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7 juillet 2025
UNE NOUVELLE DE BOUBACAR BORIS DIOP
BONNE NUIT, PRINCE KOROMA
EXCLUSIF SENEPLUS - L'intrégralité de la nouvelle version du récit de notre éditorialiste etécrivain-journaliste, "La nuit de l’Imoko" paru en 2013 aux éditions Mémoire d’Encrier
L’attente au bord de la route commençait à me paraître longue. De temps à autre un nuage de poussière rouge au-dessus des acacias et un bruit de moteur précédaient le passage d’une voiture. Je me levais alors dans l’espoir de voir arriver les visiteurs. Venant de la capitale, ils ne pouvaient entrer dans la ville que par le nord, du côté de Kilembe.
Peu avant le coucher du soleil, une Volvo bleue roulant à faible allure a éteint ses phares et s’est immobilisée près du banc en bois où j’étais assis depuis bientôt deux heures. Une portière a claqué puis le conducteur s’est avancé vers moi. Il était seul et malgré son air décidé j’ai d’abord pensé que c’était un voyageur égaré ou à la recherche d’un gîte pour la nuit. Il n’était ni l’un ni l’autre.
– Je m’excuse de mon retard, Monsieur Ngango, a-t-il dit d’une voix qui me parut plutôt inexpressive.
Je lui ai tendu la main mais, me voyant un peu perplexe, il m’a demandé si j’étais bien Jean-Pierre Ngango, le médecin-chef du district de Djinkoré. J’ai fait oui de la tête en continuant à le dévisager avec attention. Il était maigre et sec, et ses yeux ardents, comme en perpétuelle alerte, me firent penser à un homme de caractère, habitué à se faire obéir au doigt et à l’œil. Dès ce premier contact, je me suis senti mal à l’aise sans savoir pourquoi. Il s’est présenté à son tour :
– Je m’appelle Christian Bithege. Nous nous sommes déjà vus à une réunion dans le bureau du ministre du Développement rural, à Mezzara…
Je lui ai dit que je ne m’en souvenais pas et son visage s’est aussitôt fermé. Il y a eu alors un silence gêné et il a déclaré en baissant la voix :
– Je viens représenter le gouvernement à La Nuit de l’Imoko…
Dans son esprit, cette phrase était le mot de passe qui devait sceller notre complicité. À Djinkoré, petite ville un peu à part et perdue au milieu de la brousse, nous étions, lui et moi, les yeux, les oreilles et la bouche de l’État. J’étais donc censé comprendre qu’il venait me rejoindre en territoire plus ou moins hostile. Je connaissais bien la mentalité de ces fonctionnaires venus de Mezzara et je leur disais parfois que j’étais un agent double travaillant en secret pour nos administrés de Djinkoré. Ils me menaçaient de me coller au poteau d’exécution, puis nous rigolions joyeusement de mes douteuses blagues anti-républicaines. J’ai cependant vite deviné que l’étranger n’était pas du genre à apprécier de telles plaisanteries. C’était sûrement un fanatique, un de ces types toujours prêts à aller jusqu’au bout de leur folie. Convaincu qu’il avait devancé le reste de la délégation, je lui ai dit :
– Les autres vont arriver demain, je suppose…
– Les autres ?
– Oui… Vos collègues.
Ma question l’a visiblement agacé, sans doute parce qu’il s’y attendait.
– Je suis seul, comme vous voyez, a-t-il fait en pinçant ses lèvres minces.
Je n’avais pas imaginé un instant qu’il pût être à lui seul toute la délégation. C’était d’une totale absurdité. J’ai insisté :
– Je parle de la délégation officielle envoyée chaque année par le gouvernement à La Nuit de l’Imoko…
Je me rends compte aujourd’hui, en essayant de me souvenir de ces événements pour les rapporter avec fidélité, que c’est à cet instant précis que la situation m’a échappé. Je tenais là une belle occasion de coincer le nouveau venu, de lui faire sentir que j’avais flairé son imposture et qu’il risquait gros. Malheureusement, je perds presque toujours mes moyens dans les moments décisifs et ça n’a pas loupé cette fois-là non plus. Il a vu qu’il m’intimidait et a jeté sur moi un regard à la fois ironique et compatissant. Je devais me rendre compte par la suite que Christian Bithege était un redoutable connaisseur de l’âme humaine. Nous avons repris le chemin de Djinkoré. Sa Volvo n’était plus en très bon état : le toit de la voiture était lacéré, des fils pendaient sous le volant et l’intérieur sentait l’essence. Il y avait aussi sur le plancher et entre les sièges des épluchures de mandarine et des petites bouteilles d’eau minérale Montana. Nous sommes restés silencieux pendant tout le trajet. Il avait une mine renfrognée et de toute façon je n’avais aucune envie de causer moi non plus. Toutes sortes de questions se bousculaient dans ma tête. Pourquoi le gouvernement avait-il décidé d’envoyer un seul fonctionnaire à la Nuit de l’Imoko? Jamais une chose aussi bizarre n’était arrivée auparavant. Bien avant d’être affecté dans cette ville, je savais que tous les sept ans les ministres, les députés, les chefs des grandes entreprises et le président de la République lui-même venaient en masse s’y faire filmer aux côtés du souverain de Djinkoré. Mes lecteurs savent autant que moi pourquoi il a toujours été si vital pour nos politiciens de plaire à ce vieux monarque fantasque et cupide. Je ne m’étendrai donc pas sur le sujet. En revanche, j’aimerais bien qu’on me dise pourquoi la nuit de l’Imoko avait soudain perdu de son importance aux yeux de ces gens. Aurait-on décrété à mon insu que l’on ne voterait plus dans notre pays ? Une chose me semblait en tout cas certaine : les habitants de Djinkoré, qui avaient fini par hisser la nuit de l’Imoko à la dimension d’un événement planétaire, allaient très mal prendre cette décision. J’ai commencé à avoir peur pour Christian Bithege et pour moi-même. Je ne le voyais tout simplement pas se lever et, face à toute la cour royale, faire un discours au nom du chef de l’État. Un affront d’une telle gravité pouvait lui coûter la vie sur-le-champ. J’étais un fonctionnaire comme lui, il allait loger chez moi, et cela me mettait en danger, moi aussi. À l’entrée de Djinkoré, je lui ai indiqué presque à contrecœur le chemin de ma maison. En le voyant poser ses affaires dans un coin du salon, je n’ai pas pu m’empêcher de revenir sur le sujet qui me tracassait tant :
– Vous savez, j’avais fait préparer plusieurs chambres pour vous et vos collègues...
– Une seule suffira, a-t-il répliqué sèchement.
Comme tous les fonctionnaires en poste à l’intérieur du pays, j’avais un logement assez vaste. J’ai voulu installer mon hôte dans la grande pièce réservée aux chefs de délégation, mais il l’a refusée après une brève inspection. Elle était trop proche, selon lui, de la cuisine. Gilbert, le boy, lui a aménagé une autre chambre. Le dîner a été maussade, comme je m’y attendais. Mon invité n’a presque pas touché aux plats de viande – des brochettes de mouton et de pintade –, mais s’est régalé de Biraan Jóob, ces mangues farineuses et sucrées, qu’il découpait avec soin en toutes petites tranches avant de les laisser fondre sur sa langue. Je lui ai proposé du vin. Il ne buvait pas et il me l’a fait savoir en désignant sa bouteille de Montana en face de lui. Les chichis de ce frugivore-buveur-d’eau, ça commen- çait à m’agacer sérieusement. J’ai surtout regretté, ce soir-là, certains dîners avec d’autres fonctionnaires de la capitale en mission à Djinkoré. Ceux-là étaient beaucoup plus drôles, il faut dire ; ils foutaient dès le premier soir un bordel pas possible chez moi, mais j’aimais ça. Ils faisaient au moins revivre la maison, devenue si triste depuis que Clémentine s’était barrée avec Sambou, un des infirmiers de mon service. Avec eux, la conversation ne manquait jamais de piquant. Ils se saoulaient de tiko-tiki, notre vin de palme qui est si fort comme chacun sait. Je les entends encore se jurer, de leurs voix pâteuses d’ivrognes, de moraliser la vie publique de notre pays. Ils allaient d’abord mettre un terme à la ronde infernale des alliances politiques contre-nature et des trahisons et rétablir la peine de mort, boum-boum pour les crimes économiques, l’hô- pital est mal construit, ses murs s’effondrent sur les malades, feu et feu encore sur l’entrepreneur véreux ! Voilà, ces choses-là devaient être dites une fois pour toutes, très clairement, les Blancs nous font chier avec leurs droits de l’homme, on n’a pas la même histoire, hé, hé, qu’ils se torchent longuement le cul avec les dollars de leur aide, ha, ha. Après avoir déroulé ces vigoureux projets de réforme politique, nous mettions la musique à fond, les filles de Djinkoré étaient là, on se trémoussait ensemble sur une piste improvisée et elles restaient dans nos bras jusqu’au lever du soleil. Je me souviens aussi que mes confrères de Mezzara posaient toutes sortes de questions, des questions parfois très naïves, sur les mœurs des habitants de Djinkoré. Bien sûr, ils voulaient toujours tout savoir sur la fameuse nuit de l’Imoko. Était-il vrai que personne n’avait jamais vu le roi de Djinkoré manger ou boire ? Et cette histoire de passer la nuit parmi les étoiles ? C’était vrai, ça, qu’il remontait au ciel avec la Reine-Mère qui n’en finissait pas de se plaindre de son arthrite pendant l’ascension et de dire qu’elle en avait plus que marre, que ce n’était quand même plus une occupation de leur âge ? Mes invités avaient toujours l’air plutôt sceptiques, tout ça leur paraissait un peu trop joli-joli, mais moi, je ne voulais pas me mêler de choses aussi compliquées. Je me contentais de leur répéter ce qu’ils savaient déjà.
