Les derniers événements sanglants qui ont secoué dernièrement le Sénégal ne laissent pas indifférent le défenseur des droits humains, Alioune Tine. Ce dernier, invité de la matinale d’ITV, a demandé aux hommes politiques de savoir raison gardée et d’éviter de plonger le pays dans un chaos.
« La confrontation démocratique approche aujourd’hui un degré qui ressemble à une guerre avec la prise militaire. Donc, il faut qu’on fasse attention et qu’on en tire les leçons parce que, la plupart du temps ce qui brûle les pays ce sont les conflits politiques. Donc, nous devons dire à nos hommes politiques, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition, qu’il est de leur absolue responsabilité de s’asseoir, de discuter, et de voir comment faire face ensemble à ces menaces pour mieux protéger le Sénégal », a déclaré Alioune Tine.
Qui prône un dialogue sincère sur la manière de conquérir le pouvoir et de conserver le pouvoir. Selon lui, la démocratie de l’exercice du pouvoir est une démocratie qu’on n’a pas encore examinée à fond. « Nous avons besoin de plus en plus d’unité et c’est une nécessité absolue. Il nous faut une transition démocratique pour soigner le Sénégal dans une sous-région qui est gravement malade », a ajouté M. Tine.
« La chose la plus palpable, c’est la fragilité, la vulnérabilité de notre état »
Il a constaté, pour alerter, que le degré de ces menaces est énorme. « Il y a une menace qui arrive qui va être une déflagration pour toute la sous-région parce que la menace djihadiste s’aggrave de plus en plus. Il faut que les sénégalais soient unis et examinent les menaces qui sont là et se dressent contre les menaces. Et ces menaces vous envahissent, vous fragilisent surtout quand vous êtes divisés, ou quand vous êtes en état de guerre », prévient-il.
D’après lui, il faut examiner la crise de l’Etat de droit. « Nous revendiquons un Etat de droit. Aujourd’hui, la chose la plus palpable, c’est la fragilité, la vulnérabilité de notre État. Aujourd’hui, il nous faut apporter une réponse collective à la vulnérabilité de l’Etat de droit et aux menaces diffuses qui sont dans la sous-région », dit-il.
LE GRAND THEATRE INAUGURE SON STUDIO
Le nouveau studio d’enregistrement qui vient d’être inauguré au Grand Théâtre est partie intégrante de la Fabrique artistique, culturelle et citoyenne (Facc).
Le nouveau studio d’enregistrement qui vient d’être inauguré au Grand Théâtre est partie intégrante de la Fabrique artistique, culturelle et citoyenne (Facc). Ce projet, développé en collaboration avec la France, vise à pousser les jeunes évoluant dans les industries culturelles créatives à se créer une activité économique.
Le Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose dispose désormais d’un studio d’enregistrement. Celui-ci a été inauguré vendredi dernier au cours d’une cérémonie en présence du directeur du Grand Théâtre, Ansoumane Sané, et des partenaires que sont l’Institut français et l’ambassade de France. Ce studio vient appuyer les rappeurs et les slammeurs qui ne disposent pas de moyens pour valoriser leur talent. «C’est dire que c’est une opportunité qu’il offre à toute la jeunesse, particulièrement à cette jeunesse un peu désœuvrée qui est dans les coins les plus reculés et qui ne bénéficie pas de l’attention de l’autorité», se félicite le directeur du Grand Théâtre qui souligne que c’est un projet qui vient à son heure à un moment où on parle d’emploi pour la jeunesse. Pascal Moulin, directeur de l’Institut français de Dakar, apprécie ce projet qui, selon lui, est «en maturité et en construction régulière».
Soulignant que le Grand Théâtre lui sert de cadre, M. Moulin y voit «un geste très fort, très symbolique à destination de la jeunesse à qui il offre des débouchées dans les Industries culturelles et créatives» . Ce studio est partie intégrante de la Fabrique artistique, culturelle et citoyenne (Facc) dont le coordonnateur, El Hadji Kane, dispose de deux volets, un volet professionnel et un volet social. «Nous ne faisons pas dans la commercialisation. Pour vous dire, de 2019 à 2020, nous avons produit une vingtaine d’artistes sénégalais. Nous l’avons fait avec le soutien de nos partenaires. C’est la promotion de la jeunesse, de la jeunesse créative», dit El Hadji Kane qui renseigne que de jeunes danseurs de hip-hop, des cultures urbaines ont été produits dans le cadre du projet. «Les cultures urbaines et le hip-hop sont aujourd’hui des musiques et des danses actuellement écoutées partout», dit Yan Gild, promoteur du projet qui explique que la Facc «est née dans des quartiers populaires en France, des endroits de relégation, de discrimination et des endroits de gros dynamisme».
Logé au Grand Théâtre, la Facc vise à pousser les jeunes à créer leur métier, leur activité économique. «La pratique artistique est structurante», dit M. Gild qui informe que des rappeurs vont être signés par le label Factory qui est une vraie expérience concrète de production professionnelle à dimension économique. «Nous travaillons avec des jeunes qui ont été incarcérés. Si à travers la Facc, Strasbourg, Marseille, Dakar, nous arrivons à montrer un modèle de coopération à égalité civilisationnelle, à égalités sociale, économique et culturelle, nous allons mettre une belle pierre à notre jardin commun», dit-il.
