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13 septembre 2025
OUVERTURE D’UN DIALOGUE PARLEMENTAIRE AUTOUR DU PROJET GTA
Le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a ouvert, ce mardi le dialogue parlementaire de haut niveau entre le Sénégal et la Mauritanie autour du projet Grand Tortue Ahmeyim
Dakar, 27 oct (APS) - Le ministre du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé, a ouvert, ce mardi le dialogue parlementaire de haut niveau entre le Sénégal et la Mauritanie autour du projet GTA (Grand Tortue Ahmeyim)",, a appris l’APS.
’’Le ministre du Pétrole et des Energies M. Mouhamadou Makhtar Cissé a ouvert ce mardi 27 octobre 2020 le dialogue parlementaire de haut niveau entre le Sénégal et la Mauritanie autour du projet GTA’’, indique dans un tweet le ministère du Pétrole et des Energies.
Ce dialogue vise à ’’promouvoir la création d’un cadre permanent entre les parlementaires du Sénégal et de la Mauritanie autour du projet GTA afin d’explorer toutes les opportunités de consolider les synergies entre les parties prenantes des deux pays’’, selon le ministère sénégalais.
’’La gestion des attentes est capitale dans ce type de projet. C’est pourquoi la disponibilité de l’information fait partie des premiers niveaux de contrôle. J’invite les secteurs privés des deux pays à travailler ensemble pour prendre pleinement leur place dans ce projet’’, a déclaré le le ministre Mouhamadou Makhtar Cissé.
’’Ce moment d’échanges et de partage est salué par tous les acteurs qui s’intéressent à la gouvernance du pétrole et du gaz. Nous sommes résolument engagés dans la gouvernance transparente de nos ressources’’, a pour sa part assuré Eva Marie Coll Seck, président de l’ITIE Sénégal.
Le Sénégal et la Mauritanie ont signé le 27 octobre 2020 à Dakar avec BP un contrat d’achat et de vente du gaz naturel liquéfié de la phase 1 du projet du champ gazier Grand Tortue GTA, que les deux pays partagent.
Les directeurs des compagnies pétrolières contractantes PETROSEN, la Société Mauritanienne des Hydrocarbures et de Patrimoine Minier (SMHPM), BP et Kosmos ont paraphé l’accord avec BP Gas Marketing (BPGM) adjudicataire de l’appel d’offres international qui a été lancé à cet effet.
Le ministre sénégalais du Pétrole et des Energies Mouhamadou Makhtar Cissé, avait souligné que la signature du contrat démontre les liens fraternels solides qui unissent le Sénégal et la Mauritanie, pour avancer ensemble dans le chemin du développement harmonieux.
"Le champ gazier sera développé en trois phases. La première phase, objet du contrat signé, produira, au total, environ 2,5 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’exportation et 70 millions de pieds cubes par jour de gaz (environ 500 MW électrique) pour les deux marchés domestiques", avait-t-il expliqué.
Le ministre sénégalais avait indiqué que ces quantités seront "équitablement partagées entre les deux pays selon les conditions fixées par l’accord de coopération inter-Etats".
"Les différentes entités impliquées dans le projet (Etats et compagnies pétrolières) ont convenu de commercialiser conjointement tout le GNL de cette phase 1 pour l’optimiser", avait ajouté le ministre.
Pour sa part, le ministre mauritanien du Pétrole, des Mines et de l’Energie Mohamed Ould Abdel Vetah avait indiqué que la signature de ce contrat montre la volonté commune des deux pays de mutualiser les efforts pour un meilleur positionnement commercial au sein du marché international, en perpétuelle concurrence.
Le Sénégal et la Mauritanie sont convenus de développer et d’exploiter en commun le gisement de gaz dénommé "Grand Tortue Ahmeyim (GTA)", mis à jour en 2016, à cheval sur la frontière maritime entre les deux pays.
CHEIKH OMAR HANN FAIT CONDAMNER PAPE ALE ET MODY NIANG
La décision vient de tomber. Le journaliste Pape Alé Niang et Mody Niang ont écopé d'une peine de 3 mois avec sursis
La décision vient de tomber. Le journaliste Pape Alé Niang et Mody Niang ont écopé d'une peine de 3 mois avec sursis. Ils devront payer la rondelette somme de 10 millions de FCFA à titre de dommages et intérêts au préjudice de l'ancien directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), Cheikh Oumar Hann, par ailleurs actuel ministre de l'Enseignement supérieur.
C'est ce qui ressort du jugement lu par le président du tribunal correctionnel de Dakar, ce mardi 27 octobre.
En fait, le plaignant avait attrait les deux condamnés devant ladite juridiction pour diffamation. Selon Cheikh Oumar Hann, Pape Alé Niang l'a accusé de malversations financières dans la gestion du COUD dans son livre. Des propos qui ont été appuyés par Mody Niang.
Pourtant, lors du procès, les prévenus avaient reconnu les faits.
Pape Alé Niang avait déclaré face au juge n'avoir repris dans son livre intitulé "Scandale au cœur de la République : le dossier du Coud" que le rapport de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) dirigé à l'époque par Nafy Ngom Keïta. Ce qui lui a fait dire que "si diffamation, il y a, c'est le rapport qui est diffamatoire".
Mody Niang de laisser entendre : "Je prends sur ma responsabilité de dire qu'il y a malversations sur la gestion au niveau du Coud".
Toutefois, les conseils de la défense avaient plaidé la relaxe pure et simple.
MAMADOU SEYE, L’OISEAU RARE S’EST VOLATILISÉ
L'ancien commandant de bord de l’hélicoptère présidentiel sous Abdoulaye Wade, puis de son successeur Macky Sall, est décédé à l’âge de 65 ans
Le capitaine Mamadou Sèye, ancien commandant de bord de l’hélicoptère présidentiel sous Me Abdoulaye Wade, puis de son successeur Macky Sall, est décédé à l’âge de 65 ans. Le décès est survenu le jeudi 15 octobre 2020 où il a été foudroyé en « plein vol » par une courte et méchante maladie. Seuls parents et anciens camarades d’armes ont été durement secoués et traumatisés par la disparition de « Seya » comme on l’appelait. Car, la terrible nouvelle est passée inaperçue au sein de la Nation. Pourtant au-delà de l’Armée, l’officier Mamadou Sèye a rendu, des années durant, de bons et loyaux services à la Nation pour avoir été le pilote attitré, réputé et confirmé de l’hélicoptère de commandement du président de la République. L’illustre disparu était un fidèle lecteur du « Témoin ». Mieux, c’était un ami personnel doublé d’un « grand-frère » pour votre serviteur. A chaque fois que nous sollicitions son expertise sur des questions aéronautiques ou des témoignages relatifs à des portraits d’officiers de l’air, il était toujours accessible et très disponible.
Ce jour-là, à bord de son hélico !
Cette véritable légende des airs et de l’espace qu’était capitaine Mamadou Sèye, nous l’avons connue lors d’un voyage de presse en août 1997. Ce jour-là, l’ex-Cemga Mamadou Seck « Faidherbe » avait voulu rendre visibles les travaux du génie militaire en réhabilitant le pont de Cas-Cas (Ile à Morphil/Fouta). Au retour, nous avons fait le voyage à bord d’un hélicoptère militaire « Alouette III ». À mes côtés, feu Amadou Mbaye Loum, reporter chevronné et vétéran de la télévision nationale. Notre pilote, c’était le sergent Mamadou Sèye. « Un sous-officier pilote ? » me suis-je interrogé persuadé que le métier de pilote était jusque-là réservé uniquement aux officiers. Du regard, Mbaye Loum me coupe pour me souffler quelques confidences. « Un jour, le Cemga m’a dit que l’Armée a un sous-officier devenu le meilleur pilote d’hélicoptère. Donc ça ne doit être que lui ! Tu as vu son grade, il est sergent…» indique-t-il. Bien calé dans son cockpit, notre pilote que nous ne quittions pas des yeux manie le manche à balai cyclique de l’appareil pour nous placer sur l’axe Saint-Louis-Dakar. Il est 17 heures passées, nous survolons les cotes maritimes vers Lompoul et Mboro qui nous offrent une vue aérienne imprenable sur une variété de paysages magnifiques arrosés par une fine pluie. Soudain, notre pilote, le sergent Sèye, se tourne vers nous : « Finalement, nous ne pouvons plus rentrer sur Dakar. On va faire demi-tour pour aller passer la nuit à Saint-Louis. « Dakar-Infos » (la météo aéronautique, Ndlr) m’a conseillé de ne pas venir sur Dakar où il y a une très forte pluie » se désole-t-il. Puis, il manœuvre de sorte à incliner son hélicoptère au-dessus de l’océan pour faire demi-tour. « Passer la nuit à SaintLouis ? » se désole votre serviteur qui devait prendre l’avion dans la nuit à destination d’un pays européen. « Mon cher Pape, ce n’est pas à bord de mon hélicoptère que tu seras à Dakar aujourd’hui. C’est regrettable pour tout le monde mais c’est comme ça. Annuler un vol ou faire demi-tour pour un atterrissage d’urgence fait partie des normes de sécurité les plus élémentaires, on ne badine pas avec ! Vous voyez, même le colonel Alain Preira m’a conseillé de faire demi-tour.