À Djinkoré, tous les sept ans, les Deux Ancêtres se lèvent d’entre les morts et pendant une nuit entière, la nuit de l’Imoko, ils disent à leurs descendants comment ils doivent se comporter pendant les sept années suivantes. C’est aussi simple que cela. C’est la nuit où tous les criminels sont confondus, celle aussi où les femmes infidèles, les maris indignes et les chefs injustes sont rappelés à l’ordre par la voix courroucée et tonitruante des Deux Ancêtres. Djinkoré est alors pétrifié par la peur, car chacun redoute que dans leur colère les Deux Ancêtres ne fassent disparaître la ville sous les eaux ou sous une coulée de lave incandescente. Le royaume retient son souffle jusqu’à l’aube et, avant de retourner à leurs nuages, les Deux Ancêtres font connaître le nom de celui qui est appelé à s’asseoir pendant sept ans sur le trône millénaire de Djinkoré. Comme je l’ai dit, mes hôtes savaient déjà tout cela. Après tout, on ne les avait pas choisis au hasard pour représenter le gouvernement à la nuit de l’Imoko. Cependant, ils étaient toujours friands de détails insolites, le genre de choses qu’on aime raconter à ses amis après un long voyage. Certains d’entre eux s’extasiaient, par exemple, sur le fait que les Deux Ancêtres étaient un homme et une femme. Ils y voyaient la preuve d’un sens inné de l’équité chez les habitants de Djinkoré, une «approche genre» avant la lettre et, pour le dire sans fausse modestie, une magistrale leçon de «bonne gouvernance» au reste de l’humanité.
J’étais un peu choqué par la frivolité de mes collègues fonctionnaires, mais je les trouvais somme toute bien sympathiques et faciles à vivre. Comme ma soirée avec Christian Bithege était différente ! Sous la pâle lumière du salon, bien calé dans un fauteuil, il feuilletait ses documents en jetant de temps à autre un regard vide autour de lui. L’atmosphère était si lourde que Gilbert, mon boy, faisait sa tête des mauvais jours. Il m’a d’ailleurs dit par la suite qu’il avait détesté Bithege à la seconde même où il l’avait vu sortir de sa Volvo bleue.
Le lendemain, nous sommes allés acheter des bananes et des goyaves au marché. Gilbert aurait pu s’en charger à notre place, mais Bithege avait envie de découvrir le centre-ville de Djinkoré. Nous n’étions plus qu’à quatre jours de la Nuit et, de part et d’autre de la rue principale – en fait une large bande de latérite –, on s’affairait aux préparatifs de la cérémonie. Bithege et moi avons croisé plusieurs groupes de danseurs montés sur des échasses, sifflets à la bouche. Des jeunes femmes vannaient ou pilaient du mil en fredonnant de vieux airs. La nuit de l’Imoko était naturellement au centre de toutes les conversations. Quelques-uns pestaient contre la hausse soudaine des prix du sucre et de l’huile et d’autres pariaient que la Nuit ferait venir au moins deux millions de visiteurs à Djinkoré. Plusieurs personnes levèrent la tête de leur ouvrage pour nous saluer tout en observant mon compagnon à la dérobée. Bithege leur répondait chaque fois par un vague mouvement de la tête, mais il avait visiblement l’esprit ailleurs. Je me demande aujourd’hui, avec le recul, si certains n’avaient pas pressenti, dès cet instant, la tragédie qui allait survenir peu de temps après. Il faut dire qu’à l’approche de la nuit de l’Imoko, les habitants de Djinkoré ne sont plus tout à fait les mêmes. Attendre la venue des Deux Ancêtres est presque au-dessus de leurs forces et ils sont très tendus. Une fois redescendus sur la terre, les Deux Ancêtres sont bien obligés de parler : que vont-ils dire ? Nul ne le sait à l’avance et tout événement plus ou moins inattendu – la présence de Christian Bithege à Djinkoré, par exemple – est interprété, avec un mélange d’inquiétude et d’espoir, comme un présage.
– Les gens m’ont l’air un peu nerveux, a déclaré l’étranger. – Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
– Ça se voit bien.
Ce type était réellement spécial.
– Vous avez raison, ai-je reconnu, il y a toujours une certaine tension dans l’air avant l’apparition des Deux Ancêtres. Ce sera ma troisième Nuit et je vais éprouver les mêmes sensations que la première fois, il y a quatorze ans. C’est une expérience qu’on ne peut pas oublier.
– Ne vous en faites pas, ça va très bien se passer.
Il s’était exprimé sur un ton assez méprisant. Il semblait dire que toute cette affaire, c’était du cinéma pour tenir en laisse le petit peuple. Je n’étais pas loin de penser comme lui, mais je me suis senti un peu vexé malgré tout.
Nous nous sommes arrêtés devant l’étal du vieux Casimir Olé-Olé, le vendeur de fruits. J’ai fait les présentations.
– Monsieur Bithege est venu pour la Nuit. Il représente le gouvernement cette année.
Le fonctionnaire a hoché la tête et s’est incliné légèrement. Les deux hommes se sont jaugés sans mot dire pendant quelques secondes en se serrant la main. Le vieux Casimir Olé-Olé, c’était ce qu’on appelle un personnage. Il avait construit une cahute sur le seuil de sa maison, juste en face du marché, et restait assis là toute la journée, agitant sans cesse un chasse-mouches au-dessus de sa marchandise – mangues et ditax, tranches de noix de coco et poisson séché. Il se donnait un mal fou pour paraître niais et même complètement insignifiant, et je crois bien que son plus grand rêve était de se métamorphoser en ombre pour pouvoir se glisser partout et voir sans être vu. Il disait par toute son attitude : «Je m’appelle certes Casimir Olé-Olé, vous me voyez bien en face de vous, mais je vous en supplie, oubliez-moi, je n’existe pas.» Le rusé bonhomme faisait de même semblant d’être sourd. Quoi que vous puissiez lui dire, il vous demandait toujours de répéter votre phrase en plaçant, en un geste caractéristique, une main contre le lobe de son oreille droite. Mais pendant qu’il vous jouait sa petite comédie, ses yeux malicieux disaient clairement qu’il vous avait bel et bien entendu. Du reste, chaque fois que j’observais Casimir Olé-Olé à son insu, j’avais l’impression qu’il surveillait les allées et venues de tous les habitants de Djinkoré et qu’il avait à cœur de savoir ce que chacun d’eux pensait à chaque instant de sa vie. Soupçonneux et solitaire, Casimir Olé-Olé était pour moi une énigme absolue. Bien qu’il vécût dans la misère, je me disais parfois que le jour de sa mort on trouverait sous son matelas une très forte somme d’argent, des millions peut-être ; d’autres fois, j’étais à peu près convaincu qu’il travaillait en secret pour la police. Si je rapporte tout cela, c’est surtout pour faire comprendre à quel point j’étais excité par la rencontre entre Christian Bithege et Casimir Olé-Olé. Ce dernier allait-il enfin baisser la garde ? C’était la seule chose qui m’intéressait et, dans un sens, je ne fus pas déçu. De façon assez inhabituelle, Casimir Olé-Olé s’est montré plutôt prévenant envers notre hôte et a fait rouler la conversation, d’une voix neutre, sur la nuit de l’Imoko. À l’en croire, c’était faire preuve d’une grande sagesse que de laisser les morts décider de tout à la place des vivants.
– Je pense moi aussi que c’est une bonne idée, a déclaré Bithege en pesant lui-même les bananes qu’il venait de choisir une à une, avec beaucoup de soin.
Son ton était si neutre que je n’ai pas pu savoir s’il était sérieux ou s’il se moquait des habitants de Djinkoré. Il s’est toutefois un peu agacé quand Casimir Olé-Olé lui a demandé de répéter ce qu’il venait de dire. Il s’est exécuté et le marchand de fruits s’est écrié :
– Oui ! Comme ça au moins, on est tranquilles, les morts sont plus justes que nous !
L’étranger a alors fait remarquer que nulle part au monde on ne se comportait de la même façon que les gens de Djinkoré. Après quelques secondes de réflexion, il a ajouté d’un air entendu :
– Mais comment savoir qui a raison ?
Oubliant de jouer au sourd, Casimir Olé-Olé l’a regardé longuement et a dit :
– Moi, Casimir Olé-Olé, je ne sais pas qui a raison… Mais je dis ceci : pourquoi aurions-nous tort, nous de Djinkoré ?
Qui peut me dire pourquoi tous les autres auraient raison, d’une manière ou d’une autre, et pas nous ?
Au moment de payer, Bithege lui a remis un billet de cinq mille francs. Casimir Olé-Olé a essayé de le rouler en faisant semblant de ne plus avoir de menue monnaie. En une fraction de seconde, le fonctionnaire est entré dans une colère froide, terrifiante mais quasi imperceptible. Il a tout fait pour le cacher, mais j’ai décelé chez lui une violence subite et incontrôlée ; j’ai bien vu qu’il était prêt à faire du scandale et peut-être même à frapper Casimir Olé-Olé. La main tendue, il a insisté d’un air buté pour recevoir son dû. J’ai levé la tête vers le vieux marchand et quand nos yeux se sont rencontrés, j’ai compris que nous venions de communier dans une haine silencieuse à l’égard du nouveau venu. Il m’a semblé que Bithege s’en était rendu compte, mais qu’il s’en moquait bien. Lorsque nous nous sommes éloignés, il a observé :
– C’est un numéro, ce Casimir Olé-Olé.
Le marchand de fruits l’avait intrigué et il comptait sur moi pour mieux le cerner. J’ai éprouvé une mesquine satisfaction à ne pas lui rendre ce service. J’ignorais alors que l’étranger avait mis en place, avant même de venir à Djinkoré, son petit réseau d’informateurs. Il avait dû distribuer de gros billets de banque, car il s’était fait des amis jusqu’au Palais royal où, soit dit en passant, je n’avais jamais osé mettre les pieds. L’expression ‘’palais royal’’ fera peut-être sourire, mais je n’en connais pas d’autre pour désigner la maison du Roi, même si le souverain en question, alcoolique et extravagant, n’a d’autre souci que de faire voter ses sujets à toutes les élections nationales pour le candidat le plus généreux en tonnes de riz et billets de banque.
S’il est un jour que je n’oublierai jamais, c’est celui où j’ai entendu Christian Bithege prononcer pour la première fois le nom du Prince Koroma. Ce n’était pas un crime de prononcer le nom du Prince, mais ce n’était pas non plus très prudent. À Djinkoré, nous ne nous mêlons pas des affaires des grands du royaume, nous leur obéissons sans même prétendre savoir qui ils sont, où ils vivent et comment ils s’appellent. J’ai donc conseillé à Bithege de faire attention. Au lieu de se taire, il a voulu que je lui donne mon avis sur les chances du Prince Koroma de devenir Roi de Djinkoré.
– Les Deux Ancêtres n’ont pas encore parlé, ai-je répondu prudemment.
Il a déclaré, de l’air de celui qui n’était pas dupe :
– Allons ! Allons ! On sait toujours ces choses-là à l’avance.
