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7 juillet 2025
L’URGENCE DE RESTRUCTURER CERTAINS QUARTIERS
Mansour Faye, a souligné, vendredi, ’’l’urgence d’une restructuration’’ des quartiers construits dans des zones non aedificandi’’ en proie aux inondations pendant l’hivernage.
Saint-Louis, 28 août (APS) - Le maire de la ville de Saint-Louis, Mansour Faye, a souligné, vendredi, ’’l’urgence d’une restructuration’’ des quartiers construits dans des zones non aedificandi’’ en proie aux inondations pendant l’hivernage.
’’C’est la seule solution pour sortir les populations de l’eau qui tombe à chaque hivernage’’, a dit Mansour Faye qui a visité les quartiers de Guinaw-rail, Diaminar, entre autres, après les fortes pluies qui sont tombées sur la ville.
Il a lancé un appel au chef de l’Etat afin d’accompagner la commune pour que ’’certains quartiers dont les populations vivent une situation très difficile trouvent des réponses structurelles par rapport aux inondations récurrentes’’.
En attendant, il y a, selon Mansour Faye, ’’les solutions provisoires’‘ avec la mise en place du matériel de pompage des eaux, l’accompagnement des sapeurs-pompiers.
Mais ces solutions ’’ne sont pas suffisantes pour endiguer le mal des populations dont les maisons sont complètement englouties dans l’eau’’.
Selon lui, la solution ’’durable et structurelle’’ consiste à régler les questions d’assainissement de la ville de Saint-Louis.
La ville de Saint-Louis a enregistré de fortes pluies depuis trois jours. Plusieurs quartiers dont Pikine, Guinaw Rail, Diaminar, Sor, Diamaguène, Darou Marmyal, Tendjiguene ont été envahis par les eaux.
LA SUSPENSION DU "DOING BUSINESS’’ ET D’AUTRE SUJETS DOMESTIQUES À LA UNE
Dakar, 29 août (APS) - De l’annonce de la suspension du "Doing Business" de la Banque mondiale aux résultats du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Cédéao sur la crise malienne, divers sujets d’actualité sont au menu des quotidiens parvenus samedi à l’APS.
"Pas de rapport Doing Business cette année", annonce par exemple Walfquotidien, parlant d’un "coup de tonnerre dans le monde de la haute finance" avec cette nouvelle.
"Dans un communiqué publié jeudi sur son site, la Banque mondiale justifie ce rendez-vous raté par l’existence d’irrégularités dans la collecte des données pour son classement Doing Business qui fait autorité depuis 17 ans dans l’évaluation du climat des affaires dans près de 200 pays dans le monde", rapporte le journal.
"Le Doing Business s’écroule", affiche pour sa part L’As. "Outil précieux pendant 17 ans pour les pays soucieux de mesurer le coût de leur activité économique, le rapport Doing Business va être interrompu (...), le temps de corriger et d’évaluer les modifications apportées aux données des rapports Doing Business 2018 et Doing Business 2020", précise le journal.
"Entamé depuis le mois de janvier dernier, le dialogue politique semble être au point mort. Sur les questions essentielles comme celles portant sur le cumul du statut de chef de l’Etat et chef de parti, le département chargé d’organiser les élections, les différentes parties (opposition, pouvoir et non-alignés) n’ont pas encore accordé leurs violons", écrit Walfquotidien.
Selon L’As, l’opposition "se donne un temps de réflexion jusqu’à mardi", avant de décliner sa position sur les points de désaccords constatés, dont le cumul des fonctions de chef de parti et président de la République, ou "le choix d’une personnalité indépendante pour organiser les élections (...)".
Cela dit, les sujets relatifs au COVID-19 gardent toujours toute leur place dans la presse quotidienne, à l’image du journal Le Quotidien faisant état de "suspicions autour d’un bateau étranger", après la détection de 5 nouvelles contaminations au sein de la société Dakarnave.
"Du côté de la direction, c’est le silence alors que le nombre de cas suspects s’allonge. Le personnel de la société de réparations navales surfe dans une marée d’inquiétude", écrit Le Quotidien.
Sud Quotidien s’intéresse pour sa part aux effets de la COVID-19 et affirme que 90% des petites et moyennes entreprises sénégalaises "pâtissent" de la crise sanitaire provoquée par cette pandémie.
"Dans une enquête provisoire réalisée par l’ADEPME en mai dernier, 44% ont suspendu leurs activités, 40% mises aux normes sanitaires et 37% ont réduit leurs effectifs", écrit le journal.
