SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 19 août 2020.
"Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Docteur Babacar GUEYE, Médecin spécialiste en Santé publique, matricule de solde n° 639 594/L, est nommé Directeur de la Lutte contre la Maladie, en remplacement de Docteur Amadou DOUCOURE, appelé à d’autres fonctions ;
Docteur Amadou DOUCOURE, Médecin spécialiste en Santé publique, matricule de solde n° 609 674/L, précédemment Directeur de la Lutte contre la Maladie, est nommé Directeur de la Santé de la Mère et de l’Enfant, en remplacement de Docteur Omar SARR, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdoul Wahabou SALL, Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle, matricule de solde n° 600 866/B, précédemment Directeur de la Sécurité publique, est nommé Directeur des Ressources Humaines, en remplacement du Commissaire de Police divisionnaire de Classe Exceptionnelle Doudou NDIAYE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Modou DIAGNE, Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle, matricule de solde n° 519 321/K, précédemment Chef du Service régional de Sécurité publique et Commissaire central de Thiès, est nommé Directeur de la Sécurité publique, en remplacement du Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle Abdou Wahabou SALL, appelé à d’autres fonctions."
MACKY DEMANDE LE RECENSEMENT DES SÉNÉGALAIS DE LA DIASPORA
Des instructions ont été données au ministre des Affaires étrangères de procéder à l'opération d'ici la fin de l'année - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie le communiqué du Conseil des ministres du 19 août 2020.
"Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Macky SALL, a présidé le Conseil des Ministres, le mercredi 19 août 2020, à 10 heures, au Palais de la République.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, adressé ses chaleureuses félicitations à la communauté chrétienne à l’occasion de la célébration de la Fête de l’Assomption, le 15 août 2020.
Le Chef de l’Etat a, au titre de la finalisation du processus d’élaboration et de validation du PAP II/PSE ajusté et accéléré, rappelé les réformes innovantes et mesures sectorielles importantes, arrêtées lors du séminaire gouvernemental, du jeudi 11 août 2020.
Le Président de la République a, dans cette dynamique, exhorté le Gouvernement à poursuivre les efforts d’amélioration de la qualité de la dépense publique, tout en insistant sur la consolidation des accès universels, l’accélération des projets d’infrastructures sectorielles en cours de réalisation. Il a, en outre, insisté sur le renforcement des programmes agricole, horticole et d’élevage pour assurer notre souveraineté alimentaire prioritaire, le lancement immédiat des programmes d’accélération de croissance et de création d’emplois, notamment le Programme des 100.000 logements et la réalisation des Zones économiques spéciales et des Agropoles.
Le Chef de l’Etat a, également, invité les ministres concernés à œuvrer pour l’ancrage national de la politique du « Produire et Consommer local », et à prendre en compte le financement adéquat du « Programme Pays pour le Travail Décent », afin de consolider la modernisation du marché du travail. Il a, enfin, demandé au Ministre du Tourisme et des Transports aériens, en relation avec le Ministre de l’Aménagement du Territoire, le Ministre de la Culture et le Ministre de l’Artisanat, d’actualiser la Stratégie de promotion touristique de la Destination Sénégal.
Le Président de la République, abordant la question de l’intensification des programmes de développement de l’artisanat, a demandé au Ministre des Finances et du Budget et au Ministre de l’Artisanat, de renforcer les initiatives et soutiens aux artisans. Il a, à ce sujet, requis l’accroissement notable du budget alloué au Projet « Mobilier national », l’élaboration, avant fin septembre 2020, d’un programme global de réforme et de modernisation des Chambres des métiers.
Le Chef de l’Etat a, par ailleurs, évoqué l’impératif d’accélérer, de façon significative, la transformation de l’Administration, ainsi que les réformes d’amélioration de l’environnement des affaires, en vue d’asseoir durablement la stabilité et les performances de l’économie nationale. Il s’est, à cet effet, félicité du rang stable du Sénégal, classé 3ème sur 39 pays, dans le rapport 2019 de la Banque mondiale sur l’évaluation des Politiques et des Institutions en Afrique (CPIA). Le Président de la République, sur le climat social, la gestion et le suivi des affaires intérieures, a demandé au Ministre de l’Intérieur, de mettre en œuvre, en rapport avec le Ministre de l’Environnement, un Plan national de recensement, d’audit et de sécurisation des dépôts de produits chimiques dangereux.
Le Chef de l’Etat a, au titre des examens et concours, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales, rappelé au Gouvernement la nécessité de prendre toutes les dispositions pour une bonne organisation des examens et concours sur toute l’étendue du territoire national. Il a, en outre, demandé au Ministre de l’Education de s’atteler à la préparation, impliquant tous les acteurs concernés, de la Semaine nationale de l’Alphabétisation et de Promotion des Langues nationales.
Le Président de la République, revenant sur le suivi et la gestion des sénégalais de l’Extérieur, a demandé au Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, de procéder, d’ici fin décembre 2020, au recensement de nos compatriotes de la Diaspora.
Le Chef de l’Etat a clos sa communication sur son agenda international.
Au titre des Communications,
Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait le point sur la renégociation de la concession de l’autoroute à péage Dakar-AIBD.
Le Garde des sceaux, ministre de la justice a fait une communication sur l’utilisation du bracelet électronique.
Le Ministre, en charge du suivi du Plan Sénégal Emergent a fait le point sur certains projets et réformes prioritaires.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- le projet de décret portant charte de la déconcentration ;
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Docteur Babacar GUEYE, Médecin spécialiste en Santé publique, matricule de solde n° 639 594/L, est nommé Directeur de la Lutte contre la Maladie, en remplacement de Docteur Amadou DOUCOURE, appelé à d’autres fonctions ;
Docteur Amadou DOUCOURE, Médecin spécialiste en Santé publique, matricule de solde n° 609 674/L, précédemment Directeur de la Lutte contre la Maladie, est nommé Directeur de la Santé de la Mère et de l’Enfant, en remplacement de Docteur Omar SARR, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Abdoul Wahabou SALL, Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle, matricule de solde n° 600 866/B, précédemment Directeur de la Sécurité publique, est nommé Directeur des Ressources Humaines, en remplacement du Commissaire de Police divisionnaire de Classe Exceptionnelle Doudou NDIAYE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite ;
Monsieur Modou DIAGNE, Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle, matricule de solde n° 519 321/K, précédemment Chef du Service régional de Sécurité publique et Commissaire central de Thiès, est nommé Directeur de la Sécurité publique, en remplacement du Commissaire de Police divisionnaire de Classe exceptionnelle Abdou Wahabou SALL, appelé à d’autres fonctions."
par Nioxor Tine
CONJURER LA MALÉDICTION DE DALAL JAMM
Combien de structures sanitaires ont été inaugurées en grande pompe, sans être entièrement fonctionnelles, comme celles de Fatick, Matam, Ziguinchor, etc. sans parler du scandale de l’hôpital-fantôme de Touba
Parmi les multiples répercussions de la COVID-19, on peut aussi noter l’exacerbation des contradictions au sein du système sanitaire, poussant certains acteurs, parmi les plus respectables, à poser des actions d’éclat héroïques, contrairement à leurs vieilles habitudes de réserve républicaine. Il faut reconnaître que certains actes posés, depuis toujours, par la classe politique, défient parfois le bon sens le plus élémentaire et feraient sortir de ses gonds le plus zen des moines bouddhistes.
