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5 juillet 2025
MATAM, VILLE HOSPITALIERE
Fondée vers 1512 par Farba Boubou Samba Gaye, la ville de Matam s’impose dans la carte du Sénégal par sa particularité ethnique, étant habitée en majorité par des Hal Pular
Fondée vers 1512 par Farba Boubou Samba Gaye, la ville de Matam s’impose dans la carte du Sénégal par sa particularité ethnique, étant habitée en majorité par des Hal Pular. C’est également une ville d’une grande pluralité ethnique et religieuse. En effet, outre les Hal Pular, d’autres groupes vivent dans cette ville en parfaite symbiose. Elle accueille également des Chrétiens venus d’autres horizons, même si Matam reste une ville dont tous ses natifs sont des musulmans.
Son éloignement et son positionnement géographique (Nord du pays) ne la rende pas inaccessible. Auparavant, pour se rendre à Matam, c’était un véritable casse-tête voire un saut d’obstacle vers l’inconnu. Il fallait emprunter un long trajet sur ce qui était une route cahoteuse qui menait vers Saint- Louis. Et après l’ancienne capitale du Sénégal, vivre un véritable calvaire avant d’atteindre la ville de Matam. Pour les plus chanceux, il fallait faire une journée et demie avant d’apercevoir la ville fondée par Farba Boubou Samba Gaye. Aujourd’hui, tout cela est devenu de vieux souvenirs. Avec ce que les Matamois appellent une raccourcie par la route de Linguère, il suffit de huit bonnes heures pour atteindre la ville des Halpulars. Huit heures de route qui se présentent comme une promenade avec un joli paysage qui accompagne tout le long du trajet, les voyageurs. Dans la carte touristique du pays, Matam pourrait bien vanter ses trésors du point de vue de sa position et surtout sa flore, ses jolis paysages qui pourraient décupler l’inspiration d’un poète, ses cours d’eau et lacs. L’harmonie dans la construction des maisons au bord de la route, ses minarets. La vision qu’offrent les bergers menant leurs troupeaux en quête de pâturage. Bref, sur la route qui mène à Matam, se dresse un joli tableau bucolique. Terre des hommes accrochés à leur culture ancestrale, Matam reste cependant une ville d’ouverture accueillant d’autres peuples.
Ville culturelle
Fondée en 1512, avant qu’elle porte son nom actuel, Matam fut le point de convergence de plusieurs habitants d’autres villes et d’autres villages qui venaient s’approvisionner en denrées alimentaires. La ville attirait également par son côté festif. Sur les bras du fleuve qui sépare le Sénégal de la Mauritanie, règne un véritable brassage. Deux pays frères dont les habitants se confondent entre les deux parties du fleuve. Mais avec la pandémie de la Covid-19 et la fermeture des frontières, les deux peuples se languissent pendant que l’économie est à l’agonie. La vie entre les deux rives ne vibre plus des clapotis de la traversée des pirogues. Tout est silencieux. Une jeunesse dans le désarroi. Conséquences de ces désagréments, les récalcitrants qui parviennent à déjouer la vigilance des policiers Mauritaniens se livrent à une véritable spéculation. Par exemple, la bouteille d’huile de 20 litres est vendue à 17 500F alors que le sac de sucre est cédé 27 500F et le kilo vendu à 650f.
L’hospitalité Foutanké
N’empêche, Matam vit et sa population reste accrochée à des valeurs ancestrales tout en étant ouverte à l’autre. La plupart des services administratifs étant dirigée par de non ressortissants de la ville, les enfants de ces derniers s’intègrent facilement et adoptent les réalités de la vie socio-culturelle de la région. Un phénomène bien visible dans les écoles. Enseignants et autres corps professionnels sont ainsi bien accueillis selon la tradition des Toucouleurs déclinée sous le vocable « Djitikées ». Des « étrangers dont certains parviennent à manier la langue du terroir. « Je ne me considère pas comme un étranger. Cela fait bientôt cinq ans que j’enseigne au Collègue d’enseignent moyen de Matam. Je me rappelle bien le premier jour où j’ai mis les pieds dans cette localité. A l’époque, je ne connaissais personne dans la ville.
La première chose qui m’a marqué, c’est l’hospitalité et l’accueil chaleureux que m’ont réservé les gens de la ville. Mes élèves avec qui j’entretiens une relation qui va au-delà des études, ont beaucoup d’estime pour les enseignants qui ne sont pas des ressortissants de la ville. Je me suis parfaitement intégré si bien qu’il arrive que des parents m’offrent le diner » a témoigné Idrissa Guèye, professeur de Français du Cem Matam 1 et originaire de Saint-Louis. Cette hospitalité déclinée sous le nom de « Tédougaal » est également visible au niveau des villages environnants où le chef se charge de loger et de nourrir les enseignants qui viennent d’être affectés dans la zone et qui ont des difficultés pour se loger. L’harmonieuse intégration est également visible lors des rendez-vous culturels comme la semaine de l’école de base. « Cela fait bientôt cinq ans que j’enseigne à Mbokki Diawé. Je me considère comme un habitant de ce village et j’entretiens de très bonnes relations avec la plupart des MBokki Diawois. Franchement, je n’ai connu aucun problème d’adaptation. Les gens m’ont très bien accueilli », explique Hamath Sané. Matam c’est également les 72 h de Ndouloumadji Founébé. Dans ce village d’immigrés, à 23 km de la commune, la vie culturelle se vit intensément avec des artistes qui font revivre la chaleur du « Pékaane » et des danses nocturnes organisées autour du feu.
Une Paroisse au cœur de la Région !
Ce qui pourrait surprendre dans une ville où tous les autochtones sont des musulmans, c’est l’existence d’une paroisse. Terre de naissance de plusieurs marabouts et chefs religieux, Matam accueille une communauté chrétienne. La Paroisse des Martyrs de L’Ouganda est située près de l’école élémentaire Matam 1 à Tantadji sur une grande superficie qui accueille même un cimetière pour nourrissons. Elle a été implantée au cœur du Fouta en 1968. Selon Abé Noel Coly, l’église vit dans une parfaite cohabitation avec les autochtones. Les principaux chrétiens de la ville étant des étrangers qui ont été affectés dans la ville et en majorité des membres de l’administration. Ce qui fait que les paroissiens, qui viennent un peu partout de la région, de Dioume, de Waoundé, de Ranérou etc…, sont très bien respectés. « Je suis arrivé en octobre 2015. Il y a deux ans, on a célébré les 50 ans de cette paroisse. Depuis l’érection de la ville de Matam en région, nous avons vu le nombre de fidèles augmenter.
Les paroissiens sont des gens qui sont là dans le cadre de leur travail. Il n’y a pas de natif de Matam. Comme vous le savez bien, Matam est une région à 100% musulmans. Nous entretenons une très bonne relation avec nos frères musulmans. Quand on organise des manifestations au niveau de la Paroisse, on invite tout monde. Les autorités administratives et religieuses. Et ils viennent répondre à notre invitation. Les messes dominicales se font à partir de 10h. Ceci pour permettre aux paroissiens qui habitent loin d’être à l’heure. Ceux qui sont hors de la ville viennent le samedi et passent le week-end avec nous pour pouvoir assister à la messe du dimanche. », a soutenu Abé Noel Coly qui reconnait tout de même que c’est une zone difficile à gérer du fait que les fidèles ne sont là que dans le cadre de leurs activités professionnelles. Terre hospitalière, culturelle et artistique, Matam a ainsi tous les atouts pour faire de la région un creuset touristique.
POURQUOI THIONE SECK A ÉTÉ JUGE ET CONDAMNÉ
Le leader du Raam-Daan n’a été trouvé détenteur que de deux faux billets de 200 euros (130.000 CFA), tout le reste c’était du papier de bureau
Cinq ans après les faits, « Le Témoin » quotidien est en mesure de vous révéler toute la vérité sur l’affaire Thione Seck. Ce, suite à la condamnation du leader du Raam-Daan devant le tribunal correctionnel de Dakar à trois ans de prison dont huit mois ferme pour détention de faux billets et tentative de mise en circulation de signes monétaires contrefaits. Contrairement aux sommes colossales avancées à l’époque — on avait parlé de 50 à 100 milliards de francs en faux billets ! —, Thione Seck ne détenait en réalité que deux faux billets de 200 euros (130.000 francs CFA). Tout le reste n’était que du toc c’est-à-dire du…papier de bureau. Connu pour sa rigueur, l’intraitable juge Ousmane Chimère Diouf ne pouvait faire autre que de le condamner sur la base des faits. Une condamnation qualifiée de « légère » par certains détracteurs qui réclamaient la « peine de mort » pour l’artiste-chanteur Thione Seck. Lequel a été plus victime qu’autre chose dans cette affaire fortement médiatisée qui lui a valu de passer huit longs mois en prison…
Courant Juin 2020, la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar dirigée par le président Ousmane Chimére Diouf requalifie les faits de cette rocambolesque affaire de faux monnayage en tentative de mise en circulation, détention de signes monétaires contrefaits et association de malfaiteurs. Ainsi, le leader du RaamDaan, Thione Ballago Seck, est condamné à 03 ans de prison dont 08 mois ferme d’emprisonnement qu’il avait déjà purgés en détention préventive. Son co-accusé, l’imprimeur-faussaire Ablaye Djitéye, écope, lui, de 05 ans de prison ferme assortis d’un mandat d’arrêt. N’eut été la tenue de ce procès et, surtout, les décisions du juge Ousmane Chimère Diouf motivées par des faits constants, la vérité n’aurait sans doute jamais éclaté dans cette affaire ! Pourtant, le collectif des avocats de Thione Seck dirigé par Me Ousmane Seye n’avait jamais voulu aller en procès devant la Cour d’appel de Dakar. D’où les multiples batailles de procédure que la défense avait engagées, notamment la demande de sursis à statuer c’est-à-dire l’annulation du procès verbal d’enquête préliminaire de la gendarmerie dans l’attente que de nouveaux éléments se produisent. Encore, encore, les avocats de Thione Seck s’étaient surtout focalisés sur l’article 5 du règlement de l’Uemoa sur lequel le juge en première instance Magatte Diop s’était fondé pour déclarer « nulle et de nullité absolue » l’ensemble de la procédure.
En conséquence de quoi, il relaxait Thione Seck et ses co-accusés. Le président Ousmane Chimère Diouf de la première chambre correctionnelle de la Cour d’Appel de Dakar, lui, avait juré qu’il pleuve ou qu’il « covide », Thione Seck serait jugé de manière juste et équitable. Cette décision de tenir coûte que coûte un tel procès intervenait après plusieurs renvois demandés par les avocats de défense qui soulevaient tellement d’exceptions que le procureur général avait fini par les qualifier de « dilatoire ». Et persisté et signé que les faits reprochés à Thione Seck et consorts n’ont jamais perdu leur caractère délictueux. Par conséquent, estimait le maître des poursuites, la présence ou non d’un avocat à l’enquête préliminaire ne pouvait nullement constituer une cause d’extinction de l’action publique. « En parcourant les procès-verbaux, les enquêteurs de la Section de Recherches de la gendarmerie ont mentionné l’absence d’un conseil qui devait assister les prévenus au moment de leur interpellation » avait tenu à rappeler le président Ousmane Chimére Diouf en pleine bataille de procédures engagée par la défense. En tout cas, compte tenu des nombreuses sorties médiatiques de Me Ousmane Sèye, l’on était tenté de croire que le très médiatique avocat ne voulait pas que son client soit jugé. En fait c’est comme s’il était convaincu que son client allait être condamné, ne serait ce que pour le délit de détention de faux billets se fût-il agi de deux fausses coupures de 100 euros chacune. Justement, lorsque cette affaire Thione Seck avait éclaté, des sommes colossales et des chiffres démesurés avaient été annoncées.
Par bonne foi, par euphorie, par sensation, par mégarde ou par manipulation ? Toujours est-il que pour les uns, la saisie s’élèverait à 50 milliards voire 80 milliards cfa de faux billets ; les autres parlaient même de 100 milliards cfa. Evidemment dans cette surenchère de milliards à vous couper le souffle, votre quotidien « Le Témoin » n’était pas en reste ! Nous battons notre coulpe et présentons nos excuses les plus plates à Thione pour nous être laissé entraîner dans cette surenchère voire ce lynchage médiatique.
Deux faux billets par la fenêtre !
Cinq ans après les faits, la vérité a fini par éclater ! Que s’était-il passé le jour des faits ? Lorsque les gendarmes ont fait irruption dans son domicile à Ouest-foire pour effectuer une perquisition surprise, Thione Seck s’est levé de son fauteuil pour aller s’asseoir sur un sac de voyage placé dans un coin du salon. Sommé avec insistance de se lever du sac, Thione Seck a fini par obtempérer. L’ouverture du sac a permis de découvrir 43 paquets emballés avec un papier transparent laissant entrevoir un billet de 100 euros.
Apparemment, le vrai billet de 100 euros placé au dessus de chaque paquet n’était qu’une couverture d’appât car tout le reste n’était que du toc voir du papier…de bureau. Des papiers blancs coupés aux mêmes dimensions que les vrais billets de banque. Donc jusque-là, aucun faux billet n’a été trouvé sur les lieux. Alors qu’ils poursuivaient leur perquisition, les gendarmes ont constaté que Thione Seck tentait de se débarrasser de deux billets qu’il avait dans sa poche en essayant de les jeter par la fenêtre. Vérification faite, ces deux billets étaient faux. Rien que pour ces deux coupures, Thione Seck était pris en flagrant délit de détention de faux billets par les gendarmes.
Les faits étaient constants ! Dans la même foulée, les gendarmes ont saisi des numéraires d’un montant de 27 millions cfa et 6 millions cfa en bonnes devises étrangères. Faisant d’une pierre deux coups, les gendarmes effectuent une descente chez Alaye Djitéye précisément dans son appartement loué au quartier Front de Terre à Dakar. Sur place, ils ont découvert un véritable laboratoire de contrefaçon de faux billets de banque. Outre la saisie de 8.400.000 cfa et 2.000 euros en devises authentiques, ils ont saisi un important lot de faux billets en euros et en dollars ainsi que des coupons de papier vert, des imprimantes, des scanners etc. Ils ont aussi mis la main sur des liquides servant à la fabrication et au lavage de faux billets. En effet, contrairement à ce qui s’était passé chez le père du chanteur Wally Seck, les gendarmes ont fait une bien meilleure pêche chez l’imprimeur-faussaire Ablaye Djité. Encore une fois, ils y ont saisi un montant de 150 millions cfa de faux billets et des papiers verts destinés à la contrefaçon. Et non chez Thione Seck comme il l’a toujours nié durant tout le long procès.
Une collusion coupable…
Et pour motiver la condamnation pour le délit d’association de malfaiteurs, le président Ousmane Chimére Diouf s’est fondé sur l’exploitation de leurs téléphones portables pour pouvoir constater que le numéro de Thione Seck est bel et bien enregistré dans le répertoire d’Ablaye Djitéye sous le code « xtbs ». Mieux aussi bien devant les enquêteurs que devant le juge d’instruction et le juge de fond, Thione et Djitéye ont reconnu qu’ils échangeaient téléphoniquement et se retrouvaient régulièrement. Malgré cette collusion physique, Thione Seck n’a jamais voulu entendre l’expression « association de malfaiteurs » en déclarant avoir rencontré fortuitement Ablaye Djitéye qui était en état d’ébriété à la station « Elton » Front de Terre et qui ne lui a jamais rien remis.
Quant à Abou Shérif Sakho, il était un simple mélomane et client de sa boite de nuit « Penc-Mi » à qui il avait l’habitude de prêter de l’argent qu’il ne remboursait d’ailleurs pas. Thione Seck a également soutenu que lorsque les gendarmes lui ont parlé de faux billets, il a aussitôt pensé au sac que lui avait remis un certain Joachim Cissé et sur lequel il est allé s’asseoir. Pour « noyer » l’encombrant sac, le leader du Raam-Daam a soutenu que Joachim Cissé lui avait proposé une série de concerts à savoir 105 prestations au total à travers l’Europe. Ce, monnayant un cachet de 120 millions euros soit 78 milliards CFA ! « Et l’argent contenu dans le sac, à savoir les 50 millions d’euros soit 32 millions CFA, n’était qu’une avance que je croyais constituée de vrais billets de banque.
Ainsi, je n’aurais jamais imaginé que le sac contenait de simples papiers de bureau. Des étrangers m’ont escroqué et arnaqué, malheureusement la Justice de mon pays a préféré m’enfoncer dans cette histoire. Donc je suis victime ! » n’a cessé de clamer Thione Ballago Seck, l’auteur de « Mathiou ». Pour montrer qu’il est triplement victime de cette bande, Thione a aussi déclaré que Joachim Cissé est revenu lui emprunter la somme de 85 millions de francs qu’il lui a remise la veille de son arrestation. « Donc si je parviens à prêter à quelqu’un une somme de 85 millions cfa sur la base d’aucune garantie, c’est parque j’étais victime de pratiques mystiques » avait soutenu le chanteur pour tenter de se tirer d’affaire.
Quelle tentative !
Il est vrai que dans cette affaire, les gendarmes ont fait un excellent travail d’investigations. Compte tenu de la façon dont ils ont mené l’opération et démantelé cette bande de faussaires, tout laisse croire qu’ils avaient un très bon réseau de renseignements sur les moindres faits et gestes entre Thione Seck et ses « clients » de Penc-Mi. Le seul hic, c’est qu’ils ont anticipé l’opération pour avoir donné l’assaut au moment où Ablaye Djitéye et ses ouvriers s’apprêtaient à laver l’importante quantité des billets verts.
Selon certains enquêteurs, sans doute jaloux du succès de leurs rivaux en bleu, si les gendarmes avaient patienté quelques heures ou jours, ils auraient pu saisir un « conteneur » de faux billets compte tenu de la masse incroyable de billets verts, papiers blancs et noirs découverts aussi bien chez Thione Seck que chez Djitéye. Faute d’avoir prix les faux monnayeurs sur le fait, seule le « tentative » de fabrication et de mise en circulation de faux billets pouvait leur être reprochée. Car il y avait eu incontestablement un commencement d’exécution finalement suspendu par la descente des gendarmes à Ouest-Foire. Comme quoi, des circonstances extérieures indépendantes de la volonté des auteurs ont pu gripper les machines ou imprimeries devant fabriquer l’importante quantité de faux billets. C’est pour cela que la Cour d’Appel a requalifié les faits en tentative de mise en circulation, détention de signes monétaires contrefaits et association de malfaiteurs. Donc Thione Seck a été condamné sur la base des faits. Ce, comme la plupart des Sénégalais lambda traduits tous les jours devant les juridictions nationales pour les délits ci-dessus.
Souvent, ils sont condamnés entre 01 mois et 06 mois de prison en général. Thione Seck et ses deux « petits » faux billets qu’il avait dans sa poche était justement dans ce cas. Tout le reste qui a été saisi chez lui, c’est du papier bureau qui n’avait aucune valeur monétaire. La « tentative », bien qu’elle soit un délit punissable, lui a fait bénéficier de circonstances atténuantes. D’où les 3 ans de prison dont 8 mois ferme d’emprisonnement déjà purgés en détention préventive. Malheureusement, la plupart des « clasheurs » qualifient de « légère » cette condamnation puisqu’ils auraient souhaité voir Thione Seck dans les couloirs de la mort pour…assassinat économique. Ce que les faits dans leur simplicité n’établissaient pas, hélas pour les nombreux ennemis du leader du « Raam Daan ».
LES «COUPS» DES INTERNAUTES A L’ENDROIT DES PRESIDENTS AFRICAINS CARTOUCHARDS !
« Le Témoin » a ramassé pour vous ces « coups des internautes » envoyés aux « présidents africains cartouchards »
Le coup d’Etat qui a renversé hier le régime de Ibrahima Boubacar Keïta a été une occasion pour beaucoup d’internautes qui ont envoyé des « coups » à bout portant sur les putsheurs, et des messages de prise de conscience eu peuple malien en particulier, et à l’Afrique en général pour leur faire comprendre qu’une prise du pouvoir par des militaires n’a jamais été une solution. Avant d’envoyer des « piques » d’avertissements aux « présidents africains cartouchards qui s’agrippent à leurs fauteuils mielleux » ! « Le Témoin » a ramassé pour vous ces « coups des internautes » envoyés aux « présidents africains cartouchards »
Putsh au Mali ! Dès que les internautes ont eu hier vers les coups de 15 heures la confirmation de ce qui se tramait dans la nuit du lundi au mardi par l’Armée malienne, ils ont subitement et d’un « Coup », transformé la toile en un pays désorganisé où ça parlait et tirait dans tous les sens avec une foule qui exulte, congratule, et lance des cris de joie. Même si quelques-uns ont se sont démarqués de cette vague des excités pour soit montrer leur peine soit se scandaliser de cette situation au Mali, s’ils n’ont affiché carrément leur désaccord à ce quatrième coup d’Etat dans un pays qui ne tient que sur un fil. En effet, d’aucuns s’en sont félicités là où d’autres ont applaudi ce coup d’Etat orchestré hier chez nos voisins du Mali, sans compter cette horde de gens qui s’en rigolaient carrément.
Fort heureusement une catégorie plus sensée a affiché ses inquiétudes quant à l’avenir de ce pays qui fait face aujourd’hui à une crise sanitaire, une crise sécuritaire, une crise institutionnelle et une crise économique. Ce, avec des slogan d’avertissement, d’interrogation, entre autres. Sur leurs posts qui pleuvaient à grosse goutte d’une seconde à une autre, on pouvait lire, ces slogans : « L’histoire ne se répète pas, elle ne bégaie pas. Elle suit son cours irréversible vers des lendemains incertains dont seul Allah sait » ! « Avertissement à tous les présidents africains voleurs et dictateurs » ! « la dictature ne doit plus marcher en Afrique » ! « Nos dirigeants africains doivent apprendre à limiter les mandats » ! « Nous voulons une Afrique libre dirigée par des africains patriotiques », « Pourquoi faut-il toujours qu’on en arrive là en Afrique ? » « Quelles solutions pour les présidents cartouchards ? » Comme Ibrahima Boubacar Keïta qui a régné sur le Mali, mais qui ne gouvernait pas le Mali, or un pays a besoin d’être gouverné ». « Un coup d’Etat n’est jamais une solution », « Je suis foncièrement contre les coups d’Etat ». Slogan qui ont animé la toile. Il y avait aussi des textes d’analyses, de leçons de morales, ou encore des mises en garde à l’image de ce message écrit de Mamadou Lamine Bâ. « Que chacun se le tient pour dit. En tant que Républicain et porteurs de ses valeurs et principes au cœur, on ne peut se féliciter de ce qui se passe au Mali. Mais on ne peut pas non plus minimiser la souffrance et les réclamations du peuple malien. La situation au Mali doit être analysée et prise en considération par tous les leaders qui pensent être propriétaires des pays qui dirigeants et font ce qu’ils veulent. (…) Alpha Condé et Alassane Dramane Ouattara sont avertis. L’autre, c’est ni… ni ! pas encore grave », a-t-il paraphé en ironisant sur sa page facebook.
Une gestion du pouvoir décriée
Mais pour Alioune Samba Bodian explique que le Mali, c’est d’abord une succession d’élections pendant lesquelles le suffrage des populations a été tronqué. Ensuite, une gestion du pouvoir désastreuse. Il s’y ajoute une insécurité galopante avec une montée en puissance de troupes djihadistes dans certaines zones du pays. Il reste convaincu que cette nouvelle révolution au Mal dirigée par Imam Dicko, fut un chaos debout contre un régime contesté. Par conséquent « les militaires en toute logique ont pris leur responsabilité », a-t-il jubilé. Une réjouissance qui n’enchante guerre Loandino Char qui pense que l’Armée n’est jamais la solution à un blocage politique. Et que « malheureusement, des dirigeants obtus, ivres de pouvoir et mus par des intérêts égoïstes obligent les gens à acclamer des soldats qui s’accaparent du pouvoir. C’est une honte pour toute la classe politique malienne ces intrusions récurrentes des Fama dans l’espace politique malien. Et ça ouvre un nouveau cycle d’incertitudes. Pourvu seulement que ça fasse réfléchir les potentats qui cherchent par tous les moyens à s’accrocher au pouvoir », s’est-il indigné. C’est également l’avis de Ngagne Sène. Un autre internaute semble suivre de très près la situation qui prévaut chez nos voisins maliens. « Je suis contre la prise du pouvoir par les armes mais je suis aussi contre la confiscation de la volonté populaire exprimée à travers les urnes pour s’éterniser au pouvoir. Le non-respect de l’expression des urnes et le piétinement de la constitution dont toujours appel à l’expression des armes », a-til dit. Jusque-là, les internautes ont été moins coléreux. Mais Mbaye Thiam lui s’est carrément défoulé sur les militaires maliens qui, à l’en croire ne sont champions que sur les coups d’Etat. Mais qu’ils ne montrent jamais leur bravoure sur… le terrain djihadistes. « Pour fomenter des coups d’Etat, les militaires Maliens sont doués.
Pour défendre l’intégrité du territoire malien contre les djihadistes, ils s’en remettent à l’armée française. Je n’ai aucune sympathie politique pour Ibk et son régime, mais ne saurais cautionner une dictature militaire contre une mal gouvernance civile. Surtout qu’en matière de régime militaire, le grand peuple malien a déjà payé son tribut à l’histoire », a t-il martelé pendant que Souleymane Khelwar Diouf se défoulait sur la Cedeao qui, de son avis, aurait mené le président malien à l’échafaud avec leurs communiqués insipides. Contrairement à ces derniers qui sont presque tous emportés par la colère, Baba Gael lui se souci de la suite que peuvent prendre ces évènements au Mali. « Je pense que ce ne sera pas pareil à la Guinée de Moussa Dadis ? », s’est-il interrogé au moment où Sada Diallo prédise déjà un imbroglio et une incertitude sur l’après Ibk. Pour lui, il faudra beaucoup de maturité et de lucidité au peuple malien pour sortir de cette impasse. C’est au moment où beaucoup « d’oisifs errants », -comme les surnomme notre cher président bien aimé-, ont dit « non à un troisième mandat dans toute la zone de la Cedeao » !
PUTSCH AU MALI, PEUT-IL Y AVOIR DES EFFETS COLLATERAUX LE SENEGAL ?
Le Témoin a posé ces questions aux universitaires Maurice Soudieck Dione et Moussa Diaw de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis
Une partie de l’Armée, acclamée par l’opposition au président IBK, tentait hier un coup d’État dans la capitale malienne. Jusque tard dans la soirée, la situation était confuse. Le président Ibrahima Boubacar Keita et son Premier ministre Boubou Sidibé étaient entre les mains des mutins. Ils ont été transférés au camp militaire de Kati, le plus grand du pays, situé à quelques kilomètres de Bamako. Pays voisin du Mali, le Sénégal peut-il subir les dégâts collatéraux d’une telle situation ? En clair, y a-t-il des risques que l’instabilité qui prévaut au Mali ait des répercussions dans notre pays ? Le Témoin a posé ces questions aux universitaires Maurice Soudieck Dione et Moussa Diaw de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Le Mali a connu hier un énième coup d’État. Une prise du pouvoir par les militaires qui constitue certainement la dernière expression de la descente aux enfers de cet ex-colonie française menacée par les groupes armés djihadistes et agitée par une crise économique et sociale sans précédent. Les événements d’hier sont partis du grand camp militaire de la villegarnison de Kati, proche de Bamako, lieu du précédent putsch de 2012, lorsqu’une mutinerie emmenée par le capitaine Amadou Sanogo avait contraint l’ancien président Amadou Toumani Touré à la fuite pour se réfugier ensuite au Sénégal. À l’époque, les soldats prétendaient se révolter contre l’incurie du gouvernement face à la progression de la rébellion touareg alliée à des groupes islamistes, et aux lourdes pertes subies par une armée aussi sous-équipée que mal payée.
Partis ce mardi de Kati où de nombreuses rafales de tirs ont été rapportées par des habitants et des militaires, les mutins se sont ensuite rendus au domicile de plusieurs figures du gouvernement du président élu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Les arrestations de plusieurs personnalités politiques et de gradés de l’armée ont été évoquées à Paris et à Bamako, mais l’incertitude régnait quant au sort du Premier ministre, Boubou Cissé, à qui une frange de l’armée reproche d’avoir ouvert des canaux de négociations avec des groupes armés « djihadistes ». En fin d’après-midi, on apprenait que le président de la République et le Premier ministre ont été faits prisonniers et conduits au camp de Kati.
Pr Moussa Diaw : « Les ingrédients sont là au Sénégal »
Face à cette situation confuse qui se passe aux frontières du pays de la Téranga, Le Témoin a voulu savoir les conséquences éventuelles de cette crise politico-sociale sur le Sénégal. Après avoir souligné que le Mali est un pays voisin, le professeur Maurice Soudieck Dione pense que cette crise peut bien avoir des conséquences sur le Sénégal. Parce que, rappelle l’enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le Sénégal et le Mali sont historiquement liés par la fédération du Mali.
Le professeur Moussa Diaw pense la même chose. Lui aussi enseignant chercheur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis, il estime que la situation qui prévaut à Bamako peut bien avoir des conséquences au Sénégal qui a une proximité géographique et politique avec le Mali. « Et au niveau de la sous-région si un conflit éclate dans un pays, il peut y avoir des conséquences dans les autres. Surtout s’ils partagent la même frontière. C’est le système géopolitique. Ce qui se passe au Mali peut affecter l’ensemble de la sous-région. Ce sont des Etats qui ne sont pas solides et connaissent des difficultés de bonne gouvernance qui se traduisent par une gestion patrimoniale des ressources, entre autres facteurs. C’est pourquoi, il faut surveiller et veiller à ce que les mêmes erreurs qui ont déclenché la crise malienne soient évitées au Sénégal » explique le Professeur Diaw. A l’en croire, pour éviter le même syndrome au Sénégal, le gouvernement doit d’abord écouter l’ensemble des acteurs. Car, explique-t-il, une gouvernance politique est une gouvernance faite avec les populations. « Les autres ont des propositions et en les écoutant, on peut trouver des solutions. Le problème dans nos pays, c’est qu’on gagne une élection et ferme les portes aux acteurs qui ne sont pas dans notre camp. Le dialogue doit être permanent entre tous les acteurs du pays. Sinon, on peut aller vers des situations radicales. La marginalisation créée des frustrations. L’opinion publique est très importante dans État de droit » conseille le Pr Moussa Diaw.
Pr MAURICE SOUDIECK DIONE : « Tout ce qui est reproché à IBK est reproché à Macky »
Pour sa part, le professeur Maurice Soudieck Dione pense que le Sénégal doit tout faire pour œuvrer au retour à la paix au Mali. « Problèmes de gestion de l’Etat, de bonne gouvernance, de clanisme entre autres. Tout ce qui est reproché au Président IBK et son régime est reproché pratiquement au président Macky Sall et à son pouvoir. Dans le fond, ce sont les mêmes questions, c’est-à-dire des problèmes de gestion, qui se posent dans les deux pays », dixit le professeur Soudieck Dione. Toutefois, relativise-t-il, ce n’est pas parce qu’il (le Mali) est en crise que nous le serons car « nous n’avons pas les mêmes réalités, les mêmes difficultés ». Le professeur Moussa Diaw pense, lui aussi, que tous les ingrédients sont là pour vivre le même syndrome que le Mali. « Si jamais il y a un soulèvement populaire, on ne saura pas où cela va mener », prévient M. Diaw. Selon lui, le renforcement de l’opposition est une exigence pour l’équilibre de la démocratie. En effet, soutient-il, le problème de l’Afrique, c’est aussi les élections. Les gouvernants font tout pour se maintenir au pouvoir. « Il faudra qu’on respecte les règles du jeu. Il faut qu’on mette fin à ce débat sur le troisième mandat. Seul deux mandats suffisent pour poser, matérialiser ses projets de développement. Vous voyez ce qui se passe actuellement en Mauritanie ? Si le président Aziz avait géré avec beaucoup de transparence les ressources, il ne serait pas inquiété actuellement. Et beaucoup de chefs d’Etat africains sont apeurés par ce genre de situation. Qui ne veut pas être inquiété à son départ du pouvoir doit gérer de manière sobre et vertueuse le pouvoir » conseille sagement en conclusion le professeur Moussa Diaw.
CEUX QUI FONT LA RÉVOLUTION À MOITIÉ CREUSENT LEUR PROPRE TOMBE
Le Docteur en sociologie et Directeur exécutif de l'Institut des futurs africains (IfA), Think Thank, fondé à Pretoria en Afrique du Sud, décrypte la situation qui prévaut actuellement au Mali
Le Docteur en sociologie et Directeur exécutif de l'Institut des futurs africains (IfA), Think Thank, fondé à Pretoria en Afrique du Sud, a accepté de décrypter pour «L’AS» la situation qui prévaut actuellement au Mali. Alioune Sall dit «Paloma» estime que ceux qui font la révolution à moitié creusent leur propre tombeau et qu’aucun pays ouest africain n’est aujourd’hui à l’abri de mouvement.
«L’AS» : Est-ce que ce qui s’est passé aujourd’hui au Mali était prévisible ?
Alioune Sall «PALOMA» : Je crois que les interprétations vont être encore être divergentes. Si on entend par ce qui s’est passé, une irruption de l’armée dans la scène politique, c’est de peu quelque chose de nouveau. Il faut se rappeler en effet que l’armée malienne est déjà intervenue pour mettre fin à un régime civil. En 1968, l’armée est intervenu pour mettre fin au régime de Modibo Keita. Ensuite en mars 1991, c’était le général Moussa Traoré tombeur du régime qui était lui-même victime d’un putsch organisé par Amadou Toumani Touré. Ensuite en 2012, ATT lui-même sera victime d’un putsch dirigé par Amadou Aya Sanogo. Donc, c’est l’intervention de l’armée malienne qui récidive sur la scène politique. Si ça se confirme, ce sera pour la quatrième fois. Donc, ce n’est pas tout à fait nouveau. D’autre part, il faut bien comprendre que la crise sociopolitique qui secoue le Mali depuis plusieurs mois maintenant ne pouvait laisser indifférent les acteurs. Or, l’armée est un acteur important. Et si quelques-uns des protagonistes majeurs de cette crise sociopolitique qui dure depuis plusieurs mois étaient relativement réticents à l’idée d’une intervention de l’armée qui volerait en quelque sorte au mouvement d’opposition civile sa victoire, il y a par contre certains acteurs qui ne rechignaient pas à l’idée que l’armée intervienne, surtout si cette intervention devait se faire en faveur du mouvement d’opposition. Il y avait des appels du pied à peine voilé. Je dirais que ce n’était pas l’intervention de l’armée qui était un des scénarios possibles dans le cadre de cette crise. Elle n’avait rien d’inéluctable. On ne pouvait pas l’exclure tout à fait parce que certains acteurs y voyaient un intérêt. Et si sans doute, ils ont été entendus par ceux qui ont aujourd’hui fait ce qui est appelé par certains un coup de force et par d’autres une mutinerie, rares sont ceux qui parlent de coup d’Etat en tant que tel. En tout cas, il y a quand même une différence de taille entre l’intervention d’aujourd’hui et les interventions antérieures dans la mesure où cette armée n’a pas encore proclamée la suspension de la constitution. D’ailleurs, elle n’a pas encore annoncé un nouveau régime et refuse l’appellation de coup d’Etat. En tout cas jusqu’à maintenant. Qu’en sera-t-il dans les quelques heures qui viennent, je n’en sais trop rien. J’entends dire que l’office de la Radiotélévision du Mali s’installe à Kati. Il faut s’attendre à une déclaration. Est-ce que ça va être la déclaration du Président Keita ou celle des putschistes ? Je n’en sais trop rien. A présent, officiellement ceux qui ont pris le pouvoir ne considèrent pas qu’ils ont réalisé un coup d’Etat.
La Cedeao et la France ont très vite condamné la tentative de coup d’Etat. Aujourd’hui que cela semble être réussi, quelles doivent être leurs postures?
Je ne sais pas s’il y a réussite encore une fois. Les principaux protagonistes ne parlent pas de coup d’Etat et donc je ne sais pas. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il y a un coup d’Etat réussi. Pour moi, il y a un président élu démocratiquement qui est détenu par des militaires. Son Premier ministre est également détenu et sans doute d’autres officiels de hauts rangs. Mais je n’irais pas encore une fois jusqu’à dire qu’il y a un coup d’Etat réussi. Mais pour répondre à l’essentiel de votre question, la dernière position de la CEDEAO est très ferme. Elle est conforme à son protocole sur la bonne gouvernance, sur les démocraties etc… La CEDEAO condamne un changement qui est perçu comme anticonstitutionnelle. Evidemment, elle ne reconnaît aucune légitimité aux auteurs du coup de force. Du reste, la CEDEAO parle maintenant de coup d’Etat. Elle est très explicite sur le fait que des sanctions vont être appliquées et qu’il y a des mesures de suspension de la participation du Mali à la vie de la CEDEAO, c’est-à-dire des organes de décisions ; qu’il y a des sanctions qui vont être ciblées ; qu’il y a des fermetures des frontières terrestres et aériennes. Ce sont des sanctions assez dures, assez sévères. Et je crois qu’en annonçant de telles mesures, la CEDEAO qui a été un protagoniste très important dans cette affaire confirme sa position qui était la sienne depuis les premières heures de ce coup de force. C’est le moins qu’on puisse attendre d’une organisation intergouvernementale. D’une minute à l’autre, elle demande aussi la montée en puissance de la force en attente. Je crois là-aussi, que c’est quelque chose d’assez significatif. Quant à la France, elle s’aligne sur la position de la CEDEAO. Ce qui me semble tout à fait logique parce que s’il doit y avoir une solution à la crise actuelle, d’abord elle doit être une solution malienne, ensuite une solution africaine. Et je crois que les puissances extérieures, les partenaires extérieurs ne peuvent venir qu’en appui à des positions africaines.
Est-ce que la situation actuelle ne va pas davantage fragiliser le Mali fortement affecté par une crise sécuritaire ?
La réponse est affirmative. Il est clair qu’aujourd’hui, le Mali est dans une crise multiforme et le Mali est particulièrement vulnérable. Cet énième développement de cette crise ne fait que fragiliser davantage le pays sur la plan sanitaire. Il y a eu pendant des mois des rassemblements qui facilitent la propagation du virus. Donc, sur le plan sanitaire et les conditions actuelles, leur aggravation éventuelle par suite d’application des mesures de sanctions ne peut qu’aggraver la situation sanitaire. Cette situation sanitaire a un impact sur la situation économique qui est désastreuse et qui va l’être encore plus si les mesures préconisées par la CEDEAO venaient à être mises en œuvre intégralement en termes de sanctions, de restrictions, d’interdictions des flux ou des transactions commerciales financières. Et la situation sécuritaire ne peut que se détériorer par la suite d’une telle situation car il se voit mal comment l’armée malienne, aussi démunie qu’elle l’est actuellement, puisse assurer la sécurité des citoyens sur l’ensemble du territoire malien sans une intervention d’une force onusienne ou autre. L’ONU est très claire. Le Secrétaire général condamne cette intervention de l’armée. Et je vois mal comment l’armée malienne va pouvoir s’acquitter des tâches régaliennes qui devraient être à savoir la préservation de la sécurité des citoyens maliens. Il risque d’y avoir une détérioration sécuritaire dont les seuls gagnants à l’heure actuelle vont être les mouvements qui contestaient l’ordre établi, c’est-à-dire les mouvements sécessionnistes, djihadistes, etc. Ce sont les seuls à pouvoir tirer parti aujourd’hui de ce délitement de l’Etat, de cet affaissement de l’autorité et de cet affaiblissement des capacités d’intervention. Donc une crise sanitaire, une crise économique, une crise sécuritaire et une crise politique parce qu’aujourd’hui, on est dans une situation d’impasse en quelque sorte. Parce que c’est une chose que de détenir un président de la République, de le mettre aux arrêts ; c’en est une autre de trouver une solution politique qui permette de remettre le pays au travail, de retrouver le fonctionnement normal des Institutions et d’avoir une activité politique normale.
Quels enseignements devraient tirer les actuels dirigeants ouest africains de cette situation qui prévaut au Mali ?
Il me semble qu’une des leçons que l’on doit tirer de cela, c’est que nous sommes dans des environnements où la stabilité est loin d’être garantie. Nous sommes dans des environnements où les équilibres sont relativement fragiles. Lorsque vous regardez les pays du sahel, pendant très longtemps, ils ont été des pays pauvres mais en relative paix. Aujourd’hui, ces pays sahéliens sont toujours des pays pauvres. Leur statut n’a pas changé à cet égard. Mais ils sont tous en proie à une instabilité politique, institutionnelle et sécuritaire Et la première leçon qu’il fauttirer de cela, c’est qu’il faut en avoir conscience et s’interroger sur les causes de cette vulnérabilité. A mon avis, ces causes sont au nombre de deux. Il y a d’une part l’échec du projet de développement qui était le projet postcolonial. Comment promouvoir un développement rapide et inclusif de nos économies, et ne pas simplement poursuivre la mise en valeur de type colonial qui avait prévalu depuis la seconde guerre mondiale ? Ce projet de développement inclusif a échoué parce que même s’il y a croissance économique, elle a été mal distribuée, les fruits de la croissance ont été mal partagés et les inégalités sont parties en flèche dans les pays. Et ce projet a donc échoué. L’autre grand projet postcolonial, c’était la construction d’une nation homogène dans laquelle, la diversité, loin d’être une menace à l’unité nationale, serait au contraire au cœur de la construction d’un ensemble national. Ce projet aussi est aujourd’hui en difficulté dans nombre d’endroits dans cette région ouest africaine. On assiste aujourd’hui, non pas à l’émergence d’un sentiment national ou à la consolidation d’un sentiment national, mais plutôt à l’exacerbation des crises identitaires. Ce qui veut dire que ce projet a échoué. Donc, je crois qu’une des leçons qu’il faut tirer de cela, c’est qu’il est important de s’interroger sur le pourquoi de ces échecs. Ensuite, je crois qu’il est temps que les dirigeants africains comprennent aujourd’hui qu’au fond, ceux qui font la révolution à moitié creusent leur propre tombeau. La démocratie, elle ne peut pas être à géométrie variable. Elle a ses exigences, ses règles et lorsqu’on s’engage dans des processus de démocratisation, il faut savoir qu’il y a un prix à payer et qu’il y a des risques inhérentes à cela. Il faut savoir au fond si l’on est prêt à payer ce prix. Et je dirais donc que ce qu’il faut, c’est tirer de là des enseignements et avoir un regard un tout petit peu prospectif pour savoir ce qui peut advenir dans notre région. Que faut-il faire pour tirer parti d’un certain nombre de tendances qui sont favorables et contenir dans les limites raisonnables les risques inhérentes à tout processus de transformation ?
Est-ce qu’on peut dire qu’aucun pays n’est épargné y compris le Sénégal ?
Cela va de soi ! Nul aujourd’hui n’est à l’abri de mouvement comme ce que l’on est en train de connaître au Mali. Et je pense que les chefs d’Etat le comprennent parfaitement et leur empressement sans doute à intervenir dans le conflit malien est bien la preuve qu’ils ont conscience de la fragilité de l’ensemble de la région et pas seulement du Mali.
LA CRISE EST SOUS REGIONALE
Le Directeur de Timbuktu Institute, Bakary Sambe, enseignant chercheur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, a analysé le coup d’Etat perpétré hier au Mali
Le Directeur de Timbuktu Institute, Dr Bakary Sambe, enseignant chercheur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, a analysé le coup d’Etat perpétré hier au Mali. A l’en croire, nos voisins de l’Est sont en train de vivre une situation préoccupante qui doit préoccuper tous les pays de la sous-région. Si cette crise s'envenime, prévient-il, elle n’épargnera aucun pays de la région ouest africaine.
La crise malienne marquée par un coup d’Etat qui a renversé le régime du Président Ibrahima Boubacar Keïta préoccupe beaucoup Dr Bakary Sambe, même s’il s’y attendait. Selon le directeur de Timbuktu Institute, la situation était prévisible compte tenu des évolutions qui ont eu lieu au Mali avec des manifestations qui ont duré quelques mois. «Ce qui est dommage, c'est que le pouvoir était comme sourd face aux revendications des populations au point que la manifestation a été récupérée par un religieux, imam Dicko, face à l'échec de la classe politique qui n'a pas été renouvelée alors que le pouvoir a été atteint par une forme d'usure», dissèque le chercheur qui ajoute que la situation politique très difficile a envenimé les choses comme en 2011 avec une crise sécuritaire au nord et au centre. «Aujourd'hui, c'est une crise politique et institutionnelle à Bamako qui est constatée.
IBK fait face à son peuple qu'il n'a pas écouté depuis longtemps. Il n'a pas non plus fait attention aux signaux faibles. Conséquence, on en arrive à cette situation déplorable», souligne le sieur Sambe. Cela dit, il exhorte tous les dirigeants des pays de la sous-région à se préoccuper réellement de la crise malienne s’ils ne veulent pas aller vers des lendemains incertains. «Avec le phénomène du débordement de l'épicentre, si cette crise s'aggrave, elle ne va épargner aucun pays», prévient-il.
Malgré toutes les critiques formulées contre la Cedeao, Dr Bakary Sambe appelle à recrédibiliser l'institution. «Car il faut une médiation de la Cedeao pour une sortie de crise. L’'Union africaine doit aussi jouer sa partition. Il faut s'arrimer sur les grands principes de non-prise de pouvoir par les armes, comme l'ont prôné les Nations unies», indique Dr Sambe qui estime qu’on ne peut pas se passer d'une médiation.
De l’avis du directeur de Timbuktu Institute, la question du troisième mandat en Afrique constitue l’un des maux qui gangrènent le continent. «Cette situation se déroule au moment où la région est marquée par des tensions politiques profondes çà et là, notamment en Côte d'Ivoire, en Guinée et dans d'autres pays avec ces questions de troisième mandat qui, à mon avis, ont été tout le temps des subterfuges politiques. Il faut redoubler de vigilance et faire attention à tous ces signaux qui ne sont pas du tout rassurants», dit-il avant d’alerter Macky Sall et son régime. «Un pays comme le Sénégal doit prendre à bras-le-corps cette crise purement malienne tout en sachant que celle-ci est sous régionale.
Les conséquences ne sauraient épargner aucun pays voisin du Mali au regard de la menace terroriste, mais aussi de la tension et de l'instabilité dans la région», a averti l’enseignant à l’Ugb qui invite certains chefs d’Etat à s’inspirer de la situation au Mali pour réfléchir et faire une introspection. «La région est en proie à une crise sécuritaire très profonde dont les conséquences seront désastreuses», martèle Dr Bakary Sambe.
LE PROBLEME DE LA FORTE TENEUR EN CALCAIRE RESOLU
Il y a quelques années, la ville de Thiès avait connu de sérieuses difficultés d’alimentation en eau potable.
Il y a quelques années, la ville de Thiès avait connu de sérieuses difficultés d’alimentation en eau potable. Selon Charles Fall, directeur général de la Société Nationale des Eaux du Sénégal (Sones), la situation s’est beaucoup améliorée, car entre 2018 et aujourd’hui, la capacité de production a été augmentée à Thiès de 70%. C’est parce qu’en son temps, il y avait l’obstacle de la forte teneur de l’eau en calcaire.
Entre 2018 et aujourd’hui, la capacité de production a été augmentée à Thiès de 70%. Et pourtant, Talla Sylla Maire de la Ville a souligné qu’il a 22 quartiers qui connaissent encore quelques difficultés d’approvisionnement. C’était hier, lors de la visite de Charles Fall Directeur Général de la Société Nationale des Eaux du Sénégal(SONES) qui s’inscrit, selon ce dernier, dans le cadre d’une démarche de partenariat, de sensibilisation, mais également pour mieux apprécier les besoins des populations.
Selon Charles Fall, il y a quelques années, des problèmes assez sévères d’eau ont été ressentis dans pas mal de quartiers à Thiès et aujourd’hui, ces problèmes, pour une grande partie, ont trouvé des solutions et les quartiers touchés ont un meilleur accès à l’eau.
En son temps, dit-il, cela s’expliquait par des insuffisances d’investissement, mais la particularité réside sur la qualité de l’eau à Thiès. Il ajoute : « Même s’il y a à Thiès plus d’une dizaine de forages, ils sont à plus de 400 mètres sous terre, avec des eaux caractérisées par une forte teneur en calcaire d’où le phénomène de colmatage. Nous avons beau renforcer la capacité de production, l’eau n’arrivait pas dans les maisons. C’est la raison pour laquelle plus de 90 kilomètres de réseau de distribution, équivalant à peu près à la distance entre Dakar et Tivaouane, ont été renouvelés. Nous avons poursuivi cette politique de renforcement de la production. Nous avons également, sur initiative du Chef de l’Etat, lancé le grand projet de construction de la troisième usine de traitement d’eau de Keur Momar Sarr (KMS3) avec un investissement de 284 milliards de Fcfa, et la production profitera d’abord à Thiès, Dakar et à la Petite Côte. C’est la raison pour laquelle nous parlons aujourd’hui de l’alimentation en eau potable du triangle Thiès-Dakar-Petite Côte. Keur Momar Sarr va donc venir booster, renforcer à jamais l’alimentation en eau de ces populations. » La rencontre a permis de faire le point sur l’essentiel des investissements ou réalisations dans le domaine de l’eau potable du gouvernement du Sénégal dans la région de Thiès, mais surtout en faveur des populations de Thiès. C’est dans ce cadre que le Directeur Général de la SONES a sollicité l’accompagnement de la ville de Thiès dans la mise en œuvre de la phase finale du projet KMS3. D’après lui, les travaux de l’usine sont presque achevés.
En effet, les 216 km de canalisation pour le transfert de l’eau sont posés et les chantiers de la partie usine qui est à Keur Momar Sarr sont très avancés. Mais il faut que cette eau arrive dans les maisons, d’où à ses yeux la composante réseau de distribution qui est en train de démarrer. Il annonce un grand château d’une capacité de 2 000 m3, soit 2 millions de litres, qui sera construit au niveau de Thiès-Sud, mais surtout un réseau structurant de plus de 30 km. Il s’agit d’un réseau secondaire qui va ceinturer toute la partie sud de Thiès. D’où à ses yeux la nécessité d’avoir l’accompagnement de la mairie, surtout dans le processus de libération des emprises. « Nous avons également besoin de la compréhension des acteurs économiques qui sont sur le tracé, pour nous permettre de mener à bien les travaux qui profiteront exclusivement aux populations de Thiès », martèle Charles Fall.
Selon lui, la visite a également été mise à profit pour apprécier les besoins des populations, portés par la mairie. Il poursuit: « C’est ainsi que nous avons intégré dans notre plan d’action les préoccupations de la mairie en faveur des populations des 22 quartiers répertoriés par le Maire Talla Sylla et où existe un manque d’eau, mais aussi les quartiers périphériques sans oublier Fandène qui sera également incorporé dans notre périmètre. » Il relève dans le même temps un programme de 50 000 branchements sociaux afin que le maximum de ménages puissent en profiter sur l’étendue du territoire national et particulièrement à Thiès, pour que l’eau potable soit disponible, notamment dans le cadre de cette période de pandémie, avec la nécessité de respecter les mesures de prévention dont le lavage régulier des mains.
Pour Talla Sylla Maire de la Ville de Thiès, du point de vue de sa vocation de métropole politique libre, Thiès est forcément une destination. Ce qui renforce la pression en termes de besoin d’eau, mais l’Etat a très tôt compris cela et en rapport avec les collectivités territoriales, se développe toute une synergie d’échanges sur ces besoins mais également sur les solutions. Et la visite du Directeur Général de la SONES s’inscrit dans cette dynamique.
«LE LOTISSEMENT EST UNE MAUVAISE FAÇON DE FAIRE DES VILLES»
Invité de l’émission «tête à tête» sur «Label tv», l’ingénieur en génie civil et spécialiste de l’immobilier Malick Ndiaye invite les autorités à changer ce modèle qui, selon lui, est une mauvaise façon de faire des villes.
Aujourd’hui, le modèle de fabrique des logements, ce sont les lotissements au Sénégal. Invité de l’émission «tête à tête» sur «Label tv», l’ingénieur en génie civil et spécialiste de l’immobilier Malick Ndiaye invite les autorités à changer ce modèle qui, selon lui, est une mauvaise façon de faire des villes.
Le gouvernement va organiser demain un conseil présidentiel sur le logement qui est devenu un réel problème au Sénégal. Ainsi pour l’ingénieur en génie civil et spécialiste de l’immobilier, Malick Ndiaye, si une ville doit assurer quatre fonctions essentielles que sont : se loger, pouvoir y travailler correctement, se divertir mais aussi pouvoir y circuler librement, les villes africaines ne garantissent pas toutes ces fonctions. Le spécialiste a indiqué en effet que dans les villes africaines, il y a une vraie absence de planification urbaine. « C’est-à-dire qu’il y a une urbanisation de fait alors que la ville a besoin d’être aidée pour pouvoir assurer ces fonctions. En plus, on a un problème de gouvernance urbaine », se désole l’ancien employé d’AGEROUTE.
Invitant de ce fait les autorités à revoir les modèles des villes africaines, il est revenu sur le cas spécifique du Sénégal. Disséquant la manière d’habiter dans le pays, l’auteur du livre Solutions pour un habitat durable, moderne et confortable au Sénégal soutient : « Aujourd’hui, le modèle de fabrique des logements, ce sont les lotissements au Sénégal, c’est-à-dire des hectares de terrain qui sont viabilisés sur des parcelles de 150, 200, 250m2. C’est une mauvaise façon de faire des villes. » Parce que déjà, l’offre foncière, selon lui, est mauvaise car sur une parcelle de 150m2 qui va finir en immeuble, il est impossible d’y faire une place pour le stationnement, ni prévoir un parking.
A l’en croire, pour pouvoir créer une ville fonctionnelle avec une bonne qualité, il faudrait sortir de cette logique de faire des lotissements. Interrogeant en outre l’urbanisation au Sénégal, l’ancien de Bouygues immobilier en France trouve sauvages les normes qui régissent l’urbanisation. « On a une normalisation plutôt sauvage. On a un urbanisme prédateur, productiviste où tout lopin de terre est bétonné, étanchéifié, asphalté et on se retrouve donc avec des conséquences désastreuses sur la qualité de vie », s’alarme M. Ndiaye. Pour lui, la non-prise en compte des questions de développement durable, de l’introduction du végétal dans le bâtiment, pose un problème réel dans la fabrique des villes. Il faudrait, insiste-t-il, repenser notre modèle de fabrique de la ville pour qu’elle intègre beaucoup plus le végétal aussi bien dans la construction des bâtiments que dans la construction des ouvrages publiques.
«LES GRANDES VILLES DU MONDE SONT EN TRAIN DE DECONSTRUIRE LEURS PONTS»
Jetant par ailleurs un regard critique sur la construction de nouvelles infrastructures routières comme les ponts, l’ingénieur déclare : « On construit énormément de ponts et de routes. Mais si on regarde bien, les grandes villes du monde sont en train de déconstruire ces ponts, de supprimer les autoroutes urbaines pour en faire des boulevards. » De son avis, l’ère du tout véhicule est dépassée. Il signale que la voiture et la vitesse ont atteint leurs limites. « Aujourd’hui, on veut remettre l’humain au centre de tout. Et le fait de vouloir à chaque fois aller vers la vitesse, c’est ce qu’on appelle les contraintes de relâchement de mobilité. Ce qui fait que les gens ont tendance à aller plus loin pour utiliser des espaces naturels, utiliser de la terre », renseigne-t-il avant d’ajouter : « Alors qu’on parle d’urbanisme sobre, d’urbanisme frugal. Ce sont des notions très modernes de l’urbanisme et que l’on ne voit pas dans la réalisation de nos villes. »
«LES PRIX DU LOGEMENT NE SONT PAS PRES DE BAISSER»
S’exprimant aussi sur le problème de logement au Sénégal, l’expert immobilier a rappelé qu’en 2013, le déficit de logements était estimé à 158 000 unités à Dakar. « Au Sénégal, ce sont 23 millions de Sénégalais qui vont venir se rajouter à la population sénégalaise d’ici 2050. En raisonnant de façon logique, c’est 800 mille ménages qui vont venir chaque année. Donc il faudra construire 100 mille logements pour loger les ménages dans les années à venir, pour ne pas avoir des problèmes de stabilité sociale », pense-t-il. Sauf que, se désole-til, le Sénégal ne construit même pas 5 000 logements par an d’où la pression qu’il y a dans l’immobilier. C’est pourquoi, révèle l’expert, il y a une inflation tellement forte qui fait que les prix ne sont pas près de baisser. Sur la construction de nouveaux pôles urbains au Sénégal, il a fait part aussi de ses appréhensions. « Aujourd’hui, ce qui se passe dans beaucoup de pays africains, c’est que dès qu’il y a un problème urbain, on a tendance à imaginer des villes nouvelles sans pour autant régler le problème qu’il y a dans la ville, et ça favorise l’étalement urbain », s’alarme M. Ndiaye qui souligne que le fait de vouloir toujours aller construire d’autres villes au lieu de reconstruire la ville sur la ville pose un problème. Ebauchant des solutions pour sortir de ce phénomène, il préconise de réaménager la ville et de restructurer les rues pour en faire des villes beaucoup plus intéressantes.