– Eh bien, moi, je n’en sais rien, Monsieur Bithege.
J’étais de plus en plus excédé par ses manières arrogantes et je tenais à le lui faire savoir. Ça ne l’a pas empêché d’insister :
– Vous êtes ici depuis quinze ans, vous connaissez bien le Prince Koroma.
– Je vous l’ai déjà dit, votre comportement nous met en danger.
– Je dois tout savoir, vous comprenez ça ?
Il avait élevé la voix sans paraître particulièrement fâché.
– Je ne sais rien du Prince Koroma, ai-je dit sur un ton ferme. Parlons d’autre chose s’il vous plaît.
Mon mensonge a paru l’amuser.
– Eh bien, je vais vous le présenter, a-t-il lancé avec une désinvolture étudiée.
– Me présenter qui…?
– Le Prince Koroma.
– Ah oui ?
J’aurais bien voulu pouvoir me montrer d’une mordante ironie, mais mon cœur battait très fort. Il fallait que ce type fût complètement cinglé pour se comporter avec une telle légèreté.
– J’ai eu plusieurs discussions avec le Prince, a-t-il dit. Il a promis de venir me rendre visite ici.
Je me suis fait presque menaçant :
– Je n’aime pas qu’on se moque de moi, Monsieur.
Nous étions ensemble depuis quelques jours et c’était la deuxième fois que je l’appelais «monsieur ». Il m’a alors parlé avec gravité, presque comme à un ami :
– Je ne me moque pas de vous. J’ai rencontré le Prince à deux reprises. Parler avec les gens importants fait partie de mon travail. Il faut que vous le sachiez, je ne suis pas comme ceux qui venaient à Djinkoré avant moi.
Le message était sans ambiguïté : Christian Bithege me demandait de choisir mon camp. Après tout, j’étais au service de l’État, moi aussi. Peut-être touché par mon désarroi, il m’a confié sur le même ton bienveillant :
– Je vais avoir une troisième rencontre avec le Prince Koroma et il est important que personne ne nous voie ensemble cette fois-ci. Il viendra discrètement chez vous, mais il faut que cela reste entre nous…
À partir de cet instant, je me suis senti à la merci de l’étranger. Nous avons causé de tout et de rien pendant deux ou trois heures et, sans le vouloir tout à fait et sans avoir non plus la force de m’arrêter, je lui ai dit tout ce qu’il voulait savoir sur le Prince Koroma. Il m’a posé des questions très précises et j’ai bien vu à plusieurs reprises que nous étions en train de franchir la frontière qui sépare une conversation normale d’un interrogatoire en bonne et due forme. Au fil des minutes, il m’est apparu très nettement que ce qui se jouait, c’était le destin politique du Prince Koroma. Christian Bithege voulait que le Prince remplace son père quasi centenaire, mais l’apparente instabilité mentale de Koroma le faisait hésiter.
– Ce Prince Koroma, est-il vraiment… capable ?
Cette question était revenue plusieurs fois dans la conversation, de façon ouverte ou insidieuse. Elle signifiait : il saura certes ce qu’il nous doit, mais sera-t-il assez fort pour faire face aux intrigues de ses ennemis ? J’aimais le Prince Koroma et, pour plaider sa cause, je me suis décidé à révéler à Bithege une petite anecdote personnelle. Je lui ai dit que le Prince était déjà venu me voir à la maison. Il s’est aussitôt animé :
– Ah oui… ? Comment cela ?
Je ne l’avais pas encore vu aussi peu maître de lui.
– Voici comment c’est arrivé, ai-je répondu. Une nuit, on a frappé à ma porte vers trois heures du matin. J’ai ouvert. C’était le Prince Koroma. Il m’amenait le fils d’un des gardiens du Palais. Le gamin de cinq ou six ans avait eu une violente attaque de palu…
– Un gamin de cinq ou six ans… a-t-il répété sans me quitter des yeux. Ensuite ?
– J’ai fait une piqûre à l’enfant.
Bithege a eu un geste d’impatience. « Il doit penser que nous sommes tous deux de minables amateurs, le Prince Koroma et moi», me suis-je dit. Mon histoire ne l’intéressait pas et peut-être même la trouvait-elle ridicule.
– Il a très bon cœur, le Prince, a-t-il déclaré. Mais n’êtes-vous pas en train de me parler d’un grand rêveur ? N’est-il pas de ces jeunes idéalistes qui s’imaginent qu’on peut changer les hommes ?
Je me suis senti au pied du mur. Au fait, qui était-il, ce haut fonctionnaire venu de Mezzara ? Il ne m’avait pas encore dit en quoi consistait exactement son travail là-bas, dans les bureaux de la capitale, mais je commençais à avoir ma petite idée là-dessus. J’avais sans doute affaire à un haut responsable de la police politique. J’étais en tout cas bien obligé d’admettre qu’il avait percé à jour le Prince Koroma. Ce dernier n’était pas à sa place dans la maison royale de Djinkoré, déchirée par de sanglantes rivalités. Avec son air un peu mélancolique, le Prince, d’une bonté d’âme foncière, était comme un ange perdu dans cet univers impitoyable. Tout cela, Bithege le savait. Il en cherchait simplement la confirmation. J’ai souri intérieurement en songeant que la seule façon d’aider le prince Koroma, c’était de dire à Bithege : «Ce type, tout à fait entre nous, c’est un salaud de la pire espèce, il est prêt à tout pour arriver à ses fins et vous pouvez me croire, sa main ne tremblera pas au moment de s’abattre sur ses ennemis !»
Je n’ai pas pu m’y résoudre.
– À Djinkoré, les gens aiment le prince Koroma, ai-je au contraire martelé en désespoir de cause.
– Pourquoi ?
– Je ne sais pas trop.
C’était une réponse absurde et il me l’a fait remarquer à sa façon sournoise :
– Il y a bien une raison… En quels termes parle-t-on le plus souvent de lui ?
– On dit ici qu’il respecte la religion de ses ancêtres. Voilà pourquoi il est si aimé par les habitants de Djinkoré.
– Il respecte la religion de ses ancêtres…
C’était comme si Bithege prenait mentalement note de cette information.
J’ai renchéri :
– C’est un jeune homme qui ignore le doute. Bien des membres de la famille royale jouent avec… avec…
J’avais du mal à trouver mes mots et il m’a encouragé à continuer :
– Allez-y, je vous suis très bien...
– J’admire sa force.
– Sa force ? Que voulez-vous dire ?
– Vous savez, quand on vous raconte que vos ancêtres morts depuis trente siècles reviennent tous les sept ans sur terre pour un brin de causette nocturne, vous avez beau y croire, il y a quand même des jours où vous vous demandez si tout cela est bien vrai.
– Je vois ce que vous voulez dire, a observé l’étranger avec un sourire ambigu.
– Eh bien, voilà, il faut être fort pour ne jamais douter. Vous avez des petits malins qui pensent que toutes ces histoires au sujet des Deux Ancêtres sont des blagues puériles, mais qui en profitent pour dominer leurs semblables et s’enrichir. Et puis vous avez des milliers de braves gens qui se tiennent, eux, dans la pleine lumière de l’espérance. Le Prince Koroma est de ceux qui n’ont jamais douté. Il est réellement persuadé que les Deux Ancêtres quittent leurs tombeaux pour venir se promener pendant une nuit dans les rues de Djinkoré.
– On peut aussi appeler cela de la naïveté, vous ne croyez pas ?
Son visage est resté impassible et je n’ai pas réussi à savoir s’il se félicitait ou non de la candeur du Prince.
J’ai répondu, après un moment de réflexion :
– C’est possible. Peut-être aussi que cela prouve surtout sa force morale.
Il a hoché lentement la tête, songeur :
– Mais tout de même, à quoi sert la force morale sans la force tout court ?
C’était difficile de savoir quoi répliquer à cela.
Il a ajouté :
– Pour le reste, je suis bien d’accord avec vous, des centaines de millions de gens sur la terre se débrouillent très bien avec des fables complètement délirantes. C’est ce que Casimir Olé-Olé a voulu nous dire hier... Accepter d’être les seuls à ne jamais avoir raison, ça n’a aucun sens, c’est nous résigner à une lente mort spirituelle. Chimères pour chimères, pourquoi ne pas nous fier à celles de nos ancêtres ?
Ce qu’il venait de dire là, c’était un bon point pour le Prince Koroma. J’ai enfoncé le clou :
– Le Prince Koroma fera de bonnes choses pour les habitants de Djinkoré. Le moment est peut-être venu pour ce royaume d’avoir à sa tête un être d’une aussi grande pureté d’âme. (FIN 3)
L’étranger a souri d’un air complice, sans toutefois rien laisser paraître de ses sentiments réels :
– Pureté d’âme… Vous êtes philosophe, vous, à ce que je vois.
La veille de la nuit de l’Imoko, j’ai trouvé Bithege assis au milieu de la cour. Il paraissait reposé et – pour la première fois depuis son arrivée à Djinkoré – d’humeur plutôt badine.
– J’observe ces lézards depuis quelques minutes, m’a-t-il dit, ils glissent le long du mur puis vont se perdre dans les hautes herbes…
J’ai approuvé de la tête sans rien comprendre à ses propos et il a poursuivi :
– J’aimerais bien savoir où ils vont après, les lézards. Où vont-ils, à la fin des fins ?
J’ai souri :
– Tiens-moi au courant quand tu le sauras, Christian. Moi, je file au dispensaire, nous sommes débordés en ce moment.
C’était la première fois que je le tutoyais.
– Ah ! Votre nuit de l’Imoko, bien sûr…
– Des diarrhées et des évanouissements. Rien de grave, mais nous devons être prévoyants.
Il a proposé de venir avec moi :
– Écoute, le Prince ne sera là que dans une heure, ça me laisse le temps de te déposer au dispensaire et de revenir ici.
– C’est bon, on y va.
– Alors je vais me changer en vitesse.
Pendant que je l’attendais dans la cour, j’ai entendu un cri tout près de la porte d’entrée. Il y a eu ensuite un silence qui m’a paru assez long. Bithege est aussitôt ressorti de sa chambre, une serviette autour des épaules.
– Que se passe-t-il ?
– J’ai entendu un cri.
– Tu ne sais pas ce que c’est ?