Primat de diktats politiciens sur les critères techniques
Comment imaginer, en effet, qu’un bijou comme l’hôpital de Dalal Jamm, d’un coût de 51 milliards financé par l’État du Sénégal, la BADEA, l'OFID, la BID, le FSD, achevé pendant que le président Wade était au pouvoir, ne soit toujours pas entièrement opérationnel ?
Comment comprendre cette pseudo-inauguration du vendredi 22 juillet 2016, alors qu’aucune condition préalable n’était remplie, sur le plan des ressources humaines et de l’équipement ? Qu’a-t-on fait des sommations itératives de l’Association Guédiawaye Priorité Santé, invitant les autorités à respecter leurs engagements de rendre cet hôpital fonctionnel au début de 2017 ?
Le cas de Dalal Jamm ne constitue qu’un exemple, parmi tant d’autres, où, pour des raisons purement politiciennes et électoralistes, on a tordu le cou aux normes techniques. Combien de postes de santé se sont-ils subitement métamorphosés en centres de santé sans le plateau technique requis (service d’hospitalisation, laboratoire... ), attendant pendant de longues années d’être reconstruits et mis aux normes ? Combien de structures sanitaires ont été inaugurées en grande pompe, sans être entièrement fonctionnelles, comme celles de Fatick, Matam, Ziguinchor, etc. sans parler du scandale de l’hôpital-fantôme de Touba, où un détournement de 14 milliards, dans lequel 3 ministres et 3 chefs religieux sont cités, ont empêché la construction de la structure.
Au service d’anesthésie-réanimation de l’hôpital Le Dantec, les prestataires de soins se sont également plaints, dans les réseaux sociaux, au mois de Juillet dernier, de l’impossibilité pour eux, de disposer des examens complémentaires les plus courants et indispensables pour les soins en réanimation, par manque de réactifs ou en raison de pannes de certains appareils. Toujours, selon eux, il arrive même, que pour des examens spécialisés comme la gazométrie artérielle ou la fibroscopie, les parents du patient fassent appel au privé avec des coûts exorbitants. Et d’en appeler aux professionnels de la santé de refuser de travailler dans des conditions aussi déplorables.
Le PCA de Dalal Jamm a donc parfaitement raison de déplorer la non-fonctionnalité des structures essentielles de ce que devrait être le plateau technique d’un hôpital à vocation sous-régionale.
Vers la paralysie du système sanitaire
À mesure que la pandémie progresse, à un rythme certes moins soutenu que dans d’autres parties du monde, les personnes douées de raison se rendent bien compte, que le système sanitaire pourrait s’acheminer lentement mais sûrement vers un dépassement de son seuil de résilience. En effet, si les stratégies actuelles ne sont pas revues et corrigées, notre pays va au-devant de graves difficultés, aussi bien sur le plan sanitaire en termes de morbi-mortalité et d’invalidité que sur le plan économique avec extension de la pauvreté.
Cela pourrait entraîner l’effondrement du système de santé avec paralysie des structures ou une régression, comme c’est le cas actuellement, avec l’impossibilité pour le système de faire face à l’afflux des patients COVID, tout en menant à bien ses autres tâches. Il s’agit d’activités de prévention et de promotion de la santé mais aussi de la prise en charge correcte des autres pathologies comme les maladies non-transmissibles ou transmissibles (tuberculose, paludisme...).
Les capacités de prestations de services de santé vont être limitées du fait de ruptures de stocks ou de pénuries en ressources humaines, entraînant une baisse de la qualité et une détérioration de la continuité des services.
Même le plan d’investissement d’urgence pour un système de santé et d’action sociale résilient et durable 2020-2024, censé atténuer les inextricables problèmes causés par de considérables retards d’investissement difficiles à rattraper en un laps de temps si court, peine à se mettre en place. Quand il ne sert pas de prétexte à des effets d’annonce comme le recrutement sur la période 2020-2021 de cinq cent (500) médecins et mille (1000) agents professionnels de la santé, il donne lieu à des foires d’empoigne où certains spécialistes ou des groupes de pression ne prêchent que pour leurs propres chapelles.
Bizarre, tout de même, qu’au moment où notre système sanitaire risque d’être submergé par des cas graves, au moment où un hôpital de niveau 4 peine à assurer les examens complémentaires les plus basiques pour ses patients, certains plaident pour la construction de centres dédiés à des soins quaternaires comme la greffe de la moelle osseuse ou la procréation médicalement assistée. L’urgence serait plutôt au renforcement de nos capacités en santé communautaire pour stopper la propagation du coronavirus et en anesthésie-réanimation, quitte à faire appel à des médecins chinois ou cubains, en attendant de réorienter de fond en comble notre politique sanitaire.
Pour une nouvelle politique sanitaire
Il faut, d’ores et déjà, dans la perspective de l’après-COVID, initier des réformes audacieuses pour renforcer les systèmes de santé et ce, d’autant plus que cette pandémie nous apprend, que nous devrons de plus en plus nous passer de l’aide au développement.
La paralysie de larges secteurs et la perte drastique de points de croissance dans la région africaine suggèrent de plus en plus fortement que la santé – un peu avant la culture - est bel et bien au début et à la fin du développement socio-économique.
Il se confirme, de plus en plus, que le plaidoyer en faveur d’un financement conséquent du système sanitaire doit aider à faire face aux menaces connues mais aussi anticiper sur les chocs éventuels, de plus en plus vraisemblables, tant le niveau actuel de la globalisation atteint a accentué les risques de pandémie.
C’est dire qu’il est temps de rompre avec le pilotage à vue observé depuis plusieurs décennies et d’adopter une approche proactive, en adaptant les besoins de santé aux contextes socio-économiques et environnemental. Une approche sanitaire large et inclusive doit, de plus en plus, évincer celle prônant une médicalisation outrancière, qui nous a valu bien des déboires dans notre lutte laborieuse contre la COVID-19.
La pandémie repose, avec acuité, la nécessité maintes fois réaffirmée par la Coalition pour la Santé et l’Action sociale (COSAS) de doter notre pays d’une politique de santé, avec une vision novatrice, sur le long terme. Il y a, en effet, une nécessité urgente de réactualiser la politique nationale de santé du Sénégal, dont la dernière version a été élaborée en 1989.
Le cadre de gouvernance doit également être rénové pour maximiser l’efficacité de notre système de santé en établissant des normes et standards à respecter et faire respecter par tous les intervenants. Il faudra garantir le suivi, l’évaluation et la mise à jour périodique de la politique de santé et des différents plans élaborés à cet effet.