Par VOVO BOMBY
LE «VILLAGE DES ARTS DE DAKAR», TROIS PETITS PAS VERS L’INFINI…
Rendre l’invisible visible, tous les artistes du «Village des arts de Dakar» appliquent, naturellement, cette «formule de transmutation» lorsque surgit - comme un lion - l’inspiration, d’où qu’elle vienne…
Je n’ai pas rencontré souvent, dans cette partie de l’Afrique que nous aimons tant, un «Village» si entièrement dédié aux arts plastiques. Le «Village des arts de Dakar» est un lieu magique, car la création artistique est toujours placée sous le signe de la magie en ce qu’elle comporte d’invisible…
Rendre l’invisible visible, tous les artistes du «Village des arts de Dakar» appliquent, naturellement, cette «formule de transmutation» lorsque surgit - comme un lion - l’inspiration, d’où qu’elle vienne…
Le «Village des arts de Dakar» ou «V’Arts» ouvre ses portes tous les matins - je doute qu’il les ferme jamais - aux visiteurs, surtout étrangers et parfois étranges qui viennent, nombreux, à la rencontre des artistes talentueux dont il regorge et qui leur parlent un langage proche du cœur… Les Sénégalais - je pense surtout aux enfants des écoles et aux étudiants - seront toujours les bienvenus au «Village des arts de Dakar» ; les arts visuels font leur culture et feront leur histoire… Nombreux sont les ateliers où l’on vient d’abord pour échanger : le dialogue est vite noué et les artistes laissent toujours leurs œuvres parler à leur place ; le dialogue reprend ensuite de plus belle directement avec les œuvres que l’on contemple sans jamais se lasser…
La beauté a son espace à Dakar : le «Village des arts de Dakar» ou «V’Arts», pour lui permettre de voler de ses propres ailes… Je crois avoir dit ce que dit «V’Arts» dès l’aurore ; tout le reste se laisse dire sous le regard chargé d’amitié des artistes du «Village des arts de Dakar», auxquels je dédie ces lignes qui leur ressemblent… J’ai écrit les lignes qui précèdent le 1er août 2005, après une «longue traversée» des ateliers du Village des arts de Dakar. J’étais à mille lieues d’imaginer, à cette époque - août 2005 - que les artistes du Village des arts de Dakar, un jour, seraient invités à quitter les cinquante deux ateliers du Village où tant d’œuvres, qui circulent à travers le monde et acquises par des amoureux de l’art, ont été créées. Une œuvre est toujours créée dans un espace qui est nommé souvent pour des siècles…
L’Union africaine a fort heureusement décrété l’année 2021, «année de la culture et du patrimoine» : le rendezvous culturel est donc fixé… Il est paradoxal que l’histoire des arts plastiques, lorsqu’elle sera écrite dans une de ses séquences temporelles, conserve le souvenir «malheureux» de la fermeture, fût-elle provisoire, du Village des arts de Dakar le 31 mars 2021 (une échéance a été fixée…) Les artistes du Village des arts de Dakar ont mené le combat qu’ils pouvaient pour faire rapporter cette décision incompréhensible pour le commun des «immortels», mais ils sont épuisés…
Notre temps, à leurs côtés, pour les soutenir dans le combat qu’ils mènent, a commencé et des solutions heureuses devront être trouvées pour éviter cette «incongruité culturelle» dont nous serons peu fiers demain et surtout aprèsdemain… J’ai souvent rappelé aux artistes du Village des arts de Dakar que leur proximité avec le stade Léopold Sédar Senghor était certainement une chance culturelle, plus que sportive… En effet, il est rare, sous nos cieux, qu’un stade dont la capacité atteint 60 mille places, coexiste dans l’espace avec un centre de création artistique, j’ai cité le Village des arts de Dakar (V’Arts).
Les Jeux olympiques de la jeunesse (Joj) arrivent et seront organisés pour la première fois sur le continent africain : le Sénégal a été choisi pour les abriter. Pourquoi la décoration nouvelle du stade Léopold Sédar Senghor ne serait-elle pas confiée à des artistes qui seraient tous basés au Village des arts de Dakar, mais pas seulement, et qui pourraient ainsi, par les créations qui naîtront d’abord sur la clôture du stade, sa première vitrine internationale, et ensuite en divers endroits choisis pour recevoir les œuvres de nos talentueux artistes ? Des fresques qui raconteront une histoire, des sculptures de nos grands maîtres, et autres créations seraient visibles autour et dans le périmètre du stade Léopold Sédar Senghor qui porte le nom du premier protecteur des arts et lettres du Sénégal indépendant lequel fut un immense poète universel…
Le Village des arts de Dakar a porté longtemps rêves et espérances : laissons son pouls battre à cet endroit et nul autre, chargé de toutes les vibrations de la capitale dakaroise. «Le cinéma a son espace : les cinémas…» Les œuvres d’art ont plusieurs espaces et le Village des arts de Dakar fait partie des espaces privilégiés de la création artistique au Sénégal. «V’Arts» c’est déjà notre futur culturel…
LE STADE BABACAR SEYE DIVISE LES SAINT-LOUISIENS
L’éventualité de la délocalisation du stade avant sa reconstruction évoquée récemment par le maire Mansour Faye fait débat à Saint-Louis. L’idée d’un Centre d’affaires à la place divise les populations
L’éventualité de la délocalisation du stade Me Babacar Sèye avant sa reconstruction évoquée récemment par le maire Mansour Faye fait débat à Saint-Louis. L’idée d’un Centre d’affaires à la place divise les Saint-louisiens.
Le ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye, a récemment évoqué l’idée d’une délocaliser du stade Me Babacar Sèye. En lieu et place, l’édification d’un Centre d’affaires et le stade reconstruit sur un autre site beaucoup plus grand. Une annonce du ministre, par ailleurs maire de la Ville, qui a fait l‘effet d’une bombe à SaintLouis où une polémique s’est vite installée. Les partisans de la délocalisation et ceux du maintien du stade à son actuel emplacement se sont opposés parfois avec beaucoup de passion. Pour certains, c’est tout un pan de l’histoire sportive de Saint-Louis qui risque de s’effondrer et donc de disparaître de la mémoire collective. Ces derniers n’ont pas manqué de dénoncer une volonté du maire de céder le stade à des hommes d’affaires aux desseins inavoués. La famille de maître Babacar Sèye s’est aussi invitée au débat à travers une lettre ouverte adressée au maire et signée par maître Khalilou Sèye, fils de Me Babacar Sèye, dans laquelle les membres de la famille ont rappelé au maire le rôle joué par feu Babacar Sèye dans l’histoire politique et sportive de la ville. La famille a dans la même lancée rappelé au premier magistrat de Saint-Louis «que depuis que le stade Wiltord a été rebaptisé stade Maître Babacar Sèye, la famille du parrain reconnaissante s’est battue pour en faire un lieu d’épanouissement et de pratique saine de sport individuel et de sport de masse pour la jeunesse de Saint-Louis».