A bord de son Fokker en provenance de Ziguinchor, le colonel a entendu mes conversations avec la tour de contrôle de Dakar-Yoff pour s’inviter dans le réseau » explique notre pilote, sergent Mamadou Sèye, pour nous obliger à nous rendre à l’évidence. Notre retour « avorté » sur Dakar de ce jour-là donne une large idée de l’intransigeance du sergent Mamadou Sèye en matière de sécurité et de sûreté aéronautique. Plus de quinze (15) ans après, Mamadou Sèye, notre sergent-pilote qui forçait admiration et respect, avait gravi les échelons et était devenu capitaine : « Il était le meilleur de notre génération en hélicoptères légers et lourds » s’enflammait un de ses camarades d’école en service à l’époque à la défunte compagnie Air Sénégal International. Ce n’était donc pas le fruit du hasard si le capitaine Sèye est devenu le pilote attitré de l’hélicoptère de commandement « Ecureuil » de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, puis son successeur Macky Sall. Justement, à propos de l’ancien président, le capitaine Sèye, à chaque fois qu’il nous rendait visite, ne cessait de nous parler de la générosité de l’homme Abdoulaye Wade qui l’avait beaucoup aidé et assisté durant sa brillante carrière « Me Wade « dou niit » de par sa générosité et son humanisme. Lors de nos différents déplacements à l’intérieur du pays ainsi que des vols de reconnaissance sur le futur aéroport de Diass, il me questionnait sur les conditions de ma vie sociale qu’il comptait améliorer. Bref, Me Wade voulait que je ne manque de rien ! » nous confiait le capitaine (er) Mamadou Seye. D’ailleurs, un jour, nous a-t-il raconté, le président Wade lui a posé une question du genre : « Mon capitaine, y-a-il une mesure exceptionnelle dans l’Armée pour que je vous nomme officier-supérieur c’est-à-dire commandant ou lieutenant-colonel ? » Autant dire que le président Wade appréciait beaucoup son pilote de confiance. C’est avec un sourire gêné que le capitaine Sèye avait accueilli cette généreuse proposition qu’il avait déclinée poliment l’offre en bon soldat digne et orgueilleux. « Président, il y a des étapes académiques à passer obligatoirement pour avoir l’aptitude d’accéder à ces grades. Inchallah, je compte faire le concours du « Dagos » si les années qui me restent sous les drapeaux me le permettent » avait-il souligné au président Wade.
Le dernier des Mohicans de l’air…
Sorti de l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa), en 1976, le sergent Mamadou Sèye était l’un des rares sous-officiers de sa promotion à être de formation scientifique, donc susceptible d’intégrer l’Armée de l’air. « Mieux, il était discipliné, méthodique, discret et trop intelligent » se souvient un colonel de l’air qui l’avait eu sous son commandement. Suite à une sélection très pointue, le sergent Sèye intègre le Centre d’instruction professionnelle et de recyclage aéronautique « Cipra » en France. En 1984, il est admis à l’Ecole de formation initiale au personnel navigant de Clermont-Ferrand (Efipn), toujours en France. Puis, il a rejoint l’une des meilleures écoles du monde en matière de pilotage d’hélicoptère qu’est le Centre d’instruction des équipages d’hélicoptère (Cieh) en France. C’était en 1985. Ensuite, l’ancien commandant de l’hélicoptère présidentiel a fréquenté les grandes écoles de l’avion telles que Toulouse, Chambéry etc. pour se doter de la qualification et du professionnalisme requis pour voler à bord de n’importe quel type d’hélicoptère. Après plus de 40 ans de vols, le défunt capitaine Mamadou Sèye était une fierté de l’Armée sénégalaise. Chef d’escadron d’hélicoptères, il était à la fois formateur, instructeur et moniteur remarqué et remarquable.
D’ailleurs, il serait même une sorte de dernier des Mohicans de l’air car la plupart des pilotes et mécaniciens de sa génération ont eu à déserter l’Armée pour rejoindre les rangs d’autres compagnies aériennes privées. Un désintéressement qui montre à quel point que le capitaine Sèye était animé d’un patriotisme sans faille. En lui, l’Armée et la Nation viennent de perdre un digne fils du pays, un grand commis de l’Etat au parcours professionnel sans faute, aux qualités humaines multidimensionnelles. Comme le disait Antoine de Saint-Exupéry : « Un pilote ne meurt jamais, il s’envole juste et ne revient pas ! » Une citation qui s’applique à « Seya » qui ne mourra jamais puisqu’il est plus jamais dans nos cœurs et nos esprits. Décrit comme un père de famille exemplaire qui, sa vie durant, a fait beaucoup de sacrifices pour l’éducation et la réussite de ses enfants, Mamadou Sèye l’oiseau rare de la République s’est finalement volatilisé ! Et nous sommes persuadés qu’il va rejoindre les Nids du Paradis et ses doux feuillages. « Le Témoin » profite de cette triste occasion pour présenter ses condoléances à la famille éplorée et aux anciens camarades d’armes du bon capitaine Mamadou Sèye.
LA FRANCE APPELLE L'AFRIQUE À FAIRE BLOC AVEC ELLE CONTRE LE DUO CHINO-RUSSE
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a appelé mardi à Brazzaville l'Afrique et la France à "faire bloc ensemble" face aux "tentatives de prédation" et à la "rivalité des puissances" et à se donner à nouveau un "destin commun"
"Dans un monde marqué par la brutalité, par les tentatives de prédation, par la rivalité des puissances, il nous faut faire bloc ensemble", a-t-il lancé lors d'un colloque pour le 80e anniversaire du manifeste du général de Gaulle, dit de Brazzaville, qui ancra la France libre en Afrique. Le continent africain est l'objet de nombreuses convoitises autour de ses ressources naturelles et de luttes d'influence attirant Russie, Chine ou Turquie au détriment de la France, ex-puissance coloniale. "C'est ça aussi l'esprit du manifeste de Brazzaville", a souligné le ministre français des Affaires étrangères devant les chefs d'État du Congo, de la République démocratique du Congo, de la Centrafrique et du Tchad. "La meilleure manière de faire bloc, c'est de nous retrouver une fois encore autour de ce modèle que des Français et des Africains, après le manifeste du général de Gaulle, ont défendu ensemble depuis Brazzaville il y a 80 ans", a-t-il souligné. "Une manière qui hier nous a permis de reprendre la maîtrise de nos destins respectifs et qui aujourd'hui nous permet, si nous le voulons, de décider, en assumant la complexité de cet héritage, de nous donner à nouveau ensemble un destin commun", a-t-il martelé.
Le président tchadien Idriss Déby a salué cette main tendue tout en appelant à "faire plus et mieux" pour lutter contre la menace jihadiste au Sahel ou la pauvreté. "Il est urgent de mettre l'accent sur une conjugaison de forces et de moyens entre nos États et la France en intégrant les variables liées à nos avantages comparatifs (...). L'avenir de l'Afrique, c'est aussi l'avenir de la France", a déclaré Idriss Déby dont les forces armées sont engagées au Mali au côté de la force française antijihadiste Barkhane.
Jean-Yves Le Drian a déploré que "cette mémoire commune" autour du manifeste de Brazzaville ait été si "longtemps occultée" et appelé à construire des "mémoires partagées", au-delà des "malentendus", afin de "garantir une relation qui ait du sens".
Le 18 juin 1940, depuis Londres, le général de Gaulle lança un appel à la résistance face à l'occupation nazie, posant l'acte fondateur de la France libre. L'Afrique Équatoriale française (AEF) et le Cameroun se rallièrent rapidement à lui. Le 24 octobre 1940, il arriva à Brazzaville dont il fit la capitale de la France Libre. Le 27 octobre, il annonça la création, dans le manifeste dit de Brazzaville, d'un Conseil de Défense de l'Empire qui allait incarner cette France libre.
DE PUISSANTS LOBBIES VOULAIENT QUE LA SAR SOIT DEMANTELEE
Le directeur général de la Société Africaine de Raffinage sort enfin de sa réserve, pour ne pas dire de sa «cachette » pour parler à ses compatriotes. Sans langue de bois, Serigne Mboup dit tout dans cet entretien exclusif accordé au « Témoin»
L e directeur général de la Société Africaine de Raffinage (SAR) sort enfin de sa réserve, pour ne pas dire de sa «cachette » pour parler à ses compatriotes. Sans langue de bois, Serigne Mboup dit tout dans cet entretien exclusif accordé au « Témoin quotidien ». Du conflit avec Khadim Ba aux ruptures dans l’approvisionnement en hydrocarbures dans notre pays en passant par les lobbys qui voulaient démanteler la Sar… Serigne Mboup, qui est également le maire de Pire et un responsable de l’Alliance Pour la République (APR) n’esquive aucun sujet. Entretien sans détours !
Le Témoin - Voilà plus de deux ans que vous êtes à la tête de la Société Africaine de Raffinage (SAR). Quelle est la situation financière actuelle de votre entreprise ?
Serigne MBOUP – La situation financière, c’est une question à laquelle on peut répondre parce qu’elle est complexe et elle n’est pas synthétisable. Mais, ce que je peux vous dire est que la Sar, comme toute autre société d’ailleurs, a une mission. Cette mission de service public est d’approvisionner régulièrement le pays en produits pétroliers. Cet approvisionnement-là se passe correctement. C’est le moins que l’on puisse dire puisque le marché est régulièrement approvisionné dans les termes et les conditions de cette mission de service public. Évidemment, cela suppose beaucoup d’engagements financiers. Mais la Sar s’acquitte de toutes ses charges de fonctionnement, paie ses fournisseurs. Elle paye ses salaires, donne les primes dues aux travailleurs et paie ses impôts. On peut dire que c’est une société qui se développe et fait des investissements pour, d’abord, maintenir ses équipements mais aussi améliorer ses outils et autres. Je peux donc dire que la Sar se porte bien.