La résolution de la crise sanitaire dépendra, pour une grande part de l’existence d’un système sanitaire résilient et pérenne. La pandémie de COVID-19 nous confirme le fait, que pour y arriver, les approches sectaires et corporatistes doivent céder le pas à de larges concertations inclusives entre les diverses parties prenantes (prestataires, syndicalistes, usagers ou consommateurs, décideurs, organisations communautaires de base ou de la société civile, leaders communautaires ou autres personnes-ressources...).
MAME ANDALLA PAUL SORY CISSÉ, SAUVEUR DE LA GAMBIE AU PÉRIL DE SA VIE
L’officier subalterne, parrain de la base aérienne de Ouakam, est un militaire tombé au champ d’honneur
Il était un pilote de l’armée de l’air, né en 1948. Il était le responsable de la formation des hélicoptères de manœuvre, de liaison et d’observation de l’Opération Fodé Kaba 2, en 1981. En effet, cette opération d’une grande envergure s’est matérialisée par l’implication de l’armée sénégalaise afin de débarrasser la Gambie des putschistes. En fait, Kukoi Samba Sanyang avait perpétré un coup d’Etat contre Dawda Jawara et retenu en otage la famille du Président gambien pendant que celui-ci était à Londres où il assistait au mariage du prince Charles.
Plus d’une centaine de parachutistes sénégalais ont été largués en Gambie durant cette opération dont les péripéties sont relatées dans le livre du colonel Mbaye Cissé, « Opération Fodé Kaba II, Des diambars dans le vent ».
Fodé Kaba 2 a permis le rétablissement constitutionnel en Gambie
C’est au cours de cette mission lancée le 1er août 1981 que le capitaine Mame Andalla Paul Sory Cissé a perdu la vie, dans un accident d’hélicoptère. Il n’aura vécu que 33 ans, mais a laissé une belle image dans l’aviation militaire sénégalaise. Il est souvent cité en exemple pour son esprit de sacrifice. Ainsi, c’est en 1993 que la base de l’armée de l’Air de Ouakam a pris le nom du capitaine.
AMADOU FALL, LE RACCORDEUR DES CIVILISATIONS
A 65 ans, cet ancien instituteur est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Après avoir « rampé » jusqu’au doctorat, il a soutenu, en 2011, une thèse sur les baïnouks
Idrissa Sané et Seydou Ka et Moussa Sow |
Publication 19/08/2020
A 65 ans, cet ancien instituteur est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Après avoir « rampé » jusqu’au doctorat, il a soutenu, en 2011, une thèse sur le thème « La conception de l’être et de l’au-delà dans l’Égypte pharaonique et chez les peuples des rivières du Sud : exemple les baïnouks, les balantes, les diolas, les mankagnes », sous la direction de l’égyptologue Aboubacry Moussa Lam (Ucad).
Ses yeux semblent fatigués. Mais, l’homme dégage plutôt bonne mine dans son élégante chemise rouge-noire assortie d’un chapeau et d’une écharpe blanche que lui avait offert son ami Lamine Kéba Sonko, ancien champion de javelot, à l’occasion d’une fête organisée par l’Association mondiale des couples quarantenaires. Lui, n’a pas réussi à franchir ce cap symbolique en couple. Après trente ans de mariage, sa première épouse, originaire de Kaguitte, a brutalement demandé le divorce. Un épisode amer qu’il a encore du mal à digérer. On le sent dans sa voix. De cette première union sont nés trois enfants, dont une fille mariée et vivant actuellement à Atlanta, aux Etats-Unis.
Depuis, il s’est remarié. « C’est (donc) mon épouse (actuelle) qui m’a conseillé de m’habiller ainsi », explique-t-il, en réponse à notre compliment sur son look. En pays animiste, Amadou Fall ne serait jamais habillé en rouge-noir, couleurs réservées au roi. En effet, le rouge est le symbole de la puissance, de la royauté. « Les adeptes de la religion traditionnelle, comme on en trouve encore en Casamance, ne s’habillent jamais en rouge, parce que cela diminue la puissance du roi, c’est source de calamités », explique Amadou Fall. L’homme est un connaisseur de l’histoire et de la culture casamançaises. Une connaissance nourrie par la passion pour cette belle région. « Quand on aime quelqu’un ou quelque chose parce… c’est qu’on n’aime pas assez. Moi, j’aime la Casamance sans savoir pourquoi », justifie-t-il. Il a consacré toute sa vie à scruter ce « miroir paléo-ancestral » qu’est la Casamance. « Depuis 1990, j’enquête sur les peuples et l’histoire de cette région », dit-il. Une persévérance dont le couronnement a été la soutenance, en 2011, d’une thèse de doctorat sur le thème « La conception de l’être et de l’au-delà dans l’Égypte pharaonique et chez les peuples des rivières du Sud (Casamance) », sous la direction de l’égyptologue Aboubacry Moussa Lam (Ucad). Un travail de raccordement des civilisations qu’il poursuit à travers divers chantiers.
Cependant, Amadou Fall estime que rien n’est encore fait en matière de recherche dans cette région, notamment sur le paléolithique, une période encore peu connue en Afrique de l’Ouest. « La Casamance est un trésor anthropologique », résume-t-il. C’est pourquoi l’historien est en colère contre les gouvernements qui se sont succédé à la tête du Sénégal depuis l’indépendance, parce qu’ils n’ont « pas mis assez de ressources pour connaître notre histoire, notre culture ». Il juge anormal qu’il n’y ait pas un musée digne de ce nom en Casamance. Idem pour les autres régions.
En plus de sa casquette d’universitaire – il est vacataire à l’Université Assane Seck de Ziguinchor dans trois départements : histoire, sociologie et tourisme –, Amadou Fall est un grand passionné de la radio. Depuis 1995, il est une voix familière des ondes (Dunya, Walf Fm, Rsi) et a animé plusieurs conférences sur la crise casamançaise. Par ailleurs, il est le président du comité scientifique du Bureau organisation pour la revalorisation du patrimoine baïnouk (Borepab). A ce titre, il contribue modestement à documenter l’histoire de ce peuple. « De la Falémé à Diogué, toute la région naturelle de Casamance est imbibée de culture baïnouk », soutient-il. C’est d’ailleurs, ajoute-t-il, l’extrême humanité des baïnouks, les premiers à s’installer dans la région, qui a fait de la Casamance un « kaléidoscope humain ». Lui-même en est une belle illustration. Il est baïnouk du côté de sa mère (une Coly de Niamone) et diola du côté de son père (un Badji de Thionk Essyl), et compte une grand-mère peule (de la famille El Hadji Omar Foutiyou Tall). Son nom de famille actuel, Fall, remonte à la conversion de sa famille à l’islam. « À l’époque, quand quelqu’un se convertissait à l’islam, on lui faisait croire qu’il devait également abandonner, en plus de son prénom, son nom de famille pour celui de son convertisseur », explique-t-il. Il donne ainsi la clé pour comprendre ce qui paraît une anomalie, ou en tout cas une curiosité, en Casamance : des diolas qui se nomment Ndiaye, Fall, Diop, Guèye, Sarr, Diouf ou Diallo…
Au-delà d’être une synthèse du Sénégalais – sur le plan ethnique –, Amadou Fall est aussi un citoyen de l’Afrique tout court. Il est né en 1955 à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où son père, douanier, était affecté. Le papa décédé très tôt, il a grandi à Dakar auprès de sa maman infirmière. Une trajectoire personnelle qui a sans doute forgé son caractère et a fait de lui « un panafricaniste convaincu ». Militant de longue date du Rassemblement national démocratique (Rnd) de Cheikh Anta Diop, il avait voté pour le libéral Abdoulaye Wade en 2000. « Le jour de l’élection, j’étais hospitalisé, mais j’ai demandé à sortir pour aller voter, parce que j’étais convaincu qu’Abdou Diouf devait tomber », se souvient-il. Il sera vite déçu par son successeur lorsqu’il entend Wade se prononcer, à la conférence de Durban (Afrique du Sud), en 2001, contre le rapatriement du patrimoine africain sous le prétexte que nous n’avons pas de musées où conserver ces objets. Comme quoi, le détail fait la révolte !
