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24 juin 2025
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ABDOU FALL DEMANDE À MACKY SALL DE S'IMPLIQUER DANS LA CRISE DE L'ÉCOLE
L'ancien ministre a indiqué dimanche, qu’il n’y a pas aujourd’hui chantier plus important que celui de la refondation de l’école sénégalaise pour redresser le système éducatif »
Selon Abdou Fall, président du Conseil d’administration de l’Agence pour la promotion des investissements et grands travaux (Apix), le chef de l’Etat, Macky Sall devrait s’impliquer personnellement dans la résolution de la crise que traverse actuellement l’école sénégalaise. Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 28 mars, l’ancien ministre de la Santé sous le régime libéral du président Wade par ailleurs médiateur de l’éducation, faisant remarqué que « nous vivons dans un monde gouverné par le savoir » a indiqué « qu’il n’y a pas aujourd’hui chantier plus important que celui de la refondation de l’école sénégalaise pour redresser le système éducatif ».
Poursuivant son propos, Abdou Fall toujours au micro de notre confrère Baye Oumar Gueye dit faire partie de « ceux qui disent que le chantier de la refondation de l’école sénégalaise, seul le président de la République peut le porter ». « Ce chantierlà, c’est lui qui doit le lancer et y impliquer toutes les couches nationales : les syndicats, les jeunes, les étudiants pour que l’on développe une campagne nationale de solidarité en faveur de ceux qui n’ont pas encore accès au savoir. On ne peut pas accepter au 21e siècle qu’on est plus de 50% des Sénégalais qui n’ont jamais lu et écrit de leur vie », a-t-il martelé.
Par ailleurs, se prononçant sur les récentes manifestations violentes qu’a connues notre pays, Abdou Fall estimant qu’il s’agit d’un « problème éminemment sérieux » soutient que «les citoyens se sentent de plus en plus exclus de la gouvernance du monde».
Poursuivant son propos, l’ancien ministre de la Santé sous le régime libéral du président Abdoulaye Wade de plaider ainsi pour une refondation de la gouvernance globale du monde qui est, selon lui, « aliénée par une recherche effrénée du profit au détriment des logiques d’équité et de solidarité qui devraient sous-tendre l’action de l’Etat ». «Il faut qu’on ré-humanise l’économie et la politique. Le contraste, c’est qu’autant le monde accumule des richesses à des niveaux jamais connus, autant la disparité et les inégalités ont pris des proportions que le monde n’a jamais connues», a-t-il conclu.
L’UMS RECADRE LE M2D
La dernière déclaration du Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) sur les 22 manifestants, toujours en détention à Diourbel, a suscité une vive polémique
La dernière déclaration du Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) sur les 22 manifestants, toujours en détention à Diourbel, a suscité une vive polémique. Si certains considèrent leur sortie comme une manière de mettre en mal le juge Mbow avec le khalife général des mourides, l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) y voit des «menaces inadmissibles» envers leur collègue.
Lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi, le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) s’est prononcé sur la détention de 22 personnes arrêtées à Diourbel, dans le cadre des dernières manifestations violentes qui ont secoué dernièrement le Sénégal.
Durant la rencontre avec les journalistes, l’une de ses membres, Yacine Fall, a déclaré : «le M2D informe l’opinion publique nationale et internationale qu’à Diourbel, le juge Mbow refuse de libérer les 22 otages politiques, faisant valoir des états d’âme relatifs au fait que les jeunes auraient saccagé le tribunal. Le M2D ne fera aucun compromis sur la libération des jeunes arbitrairement détenus.»
Une déclaration interprétée par certains comme une manière de mettre en mal le juge Mbow avec Touba, car ces propos laissent croire que le juge d’instruction ne s’inscrit pas dans la logique d’apaisement souhaitée par le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. En effet, souffle-t-on, le juge Mbow ne peut pas pour le moment libérer ces individus parce qu’il y a une procédure à suivre pour obtenir une liberté provisoire en cas de mandat de dépôt.
Pour qu’ils bénéficient d’une liberté provisoire, il faut qu’ils soient entendus dans le fond et qu’une demande de liberté provisoire en bonne et due forme soit déposée devant le juge, avec communication du Parquet. Or, de sources sûres, jusqu’à hier, aucune demande n’a été encore communiquée au Parquet dont l’avis lie le juge en l’espèce d’autant plus que sa saisine de la chambre d’accusation suspend la libération. Ce qui veut dire que le juge d’instruction ne pouvait pas de son propre chef les laisser humer la liberté, alors qu’il n’a même fini de les entendre. Surtout que ces personnes sont pour la plupart arrêtées pour le saccage du siège de RFM Mbacké et la station Total. Qui plus est, en tant que juge du siège, il ne dépend pas de la chancellerie. Ce qui justifie manifestement la colère de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS) qui est montée au créneau pour condamner la sortie au vitriol des membres du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) contre le juge Mbow.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’AS», Souleymane Téliko et ses collègues condamnent avec la dernière énergie ce qu’ils qualifient de menaces inadmissibles». «Dans une déclaration diffusée par la presse ce samedi 27 mars 2021, le mouvement M2D s’en est pris à un juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Diourbel, nommément cité, qu’il accuse d’«obstruction» tout en le tenant pour responsable des réactions qui pourraient découler de son «refus de libérer» des personnes qu’il a inculpées et placées en détention, suite aux récentes manifestations survenues dans le pays.