Je me suis peut-être fait des idées, mais j’ai eu l’impression qu’il me soupçonnait tout à coup de lui cacher quelque chose. La même petite lueur de méchanceté a brillé dans son regard fixe et dur. C’était effrayant comme l’expression de son visage pouvait changer d’une seconde à l’autre. Quand il y a eu un deuxième cri, encore plus fort, il a jeté sa serviette sur le canapé et s’est précipité dans la rue. Je l’ai suivi. Au bout de quelques mètres, je l’ai vu s’arrêter pour parler avec le Prince Koroma qui venait dans notre direction. Complètement hébété, le Prince tournait la tête de tous côtés en marmonnant des propos incohérents. Entre deux phrases, il répétait : «Je les ai vus… Je les ai vus…»
– De qui parlez-vous, Prince ?
– Ils s’amusaient comme des enfants ! Je vous jure que je les ai vus !
– Qui ? Qui donc ?
– Ils se moquent de nous… Savez-vous qu’ils se moquent vraiment de nous ? Comment osent-ils ?
– Dites-nous ce que vous avez vu, Prince Koroma. Qu’avez-vous vu ?
Aujourd’hui, près d’un an après les événements de cette journée, j’ai au moins une certitude : Bithege avait immédiatement perçu l’extrême gravité de la situation. Moi, j’étais en plein cirage. Je crois aussi que le Prince Koroma me faisait bien trop pitié pour que je puisse penser à autre chose. Son visage, habituellement d’une rayonnante douceur, s’était brusquement assombri. Il ne faisait aucun geste de trop ; son corps semblait se mouvoir avec précaution dans un invisible et dangereux labyrinthe. Ses yeux hagards étaient ceux d’un halluciné encore hanté par ses visions.
À force de patience, Bithege réussit à lui faire raconter son histoire.
Elle était toute simple.
Se promenant seul dans la forêt de Diandio, le Prince Koroma avait entendu un bruit inaccoutumé. Il s’était alors dissimulé derrière un buisson. Et là, il avait surpris les notables de Djinkoré en train de préparer à leur manière la nuit de l’Imoko. Pour le dire aussi crûment que possible, sans jouer avec les mots, les vieux salopards se répartissaient les rôles et mettaient au point leurs foutaises pour la nuit de l’Imoko. Toi, tu seras l’Ancêtre Numéro Un. Non, t’es vraiment con, ne marche pas aussi vite, tu as trois mille ans et tu viens de sortir du tombeau, alors voici comment tu dois te bouger, pareil pour toi Numéro Ancêtre Deux, n’oublie jamais que tu es censée être une charmante vieille dame, tu as cette fichue arthrite, etc., etc. J’ai forcé un peu le trait, je l’avoue, mais c’est juste pour rester fidèle au récit chaotique du Prince Koroma. Ce dernier, qui n’avait jamais été témoin d’une scène aussi affreuse, ajouta que les notables se livraient à leur comédie en se moquant de la crédulité de la populace. Ils chantaient et dansaient de manière grotesque entre deux larges gorgées de tiko-tiki. Celui qu’ils appelaient Ancêtre Numéro Un dut s’y reprendre à plusieurs reprises pour donner l’impression que sa voix, rauque et profonde, venait tout droit des profondeurs de l’abîme et ses complices le gratifièrent d’un tonnerre d’applaudissements. Tous se grimaient avec du kaolin, de la cendre et du charbon et se fabriquaient des vêtements avec des feuilles et des écorces arrachées aux arbres. De sa cachette, le Prince Koroma les entendit prononcer plusieurs fois son nom. Ils disaient avec des éclats de rire d’ivrognes que le Prince Koroma serait un bon roi pour eux, car c’était un parfait crétin. Bithege fit semblant d’être révolté par les révélations du Prince :
– Prince Koroma, connaissez-vous ces mauvaises personnes ?
– Tout ça, c’est le vieux Casimir Olé-Olé, répondit le Prince Koroma. Il est leur chef.
– Le chef de qui ? fit encore Bithege. Nous voulons connaître les noms des autres.
Mais le Prince Koroma n’était déjà plus avec nous. Il dit, très lentement cette fois-ci :
– Ainsi donc, toutes ces choses sont des inventions.
J’aurais voulu dire quelque chose, mais les mots se refusaient à moi. J’étais fasciné par la métamorphose du Prince Koroma : il venait de perdre la raison et il ne la retrouverait plus jamais.
– Calmez-vous, Prince, nous ne les laisserons pas faire, dit Bithege.
– Ce sont des mensonges, hurla le prince, ils font dire ce qu’ils veulent aux Deux Ancêtres ! Casimir Olé-Olé est leur chef !
– Casimir Olé-Olé… murmura Bithege.
Il ne semblait guère surpris d’apprendre que le vieux vendeur de fruits était au centre de toute cette histoire. Il restait cependant un peu tendu.
– Il faut tuer Casimir Olé-Olé, suggéra soudain le Prince Koroma avec un calme étrange.
– Mais pourquoi donc ? ai-je demandé, affolé.
Bien sûr, je n’aimais pas ce que les vieux notables de Djinkoré avaient fait, je n’aimais pas ça du tout, mais je ne comprenais pas non plus qu’on veuille les tuer. Je sais aujourd’hui ce qui me faisait tant paniquer à l’époque : c’était de sentir que j’allais bientôt être mêlé, d’une façon ou d’une autre, à un meurtre politique.
– La nuit de l’Imoko ! cria le Prince. La nuit de l’Imoko ! Je vais dire aux habitants de Djinkoré que c’est un mensonge ! Toutes ces choses, ce sont des mensonges !
Le plus calme de nous trois, c’était bien entendu Christian Bithege. Il tenait beaucoup à savoir si le prince avait eu le temps de raconter sa mésaventure à d’autres habitants de Djinkoré. Quand il eut la certitude que nous étions les seuls à en être informés, il lui dit avec un profond respect dans la voix :
– Prince, allons ensemble dans la forêt de Diandio. Casimir Olé-Olé et sa bande seront châtiés comme ils le méritent.
J’ai failli crier au prince Koroma : « Non, surtout ne faites pas cela ! Ne le suivez pas Prince !» Je n’en ai pas eu le courage. De toute façon, il ne m’aurait même pas entendu. Plus rien n’avait désormais de l’importance pour lui. Bithege m’a fait signe de monter à l’arrière de la Volvo et, tel un automate, le Prince s’est assis à ses côtés. Devant la forêt de Diandio, Bithege m’a prié de les laisser seuls un instant. Ce n’était pas nécessaire, je savais très bien ce qui allait se passer. Bithege prit une sacoche marron dans le coffre. Ses gestes étaient précis et de tout son être se dégageait une impression de farouche et sauvage résolution. Je l’ai regardé prendre le Prince Koroma par la main et s’enfoncer avec lui parmi les hautes herbes. Il est revenu seul au bout de quarante-cinq minutes.
– On y va, a-t-il dit en faisant tourner le moteur de la voiture.
«Je suis déjà bien en retard, ai-je pensé. Au dispensaire, ils vont se demander ce que je suis devenu.» J’essayais sans doute de me convaincre que la vie continuerait comme avant. Mais ce n’était pas si simple. Mon double ne me laissait pas tranquille, il martelait mon crâne avec la même question : «Que vas-tu devenir, après ça ?»
Bithege m’a brusquement annoncé qu’il rentrait le soir même à Mezzara. J’ai fait comme si je n’avais rien entendu et il a ajouté :
– La délégation officielle arrive demain. Elle sera conduite par le Big Boss en personne. Je lui fais mon rapport cette nuit.
Le Big Boss… Il s’était bien payé ma tête, en fin de compte, Christian Bithege. Le silence dans la voiture était pourtant moins pesant que le jour de son arrivée. Si je me taisais cette fois-ci, c’était moins par hostilité à son égard que pour me tenir loin des ténèbres qui risquaient de m’engloutir après le meurtre du Prince Koroma.
Bithege a dit ensuite, sans se tourner vers moi :
– C’était la seule solution…
– Je sais bien.
Même si j’avais du mal à l’admettre, je pensais sincèrement que, d’une certaine façon, ce fils de pute n’avait pas eu le choix. Sans doute encouragé par ma réaction, il a repris :
– Tout s’est passé très vite. Il n’a pas souffert.
– Vous êtes trop bon, Monsieur.
Je ne sais toujours pas d’où m’était venu subitement tant de mépris pour cet homme si sûr de lui. Il a reçu de plein fouet cette sorte de crachat à la figure et au moment où je sortais de la voiture il a dit simplement, avec calme :
– Merci pour tout. Adieu.
Il n’a pas attendu ma réponse, mais j’ai compris le sens de son dernier regard, qui m’a presque fait pitié : «J’ai fait ce que j’avais à faire, tant pis pour toi si tu ne l’as pas compris.»
La suite de mon histoire, je m’en souviens comme si c’était hier.
Les Deux Ancêtres sont descendus sur Djinkoré illuminée par un grandiose feu d’artifice et, au petit matin, la foule en délire s’est déchaînée : «Gloire à notre nouveau roi ! Gloire à Casimir Olé-Olé !» Le Président de la République est alors apparu aux côtés de Casimir Olé-Olé, raide, quasi pétrifié, avec sur le visage cet air de lassitude et de bienveillante sévérité qui ne le quitte pas depuis des années.
Par Guimba KONATE
REVOILÀ CHARLIE HEBDO
Dans cette entreprise de rediffusion des caricatures tant honnies, le délit de provocation est manifeste et chagrine tout musulman qui se respecte
Revoilà Charlie Hebdo dans ses entreprises de provocations et d’insultes de l’ISLAM . En republiant avec morgue, les caricatures insultantes du sceau des prophètes qui leur avaient valu une « punition » mémorable qu’on ne leur souhaitait tout de même pas, revoilà Charlie Hebdo dans ses œuvres . Ce faisant, on se pose la question de savoir : A quoi joue le journal ? On a du mal à comprendre le bien-fondé d’une telle démarche si ce n’est pas de la provocation délibérée envers l’Islam.
Messieurs de Charlie Hebdo, Personne ne vous a demandé de vous courber et il n’était donc pas nécessaire de le clamer haut et fort avec force renfort de republication de la cause de tous vos malheurs. La tuerie du 07 janvier 2015 dont vous aviez fait l’objet avait été condamnée par toute la planète terre et avait donné lieu à un gigantesque élan de sympathie autour du hashtag #je suis Charlie# et dont le point culminant fut le défilé des personnalités de tous bords autour de François Hollande, dans les rues de Paris. Tout cela n’aurait donc pas suffi à calmer votre colère ou tout au moins à édulcorer votre peine pour que vous éprouviez encore le besoin d’en rajouter une couche -cinq ans plus tard-avec cette nouvelle provocation inutile et dangereuse.