PAR Mamadu Sokrate Joob
DJIBRIL DIOP MAMBETY, LE CLASSIQUE QUI N’EN ÉTAIT PAS UN
EXCLUSIF SENEPLUS - Rien ne prédestinait son cinéma à faire école. A la sortie de Touki Bouki, les professionnels crièrent au scandale. Mais rien n’y fit : vingt ans plus tard, le cinéaste a la reconnaissance qu’il mérite
“Le cinéma c’est de la magie. Si tu veux savoir, tu casses la magie”.
Rien ne prédestinait le cinéma de Mambéty à faire école. Acculé de tout bord par la critique à la sortie de Touki Bouki, un film avec une entité narrative au style baroque, faisant un pied de nez à l’esthétique du cinéma africain. Les professionnels crient au scandale à l’époque. Mais rien n’y fit : vingt ans plus tard, le cinéaste a la reconnaissance qu’il mérite. Djibril, malgré lui devient alors un grand classique du Cinéma africain. Il acquiert une aura internationale qui surprend plus d’un. Pour celui qu’on surnommait à tort ou à raison “l’enfant terrible du Cinéma”, la réhabilitation du son œuvre par Martin Scorsese et la récente illustration de la tournée en Afrique du couple de Stars Beyoncé et Jay-Z par l’affiche de Touki bouki en sont la preuve d’un Cinéaste qui aura marqué à jamais le Cinéma.
Né à Dakar en 1945 à Colobane dans la banlieue dakaroise, Djibril Diop Mambéty est considéré comme l'un des réalisateurs les plus originaux, visionnaires et expérimentaux du cinéma africain. Certains vont jusqu’à le surnommer “Le poète de l’image.” Fils d’un religieux et frère du grand musicien Wasis Diop, il débute sa carrière artistique dans le théâtre pour travailler plus tard en tant qu'acteur au Théâtre National Daniel Sorano à Dakar. Pour comportement outrancier, il est expulsé. Dira-t-il plus tard “On m’a montré la porte, et cette porte est devenue pour moi celle du cinéma. Et comme Marigot dans le Franc, je ne me suis jamais séparé de cette porte”. En 1969, à 24 ans seulement, sans avoir reçu une formation dans une école de cinéma, il produit et réalise son premier court-métrage, Contras City. L'année suivante Mambety réalise un autre court, Badou Boy un Western Urbain, qui remporte le Tanit d'Argent au Festival de Carthages en 1970 en Tunisie. Son premier long métrage, Touki Bouki, réalisé en 1973, décrié par la critique au départ reçoit le Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes et le Prix Spécial du Jury au Festival de Moscou. Malgré le succès du film, il faudra attendre vingt ans plus tard pour revoir Djibril sur les plateaux de tournage. En 1992, il réalise son deuxième long métrage Hyènes, une adaptation de l’ouvrage de Friedrich Dürrenmatt “La visite de la vieille dame” qui lui vaut une sélection en compétition officielle à Cannes. Durant cette longue pause, il fait en 1989 Parlons Grand-Mère, un documentaire sur la réalisation du film Yaaba d’Idrissa Ouédraogo. Au cours des dernières années de sa vie, le réalisateur travaille sur une trilogie de courts métrages, intitulé Contes des Petites Gens. Il réussit à remplir seulement le premier volet, Le Franc en 1994, alors que La Petite Vendeuse de Soleil, presque terminé est interrompu par la mort du réalisateur, et sort à titre posthume en 1999, un an après sa mort.
Une vision nouvelle du Cinéma
« Ma mission est de réinventer la façon de faire du cinéma », déclarait Djibril Diop Mambety dans un entretien lors du Festival Panafricain du Cinéma à Ouagadougou (FESPACO) en 1987. Djibril confirme encore la vieille chansonnette des grands artistes : La création née de la frustration. Il en a fait l'expérience lorsqu'il évoque les raisons qui l’ont amené à réaliser Touki Bouki “Je n’en pouvais plus de la physionomie du cinéma africain qui m’exaspérait, qui était trop superficiel. Non pas sur le plan idéologique, mais sur le plan de la forme. On ne va jamais au-delà, rien ne vacille. Cette petite colère a donné naissance à Touki Bouki”. Le Cinéma Africain venait de recevoir sa plus grosse claque. Djibril sonne le glas au prosaïsme classique et à la vieille rengaine révolutionnaire d’une génération d’auteurs. En effet, au moment où en Afrique subsaharienne francophone, le cinéma arrive sous les tropiques, entre 1950 et 1960, une génération de cinéastes émergent. Les pionniers de ce jeune cinéma s’appellent Paulin Soumanou Vieyra, Jacques Melo Kane, Sembène Ousmane au Sénégal, Sébastien Kamba au Congo, Oumarou Ganda, Moustapha Alassane au Niger. La création des débuts s’inscrit dans une improvisation, sans lignes directrices. Certains comme Oumarou Ganda illustrent par l’image et travaillent les points d’accroche simples pour le spectateur, d’autres comme Sembène Ousmane structurent l’espace pour raconter dès 1966 dans La Noire de…, premier long-métrage de ce cinéma, une histoire de grande force illocutoire. Ce Cinéma est qualifié de “nationaliste” pour beaucoup de spécialistes en raison du combat identitaire qu’il entend mener, de la dénonciation des pratiques coloniales et de la recherche d’une Africaine traditionnelle perdue. Ce cinéma était marqué par un réalisme social sans fard. Il est dit « Politiques » suivant la définition que lui donnait un des pionniers « tout film social et même culturel est politique », affirmait Paulin Vieyra, dans le film Cinema of Senegal (Kardish et Vieyra, 1978). Ils traitaient des conflits sociaux, des problèmes que rencontraient les jeunes nations nouvellement indépendantes et des difficultés résultant de la confrontation entre la culture africaine et la civilisation occidentale. Les thèmes explorés comprenaient la critique de la nouvelle bourgeoisie corrompue, des traditions rétrogrades, la dichotomie ville/village, l’exode rural... La forme de ces films était fondée sur la priorité accordée au contenu plutôt qu’à la forme artistique. Mais, il faut le dire, ce cinéma manquait peu ou prou d’esthétisme, de poésie, de style séduisant. Le discours politique y était puissant, le beau, la poésie absent ou du moins relégué au second plan. N’en déplaise à certains puristes nostalgiques ! Mais quand Djibril sort des landes, il creuse un trou béant à l'intérieur des sentiers battus.