L’UMS condamne avec la plus grande fermeté ces menaces inadmissibles et inacceptables, qui contribuent à fragiliser l’institution judiciaire», renseigne le document. Le texte ajoute : «Elle rappelle que le respect de l’indépendance de la justice s’impose à tous les citoyens et acteurs sociaux, de quelque bord qu’ils puissent être. Elle exprime sa solidarité entière et son soutien total au collègue concerné, et réitère l’appel fait à tous, à garder une attitude de neutralité et à ne céder à aucune pression d’où qu’elle vienne.»
SONKO OPPOSÉ AU REPORT DES LOCALES
Le député s’est particulièrement focalisé sur les élections locales en soutenant qu’un report en 2022 est inconcevable. Il indique que le chef de l’Etat devra assumer toutes les conséquences qui découleront de son forcing
Recevant hier certains de ses partisans et sympathisants libérés suite à la médiation du Khalife général des Mourides, le leader des Patriotes a profité de l’occasion pour se prononcer sur l’actualité politique. Ousmane Sonko s’est particulièrement focalisé sur les élections locales en soutenant qu’un report en 2022 est inconcevable. Il indique que le chef de l’Etat devra assumer toutes les conséquences qui découleront de son forcing.
Même si la date des élections locales n’est pas encore connue, la tournure des évènements montre qu’elles se dérouleront au mois de février ou mars 2022. Depuis, des acteurs politiques et de la société civile sortent de leur réserve pour exiger qu’elles se tiennent en 2021 au pire des cas à la fin de l’année en cours. Rencontrant hier ses sympathisants sortis de prison, Ousmane Sonko s’est dit déçu du comportement du Président Macky Sall. Il estime que ce dernier pense que les élections lui appartiennent et qu’il peut les organiser à sa convenance comme s’il était le seul acteur politique du pays. Selon le président de Pastef, les Locales doivent être tenues cette année. Il se désole du fait qu’au moment où le khalife général des Mourides menait sa médiation, Macky Sall est allé en catimini prendre un décret pour repousser les élections.
A l’en croire, le locataire du Palais joue à la provocation en voulant faire un forcing pour reporter le scrutin. «Sortir de l’année 2021 pour tenir les élections locales en 2022 signifierait que les Législatives pourraient être reportées. Et on risque de continuer ainsi jusqu’à la présidentielle. Nous ne sommes pas dupes», a relevé le député patriote qui appelle ainsi les forces vives à sortir de leur réserve et à dissuader Macky Sall de cette entreprise. Et de rappeler au chef de l’Etat que les dernières manifestations étaient un avertissement et qu’il n’échappera pas la prochaine fois. «Je lui avais dit que c’était notre avant dernier combat. Et cela a failli être d’ailleurs le dernier, si nous n’étions pas dotés d’une certaine sagesse. Il doit décrypter le message», déclare Sonko avant de marteler que même s’ils peuvent perdre des plumes dans ce combat, Macky Sall risque, lui, de perdre le pouvoir. Par conséquent, quand les choses éclateront la prochaine fois, prévient-il, que personne ne pointe du doigt Pastef. «Macky Sall sera le responsable de toute instabilité dans le pays comme il l’a été depuis sa prise de pouvoir en 2012 pour divers sujets», clame-t-il.
«LE REGIME A DECAISSE BEAUCOUP D’ARGENT POUR REMPORTER LA BATAILLE DE L’OPINION»
En outre, le leader des Patriotes s’est désolé des nombreuses attaques venant du camp présidentiel qui, à l’en croire, profite de l’accalmie pour effectuer ses sales besognes. «Suite à la médiation du Khalife des Mourides, nous avons lâché du lest. Mais on a constaté que des membres du régime sortent du bois pour nous insulter et nous attaquer sans cesse», se désole Ousmane Sonko. Poursuivant, il a indiqué que tous ceux qui s’extasient aujourd’hui s’étaient éclipsés quand les émeutes avaient éclaté. «Ils ont attendu que les choses se calment pour se comporter de la sorte. Mais quand les choses se déclencheront à nouveau, ils sauront réellement qui nous sommes», prévient-il. Selon lui, le pouvoir essaye de remporter la bataille de l’opinion en arrosant beaucoup d’argent sur les Sénégalais et les médias. «Ils sortent des milliards pour acheter des Sénégalais. Malgré ces milliards, s’ils demandent aux gens de descendre pour combattre, personne ne les suivra», souligne-t-il.