Un budget de 11 milliards Cfa dégagé par l’Etat pour le nouveau stade
Ajoutant que toutes les éditions du Mémorial feu Maître Babacar Sèye s’y sont déroulées depuis l’an 2 000 jusqu’à la date de sa fermeture pour cause de vétusté. Pour toutes ces raisons évoquées plus haut, la famille Sèye a demandé solennellement au maire de renoncer à son projet d’érection d’un Centre d’affaires en lieu et place de la réhabilitation du stade mythique Maître Babacar Sèye dont le financement est déjà en place. Pour la famille, «justifier une telle option par l’exiguïté du site pour abriter un stade à la dimension de la ville de Saint-Louis paraît trop simpliste, voire réducteur, dès lors que les environs immédiats du stade ainsi que la configuration des lieux permettent d’envisager la mise en place du projet à l’intérieur même d’un complexe sportif construit sur le site du stade qui ne nécessitera aucune délocalisation».
Les travaux du nouveau stade devaient démarrer en mars 2020
Le stade Me Babacar Sèye bénéficie d’un budget de 11 milliards Cfa dégagé par l’Etat depuis plusieurs mois pour sa reconstruction aux normes internationales, la maquette du nouveau stade avait été présentée par Mansour Faye et l’entreprise en charge des travaux choisie suite à un appel d’offres. La date de démarrage des travaux avait été retenue une première fois, puis reportée. En décembre 2019, le ministre des Sports avait déclaré, lors d’une visite à Saint-Louis, que le chantier allait démarrer en mars 2020. Mais depuis lors les Saint-louisiens attendent.
IL NE FAUT PAS BRÛLER LE 3-5-2 DE CISSÉ
Conscient qu’un système de jeu ne doit pas être figé, Aliou Cissé, en toute logique, cherche, à l’image de ses autres collègues techniciens, à tester un système alternatif. Ce qu’on ne peut pas lui reprocher. Décryptage
Le 3-5-2 mis en place par Aliou Cissé contre le Congo fait débat. Mais en fait, c’est un faux débat si on sait que le système préférentiel du sélectionneur des Lions reste et demeure le 4-3-3. Conscient qu’un système de jeu ne doit pas être figé, Aliou Cissé, en toute logique, cherche, à l’image de ses autres collègues techniciens, à tester un système alternatif. Ce qu’on ne peut pas lui reprocher. Décryptage.
Dans une de nos éditions, nous avions annoncé l’intention de Aliou Cissé de tester une défense à trois lors des deux derniers matchs des Lions, comptant pour les éliminatoires de la Can 2022. Adepte du 4-3-3, le sélectionneur des Lions a donc «plongé» en optant pour un 3-5-2 contre le Congo à Brazzaville.
Match joué vendredi dernier et qui s’est soldé par un nul vierge. Sur la forme, une telle démarche peut se comprendre parce qu’étant une réflexion tactique tout à fait logique pour tout entraîneur qui croit à l’adage qui dit : «Un système de jeu ne doit pas être figé.»
Le système préférentiel de Aliou Cissé reste le 4-3-3 C’est pourquoi nous nous étonnons de cette levée de boucliers, venant de surcroit de certains anciens internationaux, qui reprochent à Aliou Cissé de jouer en 3-5-2. Ces derniers feignent d’oublier que cette défense à trois n’est qu’un système alternatif par rapport à la tournure d’un match ; et que le 4-3-3 reste et demeure le système préférentiel, pour ne pas dire le système-fétiche, du sélectionneur des Lions
Un système qui garantit une assise défensive Maintenant dans le fond, c’est vrai qu’il y a à redire par rapport à l’animation de ce 3-5- 2 qui fait débat. Mais d’emblée reconnaissons-le, il y a un premier acquis à engranger : c’est cette assise défensive assez intéressante notée à Brazzaville où les Diables Rouges ne se sont presque pas créé des occasions dangereuses face à un axe à trois têtes bien en place et composé de Abdou Diallo, Cheikhou Kouyaté et Ousseynou Ba.
L’animation des couloirs, le maillon faible Mais c’est surtout l’animation des couloirs extérieurs qui a été le maillon faible de ce système. Pourtant Krépin Diatta qui jouait le rôle de pistondroit, connaît bien ce poste où il est pourtant à l’aise en club, hier à Bruges et aujourd’hui à Monaco. D’ailleurs son repositionnement comme milieu offensif lors de ses derniers matchs en Equipe nationale, avait fait débat. Certains estimant qu’il est plus productif sur les côtés. Donc le choix de Aliou Cissé de l’aligner à droite est cohérent au vu du profil de l’ancien Brugeois qui va vite et qui défend bien. Et que s’il a été assez timide dans son couloir à Brazzaville, surtout en première période, ce n’est pas la faute du sélectionneur. Quid de Fodé Ballo Touré ?
Défensivement, rien à dire sur la prestation du latéral gauche monégasque pour son premier match sous les couleurs du Sénégal. C’est surtout en phase offensive où il nous a laissés sur notre faim, hésitant à plonger dans son couloir. Sachant l’importance de l’animation des couloirs dans un système 3-5-2 ponctuée par des dédoublements et des centres, on peut aisément comprendre le fait que Aliou Cissé ne soit pas satisfait de la prestation d’ensemble de son équipe.
Mais de là à lui demander de «brûler» le 3-5-2, c’est renier certains fondamentaux qu’exige le haut niveau. Ce n’est pas donc pas une surprise si «Coach Cissé» a déclaré à la fin du match qu’il va continuer à tester un tel système. Il a les profils, à lui de faire en sorte que ses joueurs retrouvent certains automatismes ; et cela passe par une répétition générale… permanente.
LA COLÈRE DES FAMILLES DÉPLACÉES POUR LA CONSTRUCTION DU TER
Depuis quatre ans qu’elles attendent de disposer de titres fonciers viabilisés, l'État tarde à s'exécuter. Et pourtant des promesses avaient été faites. Face à la presse, le collectif qui regroupe ces familles dénonce des lenteurs insupportables
Depuis quatre ans qu’elles attendent de disposer de titres fonciers viabilisés, l'État tarde à s'exécuter. Et pourtant des promesses avaient été faites. Face à la presse, le collectif qui regroupe ces familles dénonce des lenteurs insupportables. Sur près de 2 500 chefs de famille concernés dans le département de Pikine en banlieue de Dakar, seuls 800 ont reçu notification pour un déplacement.
Ils sont en rogne. La raison est simple puisque depuis quatre mois qu’ils ont été délogés du tracé du train express régional, ils n’ont toujours pas rejoint leurs nouveaux lieux d’habitation ou de commerce.