La rediffusion des caricatures du Prophète de l’Islam est une insulte aux musulmans du monde entier. Car s’il vous est loisible à Vous les chrétiens et autres agnostiques de votre genre de vous moquer sans retenue de vos Saints et de gloser d’impertinence sur les amours ancillaires supposées ou réelles de vos prélats et autres dignitaires religieux, chez Nous les Musulmans, la personne du Prophète de l’Islam est sacrée. Et Nul n’a le droit de s’en moquer . Ne serait-ce que pour çà, Vous devez respecter Notre Religion. Pourquoi chercher par cette provocation inutile à réveiller le démon des violences qui, il faut bien en convenir, s’était tout de même assez assoupi ces temps derniers.
A quels desseins ? Dans votre republication des caricatures, vous avez montré votre mépris voire votre haine manifeste de l’Islam . Ce faisant vous apportez de l’eau au moulin des racistes et détracteurs ataviques des Noirs et des Musulmans comme Eric Zemour qui pullulent en France. Si certains comme le CFCM de France vous traitent par le mépris ou comme moi réagissent par la plume, d’autres très nombreux et tapis dans l’ombre , éructent et bouillent de rage pour vous faire payer votre outrecuidance qui va fatalement réveiller l’Hydre du fanatisme suicidaire qui dormait en eux d’un sommeil relativement gérable. Au nom de la liberté de blasphémer . Dites Vous ? non non Mille fois non.. Plaise à Dieu que quelques « fous de Dieu » ne vous prennent au mot et décident d’en prendre acte avec leurs modus opérandi que vous connaissez très bien. Il ne sert à rien de remuer les démons de la Haine religieuse en s’attaquant à un symbole de l’islam sous prétexte d’impertinence ou de Liberté d’expression .
Mais Messieurs, l’impertinence est un peu comme de la flatulence. A dose homéopathique, l’impertinence déride et dilate la rate tout comme la flatulence dégage l’estomac bloqué. Mais quand l’overdose est atteinte l’impertinence donne naissance à l’outrecuidance, mère de l’impolitesse et de l’insulte. Tout comme la fréquence de la flatulence indispose, irrite et dénote une pathologie cachée genre colopathie ou constipation chronique qu’il va falloir traiter d’urgence pour en guérir. Quant à la liberté, votre liberté Messieurs comme toute autre liberté, elle s’arrête là où commence celle des autres.
Et la liberté des musulmans commence par le respect intégral de leur Prophète Mouhammad (Aley hi Salam) . Dans cette entreprise de rediffusion des caricatures tant honnies, le délit de provocation est manifeste et chagrine tout musulman qui se respecte. C’est pourquoi, nous dénonçons avec la plus grande fermeté et la plus profonde réprobation , cette énième tentative de rallumer les feux de la Haine entre les Religions qui sont toutes, d’égale dignité. On y gagne quoi en rediffusant des caricatures blessantes pour près de deux milliards de musulmans à travers le monde ? RIEN Si ce n’est la rancœur, la colère, la haine et …la violence qui n’épargnera personne. Est-ce ce que Vous cherchez ? Si vous avez des envies de mourir en martyrs de grâce, n’instrumentalisez pas certains demeurés à vous satisfaire par des actes insensés, ignobles et sanguinaires qui, in fine feront plus de victimes innocentes qui n’avaient rien demandé.
Même le journal danois à l’origine des caricatures tant décriées n’en a plus fait cas, ayant pris conscience de la portée néfaste de leur action. Il aura fallu que ce soit Charlie Hebdo qui y revienne avec force articles narquois , provocateurs et insultants pour démontrer une pseudo-liberté de blasphémer. On ne s’expliquera jamais assez la peur panique atavique de la France et des français vis-à-vis de l’Islam et des Noirs. Quand partout ailleurs dans les autres pays d’Europe comme l’Angleterre ou l’Allemagne où les musulmans vaquent tranquillement à leurs affaires jusqu’à devenir maires des grandes villes ou Ministres des domaines de souveraineté sans déranger outre mesure ; il n’y a qu’en France où la question islamique ou noire devient une affaire d’Etat pour susciter toutes formes de réactions d’urticaires tenaces à certains qui s’étranglent de rage devant tout ce qui sent Noir ou Musulman. La caricature récente d’une député noire en esclave par le journal « Valeurs Actuelles » n’est qu’une énième manifestation du racisme endémique qui sévit en France.
De vaines gesticulations qui n’empêcheront jamais les Noirs de s’imposer et l’Islam de prospérer en France et partout ailleurs. Inchallah. Qu’on se le tienne pour dit. Et la provocation grossière de Charlie Hebdo n’y pourra rien. Absolument rien. Pour terminer, n’oublions pas que le Covid-19 est toujours là .
Continuons donc à respecter toujours les mesures barrières, réduisons au strict minimum nos déplacements, lavons- nous régulièrement les mains et portons toujours nos masques et Inchallah, DIEU va nous débarrasser de cette calamité importée.
Par Khalifa DIAGNE
INFORMER JUSTE ET VRAI
Depuis hier, une fake news faisant état d’un rassemblement d’étudiants au COUD, a circulé dans les réseaux sociaux. J’en ai eu vent dans le groupe watshapp des anciens délégués de l’UCAD à 18h43mn exactement
Depuis hier, une fake news, faisant état d’un rassemblement d’étudiants au COUD, a circulé dans les réseaux sociaux. J’en ai eu vent dans le groupe watshapp des anciens délégués de l’UCAD à 18h43mn exactement. Aussitôt, j’ai réagi en écrivant ce qui suit : « de mon bureau où je me trouve présentement au campus, j’en ris. Thiey internet ».
Cette fausse information a été reprise par SENEWEB, un journal paru ce matin et la revue de presse en ligne connu sous le label de SENECAFEACTU qui n’a pas manqué de titrer la conclusion d’une rentrée ratée à l’UCAD. C’est regrettable et inquiétant qu’une partie de la presse sénégalaise ait repris avec une légèreté déconcertante ces images dont les auteurs n’ont fait que poster en réalité celles du départ des étudiants lors de la fermeture en mars.
La preuve, aucun étudiant dans lesdites images ne portent de masques. Parce que tout simplement à l’époque le port de masque n’était pas encore à l’ordre du jour. De plus, ce qu’il faut retenir c’est que le plan de reprise adopté ne permet même pas un rassemblement de ce genre. Dans ce plan les étudiants vont revenir par cohorte déterminée par les établissements de l’UCAD.
Les listes des étudiants concernés sont envoyées ensuite, pour chaque cohorte, au COUD qui fait les affectations de lits sur cette base. Ce travail a commencé depuis hier avec les étudiants des écoles et instituts et de la faculté de médecine qui ont entamé les formalités d’hébergement auprès des services du COUD. Œuvrons tous pour sauver l’année universitaire au lieu d’essayer de la torpiller. C’est une question d’intérêt général.
Khalifa Diagne est Directeur adjoint du COUD
MBAYE NIANG VERS LE PORTUGAL
Après son souhait d’intégrer les rangs de l’Olympique de Marseille, l’attaquant Mbaye Niang est aujourd’hui dans le viseur de Benfica. En effet, le club portugais serait prêt à s'offrir l’attaquant des Bretons.
Après son souhait d’intégrer les rangs de l’Olympique de Marseille, l’attaquant Mbaye Niang est aujourd’hui dans le viseur de Benfica. En effet, le club portugais serait prêt à s'offrir l’attaquant des Bretons.
Le mercato s'agite pour les joueurs sénégalais. Après l’accord entre Barcelone et Moussa Ndiaye, un autre Lion pourrait changer de destination. Après avoir été refusé par les dirigeants de l’Olympique de Marseille, Mbaye Niang pourrait rebondir avant la fin de ce mercato d'été au Portugal. En effet, l’attaquant des Bretons intéresse fortement les dirigeants de Benfica. Et il serait dans la short-list du club qui veut étoffer son secteur offensif. En effet, le club portugais fait de Mbaye Niang sa priorité. Ce qui tombe bien, puisque l’international sénégalais veut quitter Rennes qui ne le retiendra pas en cas de belle offre.
Les planètes semblent donc alignées pour un transfert du Sénégalais. Lors de son point de presse avant l'ouverture du championnat, l'entraîneur des Bretons, Julien Stephan, avait déclaré : «On a eu des discussions. Et vous comprendrez que ces discussions resteront dans l’ordre du privé. On avait besoin d'échanger par rapport à ce qui avait été dit et cela s’est fait. Après, ce n’est pas spécifique à Mbaye, le mercato va fermer ses portes le 5 octobre prochain. Et je ne sais pas ce qu’il va se passer. À partir du moment où il est là, si j'estime qu’il est la meilleure option pour le poste d’attaquant, je le ferai débuter. Si j’estime qu’un autre a montré plus de choses, plus de qualités pendant la semaine d'entraînement, je ferai débuter quelqu'un d'autre. Il ne faudra pas y voir un quelconque message sur un départ ou sur le fait qu’il reste», avait déclaré le coach rennais en conférence de presse.
Face à Montpellier, lors de la deuxième journée, Mbaye Niang était sur le blanc. Et cette situation laisse supposer que le Sénégalais ne fait plus partie des plans de son entraîneur. En plus le courant ne passe plus entre Mbaye Niang et soncoach JulienStéphan. «Il n'y a pas de négociations entre dirigeants. Par contre, le joueur a parlé avec ses dirigeants. Ses relations seraient très compliquées avec Julien Stephan. En fin de saison, il s'est entretenu avec la famille Pinault pour discuter de son avenir. Il aurait annoncé son envie de départ et le club serait prêt à le vendre pour une somme acceptable», a expliqué Florent Germain. Maintenant, reste à savoir si le club portugais sera prêt à mettre la main à la poche pour s'offrir l’attaquant de 25 ans. Actuellement, le joueur au 15 buts lors de la défunte saison est évalué par Transfermarkt à 15 millions de livres sterling.