Fustigeant par ailleurs le discours ethniciste noté ces derniers jour et que certains proches du régime et autres hommes de Médias sont en train de proférer, il appelle à ne pas accorder beaucoup d’importance à ces propos haineux qui sont loin de la réalité. «La preuve ? Tous ceux qui ont été arrêtés sont en majorité des autres ethnies que la mienne. Le Sénégal est un et indivisible. C’est parce qu’ils savent qu’ils ont échoué et perdu le combat qu’ils veulent nous laisser une instabilité. Ils ont hérité d’un Sénégal stable. C’est désolant qu’ils veuillent partir en nous laissant un Sénégal en lambeaux», martèle-t-il.
Cela dit, Ousmane Sonko informe qu’il reste encore 12 détenus derrière les barreaux à Diourbel. «Le juge, furieux du saccage du tribunal de la localité, veut les maintenir en prison parce qu’il est revanchard», précise le leader de Pastef qui ajoute qu’il en reste aussi 4 détenus à Dakar et 3 à Ziguinchor. «Tant qu’on n’aura pas libéré tous ces gens, on ne fermera pas ce chapitre. Nous saluons la médiation du guide religieux de Touba», dit-il avant d’annoncer qu’il se rendra en Casamance dans les prochains jours.
46 NOUVELLES CONTAMINATIONS ET 07 DÉCÈS
Ces nouvelles contaminations concernent 11 contacts suivis et 35 cas issus de la transmission communautaire recensés à Dakar et dans d’autres endroits du pays.
Dakar, 29 mars (APS) – Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, lundi, 46 nouvelles contaminations au Covid-19 et 07 décès liés à cette maladie.
’’Sur 1139 tests réalisés, 46 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 4,04 %’’, a indiqué le ministère dans son bulletin quotidien sur l’évolution de la pandémie.
Ces nouvelles contaminations concernent 11 contacts suivis et 35 cas issus de la transmission communautaire recensés à Dakar et dans d’autres endroits du pays.
Sept (07) décès ont été enregistrés, dimanche.
Le ministère a rapporté que 287 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris alors que 29 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
Depuis le 2 mars 2020, le Sénégal a enregistré 38566 cas positifs dont 37 040 guéris, 1044 décès et 481 encore sous traitement.
Le ministère a signalé qu’à la date du 29 mars, 234 099 personnes ont été vaccinées.
LE MFDC PREND LE CAP DE SON UNIFICATION AU CAP SKIRING
C’est au Cap Skiring dans la cité balnéaire, loin du maquis que les différentes ailes politiques du MFDC se sont retrouvées le temps d’un weekend end pour baliser les pistes de l’unification du mouvement.
L’heure semble grave pour le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) qui se mobilise par sa branche politique. C’est au Cap Skiring que le MFDC tente de poser les balises pour son unification, acte déterminant pour aller à la table des négociations. Les différentes ailes politiques du mouvement s’y sont retrouvées le temps d’un week end pour harmoniser les positions en vue de sceller une unité qui leur permettra de parler d’une même voix dans la perspective de négociations. Exercice non moins délicat initié et facilité par la Coalition des Organisations de la Société Civile pour la Paix en Casamance (COSCPAC) soutenue par la Fondation Frederick Hebert.
C’est au Cap Skiring dans la cité balnéaire, loin du maquis que les différentes ailes politiques du MFDC se sont retrouvées le temps d’un weekend end pour baliser les pistes de l’unification du mouvement. Une unité du mouvement qui devrait permettre au mouvement d’accorder les violons et d’harmoniser les positions en vue d’aller vers la table des négociations. Venues des différentes factions du maquis, les ailes politiques ont pendant deux jours échangé sur les bases de cette réunification d’un mouvement qui peine depuis à émettre sur la même longueur d’onde. Une unification qui passe par le pardon; condition préalable pour préparer les négociations et cheminer vers la paix dira Lamine Coly, le représentant des ailes politiques du MFDC. «Considérant que l’unité est indispensable pour la résolution du conflit en Casamance, nous sommes tous d’accord de se pardonner mutuellement; condition préalable pour préparer les négociations », lance M. Coly par ailleurs chef du village de Kouram dans le département de Bignona qui a lu la déclaration des ailes politiques du Mfdc qui a sanctionné les deux jours de conclave au Cap Skiring.
Les groupes politiques du Mfdc s’engagent également à ne jamais lâcher, rassurent les représentants de ces groupes politiques qui évoquent la mise en place d’un comité qui va travailler à la base pour un rapprochement des tous les membres. Ces émissaires du mouvement rebelle venus des différentes factions rebelles ont pu participer à ce conclave au Cap Skiring grâce à la COSCPAC, la coalition des organisations de la société civile pour la paix en Casamance qui a initié et facilité la rencontre avec le soutien de la Fondation Frederick Herbert. « Cesser toutes actions de violence; c’est le pari que se fixe ces groupes politiques du MFDC », révèle le Coordonnateur de la COSCPAC Henry Ndecky. «Les différents responsables des ailes politiques du MFDC engagés et ici présents ont exprimé la nécessité de se retrouver pour travailler la main dans la main et dans le but de faire cesser toute action de violence et se concentrer sur le projet futur d’aller à la table des négociations avec l’Etat du Sénégal», martèle M. Ndecky qui a décliné les objectifs de cette rencontre qui tournait autour des conditions de l’unification du mouvement irrédentiste dans la perspective de la tenue des négociations.