Un peu de fiction-un peu de réalisme : le réalisme magique
Si Sembène s’est inspirée de la littérature (ce qui justifie peut-être le rythme lent de ses plans), Djibril s’est inspiré du style Western. Il dira dans le bonimental de Parlons Grand-mère qu’un film comme High Noon de Fred Zinnemann (1938) n’a pas de secret pour lui “Plan après plan depuis l’âge de 15 ans”. Alors, au réalisme froid des anciens, “l’enfant terrible du cinéma Africain” impose un style nouveau : Le réalisme magique. Ses créations sont marquées par l’humour, la fantaisie et le fantastique, avec leur structure fragmentée et déconstruit. Dans les films de Djibril, le héros est un personnage solitaire larcin (Badou Boy), espiègle (Mory), jugé par un système hypocrite (Draman Dramé) balloté entre chance malchance (Marigo), finalement abattu par ce même système mesquin (Silly Lam). Tout semble désarticulé mais Mambéty maîtrise parfaitement son sujet. C’est un réalisateur qui laisse son héros bouffer l’espace. La gageure de son Cinéma est puissante dans l’utilisation à merveille du burlesque, de l’humour dans une esthétique purement carnavalesque et loufoque. Le cadrage et le montage sont difficilement séparables. Il y a du pressenti, du pré-montage dans l’approche filmique de Djibril. La post-prod commence dès le tournage. L’écart entre le scénario et le rendu final est minime. Le sujet filmique chez Djibril entremêle souvent dans le montage de ses films, soit en « syntagmes alternés », selon l’expression de Christian Metz, où l’alternance des signifiants correspond à la simultanéité des signifiés, soit en « syntagmes alternants du genre parallèle » entre lesquels il n’existe pas, au niveau du signifié, de rapports temporels pertinents, du moins au plan de la dénotation. Avec une grande originalité, Mambety utilise le montage et le filmage comme éléments créatifs déterminants. Il a su tirer des effets frappants qui s’embrigadent dans ses récits, à la fois art du raccord (montage parallèle) et art de la rupture (montage cut). C’est une douce brutalité ! N’est-ce pas aussi pour lui de laisser place aux êtres du monde parallèle qui envahissent ses films. Le religieux et le laïque coexistent dans le parallélisme de Djibril. Dans Le franc, les sons profanes d’Issa Cissoko au saxophone, en même temps que la récitation mélodique et rythmique des versets du Coran diffusée sur tout le quartier, depuis la mosquée sourdent ensemble. Il ne privilégie ni les premiers ni la seconde. Comme il le déclare dans le film de Laurence Gavron “Ninki Nanka, le prince de Colobane”, on peut aussi prier Dieu en jouant du saxophone. La forme des films de Djibril est donc le fruit de ces êtres qui pullulent son imaginaire. Touki Bouki en est la preuve. Ce taureau puissant ligoté, cette corne accrochée sur la mobylette de Mory, cette scène d’amour au bord de la plage (entre Mory et Anta) ne sont que le reflet d’un Djibril enchaîné par ses fantasmes et ses délires propres.
L’exaltation de “l’amateurisme”
Djibril savait dénicher la perle rare pour ses films. Le casting sauvage est un point fort de sa direction artistique. Il tirait toujours le meilleur de ses personnages rencontrés occasionnellement dans les crasses impitoyables des bidonvilles. Djibril était conscient qu’il lui fallait farfouiller dans les égouts pour trouver son héros. Les personnages loufoques ne surjouaient pas dans ses films. « La différence entre un professionnel et un non-professionnel est qu’un professionnel apprend son rôle et le joue, tandis qu’un non-professionnel joue sa propre personne avec toute son âme. C’est pourquoi il est plus authentique que le professionnel », déclare-t-il à June Givanni en 1995. En 1994, quand Adatte le questionne à ce sujet pour Pardo News, il répond : “C’est mon choix : les acteurs non-professionnels ne jouent pas, c’est comme si on les avait lancés du haut de la colline avec l’obligation de tomber. Ils ne savent pas que la cascade existe, donc ils tombent réellement. Et c’est ça que je sens le plus. Moi-même, ayant été formé sans être formé, au jeu du théâtre, je fais le précieux du fait de ne pas savoir.” Baba Diop grand critique de Cinéma affirme que Mambety arrivait à faire de ceux qu’il avait « croisés dans les bouges de la capitale » et qu’il avait choisis, « des comédiens performants ». Dans un entretien accordé au Journal le Soleil le 22 Mars 1990, Djibril déclare « analysé le visage, le cou, les mains, les pieds, pour ne choisir que ceux arqués et en chiasme.” Cette technique est fortement inspirée de la scène. C’est celle qu’utilisent de grandes figures du théâtre comme Samuel Beckett, dont l’exigence veut que le corps ne soit saisi que morcelé, et Constantin Stanislavski, pour qui le corps sur scène doit rester souvent invisible. Djibril amplifie souvent l’objet filmé à travers de simples reliefs. Le trégrosplanisme (c’est nous qui l’appelons comme ça) donne un effet de théâtralisation de ses plans. L’autre technique de Djibril et non moins visible est celle du Scénario au “texte troué”. Cette méthode est efficace et fait de l’acteur un élément central du récit narratif. Il participe à la réécriture du scénario dans son jeu. Les acteurs de Djibril parviennent avant tout par eux-mêmes à transmettre quelque chose corporellement. Il les libère de l’emprise du texte pour les orienter vers la performance. Ainsi deviennent-ils tour à tour peintres, danseurs, musiciens, acrobates, nageurs, jongleurs. Si le corps de l’espiègle Mory est encore dynamique pour se mouvoir de façon vertigineuse, ceux suppliciés, handicapés et meurtris de la Linguère Ramatou et Sili ne reposent que sur des béquilles. Dans Hyènes et La Petite Vendeuse de soleil, l’une et l’autre reviennent pour se venger. La Linguère Ramatou fait penser à Anta qui revient plus vieille pour mettre à mort Mory qui l’a lâchée le jour du voyage.
Djibril est donc un rêveur et il a fait rêver ses acteurs, les a consacré professionnels dans le tas. La chanteuse Aminata Fall dira de Djibril “S’il m’avait demandé d’égorger quelqu’un, je l’aurais fait les yeux fermés”. Djibril a tordu le cou de LA “Grammaire” du Cinéma, lui a cassé la “gueule”, réinventé son “discours” pour sa propre “pérennité”. Et si le train n’avait pas sifflé trois fois...