Il ajoute que de ces statistiques, il ressort que "73% avouent avoir peu ou pas connu les mesures de soutien" de l’Etat, de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et des banques commerciales dans le cadre de la riposte contre la COVID-19.
L’impact négatif de la COVID-19 se mesure aussi aux mauvais rapports parents-enfants, signale L’Observateur, la pandémie ayant "enfermé les enfants dans les maisons où ils passent plus de temps avec leurs parents".
"Des moments souvent marqués par de fortes tensions allant jusqu’aux châtiments corporels. Et même pire, en atteste l’affaire du colonel des douanes qui aurait corrigé à mort sa fille de 6 ans", indique L’Observateur.
Tribune, parlant de la gestion des inondations, s’interroge : "Où sont passés les 750 milliards du PDLI ?", le Programme décennal de lutte contre les inondations (2012-2022).
Si "la mobilisation ne faiblit pas" du côté des autorités administratives et locales des zones touchées, en revanche "on ne sent pas l’impact du PDLI dans des zones comme la banlieue de Dakar, à Kaolack, au Djolof ou encore au Fouta, où les populations pataugent dans l’eau", souligne Tribune.
Enquête révèle le plan de sortie de crise à la police nationale, qui fait face à une contestation des mesures d’avancement prises par la hiérarchie. Le journal annonce que des experts ont été désignés pour étudier la question et indique que les agents des 33e, 34e, 35e et 36e promos devraient passer brigadiers avec deux échelons.
Le Soleil, revenant sur le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO sur la crise malienne, fait savoir que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest "exige une transition civile immédiate".
Les chefs d’Etat des pays membres de la Cédéao insistent "sur le retour des civils au pouvoir pour la transition", dont ils fixent la durée à un an, contre les 3 ans un moment envisagés pour la junte militaire ayant mis fin au régime du président Ibrahim Boubacar Keïta.
MOUSSA NDIAYE, UN GRAND ESPOIR CHEZ LES CATALANS
Après Diawandou Diagne et Moussa Wagué, le FC Barcelone vient de recruter un autre grand espoir du football sénégalais, Moussa Ndiaye.
Moussa Ndiaye, le défenseur international junior, a signé un contrat de trois ans avec l’équipe B du FC Barcelone. Avec le club Blaugrana, le jeune espoir de 18 ans devient le troisième ancien pensionnaire d’Aspire Africa après Diawando Diagne et Moussa Wagué.
Après Diawandou Diagne et Moussa Wagué, le FC Barcelone vient de recruter un autre grand espoir du football sénégalais, Moussa Ndiaye. Le club blaugrana a officialisé hier, vendredi l'arrivée du défenseur central international. Issu de l’Aspire Academy Dreams qui avait ses bases à Saly, le joueur de 18 ans signe pour trois saisons avec une option de deux ans supplémentaires et une clause de libératoire de 100 millions d’euros. Le coût de l’opération est de 500.000 euros versés à Aspire, le même club formateur de Wagué et de Diawandou. Le joueur rejoindra l’équipe B du Barça.
Meilleur footballeur de la CAN U20 jouée en mars 2019 au Niger, l’ancien pensionnaire d’Aspire, était sur les tablettes d'autres européennes dont l’Ajax Amsterdam. Révélé lors de la CAN 2019 des moins de 20 ans, jouée au Niger, il a été désigné meilleur joueur. Lors de la Coupe du Monde U-20 organisée en Pologne où le Sénégal s’est incliné en quarts de finale aux tirs au but contre la Corée du Sud (3-3, 2-3), le défenseur n'a pas tardé à confirmer le talent précoce et de recevoir sa première convocation de l'entraîneur Aliou Cissé et intégré l'équipe nationale A. L'espoir aura le temps pour faire ses preuves avec la réserve du Barça (équipe B) mais aussi de développer ce gros potentiel qu'on lui reconnaît.
"C’EST UNE GRANDE FIERTE MAIS MAINTENANT LE PLUS DIFFICILE COMMENCE"
Dans une déclaration faite sur le site footsenegal.com, la nouvelle recrue mesure le gros challenge qui l'attend et estime que le plus difficile vient de commencer. «Depuis l’officialisation, je reçois énormément de messages et je tiens à remercier tous ceux qui ont prié pour moi et qui m’encouragent. C’est une grande fierté mais maintenant le plus difficile commence. Car, dans des clubs de haut niveau comme le Barcelone, il faut être à la hauteur», a déclaré le joueur âgé de 18 ans. «Il y avait beaucoup de questions autour de mon transfert, mail il fallait être patient.