Vers cette mouvance des négociations, la branche politique prend donc le cap de l’unification du mouvement au Cap Skiring, reste à savoir si cet appel des «politiques du MFDC » aura un écho favorable au sein de la branche armée ATIKA récemment chassée de ses bases du sud-est de la région.
LES IMPACTÉS DES TRAVAUX DU PORT MINÉRALIER DE BARGNY MENACENT
Après quatre années d’attente, les populations de Bargny, Miname et Sendou regroupées dans le collectif « Samm lugnou Mom disent ne plus en pouvoir et menacent de descendre dans la rue pour réclamer les indemnisations
Les semaines à venir risquent encore d’être mouvementées dans les communes de Bargny et Sendou. La raison, les impactés des travaux du port minéralier de Bargny Sendou ont décidé de manifester pour une énième fois afin de recevoir leur indemnisation telle que prévue par la loi. Les membres du collectif « Samm Lugnou momm » invitent le chef de l’Etat à prendre lui-même le dossier en main. Ils ont tenu un point de presse samedi pour annoncer leur programme.
Après quatre années d’attente, les populations de Bargny, Miname et Sendou regroupées dans le collectif « Samm lugnou Mom disent ne plus en pouvoir et menacent de descendre dans la rue pour réclamer les indemnisations.
Regroupés autour du collectif Samm Lugnu Momm, ces impactés dénoncent le mutisme et les lenteurs dans le processus d’indemnisation en dépit des nombreuses rencontres et des procès-verbaux de conciliation signés en présence des autorités administratives. C’est pourquoi ils envisagent d’organiser une série de manifestations pour rentrer dans leurs droits.
C’est ainsi qu’ils ont annoncé deux grandes marches pacifiques et invitent toute la jeunesse des trois localités concernées à les rejoindre. « On a prévu une série de manifestations avec une marche les 03 et 10 avril 2021…. Le port a fini de prendre 483 hectares et une bande de 250 m d’extension à Sendou et Miname. Ce qui oblige la délocalisation des populations. Ce qu’on a constaté, c’est qu’il n’y a pas encore de plan d’action à ce niveau. Les gens qui sont impactés ne savent pas sur quel pied danser.
La logique voudrait avant d’entamer ces grands travaux, c’est d’indemniser les impacter de les reloger avec des plans d’actions de réinstallation. Si l’Etat du Sénégal est d’accord pour que les travaux démarrent, c’est qu’il est constant dans son décret et dans sa démarche de déloger les populations sans indemnisation au préalable. Nous appelons la jeunesse de Bargny Sendou Miname qui a tout donné à l’Etat...
Toutes les terres de Bargny sont prises par l’Etat. La centrale est là, Tosyali est là, Le pôle urbain est là donc il ne reste plus de réserve de terre pour les Bargnois. J’appelle les jeunes. Ce combat est le vôtre, soyez debout pour que les études d’impact environnemental soient respectées, soyez debout pour que ces plans d’action de réinstallation soient effectifs » a lancé Issa Gueye, coordonnateur du collectif « Samm Lugnu Mom qui regroupe les impactés du port minéralier et vraquier de Bargny Sendou Selon les membres du collectif, l’implantation du port, en plus des impacts fonciers sur les populations des communes de Bargny et Sendou, a charrié d’énormes pertes économiques avec la baisse des activités agricoles mais aussi de pêche.
Ce qui affecte le niveau de vie des populations directement riveraines du site du chantier du port, « Il y a quatre ans, le panier de gombo valait 17500 francs CFA. Nous avons été surpris par le bruit des bulldozers qui ont réduit à néant nos récoltes qui étaient arrivées à maturation. Après toutes nos démarches à la préfecture avec la signature des PV de conciliation et la promesse en pleine campagne électorale, rien n’est fait pour notre indemnisation. C’est déplorable. Certains d’entre nous ne sont plus de ce monde » a déploré la dame Aby Diop exploitante agricole.
Un appel est lancé à l’endroit du Chef de l’Etat pour qu’il s’implique personnellement car, malgré ces rappels incessants dont le dernier remonte au mois de février, les services de l’Etat ne montrent aucun empressement à régler le problème. « Le chef de l’Etat Macky Sall nous avait promis que les impactés seront indemnisés avant la fin du mois de février. Il a réitéré cette volonté en conseil des ministres mais ses ministres (Finance, Budget et Pêche) ne sont pas disposés à suivre ses instructions, il n’a qu’à prendre le dossier en main pour qu’enfin on indemnise les impactés d’autant plus qu’ils veulent (les promoteurs et les autorités du port) procéder à une extension de 250 m Miname et à Sendou commune », a suggéré El Hadji Maguette Cissé, notable à Miname.