Quel est l’impact des créances de l’État via la Senelec sur la situation financière de la Sar ?
Ces impacts, habituellement, peuvent être source de difficultés si ces créances atteignent des niveaux importants. Comme vous le savez, elles ne concernent pas seulement la Senelec mais la filière Senelec, les ‘’IPP’’ c’est-à-dire les producteurs indépendants de pétroles et la Senelec elle-même comme client. La Senelec est un grand client de la Sar. Nous avons un marché qui tourne autour d’un peu plus de 220 milliards par an. Evidemment compte non tenu des IPP. S’il y a des difficultés de paiement, forcément cela se répercute sur les engagements de la Sar a vis-à-vis de ses partenaires financiers puisque les produits pétroliers sont portés sur la base de lettres de crédits ouvertes auprès des banques. Il arrive, quand ces encours-là sont importants, qu’effectivement à l’échéance la Sar éprouve des difficultés pour payer. Ce, même s’il y a toujours des mécanismes financiers pour faire face à ses obligations et encore même si ces mécanismes financiers coûtent de l’argent quand même parce que c’est des intérêts qui sont payés. Par le passé, ces encours ont atteint des niveaux importants qui ont pu amener quelques difficultés. Mais, ce qu’il faut noter, c’est que depuis quelques temps le gouvernement a pris toutes les dispositions, à travers le ministère des Finances et du Budget et aussi à travers son véhicule technique qui est le ‘’FSE‘’ — c’est-à-dire le Fonds de soutien à l’énergie — pour que la situation s’améliore de façon très significative. Les encours, il ne saurait en manquer parce que quand vous vendez à un client et que vous facturez il y a toujours des encours. Mais, aujourd’hui, le niveau de ces encours n’entrave en rien le fonctionnement de notre société. Il se situe à un niveau courant. De ce point de vue, beaucoup d’efforts ont été faits. Et le plus important est que la vision du gouvernement, sur instruction de son excellence le président de la République, c’est de mener une réflexion prospective qui permette d’avoir des solutions structurelles et durables. Et cela a été fait parce qu’à partir du moment où le plus gros de la créance a été réglé et que cette vision est mise en œuvre, on peut être très optimiste. Pour l’instant, encore une fois, le plus important c’est que, malgré le Covid-19 avec ses impacts économiques et malgré les difficultés, le ministère des Finances et le ministère de l’Energie ont trouvé des ressources pour que la situation se stabilise et elle l’est maintenant.
À chaque fois qu’on parle de la Sar, on fait allusion à des ruptures dans l’approvisionnement en produits pétroliers dans notre pays. Qu’est-ce qu’il en est réellement ?
Réellement, il n’y en a pas. Parfois, la presse ne fait pas son devoir qui d’aller à la source de l’information. Nous avons vu beaucoup de vos confrères faire des manchettes sur d’éventuelles ruptures de produits, des délestages etc. Par la grâce de Dieu, il n’y a en a pas encore. Nous avons fait des communiqués pour informer l’opinion du fait que ce n’est pas le cas et nous espérons que ça n’arrivera pas parce que nous avons été instruits et parce que c’est notre mission de prendre des dispositions pour qu’il n’y ait pas de ruptures. Mais aussi tous les moyens ont été mis en œuvre pour que, justement, cela n’arrive pas. Vraiment, ce que l’on peut dire sur ce point, c’est qu’il n’y a pas de ruptures et qu’il n’y en aura pas. Malheureusement, nous sommes dans un pays où beaucoup de personnes ont leur mot à dire sur beaucoup de choses qu’elles ne maitrisent pas pour des intérêts que parfois on ne comprend pas. S’il y avait des difficultés, nos responsables de la communication allaient évidemment faire comme leurs confrères de la SONES et de la SENELEC. S’il y avait réellement des problèmes dans l’approvisionnement, la Sar elle-même communiquerait pour dire aux populations « attention telle difficulté peut intervenir » pour qu’ensemble nous prenions les dispositions qu’il faut. Mais je peux vous dire qu’à aucun moment cela n’a été envisageable car la clairvoyance des autorités qui ont défini cette politique énergétique ainsi que notre ferme volonté de faire les choses dans les normes, font que ce genre de problèmes n’est encore jamais arrivé.
Le cabinet Citac Africa Lmt avait, en 2013, fait un rapport sur l’avenir de la Sar. Un rapport dans lequel il avait indiqué d’énormes cercles de danger. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour respecter les recommandations de ce cabinet ?
Le rapport du cabinet Cita a été commandité par le conseil d’administration à l’époque. Citac est un cabinet reconnu dans l’industrie pétrolière et qui produit régulièrement des documents techniques de référence. Citac est un partenaire de la Sar, notamment de l’Association des raffineurs africains, et qui connait bien son métier. La Sar date de 1961 et sa mise en exploitation en 1963, elle a 60 ans d’existence. Avec le temps, il faut à intervalles réguliers faire de maintenance. Il faut savoir que la loi nous impose de faire une maintenance générale tous les cinq ans pour mettre à niveau tous les équipements. Cela est fait de façon plus ou moins régulière. Aux États-Unis, on n’a pas construit de raffinerie depuis la 2ème guerre mondiale parce que ce sont des outils dont la maintenance est faite. Le Président Macky Sall a, à son arrivée au pouvoir en 2012, décidé de maintenir la Sar et d’investir. Ce malgré d’intenses lobbyings exercés de partout et qui voulaient que la Sar soit démantelée.
Justement, est-ce que la Sar envisage une extension ou une modernisation dans la zone où elle se situe vu que des populations sont venues s’installer tout autour ? D’une manière générale, quels sont vos projets ?
La Sar a une superficie de 92 hectares. Près du 1/3 peut être disponible. L’autre partie est habitée. Il y a des unités nouvelles qui sont en train d’être construites dans notre enceinte. Le projet d’extension et de modernisation des installations de la Sar et d’augmentation de ses capacités, lancé depuis novembre, est attendu pour être livré en septembre 2021. Il entre exactement dans ce cadre. Ce projet-là va augmenter les capacités de la Sar de 30 %. On va passer de 1,2 million à 1,5 million de tonnes. Il va remettre à niveau beaucoup d’installations. Notamment, il va réduire considérablement la torche que vous voyez, parce que c’est jusqu’à 2 % de la production parfois qui va en fumée Elle va être réduite drastiquement, cette torche. Mais ce va projet permettre surtout de traiter le pétrole brut du Sénégal. Ce qui fait que le Sénégal ne devra plus importer le pétrole brut du Nigéria comme c’est le cas actuellement. Evidemment, on n’a pas besoin d’insister, mais c’est important et c’est évident que ça va renforcer la sécurisation de l’approvisionnement de notre pays en produits pétroliers. La notion de sécurité, qui est une notion importante, qui va être réglée parce que le pétrole ça va au large de Dakar et il y aura un effet financier important pour la Sar d’abord parce qu’il n’y aura plus de lettres de crédits en devises parce qu’il faut savoir qu’on achète en dollars aujourd’hui et qu’on va acheter en CFA à partir d’un fournisseur local qui est Petrosen et ses associés. Et, comme le prévoit le Code pétrolier, c’est ça qui sécurise les besoins du Sénégal. Il faut savoir que le Code pétrolier, déjà, le prévoit, on dit à découverte : avant d’exporter quoi que ce soit, les besoins nationaux sont primordiaux, vendus au prix du marché, c’est vrai, mais vendus en devise locale, vendu aussi à travers un contrat qui est déjà prévu par le Code pétrolier. Et donc, pour rassurer les Sénégalais, c’est l’objet de ce grand projet qui rentre dans la vision du chef de l’Etat qui avait dit d’abord que les ressources nationales appartiennent au peuple. A travers la Constitution, il l’avait prévu. Mais aussi le référendum l’a adopté. Le Président a décidé que, sur les ressources nationales qu’on a, il faut qu’on y ajoute de la valeur locale.
La Protection civile a demandé à la Sar et à l’Etat, depuis 2011, de procéder au démantèlement de la ligne de pipeline de 15 km qui relie la Sar au Port de Dakar. Elle avait même suggéré que ces installations passent dans la mer pour éviter des catastrophes en cas de fuites. Hélas, rien n’est encore fait malgré les nombres fuites notées sur la ligne. Voulez-vous attendre qu’il y ait catastrophe pour ensuite venir faire du médecin après la mort ?