Le tout nouveau patron de la Confédération des employeurs du Sénégal décline sa feuille de route. Laquelle, selon Adama Lam, embrasse l’ensemble des domaines d’activités des entreprises membres de la Cnes
Le tout nouveau patron de la Confédération des employeurs du Sénégal décline sa feuille de route. Laquelle, selon Adama Lam, embrasse l’ensemble des domaines d’activités des entreprises membres de la Cnes. Le successeur de feu Mansour Cama considère que «pour diriger une association, il faut avoir le dos large». Ainsi s’engage-t-il à continuer à tendre la main à tous ses collaborateurs. Mais tout en restant «intransigeant» sur la préservation de l’image de la Cnes qu’il défendra «sans rancune aucune et sans faiblesse coupable».
Vous venez d’être élu président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes). Quels sont les axes de votre feuille de route ?
Je vous remercie de me donner l’occasion de revenir sur mon programme largement décliné lors de ma campagne électorale en direction des fédérations et groupements membres de notre fédération. Les orientations que j’avais esquissées ont été complétées par des contributions de haute facture des membres du Conseil d’administration de la Cnes. Ce qui a abouti à une feuille de route largement partagée et qui embrasse l’ensemble des domaines d’activités des entreprises membres de la Cnes. D’abord, il s’agira en priorité de se pencher sur la situation des entreprises en difficultés après un diagnostic approfondi, en vue de proposer des pistes de solutions d’urgence. Nous sommes d’avis que la crise aura un impact fatal sur ces entreprises qui, bien avant la pandémie, étaient au bord de l’asphyxie. La Cnes avait déjà attiré l’attention sur cette catégorie d’entreprises à travers de larges concertations co-organisées avec le Haut conseil du dialogue social, les syndicats de travailleurs, les administrations compétentes et les agences d’appui. Dans la perspective d’une sortie de crise, cette démarche inédite sera encouragée et poursuivie pour une bonne consolidation de notre base économique. Le second volet de mon programme, c’est de nous ancrer dans une complicité positive avec l’Administration pour que des solutions pratiques soient trouvées en vue de la mise en place d’une approche systémique des problèmes de l’entreprise : recherche permanente et mise en application continue de réformes pertinentes, généralisation du concept de Contenu local, global etc. Enfin, il s’agira, avec mon équipe du Conseil d’administration, en plus de l’implication effective des présidents de fédérations et de groupements, d’élargir et de diversifier les bases de notre syndicat à travers l’inclusion des jeunes entrepreneurs et enfin de contribuer à une unification du patronat.
Votre prédécesseur a été de tous les combats pour la défense et l’illustration de la préférence nationale en ce qui concerne l’économie au Sénégal. Comment comptez vous renforcer ce combat ?
Vous faites bien de le rappeler. Le regretté M. Cama, que la grâce d’Allah Swt soit sur lui, a été de tous les combats pour la défense de la préférence nationale dans l’activité économique de notre pays. Malheureusement, il n’a pas toujours été bien entendu. Mais les faits lui donnent aujourd’hui raison, si l’on observe la configuration de l’économie mondiale et le repli de toutes les économies sur elles-mêmes. Les récents développements induits par l’apparition du Covid-19 ont rappelé tout le monde à l’ordre. Quand il s’est agi de manière immédiate de trouver des moyens sanitaires pour se prémunir et se soigner, d’approvisionner convenablement les marchés en denrées de première nécessité et d’apprendre à limiter les déplacements et les migrations, il est devenu évident pour tout le monde que la préférence nationale n’est pas un slogan, mais une réalité qui s’impose à tous les Etats, et particulièrement aux pays comme le nôtre, dépendant de l’extérieur à plus d’un titre. Ce combat de la préférence nationale est celui de tous les Sénégalais, et le gouvernement dit l’avoir compris. Le Pap2A a donné, dans le programme de relance de l’économie nationale, une place de choix à l’entreprise nationale. La Cnes fait siennes ces orientations et je consacrerai une bonne partie de mon mandat à poursuivre et à consolider ce combat sur la préférence nationale. La recherche de solutions endogènes est devenue une voie obligée à la lecture de la dépendance à l’extérieur de notre pays, constatée durant le Covid-19 et qui nous a davantage fragilisés. Renforcer ce combat c’est fortifier les entreprises nationales pour qu’elles aient un accès plus important à la commande publique, mais surtout les moyens techniques et financiers de devenir compétitives et performantes. Il faudra baisser les barrières d’accès aux financements et revoir les termes de référence qui excluent d’office les nationaux. A titre d’exemple, si un appel d’offres exige pour construire un viaduc que l’entreprise nationale candidate ait déjà réalisé ce type d’ouvrages, on exclut d’office les entreprises nationales. Malgré tout, les pistes sont nombreuses pour fortifier le tissu d’entreprises pouvant bénéficier de la préférence nationale. La première c’est de nous réapproprier le concept de droit dit «affectio societatis» (ceux qui ont intérêts à s’associer) pour constituer des consortiums forts face à la menace des entreprises étrangères.
Sous votre magistère, quel sera le rôle de la Cnes dans ce contexte surtout marqué par la pandémie du Covid-19 ?
La raison d’exister de la Cnes est et restera la défense des intérêts de l’entreprise, en gardant à l’esprit ces valeurs contenues dans notre charte fondamentale : la promotion de l’entreprise nationale, une bonne gouvernance privée par le biais de l’entreprise citoyenne… La Cnes compte aller plus loin dans la résolution des problèmes auxquels est confrontée notre société en jouant pleinement sa partition dans la mise en œuvre de solutions qui sont du ressort des entreprises, c’est-à-dire la contribution à l’emploi, la création de la richesse économique pour une stabilité sociale de notre pays. Dans ce contexte de Covid19, nous devons raffermir au plan national nos liens de solidarité et accepter le partage des richesses. A mon avis, pendant une période transitoire, il serait nécessaire d’initier un pacte social de convergence, le temps que notre pays se remette au travail afin de sortir de la crise. La Cnes sera partenaire pour une telle initiative sur le dialogue social.
Les violences notées ces derniers jours à Dakar et à l’intérieur du pays ont fait payer un lourd tribut aux stations-services et autres commerces. Il y a même eu des pertes en vies humaines. Quelle lecture en faites-vous ?