RENNES DEMANDE à CHELSEA 30 MILLIONS D'EUROS POUR LAISSER EDOUARD MENDY
Edouard Mendy pourrait changer de tunique la saison prochaine. Arrivé l’été dernier à Rennes, le portier sénégalais a été l'un des artisans de la saison aboutie des Bretons puisqu’ayant réalisé plusieurs belles prestations. Auteur de 13 clean-sheets en 34 matchs avec les Bretons, le portier sénégalais est considéré comme l'un des meilleurs à son poste. Ce qui a conduit les dirigeants bretons à revoir à la hausse la valeur du portier sénégalais. Aujourd'hui, selon «Daily Mail», Rennes demande la somme de 30 millions d'euros, soit plus de 19 milliards Fcfa à Chelsea pour libérer le joueur de 27 ans. Avec son potentiel, le natif de Montivilliers pourrait être d'un apport important. Ainsi, il pourra aider les Blues à jouer les premiers rôles dans l'élite anglaise.
Par Cecile SOW
DES «CONSEILS COMMISSIONNES » AU BARREAU COMMUNAUTAIRE DE L'UEMOA
La profession d'avocat apparaît officiellement, à Saint-Louis, le 5 mars 1859, à la suite de la publication, par le gouverneur Louis Faidherbe, de l'arrêté n°26 définissant la profession de "conseil commissionné".
La profession d'avocat apparaît officiellement, à Saint-Louis, le 5 mars 1859, à la suite de la publication, par le gouverneur Louis Faidherbe, de l'arrêté n°26 définissant la profession de "conseil commissionné". Pour être nommés, les candidats doivent avoir 25 ans accomplis et connaître le droit. Ceux qui ne sont pas licenciés en droit sont soumis à un examen public sur les lois et ordonnances en vigueur dans la colonie. Ils doivent aussi être citoyens français, naturalisés français, nés d'un père français ou avoir servi dans l’armée française.
Les conseils commissionnés -dont le nombre est alors limité à cinq sur toute l'étendue du territoire- ont un statut d'officier ministériel et exercent sous l'autorité du Procureur général. L'appellation "conseil commissionné" est remplacée en 1901 par "défenseur", puis "avocat-défenseur" de 1905 à 1960. Les archives de la famille Crespin, des Métis de Saint-Louis, permettent de situer l'apparition du premier conseil commissionné natif du Sénégal en 1872. Mais, Jean-Jacques Crespin est surtout connu pour avoir été maire de la ville, en 1890 et 1894.
Dans les années 1900, ses deux fils, Georges et Germain, ainsi qu'un autre Mulâtre, Louis Huchard, deviennent à leur tour défenseurs. Quant au célèbre Maître Lamine Guèye, il prête serment le 4 février 1921 devant la Cour d'appel de l'Afrique occidentale française (A.O.F), située à Dakar.
Généralement considéré comme étant le premier avocat sénégalais, Lamine Guèye avait pourtant été devancé de huit ans par François-Xavier Benga, un Lébou né à Gorée le 27 août 1885, inscrit au barreau de Paris en 1913 et devenu bâtonnier de Châteauroux en 1935. Jusqu'en 1947, année de l’inscription de Babacar Sèye, diplômé en Droit de l'Université de Montpellier, la majorité des avocats-défenseurs exerçant au Sénégal étaient des Français de la Métropole ou des Antilles. Mais, après l'élection de Lamine Guèye à la mairie de Dakar, plus de Sénégalais accèdent à la profession. Les bourses d'études offertes par la mairie, puis l'ouverture de l'École de Droit de Dakar, en 1950, contribuent à ce début de "sénégalisation".
Ainsi, entre 1949 et 1960, arrivent notamment Sidy Karachi Diagne, Fadilou Diop, Doudou Thiam, Boubakar Guèye, Malick Dione, Valdiodio Ndiaye, Omar Diop, Ogo Guèye, Moustapha Seck, Khar Ndofene Diouf, Abdourahmane Diop, Lamine Sall, Amadou Diop dit Thierno ou encore Moustapha Wade et son jeune frère Abdoulaye Wade, futur président de la République du Sénégal. Les premiers avocats ont presque tous joué un rôle majeur dans la lutte pour l'égalité des droits et l'indépendance ainsi que dans la mise en place et l'organisation de la Fédération du Mali. Et depuis 1960, plusieurs ont occupé (et occupent toujours) des postes clés au sein des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
A.N.A, PREMIERE ORGANISATION D'AVOCATS AU SENEGAL
Avant l'Indépendance, bien que plusieurs documents mentionnent les barreaux de Dakar et de Saint-Louis, il n’existe pas de barreau légalement constitué. En revanche, des archives révèlent l’existence d'une association portant la parole des avocats-défenseurs. La section dakaroise de l’A.N.A (Association nationale des avocats inscrits aux barreaux de France et de la communauté française), créée semble-t-il en 1955, est présidée par Alain Crespin (fils de Germain Crespin et petit-fils de Jean-Jacques Crespin). L'A.N.A avait été fondée en France en 1921 à l'initiative de Maître Jean Appleton, considéré comme anticolonialiste.
3 SEPTEMBRE 1960, CREATION DU PREMIER BARREAU DU SENEGAL
Le 3 septembre 1960, la profession d'avocat devient la première profession libérale organisée en forme statutaire. Le Barreau du Sénégal a été créé, par ordonnance, 14 jours après la proclamation de l’Indépendance, intervenue dans la nuit du 19 au 20 août 1960, et quatre jours avant la formation du premier gouvernement de la république naissante dont la composition fut rendue publique le 7 septembre 1960, par le Président du Conseil, Mamadou Dia. Le nombre exact d'inscrits en 1960 n'est pas connu car le tableau de l'Ordre des avocats du Sénégal le plus ancien, conservé à la Maison de l'avocat (siège du barreau à Dakar), date du bâtonnat de Maître Malick Dione, élu en 1965. Il compte 45 avocats dont 4 stagiaires; les Sénégalais ne représentent qu'un tiers de l'effectif. Le premier bâtonnier du Barreau du Sénégal est le Français Pierre Geni. Maître Abdourahmane Diop -fils du futur grand Serigne de Dakar El Hadj Moussé Diop et de Katy Diop- lui succède en 1961. Il devient ainsi le premier bâtonnier sénégalais.
1960-1984, VERS LA CREATION DE L'ORDRE DES AVOCATS DU SENEGAL
A partir de 1960, les conditions d'admission au barreau changent de manière significative. Les enquêtes de moralité ne sont plus confiées à la police, mais au Conseil de l'Ordre, qui, avec le bâtonnier, statue sur les demandes. En revanche, les avocats restent soumis à l'autorité des magistrats, notamment du Procureur général ce qui implique, par exemple, en cas d'incident à l'audience, une comparution immédiate pouvant être suivie d'une exclusion du barreau, plus ou moins longue.
Dès 1970, tandis que l'on assiste à un agrandissement et à un rajeunissement de la profession, favorisés par les départs de plusieurs Français âgés, les revendications se précisent. Outre la relation magistrat-avocat, l'accès aux grands dossiers civils (banques, assurances, etc.), l'amélioration des conditions de travail, etc., préoccupent de plus en plus les nouveaux venus. 1975 reste une année particulière pour le Barreau du Sénégal. Cette année-là, Mame Bassine Niang devient la première avocate sénégalaise, d'origine et de nationalité. C'est également la première fois que plusieurs promotions sont admises en quelques mois, dont une de trois avocats (un record!). Un an plus tard, la très dynamique Association des jeunes avocats sénégalais (AJAS) engagée, entre autres, dans la lutte pour le respect des droits de la défense et la vulgarisation du droit auprès des justiciables, voit le jour.
Dans les années qui suivent, les droits de l'homme font également leur apparition lors de conférences internationales organisées sous le bâtonnat de Maître Moustapha Seck, ayant à son actif la création à Dakar de l'Union interafricaine des avocats (U.I.A) et de l'Institut des droits de l'homme et de la paix (IDHP). En 1978, l'agrandissement du barreau se confirme avec l'admission de groupes de dix voire plus. Mais c'est en 1982 qu'il prend un tournant décisif. Cette année-là, trente-quatre avocats prêtent serment, le même jour, après une bataille juridique et judiciaire contre le Bâtonnier Ogo Kane Diallo et le Conseil de l'Ordre. Craignant une dévalorisation de leur profession, ils avaient rejeté leurs demandes d'admission. C'est ce qui leur valut une plainte des jeunes et un procès devant la Cour d'appel de Dakar.
Les candidats avaient été défendus par un ancien bâtonnier, Fadilou Diop, et par Babacar Niang, plus connu sous le nom de Mbaye Niang (également fondateur du Parti pour la libération du peuple, P.L.P). Des bâtonniers (Mame Adama Guèye, Ameth Ba), plusieurs ministres (El Hadj Amadou Sall, Madické Niang, Aïssata Tall Sall) et ténors du barreau (Boukounta Diallo, François Sarr, etc.) sont issus de la fameuse promotion de 1982. Durant cette période, le ministère de la Justice, dirigé par Alioune Badara Mbengue, produit un projet de loi sur la profession d'avocat au Sénégal, très attendu par le barreau. La loi 84-09 du 4 janvier 1984 est finalement votée après d'âpres négociations avec son successeur, Me Doudou Ndoye.
1984-2015, LE BARREAU DU SENEGAL D'UN SIECLE A UN AUTRE
La loi 84-09 du 4 janvier 1984 portant création de l'Ordre des avocats du Sénégal marque le début d'une ère nouvelle pour les avocats comme pour leurs clients. Le texte affirme le caractère libéral et indépendant de la profession, précise les conditions d'entrée au barreau, les règles de l'Ordre et d'exercice du métier, etc. La mise sur pied de la Caisse de règlements pécuniaires des avocats du Sénégal, communément appelée Carpa, y est également mentionnée. Elle vise à sécuriser la relation avocat-client, en particulier pour tout ce qui concerne les manipulations financières. La création de la Carpa, considérée comme un acquis majeur, sera difficile.
En 1986, au moment où les avocats planchent encore sur la création d'une caisse répondant à leurs aspirations, l'État prend les devants et produit un texte de loi qu'il fait passer devant les députés sans l'avis des concernés. Le nouveau bâtonnier, Me Boubakar Guèye mobilise le Conseil de l'Ordre, saisit le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Seydou Madani Sy ainsi que le Président de la République, Abdou Diouf. L'exécutif fait la sourde oreille. Le 28 mai 1986, le projet de loi portant création de la Carpa passe à l'approbation de l'Assemblée générale de la Cour suprême, puis il est soumis au Conseil des ministres.