Si la mutinerie peut créer un sursaut d’orgueil, que ce soit pour que les Maliens comprennent qu’un pays ne sous-traite pas sa sécurité, et donc qu’il faut se donner les moyens d’avoir une armée pour défendre l’intégrité du territoire
En 2012, profitant d’une mutinerie qui se transformera en coup d’Etat, la rébellion touarègue prenait le Nord Mali (Kidal, Gao et Tombouctou) pour proclamer l’indépendance de l’Azawad. Quelques mois plus tard, il a fallu l’intervention de la France pour empêcher aux rebelles et autres jihadistes de déferler sur le Sud pour parachever la conquête du Mali. Cette année, malgré les remous politiques à Bamako, créés par l’imam Dicko et la mutinerie-coup d’Etat, si les rebelles et les djihadistes restent terrés dans leurs grottes ou se font oublier dans l’immensité du désert, c’est à cause de la présence militaire internationale.
Les Maliens doivent en faire le constat et en tirer une conclusion : profiter du parapluie militaire international pour rebâtir une armée digne de ce nom, capable de défendre le territoire quand la force expéditionnaire partira. Depuis l’opération Serval, le bien le plus précieux pour le Mali était le temps. Et IBK a fait perdre à son pays 7 ans. Et le principal message des manifestants sous la houlette de Dicko consistait à dire : le Mali a déjà perdu 7 ans et ne peut plus se payer le luxe d’en perdre encore 3 avec l’immobilisme de IBK. «L’histoire ne se répète pas ou alors comme une farce», nous dit Karl Marx. Pour éviter que l’histoire et les erreurs tragiques de 2012 ne se répètent et que cette mutinerie-coup d’Etat ne se transforme en farce tragique, il faut que le nouveau pouvoir de Bamako se concentre sur l’essentiel : trouver un accord politique avec les rebelles ou se préparer à la guerre pour éviter que le Mali ne disparaisse. Et malheureusement, une guerre est nécessaire pour sauver le Mali, parce que le rapport des forces n’a jamais été aussi défavorable à Bamako. «Si je suis trop fort, pourquoi je perds mon temps à négocier ? Si je suis trop faible, je n’ai rien à mettre sur la table pour négocier», disait Amine Gemayel, président du Liban.
Aujourd’hui, les rebelles et les jihadistes ont le sentiment d’être trop puissants pour faire des concessions et Bamako est trop faible pour mettre quelque chose sur la table ; d’où le caractère inévitable de la guerre pour changer le rapport des forces. «Toutes choses étant égales par ailleurs, le Général Moustapha Kemal Atatürk a sauvé la Turquie du démembrement, après quelques victoires militaires pour créer un autre rapport des forces qui a effacé le Kurdistan (créé par le traité de Sèvres en 1920 et qui disparaîtra avec le traité de Lausanne) de la carte et récupéré d’autres territoires sur les Grecs. C’est tout ce dont le Mali a besoin. Un Atatürk pour aller en guerre, créer un autre rapport de forces pour sauver le Mali de la disparition.
Face à cette guerre, les pays voisins et la force multinationale doivent tous aider le Mali, dont le seul objectif doit être la survie. Et si la mutinerie peut créer un choc psychologique et un sursaut d’orgueil, que ce soit pour que les Maliens se mobilisent autour de l’essentiel : comprendre qu’un pays ne sous-traite pas sa sécurité, et donc qu’il faut se donner les moyens d’avoir une armée pour défendre l’intégrité du territoire. Cette mission vitale ne peut être sous-traitée ni à l’Onu ni à la France, ni à la Russie ou à la Cedeao. La présence du parapluie militaire international doit être mise à profit pour atteindre cet objectif. Tout autre objectif est une diversion criminelle. IBK devait être le pont qui mène vers cet objectif, mais il s’est pris pour la destination. Cette cécité historique a fait perdre au Mali les 7 années les plus importantes de son histoire récente.
PRESSION CONTRE UN REPORT DES LOCALES
La Commission du Général Niang, qui a décidé de «dialoguer en présence du virus», doit rassurer sur le suivi de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral
La réunion du dialogue politique de ce mercredi est partie pour être l’une des plus importantes et des plus sensibles. Parce que la Commission du Général Niang, qui a décidé de «dialoguer en présence du virus», doit rassurer sur le suivi de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral. De ces deux points dépendrait un autre report des Locales. Mais l’opposition et la société civile ont déjà mis leur veto.
La Commission du dialogue politique reprend du service aujourd’hui. Sa longue pause dictée par le coronavirus avait fini par inquiéter les acteurs politiques. En effet, la société civile, le Pôle de l’opposition et celui des non-alignés n’avaient eu de cesse d’appeler à la poursuite des concertations au moment où le chef de l’Etat a décidé de que les Sénégalais devaient désormais «vivre avec le virus» ou «en présence du virus».
Ass Babacar Guèye déclarait dans un entretien avec Le Quotidien que les acteurs politiques devraient eux aussi «apprendre à dialoguer en présence du virus». «Le mandat des élus locaux a expiré depuis le 29 juillet 2019 et ils sont déjà à un an de prolongation. Même si la date butoir du 28 mars 2021 est validée pour la tenue des prochaines Locales, ils auront encore 8 autres mois supplémentaires. Ce qui est vraiment excessif. Donc impérativement, le dialogue doit reprendre pour épuiser les 4 questions qui restent, dont le statut de l’opposition et de son chef, ainsi que la rationalisation du calendrier électoral», ajoutait le responsable du parti Rewmi.
Mais avant lui, Déthié Faye soutenait déjà depuis le mois de juin que les concertations pouvaient continuer pour éviter une autre perturbation du calendrier électoral. Le représentant des non-alignés et le secrétaire général du Gradec, Ababacar Fall, préconisaient le format virtuel pour espérer des élections locales «au plus tard le 28 mars 2021».
Mamadou Diop Decroix aussi avait appelé la Commission politique à «reprendre ses travaux dans les meilleurs délais». Et puis, il y a cette dernière sortie de la coalition Jotna qui regroupe des partis comme Pastef, qui prévient contre tout éventuel report. Ousmane Sonko et ses alliés invitaient, dans un communiqué, le président de la République à «prendre un décret pour fixer la date des prochaines élections territoriales (municipales et départementales) conformément au principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales et aux dispositions de l’article L.63 du Code électoral».
Ils considèrent le «silence coupable» de Macky Sall comme une «décision implicite d’un énième report» des Locales. Il est vrai donc que la Commission dirigée par le Général Niang ne pouvait pas ne pas réagir aux premières alertes qui pouvaient remettre en cause cette confiance entre les acteurs. Mais ces pressions de toutes parts ont sans doute accéléré ce retour autour de la table.