La construction du port minéralier de Bargny, a occasionné une perte de 483 hectares. Une expropriation pour cause d’utilité publique qui implique des indemnisations conformément aux normes sur la gestion des impacts environnementaux et sociaux. Mais les populations concernées attendent toujours et n’excluent pas d’user de moyens mystiques pour se faire entendre. « Nous sommes à bout. Nous n’allons pas piller nous allons juste marcher. S’il n’y a pas de solution, nous allons devoir nous référer aux pouvoirs mystiques ».
DETHIE FALL TOURNE LE DOS A IDY...
« Je me suis toujours rangé aux côtés du peuple. C’est pour cela qu’après mon discours du 27 Novembre 2020 qui m’a fait perdre la place de vice-président du Parti Rewmi, j’ai continué à être aux côtés du peuple comme un bon député ».
En conférence de presse hier, dimanche 28 mars 2021, le député Déthié Fall, ancien vice-président de «Réwmi» du président Idrissa Seck actuellement président du Conseil économique social et environnemental, a décidé de tourner définitivement le dos à ce dernier et de se lancer dans sa propre aventure politique. Pour autant, il a lancé le PRP (Parti Républicain pour le Progrès) pour les prochaines échéances électorales.
Dans une salle pleine avec la présence effective des membres de l’opposition, à l’instar d’Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Malick Gakou, Bougane Guèye, Mamadou Diop Decroix, Cheikh Bamba Diéye, et des députés Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli et Mame Diarra Fam, le député Déthié Fall est largement revenu sur son parcours politique. « Je me suis toujours rangé aux côtés du peuple. C’est pour cela qu’après mon discours du 27 Novembre 2020 qui m’a fait perdre la place de vice-président du Parti Rewmi, j’ai continué à être aux côtés du peuple comme un bon député ».
De plus, l’ancien numéro 2 d’Idrissa Seck a fait part du rejet des privilèges que lui offre l’Assemblée nationale et même qu’il versait l’essentiel de son salaire de député aux nécessiteux et que c’est vérifiable. « Récemment, j’ai été appelé à plusieurs reprises pour récupérer des terrains de 250 m2 alloués aux députés et je l’ai refusé comme le carburant qui nous est de droit ». Toute fois, Déthié Fall n’a pas manqué de remercier les autorités coutumières, religieuses, politiques et publiques qui, de près ou de loin, ont magnifiés sa cause.
Dans la foulée, Déthié Fall a rappelé son compagnonnage de 16 années avec Idrissa Seck qui a fini par trahir la cause qui les liait ensemble en ralliant le camp du pouvoir. Question programme politique et social, le tout nouveau membre de l’opposition a décliné une vision d’action basée sur l’économie, l’éducation, la santé ainsi qu’à la création de l’emploi que va porter son parti. « Du fait d’un désespoir profond, la colère a gagné toutes les couches de la population plus particulièrement les jeunes et la sordide force ne serait être une réponse à cela et dernièrement, le régime actuel l’a appris à ses dépens. Nous avons dans ce pays des ressources humaines de qualité capable de compétir dans leur domaine en bonne place avec n’importe quelle autre dans le globe et pourtant nous restons encore dans le cercle des pays les plus pauvres. Et si on n’y prend pas garde avec les ressources naturelles découvertes dans le pays et qui devraient profiter aux populations, on risque de voir le Sénégal rejoindre les pays riches au sous-sol mais pauvres et très endettés au sol».
Face à cette situation, d’après le député, il est primordial de créer un parti inclusif pour participer au développement démocratique du pays. « Fort de tous les constats et face à des défis qui nous interpellent nous tous, nous avons décidé la création du Parti Républicain pour le Progrès Disso ak Askan wi pour qu’ensemble, nous travaillons pour la prospérité dans la paix. Ce parti sera implanté dans les prochains jours dans les 552 communes et partout dans la diaspora et tiendra son premier congrès au mois de Décembre 2021 ».
Pour finir, le député Déthié Fall n’a pas manqué de signaler que Khalifa Sall et Karim Wade devraient être réintégrés sur le fichier électoral pour qu’ils puissent participer aux prochaines élections.
... Et perd son poste de député ?
Après l’officialisation de son départ de Rewmi, par la création de sa propre formation politique (PRP), la suite serait le départ de Déthié Fall de l’Assemblée nationale. Comme le stipule l’article 61 de la constitution : «Le député démissionnaire de son parti est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique». Même si certains défendent la thèse selon laquelle, il a été plutôt élu sur la base de la coalition Manko Taxawu Senegaal. Cette semaine d’ailleurs le bureau de l’assemblée nationale doit étudier le «cas» du Pr Issa Sall qui lui aussi vient de quitter le PUR pour créer sa propre formation.
QUALIFICATIONS CAN 2021, UNE COUPE D’AFRIQUE PLEINE AUX DEUX TIERS
On connaît désormais 17 des 24 équipes qui disputeront la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football (CAN 2021), en janvier/février 2022 au Cameroun
On connaît désormais 17 des 24 équipes qui disputeront la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football (CAN 2021), en janvier/février 2022 au Cameroun. Les Nigérians ont décroché leurs qualifications pour la CAN 2021, à l’issue de l’avant-dernière journée des éliminatoires.