Maintenant, c’est fait. Mon agent a travaillé pour qu’on trouve ce qu’il y a de mieux pour moi et ma progression. Le Barça est un club qu’on ne peut pas refuser. Je suis très heureux de rejoindre un club historique qui compte le meilleur dans ses rangs. Je sais qu’il va y avoir de questions et des ententes autour de moi mais je ne me mets pas la pression. Je vais tout faire pour montrer de quoi je suis capable avec l’équipe B du Barcelone. Il y a Moussa Wagué qui me conseille et je sais qu’il va m’aider à m’intégrer", a-t-il ajouté.
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Deux Ancêtres sont descendus sur Djinkoré illuminée par un grandiose feu d’artifice et, au petit matin, la foule en délire s’est déchaînée : «Gloire à notre nouveau roi ! Gloire à Casimir Olé-Olé !»
L’étranger a souri d’un air complice, sans toutefois rien laisser paraître de ses sentiments réels :
– Pureté d’âme… Vous êtes philosophe, vous, à ce que je vois.
La veille de la nuit de l’Imoko, j’ai trouvé Bithege assis au milieu de la cour. Il paraissait reposé et – pour la première fois depuis son arrivée à Djinkoré – d’humeur plutôt badine.
– J’observe ces lézards depuis quelques minutes, m’a-t-il dit, ils glissent le long du mur puis vont se perdre dans les hautes herbes…
J’ai approuvé de la tête sans rien comprendre à ses propos et il a poursuivi :
– J’aimerais bien savoir où ils vont après, les lézards. Où vont-ils, à la fin des fins ?
J’ai souri :
– Tiens-moi au courant quand tu le sauras, Christian. Moi, je file au dispensaire, nous sommes débordés en ce moment.
C’était la première fois que je le tutoyais.
– Ah ! Votre nuit de l’Imoko, bien sûr…
– Des diarrhées et des évanouissements. Rien de grave, mais nous devons être prévoyants.
Il a proposé de venir avec moi :
– Écoute, le Prince ne sera là que dans une heure, ça me laisse le temps de te déposer au dispensaire et de revenir ici.
– C’est bon, on y va.
– Alors je vais me changer en vitesse.
Pendant que je l’attendais dans la cour, j’ai entendu un cri tout près de la porte d’entrée. Il y a eu ensuite un silence qui m’a paru assez long. Bithege est aussitôt ressorti de sa chambre, une serviette autour des épaules.
– Que se passe-t-il ?
– J’ai entendu un cri.
– Tu ne sais pas ce que c’est ?
Je me suis peut-être fait des idées, mais j’ai eu l’impression qu’il me soupçonnait tout à coup de lui cacher quelque chose. La même petite lueur de méchanceté a brillé dans son regard fixe et dur. C’était effrayant comme l’expression de son visage pouvait changer d’une seconde à l’autre. Quand il y a eu un deuxième cri, encore plus fort, il a jeté sa serviette sur le canapé et s’est précipité dans la rue. Je l’ai suivi. Au bout de quelques mètres, je l’ai vu s’arrêter pour parler avec le Prince Koroma qui venait dans notre direction. Complètement hébété, le Prince tournait la tête de tous côtés en marmonnant des propos incohérents. Entre deux phrases, il répétait : «Je les ai vus… Je les ai vus…»
– De qui parlez-vous, Prince ?
– Ils s’amusaient comme des enfants ! Je vous jure que je les ai vus !
– Qui ? Qui donc ?
– Ils se moquent de nous… Savez-vous qu’ils se moquent vraiment de nous ? Comment osent-ils ?
– Dites-nous ce que vous avez vu, Prince Koroma. Qu’avez-vous vu ?
Aujourd’hui, près d’un an après les événements de cette journée, j’ai au moins une certitude : Bithege avait immédiatement perçu l’extrême gravité de la situation. Moi, j’étais en plein cirage. Je crois aussi que le Prince Koroma me faisait bien trop pitié pour que je puisse penser à autre chose. Son visage, habituellement d’une rayonnante douceur, s’était brusquement assombri. Il ne faisait aucun geste de trop ; son corps semblait se mouvoir avec précaution dans un invisible et dangereux labyrinthe. Ses yeux hagards étaient ceux d’un halluciné encore hanté par ses visions.
À force de patience, Bithege réussit à lui faire raconter son histoire.
Elle était toute simple.