Audit du fichier et évaluation du processus électoral
Cette première réunion de ce mercredi est très attendue parce qu’elle doit assurer que les bases d’une possible tenue des élections territoriales à date échue sont encore là. Et pour cela, le Général Niang et son équipe vont devoir convaincre que cette pause n’a pas été inutile.
Parce qu’ils devront rendre compte du suivi des questions essentielles et sans lesquelles il ne peut y avoir des élections incontestables. Il s’agit de l’évaluation du processus et de l’audit du fichier électoral, deux questions qui avaient fait l’objet de consensus avant la suspension des travaux en mars dernier.
La Commission du dialogue politique devait saisir le président du Comité de pilotage du dialogue national, Famara Ibrahima Sagna, qui à son tour devait le soumettre aux partenaires techniques et financiers, mais aussi choisir des experts indépendants pour l’audit. Ce sera sans doute la question cruciale de la réunion du jour.
LA BRIGADE DE RECHERCHES DE SALY SAISIT 53 MILLIONS DE FRANCS EN FAUX BILLETS !
La bande était constituée d’un Malien, d’un Guinéen et d’un Sénégalais
Etienne NDIAYE (correspondant permanent à Mbour) |
Publication 19/08/2020
Dans la nuit du lundi au mardi, les pandores de la brigade de recherches de Saly ont mis fin aux activités délictuelles d'une bande de faussaires spécialisés dans le trafic de faux billets de banque. Ce trio composé d'un Guinéen, d'un Malien et d'un Sénégalais était détenteur au moment de son interpellation d'une somme de 53 millions de francs en faux billets. Les hommes en bleu ont réussi leur coup notamment grâce à une dénonciation faite par une dame qui avait été approchée par les trois délinquants désireux de l’enrôler dans une transaction.
Décidément, les forces de sécurité mobilisées dans la lutte contre le grand banditisme ont le vent en poupe ces temps-ci sur la Petite côte. Après la saisie le week-end dernier de 70 kilogrammes de chanvre indien par les flics de l'Office Central de Répression du Trafic Illicite de Stupéfiants (Ocrtis), voilà que les gendarmes de la brigade de recherches de Saly viennent eux aussi de frapper un grand coup en interpellant trois individus membres d’une bande spécialisée dans le trafic de faux billets de banque. Cette grosse prise a eu lieu dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 août à Mbour où le trio de faussaires venu de Dakar était venu s’installer dans l’optique d’écouler ses billets de contrefaçon. Selon les informations fournies par les enquêteurs, les membres de la bande ont fait la connaissance d’une dame qu'ils ont voulu rouler dans la farine. La veille de l'opération, la dame avait soupçonné un coup tordu de ces personnes qui ne lui ont guère inspiré confiance.
Ainsi, pour se faire une religion sur les activités de ses nouvelles connaissances, elle s'est approchée d'une connaissance qui lui aura conseillé d'en aviser la gendarmerie. C'est ainsi que les pandores ont été mis au courant. Il ne restait plus qu’à tendre un guet-apens aux membres de la bande et les attendre au lieu fixé. C’est au moment où la transaction devait démarrer que les éléments de la brigade de recherches de la gendarmerie de Saly ont fait irruption sur les lieux. Après avoir brandi leurs cartes professionnelles, ils ont interpellé les trois individus qui détenaient par devers eux un sac contenant des coupures de faux billets de 10 mille francs CFA. Le décompte effectué a permis de savoir qu’il y avait dans le sac une valeur de 53 millions de francs.
Après leur interpellation, les faux monnayeurs ont été conduits dans les locaux de la brigade pour les besoins de l’enquête. Durant l’audition, le Malien répondant du nom de Issakha Dabo s’est révélé être le chef de la bande. Il était chargé du lavage des billets noirs. Un trio savamment constitué (laveur, marabout, démarcheur) Vivant au Sénégal depuis un certain temps, le Malien, qui a voulu brasser de l'argent facile, a donc réuni autour de lui des hommes de confiance dont un Guinéen répondant au nom de Lamine Kaba. Ce dernier est arrivé au Sénégal tout récemment pour exercer le métier de charlatan. C'est dans l'exercice de ce métier que Lamine Kaba, c’est son nom, a donc fait la connaissance de Issakha Dabo qui l’avait sollicité pour la formule magique qui devrait fructifier leur business. Quant à Waly Ndiaye, le Sénégalais de la bande, il était chargé de contacter de potentiels clients, lesquels d’ailleurs subiront les coups tordus de la bande.
Pour ne pas éveiller les soupçons, après avoir quitté la capitale il y a quelques jours, la bande a trouvé un logement dans un hôtel situé au village touristique de Nianing à 9 kilomètres au sud de la commune de Mbour. Les pandores, après avoir procédé à l'interpellation de la bande, ont effectué une perquisition dans les chambres où les faussaires avaient élu domicile. Après avoir reconnu sans ambages les faits à eux reprochés, les membres de la bande seront déférés ce mercredi auprès du procureur près le tribunal de grande instance de Mbour, Elias Abdoulaye Diop.
un récit de boubacar boris diop
BONNE NUIT, PRINCE KOROMA (2/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - Casimir Olé-Olé était pour moi une énigme absolue. Bien qu’il vécût dans la misère, je me disais parfois que le jour de sa mort on trouverait sous son matelas une très forte somme d’argent
À Djinkoré, tous les sept ans, les Deux Ancêtres se lèvent d’entre les morts et pendant une nuit entière, la nuit de l’Imoko, ils disent à leurs descendants comment ils doivent se comporter pendant les sept années suivantes. C’est aussi simple que cela. C’est la nuit où tous les criminels sont confondus, celle aussi où les femmes infidèles, les maris indignes et les chefs injustes sont rappelés à l’ordre par la voix courroucée et tonitruante des Deux Ancêtres. Djinkoré est alors pétrifié par la peur, car chacun redoute que dans leur colère les Deux Ancêtres ne fassent disparaître la ville sous les eaux ou sous une coulée de lave incandescente. Le royaume retient son souffle jusqu’à l’aube et, avant de retourner à leurs nuages, les Deux Ancêtres font connaître le nom de celui qui est appelé à s’asseoir pendant sept ans sur le trône millénaire de Djinkoré. Comme je l’ai dit, mes hôtes savaient déjà tout cela. Après tout, on ne les avait pas choisis au hasard pour représenter le gouvernement à la nuit de l’Imoko. Cependant, ils étaient toujours friands de détails insolites, le genre de choses qu’on aime raconter à ses amis après un long voyage. Certains d’entre eux s’extasiaient, par exemple, sur le fait que les Deux Ancêtres étaient un homme et une femme. Ils y voyaient la preuve d’un sens inné de l’équité chez les habitants de Djinkoré, une «approche genre» avant la lettre et, pour le dire sans fausse modestie, une magistrale leçon de «bonne gouvernance» au reste de l’humanité.