Je commence d’abord par m’incliner devant la mémoire des victimes et affirmer le soutien de notre organisation aux blessés et à ceux qui ont perdu leurs biens durant ces douloureux évènements. Aucune violence, sous n’importe quelle forme, ne peut être légitimée. Cela dit, les soubassements de cette furie sont multiples, selon mon analyse : D’abord, notre structure sociale a fait une mutation importante que nous avons ignorée pendant longtemps, même si certains n’ont cessé de tirer, en vain, sur la sonnette d’alarme. C’était prévisible, car il manquait simplement l’étincelle pour mettre le feu à la poudrière sociale. Le noyau familial a éclaté depuis longtemps, en termes de valeurs et de rapports à la richesse. Ceux qui nous gouvernent, ceux qui s’opposent, ceux qui sont dans les autres corps sociaux sont issus de nos familles et sont pour la plupart nos parents, nos amis, les amis de nos amis. Le vrai problème c’est d’abord nous. Il faut nécessairement une introspection de chacun et un dialogue sans tabou pour enfin oser dire que l’argent, par tous les moyens, est insidieusement en train de détruire notre société. C’est un large débat que je ne peux pas développer dans cette interview, mais il est temps de se pencher sur les fondements de notre commun vouloir de vivre ensemble, notre perception de la valeur du travail et du patriotisme. Ensuite, il faudra se poser la question de savoir pourquoi, bien qu’il y ait le Covid-19, comment un pays comme le nôtre, ayant eu au plan économique des taux de croissance aussi élevés (6% en moyenne), a pu se retrouver dans un cycle d’affirmation d’un malêtre économique et social au point que l’on vole en plein jour les biens d’autrui et les ramener dans nos foyers. Nul ne peut contester que des fonds importants aient été alloués à des programmes de promotion de l’emploi des jeunes par le gouvernement. Les événements douloureux que nous venons de vivre révèlent que ces financements n’ont peut-être pas été satisfaisants ou opérants, si j’en juge par les réactions enregistrées durant la crise. Il faut revoir cette question de financement des jeunes. Les débordements que nous avons vécus ont terni l’image de notre pays au plan international, font douter des étrangers à investir dans notre pays en plus du potentiel renchérissement des taux de crédit lors des levées de fonds par le gouvernement. Par ailleurs, le discours de création d’emplois par l’Etat doit être revu. Il faudra replacer l’entreprise privée comme le principal foyer de création de richesses et d’emplois. Le patronat sénégalais et le secteur privé national en général ont fait l’objet de beaucoup de critiques dont la plupart sont infondées, même si je reconnais que des insuffisances existent. Les statistiques de l’Apix prouvent l’impact des investissements domestiques et il faudra que tout le monde s’y mette pour relever les défis auxquels notre pays fait face actuellement. Enfin, sans que ma grille de lecture de ces évènements ne soit exhaustive, il faudra qu’on réapprenne à s’écouter, à se parler et surtout à se respecter et crédibiliser nos institutions pour que puissent perdurer le droit et l’état de droit.
Suite à ces évènements, le Président Sall a annoncé une «réorientation des allocations budgétaires» pour davantage renforcer la formation et l’emploi des jeunes. Dans cette dynamique, il a invité le secteur privé à développer une initiative complémentaire de soutien à l’emploi et à l’insertion des jeunes à l’image de la Convention «Etat-employeurs». Qu’en pensez-vous ?
C’est tout à fait normal, comme le souhaite le chef de l’Etat, que le secteur privé puisse prendre sa part de responsabilité et de solidarité dans la recherche de solutions en direction de l’emploi des jeunes. Les entreprises, dès lors qu’elles ont retrouvé leur équilibre fortement perturbé par la crise, doivent participer de manière active à l’effort social nécessaire pour la relance économique que nous souhaitons tous. Plusieurs formes de soutiens aux programmes gouvernementaux en direction des jeunes existent : mise en place d’un fonds privé pour l’emploi etc. Nous avons intérêt à soutenir ces initiatives du gouvernement en tant que patriotes, mais aussi en tant qu’opérateurs économiques soucieux de faire fructifier nos affaires. C’est un partenariat gagnant-gagnant.
Un syndicat de votre organisation est monté au créneau pour contester votre élection et menace de saisir la justice pour son annulation. Que comptez-vous faire pour rassembler la famille de la Cnes autour de vous ?
Chaque entité membre de notre confédération est libre, en démocratie, de contester des résultats d’élection. Ce n’est pas que ma personne qui est visée, mais l’ensemble des membres du bureau et les instances de la Cnes. Je voudrais simplement dire que nous sommes une quinzaine de fédérations et groupements et seul un syndicat conteste les résultats de ces élections. Si la justice est saisie, laissons-la faire son travail au lieu de «porter presse». Je pense que le Conseil d’administration a respecté les textes de notre organisation. Pour diriger une association, il faut avoir le dos large. Je continuerai à tendre la main à tous nos membres et futurs membres. Cependant, je serai intransigeant sur la préservation de l’image de la Cnes que je défendrai sans rancune aucune et sans faiblesse coupable. Ma personne en elle-même est insignifiante par rapport à la grandeur de notre organisation dont le but est de rassembler des entreprises de divers secteurs économiques.
Par Par Madiambal DIAGNE
RATER LE PROCHAIN TRAIN ÉLECTORAL PEUT COÛTER TROP CHER
Le risque est de faire un mauvais précédent. Qu’adviendrait-il si on en arrivait à une situation de devoir reporter la tenue des élections législatives ou même d’une élection présidentielle ?
Les élections locales au Sénégal devaient se tenir initialement en juin 2019. Elles avaient été reportées de six mois, pour devoir être organisées au plus tard en décembre 2019 et reportées une deuxième fois pour la date du 28 mars 2021, parce que le constat était fait de l’impossibilité organisationnelle de respecter les échéances. Le gouvernement vient à nouveau de proposer leur tenue pour au plus tard en mars 2022.
Entre manœuvres, surenchères et faits accomplis
Au lendemain de la présidentielle de février 2019, de nombreuses questions ou obstacles s’étaient posés, car il fallait, dans le cadre de l’évaluation du processus électoral, procéder à des réformes du Code électoral en fixant les modalités de candidature et de participation aux élections locales. En effet, fallait-il maintenir ou réaménager, en vue des élections locales, le système de parrainage citoyen des candidatures qui s’était révélé comme un filtre trop étanche durant l’élection présidentielle ? L’opposition politique, comme les organisations citoyennes, n’entendait pas aller à des élections locales avec un système de parrainage quelconque.
