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3 octobre 2025
C'EST DÉJÀ L'EFFERVESCENCE À TOUBA
Les panneaux publicitaires sont bien visibles le long des deux voies menant à Mbacké. La cité religieuse est déjà «assiégée» à 24 heures de la célébration du plus grand événement de la communauté mouride
À 24 heures du grand Magal de Touba, c’est déjà l’effervescence dans la cité religieuse qui s’apprête à accueillir des milliers de fidèles.
Il y a seulement quelques mois, le monde dissertait sur l’organisation du grand Magal de Touba en cette période de pandémie du Covid-19. Ce débat est bien derrière cette communauté de foi déjà dans l’effervescence. Les panneaux publicitaires sont bien visibles le long des deux voies menant à Mbacké de même que sur la route qui part de l’autoroute Ila Touba. La cité religieuse est déjà «assiégée» à 24 heures de la célébration du plus grand événement de la communauté mouride. Les axes principaux de la cité religieuse grouillent de monde. Les disciples sont venus de toutes les contrées du pays et de l’étranger.
La grande mosquée est le centre de convergence de toute cette foule. Le jet d’eau juste à côté attire les regards. Le service d’ordre peine déjà à contrôler les véhicules et les charrettes, mais aussi à orienter les gens égarés. Les échoppes de fortune fleurissent tout au long de la route menant à la grande mosquée. Certains ont le visage bien masqué. D’autres ont le cache-nez dans leur poche et le s’en couvrent une fois à proximité de la grande mosquée. Les rassemblements, de plus en plus importants, donnent un avant-goût de l’affluence le jour de la célébration.
La «dahira Moukhadimatoul Khidma» veille au respect des gestes barrières. Ils sont 500 éléments à s’y employer à l’extérieur et à l’intérieur de la grande mosquée. Cette année, les plateaux de télévision ne sont pas installés sur l’esplanade de la mosquée. Une jeune femme en profite pour emplir les lieux de sa prestance et de ses litanies. C’est déjà l’ambiance du grand Magal de Touba. Prises d’assaut depuis le début du mois de Safar, les résidences, maisons des chefs religieux et des autochtones ne désemplissent pas. Tout ce beau monde est en communion, attendant impatiemment ce jour de grâce où Cheikh Ahmadou Bamba a accompli l’œuvre de son destin prodigieux.
Slogan «Takkal sa masque ngir roy Serigne Bi»
Huitième Khalife général de la communauté mouride, troisième petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba à diriger la destinée de la communauté, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké célèbre son deuxième Magal à cette station. Il a marqué déjà les esprits pour avoir posé d’innombrables actes destinés à préserver le legs de son illustre ascendant comme l’université de Touba estimée à 37 milliards de FCfa. C’est surtout à travers cette quête de sens et dans sa pédagogie qu’il s’est magistralement distingué. N’a-t-il pas mis le masque pour inciter les disciples à en faire autant et donné à l’État une somme conséquente dans la lutte contre la pandémie ?
Le slogan « Takkal sa masque ngir roy Serigne Bi » (Porter le masque pour suivre le guide) est une belle trouvaille qui atteste de cette relation intelligente entre le spirituel et le temporel. Serigne Mountakha Mbacké a aussi annulé la tenue de la cérémonie officielle du grand Magal de Touba. Le comité d’organisation, suivant la logique du Khalife général, a aussi opté pour l’organisation en mode virtuel du colloque de cette année dont le thème central est : «La Khidma et les œuvres de bienfaisance : mécanismes spirituels pour faire face aux conséquences de la pandémie du coronavirus».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
IL FAUT SOUTENIR LE SOLDAT TÉLIKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Abandonner seul le président de l'UMS entre les mains du CSM, c’est laisser l’initiative à l’Exécutif qui, demain, décidera du sort de tout magistrat jaloux de son indépendance
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 05/10/2020
Au moment où ses collègues magistrats s’y attendaient le moins, Aliou Niane, ancien président de l’Union des magistrats du Sénégal et nouveau Secrétaire général de la Cour des Comptes (selon l’As du 05 octobre), lance un pavé dans la mare et brise la belle unanimité constituée autour de l’intrépide juge Souleymane Téliko. Dans une missive écrite sur un ton mi-chèvre mi-chou, adressée aux magistrats et publiée par le journal l’As dans son édition du 03 octobre, Aliou Niane salue la mobilisation de ses collègues autour du président de l’UMS mais s’inscrit en porte-à-faux avec (sic) les objectifs visés. Certainement qu’il a voulu dire qu’il s’inscrit en faux contre les objectifs visés. Et ces objectifs vont principalement de la décision de mettre un terme à toute forme de collaboration avec le Garde des Sceaux, en passant par la demande de son départ pur et simple du ministère de la Justice, l'abandon immédiat de la procédure initiée contre le président de l'UMS, la suspension de toute activité au sein du Conseil supérieur de la magistrature, la constitution d’ores et déjà de tous les magistrats comme conseils pour la défense du président Téliko, de l’invitation de tous les hommes épris de justice à faire barrage à cette tentative de museler le socle de l’Etat de droit que représente la Justice, jusqu’à l’encouragement des collègues magistrats à rester soudés et à éviter de tomber dans le piège de la manipulation. Ce qui veut dire qu’aucun de ces points n’agrée l’ancien président de l’UMS. Dès lors, il serait aberrant pour le magistrat Niane de saluer toute la mobilisation développée au niveau des comités de ressort de Dakar, Thiès, Kaolack et Saint-Louis.