J’étais un peu choqué par la frivolité de mes collègues fonctionnaires, mais je les trouvais somme toute bien sympathiques et faciles à vivre. Comme ma soirée avec Christian Bithege était différente ! Sous la pâle lumière du salon, bien calé dans un fauteuil, il feuilletait ses documents en jetant de temps à autre un regard vide autour de lui. L’atmosphère était si lourde que Gilbert, mon boy, faisait sa tête des mauvais jours. Il m’a d’ailleurs dit par la suite qu’il avait détesté Bithege à la seconde même où il l’avait vu sortir de sa Volvo bleue.
Le lendemain, nous sommes allés acheter des bananes et des goyaves au marché. Gilbert aurait pu s’en charger à notre place, mais Bithege avait envie de découvrir le centre-ville de Djinkoré. Nous n’étions plus qu’à quatre jours de la Nuit et, de part et d’autre de la rue principale – en fait une large bande de latérite –, on s’affairait aux préparatifs de la cérémonie. Bithege et moi avons croisé plusieurs groupes de danseurs montés sur des échasses, sifflets à la bouche. Des jeunes femmes vannaient ou pilaient du mil en fredonnant de vieux airs. La nuit de l’Imoko était naturellement au centre de toutes les conversations. Quelques-uns pestaient contre la hausse soudaine des prix du sucre et de l’huile et d’autres pariaient que la Nuit ferait venir au moins deux millions de visiteurs à Djinkoré. Plusieurs personnes levèrent la tête de leur ouvrage pour nous saluer tout en observant mon compagnon à la dérobée. Bithege leur répondait chaque fois par un vague mouvement de la tête, mais il avait visiblement l’esprit ailleurs. Je me demande aujourd’hui, avec le recul, si certains n’avaient pas pressenti, dès cet instant, la tragédie qui allait survenir peu de temps après. Il faut dire qu’à l’approche de la nuit de l’Imoko, les habitants de Djinkoré ne sont plus tout à fait les mêmes. Attendre la venue des Deux Ancêtres est presque au-dessus de leurs forces et ils sont très tendus. Une fois redescendus sur la terre, les Deux Ancêtres sont bien obligés de parler : que vont-ils dire ? Nul ne le sait à l’avance et tout événement plus ou moins inattendu – la présence de Christian Bithege à Djinkoré, par exemple – est interprété, avec un mélange d’inquiétude et d’espoir, comme un présage.
– Les gens m’ont l’air un peu nerveux, a déclaré l’étranger. – Qu’est-ce qui vous le fait dire ?
– Ça se voit bien.
Ce type était réellement spécial.
– Vous avez raison, ai-je reconnu, il y a toujours une certaine tension dans l’air avant l’apparition des Deux Ancêtres. Ce sera ma troisième Nuit et je vais éprouver les mêmes sensations que la première fois, il y a quatorze ans. C’est une expérience qu’on ne peut pas oublier.
– Ne vous en faites pas, ça va très bien se passer.
Il s’était exprimé sur un ton assez méprisant. Il semblait dire que toute cette affaire, c’était du cinéma pour tenir en laisse le petit peuple. Je n’étais pas loin de penser comme lui, mais je me suis senti un peu vexé malgré tout.
Nous nous sommes arrêtés devant l’étal du vieux Casimir Olé-Olé, le vendeur de fruits. J’ai fait les présentations.
– Monsieur Bithege est venu pour la Nuit. Il représente le gouvernement cette année.
Le fonctionnaire a hoché la tête et s’est incliné légèrement. Les deux hommes se sont jaugés sans mot dire pendant quelques secondes en se serrant la main. Le vieux Casimir Olé-Olé, c’était ce qu’on appelle un personnage. Il avait construit une cahute sur le seuil de sa maison, juste en face du marché, et restait assis là toute la journée, agitant sans cesse un chasse-mouches au-dessus de sa marchandise – mangues et ditax, tranches de noix de coco et poisson séché. Il se donnait un mal fou pour paraître niais et même complètement insignifiant, et je crois bien que son plus grand rêve était de se métamorphoser en ombre pour pouvoir se glisser partout et voir sans être vu. Il disait par toute son attitude : «Je m’appelle certes Casimir Olé-Olé, vous me voyez bien en face de vous, mais je vous en supplie, oubliez-moi, je n’existe pas.» Le rusé bonhomme faisait de même semblant d’être sourd. Quoi que vous puissiez lui dire, il vous demandait toujours de répéter votre phrase en plaçant, en un geste caractéristique, une main contre le lobe de son oreille droite. Mais pendant qu’il vous jouait sa petite comédie, ses yeux malicieux disaient clairement qu’il vous avait bel et bien entendu. Du reste, chaque fois que j’observais Casimir Olé-Olé à son insu, j’avais l’impression qu’il surveillait les allées et venues de tous les habitants de Djinkoré et qu’il avait à cœur de savoir ce que chacun d’eux pensait à chaque instant de sa vie. Soupçonneux et solitaire, Casimir Olé-Olé était pour moi une énigme absolue. Bien qu’il vécût dans la misère, je me disais parfois que le jour de sa mort on trouverait sous son matelas une très forte somme d’argent, des millions peut-être ; d’autres fois, j’étais à peu près convaincu qu’il travaillait en secret pour la police. Si je rapporte tout cela, c’est surtout pour faire comprendre à quel point j’étais excité par la rencontre entre Christian Bithege et Casimir Olé-Olé. Ce dernier allait-il enfin baisser la garde ? C’était la seule chose qui m’intéressait et, dans un sens, je ne fus pas déçu. De façon assez inhabituelle, Casimir Olé-Olé s’est montré plutôt prévenant envers notre hôte et a fait rouler la conversation, d’une voix neutre, sur la nuit de l’Imoko. À l’en croire, c’était faire preuve d’une grande sagesse que de laisser les morts décider de tout à la place des vivants.
– Je pense moi aussi que c’est une bonne idée, a déclaré Bithege en pesant lui-même les bananes qu’il venait de choisir une à une, avec beaucoup de soin.
Son ton était si neutre que je n’ai pas pu savoir s’il était sérieux ou s’il se moquait des habitants de Djinkoré. Il s’est toutefois un peu agacé quand Casimir Olé-Olé lui a demandé de répéter ce qu’il venait de dire. Il s’est exécuté et le marchand de fruits s’est écrié :
– Oui ! Comme ça au moins, on est tranquilles, les morts sont plus justes que nous !
L’étranger a alors fait remarquer que nulle part au monde on ne se comportait de la même façon que les gens de Djinkoré. Après quelques secondes de réflexion, il a ajouté d’un air entendu :
– Mais comment savoir qui a raison ?
Oubliant de jouer au sourd, Casimir Olé-Olé l’a regardé longuement et a dit :
– Moi, Casimir Olé-Olé, je ne sais pas qui a raison… Mais je dis ceci : pourquoi aurions-nous tort, nous de Djinkoré ?
Qui peut me dire pourquoi tous les autres auraient raison, d’une manière ou d’une autre, et pas nous ?
Ce texte est une nouvelle version du récit « La nuit de l’Imoko », paru aux éditions Mémoire d’Encrier, de l’écrivain-journaliste.