Outré, Boubakar Guèye convoque une assemblée générale à l'issue de laquelle il demande à ses confrères Abdoulaye Wade, Thierno Diop, Babacar Niang, Christian Valantin et Ibrahima Bèye, tous députés à l'Assemblée nationale, de s'opposer au texte. La loi 86-21 est tout de même votée le 16 juin 1986 et le décret d'application pris peu de temps après. Mais les avocats finissent par obtenir ce qu'ils veulent: la loi 87-30 du 28 décembre 1987 fait oublier celle de 1986. La Carpa devient finalement opérationnelle en 1990; elle permet de renforcer l'autonomie financière de l'Ordre. A la même période, l'Afrique s'engage, petit à petit, sur la voie de la coopération juridique et judiciaire.
Un premier pas est franchi le 17 octobre 1993 avec la signature à Port-Louis (Ile-Maurice) du Traité pour l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). Depuis lors, la coopération juridique et judiciaire continue de faire son bonhomme de chemin sur le continent africain abritant désormais plusieurs juridictions dans lesquelles interviennent régulièrement des avocats sénégalais (Cour commune de justice et d'arbitrage de l'Ohada, Cour de justice de la CEDEAO, Cour de justice de l'UEMOA, Cour africaine de justice et des droits de l'homme de l'Union africaine). Depuis le 1er janvier 2015, date de l'entrée en vigueur du Règlement n°5 de l'Union économique et monétaire ouest africaine, UEMOA, l'intégration sous-régionale a connu de nouvelles avancées. Désormais, les avocats des huit États membres sont soumis aux mêmes règles d'admission, d'exercice, etc. et les justiciables bénéficient (en principe) des mêmes droits de la défense.
PAR CÉCILE SOW, JOURNALISTE ET RÉALISATRICE (HISTOIRE DU BARREAU DU SÉNÉGAL)
LE SENEGAL REJOINT LA PLATEFORME INTERNATIONALE SUR LA FINANCE DURABLE
Dans le cadre des efforts internationaux visant à respecter les engagements de l’accord de Paris, la Plateforme internationale sur la finance durable (Pifd ou Ipsf en anglais) a été créée en octobre 2019
Le Sénégal vient d’intégrer la plateforme internationale sur la finance durable. Selon le ministère des finances et du budget, la Pifd mettra l’accent sur des initiatives telles que les taxonomies, les normes et labels, et la mise à disposition des informations, qui sont fondamentales pour que les investisseurs identifient et saisissent les opportunités d’investissement vert dans le monde entier.
Le Sénégal rejoint désormais la plateforme internationale sur la finance durable, rapporte un communiqué du ministère des finances et du budget en date d’hier, mercredi 2 septembre. Dans le cadre des efforts internationaux visant à respecter les engagements de l’accord de Paris, la Plateforme internationale sur la finance durable (Pifd ou Ipsf en anglais) a été créée en octobre 2019.
Les membres sont l’Union européenne et les autorités compétentes d’Argentine, du Canada, du Chili, de Chine, d’Inde, d’Indonésie, du Kenya, du Maroc, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, de Singapour et de la Suisse. «Pour atteindre les objectifs de Paris, des milliards d’investissements dans des infrastructures durables seront nécessaires au cours des prochaines décennies. La PIFD est essentielle pour stimuler les investissements et réorienter les flux de capitaux vers nos objectifs climatiques à l’échelle requise pour la transition économique la plus importante de notre époque», lit-on
Selon la source, la Pifd agit comme un forum pour faciliter les échanges et, le cas échéant, coordonner les efforts sur les initiatives et les approches de la finance écologiquement durable. « Elle mettra l’accent sur des initiatives telles que les taxonomies, les normes et labels, et la mise à disposition des informations, qui sont fondamentales pour que les investisseurs identifient et saisissent les opportunités d’investissement vert dans le monde entier», nous informe le département de Abdoulaye Daouda Diallo.
La Pifd est soutenue par la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement, la Banque européenne d’Investissement, la Coalition des Ministres des Finances pour l’Action climatique, l’Organisation internationale des Commissions de Valeurs, le Réseau pour l’Ecologisation du Système financier, l’Organisation pour la Coopération économique et le Développement ainsi que le Programme des Nations Unies pour l’environnement - Initiative financière dans leur rôle d’observateur.
DES SENEGALAIS DEPLORENT L’INCIVISME DES CHAUFFEURS
La circulation de ces camions est ainsi interdite de 06 heures du matin à 10 heures et de 16 heures à 20 heures. Interrogés, des populations approuvent cette décision mais sont sceptiques quant à l’application et au respect strict de l’arrêté
Pour mieux encadrer la circulation des véhicules à Dakar et permettre aux travailleurs, étudiants et autres d’arriver tôt à leurs lieux de travail ou destination, le gouverneur de Dakar, Al Hassan Sall, a sorti un arrêté le lundi 31 août interdisant la circulation des véhicules de plus de 3,5 tonnes sur certains axes de la ville aux heures de pointe.
La circulation de ces camions est ainsi interdite de 06 heures du matin à 10 heures et de 16 heures à 20 heures. Interrogés, des populations approuvent cette décision mais sont sceptiques quant à l’application et au respect strict de l’arrêté, faisant référence aux nombreuses lois promulguées et décisions qui ne sont pas appliquées. Tout en déplorant l’attitude incivique de nombre de chauffeurs sénégalais.
Dans le souci de diminuer les embouteillages, le gouverneur de la région Dakar, Al Hassan Sall, a sorti un arrêté, le lundi 31 août, qui interdit la circulation des véhicules de 3,5 tonnes aux heures de pointe, de 6 heures du matin à 10 heures et de 16 heures à 20 heures.
Cette interdiction concerne la Route Nationale 1 (Rn1) sur le tronçon Dakar Diamniadio, le Boullevoir du Centenaire, la Voie de dégagement nord (VDN), la route des Niayes, l’autoroute Seydina Limamoulaye, la route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, la route d’Ouakam et l’Avenue Cheikh Anta Diop. Interrogés sur l’arrêté du gouverneur, des Sénégalais ont eu des appréciations mitigées. M.Diène. chauffeur de car «Ndiaga-Ndiaye» salue la mesure. «Nous saluons la décision du gouverneur d’interdire la circulation des camions à ces heures de la journée car ces gros porteurs nous empêchent de travailler.
A Dakar, il y a des milliers de véhicules et presque tous les travailleurs ont les mêmes horaires, que ce soit pour aller travailler ou pour rentrer. Et tout le monde sort à la même heure ; ça crée les embouteillages sur les routes et même sur l’autoroute à péage. Et cela nous empêche de travailler normalement parce que tout ce que nous gagnons sert à acheter du carburant. Donc avec cette interdiction, il y aura moins de voitures sur la route et aussi moins d’accidents car la plupart des accidents impliquent des chauffeurs de camions», dit-il. Avant de relever ceci : «mais au Sénégal les autorités sont fort en matière de loi. C’est l’application qui va faire défaut». M.Guèye, étudiantes qui vient de la banlieue, abonde dans le même sens, tout en pointant du doigt l’incivisme et l’anticonformisme de certains chauffeurs sénégalais. «Beaucoup de transporteurs ne respectent pas le Code de la route; je ne sais pas si c’est par méconnaissance ou s’ils font exprès. Ils conduisent comme s’ils étaient dans un rallye, freinent brusquement, sans se soucier des voitures qui sont derrière, pour prendre des clients. C’est ce qui est à l’origine des chocs qui occasionnent des bouchons.
Avec ce genre de conducteurs, même si tu te réveilles à 4 heures, tu seras en retard. Nous étudiants de la banlieue, nous vivons ce calvaire pour venir assister aux cours à 8 heures. Par exemple, moi, pour ne pas venir en retard, je me réveil à 5 heures du matin pour me préparer et sortir de chez moi à 6 heures, au plus tard, afin d’arriver à temps à l’université». Poursuivant son argumentaire elle soutient : «avec cet arrêté, si les Sénégalais n’adoptent pas le bon comportement, il y aura toujours ce problème car il me semble qu’au temps du président Abdoulaye Wade il y avait aussi un arrêté qui interdisait la circulation des gros porteurs à certaines heures de la journée à Dakar, mais sans suivi. Les autorités doivent être intransigeants pour faire respecter les lois, les décrets et les arrêtés, étant donné qu’ily a une pléthore de textes non suivis dans ce pays».
Contrairement à eux, B.Thiam, employé dans une entreprise de la place, pense que cette loi ne va rien changer au quotidien des usagers de la route ; dans la mesure où sur certains de ces axes, les gens garent leurs voitures comme ça les chantent. Pour lui, le problème ce n’est pas les camions, mais plutôt l’incivisme de certains Sénégalais et le laxisme de certaines autorités. Toutefois, le constat est le même chez toutes les personnes interpellée. Tout en saluant la mesure prise par le gouverneur de Dakar, elles sont sceptiques quant au respect et à l’application stricts de l’arrêté d’Al Hassan Sall.
TOP ET FLOP D’UN LEADER
Quoi qu’il en soit, Moussa Diop, a fait des réalisations pendant sa gestion. Il est également décrié par certains de ses anciens collaborateurs à cause de ses sorties médiatiques dont la dernière en date concerne le troisième mandat
Me Moussa Diop n’est plus le directeur général de la société de transport public Dakar Dem Dikk (Ddd). Les raisons qui ont poussé le chef de l’Etat, Macky Sall, à le démettre ne sont pas évoqués, certes. Mais des thèses contradictoires sont avancées, en rapport avec son limogeage. Quoi qu’il en soit, Me Moussa Diop, a eu à faire des réalisations pendant sa gestion. Il est également décrié par certains de ses anciens collaborateurs à cause de ses sorties médiatiques dont la dernière en date concerne sa position par rapport à un 3e mandat.
Me Moussa Diop n’est plus le directeur de la société de transport public Dakar Dem Dikk (Ddd). Des spéculations vont bon train sur le motif de son licenciement. Et des observateurs n’- hésitent pas à le considéré comme «une autre victime» du débat sur «le troisième mandat» de Macky Sall.
Selon eux, Me Moussa Diop, le patron du parti Alternance Generationnelle/Jotna (Ag/Jotna) qui a lui même livré l’information à des membres de sa cellule de communication, après avoir été saisi et informé par le Chef de l’Etat, lui-même, avant que la décision ne figure dans le communiqué du Conseil des ministres d’hier, mercredi 2 septembre, est la troisième personnalité politique à être démis de ses fonctions après avoir déclaré que Macky Sall ne peut pas faire un troisième mandat. «Le troisième mandat est un coup d’état», avait déclaré récemment l’avocat sur le plateau de la Sen TV.