D’ailleurs, le gouvernement semblait réaliser qu’un tel système constituerait une grave entrave à la pluralité des listes et surtout à une participation citoyenne à la gestion des conseils locaux. La réforme semblait s’imposer de fait, encore qu’il faudrait s’accorder sur les modalités. Dans le même temps, l’opposition doutait du fichier électoral et exigeait son audit et l’évaluation transparente du processus électoral que des partis considéraient comme étant une machine pour fraudes. C’est ainsi que des partenaires du Sénégal, avec l’Union européenne en tête de file, s’étaient proposés de financer les opérations d’audit du fichier électoral.
En outre, dans l’objectif entre autres, d’accorder les violons de la classe politique quant au processus électoral, le président Macky Sall mit en place, le 28 mai 2019, une commission du Dialogue national. Un délai de trois mois avait été imparti à cette commission, présidée par Famara Ibrahima Sagna, pour déposer ses conclusions. La première conséquence aura été de suspendre le calendrier électoral.
Le gouvernement prit alors la mesure de reporter les élections locales pour un délai de six mois. On sait comment les travaux des différentes commissions du Dialogue national ont traîné en longueur, nécessitant le rallongement du délai imparti à l’équipe de Famara Ibrahima Sagna. A l’expiration du délai du report des élections locales, le gouvernement a été obligé de recourir au vote, le 19 novembre 2019, d’une loi pour fixer à nouveau leur date à mars 2021 et les mandats des conseils municipaux se trouvèrent prolongés. On pouvait penser que cette fois serait la bonne d’autant que le Sénégal n’avait pas habitué son monde à ne pas respecter le calendrier des rendez-vous électoraux. Cela faisait quelque part désordre pour ne pas dire une certaine forme de recul démocratique. Des organisations politiques et citoyennes piaffaient d’impatience de pouvoir s’octroyer des sièges dans les conseils locaux et force est de dire que le gouvernement n’avait pas toujours la réponse aisée devant les accusations de manipulations du calendrier électoral.
Pourtant, tout portait à croire que la coalition politique au pouvoir ne devrait pas avoir trop de difficultés à remporter la majorité des Conseils locaux. La conduite des travaux du Dialogue national était délicate. Les positions divergentes et tranchées des protagonistes n’aidaient pas à aboutir à des conclusions définitives. Il y a eu de la surenchère, de part et d’autre, et l’idée agitée par des plénipotentiaires représentant le camp du président Sall de nommer par décret les maires ou administrateurs de certaines grandes communes comme Dakar se révéla être un grand facteur de blocage. Les protagonistes du Dialogue national tiraient à hue et à dia. Les restrictions dans la vie publique, qui seront imposées par la situation d’urgence sanitaire provoquée par la pandémie du Covid-19, rendront aléatoire, pour ne pas dire impossible, toute poursuite des travaux du Dialogue national.
La sous-commission du Dialogue politique, dirigée par l’ancien ministre de l’Intérieur, le Général Mamadou Niang, qui avait le plus focalisé les intérêts des acteurs politiques, aura à accuser le plus de retard. A l’occasion d’un bilan d’étape le 9 septembre 2020, clôturant la première phase de ses travaux, la commission du Général Niang rendra compte du fruit de ses pourparlers. Ainsi, 23 points de discussions ont pu faire l’objet de consensus, dont notamment la question nodale de l’élection du maire et du président de Conseil départemental au suffrage universel direct. Ce candidat devrait être la tête de liste majoritaire. Le consensus avait permis de fixer l’harmonisation du pourcentage de la répartition des sièges des élections départementales, du principe de financement des partis politiques…
Cependant, il y a eu deux points de désaccord, dont la question du cumul de la fonction du chef de l’Etat et chef de parti, et le statut du chef de l’opposition. Aussi, cinq autres questions restaient en suspens. Fallait-il alors mettre en œuvre immédiatement les points d’accord ou fallait-il attendre de terminer tout le processus de discussion ? Les avis ont divergé et résultat des courses (?), les modifications ou réformes juridiques nécessaires à la tenue des élections n’ont encore pu être réalisées.
En dépit de l’aggravation de la situation sanitaire, la commission du Général Niang reprit les travaux en août 2020. Le président de la commission finira par malheureusement être emporté par la pandémie du Covid-19, le 28 décembre 2020. Le président de la République nomma, le 29 janvier 2021, le Professeur de Droit public, Babacar Kanté, à la tête de la Commission politique du Dialogue national, en remplacement du Général Mamadou Niang. Le Pr Kanté a aussitôt fait redémarrer les travaux. Mais on constate naturellement que l’échéance d’organiser les élections locales qui devaient se tenir hier, dimanche 28 mars 2021, n’a pu être respectée, au grand dam des bonnes règles et pratiques républicaines.
Le président Famara Ibrahima Sagna, qui dirige la grande commission du Dialogue national, a fini, lui, par se rendre pratiquement injoignable pour ses collaborateurs. Est-ce une bouderie ? Certains médias le disent. Une situation de fait accompli ? Ou devrait-on considérer qu’à l’impossible nul n’est tenu ? Il n’en demeure pas moins que ce troisième report à mars 2022, des élections locales, constitue indubitablement une tache noire pour la gouvernance du Président Sall. Aussi, continuer de gérer les questions électorales avec désinvolture serait jouer avec des allumettes.
Mauvais précédent
On dira que ce n’est pas la première fois que des élections locales arrivent à être reportées au Sénégal. Ce fut le cas sous les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, mais jamais des élections n’ont été reportées trois fois de suite. Cela pose la question de la légitimité des conseils municipaux. Le renouvellement des mandats échus est une exigence fondamentale dans un système démocratique. Du reste, à la faveur des différents reports, le président Macky Sall a engagé des dynamiques d’alliances politiques qui pourraient notamment conforter son hégémonie politique dans la plupart des collectivités locales du pays. Le ralliement de Idrissa Seck et certains de ses alliés politiques lors de la présidentielle 2019, où il était arrivé deuxième avec plus de 22% des suffrages, devrait conforter la coalition au pouvoir. Au demeurant, le risque est grave de faire un mauvais précédent. Qu’adviendrait-il si par exemple on en arrivait à une situation de devoir reporter la tenue des élections législatives ou même d’une élection présidentielle ? Cela ne saurait être acceptable pour une démocratie comme celle du Sénégal. Le cas échéant, les conséquences pourraient être dramatiques. C’est justement là où il faudrait faire attention, car tout semble révéler que le gouvernement serait en train de manœuvrer encore.