La Sar a lancé une étude sur ces recommandations. Le rapport a été donné. Aujourd’hui, l’appel d’offres est lancé pour un sea-line qui aura une double mission. La première est que de sécuriser l’approvisionnement en abandonnant progressivement le réseau de pipeline qui vient du Port autonome de Dakar. Beaucoup de mesures sont prises sur ça avec tous les services compétents de l’État et les populations. C’est le lieu de féliciter les populations et les maires des communes concernées pour leur collaboration à une solution radicale. Nous sommes donc en train de lancer la sélection de fournisseurs pour la réalisation de ce projet. Le 22 juillet 2020, le président de la République avait instruit le gouvernement pour que les installations de la Sar fassent l’objet d’une attention encore plus soutenue en matière de sécurité et de sûreté. Depuis lors, beaucoup de choses ont été faites en ce sens par les ministères concernés et les autres services de l’Etat. Le sea-line, nous comptons le démarrer en 2021. Donc, les populations peuvent être rassurées. Nous savons que leur préoccupation est d’ordre citoyen. En effet nous avons sur la ligne du pipeline des mosquées, des maisons, des marchés, des commerces entre autres. Donc, nous sommes très conscients des dangers qu’encourent les riverains…
Le Sénégal va, dans deux ans peut-être, commencer à exploiter son pétrole et son gaz. Est-ce que vous aurez votre part du pétrole et du gaz qui seront extraits ? Estce que vous avez aussi des installations adaptées pour les raffiner?
On na déjà discuté dans le cadre du contrat d’achat d’énergie qui est prévu par le Code pétrolier qui a octroyé la licence à Petrosen. Cet accord est déjà signé et, donc, les besoins de la SAR seront prélevés avant d’exporter quoi que ce soit. C’est cette indépendance énergétique et cette souveraineté qui sont visées par ce projet. Nous avons déjà les échantillons de ce pétrole qui ont été testés dans nos laboratoires et les nouvelles unités qui sont en train d’être installées vont être calibrées sur ça. Le projet que nous sommes en train de faire porte sur l’augmentation de capacité et l’adaptation à ce brut et donc on va pouvoir le faire.
Le conflit entre Khadim Ba et son père a été transposé à la Sar. Quels sont les impacts sur votre société de ce conflit qui oppose le père et le fils?
La première chose que je peux dire est que, d’abord, moi je suis directeur général. Je gère une société par la confiance du conseil d’administration. Ma mission, c’est de gérer la société et de conduire ses missions dans le cadre des prérogatives qui me sont données et jusque-là d’abord par la confiance du chef de l’État. Car il faut rappeler qu’à la Sar, l’Etat est l’actionnaire majoritaire. Il nomme aux fonctions et propose au conseil d’administration, qui, aussi souverainement, a décidé de me nommer. Par rapport à Locafrique, c’est un problème entre un père et son fils. Donc, un problème familial. Et quand c’est des problèmes de famille ma posture m’interdit d’avoir une opinion publique là-dessus. J’ai des relations humaines reconnues avec les deux acteurs. Tout ce que je dois alors dire ou faire, je le fais à titre personnel et dans le cadre de ces rapports personnels. Cela dit, c’est vrai que Locafrique est un actionnaire important de la Sar et il faut s’en féliciter.
La Sar aujourd’hui est contrôlée à 85 % par l’Etat et le secteur privé national. C’est une révolution. C’est une grande avancée du président de la République Macky Sall qui l’a voulu ainsi et qui a donc décidé que les actions que détenait le Groupe Ben Laden à hauteur de 34 % soit cédées à Locafrique. C’est une réponse éloquente à tous ceux qui parlent de préférence nationale que les secteurs stratégiques soient contrôlés par des nationaux. C’était du contenu local avant que la loi régissant cette notion ne soit même promulguée et on se réjouit de cet état de fait. Si on va même plus loin, on peut même parler de 93 % du capital si on y met SARAC, une société nigériane reconnue et donc contrôlée aussi par des Africains de la Cedeao. Tout cela c’est aussi pour faire un clin d’œil à cette grande ambition du président Senghor qu’il avait appelée Société Africaine de Raffinage. C’est une bonne démarche. Cela dit, un actionnaire important, quand il a des problèmes en interne, ça peut avoir un impact sur le conseil d’administration. Sur le fonctionnement régulier de la SAR, il n’y a aucun impact direct même si, sur l’environnement de la SAR, il y a effectivement des traitements médiatiques qui ont été faits et beaucoup de personnes sont intervenues sur le problème sans pour autant le maitriser.
Le Sénégal a été classé tout dernièrement parmi les pays qui ont le taux de chômage le plus élevé au monde. N’est-ce pas un échec de votre gouvernement qui avait promis plus un million d’emplois aux jeunes ?
La première lecture, c’est que ce n’est pas un rapport. C’est des Fake-news, ce sont des gens qui sont au Sénégal ou d’ailleurs qui ont l’habitude de dire ça. Il n’y a aucune source crédible pour croire que ce rapport a été émis par un organisme reconnu comme tel. Ce qui existe, qui est reconnu et qui émane de l’OIT et du BIT c’est que le Sénégal a un taux de chômage qui tourne autour de 16 et ça je pense que tout le monde le sait. Cela est déjà beaucoup, mais il faut savoir comment ce taux a atteint ce niveau parce qu’on sait que nous avons un système scolaire qui est en déphasage avec les besoins d’emplois sur le marché. Si vous avez 100 mille jeunes qui arrivent, il y a les correctifs qui sont en train d’être faits notamment en mettant l’accent sur la formation professionnelle, je n’ai pas besoin de développer tout le programme des lycées techniques, des écoles, des instituts supérieurs et IEP qui sont un peu partout et qui ont commencé à germer. Je n’ai pas besoin non plus d’insister sur toutes les réformes qui sont en train de se faire au niveau de l’enseignement pour faire de sorte que nos enfants ailent plus vers les filières scientifiques ou l’apprentissage des métiers. Et puis il y a le Bureau de mise à niveau (Bmn) et beaucoup d’autres instruments que l’Etat est en train de mettre en œuvre de manière progressive. Je pense qu’aujourd’hui, la méthode de calcul et d’appréciation voire de définition des taux de chômage dans nos pays, si elle n’est pas faite par des organismes qui connaissent nos contextes et le très sérieux rapport de l’ANSD qui sort des bulletins périodiques en illustration, a des chances de ne pas cerner la réalité car nous avons une économie informelle. Ce qui fait que quand vous lavez des voitures, quand vous êtes cordonniers, vous êtes un tailleur avec un atelier ou quand vous êtes coiffeuse avec 4 ou 5 personnes vous avez des gens qui ont un travail. C’est pareil comme quand vous avez un hôtel ou un restaurant, même s’il y en a beaucoup qui sont informels etc. Si on regarde la définition étymologique du chômeur, le Sénégal ne peut pas être à ce niveau. Et personne n’a pu expliquer qu’il y a quelques années on était à 16 ou 17% et que subitement le taux baisse. Ce alors que nous avons un taux de croissance soutenu de 6 %, alors que nous avons de nouvelles unités industrielles, aujourd’hui il y a de nouveaux hôtels partout où des jeunes travaillent… C’est « fake-news », je pense que c’est de bonne guerre. C’est ceux qui sont effectivement dans une mauvaise posture qui racontent ce genre d’histoire. Ce sont des chiffres complètement farfelus et je pense que personne ne croit à ça.
Pour relancer l’économie de notre pays, qui a été fragilisée par la Covid-19 au même titre que celles du monde entier, le président de la République a lancé le PAP2. Quel rôle jouera la Sar pour aider le gouvernement à relancer notre économie ?
Il convient d’abord saluer cette vision du Président, déjà le PAP2 était un plan d’action prioritaire, phase II parce que la phase une du PSE, qui est un programme sur 20 ans devant être évalué tous les cinq ans, nous avons déjà un avantgoût parce que la croissance est là, nous l’avons dit, elle était régulièrement soutenue pendant cette période et tournait autour de 6%. Nous avons vu tous les résultats extraordinaires que nous avons faits dans la politique d’infrastructure, quelles soient routières, universitaires ou sanitaires… Nous avons vu les avancées dans le capital humain, les performances agricoles surtout les variétés et donc on attend encore cette année des chiffres record pour les récoltes. Si tout ce confirme, puisqu’il y a eu une bonne vision en amont de dotation de 60 milliards de francs pour les équipements agricoles et les semences et engrais et tout le reste… Donc ce PAPII a déjà été défini pour être le prolongement à travers un programme des grandes idées de la 5-3 (…)
La Covid-19 est un événement majeur inattendu qui a bouleversé l’ordre mondial, qui atout changé et il fallait évidemment être dynamique et réactif et l’adapter à ce contexte. Je pense que c’est ce que le président a décidé de faire et vous voyez qu’il a posé par rapport à ces problématiques tel que c’était prévu, l’accent a été mis sur des secteurs pointus et la Sar est évidemment un de ces secteurs. Le programme extension et de modernisation, qui va traiter les problèmes pétroliers du Sénégal, donne une grande réponse. Nous n’allons plus dire que nous allons attendre les bateaux de pétrole qui viennent d’ailleurs, nous allons, à partir SAR, nous approvisionner localement et c’est une grande réponse. C’est pareil pour le secteur de l’énergie en général, la politique de contenu local, ce que vous avez vu la dernière fois avec cette centrale de Castou Paok qui va arriver. L’approvisionnement du Sénégal, notamment de la Senelec, est aujourd’hui déjà faite déjà par la SAR à travers des camions de fuel, régulièrement tous les mois. Dans quelques temps, on n’aura plus besoin de SAR, la Senelec va s’approvisionner localement à partir du gaz et si vous faites ça vous le rajoutez aux 30 % attendus des énergies renouvelables en fin décembre, ce qui est un record presque mondial. 30 % de la production d’énergie qui soit renouvelable, donc le Sénégal deviendra un pays autonome parce que le grand enseignement de la Covid-19 c’est qu’il y a des besoins primaires qui doivent être réglés sur place. Des besoins sans lesquels, évidemment, il n’est pas possible d’avoir la sécurité et la souveraineté.
L’accent sera aussi mis sur la santé car, avec cette pandémie, on a vu que beaucoup d’équipements qui paressaient banals on fait l’objet de guerre. Quand les Etats unis et d’autres grands pays se battent dans les aéroports pour avoir des masques, c’est une leçon pour tous. Les mêmes efforts vont être faits dans l’agriculture pour que l’autosuffisance soit assurée. Je pense que, sur certaines céréales, nous avons cette autosuffisance, dans l’horticulture, sur certaines filières comme la tomate cerise et d’autres nous l’avons déjà, il faut accentuer les efforts sur le riz et les autres denrées. Un autre secteur qui est porteur de croissance, porteur d’emplois et dans lequel les Sénégalais excellent, c’est la digitalisation, c’est le numérique de façon globale donc la SAR. A cette relance, pour me résumer, la Sar va évidemment contribuer à travers un approvisionnement régulier, sécurisé et à des conditions, je l’espère, qui seront plus économiquement abordables…
Allons à Pire pour parler de votre gestion de cette municipalité que vous dirigez depuis 2014. Quel est votre bilan après 6 ans de gestion ?
Le bilan, il est satisfaisant même s’il n’est pas encore à la hauteur de nos ambitions. Il faut aussi savoir que, moi, j’avais fait campagne sur la base d’un document de référence qui portait sur 31 projets qui balisaient les différents secteurs de la vie. J’ai fait un Pse local qui parlait d’environnement, qui parlait Pire vert, qui parlait d’éducation, qui parlait d’alphabétisation, qui parlait d’infrastructures, qui parlait de la santé, qui parlait de beaucoup de choses. Nous avons entrepris une palette pour accéder à l’eau potable et à l’électricité parce que nous sommes une commune de plus de 27000 habitants avec 60 villages. Nous avons donc fait des avancées sur l’accès à l’eau et l’électricité. Nous avons pratiquement connecté l’ensemble des 60 villages pour un accès à l’eau potable et nous travaillons sur des programmes d’extension. Nous aurons à la fin du processus en cours actuellement, une trentaine de villages connectés à l’électricité alors qu’il y en avait trois dans les villages environnants. Et avec l’accès universel, qui est une composante forte du programme du Président en 2025, l’ensemble des villages auront accédé à l’eau et à l’électricité, ça change radicalement beaucoup de choses. Nous avons un programme d’infrastructures avec le PUDC où nous avons un certain nombre de dossiers en cours. J’espère en tout cas rencontrer le directeur général du PUDC.
Dans sa mission et dans son programme, nous avons un certain nombre de pistes rurales qui sont attendues. Nous avons fait aussi beaucoup de choses dans l’éducation, nous avons renforcé le lycée en salles de classe même si ce n’est pas une compétence transférée, nous avons un lycée d’excellence qui manquait cruellement d’infrastructures, nous l’avons renforcé en 4 classes et des tables bancs. Nous avons crée un CEM même si ce n’est pas notre compétence par notre volonté personnelle. Nous avons fait ouvrir un CEM qui se consolide et nous travaillons beaucoup. Nous avons dans nos projets et nos programmes un nouveau lycée qui malheureusement n’est pas encore réalisé mais nous avons des assurances dans le programme global de l’Etat à travers le PSE. Nous avons réhabilité la Case des tout-petits, qui était dans un état de délabrement avancé et nous avons réfectionné un certain nombre d’écoles dont celle où moi-même j’ai eu honneur de faire mes classes et qui a été construite en 1912. Un établissement qui a formé des élites, des agrégés, des médecins, des ingénieurs et autres cadres. Nous avons clôturé un certains nombre d’écoles, nous avons construit des écoles, des classes, nous avons entamé la résorption progressive des abris provisoires. Nous avons aujourd’hui nous avons 19 écoles dans toute la commune et évidemment nous avons renforcer les dotations afin que ces écoles puissent, dès la semaine prochaine, de distribuer les fournitures pour le début de l’année scolaire.
Pour la santé aussi, nous avons une dotation conséquente, qui est versée régulièrement versée et nous avons soutenu et nous soutenons nos étudiants qui sont dans les principales universités notamment à Dakar, à Thiès, Bambey, à Ziguinchor et à Saint Louis. Nous étions à deux postes de santé et nous en avons quatre actuellement… Nous avons l’un des rares centres de dépistage du cancer du col de l’utérus qui est un centre hyper moderne. A l’époque, quand on le construisait, c’était le deuxième du Sénégal et nous l’avons mis dans le patrimoine de l’Etat. Le Dr Kassé nous a fait l’honneur de venir le visiter et l’inaugurer. Nous avons essayé, et c’est important d’informatiser l’état civil. Nous avons initié un programme de crédit vert, j’ai en tant que maire décidé de prendre en charge l’ensemble des frais et initié le financement de 50 millions destiné exclusivement aux mouvements de femmes où chaque mouvement de femmes a reçu de 100.000 à 500 milles frs et donc nous prenons en charge l’ensemble des frais. Les femmes ont payé à 100 %. Ce n’est pas une surprise. Nous avons reconduit le financement pour porter le montant de 50 à 100 millions. Nous sommes entrain de recouvrer les créances. L’idée, c’est que, quand nous aurons fini, nous aurons créé cet esprit d’entreprenariat pour les femmes. Puisque nous l’avons fait avec une institution de micro-crédit. Nous avons incité les membres à ouvrir des comptes, à contracter un prêt pour conduire un projet, payer à la fin afin de bénéficier d’un autre financement. Nous sommes entrain d’évaluer les 100 millions. Après, nous allons essayer de les porter à 150 millions en prenant personnellement en charge tous les frais relatifs à l’octroi de ces crédits. Cela permet à certains d’ouvrir des salons de coiffure, d’autres des ateliers de couture ou autres.
Macky Sall a abordé, lors de la première édition des Journées de la décentralisation, la lancinante question du foncier. D’ailleurs, il a affaibli les maires en leur ôtant le pouvoir d’octroyer directement des terres. Du moins, concernant les très grandes superficies. N’est-ce pas une humiliation faite aux élus locaux ?
Nous ne sommes pas affaiblis mais nous avons besoin de prendre conscience que la question foncière est sensible. Elle est la première source probable de conflit dans un pays. Nous avons la chance d’hériter d’un Etat nation. Nous n’avons pas de problèmes ethniques et religieux heureusement. Il reste néanmoins l’eau et le foncier. Pour l’eau, le Pudc a fait un excellent travail. Le Caemes va venir régler beaucoup de problèmes et en 2025 l’accès universel sera garanti. La question foncière, quant à elle, est circulaire et touche les familles. L’avenir doit donc être pris avec beaucoup de précaution. Si j’avais un reproche à me faire en tant que maire, c’est que, depuis que je suis élu, je n’ai pas distribué de parcelles. C’est une question que je prends très au sérieux. Beaucoup de mes adversaires me le reprochent, et même certains de mes partisans. Nous avons certes un programme de dotation de parcelles mais il se fera de façon organisée. C’est vrai que le domaine national et la loi qui régie le foncier se tournent dans le rural. Mais, nous devons aussi concilier beaucoup de choses. Par exemple comment, par rapport aux défis que nous avons, garantir notre développement en milieu social tout simplement par l’agriculture pour créer de l’emploi et de la valeur. L’agriculture aujourd’hui, c’est produire assez pour nous nourrir, transformer localement pour nos besoins, assurer notre indépendance, créer de la valeur et des emplois. Il faut aller dans le sens de cette équité territoriale qui veut que l’Etat fasse des infrastructures sociales un peu partout afin que l’on puisse naître dans un coin, y grandir, y travailler et y rester. Cela ne peut pas se faire sans investissement massif dans l’agrobusiness. Il y a en même temps le renforcement des droits des populations, ceux des collectivités territoriales qui ont un rôle important dans l’attribution de ces terres. Seule une concertation et un partage des responsabilités de façon équilibrée et efficiente pourraient nous permettre d’y arriver (…)
L’intervention des gouverneurs à partir de 50 hectares permet à mon avis de partager les responsabilités, d’amener plus de vigilance et moins de contrôle sur la chaine pour éviter qu’on se retrouve avec des problèmes à la fin. Aujourd’hui, avec 10 hectares, si c’est un bon projet bien étudié, validé par le sous-préfet même si ça passe cela peut créer des tensions. Au niveau du préfet 30 hectares, cela aura les mêmes limites parce que le sous-préfet et le conseil municipal l’auront vu et approuvé, c’est un autre niveau de responsabilité. Cette façon de faire, c’est impliquer davantage tout le monde. Il faut simplement que ça soit un mécanisme qui fonctionne et qui ne soit pas bloquant. Je pense que nous avons une situation très compliquée mais aussi bien son Excellence a raison de réagir et d’alerter. Le président de l’Ams a lui aussi eu raison de dire que c’est des responsabilités partagées. L’administration centrale, les domaines, le ministère en charge de ces questions sont tous aussi responsables. Parce que les baux, les autorisations de construire sont des prérogatives des collectivités territoriales mais ce n’est pas toujours ces dernières qui les donnent. Donc cet appel du Chef de l’Etat, cette mis en garde plutôt est plus une invite à plus de responsabilité, à plus d’attention, à plus de concertation sur la question entre l’Etat central et les collectivités territoriales pour que, ensemble, nous puissions être beaucoup plus vigilants et rigoureux.