«DANS LES PAYS DEVELOPPES, CE N’EST PAS A L’ETAT DE S’OCCUPER DES DECHETS OU DES ROUTES»
L’ingénieur a déploré aussi le fait qu’il y ait un réel problème de gouvernance des villes. « Dans les pays développés, on a une entité identifiable. Ici, on a une multitude d’organismes qui s’occupent de cela. Vous avez par exemple pour les routes l’AGEROUTE, vous avez pour l’assainissement l’ONAS, vous avez pour les déchets l’UCG. De ce fait on a un défaut de coordination parce que toutes ces compétences sont cloisonnées », fait-il savoir. D’après lui, tout cela montre qu’il y a un réel problème de gouvernance urbaine. Dans les grandes villes du monde, déclare l’ingénieur, ce n’est pas à l’Etat de s’occuper des déchets ou des routes. Prenant fait et cause pour le développement durable, il prévient : « On est à la croisée des chemins et quand on aura fini de couper tous les arbres, quand on aura bétonné tous les îlots de terre, quand l’air sera irrespirable, on comprendra que la richesse n’est pas dans le taux de croissance, que l’argent ne se mange pas. » La seule alternative pour lui est de revenir à une croissance beaucoup plus verte.
LA PROGRESSION DU CORONAVIRUS CHEZ LES 20-40 ANS INQUIETE L’OMS
Les jeunes sont de plus en plus les vecteurs de la propagation de l’épidémie et représentent un risque pour les plus vulnérables, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms).
Les jeunes sont de plus en plus les vecteurs de la propagation de l’épidémie et représentent un risque pour les plus vulnérables, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms).
L’Organisation Mondiale de la santé (Oms) s’est alarmée, hier mardi 18 août 2020, de la propagation du nouveau coronavirus chez les personnes âgées de 20 à 40 ans, dont beaucoup ne présentent pas de symptômes, ce qui accroît le risque de transmission aux personnes vulnérables. L’Oms avait déjà mis en garde ce mois-ci contre l’augmentation au niveau mondial du nombre de jeunes parmi les personnes touchées par la maladie, et contre les risques que cette progression entraîne pour les personnes âgées comme pour les patients des régions dans les zones densément peuplées où les systèmes de santé sont fragiles. «L’épidémie est en train de changer», a dit Takeshi Kasai, directeur régional de l’Oms pour le Pacifique occidental, au cours d’une réunion d’information virtuelle. «Les personnes âgées de 20, 30 et 40 ans sont de plus en plus les vecteurs de la propagation de l’épidémie. Beaucoup d’entre elles ne savent pas qu’elles sont infectées. Cela accroît le risque de transmission aux plus vulnérables», affirme-til.
SITUATION DU CORONAVIRUS EN AFRIQUE
Selon un décompte de l’Oms, le rythme de propagation de la Covid-19 place la Gambie en tête des pays africains. Le plus petit pays de la région a comptabilisé sa pire semaine ces derniers jours, puisque 30 personnes sont décédées du coronavirus la semaine dernière. C’est plus que le nombre total de décès liés à la Covid-19 enregistré en cinq mois, de mars à juillet. Un taux de létalité très élevé, soit 3,6% avec 49 décès en 14 jours, soit en moyenne 3,5 décès par jour. Si ce taux de mortalité perdure, la Gambie enregistrera une centaine de décès en fin août. Cette situation s’explique par le fait que le pays de Adama Barrow réalise un faible nombre de tests pour détecter les cas infectés, mais aussi il y a un manque de prise en charge à temps.
Selon l’Oms, les gens meurent dans leur domicile mais contaminent potentiellement leurs proches. En outre, l’Afrique a marqué le sixième mois depuis que la maladie à Covid-19 a été détectée pour la première fois sur le continent. Alors que le virus a progressé à un rythme accéléré dans de nombreuses autres régions du monde, l’évolution de la pandémie sur le continent africain a été différente, note l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Une analyse préliminaire de l’Oms révèle qu’une augmentation exponentielle des cas, qui culmine environ deux à trois semaines plus tard, n’est pas observée en Afrique.
Bien au contraire, de nombreux pays connaissent une augmentation progressive des cas de Covid-19 et il est difficile de discerner un pic précis. Les schémas de transmission diffèrent également entre les pays, mais surtout à l’intérieur des pays. Au début, la Covid-19 a surtout touché les capitales. Cependant, le virus se déplace maintenant des zones urbaines à forte densité vers les agglomérations informelles, puis vers les zones rurales à plus faible densité de population. «En Afrique, freiner la Covid-19 est comme un marathon et non un sprint», a déclaré Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’Oms pour l’Afrique. «Nous observons de multiples flambées locales, chacune ayant ses propres schémas et pics d’infection. C’est en renforçant la réponse au niveau communautaire que nous gagnerons cette course. La réponse à la Covid-19 doit être intégrée à la structure même de chaque district de santé.»
Au Sénégal, les services du ministère de la Santé ont annoncé que sur 926 tests réalisés, 68 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 7,34% avec 41 cas contacts, 2 cas importés et 25 cas issus de la transmission communautaire répartis entre Mbour 03, Bignona 02, Ouakam 02. Bambey, Cambérène, Colobane, Diourbel, Hlm5, Kédougou, Khombole, Kolda, Liberté 6, Matam, Mékhé, Mermoz, Ouest Foire, Patte d’Oie, Popenguine, Yarakh, Ziguinchor et Zone de Captage ont chacun un cas. Par la même occasion, 48 cas graves sont dans les services de réanimation et aucun décès n’a été enregistré lundi. Par contre, 39 patients hospitalisés ont été déclarés guéris. A notre décompte d’hier, 12 305 cas ont été déclarés positifs dont 7 767 guéris, 256 décédés et donc 4 281 sous traitement.
LA LD DEBOUT CHARGE LE PRESIDENT MACKY SALL
La Ld Debout n’y est pas allée par quatre chemins pour tirer à boulets rouges sur les autorités étatiques qui, selon elle, sont derrière l’affectation du magistrat Ngor Diop.
La Ld Debout n’y est pas allée par quatre chemins pour tirer à boulets rouges sur les autorités étatiques qui, selon elle, sont derrière l’affectation du magistrat Ngor Diop.
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, les jallarbistes affichent leur vive réprobation de la violation par le Président Macky Sall du principe sacrosaint de la séparation des pouvoirs, dans la «réaffectation arbitraire» du président du Tribunal d’Instance de Podor. «La Ld Debout condamne cette énième agression contre l’institution judiciaire et réaffirme son soutien et sa solidarité à l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) dans son combat constant pour l’indépendance de la Justice».
Pour la Ld Debout, Macky Sall est devenu un Président totalement déconnecté des réalités actuelles du pays. «Et eu égard à l’énorme étendue de ses pouvoirs, il pourrait constituer un véritable danger pour la Nation. Au moment où le Sénégal fait face à l’une des plus grandes crises sanitaires de son histoire, le régime du Président Macky Sall continue de se concentrer sur des opérations de spoliation et d’accaparement des ressources foncières», tonnent les jallarbistes.
Parmi les derniers scandales en date, ils énumèrent Tobène et le site qui abrite la Maison d’Arrêt et de Correction de Dakar à Rebeuss que veulent raser Macky Sall et son régime «pour accueillir des édifices de tours jumelles pour des bureaux et appartements de luxe, ici encore, pour une clientèle privilégiée, très éloignée des préoccupations des populations et des urgences du pays».
Dans la foulée, la Ld/Debout s’étonne qu’au moment où les structures de santé du pays sont saturées et peinent à accueillir de nouveaux malades atteints de la Covid-19, le président de la République trouve les moyens de se donner d’autres priorités. C’est le cas notamment de la réalisation, dans les meilleurs délais, des travaux de réhabilitation des aéroports financés par l’Etat du Sénégal à hauteur de 100 milliards Fcfa. «Des aéroports qui peineront sans nul doute à accueillir des avions au regard de la crise du secteur des transports aériens qui est prévue pour durer encore», soulignent les jallarbistes qui invitent ainsi «tous les citoyens à la vigilance face aux manœuvres et prétextes de ces libéraux tropicaux prédateurs qui eux, tenteront par tous les moyens de profiter de la crise pour maximiser leurs « profits » et malheureusement au détriment des Sénégalaises et des Sénégalais.
Afin d’accroître les ressources dans la lutte contre la pandémie du coronavirus, la Ld Debout préconise le reversement des fonds politiques du président de la République et du président de l’Assemblée nationale au Fonds de la Covid19. Elle propose aussi «la dissolution des institutions budgétivores à l’image du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT) et la Commission Nationale du Dialogue des Territoires (CNDT)».