Dans mon gouvernement, il n’y’aura pas de magouilleurs et de corrompus. Je vais travailler comme dans une maison en verre ».
Et mieux, il créé la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI) pour les châtier bien que cela n’eut empêché ces déboires commis à nos sociétés nationales et autres qui ont abrégé leur existence. Abdoulaye Wade, dans un passé d’opposant au régime socialiste, nous avait promis le kilogramme du riz à soixante frs CFA (60) alors qu’il valait plus de cent frs CFA (100). Plus tard, au rappel de cette promesse au sein du régime de Diouf, il répond qu’il ne serait possible et que le Président Abdou Diouf est allé même au-delà de ses possibilités. En 2000, élu, il s’auto proclame « Président de la jeunesse »; laquelle finit par déserter le territoire pour l’Europe alors qu’il avait promis de milliers d’emplois. Et qu’en sera-t-il de Macky Sall ?
L’histoire nous le dira …. Et pourtant, ils l’ont si bien dit : d’abord un proverbe français , je le cite : « Les paroles n’engagent que ceux qui les écoutent » ; ensuite Charles Pasqua, un homme politique français, l’a assené sous une formule plus abrupte encore : « Les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent» …
Plus près de nous, mon grand-père Ouolof Ndiaye je cite, l’a affirmé moult fois et sans ambages : « Wakhoum politicien doumassi khoulok kéne », ; traduction littérale: « Je ne disputerai jamais sur les paroles d’un politicien »…
En définitive, seule l’histoire pourra nous édifier sur ce qu’il adviendra du troisième mandat avec le seul sénégalais parmi les quatorze millions que nous sommes à être véritablement en mesure de répondre à cette question. Sinon, bonne lecture et surtout bonne continuation.