Pour rappel, Sory Kaba, ancien directeur des Sénégalais de l’extérieur et Moustapha Diakhaté, ex-chef de cabinet du président de la République avaient eux aussi fait les frais de leur lecture tranchée sur la question du troisième mandat du président Sall.
Toutefois, alors que certains avancent sa sortie sur le troisième mandat en Afrique, d’autres indexent un rapport qui l’aurait épinglé pour sa gestion «malsaine» de la société de transport public. Tout compte fait, l’homme a néanmoins laissé son empreinte à la société Ddd.
En effet, la densification du réseau urbain de la capitale est une de ses réalisations, même si le temps d’attente d’un bus Dakar Dem Dikk reste toujours relativement long pour les usagers. De nouvelles lignes assurent la déserte entre Dakar et plusieurs zones périphériques des quatre départements de la région-capitale du Sénégal. Dans ce volet, il faut signaler les «lignes express» et celles dénommées «Taf-Taf» qui assurent des navettes très rapides aux heures de pointe. Dakar Dem Dikk sous Me Moussa Diop, c’est également le renouveau du transport interurbain. Actuellement, plusieurs villes de l’intérieur du pays sont desservies par des bus de Sénégal Dem Dikk.
L’idée décriée et combattue au départ par des syndicats de transport nationaux a fait son bonhomme de chemin, jusqu’à avoir l’adhésion de plusieurs Sénégalais désireux d’un voyage organisé et en toute sécurité. Ce qui n’est souvent possible dans le secteur (avec les transports en commun privés) à cause de l’informel qui y règne. Des navettes à l’intérieur d’une même région ont même eu lieu avec des exemples au Fouta et en Casamance.
Le renouveau de Me Moussa Diop c’est aussi les désertes entre Dakar et l’Aéroport International Blaise Diagne de Diass (Aibd). Des rotations régulières ont lieu pour faciliter le déplacement des voyageurs. Des lignes en destination de l’Aibd existent aussi à Thiès. Quid de l’accord avec la société du Petit train de banlieue (Ptb), qui permettait aux usagers du Btb contraint à s’arrêter à Cyrnos (la gare de Dakar étant fermée) de continuer leur chemin jusqu’en Centre-ville à bord de Ddd avec leurs tickets de train et vice-versa ? En outre, avant la pandémie de la Covid 2019, la société était sur le point de lancer Afrique Dem Dikk.
Un programme qui vise à desservir les capitales plusieurs pays limitrophes (Banjul, Bamako, Bissau, Nouakchott…). Des récriminations, il en a fait l’objet aussi. Le maire de Mermoz-Sacré-Cœur, Barthélémy Dias, l’accuse d’avoir cédé une partie du terminus de Ouakam au parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, pour la construction d’une permanence. Les syndicalistes de Dakar Dem Dikk dénonçaient, de temps à autre, des recrutements de complaisance et des acquis syndicaux non respectés. Me Moussa Diop ne plait pas parfois à cause de ses sorties médiatiques hasardeuses et incalculées. Ce fût le cas après la publication des résultats de la présidentielle du 24 février 2019. En réaction au faible score du président Macky Sall à Touba, il avait décrié la construction de l’autoroute «Ilaa Touba». Me Moussa Diop a passé plus de 6 ans à la tête de la société de transport public.
TERMINUS, MOUSSA DIOP DESCEND DE DAKAR DEM DIKK
Le limogeage du leader d'Alternance Générationnelle/Jotna intervient une semaine après sa sortie médiatique assimilant le troisième mandat à un coup d'Etat. Une question devenue taboue au Sénégal
Le président de la République a limogé hier, mercredi 2 septembre, Me Moussa Diop de son poste de directeur général la société de transport public, Dakar dem dikk (Ddd). Cette décision du président Macky Sall intervient une semaine après la sortie du leader du parti Alternance Générationnelle/Jotna affirmant lors d’une émission sur la Sen TV (privée) qu’il n’y avait pas matière à interprétation un 3ème mandat du président Sall. Mieux avait-il confirmé «un 3ème mandat est un coup d’état» en faisant allusion à ce qui se passe en Côte d’Ivoire avec Alassane Drame Ouattara. Il ne devrait pas ignorer que c’est une question taboue au Sénégal.
Terminus ! Le leader du parti Alternance Générationnelle/ Jotna n’est plus patron de la société de transport public, Dakar Dem Dikk (DDD). Me Moussa Diop a été démis de ses fonctions par le président de la République, Macky Sall qui a aussitôt procédé à son remplacement, hier, en conseil des ministres, par Omar Bounkhatab Sylla, magistrat de fonction qui était jusque-là, directeur général des Grands trains du Sénégal. Ce limogeage qui met fin à la mission de Me Moussa Diop qui est parvenu, en l’espace de six ans, à révolutionner la société Ddd pour en faire l’une des plus attractives du pays, suscite beaucoup de commentaires et des interrogations. En effet, la décision du président Sall de se séparer du coordonnateur de la coalition Macky2012 dont les qualités managériales sont saluées par beaucoup de Sénégalais intervient moins d’une semaine après la sortie de Me Diop contre les troisièmes mandats en Afrique.
En effet, invité de l’émission Sen Show de la télévision Sen Tv (groupe D média privée), Me Moussa Diop, répondant à une interpellation d’une des animateurs qui lui demandait sa position sur le troisième mandat, a martelé sans équivoque que le «3ème mandat est un coup d’Etat constitutionnel». En prenant l’exemple du Sénégal, l’avocat inscrit au barreau de Paris a également aussi précisé, concernant une éventuelle troisième candidature de son patron, Macky Sall, «qu’il n’y a pas matière à interprétation». «Un 3ème mandat est impossible en vertu de la constitution», avait-il tranché. Avec ce limogeage du leader du leader du parti Alternance Générationnelle/Jotna, c’est la liste des personnalités politiques proches du président Sall victimes de leur position sur cette question du troisième mandat, qui s’élargit.
En effet, avant Me Moussa Diop, d’autres responsables du pouvoir en place avaient déjà fait les frais de la fureur du président de la République tout simplement parce qu’ils ont osé répéter le refrain du président Sall qui clamait partout avant sa réélection dès le premier tour lors de l’élection présidentielle du 26 février 2019 pour un second et dernier mandat, que c’était son dernier mandat parce que la révision constitutionnelle de 2016 ne permet plus une troisième candidature au Sénégal. Le premier responsable du régime à faire les frais de sa position sur cette question du troisième mandat était Sory Kaba qui s’est vu débarquer de son poste de Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur, au Ministère des Affaires Etrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Tout simplement parce qu’il a osé dire à haute voix lors de son passage dans une émission le 20 octobre 2019 que le «président Macky Sall entame son dernier mandat à la tête du Sénégal. La Constitution lui interdit de faire un troisième mandat. Notre constitution a été verrouillée. Deux mandats pas plus ! Il n’y a aucune possibilité de rétroactivité».
Accusé à sa sortie de studio par certains de ses camarades de parti d’«indiscipline et d’atteinte à l’autorité du président», il sera déchargé de ses fonctions dès le lendemain, c’est-à-dire, le lundi matin à la première heure par son patron Macky Sall qui tenait ainsi à donner un signal fort. Par décret n°2019-1763 du 21 octobre 2019, Amadou François GAYE sera nommé nouveau Directeur général des Sénégalais de l’Extérieur. Près d’une semaine après, c’est autour de Moustapha Diakhaté de se faire renvoyer de son poste de chef de cabinet du président de la République pourles mêmes raisons concernant sa position tranchée sur la question du mandat. Depuis lors, personne n’ose plus abordé cette question dans le camp du président Sall à l’exception bien évidement du tonitruant Moustapha Cissé Lô, membre fondateur du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République et ancien président du groupe parlementaire Benoo Bokk Yakaar (BBY).
Pourtant, l’ancien président du parlement de la Cedeao, avant sa disgrâce causée par ses audio très compromettantes notamment surla Première dame et certains de ses camarades de parti, a été le seul à oser dire publiquement que Macky Sall n’a plus droit à un autre mandat sans qu’il ne soit inquiété. Il faut également souligner que malgré sa promptitude à sanctionner ses collaborateurs, le président Sall n’a jamais levé le plus petit doigt contre ses camarades de parti qui théorisent la légalité de son troisième mandat. Un paradoxe qui fait dire à certains observateurs que Macky Sall est tout simplement en train d’installer une «dictature rampante» autour de cette question pour ensuite le moment venu, suivre les pas de ses ainés, en l’occurrence son mentor et prédécesseur, Me Abdoulaye Wade ou encore ses homologues de la Cote d’ivoire, Alassane Ouatara et Alpha Condé de la Guinée. Mais comme disait l’autre, «le Sénégal n’est pas le Togo». Il n’est pas non plus la Guinée, ni la Côte d’Ivoire.
83 NOUVEAUX CAS DÉCLARÉS, AUCUN DÉCÈS RECENSÉ JEUDI
A la date d’aujourd’hui, 3.985 patients sont en observation dans les sites de prise en charge de l’épidémie, alors que 287 morts ont été dénombrés six mois après l’apparition de la maladie au Sénégal.
Dakar, 3 sept (APS) – Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait état jeudi de 83 nouvelles contaminations de Covid-19 issues de tests virologiques réalisés sur des échantillons de 1.032 individus.
Ces nouvelles infections concernent 42 cas contacts suivis par les services sanitaires et 41 autres issus de la transmission communautaire. Cela porte à 13.826 le nombre de personnes ayant contracté le virus depuis son apparition dans le pays le 2 mars, selon le Directeur de la prévention.
S’exprimant lors du point quotidien sur la maladie, le docteur El Hadji Mamadou Ndiaye a souligné que les de transmission à la source inconnue avaient été localisés à Dakar et dans différentes autres localités du pays.
Il a fait savoir qu’aucun décès n’avait été recensé au cours des dernières 24 heures, relevant au passage que 33 cas graves étaient encore pris en charge dans les services de réanimation des centres de traitement du pays.
A la date d’aujourd’hui, 3.985 patients sont en observation dans les sites de prise en charge de l’épidémie, alors que 287 morts ont été dénombrés six mois après l’apparition de la maladie au Sénégal.
Le nombre de patients ayant recouvré la santé est à ce jour estimé à 9.553, selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale.