A ce rythme, la dette que l’Etat a contractée au centre hospitalier régional de Ziguinchor a plongé la structure sanitaire dans le coma. Elle n’est plus capable d’honorer ses engagements. En plus, le centre hospitalier n’a pas de cardiologue, d’anesthésiste, de réanimateur, de néphrologue, d’urgentiste et d’ambulance médicalisée
Le centre hospitalier régional de Ziguinchor est un grand corps malade qui a besoin d’une véritable thérapie de choc. La structure sanitaire est sur le point de sombrer dans le coma à cause de la dette de l’Etat et de l’absence de médecins spécialistes. Le secrétaire général de la section Cnts de l’hôpital, Siméon N. Faye, estime les créances à 866 258 309 Fcfa. Sur cette somme, l’ardoise de l’Etat s’élève à 724 881 942 Fcfa. Du coup, l’hôpital peine à honorer ses charges. Ces créances qui ont fini de ralentir le fonctionnement de la structure sanitaire sont réparties comme suit: l’Etat doit 123 656 381 Fcfa dans le cadre du plan sésame, 64 186 395 Fcfa pour le plan sésame Ipres, 181 748 765 Fcfa pour les césariennes, 62 830 000 Fcfa pour les hémodialyses, 61 827 297 Fcfa pour l’union départementale des mutuelles de santé (CMU), 230 563 104 Fcfa pour le IB et 141 446 367 Fcfa pour les IPM. Le responsable indique également que la dette de l’Ipres au moins de juin est de 181 876 989 Fcfa mais l’hôpital doit à son tour pour ses cotisations sociales 64 millions. «L’hôpital n’est pas en mesure de prendre en charge son personnel parce que les recettes ne peuvent pas supporter les charges.
En plus, les tarifs de consultation sont bas parce qu’il faut prendre en compte la pauvreté de la population. L’hôpital a les tarifs les plus bas par rapport aux autres structures régionales», renseigne Siméon N Faye qui met ce problème de santé financière de l’hôpital sur le compte de l’Etat qui a failli à son devoir. Cette situation a mis les travailleurs de la structure hospitalière dans une précarité. «Les agents recrutés en 2003 à l’hôpital par le décret 74-347 n’ont jamais bénéficié d’avancement dans leur carrière. La majeure partie des 85 stagiaires sont dans une structure depuis maintenant près de 10 ans grâce à un mois de break, qui permet à l’administration de l’hôpital de les utiliser de manière continue», déplore Siméon Faye. Selon lui, le personnel contractuel n’a pas une prise en charge médicale adéquate par l’hôpital qui ne dispose pas d’une IPM depuis sa création. En sus, dit-il, «78 parmi ces agents contractuels ne bénéficient pas de la motivation Nepad. Les heures supplémentaires ne sont payées au personnel contractuel qu’annuellement pour un montant en moyenne de 50 000 Fcfa par agent.»
A en croire Siméon N. Faye, des agents retraités n’ont pas perçu leurs pensions de retraite faute de cotisation de l’hôpital à l’Ipres.
MANQUE DE CARDIOLOGUE, D’ANESTHESISTE, DE REANIMATEUR, DE NEPHROLOGUE…
Le centre hospitalier de Ziguinchor souffre également d’un manque de médecins spécialistes. «L’hôpital n’a pas de cardiologue, d’anesthésiste, de réanimateur, de néphrologue et d’urgentiste. L’hôpital n’a pas aussi d’ambulance médicalisée d’où nos difficultés d’évacuer des malades», dénonce le responsable syndical. Malgré les difficultés d’honorer ses charges, Siméon. Faye pense que le déficit de personnel est notoire. Il reproche à l’Etat de n’y avoir pas affecté assez d’agents malgré ses recrutements. «Sur les 28 médecins, seuls 16 sont des fonctionnaires dont 03 de Cobra, les 12 sont des contractuels. Le personnel paramédical est de 147 agents. 95 sont des contractuels et 52 des agents de l’Etat. Pour les 99 agents qui constituent le personnel administratif d’appoint, seuls 19 agents sont des fonctionnaires dont 02 COBRA, les 80 agents sont des contractuels. A cela s’ajoutent les 85 stagiaires et des contractuels de l’hôpital», souligne M. Faye.
Au total, l’Etat n’a recruté que 87 agents contre 187 contractuels en plus des 85 stagiaires.
LES HUIT RECOMMANDATIONS POUR UNE BONNE THERAPIE DU SYSTEME
Les acteurs de la santé ont fait le diagnostic du système qui a montré ses limites avec l’avènement de la pandémie du coronavirus
Les acteurs de la santé ont fait le diagnostic du système qui a montré ses limites avec l’avènement de la pandémie du coronavirus. C’était à l’occasion de la revue annuelle conjointe 2019 du Plan national de développement sanitaire et social. Huit recommandations sont sorties de la rencontre présidée par Abdoulaye Diouf Sarr. D’ailleurs, ce dernier a soutenu que la baisse de la pandémie doit s’apprécier sur une longue période.
La pandémie du coronavirus a fini de révéler les maux des structures sanitaires qui souffrent d’un faible plateau médical et du manque de médecins spécialistes surtout dans les régions. Pour renverser cette tendance, les acteurs de la santé, sous l’égide du ministre de la Santé et de l’Action Sociale, ont diagnostiqué le système et proposé des pistes de solutions. C’était à l’occasion de la rencontre d’élaboration du troisième plan National de Développement Sanitaire et Social (PNDSS). Il s’agissait pour ces acteurs de la santé d'analyser les indicateurs des quatre performances du DPPD 2019-2021, de partager la situation des indicateurs prioritaires, de discuter des contraintes et difficultés dans la mise en œuvre de la politique de santé à travers les quatre programmes du DPPD. «Aujourd'hui, l’objectif est d’arriver à combler les gaps notés et à satisfaire les attentes des populations. C’est pourquoi, partant des résultats présentés et de nos discussions, je voudrais retenir ces recommandations», a indiqué Abdoulaye Diouf Sarr à la fin des travaux.
Ainsi, huit recommandations sont sorties de cette rencontre. D’emblée, les acteurs de la santé suggèrent de veiller à la complétude des données pour une bonne appréciation des variations d’une année sur une autre. «A cet effet, il est utile d’assurer l’inter opérabilité des systèmes de gestion des données», rappelle le ministre de la Santé. Le manque de spécialistes reste également une préoccupation des acteurs pour une meilleure prise en charge sanitaire des populations : «le renforcement des ressources humaines, surtout dans les régions périphériques en spécialistes, en techniciens supérieurs, en paramédicaux, assurer les audits de décès maternels avec plus de régularité dans la tenue des réunions du comité régional multi sectoriel et poursuivre les efforts pour une meilleure exécution du PEV en vue de conforter les performances enregistrées dans la vaccination», souligne Abdoulaye Diouf Sarr. Il est recommandé également l’amélioration de la disponibilité des médicaments, des produits essentiels et d’apurer systématiquement la dette de la Pna et les dettes des structures de bases de la Pna.
Aussi, les acteurs invitent-ils à veiller sur le bon fonctionnement des comités de développement sanitaire sur toute l’étendue du territoire et accélérer la mise en œuvre de la loi d’orientation sociale en vue de renforcer l’autonomisation des personnes vulnérables. Abdoulaye Diouf Sarr tient au renforcement de la prise en charge des urgences et à la mise en œuvre des conclusions du forum organisé sur la question.
ABDOULAYE DIOUF SARR TROUVE PREMATURE DE PARLER D’UNE BAISSE
Par ailleurs, le ministre de la Santé a été interpellé en marge de la rencontre sur une supposée baisse de la pandémie du coronavirus Sénégal. Pour Abdoulaye Diouf Sarr, il est prématuré de parler de baisse.
A l’en croire, on ne peut apprécier l’évolution de la pandémie sur une courte période.
D’ailleurs, il faut savoir que le ministère mise sur une gestion de la pandémie dans le temps, selon les fluctuations du nombre de cas positifs. Son département s’est inscrit dans la logique d’une longue lutte. Même si les problèmes du système sanitaire sont mis à nu par la covid-19, Abdoulaye Diouf Sarr pense que le système s’adapte bien. Qu’à cela ne tienne, le bilan du jour de la pandémie fait état de 1 242 tests effectués dont 108 sont revenus positifs à la covid-19. Il s’agit de 59 cas contacts suivis et 49 cas issus de la transmission communautaire. Ces cas issus de la contagion communautaire proviennent de Kaolack et de Ziguinchor qui viennent en tête (avec 05 cas chacun), de Nord Foire 03 cas, de Pikine 03 cas, de Tambacounda 03 cas, de Tivaouane 03 cas, de Fatick 02 cas, de Mbour 02 cas, de Nioro 02 cas, de Rufisque 02 cas, de Guédiawaye 01 cas, de Dieuppeul 01 cas, de Kédougou 01 cas, de Keur Massar 01 cas, de Kolda 01 cas, des Maristes 01 cas, de la Médina 01 cas, de Mbao 01 cas, de Ngor 01 cas, de Ouakam 01 cas, de Vélingara 01 cas, de Thiès 01 cas, de Sokone 01 cas, de Yeumbeul 01 cas, de Sacré-Cœur 01 cas, de Scat-Urbam 01 cas et de Yoff 01cas. Cependant, la courbe des décès poursuit sa progression. Deux décès liés à la covid-19 sont à déplorer et 43 cas graves sont en réanimation.
Le ministère de la Santé a déclaré 122 patients guéris. A ce jour, le Sénégal a enregistré 13 294 cas positifs dont 8 974 guéris, 277 décès et 4 042 personnes sont encore sous traitement.
LA GUEULE DE BOIS DANS LES MENAGES
Et si le mois d’août durait 60 jours? Après la folie dépensière qui a caractérisé les ménages durant la fête, les pères de famille tirent désormais le diable par la queue.
Et si le mois d’août durait 60 jours? Après la folie dépensière qui a caractérisé les ménages durant la fête, les pères de famille tirent désormais le diable par la queue.
Entre prêts, précarité voire austérité, les lendemains sont durs. Pour colmater les brèches, on est obligé d’en creuser d’autres. Autant d’ingrédients qui risquent de prolonger la disette. La ferveur de la Tabaski s’est estompée. Si la fête fut belle pour toutes les couches de la société, chez les pères de famille, c’est la gueule de bois. A quelques jours de la première fin du mois après la Tabaski, on sort presque la calculette.
Enseignant dans la région de Thiès, Djibril Thiam est fier d’avoir été à la hauteur des attentes de sa famille. Mais aujourd’hui, le stress ne le quitte pas. « Maintenant on joue la prolongation. On sait tous qu’avec les énormes charges liées à la fête, un salaire ne peut pas le supporter. Il a fallu des prêts par-ci, des économies par-là », dit-il. Même s’il dit avoir pris les précautions nécessaires, il estime qu’il est assez difficile de se fier à ses prévisions. « Quand je touchais mon salaire, je pensais avoir tout planifié. Mais avec les imprévus, les innombrables dépenses, tout a été faussé », regrette-t-il.
Professeur de musique dans un lycée de la banlieue, Massamba Soumaré a longtemps hésité avant de prendre son salaire à moins d’une semaine de la Tabaski. « J’étais presque sûr de pouvoir gérer tranquillement les dernières dépenses et les quelques imprévus. Mais je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour dépenser tout ce que j’avais. En un moment, j’ai pensé avoir été victime de vol », ironis et-il.
Amadou Sy est délégué médical. Il ne s’en cache pas, la fête l’a ruiné et pour lui, c’est parti pour deux bons mois de galère. « Pour être honnête, je n’avais pas plus de 50 000 francs, le lendemain de la Tabaski. Donc j’ai été obligé de faire un prêt rapidement auprès des proches. Maintenant, la fin du mois approche, il faut payer. C’est ce qui nous met dans une spirale de dettes interminables », regrette-t-il. La Tabaski fut dépensière pour lui. « J’ai attendu de percevoir mon salaire pour acheter un mouton à 120 000 francs. À cette somme, il faut ajouter les frais liés à l’habillement etla restauration. C’est plus de 250 000 francs vite grillés », rend-il compte.
A l’en croire, le portefeuille est actuellement aussi léger qu’une feuille. « Je ne donnerai pas de chiffre exact mais mes économies ont vite fondu comme beurre au Soleil. J’ai vivoté durant tout le mois d’août. Mais comme si c’était interminable, le mal me poursuit toujours. Je n’ose même pas aller prendre mon salaire du mois d’août. Je sais qu’il est déjà fini. Entre les charges fixes, les dettes, ça va être difficile de tenir plus de dix jours. Du coup, c’est la gymnastique financière pour la gestion des dépenses courantes. « Je n’ai pas encore touché mon salaire, mais d’après mes calculs, il ne me reste que 35 000 alors que les factures et les autres dépenses n’attendent pas. Nous vivons au jour le jour, il va falloir combler le gap par des prêts à côté », assure t-il.
UNE AUSTERITE QUI S’ETERNISE
Environ 200 000 francs cfa suffisaient à couvrir les charges mensuelles d’Ousmane Thiam. L’agent comptable de 41 ans pense qu’il est difficile de maîtriser ses sorties d’argent durant les fêtes. A l’en croire, les dépenses peuvent facilement doubler ou tripler et le drame, c’est qu’au moment de dépenser, on est dans la ferveur de la fête. « C’est comme si on était dans un puits d’argent qui ne tarit jamais. Mais dès le lendemain j’ai commencé à stresser. Je savais que j’avais dépensé plus que mes capacités. Aujourd’hui, le salaire du mois d’août est fini avant même que je ne le perçoive. Il va falloir serrer la ceinture très fort pour y arriver et bientôt on parlera d’ouverture des classes », indique-t-il. Aujourd’hui, chez Mamadou Mbengue, le désarroi et la détresse sont les sentiments du jour et ce, depuis la Tabaski. Et ce n’est pas près de s’arrêter. En effet, pour couvrir les dépenses de la Tabaski, son salaire a certes suffi, mais il a dépensé au détriment des charges classiques. « J’ai été obligé d’activer une tontine pour couvrir les dépenses. Or, quand j’ai adhéré, c’était vraiment pour compléter l’achat d’un terrain. Aujourd’hui, tous mes calculs sont faussés. Je dois revoir tous mes plans. Entre ce que je dois faire ponctuellement, les projets, c’est comme si je dois reprendre à zéro », dit-il, visiblement très préoccupé.
SAVOIR RAISON GARDER
Père d’une famille de quatre enfants, Bassirou Sall vit bien. Malgré un salaire qui ne dépasse pas 500 000 francs, il arrive tout le temps à gérer toutes les dépenses sans perdre beaucoup de plumes. Selon lui, la fête, c’est une épouse en état de grossesse. On sait tous qu’elle va accoucher. Donc, dit-il, il faut savoir tout planifier. « Il y a une folie dépensière qui caractérise bon nombre de Sénégalais. Si on accepte d’être mené dans cette direction, c’est interminable », tempère-t-il. Selon lui, face à une conjoncture assez complexe, il ne sert à rien de se perdre dans des dépenses parfois inutiles. C’est pourquoi, dit-il, il faut une discipline financière très rigoureuse pour s’en sortir. « C’est bien de se faire plaisir et faire plaisir à sa famille. Mais il faut aussi savoir vivre en fonction de ses moyens », dit-il.
Et notre interlocuteur a trouvé la parade. Après chaque Tabaski, il se paye un agneau qu’il entretient à la maison tranquillement. Le mouton, dit-il, se nourrit des restes de nourritures. « Pour le reste, j’ai un petit pot, je me fixe comme objectif d’y mettre chaque jour 200 francs. C’est avec ça que je gère toutes les petites dépenses même celles de Tamxarit », révèle-t-il. Pendant que les gens stressent, lui est peinard. S’il a une conviction, c’est que la vie est simple pour celui qui vit en fonction de ses moyens. Très équilibré, Pape Sidi lui ne veut pas revivre le même calvaire que l’année dernière où il avait même mis le loyer dans les dépenses. « Des que j’ai perçu mon salaire, la première chose que j’ai faite, c’est de payer le loyer et la ration alimentaire. C’est avec le reste que j’ai géré les dernières dépenses. Aujourd’hui, il ne me reste que des miettes à payer. Le problème chez nous, c’est que nous ne savons pas planifier », lance-t-il.
LES TONTINES TABASKITAMXARIT COMME RECOURS
Alors que la Tabaski vient à peine d’être célébrée et que la fête de Tamxarit arrive, si beaucoup stressent, il y en a qui sont pépères. Ce sont ceux qui ont eu la bonne idée d’être dans des tontines. Vendeuse de petit-déjeuner à Hann Mariste, Ngoné Sy a perdu son mari il y a de cela deux ans. Mais de son défunt amour, elle a retenu une astuce qui lui sert toujours. « Chaque mois, je verse 15 000 francs.Aun mois de la Tabaski, on me donne 125 000 francs. Deux semaines après, on me donne un lot composé de viande, couscous et des légumes pour les besoins de la Tamxarit. Avec cette astuce dit-elle, la fête est célébrée sans anicroches. Avec une activité informelle, dit-elle, Ngoné ne peut pas se permettre de faire certaines dépenses. Mais selon elle, le moment est venu pour les Sénégalais, particulièrement les femmes, de revenir sur terre. Quand les temps sont durs, dit-elle, il faut savoir se passer de certaines choses qui ne sont pas forcément importantes.
MAUDIT SOIT L’AVANCE SUR SALAIRE
En plein dans la ferveur de la Tabaski, Pape Malé n’imaginait pas que la fête finirait un jour et que la routine quotidienne reprendrait. «Non seulement j’ai commis l’erreur de prendre tout mon salaire avant la fête, mais juste après, je me suis permis de prendre une avance sur salaire pour colmater quelques brèches », regrette-t-il. Aujourd’hui, il vient de recevoir un message de sa banque. Son salaire a été viré. Hélas ! Il se trouve défalqué d’un montant assez conséquent. « Je ne sais vraiment pas comment faire. C’est vrai que c’est moi qui ai pris l’avance. Mais aujourd’hui, je ne sais plus où donner de la tête. Il y a la fête de Tamxarit. Il va falloir faire un autre prêt ou demander une autre avance sur salaire. Ça va me mettre dans une spirale compliquée. Et bientôt, ce sera la rentrée des classes », dit-il préoccupé. S’il est agréable au moment de la toucher, l’avance sur salaire est un couteau à double tranchant.
Chauffeur dans un journal de la place, Khadim ne veut plus entendre parler d’avance sur salaire. « Je l’ai prise une fois. C’était après la Tabaski de 2018. Mais à chaque fois, j’étais obligé de la prendre pour équilibrer. Il a fallu que je perçoive mes indemnités de congé pour arrêter la spirale. C’est fini. Je le déconseille à tout le monde, sauf en cas de force majeure », dit-il.
IL NE PEUT PLUS Y AVOIR NI EXCLUSION, NI EXCLUSIVITE SUR LE CONTINENT
Devant les entrepreneurs français du Medef, le président Macky Sall a tenu un discours qui laisserait sous-entendre que les investisseurs du pays de Marianne ne sont plus dans leur zone de confort en Afrique
Geoffroy Roux de Bézieux, président du Mouvement des Entreprises de France (Medef) et ses camarades sont avertis. Invité d’honneur de leurs assises, le Président Macky Sall a été sans langue de bois avec eux. D’autant qu’il soutient que le cercle des partenariats s’élargit en Afrique, de sorte qu’il ne peut plus y avoir d’exclusion ou d’exclusivité sur le continent.
La France est-elle en train de perdre son monopole au Sénégal et sur le continent africain en général ? En tout cas, devant les entrepreneurs français du Medef, le Président Macky Sall a tenu un discours qui laisserait sous-entendre que les investisseurs du pays de Marianne ne sont plus dans leur zone de confort en Afrique. «Le cercle des partenariats s’élargit en Afrique, de sorte qu’il ne peut plus y avoir ni d’exclusion, ni d’exclusivité sur le continent. De plus, les gouvernants sont tenus par des exigences de délai et de qualité dans l’exécution des projets », a soutenu le chef de l’Etat sénégalais devant les nombreux patrons présents à cette rencontre tenue par les Entrepreneurs de France, malgré un contexte marqué par la pandémie de la COVID-19. Prévenant les entrepreneurs français qui engagent des projets en Afrique, le Président Macky Sall a estimé que chaque projet doit être exécuté dans les normes et livré à l’échéance convenue. Il rappelle que le vrai enjeu de la coopération avec l’Afrique aujourd’hui, ce n’est plus le débat sur l’augmentation de l’aide publique au développement. Mais comment les gouvernements des pays partenaires pourraient soutenir les initiatives d’investissements privés par la facilitation de l’accès au crédit et des mécanismes de financements appropriés.
Face aux chefs d’entreprises français, le Président du Sénégal est revenu aussi sur les mesures qu’il a prises pour résister aux conséquences économiques de la Covid-19. « Pour sa part, le Sénégal fait face à la crise dans le cadre d’un Programme de Résilience économique et sociale (PRES) à hauteur de 1,64 milliard de dollars, financé par l’Etat, avec l’appui de partenaires au développement et de donations volontaires », fait-il savoir. Indiquant dans la foulée que ce programme a permis entre autres de soutenir le secteur de la santé par le relèvement substantiel du plateau médical, des tests et un traitement gratuits des malades ; d’assister les populations en denrées de première nécessité et produits phyto sanitaires ; d’appuyer notre diaspora si généreuse envers le pays en temps normal, et aujourd’hui durement éprouvée ; de sauvegarder la stabilité macroéconomique. Toutefois, pense-t-il, il reste que pour l’ensemble des pays africains, les efforts internes ne suffiront pas pour amortir le choc de la crise et relancer la croissance économique. Il nous faut plus de capacités financières.
Ainsi, tout en saluant le rôle du Président Emmanuel Macron qui a contribué à l’adoption par le G20 d’un moratoire sur le service de la dette jusqu’à la fin de l’année 2020, le Président Macky Sall affirme néanmoins : « C’est une mesure appréciable, mais certainement insuffisante compte tenu de l’impact de la crise sur nos économies. Si je prends l’exemple du Sénégal, d’après nos dernières estimations, notre taux de croissance économique passerait de 6,8% à 1,1%. C’est pourquoi l’Union Africaine souhaite travailler avec les partenaires pour une extension du moratoire du G20 jusqu’en 2021. » Selon lui, il convient en outre de considérer la question de l’allègement du fardeau de la dette pour accompagner l’Afrique dans ses efforts de résilience et de reprise de sa trajectoire d’émergence post COVID. Mettant en exergue tout son optimisme quant au devenir du continent, il ajoute : « L’Afrique émergente est loin des stéréotypes qui la présentent comme la face obscure de l’humanité ; et le risque d’y investir n’est pas plus élevé que dans beaucoup d’autres régions du monde. A tous nos partenaires, publics et privés, mon message reste le même : posez un nouveau regard sur l’Afrique et les Africains. Ceux qui continuent de percevoir et d’analyser les dynamiques africaines à travers des paradigmes et des paramètres périmés risquent d’être surpris et en retard sur les rendez-vous de demain. »
«D’ICI 2023, LE PAP2 REQUIERT UN FINANCEMENT DE 22,4 MILLIARDS D’EUROS»
Par ailleurs, à l’image de l’Afrique, le Président Macky Sall rappelle que le Sénégal veut rester dans cette dynamique avec la Phase II du Plan Sénégal Emergent sur la séquence 2019-2023. « Le Programme d’Actions Prioritaires (PAP) de cette Phase II porte sur des secteurs cibles comme les infrastructures, les mines, l’énergie, y compris l’exploitation du gaz et du pétrole, le transport, l’agriculture etl’agro-business, la construction, avec un programme quinquennal de 100 000 logements, le tourisme, la finance, les industries et l’économie numérique», plaide-t-il devant les investisseurs français en leur soulignant que d’ici 2023, cet ambitieux programme requiert un financement de 22,4 milliards d’euros dont le tiers est attendu du secteur privé local et étranger. Amadouant le patronat français, il affirme : «Vous pouvez y contribuer. Je ne vous présenterai pas le Sénégal. Vous connaissez le pays. Nous connaissons la qualité du savoir-faire français. Nous avons en commun une langue et une tradition juridique, en plus de la proximité géographique. Plus de 250 entreprises françaises opèrent au Sénégal, pour plus de 30 000 emplois créés. »
En tant que pays d’accueil, d’après lui, il appartient au Sénégal de poursuivre l’amélioration de l’environnement des affaires. C’est pourquoi, rassure-t-il, dans cet esprit de simplification et de diligence, l’Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux (APIX) a désigné un point focal pour faciliter aux investisseurs du MEDEF les démarches administratives.
«L’AFRIQUE A DEJOUE LES SOMBRES PRONOSTICS QUI PREDISAIENT UNE HECATOMBE»
Revenant sur la Covid-19 et ses effets sur l’économie mondiale, le président de la République trouve que cette crise sanitaire majeure révèle au grand jour l’impréparation du monde face aux pandémies, et met à nu les vulnérabilités et contradictions de notre modèle de production et de consommation. « Au fond, c’est la question de la finalité même du développement qui est posée. Dans sa quête du progrès, l’homme recule chaque jour les limites de la science et de la technologie, y compris dans la conquête de l’espace. Pendant ce temps, sur terre, il manque de masques, de kits de tests, d’équipements de protection individuelle, de lits, de respirateurs ; autant de nécessités indispensables à sa vie et à sa santé », s’alarme Macky Sall avant d’ajouter : « Il urge de repenser notre modèle de développement, d’apprendre de nos erreurs, de redéfinir l’ordre des priorités et de redonner sens à l’économie réelle, en investissant plus et mieux dans l’agriculture, l’énergie durable, les infrastructures, la santé, l’éducation et la formation, afin de réaliser un développement compatible avec le bienêtre de l’homme intégral. »
Répondant aux oiseaux de mauvais augure comme certaines institutions internationales, il lance : « Devant cette pandémie inédite, l’Afrique, par son expérience des épidémies, par la jeunesse de sa population et les mesures préventives précoces, se montre résiliente et combative, déjouant ainsi les sombres pronostics qui prédisaient une hécatombe sur le continent. » Il demande aux entrepreneurs français de travailler à consolider leurs relations, dans la confiance mutuelle.
Par Palmira Telésforo Cruz
CHRISTOPHE COLOMB, DECAPITER LE MYTHE
L’enlèvement du symbole par le pouvoir ou la récupération du symbole par le contrepouvoir s’inscrit dans une guerre idéologique qui justifie, légitime ou défie les relations de pouvoir
«Et il ne lui venait pas à l’idée qu’il pourrait houer, fouir, couper tout, tout autre chose vraiment que la canne insipide. C’était un très bon nègre.» Aimé Césaire, Dans : Cahier d'un retour au pays natal.
Sur le droit de houer
Nous vivons, entourés et d’une certaine manière piégés par un univers de symboles. Ainsi, individu, peuple, personne, communauté, Etat, c’est dans l’inter-échange que nous découvrons qui nous sommes au milieu des entrelacs d’un cadre symbolique avec ses relations au pouvoir. La définition du « qui nous sommes » est établie phénoménologiquement.
Le langage institue l’ordre de notre situation biographique, notre « ici » et notre « maintenant », pour nous donner la possibilité de nous interpréter nous-mêmes et par la même la réalité. Et les limites gnoséologiques de la cage dorée que représentent les catégories taxonomiques, et la représentation par et à travers le langage sont, la modération, la controverse et l’exercice dialectique qui remettent en question les visions uniques déguisées en consensus. Les luttes politiques sont toujours menées dans l’arène du sens. Une statue ou un monument colonial symbolise quelque chose, et il serait très intéressant de savoir quoi pour chacun de nous, quoi pour soimême, quoi pour nous-mêmes, quoi pour les autres.
Revenant à l’origine pour comprendre, imaginons la joie cynique des lettres de Christophe Colomb à ses rois. Un mois après son arrivée sur l’île d’Espagne, Colomb prévient que la terre est fertile et les hommes dociles.
Dans sa lettre, il n’y a pas de promesse de mettre fin à l’éternelle famine européenne, mais plutôt le joyeux espoir de générer des profits. Le symbole dans sa lettre n’est pas celui de la justice ou de l’espoir mais plutôt celui de la domination, sa comptabilité ne fait pas référence à des vies mais à des revenus et des pertes, à des projections de marché (1). À partir de ce moment-là, La Colonia est devenue un pilier du système capitaliste en tant que fournisseur de matières premières abondantes et de main-d’œuvre « ultra-bon » marché et jetable.
Les administrateurs coloniaux successifs jusqu’à Léopold II de Belgique se rendent alors compte que seul le travail forcé rend l’exploitation des colonies rentable. C’est la réalité. Pour le cacher, l’architecture coloniale a généré un sens alternatif pour laver le visage culturel de ce que nous appelons génériquement «l’Occident». Elle a déguisé la violence de l’accumulation primitive, elle a couvert la guerre, les meurtres et les déplacements, elle a caché le fait que les hommes de cette époque-là reconnaissaient déjà que leurs actes n’étaient ni légaux ni civilisés, mais qu’ elles étaient et le sont encore -comme beaucoup de ses économistes l’ont reconnu- « un mal nécessaire », et de surcroit elle a fabriqué la justification de son invasion pour obtenir des avantages tout en dissimulant la viabilité de la conquête aux autres puissances coloniales.
Couvrant ses péchés visibles au nom de la civilisation et de la religion, l’univers du discours ambigu fait son apparition et opère dans les colonies avec la carotte idéologique dans une main et le gourdin dans l’autre. Et le symbole a été créé. C’est ainsi que l’Amérique s’est retrouvée envahie par des statues de Christophe Colomb oint comme découvreur, explorateur naïf, curieux et intrépide, «grand homme», homme d’affaires pervers investi comme un modèle pour l’humanité.
Peter Tosh, poète subversif de la Jamaïque, a averti: « Vous enseignez Christophe Colomb aux jeunes, et vous avez dit qu’il était un homme très grand. » et « d’abord tu es venu et tu nous as vendu le christianisme, cependant que tous tes membres convoitaient juste la vanité. Leur disant de te faire confiance fidèlement, Ne voyant pas que c’est le retour de l’esclavage, Tu nous as enseigné que le paradis se trouve très haut dans le ciel. Que nous ne pouvons l’atteindre que si nous mourons. » (2) Les indépendantistes n’ont pas essayé de changer cette idée de la «grandeur» coloniale ; ils l’ont juste reformatée pour donner une certaine continuité aux dominations nationalistes parce que l’idéologie et la religion civilisationnistes avaient été certifiées comme instruments efficaces de contrôle social. La manipulation perverse des concepts de civilisation et de religion (humaniste et rédemptrice) représente l’oppression historique de l’Occident sur les colonies.
Pour des raisons pratiques, l’Europe est à la fois coquine et sale. Putride et sournoise. Comme ces basques médiévaux qui cachaient des portions de la merde que les gens chiaient : elle ment sur son propre mal et sa violence pratique pour insister sur le fait que la colonie n’était pas pure ambition, mais successivement, spiritualité religieuse, mission civilisatrice, développement et coopération, héritage de paix, démocratie, les droits de l’homme...
En revanche, elle a utilisé l’impulsion de la plus-value coloniale à sa richesse nationale pour se construire un bel avenir. Pendant qu’elle s’illuminait elle nous refusait l’éducation ; quand elle nous éduquait au dogme religieux, elle se familiarisait avec la discussion philosophique et scientifique, et se technologisait tandis que la pauvreté de siècles d’exploitation nous plongeait dans un obscurantisme médiéval. Mais nous n’abandonnons pas sans résistance. La première rébellion américaine en 1521 eut lieu dans les plantations de Diego Colón, le même endroit qui exalta l’âme économique de Christophe Colomb. Ce fut d’une violence exemplaire qui montrait clairement que ni l’un ni l’autre des parties ne croyaient en «leur temps» au prétexte de la civilisation et l’amour religieux. Les colons se sont équipés derrière des murs, ont renforcé leurs effectifs militaires, surveillé plus efficacement et ont puni en spoliant la vie. Les subversifs ont été accusés de briser l’ordre de l’amour de dieu et la raison de la civilisation.
En réalité, c’était contre le marché que les pauvres s’étaient levés. Mais, comme de notoriété, le langage a tendance à se ranger du côté du pouvoir, aussi, l’on ne pouvait le défier sans en être en retour puni. Les rébellions ou les répressions ne manquaient pas, et le symbole transformait la liberté en péché. L’on ne pouvait pas non plus considérer, comme civilisé de couper, non pas la tête d’un symbole (dieu ou colonisateur transformé en statue) mais les têtes des colonisateurs. des décennies de défi ont dû s’écouler pour que nous sentions qu’il était juste de récupérer la liberté par la rébellion, et des siècles de domination douloureuse ont dû passer pour que nous nous donnions la permission d’être violents. Il est heureux que les révolutions triomphantes du XXe siècle aient restauré notre confiance dans la révolte et que nous nous soyons retrouvés dans les philosophies libératrices. Nous avons acquis de nouvelles manières d’interpréter la réalité concrète ; nous avons remplacé l’idée de l’attente civilisatrice, de la mission humaniste et religieuse par celle de la concrétisation des actes historiques de domination, d’invasion et de conquête ; nous avons souligné qu’en Amérique il n’y avait pas eu de découverte mais une conquête et qu’en Afrique il n’y avait pas développement mais pillage.
Le changement de sens nous a permis de justifier notre droit à nous lever. Fanon a insisté dans certains de ses textes: «Le colonialisme n’est pas une machine à penser, ce n’est pas un corps doté de raison. C’est la violence à l’état de nature, et elle ne peut s’incliner que devant une violence plus grande »(3). Rétrospectivement, il est au moins curieux que la violence scrutée, étudiée, interrogée, remise en question et formatée soit la nôtre, et non la violence cachée de la métropole, toujours déguisée en bonnes intentions.
Même dans le cas qui nous concerne, celui des statues et monuments coloniaux, planter la statue d’un marchand d’esclaves meurtrier sur un piédestal dans le centre administratif d’une ville n’est pas considéré comme un acte de violence, mais c’est la casser ou la déboulonner qui l’est. Les concepts d’honorer-vandaliser chargés de morale sont opposés: vandaliser est mauvais, rendre hommage est bien. Et l’on insiste sur la naïveté de ces hommes qui voulaient apporter la civilisation, l’Histoire laquelle est désormais ce qui est passé et qui ne se reproduira plus. Et l’on dit qu’il faut leur pardonner car ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient. Mais, certes ils le savaient !
2. Sur la distinction entre la canne insipide et la subversion du symbole
Il est vrai que nous nous sommes fréquemment remis aux termes philosophiques, politiques, humanistes du colon. Il est impossible de faire autrement. Nous avons été formés à son école ; nous avons nourri notre âme avec sa culture et sucé à la mamelle de son histoire. Mais les instruments du langage, même les siens, nous pouvons, de manière subversive, les transformer en outils propres à nous, pour ainsi sarcler notre terre avec ses concepts et ses mots, en les dotant du référent qui fait la preuve de leur validité. Parce que l’Occident a tendance à se regarder le nombril et à décréter le jour ou la nuit pour tout le monde.
C’est ainsi qu’a été décrété l’interdit sur la violence coloniale: ce que nous sommes ne l’est plus, maintenant nous sommes des êtres de lumière. Comment ne pas nous laisser amuser par certains de leurs eurocentrismes (comme celui par lequel l’on affirme que le «mal radical» ne s’est exprimé que dans l’Holocauste, comme si dans le tiers monde nous ne connaissions pas de maux beaucoup plus radicaux). d’autres devraient être dûment pris en compte pour connaître, sur la base anthropologique cet Occident nouveau et «pacifié».
Entre autres, Lipovetsky affirme qu’ils (nous aussi par extension peut-être) sont progressivement devenus “des sociétés profondément contrôlées dans lesquelles les actes de violence interindividuelle ne cessent de diminuer, où l’usage de la force discrédite ceux qui le font, où la cruauté et la brutalité suscitent l’indignation et l’horreur, où le plaisir et la violence sont séparés. (4) Pouvons-nous croire que ces sociétés sont maintenant si différentes de ce qu’elles étaient hier ?
L’Europe se dit repentante de certains excès de son passé, se regarde dans le miroir et souffre un peu de la guerre franquiste, de l’holocauste, et, bien qu’elle n’ose pas se retourner pour regarder la ligne qu’elle a négligemment baptisée, «choses de son temps», elle s’excuse en ritournelle. Elle pleure l’expression maximale de la perte de son humanité, de la rupture de sa culture et de sa philosophie dans ces tragédies modernes, qui, contrairement à nos épisodes coloniaux, sont considérées comme des confrontations à la cour céleste. Mais elle a toujours été comme ça, nous pourrions faire remarquer depuis les colonies, que le mal fait partie de ses belles traditions, et les preuves ne manquent pas qui montrent que le camp de concentration nazi a été expérimenté auparavant parmi les Herero et Nama et que le régime de Franco n’a fait que répéter en Espagne ses crimes du Rif et de Guinée équatoriale.
Certes, il parait qu’il n’y aura pas de nouvel holocauste sur son territoire géographique, mais il semble que cela ne soit valable que dans un sens, la direction demeurant la même. dans le tiers monde, nous ne trouverons plus d’esclaves qui brûlent les champs et abattent leurs maîtres. Mais nous continuerons de retrouver le drame humain des esclaves tués pour assurer l’obéissance à l’ordre, dans les mines, dans les champs pétrolifères, dans les fermes. Et ce ne sera pas l’Occident qui fera à nouveau l’erreur insensible d’honorer un administrateur colonial avec une statue ; mais il consacrera les nouvelles icônes de l’entreprise néocoloniale sur les nouveaux socles des réseaux sociaux et des médias, comme des hommes et des femmes d’une réussite souhaitable : des statues moins immanentes mais plus globales. Il n’a pas changé ; l’Occident a le même visage de toujours, son ambition de fer impose un ordre de répression et de contrôle. Il laissera les migrants mourir dans la mer ou le désert, il battra les étudiants et les travailleurs, ses policiers briseront le cou aux minorités, ses soldats aideront les compagnies minières ou pétrolières à polluer l’air et l’eau, laisseront les peuples autochtones mourir de faim ou de maladies curables, pour voler leurs terres.
Et son ancien visage de « civilisation » et de « spiritualité » nous laissera démanteler les statues et les monuments coloniaux parce qu’il a réalisé du fond du cœur, qu’ils offensent notre sens politisé de la vision. Il insistera également sur le fait que la violence et les perturbations sont antipolitiques; et il imposera avec une nouvelle religion de faux symboles appelée dits politiquement correct, un voile de silence sur la vérité qui seule compte c’est-à-dire que le capitalisme continue de dévorer les hommes, même s’il prétend qu’obliger les racistes à ne pas appeler un nègre, nígger est un triomphe dans le halo des revendications.
Revenons au fait : le postmodernisme occidental insiste sur sa nouvelle bonté acquise. L’Occident histrionique se gronde pour montrer qu’il est bouleversé par l’esclavage, la traite, la domination violente, mais ce n’est pas l’éthique, la morale ou la déontologie qui guident ses actions, mais le même politiquement correct, cela à des fins de gouvernance. L’Occident s’éloigne du mal radical parce que celui-ci est bananier et de mauvais goût et ruine son image parfaite de modèle social-démocrate idéal. Il ne partagera pas le monde et ses marchés avec nous car le profit est sacré et c’est le sien. Mais il nous donnera en aumône dans le creux de la main la portion congrue du système statique sous la forme d’un quota de bonté (sexe, race, ethnicité, minorité).
C’est en vertu de ce quota de bonté sociale, que nous nous sentons offensés à la vue d’une statue coloniale sur notre place publique la plus proche. C’est aussi et au nom du politiquement correct que, quelqu’un s’excusera auprès de nous, publiquement et à genoux et reconnaîtra que tout cela a fait partie d’une histoire primitive déjà vaincue. Cependant, ce mea culpa informatisé et viral ne suffira pas à évaluer le coût du pillage des richesses géographiques dans le développement contemporain et à les restituer, ni à fermer les chaînes productives qui fondent les profits sur l’exploitation continue des misérables dans les néocolonies, ni pour partager les progrès technologiques ou scientifiques réalisés grâce aux profits coloniaux, ni pour changer les droits des mineurs illégaux ou pour inverser la tendance au manque de droits de propriété des femmes…
Que les manifestants soient autorisés à jeter une statue dans la rivière, qu’ils soient autorisés à la peindre, à l’abattre ou à la démolir, qu’un gouvernement local prenne l’initiative de déboulonner Linné, Rhodes, Léopold II, que la statue soit plus tard remplacée par celle d’un esclave enchaîné ou un activiste noir, ces actes ne seront pas des triomphes de la liberté. Cela signifie peut-être que les Noirs et les peuples autochtones d’Amérique sont importants en tant que symbole social postmoderne, mais non en tant que personnes réelles, car mettre fin à notre faim et à notre pauvreté ne fait pas partie du catalogue des objectifs à court terme du politiquement correct. Parce que la signification actuelle inhérente à l’euphorie de Colomb pour ses gains possibles, s’est élargie à travers les nouvelles techniques de commercialisation du système qui amplifie ses bases de consommation : il faut être «décent» (féministe, antiraciste, animaliste, proLGTTBI, Vegan, écologiste) pour continuer á vendre. Nous faisons partie de la clientèle préférée du marketing politique qui utilise le politiquement correct pour gagner notre faveur.
Certes, c’est ce politiquement correct qui a autrefois tenté de s’imposer comme outil de prévention de la violence contre les minorités et qui est maintenant un monolithe dictatorial qui cache les injustices les plus profondes de la violence capitaliste, nous faisant croire que nous gagnons de l’espace, car si nous demandons une poupée barbie noire, grosse, atteinte de vitiligo et en fauteuil roulant, nous l’aurons. si notre «black is beautiful» a besoin d’un film de super-héros noirs, nous l’aurons, même s’il décaféine l’image emblématique du black Panther, mouvement de résistance, pour donner sa place au roi Tchachala de Wakanda.
Le film sera considéré comme une fierté raciale car les populations noires du monde commenceraient à être considérés comme des protagonistes de ces espaces précédemment interdits et battront des records au guichet pour montrer que le capitalisme gagne toujours quand il est décent et correct. de la même manière, si nous avons besoin que la ville de Los Angeles ait une mairesse noire et lesbienne, nous l’aurons et on la vendra comme telle avant de reconnaître ses compétences professionnelles. si nous avons besoin de renverser une statue, cela nous sera accordé afin de laver le visage du système dans une sorte de toilettage de l’Histoire. Mais en même temps, dans ces mêmes endroits, les travailleurs «essentiels» de la pandémie et qui ne sont pas autorisés à se mettre en quarantaine sont noirs et latinos.
L’ordre économique capitaliste se perpétue et bénéficie en et des mêmes symboles constants au sein de la colonie américaine, la traite, la colonie africaine, l’extractivisme néocolonial. Et pourtant il insiste sur le fait qu’il ne peut y avoir de violence plus féroce que la sienne. Nos rages sporadiques, brisées et faibles seront à peine une bouderie contre une statue, et ne guériront pas, même si une rue change de nom ou si un monument disparaît d’un piédestal. Lacan dit quelque part que seul ce qui est nommé dans la culture existe. C’est ainsi que les héros de la colonie ont été nommés pour exister et leurs histoires ont été écrites dans la pierre et leurs images dans le bronze, pour que nous désirions être à leur image et ressemblance, les reconnaître dans l’ordre du pouvoir qui leur permettait de se légitimer au-dessus de nous.
Et le moyen de les renommer et de nous renommer est de nous construire nous-mêmes, - plutôt de nous re-construire- et d’arracher les symboles pour nous rétablir. Le besoin transhistorique de démontrer ce qui est évident devrait être le test le plus concluant pour discréditer les symboles coloniaux européens: nous aurions dû montrer que nos droits sont les mêmes, que ce que fait l’Occident, c’est de piller, que nous n’avons pas besoin de tutelle, que nous ne sommes ni stupides, ni des sauvages inutiles et déstructurés. Cette reconstruction qui a consommé une grande partie de la pensée philosophique des libérations démontre le potentiel de la violence matérielle et idéologique de l’Occident avec laquelle s’impose la différence d’accès aux ressources qui nous a placés dans le sous-développement technologique et scientifique. Certes, ces statues représentent cet ordre du «divin incontestable», mais les supprimer ne détruit pas cet ordre du sacré colonial, nous continuons à offrir des vies et des corps en sacrifice. C’est peut-être pour cela que la droite rance de Macron insiste pour les garder.
La question fondamentale c’est comment changer la réalité concrète en la réinterprétant, sans offrir des utopies irréalisables ou des abstractions intellectualistes sans valeur ? Parce que la véritable subversion du symbole passe par la subversion de sa référence, changer le symbole n’est possible que si nous transformons la réalité à laquelle il se réfère. Enzo Traverso (5) dit que retirer les statues n’effacera pas l’histoire mais nous la fera voir plus clairement et que l’histoire peut aussi être racontée du point de vue de ses victimes. Mais il parle de l’histoire des victimes du passé ; supprimer des statues ne change pas le symbole historiquement continué et ne prétend pas permettre non plus de raconter l’histoire des victimes du présent. Il faudra de l’honnêteté politique pour reconnaître que la suppression, le remplacement ou la décapitation des statues et des monuments ne changera pas de manière significative les relations de pouvoir de nos anciennes nations néo-colonisées avec les nations encore colonisatrices.
L’important sera de définir la linéarité et la permanence de la pensée occidentale qui, d’une part, continue de définir le chemin civilisationnel en cours tout en perpétuant son pillage et d’autre part continue de planifier le comment vivre pour tant d’autres siècles de choses étranges à venir. Tel est le paradoxe présent même dans la discussion sur le patrimoine: la violence de les retirer de la mémoire historique est remise en question, mais non la violence symbolique de les perpétuer. Reconnaître ce double discours nous rendrait moins vulnérables à leurs symboles, cela ferait de nous des générateurs de réactions légitimes de dissidence, de rejet et de résistance… Jusqu’au jour où, retirer la statue de la place publique sera un véritable symbole de justice sociale et non un document du politiquement correct.
3. Sur la canne semée dans la terre.
N’oublions pas non plus que même si nous sommes divergents dans nos opinions, la discussion sur l’Occident ne sera pas la nôtre, sa droite rance défend ses statues, la gauche ‘cool’ joue un rôle de condescendance enfantine et en même temps de sainte Inquisition. Nous ne devons céder à aucune de leurs manières de nous interpréter, car cette discussion doit être la nôtre, pour ouvrir des agoras et forger des philosophies, des visions du monde, des analyses du passé afin de faire des propositions pour l’avenir. Il y a ceux qui voient à tort une rupture stérile de «l’unité» dans cette discussion, comme si le désaccord était synonyme d’un manque d’accord, comme si pour construire le chemin, il fallait suivre un leurre, comme si nous devions nous honorer d’héritier de cet Occident qui n’a pas encore appris à ne pas imposer des visions uniques déguisées en consensus. Nos représentations sont nées de l’exercice dialectique sur la place publique.
La problématique qui surgit de ces discussions sur les monuments coloniaux n’est ni facile ni mineure, et il n’y a pas de réponse unique car elle concerne des phénomènes aussi complexes que l’identité et l’identification, qui sont des fondamentaux dans le choix communautaire de l’ensemble des symboles qui définissent le destin commun. C’est pourquoi il est important que nous ne soyons pas tous d’accord et que nous puissions nous écouter sur tous les tons possibles de l’échange, pour établir des objectifs communs, pour définir les divergences inacceptables, pour nous nommer dans notre culture par nos propres moyens, dans nos formes de représentation politique, pour exister à partir de notre autoréférentialité. Ce qui doit être clair, c’est que l’enlèvement du symbole par le pouvoir ou la récupération du symbole par le contrepouvoir s’inscrit dans une guerre idéologique qui justifie, légitime ou défie les relations de pouvoir.
Tant la défense que la suppression des statues et monuments coloniaux, l’un ou l’autre, pourraient se situer dans la même structure univoque d’un système qui ne veut changer qu’en apparence. Car si regagner la domaine d’un symbole ne transforme pas politiquement les hommes et les femmes, c’est-à-dire si cela ne les rend pas plus capables d’interpréter leur réalité, si cela ne leur fournit pas les outils pour prendre des décisions sur leur propre émancipation, cela signifie peut-être que nous plaçons la lutte pour le sens dans un non-lieu, et que peut-être devrions-nous d’abord pointer les autres symboles de la domination transhistorique, tels que l’argent et le marché, le profit et le travail. Le symbole qui est l’objectif de notre destruction, construction ou reconstruction, doit nous permettre de cesser d’être misérable. si les statues disparaissent, nous ne perdons pas forcément notre mémoire ou notre histoire, si nous sommes vigilants, mais nous courons le risque de croire que ce qu’elles symbolisent, ce qu’elles représentent, ce qu’elles signifient, a aussi disparu.
Et ce n’est toujours pas le cas. Je ne dis pas qu’ils ne sont ni à supprimer ni à démolir, j’insiste pour qu’on n’oublie pas que ce qu’ils représentent est toujours là avec nous, immanent et terrible. La colonie n’est pas partie. Ce qui reste comme une leçon de ces jours, c’est que cette discussion est en vigueur chaque jour depuis 500 ans, 300 ans, 100 ans, cette année, les vers de Roque dalton: «Je crois aux poings levés et à l’impardonnabilité de l’oppression». Ne pardonnons pas, n’oublions pas et ne croyons pas que la fin des monuments coloniaux est, loin s’en faut, la fin de nos peines coloniales. Houons, creusons, coupons tout.
deuxième lettre de relation
You Can’t blame the Youth, Peter Tosh
Fanon, F., Los condenados de la Tierra, FCE, México 1965, p 54
Lipovetsky, La era del vacío, Anagrama, barcelona 2000, p 189
*Palmira Telésforo Cruz est communicologue, politologue et chercheure universitaire, issue de la diáspora noire mexicaine. Pendant une dizaine d’années elle a travaillé au développement de la Casa Hankili Àfrica, Centro Historico, Ciudad de México
L'HEURE DE LA RELANCE ECONOMIQUE
L'Etat a défini une stratégie marketing de la destination sénégal qui intègre à la fois le niveau national et international et qui met en avant la singularité de la marque Sénégal par rapport à d’autres destinations, selon le ministre du Tourisme
M. Le Ministre, avant la crise la situation du secteur des transports aériens était présentée comme prometteuse, qu’en était-il exactement
Alioune SARR – Vous avez raison, la situation était en effet très prometteuse. Il faut rappeler que le secteur des transports aériens s’inscrit dans le cadre de la Vision de M. Le Président de la République Macky Sall de faire de Dakar le 1er Hub Aérien de la région Afrique de l’Ouest. La première composante du projet Hub Aérien est l’Aéroport International Blaise Diagne. Ce dernier a été mis en exploitation le 07 décembre 2017, et enregistrait déjà une croissance du trafic passagers de près de 10 % en 2018 et 5 % en 2019. de plus, AIbd est classée dans le top 10 des meilleurs aéroports d’Afrique. La compagnie nationale, Air Sénégal, deuxième composante du projet hub aérien, a été mise en service en mai 2018 avec la desserte de Ziguinchor, suivie des dessertes régionales en octobre de la même année. La réception de son premier « A330-900 néo », le 31 janvier 2019, consacre le développement du réseau intercontinental de la compagnie nationale avec le démarrage de la ligne Dakar-Paris-Dakar. Air Sénégal a ensuite lancé son hub à AIbd, en octobre 2019.
Ainsi, les horaires de vols journaliers vers et en provenance de Paris ont été modifiés pour assurer une coordination optimale avec les horaires de vols à destination de la sous-région et vice versa. dans le même temps, la compagnie a commencé ses vols vers Barcelone et Marseille tout en poursuivant l’expansion de son réseau africain. Cela a été facilité par la réception, courant novembre 2019, du deuxième aéronef A330néo. En mars 2020, Air Sénégal représentait 15 % du trafic aérien de l’AIbd, détenant ainsi la part de marché la plus importante de la plateforme aéroportuaire. Enfin, la 3ème composante, « reconstruction et mise aux normes des aéroports régionaux », a été lancée en décembre 2018, à Saint-Louis par son Excellence Monsieur Macky sALL, Président de la République. Le contrat commercial et la convention de financement sont tous deux signés. La quote-part de l’Etat du Sénégal a été libérée en Mai 2020 et la remise du site de l’aéroport de saint-Louis à l’Entreprise Tronçon, effectuée le 24 juillet dernier, a marqué le démarrage du chantier. Cet ambitieux programme, dont le caractère géostratégique est non négligeable, va permettre le désenclavement de pôles importants pour notre économie.
Concrètement, quel a été l’impact de la COVID19 sur un projet aussi bien parti ?
L’industrie des transports aériens a été le secteur le plus durement touché par cette crise dont la gravité dépasse de loin celle du 11 septembre 2001. A l’échelle mondiale, aucun pays n’a échappé à son impact avec une chute brutale de 80 % du trafic aérien mondial. L’Association des Transporteurs Aériens Africains (AFRAA) a annoncé que 95 % des compagnies du continent ont cessé toute activité.
Dans un communiqué de presse du 13 août 2020, l’IATA prévoit d’ailleurs que le trafic de l’année 2020 va chuter de 54 % (plus de 80 millions de voyages de passagers) par rapport à 2019. L’estimation précédente était moins importante et analysait une baisse de 51 %. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) ne dit pas le contraire, elle qui prévoit que la reprise du trafic aérien mondial ne se fera pas avant 2023, soit plus de deux ans à gérer les effets de la crise. Il faut regarder ce qui se passe eu Europe avec les vagues de licenciements annoncées ou en cours dans les grandes compagnies, à fortiori en Afrique, pour mesurer l’ampleur de l’effort jamais fait au Sénégal dans le secteur par le Président de la République Macky sALL. C’est un pan entier de l’économie qui était menacé. Au sénégal, suite à la fermeture de l’espace aérien le 20 mars, le trafic à l’AIbd s’est réduit de 97 %.
Les vols d’Air Sénégal se sont limités aux vols humanitaires affrétés par plusieurs pays pour rapatrier leurs nationaux et résidents. Cette baisse de trafic a entrainé des pertes de recettes évaluées à 19 milliards en trois mois pour la compagnie. Pour éviter l’effondrement du Hub aérien en pleine construction, plusieurs actions ont été menées. C’est ainsi que l’Etat, dans le cadre du Programme de Résilience Economique et social (PRES) initié par Monsieur le Président de la République, qu’il faut féliciter pour sa clairvoyance, a mis en place un Fonds de résilience du Transport aérien d’un montant de 5 milliards CFA virés à la BNDE. sur ce montant, 2.510.850.000 CFA ont été versées aux entreprises privées du secteur pour leurs besoins en fonds de roulement et 2,5 milliards bonifiés à 7,5 milliards vont permettre d’entamer la relance. Près de 5 milliards ont été versés aux structures du portefeuille de l’Etat chargées de la supervision de la sécurité, de la mise en œuvre de la sûreté, de la gestion et de l’exploitation des aéroports régionaux, pour leur permettre de garder leur personnel hautement qualifié, qu’elles risquaient de perdre, en même temps que leur crédibilité et leur notoriété, le secteur dans lequel ils évoluent étant strictement normé. Au total plus de 6.000 emplois ont ainsi pu être maintenus rien que dans le secteur du Transport aérien.
La Compagnie Nationale Air Sénégal a reçu un financement de 45 milliards dans le cadre du développement de son hub pour lui permettre d’atténuer les effets de la crise. Ces actions ont été saluées dans le communiqué de presse de l’IATA publié le 13 août 2020, à Amman (Jordanie) dans lequel l’Association Internationale des Transporteurs Aériens exprime sa reconnaissance « aux quelques gouvernements africains qui ont fourni des secours à l’aviation » en citant l’exemple du Rwanda, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso et récemment du Cabo Verde.
Selon l’IATA, « leurs actions ont contribué à sauver des milliers d’emplois et permettront à certaines compagnies aériennes de redémarrer et de soutenir les économies plus larges qu’elles servent. » Cette reconnaissance montre à quel point le risque était grand et aussi qu’il fallait une intervention de l’envergure de celle faite par le Président Macky Sall pour sauver ce secteur de l’économie. En plus de ces mesures de soutien financier, un protocole sanitaire a été élaboré pour garantir la sécurité sanitaire du passager à toutes les étapes de son voyage et permettre une bonne reprise des activités aéroportuaires. Ce protocole fixe des conditions strictes aux compagnies aériennes, aux passagers, aux gestionnaires d’aéroports et à tous les acteurs du système aéroportuaire, sur les conditions de vols. Parmi ces mesures on peut citer le port du masque obligatoire dans l’aérogare, le respect de la distanciation physique dans toutes les files d’attente, l’obligation pour tout passager devant embarquer vers un aéroport du Sénégal de présenter l’original d’un certificat de test COVId-19 négatif.
Aujourd’hui vous êtes dans une perspective de relance du projet du Hub aérien prévu dans le PSE. Malgré la crise, l’objectif global de Relance reste-t-il toujours le même ?
Le Ministère du Tourisme et des Transports aériens et le Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan ont conçu un plan de relance pour le Transport aérien. Pouvez-vous revenir sur les grandes orientations de ce plan ?
La première phase de résilience devait durer 3 mois au terme desquels les évaluations qui ont été faites avec les différents acteurs du secteur nous ont amenés à concevoir un plan de relance en adéquation avec notre plan stratégique. Les lignes de forces sont les suivantes : Il s’agit d’abord de continuer à soutenir les besoins en fonds de roulement des entités du portefeuille de l’Etat ainsi que ceux des sociétés évoluant dans le domaine des transports aériens et du tourisme, au moins jusqu’en décembre 2020. En effet, le retour à une situation normale des recettes est estimé dans un délai de 04 mois après la reprise du fonctionnement normal de l’aéroport. Ensuite, il faut soutenir les sociétés du secteur dans la phase de relance. Face aux pertes financières accumulées durant les mois d’inactivités, elles subiront une concurrence plus rude. Enfin, il faut développer les investissements, d’une part pour le financement des infrastructures aéroportuaires qui vont contribuer à proposer une offre de services aux standards internationaux, dans les aéroports du sénégal. d’autre part, pour le parachèvement du Hub aérien avec la construction d’un Centre de Maintenance des avions (MRO), d’une Académie des métiers de l’aviation et d’une Aérocity qui vont booster les recettes extra-aéronautiques de l’AIbd et avoir un effet positif sur l’économie du pays. L’enveloppe globale proposée pour ce plan de relance est de 25 milliards CFA en 2020 et 53 milliards CFA en 2021. A partir de 2022, les besoins seraient d’une dizaine de milliards CFA par an.
Après le transport aérien, abordons à présent le Tourisme, même si c’est deux secteurs sont liés. M. Le Ministre quelle lecture faites-vous aujourd’hui de la situation du secteur touristique national ?
Il nous faut distinguer deux périodes constituées par l’Avant et l’après crise de la covid-19. En effet, dans la période antérieure à la crise, la situation était très prometteuse en ce sens que la reprise dans le secteur du tourisme était devenue une réalité et les réceptifs avaient des taux d’occupation très intéressants avoisinant les 100 %.
Dans le même temps nous avions entrepris, avec notre feuille de route, des actions hardies d’amélioration de la sécurité avec une augmentation des effectifs de la police touristique, le classement des établissements d’hébergement touristiques toutes catégories confondues et la régularisation des guides avec la délivrance des cartes professionnelles. dans la foulée, le Conseil supérieur du Tourisme (CsT) prévu depuis longtemps comme instance d’échange, de discussion et de concertation sur les problématiques du secteur a été installé. En plus de ces actions qui visent le cadre réglementaire, nous avons engagé des actions de promotion touristique très agressives sur les marchés émetteurs européens avec des participations très remarquables à divers salons, comme le Top Résa (le plus grand salon du tourisme et du voyage d’Europe) où nous avons signé des protocoles de partenariats avec plusieurs Tours Operators et au salon du FITUR de Madrid où nous avons été distingués pour notre stand « meilleurs pays ».
Tout cela naturellement a contribué à renforcer la lisibilité et la visibilité de l’offre touristique. Ces actions ont pu ramener la confiance des prescripteurs de voyages sur la destination Sénégal et donc dès l’ouverture de la saison touristique la fréquentation est partie en hausse. Ce fut aussi un prétexte logique pour envisager le retour du Sénégal au sein des instances du tourisme mondial, notamment l’Organisation Mondiale du Tourisme. C’est ainsi qu’à l’AG de l’OMT, le Sénégal, après une longue absence, a été élu au poste de vice-président du conseil exécutif (CE) et à la présidence du Comité Tourisme et Compétitivité (CTC). La mise en exploitation de la Compagnie aérienne nationale, Air sénégal s. A, a pu booster le secteur grâce aux dessertes sur les pays pourvoyeurs du Sénégal en touristes. Ceci entre en parfaite cohérence avec la vision impulsée par le Président de la République Macky sall à travers le PsE, pour faire du tourisme un des moteurs de la croissance de notre économie. L’objectif étant de promouvoir un tourisme à haute valeur ajoutée et de qualité comme levier de croissance durable, qui devrait permettre d’atteindre trois millions de touristes et, conséquemment, doubler notre capacité d’accueil d’ici à 2025. Comme vous le savez, notre objectif est de faire du Sénégal une destination touristique de référence.
D’ailleurs sur les 27 projets phares du PsE, le tourisme en compte 2. C’est d’abord le développement du micro tourisme avec comme objectif d’accompagner à travers des incubateurs 750 microentrepreneurs qui contribueront à générer 17 000 emplois directs et indirects. C’est ensuite le développement des zones touristiques intégrées (ZTI) autour de 6 lignes d’actions à savoir : l’aménagement de la station touristique de Pointe Sarène, la requalification de la station de saly ( avec la réhabilitation des plages), le développement du tourisme d’affaire et le city trip, le développement du tourisme culturel à Gorée et Saint-Louis, le développement du tourisme de découverte et de l’écotourisme à Tambacounda /Kédougou et dans le delta du Saloum et enfin la relance du tourisme en Casamance. Il faut noter que pendant cette période nous avons entrepris l’élaboration de notre plan stratégique Tourisme Transports aériens 2020 2025 qui a été validé récemment en conseil des ministres, et à partir duquel, grâce à l’appui du Chef de l’Etat, nous avons conçu un plan de relance qui prend en charge les difficultés engendrées par la COVId 19.
On sait que la COVID 19 a touché de plein fouet ce secteur dont vous avez la charge, quelles mesures concrètes ont été prises pour juguler les effets de la Crise ?
Le secteur touristique, deuxième mamelle de l’économie nationale, a subi comme vous le dites, a été sévèrement touché par la crise. Il faut noter que le tourisme à lui seul faisait 7% du PIb avant la crise. L’hôtellerie, la restauration, le transport, les activités de loisirs entre autres ont été presque à l’arrêt, nécessitant un appui de l’Etat d’un montant de 27 milliards de FCFA dans le cadre du Plan de résilience économique et social, Force-Covid19. Le chef de l’Etat, son Excellence Macky Sall est lui-même est monté au créneau dès le début pour prendre un texte réglementaire suspendant toute procédure de licenciement. C’est aussi le lieu de saluer le sens civique du patronat qui a joué sa partition en maintenant les emplois. C’est dans ce cadre que le Crédit hôtelier et touristique qui n’avait bénéficié jusqu’à présent que d’une dotation de 3 milliards, a connu une augmentation importante de son budget qui est passé à 15 milliards. C’est-à-dire multiplié par 5. Cette enveloppe était destinée à soutenir les entreprises de toute la chaine de valeur du tourisme afin de préserver les 75 000 emplois directs et les 100 000 indirects qui étaient menacés, et empêcher la faillite probable de certaines structures.
Au total 354 établissements d’hébergement touristique toutes catégories confondues, (hôtels, campements, auberges, écolodges, etc.), 123 agences de voyages, 281 restaurants, 2 structures de soutien au tourisme (la Réserve de Bandia et le Golf de Saly) et 1 140 guides touristiques et artisans qui s’activent dans les sites touristiques, ont reçu un financement d’un montant global de 8,5 milliards. Cet effort important, fait par le gouvernement, a permis de préserver l’outil de travail et de sauver les emplois dans le tourisme. Aucun licenciement n’a été noté par mes services. Ramené au niveau national, cet effort massif et sans précédent du Chef de l’Etat est encore plus appréciable, car il a permis à notre Etat plus que de résister, mais de tenir, car il n’y a eu ni pénurie, ni salaires impayés encore moins une insécurité et un système de santé défaillants. C’est donc l’occasion pour moi de remercier, son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République pour avoir compris les enjeux et les défis auxquels ce secteur stratégique est confronté face à cette crise inédite dans l’histoire du monde, en soutenant promptement dans des délais record, grâce à la diligence du Ministre des finances et du budget et ses collaborateurs, les besoins des acteurs. Ces financements ont été alloués en toute transparence et en parfaite collaboration avec le secteur privé touristique, dont je salue l’engament et le patriotisme. Je signale que l’accompagnement du Crédit hôtelier et touristique aux acteurs du secteur sera poursuivi pour permettre aux entreprises d’être après la basse saison, dans les conditions optimales de relance de la destination Sénégal, nécessaire à la bonne marche de notre économie.
Le MTTA a présenté un plan stratégique de développement validé en conseil des ministres dont les éléments fondamentaux ont été repris dans le plan de relance. Pouvez-vous nous en faire l’économie ?
Vous avez raison. Nous avons initié une stratégie qui permet d’arrimer davantage les secteurs du tourisme et des transports aériens au plan Sénégal émergent à la sortie de la période de la COVId 19. C’est ainsi que dans le cadre du Plan d’Action Prioritaire (PAP II) réajusté, nous avons retenu avec l’accord du Chef de l’Etat, 07 initiatives fortes dont 6 pour la relance du tourisme à l’horizon 2023 auxquelles s’ajoute le projet de Hub Aérien notamment avec Air Sénégal. Ces 06 initiatives sont : La Promotion du tourisme intérieur L’objectif principal de la promotion du tourisme intérieur est de relancer le secteur en facilitant l’accès des résidents à une offre touristique diversifiée, attractive et compétitive. C’est ainsi qu’au niveau de l’ASPT nous avons lancé un programme « Tammu sénégal » sur la base d’une analyse de la structure de la demande globale qui révèle que la part des résidents demeure marginale.
En effet, sur 1 600 000 touristes recensés en 2018, le pays enregistre un taux de fréquentation domestique de 19%, une part encore faible malgré son fort potentiel. A peine un tiers des recettes provient des touristes locaux. C’est cette tendance qu’on voudrait inverser dans la période post Covid19 et de manière durable. Le Renforcement du crédit hôtelier La relance passe, entre autres mesures, par un soutien à l’investissement. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a décidé de renforcer le crédit hôtelier et nous avons prévu un accompagnement des acteurs après la période de 3 mois et surtout sur le volet investissement. La Réhabilitation des micros réceptifs hôteliers Il s’agit d’accompagner la création d’une offre d’hébergement très originale au niveau des villages dans une démarche communautaire. Cette offre sera accessible à la demande du tourisme interne et contribuera à la diversification du produit touristique sans compter son impact sur l’économie locale. Le Programme d’incubation et de promotion des Moyennes, Petites et Micro entreprises (MPME) sur la chaîne de valeur touristique Comme je l’ai évoqué précédemment, c’est un projet important du PsE qui mise sur une approche innovante de développement endogène, et qui utilise le tourisme comme vecteur de développement social et territorial via la promotion et la création de micro entreprises touristiques au niveau local. La Réhabilitation des sites culturels et naturels du Patrimoine mondial de l’Unesco Cette orientation s’accorde à la volonté de protéger notre patrimoine, tout en soutenant le tourisme culturel et l’écotourisme qui sont deux axes importants de la politique de diversification de notre offre touristique. Dans la dynamique de repositionnement de la destination Sénégal, nous comptons renforcer les créatifs culturels et l’écotourisme pour donner davantage d’expériences aux visiteurs –touristes.
La Campagne marketing
Nous avons défini une stratégie marketing de la destination sénégal qui intègre à la fois le niveau national et international et qui met en avant la singularité de la marque sénégal par rapport à d’autres destinations concurrentielles. Cette nouvelle approche dictée par le contexte, se base en plus du tourisme de masse, sur la promotion d’une offre de qualité, différenciée, tout en ciblant des segments à hautes valeurs contributives, comme le dit notre slogan « le sénégal, des expériences à l’infini ».
LA REDACTION
Moussa KAMARA
COUPS D’ETAT
Cette année 2020 qui s’étire à son rythme jusqu’à sa mort dans trois mois sera à tous les coups catastrophique. Elle aura été tragique et dramatique pour beaucoup d’entre nous
Cette année 2020 qui s’étire à son rythme jusqu’à sa mort dans trois mois sera à tous les coups catastrophique. Elle aura été tragique et dramatique pour beaucoup d’entre nous.
Des potes, des amis, des dignitaires sont partis comme des éclairs. Pour beaucoup de ces morts, le coronavirus a été accusé, souvent injustement mais comme c’est la pandémie, toute mort lui est imputée. On est encore loin des décomptes macabres en Europe et en Amérique mais la perte d’un être cher est toujours douloureuse et malheureuse. Il nous reste à prier le bon dieu pour que cette litanie néfaste cesse. Et espérer qu’après cette pandémie, la liesse s’installe.
En espérant cette occurrence il nous faut présentement respecter le port du masque, la distanciation physique et le lavage régulier des mains. Ce que certains sénégalais, têtus comme des mules, rechignent à faire. Qu’est ce qui explique ces comportements d’un autre âge ? Ignorance ou je m’en foutisme ? Les forces de l’ordre disséminées dans la capitale parviendront-elles à juguler ces manquements de citoyens toujours grognards ? Espérons-le en priant pour l’éradication de ce virus si dangereux qui nous prive quasiment de tout. Comme ces sourires radieux de notre gent féminine qui illuminent nos journées et notre vie. Ce Covid-19 n’en finit pas de nous assommer avec de mauvaises nouvelles.
Soixante ans d’indépendance, on était en droit de penser que l’ère des coups d’Etat était définitivement révolue. Nos voisins Maliens ont démenti cette certitude en imposant la démission de leur président. Le président IbK à qui ses pairs de la Cedeao ont vainement tendu la perche. Et les plus entreprenants de ces présidents, Ouattara et Condé, ont voulu sanctionner le peuple malien en oubliant que la souveraineté de leurs pays s’arrête à leurs frontières. Tous les deux, après avoir duré dix ans au pouvoir, briguent un troisième mandat après avoir tripatouillé leur Loi fondamentale.
Comme Wade qui, après deux mandats de cinq et sept ans, a brigué un troisième mandat. Ce que la Cour constitutionnelle et d’éminents professeurs de droit lui avaient généreusement permis, le peuple le avait refusé ! Ce qui pousse ces vieux de plus de 80 ans à vouloir s’éterniser au pouvoir nous semble bizarroïde. On a déjà vu des présidents à la retraite profitant des plaisirs de la vie mais eux semblent d’une autre race que le peuple qui élit.
Avec des entourloupes sémantiques, ces présidents pas du tout innocents nous comptent fleurette en affirmant qu’au bout de dix ans, deux mandats se transforment en un seul ! Celui qui voudra imiter l’exemple de Me Wade mettra le peuple souverain contre lui qui le chassera vite fait du palais de la République.
LE G20 TAPE DU POING ET ENVISAGE DE TENIR UN SIT-IN
Le ton est donné et le déconfinement syndical est acté ! Le groupe syndical du G20 dans un communiqué que nous avons eu copie, dénonce une condition de travail « préoccupante et insoutenable » des enseignants
Le ton est donné et le déconfinement syndical est acté ! Le groupe syndical du G20 dans un communiqué que nous avons eu copie, dénonce une condition de travail « préoccupante et insoutenable » des enseignants. Et malgré plusieurs actions et mouvements des organisations syndicales et autres collectifs, le gouvernement de Macky Sall « affiche du mépris » affirme le G20 à l’adresse des enseignant(es), et rassure avec le ton ne pas baisser pavillon jusqu’à ce que gain de cause soit obtenu. D’ailleurs, ladite organisation syndicale dénonçant avec la dernière énergie la lenteur et même l’oubli manifeste du ministère de la fonction publique relativement à plusieurs requêtes formulées par les enseignants, envisage «en prélude d’autres actions plus importantes », de tenir «un Sit In au niveau du ministère de la fonction publique».
L’organisation syndicale du G20, ne compte pas se plier face au «mutisme» du gouvernement relativement à plusieurs requêtes touchant les conditions de travail des enseignant(es). «La situation des enseignant(es) est de plus en plus préoccupante, elle est tout simplement insoutenable», liton dans un communiqué parvenu à la Rédaction. Et de poursuivre : « Malgré les actions et mouvements d’humeur des organisations syndicales et autres collectifs, les abus et le calvaire des enseignant(es) continuent et s’empirent davantage affectant gravement la dignité de ces honnêtes femmes et hommes qui ne réclament pourtant que de meilleures conditions de vie et de travail ». Ces acteurs insubstituables, constituant le cœur de notre éducation sont tout simplement, fait savoir le G20, «chosifiés à souhait, plongés dans le désarroi, le désenchantement et le mépris affiché par les gouvernements qui sont succédé, les enseignant-e-s ne comprennent plus, ce qui ne cesse de les arriver ».
En effet, selon cet syndicat, les louanges du ministre de l’éducation par rapport aux conditions de travail des enseignants n’est rien d’autre que de long couplet de folklore qui cache le calvaire qu’endure nos enseignant(es). «Aujourd’hui encore les lenteurs exagérées, inexplicables et récurrentes sont érigées en principe normal à travers de production des actes par le Ministère de la Fonction publique», dénonce le G20. Et de révéler dans le même sillage que «les enseignant-e-s continuent de courir pendant des mois ou des années derrière un numéro de projet ou de ce «précieux» acte d’Intégration, de validation, de reclassement, d’avancement, entre autres». Non sans soutenir que «c’est ce qui explique le taux élevé des rappels de toute nature dus aux vaillants enseignant(es). Et comme si cela ne suffit pas, ces rappels sont l’objet d’une surimposition inédite et inacceptable».
Ainsi, noyés et étouffés par « des lenteurs administratives à la surimposition des rappels et des salaires » déclare le G20, les enseignants, poursuit ledit communiqué, «ont l’impression d’assister à une opération coordonnée, savamment organisée, planifiée et entretenue par les Ministères de la fonction publique et celui des finances et du Budget contre les enseignants». Aussi, s’ajoute selon le G20, «la question du système de rémunération disparate, injuste et injustifié des agents de la Fonction publique dont les enseignant(es) sont les plus grands perdants, qui ne semble guère préoccuper le gouvernement ; les injustices multiformes que subissent les enseignants décisionnaires en raison du Décret n° 74-347 du 12 avril 1974 fixant le régime spécial applicable aux Agents non-fonctionnaires de l’État ; l’octroi, de manière discriminatoire par l’État du Sénégal de la retraite à 65 ans à une catégorie de travailleurs alors que les raisons évoquées dans l’exposé des motifs pour justifier ce Décret, sont aussi valables pour les enseignant(es) et le gel du prêt DMC qui perdure, marque un autre coup dur pour ces soldats du savoir, ces formateurs de la citoyenneté et de la conscience humaine».
CHANGEMENT DE PARADIGME !
À cet effet, ladite organisation syndicale « exige » du gouvernement, « la fin des lenteurs dans la production des actes relatifs à la carrière et à la mobilité sociale des enseignants et le retour à la normalité ; la diligence du paiement et la résorption du gap des rappels dus aux enseignant(es) (validation, intégration, avancement, reclassement, entre autres) et l’arrêt immédiat de la surimposition sur les revenus et les salaires des enseignants ; le respect des engagements sur la question de l’habitat (délivrance des attestations collectives à Dakar-Ziguinchor et viabilisation des parcelles de l’Intérieur pour le G10, et octroi des parcelles dans les régions de Saint-Louis, Diourbel, Kaolack et Ziguinchor au G8) ».
Et d’ajouter dans la même foulée, « le reversement des MEPS dans le corps des PCEMSG ; la mise à disposition de manuels scolaires en langue arabe et en Éducation religieuse ; l’éradication des abris provisoires ; le respect des principes de la gestion démocratique des personnels enseignants ; l’évaluation du curriculum de l’école de base, audit du PAQUET et du FAEC ; le paiement des rappels aux 2/3 sur la validation pour les fonctionnaires ; l’augmentation du budget de l’Éducation Préscolaire de 1 à 5% ; le dégel irréversible du prêt DMC ; la modification du Décret n° 74- 347 du 12 avril 1974 fixant le régime spécial applicable aux Agents non-fonctionnaires de l’État en vue de permettre aux enseignants décisionnaires de conserver 40% de leur ancienneté pour le reclassement et mettre fin aux nombreuses injustices qu’ils subissent et la fin des bassins de corrections et des anticipés de Philosophie ». Non sans souligner qu’il « urge d’ouvrir des échanges inclusifs sur la retraite à 65 ans et des négociations sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique ».
SIT-IN DEVANT LE MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE
Après avoir relevé des coquilles graves dans l’organisation des examens de fin d’année, tel que le Cfee, le G20 «met en garde les services du ministère de l’Éducation nationale contre toutes récidives des graves dysfonctionnements constatées au Bfem et au Baccalauréat». Aussi, sans autre forme de procès ladite organisation syndicale a décidé dans le but de «faire face à l’arbitraire et l’injustice que subissent les enseignant(es), les syndicats membres du G20, en prélude à d’autres actions plus importantes, organiseront dans les tous prochains jours, un sit-in au Ministère de fonction pour exiger du gouvernement». Et de préciser qu’un tel mouvement s’inscrit dans le cadre de mettre «fin des lenteurs dans la production des actes par la Fonction publique, fin des surimpositions des rappels et des salaires par le Ministère des Finances, fin au mutisme sur la modification du Décret n°74-347 du 12 avril 1974 et aussi sur l’ouverture de négociations inclusives sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique, entre autres »
15 ANS D’ATTENTE DU DECRET D’APPLICATION
Ya-t-il encore espoir ? Dans tous les cas, le groupe «Good Deliver» du Sénégal veut bien croire à l’application de la Loi sur la sante de la reproduction au Sénégal
Ya-t-il encore espoir ? Dans tous les cas, le groupe «Good Deliver» du Sénégal veut bien y croire. Car, 15 ans après l’élaboration de la loi 2005-18 du 05 août 2005 relative à la santé de la reproduction au Sénégal, aucun chef d’État n’a songé y poser sa signature jusqu'à la date d’aujourd’hui. Or, même la Mauritanie, une République dite islamique, a son décret d’application et plusieurs textes organisant la santé de la reproduction.
C’est donc pour amener les autorités à agir face à un enjeu si important, que le groupe «Good Déliver» a tenu une séance de rencontre avec plusieurs d’autres acteurs œuvrant dans le même domaine. «C’est une loi qui date de 2005 et c’est une loi obtenue de manière collégiale avec les pays de l’Afrique de l’Ouest», fait savoir Fatou Touré, chargé de porter le plaidoyer du groupe «Good Deliver».
Sage-femme de son État, elle indique que «ce qui dérange, même la Mauritanie qui est un pays islamique à son décret d’application. Il n’y a que le Sénégal et le Togo qui sont à la traine sur la signature du décret d’application». Et de préciser : «concernant cette signature, nous sommes seulement sur le décret portant l’organisation de la planification familiale et les renforcements de la sécurité des produits contraceptifs. Et il est important de préciser que nous ne sommes que sur le domaine de la planification familiale».
Une précision pour faire remarquer la différence entre ledit décret et celui concernant l’avortement. Par ailleurs, elle laisse entendre que «le système de santé du Sénégal est à terre comme plusieurs d’autres pays. Et un système de santé se construit et se renforce par les ressources humaines, les infrastructures, dans la fonctionnalité des structures de santé, dans la création d’autres structures de santé pour rendre disponible l’offre de service et il se renforce également dans son organisation de manière globale à partir des textes de loi, des normes».
Soulignant que «cela est fondamental. Et c’est la raison pour laquelle on appelle le Chef de l’État qui le seul habilité a signé ce décret d’application. Cela fait 15 ans que nous courrons derrière la signature du décret portant sur la planification familiale, l’organisation des compétences et la sécurisation des produits contraceptifs». En outre, plusieurs intervenants lors de cette rencontre avec la presse ont fait remarquer la recrudescence des grossesses précoces et des viols dans ce contexte de pandémie du nouveau coronavirus conduisant à un semi confinement. « Il y a eu beaucoup de facteurs qui ont affectés la santé de reproduction des adolescents » soutient Fatou Toué. Et dans une note d’allocution à l’adresse des autorités, de poursuivre : «il faut une augmentation du budget alloué aux jeunes dans le cadre de la santé de la reproduction et la signature du décret d’application sur la loi sur la santé reproductive portant la planification familiale. C’est fondamental!»
LA NATIONALE 2 SCINDEE EN DEUX
Les fortes pluies à Matam font céder le pont de Diamouguel
Les dernières pluies qui se sont abattues sur plusieurs localités de la région de Matam ont été à l’origine de nombreux dégâts le long des villages riverains du fleuve Sénégal. Sur le registre des nombreux désagréments qui ont été recueillis dans la zone du Walo, où de nombreuses familles ont vu leur concession envahie par les eaux, au niveau du Diéri, des localités du département de Kanel ont aussi subi les affres des fortes précipitations qui ont arrosé la région.
Au niveau du village de Diamouguel, situé sur la national 2, entre Kanel et Bakel, la situation offre tous les stigmates d’un tableau de l’apocalypse eu égard au volume des dégâts enregistrés. Diamouguel qui est en effet traversé par une grande vallée qui sépare le village en deux, renoue une fois encore d’avec les affres de l’hivernage. La vallée qui reçoit des apports d’eau en période de pluie, en provenance des petits cours d’eau qui traversent eux aussi le village de part et d’autre ont encore généré une forte masse d’eau qui, avec les intenses eaux de ruissellement, ont fortement agressé le pont érigé sur la route. Sans écoulement correct des eaux vers le fleuve, ces dernières sont aussi retournées au niveau du village créant une inondation des habitations situées le long des axes hydrauliques.
En plus des nombreuses maisons envahies par les eaux, c’est le gigantesque pont du village (nouvellement construit) qui a été fortement endommagé. A ce niveau, le trafic routier s’est carrément arrêté, du fait de l’intensité des dommages et le grand abîme qui s’est cristallisé après le passage de l’eau, qui n’offre aucune possibilité de contournement aux nombreux véhicules qui attendent de part et d’autre. Les contraintes naturelles des sites, combinées au défaut du système d’assainissement font que chaque année des dégâts importants sont enregistrés au niveau des villages de Sinthiou Garba, Aouré et Diamouguel...Qu'en est -il réellement de la nature et surtout de la qualité des ouvrages construits ? C’est la question que toute une région se pose.