En effet, la proposition de reporter les élections à mars 2022 peut être perçue comme une manœuvre cousue de fil blanc, quand on sait que le mandat des députés arrivera à expiration le 30 juillet 2022. Le gouvernement prendra-t-il le risque d’organiser deux élections nationales en trois mois d’intervalle ? En tout cas, on nous a déjà habitués à la complainte des acteurs gouvernementaux que le pays ne saurait être en campagne électorale permanente, et que le pays passe tout son temps à préparer des élections et à être dans des débats politiques parfois stériles, au lieu de se consacrer aux actions de développement. Autrement dit, la question qui peut déjà être légitime est de se demander ce qu’il adviendrait des élections législatives de 2022. Va-t-on vers un éventuel report pour les coupler avec la présidentielle de 2024 ?
Les enjeux politiques et démocratiques d’un report d’élections législatives sont plus importants que ceux d’élections locales. Encore qu’on a déjà fini de se résigner que les élections locales n’ont pas été tenues à date, la sagesse devrait alors commander de programmer les élections locales en même temps que celles législatives. Pendant qu’on y est, ne faudrait-il pas se mettre au réalisme de faire coïncider les élections locales aux élections législatives de 2022 ? De toute façon, il semble difficile d’envisager que les députés de la présente législature arrivent à accepter de réduire leur mandat pour renouveler l’Assemblée nationale en mars 2022 au lieu de l’échéance calendaire de juillet 2022. Il n’en demeure pas moins que l’opposition ne devrait pas se plaindre de ses propres turpitudes. De par ses exigences de réforme d’un fichier électoral constitué en 2016, mais aussi des désaccords internes à propos du statut du chef de l’opposition, ainsi que la nécessité d’inscrire sur les listes électorales les primo votants, l’organisation des élections à la date échue était devenue quasi-impossible. La Direction générale des Election a indiqué que, techniquement, il faudrait pas moins de 11 mois pour réaliser tous les travaux nécessaires à une nouvelle élection.
Post scriptum - Je supporterai «d’entendre mes paroles travesties par des gueux pour exciter des sots»
Notre chronique de la semaine dernière intitulée, «Le prix de l’honneur d’un ‘’fils de Casamance’’, nommé Ousmane Sonko», a suscité diverses réactions. Ils ont été fort nombreux, les lecteurs qui ont apprécié la justesse et la vérité des faits allégués et qui ont considéré que la sauvegarde de l’idéal républicain est au prix du courage de poser le débat avec objectivité et sans faux-fuyants sur des principes substantiels de la démocratie et de l’état de droit. Ces lecteurs peuvent être assurés que les exigences démocratiques et la défense des principes et valeurs de la République resteront mon credo. La diversité, l’enthousiasme et la chaleur des soutiens que j’ai reçus m’ont davantage persuadé que la grande majorité de mes compatriotes est dévouée à la même cause. En revanche, ils ont aussi été nombreux, des lecteurs qui ont cherché à surfer sur une certaine vague d’indignation pour tenter d’occulter les vraies questions. En effet, il arrive que certains préfèrent regarder le doigt qui montre la lune ou préfèreraient tuer le messager plutôt que d’entendre le message. Il existe aussi des personnes qui n’aimeraient pas voir l’image de fausseté et d’hypocrisie que leur renvoie un miroir de faits placés devant eux. Comme il existe toujours des personnes qui, pour occulter les vraies questions, cherchent à allumer des contre-feux ou pour certains, n’arrivant à se mesurer à l’un de leurs pairs, ou pour régler on ne sait quels vieux comptes, chercheraient à lancer la meute avec une malhonnêteté déconcertante, au prix de fouler aux pieds les règles et principes les plus élémentaires qui guident leur métier. Ces personnes peuvent être assurées qu’elles souffriront la franchise et la résolution ferme de Madiambal Diagne de rester droit dans ses bottes et de continuer à poser les vraies questions. Je lis souvent ces paroles de Rudyard Kipling qui disent : «Si tu peux supporter d’entendre tes paroles/ Travesties par des gueux pour exciter des sots/ Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles/ Sans mentir toi-même d’un mot/ (…) tu seras un homme mon fils.».
LE CHANGEMENT COMMENCERA LÀ OÙ DES GENS DISENT QU’ILS VONT ACCOMPAGNER LE TYRAN JUSQU’EN 2035
Après sa sortie de prison, Birame Soulèye Diop administrateur de Pastef a réservé sa première visite aux militants patriotes de Thiès dont il est le coordonnateur départemental
Après sa sortie de prison, Birame Soulèye Diop administrateur de Pastef a réservé sa première visite aux militants patriotes de Thiès dont il est le coordonnateur départemental. A cette occasion, il s’est attaqué aux nouveaux alliés du Président Macky Sall sans les nommer soutenant que le changement commencera par Thiès, où des gens disent qu’ils vont accompagner le tyran jusqu’en 2035, pour des histoires de «mburoo ak soow»
«Je dis à ceux-là qui déclarent qu’ils vont accompagner le tyran jusqu’en 2035 que le Sénégal n’est pas une dictature et qu’ils vont nous rencontrer sur le terrain. Ils ont saboté tout ce qu’il y avait de foncier dans la ville, avant de s’attaquer au département. Les réserves étant épuisées, on leur a offert un mouchoir de poche et ils sont allés dire qu’ils vont l’accompagner jusqu’en 2035 pour des histoires de «Mburoo ak soow».
L’année 2022 arrive et le changement commencera par Thiès». Ces prédictions portent la signature de Birame Soulèye Diop, coordonnateur départemental de Thiès du parti Pastef, venu communier avec ses camarades de la cité du rail. A Thiès, l’administrateur national des patriotes s’en est virulemment pris aux nouveaux alliés du Président Macky Sall (Idrissa Seck et son Rewmi), sans les citer nommément. Il estime que le «tyran» n’a pas dit son dernier mot et qu’il refait sa force, sa stratégie et le séparatisme politique. «Mais le combat partira de Thiès, qui est le cœur, le creuset et l’arc-en-ciel national. Je dis à l’endroit de Pastef et de ceux qui sont intéressés par la démocratie que le fait de revendiquer son appartenance au Pastef alors que le voisin immédiat ne le sait pas, relève d’une fausse déclaration. Celui qui le fait n’est en réalité pas de Pastef. Vous êtes militants de Pastef, dites-le haut et fort et portez-le sur votre front, dans votre cœur, dans votre démarche de tous les jours, dans votre action. Le changement du système est un combat qui sera gagné par tout le monde. Thiessois, levez-vous, le changement du système commencera ici», a déclaré Birame Soulèye Diop.