Se promenant seul dans la forêt de Diandio, le Prince Koroma avait entendu un bruit inaccoutumé. Il s’était alors dissimulé derrière un buisson. Et là, il avait surpris les notables de Djinkoré en train de préparer à leur manière la nuit de l’Imoko. Pour le dire aussi crûment que possible, sans jouer avec les mots, les vieux salopards se répartissaient les rôles et mettaient au point leurs foutaises pour la nuit de l’Imoko. Toi, tu seras l’Ancêtre Numéro Un. Non, t’es vraiment con, ne marche pas aussi vite, tu as trois mille ans et tu viens de sortir du tombeau, alors voici comment tu dois te bouger, pareil pour toi Numéro Ancêtre Deux, n’oublie jamais que tu es censée être une charmante vieille dame, tu as cette fichue arthrite, etc., etc. J’ai forcé un peu le trait, je l’avoue, mais c’est juste pour rester fidèle au récit chaotique du Prince Koroma. Ce dernier, qui n’avait jamais été témoin d’une scène aussi affreuse, ajouta que les notables se livraient à leur comédie en se moquant de la crédulité de la populace. Ils chantaient et dansaient de manière grotesque entre deux larges gorgées de tiko-tiki. Celui qu’ils appelaient Ancêtre Numéro Un dut s’y reprendre à plusieurs reprises pour donner l’impression que sa voix, rauque et profonde, venait tout droit des profondeurs de l’abîme et ses complices le gratifièrent d’un tonnerre d’applaudissements. Tous se grimaient avec du kaolin, de la cendre et du charbon et se fabriquaient des vêtements avec des feuilles et des écorces arrachées aux arbres. De sa cachette, le Prince Koroma les entendit prononcer plusieurs fois son nom. Ils disaient avec des éclats de rire d’ivrognes que le Prince Koroma serait un bon roi pour eux, car c’était un parfait crétin. Bithege fit semblant d’être révolté par les révélations du Prince :
– Prince Koroma, connaissez-vous ces mauvaises personnes ?
– Tout ça, c’est le vieux Casimir Olé-Olé, répondit le Prince Koroma. Il est leur chef.
– Le chef de qui ? fit encore Bithege. Nous voulons connaître les noms des autres.
Mais le Prince Koroma n’était déjà plus avec nous. Il dit, très lentement cette fois-ci :
– Ainsi donc, toutes ces choses sont des inventions.
J’aurais voulu dire quelque chose, mais les mots se refusaient à moi. J’étais fasciné par la métamorphose du Prince Koroma : il venait de perdre la raison et il ne la retrouverait plus jamais.
– Calmez-vous, Prince, nous ne les laisserons pas faire, dit Bithege.
– Ce sont des mensonges, hurla le prince, ils font dire ce qu’ils veulent aux Deux Ancêtres ! Casimir Olé-Olé est leur chef !
– Casimir Olé-Olé… murmura Bithege.
Il ne semblait guère surpris d’apprendre que le vieux vendeur de fruits était au centre de toute cette histoire. Il restait cependant un peu tendu.
– Il faut tuer Casimir Olé-Olé, suggéra soudain le Prince Koroma avec un calme étrange.
– Mais pourquoi donc ? ai-je demandé, affolé.
Bien sûr, je n’aimais pas ce que les vieux notables de Djinkoré avaient fait, je n’aimais pas ça du tout, mais je ne comprenais pas non plus qu’on veuille les tuer. Je sais aujourd’hui ce qui me faisait tant paniquer à l’époque : c’était de sentir que j’allais bientôt être mêlé, d’une façon ou d’une autre, à un meurtre politique.
– La nuit de l’Imoko ! cria le Prince. La nuit de l’Imoko ! Je vais dire aux habitants de Djinkoré que c’est un mensonge ! Toutes ces choses, ce sont des mensonges !
Le plus calme de nous trois, c’était bien entendu Christian Bithege. Il tenait beaucoup à savoir si le prince avait eu le temps de raconter sa mésaventure à d’autres habitants de Djinkoré. Quand il eut la certitude que nous étions les seuls à en être informés, il lui dit avec un profond respect dans la voix :
– Prince, allons ensemble dans la forêt de Diandio. Casimir Olé-Olé et sa bande seront châtiés comme ils le méritent.
J’ai failli crier au prince Koroma : « Non, surtout ne faites pas cela ! Ne le suivez pas Prince !» Je n’en ai pas eu le courage. De toute façon, il ne m’aurait même pas entendu. Plus rien n’avait désormais de l’importance pour lui. Bithege m’a fait signe de monter à l’arrière de la Volvo et, tel un automate, le Prince s’est assis à ses côtés. Devant la forêt de Diandio, Bithege m’a prié de les laisser seuls un instant. Ce n’était pas nécessaire, je savais très bien ce qui allait se passer. Bithege prit une sacoche marron dans le coffre. Ses gestes étaient précis et de tout son être se dégageait une impression de farouche et sauvage résolution. Je l’ai regardé prendre le Prince Koroma par la main et s’enfoncer avec lui parmi les hautes herbes. Il est revenu seul au bout de quarante-cinq minutes.
– On y va, a-t-il dit en faisant tourner le moteur de la voiture.
«Je suis déjà bien en retard, ai-je pensé. Au dispensaire, ils vont se demander ce que je suis devenu.» J’essayais sans doute de me convaincre que la vie continuerait comme avant. Mais ce n’était pas si simple. Mon double ne me laissait pas tranquille, il martelait mon crâne avec la même question : «Que vas-tu devenir, après ça ?»
Bithege m’a brusquement annoncé qu’il rentrait le soir même à Mezzara. J’ai fait comme si je n’avais rien entendu et il a ajouté :
– La délégation officielle arrive demain. Elle sera conduite par le Big Boss en personne. Je lui fais mon rapport cette nuit.
Le Big Boss… Il s’était bien payé ma tête, en fin de compte, Christian Bithege. Le silence dans la voiture était pourtant moins pesant que le jour de son arrivée. Si je me taisais cette fois-ci, c’était moins par hostilité à son égard que pour me tenir loin des ténèbres qui risquaient de m’engloutir après le meurtre du Prince Koroma.
Bithege a dit ensuite, sans se tourner vers moi :
– C’était la seule solution…
– Je sais bien.
Même si j’avais du mal à l’admettre, je pensais sincèrement que, d’une certaine façon, ce fils de pute n’avait pas eu le choix. Sans doute encouragé par ma réaction, il a repris :
– Tout s’est passé très vite. Il n’a pas souffert.
– Vous êtes trop bon, Monsieur.
Je ne sais toujours pas d’où m’était venu subitement tant de mépris pour cet homme si sûr de lui. Il a reçu de plein fouet cette sorte de crachat à la figure et au moment où je sortais de la voiture il a dit simplement, avec calme :
– Merci pour tout. Adieu.
Il n’a pas attendu ma réponse, mais j’ai compris le sens de son dernier regard, qui m’a presque fait pitié : «J’ai fait ce que j’avais à faire, tant pis pour toi si tu ne l’as pas compris.»
La suite de mon histoire, je m’en souviens comme si c’était hier.
Les Deux Ancêtres sont descendus sur Djinkoré illuminée par un grandiose feu d’artifice et, au petit matin, la foule en délire s’est déchaînée : «Gloire à notre nouveau roi ! Gloire à Casimir Olé-Olé !» Le président de la République est alors apparu aux côtés de Casimir Olé-Olé, raide, quasi pétrifié, avec sur le visage cet air de lassitude et de bienveillante sévérité qui ne le quitte pas depuis des années.
Le « protocole de l’Elysée », livre de Thierno Alassane Sall, montre que d’Etat, nous n’en n’avons plus depuis 2000 et l’avènement de l’ère libérale avec Abdoulaye Wade, puis Macky Sall
La sortie du livre de Thierno Alassane Sall a été accueillie par un volet de bois vert de thuriféraires du régime brandissant un « argument » de divulgation de secrets d’Etat par l’ancien ministre. Le « protocole de l’Elysée », titre du livre qui devrait être lu par tous les Sénégalais qui savent lire et être rendu accessible oralement à tous les autres, montre que d’Etat, nous n’en n’avons plus depuis 2000, avec l’avènement de l’ère libérale avec Abdoulaye Wade, puis Macky Sall. Le livre, très bien écrit, est aussi passionnant qu’un roman sur la mafia sicilienne, sauf qu’il s’agit ici de faits bien réels, au demeurant non démentis par ses contempteurs, qui se passent dans le Sénégal d’aujourd’hui et qui donnent des haut-le-cœur. Avis aux lecteurs : à ne pas lire le soir si on veut bien dormir. Car en effet, à travers son livre, Thierno Alassane a mis à nu une mafia sénégalaise bien organisée qui a fini de s’emparer de tous les leviers de notre nation et de dévoyer toutes nos institutions pour les mettre au service exclusif de ses propres intérêts.