L es éliminatoires pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football (CAN 2021) s’achèvent les 28, 29 et 30 mars 2021 mais on connaît déjà les deux tiers des équipes qualifiées pour cette «CAN 2021». Douze nouvelles équipes ont en effet décroché leur qualification durant l’avant-dernière journée, qui s’est déroulée du 23 au 27 mars.
ILS VONT DEBUTER À LA CAN
Les Comores disputeront la première Coupe d’Afrique des nations de leur histoire. Les Comoriens sont certains de finir parmi les deux premiers du groupe G, tout comme l’Égypte. Les Cœlacanthes ont décroché un nul 0-0 face au Togo qui a fait leur bonheur et a éliminé les Togolais. La Gambie, elle, a battu l’Angola 1-0 et profité d’un net succès 3-0 du Gabon face à la RD Congo, dans le groupe D. Une qualification historique qui confirme la progression du football gambien, son équipe des moins de 20 ans ayant fini troisième de la dernière CAN U20.
ILS SONT DE RETOUR
Le Gabon effectuera, lui, son retour en phase finale, après avoir manqué la CAN 2019 en Égypte. Les Gabonais se sont qualifiés avec la manière, en étrillant une sélection de RDC qui restait sur quatre participations consécutives. La Guinée équatoriale aussi aura son équipe au Cameroun voisin.
Les Équato-Guinéens, qui ont joué les CAN 2012 et 2015 à domicile, ont pour la première fois décroché sur le terrain leur place dans cette compétition. Un succès 1-0 face à la Tanzanie, dans le groupe J, y a suffi. Le Burkina Faso a, de son côté, sans doute prouvé que son absence du dernier rendez-vous continental était un accident. Les Burkinabè, 2e en 2013 et 3e en 2017, ont fait l’essentiel avec un 0-0 en Ouganda, le 24 mars, dans le groupe B.
ILS CONFIRMENT
La Guinée va disputer sa deuxième Coupe d’Afrique de suite, ce qui ne lui était plus arrivé depuis ses trois quarts de finales consécutifs entre 2004 et 2008. Les Guinéens ont battu 1-0 un Mali qui était déjà qualifié depuis novembre 2020, dans le groupe A.
Le Nigeria aussi réalise son premier «doublé» depuis près d’une décennie, aussi incroyable que cela puisse paraître pour une nation qui a gagné trois fois le tournoi (1980, 1994, 2013). Les Nigérians ont au passage privé le Bénin d’une qualification en gagnant de justesse 1-0 à Porto-Novo.
Le Maroc en sera à sa troisième phase finale de suite, après les CAN 2017 et 2019. Un terne 0-0 en Mauritanie a fait les affaires des Marocains, dans le groupe E.
Le Zimbabwe n’évolue pas au même niveau que le Maroc et le Nigeria. Il n’empêche, les Zimbabwéens en sont à leur troisième qualification d’affilée. Ils iront au Cameroun, comme les Algériens, après une victoire 1-0 au Botswana, dans le groupe H.
ILS SONT FIDELES AU RENDEZ-VOUS
L’Égypte, nation la plus titrée du continent (sept sacres), améliore également son record de participations en phase finale, avec une 25e en 33 éditions. Les Égyptiens ont fait match nul 1-1 au Kenya, dans le groupe G.
La Côte d’Ivoire continue de talonner l’Égypte puisqu’elle va prendre part à sa 24ème CAN. Un succès 3-0 au Niger dans le groupe K et voilà le pays de Didier Drogba sur les terres de Samuel Eto’o.
Le Ghana complète ce podium des équipes les plus assidues en Coupe d’Afrique des nations puisque ce sera sa 23e fois. Les Ghanéens ont obtenu le droit d’être présents dans neuf mois, grâce à un nul 1-1 en Afrique du Sud, dans le groupe C.
ENCORE SEPT PLACES À PRENDRE
Cinq sélections avaient déjà leur billet avant cette 5e journée : le Cameroun (pays hôte), l’Algérie (tenante du titre), le Sénégal (finaliste de la CAN 2019), le Mali et la Tunisie. Ils restent donc sept places à prendre en phase finale de la CAN 2021. Les derniers qualifiés seront connus le 30 mars, à l’issue de la dernière journée de ces éliminatoires.
ILS PEUVENT ENCORE SE QUALIFIER
Ouganda et Malawi (groupe B), Afrique du Sud et Soudan (groupe C), Mauritanie, Burundi et Centrafrique (groupe E), CapVert, Rwanda et Mozambique (groupe F), Congo et Guinée-Bissau (groupe I), Éthiopie et Madagascar (groupe K), Bénin et Sierra Leone (groupe L).
LE PROGRAMME DE LA FIN DES QUALIFICATIONS
*Les horaires sont en temps universel
DIMANCHE 28 MARS 2021
13h : Namibie – Guinée, à Windhoek [groupe A]
13h : Tanzanie – Libye, à Dar Es Salaam [groupe J]
13h : Tunisie – Guinée équatoriale, à Tunis [groupe J]
16h : Soudan – Afrique du Sud, à Omdurman [groupe C]
16h : Burkina Faso – Soudan du Sud, à Ouagadougou [groupe B]
16h : Angola – Gabon, à Luanda [groupe D]
16h : RD Congo – Gambie, à Kinshasa [groupe D]
16h : Togo – Kenya, à Lomé [groupe G]
16h : Égypte – Comores, au Caire [groupe G]
19h : Zimbabwe – Zambie, à Harare [groupe H]
19h : Algérie – Botswana, à Blida [groupe H]
MARDI 30 MARS 2021
13h : République centrafricaine – Mauritanie, à Bangui [groupe E]
13h : Madagascar – Niger, à Toamasina [groupe K]
13h : Côte d’Ivoire – Éthiopie, à Abidjan [groupe K]
16h : Guinée-Bissau – Congo, à Bissau [groupe I]
16h : Sénégal – eSwatini, à Thiès [groupe I]
16h : Sierra Leone – Bénin, à Freetown [groupe L]
16h : Nigeria – Lesotho, à Lagos [groupe L]
19h : Maroc – Burundi, à Rabat [groupe E]
19h : Mozambique – Cap-Vert, à Maputo [groupe F]
Par Mohamed SAkHO JIMBIRA
LA PLACE ESSENTIELLE DES RESEAUX SOCIONUMERIQUES DANS LA CONTESTATION AU SENEGAL
Entre le 3 et le 8 mars, le Sénégal a connu une vague de violence inouïe découlant de l’arrestation de la principale figure de proue de l’opposition, le député Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019.
Entre le 3 et le 8 mars, le Sénégal a connu une vague de violence inouïe découlant de l’arrestation de la principale figure de proue de l’opposition, le député Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019.
Accusé de « viols et menaces de mort » par une jeune femme de 20 ans, l’opposant dénonce une conspiration orchestrée par le chef de l’État Macky Sall et ses proches collaborateurs de la hiérarchie judiciaire visant à l’évincer du jeu politique, ce que le président réfute. L’arrestation d’Ousmane Sonko a déclenché de violents heurts dans tout le pays, occasionnant le saccage de biens publics, des scènes de pillage, de multiples arrestations, des affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants, et la mort d’« au moins 11 jeunes Sénégalais et plus de 590 blessés» selon Amnesty International. En signe d’apaisement, les autorités ont accepté de libérer le parlementaire en le plaçant sous contrôle judiciaire le 8 mars après sa comparution devant un juge ; il n’en demeure pas moins que la crispation est toujours palpable et la frustration encore prégnante au sein de la population sénégalaise. Au départ centrée sur la dénonciation de cette arrestation, la contestation s’est étendue à d’autres revendications – dans l’espace public et sur les réseaux socionumériques – portant sur la condamnation des entorses à la démocratie et aux libertés, l’injustice sociale, l’instrumentalisation de la justice, etc.
L’INSTRUMENTALISATION POLITIQUE DE LA JUSTICE
De nombreux experts et commentateurs l’ont amplement souligné : au Sénégal, du fait d’une collusion historique entre le politique et la judiciaire, les mesures judiciaires prises à l’encontre d’adversaires du pouvoir font souvent l’objet de soupçons. Des soupçons d’autant plus partagés par de nombreux Sénégalais que l’« affaire Sonko » contient bien des incohérences. D’autres affaires judiciaires récentes aux relents politiques ont cristallisé les tensions avant celle-ci, notamment l’emprisonnement en 2017 de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall pour détournement de fonds (il passera deux ans derrière les barreaux avant d’être gracié), celui de Karim Wade pour enrichissement illicite (condamné en 2015, il sera gracié l’année suivante), tous deux opposants au président actuel, celui de l’imam Alioune Badara Ndao en 2015 pour apologie du terrorisme, mais également de divers activistes de la société civile. Pour la petite ou la grande histoire, Khalifa Sall et Karim Wade ont été libérés, mais privés de leurs droits politiques, et l’imam Ndao a été totalement blanchi après un embastillement de plus de deux années. Il faut rappeler que déjà en 2017, le juge sénégalais Ibrahima Hamidou Dème, dans sa lettre de démission de la magistrature, pointait du doigt une certaine politisation de la justice en ces termes : une « justice fragilisée, malmenée de l’intérieur comme de l’extérieur ». Un rapport publié en 2018 par Amnesty International, intitulé Senegal : All Talk No Action, avait également tiré la sonnette d’alarme.
LE ROLE DES RESEAUX SOCIONUMERIQUES DANS LA VISIBILITE DU MOUVEMENT DE CONTESTATION : L’EXEMPLE DU HASHTAG #FREESENEGAL
Au Sénégal, l’usage d’Internet a connu une croissance rapide au cours de ces dernières années. Selon le rapport « Digital 2021 Senegal » réalisé par les agences Hootsuite et We Are Social, le pays compte plus de 7,81 millions d’internautes et 3,90 millions d’utilisateurs des médias socionumériques. Aujourd’hui, ces outils de communication sont incontournables pour des millions de Sénégalais. Ils ont joué un rôle fondamental de relais de la contestation populaire en permettant à beaucoup de Sénégalais d’exprimer leur colère, de s’informer et de communiquer vers l’extérieur. Twitter et Instagram ont été décisifs dans la visibilité et l’externalisation du mouvement de contestation, surtout dans une période où des chaînes de télévision ont été suspendues – accusées de faire la promotion d’« images de violence » –, et l’accès à Internet, aux réseaux socionumériques et aux applications de messagerie instantanée restreint, comme constaté par l’observatoire Netblocks. C’est dans ce contexte qu’un jeune internaute sénégalais lance le 3 mars le hashtag #FreeSenegal pour dénoncer ces atteintes à la liberté d’expression et alerter la communauté internationale sur les répressions policières en cours. #FreeSenegal devint vite viral : plus de 2 millions de tweets et plus de 2 milliards d’impressions (vues) recensés en seulement quelques jours. Le hashtag est très largement repris et partagé à l’échelle mondiale.
Des célébrités (acteurs, artistes, footballeurs…) et des personnalités politiques de nombreux pays en ont fait ,usage sur Twitter pour s’associer à la mobilisation et exprimer leur soutien au peuple sénégalais. Dans leur foulée et en soutien à la mobilisation, des centaines de milliers d’internautes ont à leur tour utilisé #FreeSenegal. Un chapelet de mots-clés, concentrant la défiance, l’exaspération et la colère des internautes vis-à-vis du pouvoir, vient s’ajouter par la suite à #FreeSenegal tels que #Mackydegage, #Mackydestitution, #FreeOtagesPolitiques, #Dictature, #FreeGuy, #ArsunuDemocratie, etc. Le hashtag #FreeSenegal aura ainsi permis d’amplifier et de vulgariser la dénonciation des violences policières et de la censure, et d’informer l’opinion internationale sur les atteintes à la démocratie et aux droits de l’homme. Comme souligné par le politologue américain Martin Gurri, dans The Revolt of the Public and the Crisis of Authority in the New Millennium, publié en 2014 et réédité en 2018, Internet et les nouveaux dispositifs numériques contribuent à l’effritement de l’autorité des classes dirigeantes et facilitent l’agrégation de la colère populaire. Fort de son succès, #FreeSenegal est devenu très vite le lieu de multiples revendications sociales, mais également un espace d’expression pour une partie de la population, en particulier les jeunes.
D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’avec le retour au calme, des rumeurs faisant état d’une traque des manifestants, y compris de ceux qui se sont exprimés via les réseaux socionumériques, ont commencé à se répandre, entraînant chez certains utilisateurs vivant au Sénégal la suppression de posts et de comptes. Un autre fait marquant qui témoigne du rôle joué par les réseaux socionumériques dans la mobilisation coïncide avec le moment du « recueillement connecté ». En effet, le vendredi 12 mars, les Sénégalais du monde entier ont été invités à observer 13 minutes de silence en adoptant le visuel suivant – de 20h à 20h13 GMT) – sur les plates-formes numériques en hommage aux victimes des manifestations, comme le montre ce message publié sur Twitter par le lanceur du hashtag : Un appel largement suivi par les internautes que ce soit sur Twitter, Instagram ou encore WhatsApp.
#FREESENEGAL ET MAINTENANT...
Dans le sillage des mouvements sociaux qui ont éclaté ces dernières années en Asie, en Europe, en Amérique latine… les manifestations au Sénégal ont une nouvelle fois montré que les réseaux socionumériques étendent l’horizon de l’engagement citoyen et servent de caisse de résonance aux actions de contestation populaire. Une chose est sûre, le hashtag #FreeSenegal aura inspiré tout un pan de la communauté sénégalaise. Des artistes sénégalais de renom, en particulier des rappeurs, tels que le mythique groupe Positive Black Soul, Hakil, Bril ou encore Dip Doundou Guiss l’ont bonifié en produisant des clips aux messages explicitement hostiles au pouvoir. Par exemple, dans son dernier clip, #FreeSenegal, réalisé en marge des manifestations, Dip Doundou Guiss, le rappeur le plus en vue auprès des jeunes Sénégalais, qui comptabilise plus de 1,2 million de followers sur Instagram, tire à boulets rouges sur le président de la République Macky Sall et son gouvernement. L’attitude des rappeurs contraste fortement avec celle d’autres stars sénégalaises, notamment les footballeurs et les chanteurs les plus populaires, qui ont observé un silence assourdissant dans cette controverse. Sur le plan international, le hashtag #FreeSenegal a même inspiré les internautes haïtiens, qui sont à la base du mouvement de contestation #FreeHai-ti. Ce même hashtag a donné naissance à l’initiative citoyenne #FreeSenegal, qui vise à préserver les acquis démocra-tiques du pays et à poursuivre la contestation sur Internet.
PAR MOHAMED SAkHO JIMBIRA
DOCTEUR EN SCIENCES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION, UNIVERSITé DE LORRAINE (THECONVERSATION.COM)