Revenant sur les récents évènements qui ont occasionné son incarcération, il estime que toutes les personnes écrouées dans le cadre de cette affaire étaient en mission dans les prisons de Macky Sall où ils ont recruté beaucoup de militants. «Le vaste mouvement qui s’est traduit par la reculade du pouvoir a été réalisé grâce à la conjugaison des efforts du Pastef, du M2D, de la société civile. Car l’ambition de Macky Sall, de son procureur, de son ministre de l’Intérieur n’était pas de nous enfermer pour un mois, mais pour 6 mois à 1 an afin de décapiter Pastef. Mais grâce aux démocrates du pays et à l’implication des familles religieuses, le pouvoir a reculé. Toutefois, il reviendra à la charge. Ne dormez pas sur vos lauriers, ne fermez pas l’œil, car il reviendra à la charge et il faudra qu’on soit prêt comme un mur fortifié, pour engager le combat», indique-t-il.
Par ailleurs, Birame Souleye Diop a révélé que des militants blessés à Bignona sont soignés à Thiès, car il n’y a pas d’hôpital dans cette localité. Qu’est-ce qu’ils ont fait de nos 36.000 milliards de Fcfa qu’on leur a donné pendant 8 ans», fulmine-t-il avant d’ajouter en guise de réponse : «Ils les ont mis dans du béton avec des surfacturations, alors que les populations avaient besoin d’une bonne éducation, de se soigner».
Dénonçant les mauvaises conditions de détention, il estime que les prisonniers sont traités de façon inhumaine. «C’est comme si les détenus ne sont pas des êtres humains. Des hommes dignes, pétris de qualité sont oubliés dans les prisons avec une mauvaise politique carcérale, parce qu’ils sont des prévenus et notre droit pénal très violent», déplore l’administrateur de Pastef.
Par Maodo Malick MBAYE
SILENCE !!! TOUT SAUF ÇA !
Le spectacle auquel nous assistons actuellement au Sénégal est affligeant et inquiétant. La surenchère communautaire, ethnique et identitaire en est le produit et les réseaux sociaux le canal déformant et amplificateur.
Le spectacle auquel nous assistons actuellement au Sénégal est affligeant et inquiétant. La surenchère communautaire, ethnique et identitaire en est le produit et les réseaux sociaux le canal déformant et amplificateur. Et puisqu’il est porteur de danger potentiel pour la nation toute entière, il nous interpelle autrement que par la posture de spectateur passif.
A cet instant de la vie de notre Nation, nous sommes obligés de convoquer la mémoire de ceux qui ont bâti la nation par leur courage en rêvant d’une autre destinée pour les générations suivantes que nous sommes, d’une vie plus grande, d’un avenir plus bétonné pour la nation. Ils doivent rester en permanence une source de réflexion, d’espérance, et de retenue pour nous tous. Ces hommes qui venaient d’une époque où la nation s’était confondue avec le commun vouloir de vivre ensemble dans la bienveillance et dans le cousinage à plaisanterie. Ils ont posé les fondations de la nation à coup de ciment et de béton pour la mettre à l’abri de toutes les intempéries et secousses.
Ces illustres hommes et femmes ont fait le Sénégal (Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Aline Sitoe Diatta Alboury Ndiaye, Ndieumbeutt Mbodj, Maba Diakhou Ba etc.., et plus tard Léopold Sédar Senghor, Ablaye Ly, Valdiodio Ndiaye, Louis Dacosta, Edouard Diatta Lamine Guèye, Mamadou Dia entre autres .... Ils nous ont appris, parce qu’ils le savaient mieux que quiconque, ce qu’est la nation, non une doctrine, mais une mystique, non un défi, mais une exigence morale, la voie du salut, la seule qui vaille.
PARTOUT, DANS LES PAYS QUI ONT SOMBRE DANS LA VIOLENCE CIVILE, LE PROCEDE EST LE MEME.
On commence par des quolibets, des amalgames inconsciemment entretenus, des abus de langage et des caricatures pour indexer une catégorie de citoyens etl’opposer à une autre. J’ai récemment séjourné en République Démocratique du Congo, au Burundi mais aussi et surtout en République Centrafricaine. Dans ces pays j’ai souvent le privilège de discuter régulièrement avec les dirigeants au pouvoir. Là-bas, malgré un potentiel minier, gazier et des ressources naturelles à profusion, les populations continuent de souffrir du tribalisme, du communautarisme et de l’identité meurtrière et destructrice. Elles ont encore du mal à se relever et à trouver en eux la force de ressusciter la Nation.
Opposer les sentiments communautaires, identitaires, ou de toute autre nature est une pente glissante qui va inexorablement mener à la nation dans l’abîme. Au Sénégal depuis un certain temps, on ne débat plus, on insulte. On n’argumente plus, on détruit. On ne s’écoute plus, on se stigmatise. On ne réfléchit plus, on crache. On ne discute plus, on s’invective. Etre Sénégalais, c’est refuser de chercher dans la communauté, la race, l’ethnie et/ou l’identité la solution du problème ou la source du problème. Etre Sénégalais, c’est refuser de parler au nom du Sénégal contre une autre Sénégalais. C’est refuser les préjugés à caractère ethnique et communautaire. Fille de l’Afrique et contemporaine du génocide rwandais, notre génération doit savoir ce que siginfie “JOUER AVEC LE FEU”.
Pour résoudre ce genre de problèmes sociaux, chacun et chacune d’entre nous, doit éviter de verser dans du ponce pilatisme en pointant le doigts sur l’autre comme responsable. Sénégalaises ! Sénégalais ! Epaule contre Épaule pour relever ensemble les vrais défis
Maodo Malick MBAYE
Expert en médiation internationale
Représentant du CIRID en Afrique de l’Ouest et du Centre