Conglomérat de dirigeants politiques captés par des hommes d’affaires véreux, multinationales, et pouvoirs néocoloniaux internationaux, d’affairistes locaux portés par des prétendus religieux et autres lobbies occultes, et qui ont placé leurs juges pour sécuriser leur pouvoir et leur impunité, cette Mafia-Etat est devenue redoutable. Avec seuls l’argent et le pouvoir au cœur, et à travers des montages techniques, juridiques et autres micmacs les plus grossiers, elle rafle tout sur son passage : ressources financières du contribuable, foncier et autres ressources naturelles nationales. Au passage, par le récent bazardage de tout le pétrole et le gaz du Sénégal à Timis et à Total, en particulier, le Sénégal aura perdu des milliers de milliards de Francs CFA, dilapidant ainsi des opportunités de propulsion du pays hors de la liste des pays les plus pauvres du monde. Ce matin, dans une radio de la place, on faisait état de l’absence de médecins spécialistes (cardiologues et autres) à l’hôpital de Ziguinchor. Au demeurant, les ressources allouées au secteur de la santé par la mafia-Etat peine à dépasser 5% du budget national, ceci expliquant en grande partie l’effondrement de notre système de santé. Que n’aurions-nous pas pu faire pour notre système de santé avec ces milliers de milliards de Francs CFA « offerts » par la mafia à ses « amis » de Timis et de Total ? Tout Sénégalais entrant dans un hôpital devrait se poser cette question.
Dans sa belle logique, la mafia poursuit de plus belle son œuvre d’accaparement du foncier urbain et rural, et de soustraction des deniers publics à travers les marchés complaisants, y compris dans cette période de crise sanitaire Covid-19 dont on aurait espéré qu’elle secoua la conscience. Une mafia avec une conscience, pourrait-on me répliquer…
L’auteur souligne que Dakar ne devint pas comme Paris en 2000, comme le promettait Senghor, et, à notre avis, tel qu’il est gouverné par le système mafieux, le Sénégal ne sera pas non plus émergent en 2035, ni en 2100 d’ailleurs.
Il est aussi évident que si cette mafia a pu émerger sous le régime Wade, se renforcer et aujourd’hui tout se permettre sous celui de Macky, c’est que nos concitoyens dans leur grande majorité ont été complices ou tout simplement passifs, ce qui revient un peu au même.
Mais est-ce que les femmes et hommes politiques que nous sommes, qui ont opté pour la résistance patriotique, avons été à la hauteur des enjeux en adoptant des choix stratégiques majeures que nécessitent la situation de notre pays ? Je pense que non. Et pourtant, dès le référendum de 2016, il était devenu clair, pour ceux qui se faisaient encore des illusions, que le Président Macky Sall avait opté pour la continuation du système Wade, faisant fi des conclusions des Assises nationales et de la CNRI qui visaient la refondation de notre Etat. Dans les échéances électorales qui ont suivi, les leaders de l’opposition patriotique se sont plus concentrés à tenter de construire des destins présidentiels à la limite du messianisme, autour du cercle étroit de leurs partis et autres mouvements. Le résultat qui en a découlé était fort prévisible face à une mafia extrêmement puissante et au cynisme sans limites allant jusqu’à la liquidation inédite de candidats à la présidentielle par la justice et par un système de parrainage, avec à la clé l’élaboration et la mise en œuvre d’un système d’achat de consciences des électeurs jamais égalé dans l’histoire électorale du pays.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, comme dit Thierno sur les systèmes mafieux de Wade à Macky, il serait illusoire de penser que l’opposition patriotique, sans une profonde refondation de son action politique, puisse triompher d’une mafia-Etat qui n’hésitera devant rien pour garder sa mainmise sur le pays…pour au moins 50 ans, comme le prévoyait Wade. Après les échecs de 2016 (référendum), 2017 (Législatives) et 2019 (Présidentielle), on aurait espéré que l’opposition patriotique aurait enfin compris. Les signaux en sont encore timides. En effet, beaucoup parmi nous restent obnubilés par l’expérience de Macky Sall qui est arrivé au pouvoir après seulement quelques années de vie de son parti, en occultant la dynamique politique et citoyenne impulsée par les acteurs des Assises nationales et qui a préparé le terrain de la 2e alternance. Aussi, pour recréer une telle dynamique populaire porteuse d’alternative et de rupture, il y a urgence pour l’opposition patriotique de développer ses capacités d’innovation pour sortir des carcans partisans étroits et de construire une large plateforme politique et citoyenne. Cette plateforme devrait être basée sur des modèles de fonctionnement démocratiques et, autour du débat d’idées, offrir la possibilité de compétitions structurées pour le choix des leaders nationaux et locaux qui auront à impulser la refondation de notre nation.
Le « protocole de l’Elysée », après tant d’autres livres publiés sur les scandales de la gouvernance libérale tropicale de Wade à Macky, a fini de dénuder la mafia-Etat ; il est temps de la mettre hors d’état de nuire et reconstruire notre pays, car les Sénégalais sont aujourd’hui encore plus fatigués.
Ousmane Ndoye est Secrétaire National chargé de l’organisation de la LD-Debout.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
POUVOIR ET PANTHÉON
EXCLUSIF SENEPLUS - L’homme d’État refuse le favoritisme, fait le tri entre ses affaires personnelles et celles du pouvoir. Il sait dire non à la vanité de l’homme providentiel
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 28/08/2020
« La différence entre l’homme politique et l’homme d’Etat est la suivante: le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération » (James Freeman Clarke.
Chérir le pouvoir est l’apanage d’un chef d’Etat, courtiser l’histoire celui d’un homme d’Etat. Le même prince peut faire les deux sans être l’arbitre d’un duel intérieur que peut induire ces deux comportements, rarement compatibles quand celui qui gouverne n’a pas un caractère trempé.
L’exercice du pouvoir impose son rythme avec les coteries, les urgences des préoccupations citoyennes. Il expose notre moi profond, met à nu nos désirs et nos décisions dans le choix des collaborateurs, explique la face cachée des projets de société et surtout leur mise en œuvre.
L’histoire peut être considérée comme la fin d’un parcours soumis au jugement des hommes toujours en quête d’éternité Un parcours que maints dirigeants espèrent terminer dans quelque panthéon. Ce haut lieu accueille également d’autres personnalités qui se sont illustrées, en dehors de l’espace politique, par la Science, les Lettres, l’Art, l’Humanisme, etc.
Pour celui qui gouverne, l’entrée au panthéon, exige qu’il sache quitter son magistère et ses privilèges à temps et volontairement, en déjouer les pièges, résister à la complaisance, maitriser ses penchants, dominer ses sentiments, s’imposer l’impartialité, obéir à la justice, dompter ses préférences. Il doit aussi savoir maîtriser ses pulsions et empêcher que ne prospèrent les intérêts personnels de son entourage. Ce sont là les aspects-clés du leadership. Auxquels s’ajoutent des vertus morales spartiates qui distinguent l’homme d’Etat du chef d’Etat. De telles empreintes indélébiles ouvrent les portes de l’histoire.
Selon le théologien et écrivain américain du 19è siècle, James Freeman Clarke : « La différence entre l’homme politique et l’homme d’Etat est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération ».
Miroir aux alouettes
L’intégrité morale de l’homme qui exerce la plus haute charge de l’Etat est mise à l’épreuve à chaque instant, face aux tentations, aux miroirs aux alouettes brandis par des experts en génuflexion, dont on attend des conseils avisés et qui, loin de vos attentes, vous cernent pour vous rendre inaccessible. Ils vous serinent que votre destin est unique, s’improvisent en protecteurs de votre prétendue vulnérabilité face à de simples adversaires politiques évidemment décrits comme d’irréductibles ennemis tapis dans l’ombre.
Les mêmes conseillers vous contournent et vous détournent des valeurs essentielles qui ouvrent les portes de l’histoire, vous font trahir votre serment et piétiner les simples principes d’une gouvernance vertueuse. Insensiblement, l’arrogance devient votre marque.
L’homme d’État refuse le favoritisme, fait le tri entre ses affaires personnelles et celles du pouvoir, ses émotions et les raisons d’Etat. Il sait résister aux pièges des biens matériels, sait dire non à la vanité de l’homme providentiel. Il a pour devoir de ne pas succomber au vertige du pouvoir qui guette quiconque tient dans ses mains cette puissance dont le non initié ne soupçonne pas l’étendue.
Y-a-t-il un vaccin contre cette maladie aigüe du pouvoir, la « pouvoirite », néologisme osé ? Non, mais il existe un antidote : fidélité au serment, obéissance stricte aux lois et règlements qui doivent s’appliquer à tous avec la même impartialité. Le détenteur du pouvoir doit être sans complaisance, rigoureux dans son exercice, inflexible sur les qualités morales et techniques de ses collaborateurs au-dessus de tout soupçon, garde-fous pendant les moments de défaillance humaine.
Autrement, la perception du citoyen des collaborateurs du dirigeant au pouvoir ne peut qu’être négative, chargés qu’ils seront de tous les maux d’Israël à l’inverse du chef qui doit être un parangon de vertu. En fait, le choix de collaborateurs incapables et incompétents révèle l’incapacité de son auteur à se hisser au niveau de ses hautes fonctions.
Symphonie harmonieuse
Tel un chef d’orchestre, l’homme d’Etat doit réussir une symphonie harmonieuse en détectant les meilleurs instrumentistes et en installant chacun à la place qu’il faut pour éviter les fausses notes.