Terminons avec la polémique sur le 3ème mandat. Si certains souteneurs du président Macky Sall pensent qu’il peut briguer un autre mandat, ses adversaires soutiennent le contraire. Quelle est votre position sur ce sujet ? Pensez-vous que le Président Macky Sall a droit un 3ème mandat ?
Aussi bien les souteneurs du président que ses contempteurs ont tous tort. On ne peut pas avoir des élections l’année dernière, dans une démocratie consacrée comme celle du Sénégal, et un an après les élections parler d’élection présidentielle. Ils ont tous tort de zapper les élections locales pour parler de réélection du président de la République. Si on veut parler d’élection, les locales sont là. On n’a qu’à en parler puisqu’il s’agit d’élections de proximité. Au delà, il y a les législatives de 2022. Même en Guinée et la Côte d’Ivoire, puisque c’est l’actualité, vous n’avez jamais entendu parler de présidentielle avant l’année précédant ce scrutin c’est-à-dire c’est-à-dire l’année dernière. Dans notre pays, en 2023, quand les candidats se manifesteront, on verra qui est candidat et qui ne l’est pas. Je ne vois pas pourquoi on ne pose à aucun potentiel candidat de l’opposition la question de savoir s’il sera candidat ou non et on veut que nous, la majorité, qui sommes élus brillamment, nous attarder sur ça. Alors que nous devons nous concentrer sur les choses utiles actuellement. Nous avons actuellement la covid-19 et ses exigences. Nous devons alors voir comment pousser notre pays vers l’émergence. Le Président de la République a lancé le PAP2. Nous devons tous le soutenir en ce sens. En tout cas, nous, au niveau de la Sar, sommes sur ça. À Pire aussi où je suis le Maire, nous travaillons à atteindre les objectifs qui sont là et relever les défis avec son Excellence le Président Macky Sall. J’en profite pour appeler la majorité présidentielle à s’inscrire dans PAP2, à s’inscrire dans la plan de relance économique, à s’inscrire dans la résolution des problèmes des sénégalais. Pour le moment, je pense que ce débat sur le 3ème mandat est inutile. Et quand c’est inutile, moi, je ne participe pas…
par Nioxor Tine
L'ÉQUATION DU TROISIÈME MANDAT
C’est l’électoralisme, qui est à l’origine des violents soubresauts qui agitent la sous-région ouest-africaine, quand des autocrates gâteux, mais aussi des jeunes loups aux dents longues font montre d’un insatiable appétit de pouvoir
L’explosion d’une pirogue sénégalaise remplie de jeunes gens cherchant désespérément à rallier l’Europe renseigne beaucoup plus sur l’état de la démocratie africaine que les mascarades électorales, coups d’état constitutionnels et autres putschs militaires, qui tendent à devenir notre lot quotidien.
Ce fait symbolise l’échec de cette classe politique peu soucieuse d’améliorer le sort de son peuple, mais prise d’une sorte de frénésie électoraliste, ne vivant que par et pour des positions de pouvoir.
C’est l’électoralisme, qui est à l’origine des violents soubresauts qui agitent la sous-région ouest-africaine, quand des autocrates gâteux, mais aussi des jeunes loups aux dents longues font montre d’un insatiable appétit de pouvoir. Ils réclament des mandats additionnels et indus, qui viennent souvent couronner une gestion catastrophique.
Et pourtant, ce phénomène du troisième mandat auquel les forces démocratiques – particulièrement la jeunesse – sont si allergiques ne fait que traduire l’inexistence d’un État de droit dans un contexte d’un présidentialisme hypertrophié écrasant les autres institutions, que sont les pouvoirs judiciaire et législatif.
La vie démocratique est réduite à un cirque électoral, ne permettant pas aux masses populaires de défendre leurs droits économiques et sociaux.
Tous les contre-pouvoirs sont neutralisés par l’intimidation et/ou la corruption. Les droits et libertés sont bafoués avec interdiction de manifester, limitation du droit d’expression et institution d’un délit de mal-pensance ...
Même le fair-play démocratique semble avoir fait long feu, du fait qu’on n’hésite plus à licencier ses adversaires, à les faire radier des listes électorales, quand on ne les fait pas emprisonner.
Le processus électoral est truqué sous la supervision d’une CENI aux ordres.
Des franges importantes de la classe politique semblent s’accorder sur les règles du jeu politique, à savoir la corruption électorale et pire, l’instrumentalisation de l’appartenance ethnique ou tribale à des fins politiques partisanes.
Cette "ethno-stratégie" conduit par exemple certains jeunes guinéens à réclamer des armes pour installer leur mentor au pouvoir, ou alimente, au Mali ou au Burkina, les mouvements djihadistes, quand elle ne provoque pas des massacres interethniques, entre communautés cohabitant depuis des siècles.
Cela nous amène à conclure que le processus de démocratisation dans la sous-région ouest-africaine bat de l’aile.
Depuis le vote de la "loi des trois courants" au Sénégal, dès le milieu des années 70, qui allait déboucher sur le multipartisme intégral et le pluralisme médiatique, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Il y a eu la romantique parenthèse de la révolution burkinabé, qui ne survivra pas aux faucons de la Françafrique.
C’étaient là autant de signes d’une volonté des peuples ouest-africains d’en finir avec la dictature des partis uniques et de rompre les amarres avec l’ordre néocolonial, qui avait survécu aux indépendances formelles des années 60.
Hélas, les conférences nationales tenues sur injonction du président Mitterrand dans son discours de la Baule, au début des années 90, se fixaient surtout des objectifs cosmétiques. Il s’agissait, tout en préservant la domination impérialiste, d’en finir avec l’aspect hideux de républiques bananières caractérisées par un ordre totalitaire et/ou une instabilité chronique due à la multiplicité des putschs militaires.
L’objectif visé était que le pouvoir continue d’être concentré entre les mains de clans pro-impérialistes, disséminés dans diverses chapelles, qui réduiraient la vie politique à de sempiternelles rivalités électorales. Mais au-delà des alternances trompeuses, il est temps de viser de véritables alternatives sociopolitiques.
Il faut donc aller beaucoup plus loin que la simple inscription de la limitation du nombre de mandats à deux au niveau du protocole additionnel de la CEDEAO.
Pour rompre avec cette quadrature du cercle, la jeunesse africaine doit s’investir pour une stratégie soucieuse des intérêts des masses populaires reposant sur la restauration de la souveraineté nationale, un véritable État de droit basé sur une refondation institutionnelle, c’est à dire la séparation et l’équilibre des pouvoirs.
LAT DIOR ATTEND LES HONNEURS DE LA NATION
Dans l’exotique quartier de Dekheulé Peulh, rien ne permet pas de percer le mystère du mausolée de ce personnage historique. L’oubli et l’usure ont eu raison du héros qu’il incarne. Ses héritiers réclament une célébration nationale du 27 octobre
En 2017, Le Quotidien s’était rendu sur les lieux ou Lat Dior Ngoné Latyr Diop, Damel du Cayor avait poussé son dernier soupir. A la place d’un majestueux sanctuaire, c’est dans un champ que repose ce résistant tombé sous les balles des colons. Mal entretenu et dévalorisé, le mausolée de l’ancien Damel du Cayor se morfondait au bout d’une piste latéritique dans une contrée logée au fin fond du département de Kébémer, dans l’indifférence de la République. Trois ans plus tard, le Mausolée a fait peau neuve et a été inauguré en grande pompe. Mais les revendications de ses héritiers restent toujours les mêmes : une célébration nationale du 27 Octobre.
L’oubli et l’usure ont eu raison du héros qu’il incarne. Dans l’exotique quartier de Dekheulé Peulh, une vue lointaine ne permet pas de percer le mystère du mausolée de Lat Dior. La savane ligneuse à même fini de cacher l’ancien ennemi du colon, encercle la tombe de l’ancien Damel du Cayor. Un site oublié, piétiné et véritable symbole du déshonneur que la Nation a réservé à son héros national. Le site souffre d’un manque d’entretien qui heurte la conscience des historiens et férus d’un sort glorieux aux figures historiques. Au-delà des cours d’eau sauvages, une couche poussiéreuse enveloppe l’atmosphère. Les plantes qui poussent aidant, c’est un décor qui est chahuté. Comme en témoigne le vestibule en fer qui ploie sous les assauts quotidiens de la rouille. Rats, moustiques et insectes s’y prélassent. L’insalubrité est omniprésente. Chevaux et ânes s’y pavanent. C’est le fief de Lat Dior Ngoné Latyr Diop qui, comme les fruits de l’infortune, voit sa mémoire se morfondre dans les antipodes de la postérité reluisante. Sans doute, l’ancien Damel du Cayor aurait mérité un hommage posthume auréolé de gloire et de respect. C’est loin d’être le cas. Dans ce mausolée, aucune enseigne ne montre que le héros national du Sénégal y repose. Quelques tas d’herbes sont amoncelés au moment où 5 arbres d’une somptueuse verdure entourent la tombe.
Mausolée à la merci de l’insalubrité
Impressionnant de loin en hauteur, le mausolée offre une sortie en forme de trapèze qui permet d’accéder à la tombe. Il est entouré d’un petit mur de clôture à la peinture rouge bordeaux et résiste difficilement à l’usure. Y accéder relève d’un exercice délicat. La peur de se faire piquer par les insectes rappelle la vétusté de l’édifice. Dans une stèle en marbre est gravé : «Ce monument a été inauguré le 27 octobre 1986 par son Excellence Monsieur Abdou Diouf, président de la République du Sénégal, Monsieur Makhily Gassama étant ministre de la Culture.» L’édifice souffre d’un manque d’entretien. Le temps impitoyable en longévité a percé les murs et fait voler en éclats les traces de peinture. «Sur ce champ de bataille est tombé le 27 octobre 1886 Lat Dior Ngoné Latyr Diop ; hommage rendu à tous les résistants sénégalais», lit-on en haut de la pointe du mausolée. Ici les pans des murs, s’ils ne portent pas les stigmates de la bataille avec le colon, accusent des fissures. Il est 14 heures. Le soleil darde ses rayons corrosifs sur Dekheulé Peulh. Les troupeaux, après de longues périodes d’errance, se déshydratent. La météo n’est pas loin des 40 degrés. Le mausolée de Lat Dior, haut perché de visu, est inaccessible. Il faut demander les clefs de la bâtisse fermée au public. «C’est le vieux Djiby Ba qui a les clefs de la tombe», nous indique un vieil éleveur accompagné de son troupeau. Dans la modeste demeure du conservateur du mausolée, les poules se promènent avec leurs poussins. Le vieux, lui, est occupé par les informations. La radio scotchée à l’oreille droite, Djiba Ba, nonagénaire, s’affranchit du poids de son âge pour aborder avec passion les questions liées à l’histoire de l’ancien Damel du Cayor. La téranga sénégalaise ne faiblit pas dans cette zone. Après la calebasse de lait servie à ses hôtes, Djiby Ba déroule dans un accent pulaar assez marqué. D’après lui, c’est Modou Coumba Diop, un témoin de l’enterrement de Lat Dior, qui lui a montré la tombe en question. Si ce témoin a rendu l’âme, le vieux, lui, la main sur le cœur, rapporte ses propos. «On a transporté Modou Coumba Laobé Diop jusqu’ici. Témoin de l’enterrement, il a dit que son père avait mis des tuiles autour de la tombe creusée sous l’arbre. Je lui ai fait visiter le secteur. Subitement, il a dit que c’est sous cet arbre que Lat Dior a été enterré par son père. Effectivement, en sondant le sol, je suis tombé sur des morceaux de tuiles. Je lui ai montré et il a confirmé. J’ai entouré la tombe de ‘’salannes’’ verts. Quand le nguiguisse est mort, j’ai planté un piquet en bois. Depuis lors, c’est le lieu que j’indique à tous les visiteurs qui cherchent là où l’ancien roi du Cayor a été enterré. Quand les autorités sont venues ici dans le cadre du centenaire de Lat Dior, je leur avais montré la tombe. C’est là où le mausolée a été érigé.».
Célébration nationale du 27 octobre réclamée par la famille de Lat Dior
Dekheulé Peulh est un quartier du village de Dekheulé où l’agriculture et l’élevage rythment l’activité des autochtones. Situé dans la commune de Darou Marnane, département de Kébémer (région de Louga), ce quartier espère désespérément profiter de la popularité de Lat Dior. Pourtant, les villages qui l’entourent accueillent des pèlerins, des Gamou et Magal. C’est le cas avec le mausolée de Mame Anta Saly, père de Serigne Touba, qui repose à Dekheulé Wolof, un quartier frontalier. D’ailleurs, Djiby Ba raconte que Me Abdoulaye Wade, alors opposant, avait visité en 1991 le mausolée en promettant de le réfectionner une fois au pouvoir. «Il est venu lorsqu’il était Président. C’était au début de mai, un passage express. L’objet de sa visite était d’aller voir Mame Mor Anta Saly», se souvient M. Ba. Lat Dior Ngoné Latyr Diop, né en 1842 à Keur Amadou Yala, est un résistant sénégalais qui a longtemps fait face au colon français. Conscient des enjeux pour le royaume du Cayor, il s’est farouchement opposé à la mise en place d’une liaison ferroviaire entre Dakar et Saint-Louis et à l’implantation de l’arachide. Après une série d’affrontements sanglants avec les troupes de Faidherbe et de Pinet-Laprade, Lat Dior et son armée se rendent à Dekheulé pour combattre les colons français et son ancien fidèle compagnon le Farba Kaba, chef des ceddos, Demba War Sall. Dans cette matinée du 27 octobre 1886, la Damel du Cayor, lors d’une bataille brève et sanglante, tombe à 11h avec deux de ses fils et 70 de ses compagnons, d’après les récits des colons. «C’est ici où Lat Dior est tombé», montre Abou Ba, fils de Djiba Ba. Une pierre qui comporte son histoire. En tourée de plantes, elle est mystérieusement épargnée par la verdure de la savane. A côté se trouve l’ancien puit de Lat Dior qu’il avait luimême creusé, nous dit-on. A sec avec le temps, ce réservoir d’eau conserve une étrange obscurité lorsqu’on dirige le regard en profondeur. C’est ici que Lat Dior s’abreuvait avec son cheval Malaw. Pour un des petits-fils de l’ancien Damel du Cayor, le sort réservé à son grand père n’est sans doute pas à la mesure de son combat. «Ce serait un honneur d’un faire une fête nationale, surtout dans les écoles. Depuis ma naissance, à part le centenaire de Lat Dior, je me pose à chaque fois la question de savoir pourquoi faire de Lat Dior un héros national et qu’on n’arrive pas à fêter sa mort», s’interroge Saër Diop, petit-fils de Lat Dior. Le rôle de la famille de Lat Dior dans tout cela ? Juste un mur de clôture érigé il y a quelques mois. «Au niveau de la famille, nous avons un peu failli, avoue M. Diop. Après la célébration du centenaire, il n’y a pas eu de suivi.»
Bijou touristique non exploité
Après avoir passé presque toute sa jeunesse à rendre propre le mausolée, le vieux Ba est à bout de souffle. Aujourd’hui, ce sont les jeunes du village qui ont pris le relais. Cependant, ces moments de désherbage sont sporadiques. Alors ministre de la Culture, Mbagnick Ndiaye avait envoyé une mission à Dekheulé pour s’enquérir de l’état du mausolée. Un appel d’offres a été lancé pour réfectionner le site. L’entre - prise en charge des travaux a effectué une visite de terrain il y a quelques mois. Depuis, le mausolée n’a pas changé de visage. «Je n’ai pas vu ce que Senghor a fait ici. C’est valable pour Abdoulaye Wade et Macky Sall. Abdou Diouf a organisé la fête du centenaire de la mort de Lat Dior. Wade est venu ici, mais n’a pas passé une minute pour ensuite rallier Darou Marnane et Mbacké Kadior. Pour Macky, on attend encore», dit Djiby Ba. En valorisant ce site, l’Etat pouvait également s’attendre à un bijou touristique dans la perspective de vendre la destination Sénégal. «Tous les gens qui passent ici nous disent que Lat Dior mérite plus que ça. Dekheulé restera toujours un lieu symbolique dans l’histoire du Sénégal. Je crois que l’Etat doit faire des efforts pour donner à Lat Dior la place qu’il mérite», invite Saër Diop. Une doléance pour un héros national qui dure depuis 134 ans.
MATAR BA MULTIPLIE LES AUDIENCES AVEC LES ACTEURS DE LA LUTTE
Le départ d’Alioune Sarr de la tête du Comité National de Gestion de la lutte sénégalaise (Cng) est acté. Il ne reste que certains détails pour qu’il cède le fauteuil à son successeur
Le ministre des Sports Matar Bâ va former dans les prochains jours un nouveau bureau du Comité National de gestion de la lutte sénégalaise (Cng). C’est dans ce cadre qu'il a reçu hier en audience Mohamed Ndao Tyson ainsi que d'autres personnalités de la discipline. Durant leur entretien, Matar Ba est revenu sur la situation de la lutte avant d’inviter les acteurs du milieu de l'arène à s'accorder avec le nouveau bureau qu’il compte mettre en place pour relever les défis.
Le départ d’Alioune Sarr de la tête du Comité National de Gestion de la lutte sénégalaise (Cng) est acté. Il ne reste que certains détails pour qu’il cède le fauteuil à son successeur. Face à cette situation, le ministre des Sports Matar Bâ multiplie les consultations pour former l’équipe qui va épauler le prochain président de cette instance de la lutte. Lors des audiences avec les différents acteurs de cette discipline, le maire de Fatick a réfléchi sur les différents profils pour réglementer le milieu de la lutte. Hier en présence du secrétaire général du ministère des Sports Paul Dione, du Directeur des Activités Physiques et Sportives (DapsS) Mamadou Fall et du directeur de cabinet du ministre des Sports Ibrahima Ndao, les acteurs ont discuté du développement du sport en général mais surtout des nouvelles orientations stratégiques de la lutte. Il y avait notamment Mouhamed Ndao Tyson, Doudou Diagne Diecko (président des amateurs de lutte), le chroniqueur El Hadji Ngagne Diagne et Aladji Papa Dieng.
Avec le nouveau bureau qui sera installé dans les prochains jours, le patron des Sports espère mettre fin aux agissements de ses détracteurs qui réclament sans cesse le départ d’Alioune Sarr. Face aux attentes de la nouvelle équipe du Comité National de Gestion de la lutte, Matar Bâ est revenu sur l’impératif pour la famille de la lutte de s’unir pour que cette discipline puisse aller de l’avant. Grâce à l’apport des uns et des autres, le patron du Sports espère que cette activité verra le bout du tunnel.
Dans l'attente de savoir la suite à donner à ce dossier, le Cng va finaliser les combats Siteu/Papa Sow, Bombardier/Balla Gaye II, Boy Niang/Tapha Tine. Avec ces différentes affiches, les amateurs s'acheminent sans doute vers l'une des saisons les plus prolifiques en termes de combats. Avec le nouveau bureau qui sera mis en place dans les prochains jours, l'arène semble avancer à grands pas. Par ailleurs, Matar Ba a profité de cette occasion pour présenter le trophée du meilleur manager sportif africain de l'année 2020 (Prix PADEV Kigali 2020).
IL FAUT TROUVER DES SOLUTIONS DURABLES POUR LA PRESQU’ILE DU CAP-VERT
L’éboulement survenu récemment sur la corniche est n’a pas laissé indifférentes les autorités étatiques.
Le ministère des Mines et de la géologie a organisé, hier, une table ronde avec les géologues pour échanger sur les risques d’affaissement de la Presqu’Ile, suite à l’éboulement survenu récemment dernier sur la corniche Est. Des risques qui, selon les experts, n’épargnent pas le Palais de la république. Ainsi la ministre Aissatou Sophie gladima compte plaider pour l’organisation d’un conseil présidentiel sur les risques d’affaissement de la Presqu’Ile.
L’éboulement survenu récemment sur la corniche Est n’a pas laissé indifférentes les autorités étatiques. D’autant que la Première institution n’est pas épargnée par des risques d’affaissement. Afin d’écarter ce danger, la ministre des Mines et de la Géologie Aissatou Sophie Gladima entend plaider auprès du président de la République pour l’organisation d’un Conseil présidentiel sur ces risques d’affaissement. «Je vais demander au président de la République de recevoir sa famille géologue pour trouver des solutions durables pour la presqu’île du Cap-Vert, mais également pour tout le Sénégal», a déclaré la ministre des Mines et de la Géologie, lors d’une table ronde organisée hier avec les géologues.
Poursuivant, elle estime en effet qu’il y a d’abord un travail préliminaire à faire dont la collecte des données, mais également le recoupement de l’utilisation de ces données avec des drones. «Nous avons de nouvelles technologies qui, comme la télédétection, nous permettent de gagner du temps pour faire la cartographie dont nous avons besoin», indique la ministre Gladima.
En outre, la ministre des Mines et de la Géologie recommande aux géologues de mettre en place une cartographie structurale, une cartographie géomorphologique, des études d’altérations, mais aussi et surtout d’évaluer les amplitudes des mares afin de voir ce qu’elles peuvent apporter comme solution complémentaire. Elle estime par ailleurs que la vocation de l’Agence des travaux et Gestion des Routes (Ageroute) n’est pas de faire des travaux de recherche. «Elle doit en amont contacter des chercheurs du département de la géologie et ensemble voir qu’elles sont les dimensionnements des ouvrages pour stabiliser les zones».
Abondant dans le même sens, Pr Pape Gombo Lo propose comme solution d’urgence la sécurisation des zones stables vulnérables avec des drainages. Ainsi, il recommande des cassettes en béton armé avec une plantation et aussi une stabilisation par croisement de chaînage de béton armé, renforcé par un tapis herbacé.
LA BANALISATION DE LA MORT EN AFRIQUE EST EXTRAORDINAIRE
AliouneTine appelle les uns et les autres à regarder comment inverser la tendance mortifère en ayant une pensée pour les personnes tuées dernièrement en Guinée
Au vu des coups d'Etat constitutionnels dans le continent, Africtivistes et Africans rising ont organisé hier un panel pour discuter des enjeux actuels de cette situation et définir des stratégies afin de préserver les acquis démocratiques des pays. Lors cette rencontre virtuelle, le fondateur d’Afrikajom Center, Alioune Tine, s’est ému de la facilité à tuer en Afrique.
«Exigence démocratique: Comment briser le cycle des mandats de trop en Afrique ?» Tel est le thème du panel virtuel organisé par la Ligue Africaine des Blogueurs et Web activistes pour la Démocratie (Africtivistes) et le Mouvement panafricain pour la Justice, la Paix et la Dignité (AfricansRising).
AliouneTine qui faisait partie des orateurs a appelé les uns et les autres à regarder comment inverser la tendance mortifère en ayant une pensée pour les personnes tuées dernièrement en Guinée. Selon le fondateur d’Afrikajom Center, la banalisation de la mort en Afrique est extraordinaire. «Il est inacceptable que les dirigeants africains se mettent à tuer pour prendre le pouvoir par la force comme si la vie des Africains ne signifiait rien », dénonce-t-il.
L’ancien Secrétaire général de la Raddho s’indigne pour dire que quand on tue une seule personne ailleurs ; cela fait scandale et mobilise. Or, se désole-t-il, depuis quelques temps, on tue une cinquantaine de personnes, des enfants y compris ; mais on a l’impression que ce ne sont pas des vies humaines. «Personne ne réagit», tonne-t-il. C’est pourquoi, il appelle toute la société civile ouest-africaine à se mobiliser. «Il nous faut mobiliser les intellectuels, les artistes et toutes les voix qui comptent en Afrique pour faire en sorte que nous puissions mettre la pression sur les chefs d’Etat africains, la Cedeao et le secteur privé d’autant que sans stabilité, ni sécurité il n’y a pas possibilité de business», explique Alioune Tine. Pour lui, il faudrait également convaincre la communauté africaine et internationale que ces coups de force sont pires que les coups d’Etat. En effet, dit-il, le coût humain est extrêmement lourd, le coût pour la stabilité du pays est aussi lourd. «Cela présente des risques énormes pour la stabilité des pays de la sous-région. Les Djihadistes sont des opportunistes qui regardent les failles et en profitent pour déstabiliser la région. Ce qui les intéresse ; ce n’est pas l’islam, mais les ressources. Et il faut prendre conscience de ça. Les enjeux sont de taille et avec les ressources découvertes en Afrique de l’ouest, les choses vont changer. On a été averti depuis longtemps», clame-t-il.
ALIOUNE TINE : «LE TEMPS DE L’ACTION A SONNE. IL FAUT SE DONNER LES MOYENS»
Le droit de l’hommiste considère que ce n’est pas un hasard qu’il y ait un problème en Guinée, un des pays les plus riches en Afrique de l’Ouest du point de vue des ressources et en Côte d’Ivoire aussi qui pèse lourd au plan des ressources. «Il est évident que si l’Afrique de l’ouest perd ces pays; elle aura des problèmes. Veillons à ce que nous puissions bâtir un argumentaire solide autour de la question du troisième mandat. Que nous puissions convaincre tous les segments de la société pour renverser les choses et voir comment coordonner nos actions», a-t-il-indiqué.
D’après Alioune Tine, les plateformes existent, mais les actions sont lentes. Ainsi, il appelle la société civile africaine à créer des plateformes pays par pays ou région par région, pour discuter, mettre en place une stratégie et aller chercher les moyens pour la réalisation des objectifs. A l’en croire, cela s’impose parce que les gens ont pratiquement tout discuté de la démocratie et connaissent pratiquement tout. «Le temps de l’action a sonné. Il faut se donner les moyens de l’action», indique Alioune Tine. Il appelle les organisations de la société civile à se regrouper et à préparer le prochain sommet de la CEDEAO. «Il faut préparer un document de plaidoyer et parler à la presse lors du sommet. L’autre élément, c’est faire une pétition qui va cibler les politiques, les acteurs du secteur privé etles intellectuels pour les réveiller », préconise-t-il.
EN DEUX JOURS, DEUX COORDONNATEURS DU FNDC ONT ETE ASSASSINES
Auparavant, le responsable des opérations du FNDC de la Guinée, Ibrahima Diallo a fait le point sur la situation dans son pays pour dire que toute la ville de Conakry et l’intérieur du pays sont assiégés par l’armée. «Nous avons tout fait pour raisonner Condé; mais il a tout fait pour passer en force. Même les enfants ne sont pas épargnés dans les tueries. Nous avons perdu en deux jours deux coordonnateurs du FNDC tous assassinés. Nous sommes tous menacés dans notre pays», se désole-t-il. Selon Ibrahima Diallo, le FNDC a essayé de donner une dimension sous régionale et africaine à la lutte contre le troisième mandat. «Au niveau de la CEDEAO, les choses se sont bloquées à cause de la candidature de Alassane Ouattara qui est venue mettre à plat tout l’espoir qui était porté sur la CEDEAO», souligne-t-il. C’est pourquoi, il appelle la société ouest-africaine à se retrouver pour parler de cette question et adapter une stratégie globale parce que le problème en Guinée risque d’affecter d’autres pays. «L’Afrique doit se mobiliser pour maintenir la pression sur Condé. La situation est très critique. Et les institutions n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre pour maintenir la pression sur le Président guinéen surtout dans le contexte actuel de la CEDEAO», affirme-t-il.