L’enjeu est de rassembler dans la même équipe des acteurs d’horizons divers, de formation différente et d’intérêts parfois divergents, et de faire de leur enrichissante diversité un atout au profit de l’intérêt général, le seul qui vaille lorsque l’on a en charge la conduite de tout un peuple.
Les collaborateurs et autres conseillers doivent admirer, craindre et respecter celui qui est à leur tête. S’ils décèlent ses défauts, ses faiblesses humaines, ses décisions fondées sur l’affect, ils deviennent des béni oui oui, incapables de dévier les désirs du chef en allant, au contraire, jusqu’à les anticiper.
Les causes de telles dérives morales sont simples. L’entourage est coopté en fonction d’affinités amicales, familiales, sociales et ethniques ou de penchants étrangers à l’efficacité.
L’exercice du pouvoir s’apparente, très souvent, à une lutte contre soi-même à travers un compagnon encombrant appelé l’Ego. Il gonfle de manière soudaine lorsque vous ne vous rappelez pas souvent vous-même à l’ordre. Il tend à la démesure dès que vous cessez d’être humble et que la volupté de vos fonctions vous enivre.
Impartiale, l’histoire ouvre ses portes à tout prince qui accède au pouvoir. Il les franchit ou butte devant elles en fonction de sa vision et de sa gouvernance. C’est à l’aune de cet exercice que le peuple juge. Il est aussi le marqueur des empreintes à léguer à la postérité.
LIMITATION DU NOMBRE DE MANDATS PRÉSIDENTIELS EN AFRIQUE, LA ROUTE EST ENCORE LONGUE
Sept des dix présidents en exercice depuis le plus longtemps sur la planète sont africains. De tels agissements montrent que le continent est loin d’en avoir fini avec l’ère désastreuse des présidents à vie
Le Monde Afrique |
Adem K Abebe |
Publication 28/08/2020
Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, Alpha Condé en Guinée, Yoweri Museveni en Ouganda, Faure Gnassingbe au Togo… Nombreux sont ceux qui veulent rester au pouvoir.
Le président ivoirien Alassane Ouattara (78 ans) a finalement confirmé le 20 août qu’il briguerait un troisième mandat en octobre. Quelques jours plus tard, le parti au pouvoir en Guinée a demandé au président Alpha Condé (82 ans) de se présenter pour la troisième fois.
De tels agissements montrent que l’Afrique est loin d’en avoir fini avec l’ère désastreuse des présidents à vie. Amorcée dans la foulée des indépendances, celle-ci s’est prolongée jusqu’à la fin des années 1990, avec des effets délétères sur la stabilité, la démocratie et le développement socio-économique du continent.
Au cours des vingt dernières années, l’Union africaine (UA) a mis au point des moyens relativement efficaces pour lutter contre les coups d’Etat anticonstitutionnels contre les gouvernements. En revanche, l’UA n’a toujours pas réussi à régler le problème des présidences impériales. Du fait de cette inaction, l’organisation se voit traitée de club privé des dirigeants en place.
Sept des dix présidents en exercice depuis le plus longtemps sur la planète sont africains. Parmi ceux-ci figurent le Camerounais Paul Biya, qui dirige le pays depuis 1982, et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, aux commandes de la Guinée équatoriale depuis 1979. Leurs régimes sont souvent définis par l’instabilité, l’absence de libertés civiles comme politiques, ainsi qu’un patrimonialisme et une corruption étendus.
Contourner la limitation de deux mandats
Issu des rangs de l’opposition, Alpha Condé a pris le pouvoir en 2010 après avoir remporté les premières élections pluralistes organisées en Guinée à la mort, en 2008, de Lansana Conté, lui-même arrivé à la tête du pays au moyen d’un coup d’Etat vingt-quatre ans auparavant. Un gouvernement de transition, mis en place en 2010, a été suivi de l’adoption d’une nouvelle Constitution et de nouvelles élections.
Farouche adversaire de Lansana Conté, Alpha Condé s’est notamment opposé à l’amendement constitutionnel de 2003 autorisant son adversaire à briguer un troisième mandat. Une fois aux commandes, en 2010, Alpha Condé a rapidement consolidé son pouvoir grâce à l’hégémonie de son parti, le Rassemblement du peuple de Guinée, avant d’être réélu en 2015. En 2019, son gouvernement a annoncé son intention d’adopter une nouvelle Constitution visant à contourner une disposition interdisant de modifier la limite de deux mandats présidentiels.