Aucune loi n’interdit de commenter une décision de justice
Aujourd’hui, le juge Téliko est attrait devant le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour avoir réitéré des éléments de l’arrêt du 29 juin 2017 de la Cour de justice de la CEDEAO (CJC) qui dénonce entre autres, la détention arbitraire de Khalifa Sall, la violation de sa présomption d’innocence et le droit de se faire assister par un avocat dès l’enquête préliminaire.
Dans un communiqué publié le 29 juin 2018, l’Etat du Sénégal estime que « la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO ne remet absolument pas en cause la détention en cours de monsieur Khalifa Ababacar Sall pas plus que les faits relatifs à sa condamnation à une peine ferme de cinq ans pour délits de faux et usage de faux en écriture de commerce, de faux et usage de faux dans les documents administratifs et d'escroquerie portant sur des deniers publics pour la somme d'un milliard huit cent trente mille FCFA. » Ce qui veut dire que la CJC n’émet là aucun commentaire si « commenter » signifie «émettreune critique, une explication, une interprétation » remettant en cause l’autorité de la chose jugée. Lors de l’émission, le «Jury du Dimanche» de Iradio, du 12 juillet 2020, le juge Souleymane Téliko a tenu ces propos très responsables : «Je ne rentre pas dans les jugements de valeur. Je m’en tiens aux faits et les faits, c’est que la Cour de justice de la CEDEAO a effectivement considéré que, dans l’affaire Khalifa Sall, il y avait eu une violation d’un des principes qui garantissent un procès juste et équitable : la présomption d’innocence et, je crois, les droits de la défense…»
Aliou Niane considère que ces propos de Téliko constituent un commentaire d’une décision de justice. Pourtant, ils ont été rapportés in extenso par le procureur général près la Cour d’Appel de Dakar, Lansana Diaby, lors de son réquisitoire du 10 juillet 2018. D’ailleurs, ce dernier est allé jusqu’à même invoquer la liberté provisoire de Khalifa Sall en parlant de l’affaire du président Mamadou Tandja et en précisant que l’arrêt de la Cour de l’instance communautaire est exécutoire. Nonobstant son rétropédalage subséquent très compréhensible, il demeure que le procureur général a fait foi de l’arrêt de la CJC qui dénonce la violation des droits de Khalifa Sall évoquée par le juge Téliko.
Par voie de conséquence, quand le juge Téliko s’est prononcé sur cette affaire, il n’a remis nullement en cause la décision de justice passée en force de la chose jugée. Ainsi, le magistrat Niane a tort de qualifier les propos du président de l’UMS de commentaire car jamais ce dernier n’a critiqué la sentence condamnatoire du tribunal correctionnel de Dakar (confirmée par la Cour d’Appel) reposant sur les «délits de faux et usage de faux en écriture de commerce, de faux et usage de faux dans les documents administratifs et d'escroquerie portant sur des deniers publics pour la somme d'un milliard huit-cent-trente mille FCFA».
Le magistrat Niane déclare que le président de l’UMS a commis « un lapsus qui demeure une faute ». Il est manifeste que le nouveau secrétaire général de la Cour des Comptes méconnait le sens du mot «lapsus», le lapsus (certainement linguae) étant «une erreur involontaire qui fait dire à une personne autre chose que ce qu’elle avait prévu d’exprimer». Dire que Téliko a commis un lapsus en déclarant que «dans l’affaire Khalifa Sall, il y avait eu une violation d’un des principes qui garantissent un procès juste et équitable : la présomption d’innocence et, je crois, les droits de la défense…», c’est donc soutenir qu’il a voulu dire «dans l’affaire Khalifa Sall, il n’y avait eu aucune violation d’un des principes qui garantissent un procès juste et équitable…».
Il faut souligner qu’aucune loi de notre pays n’interdit de commenter une décision de justice, comme l’a déjà rappelé l’éminent juriste Seybani Sougou. La justice est rendue au nom du peuple et le citoyen a donc le droit de commenter les décisions de la justice. Mais il est interdit de jeter le discrédit sur la justice. L’article 198 du code pénal stipule : «Quiconque aura publiquement par actes, paroles ou écrits cherché à jeter le discrédit sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance, sera puni d’un à six mois d’emprisonnement et de 20 mille à 100 mille francs d’amende ou de l’une de ces deux peines seulement.» Ainsi, la seule obligation est de ne pas jeter le discrédit sur une décision de justice dans des conditions de nature à mettre en cause l'indépendance ou l'autorité de cette justice.
C’est ici le lieu de clarifier que les manipulateurs qui incriminent Téliko en se fondant sur l’article 16 de la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats «Les magistrats doivent rendre impartialement la justice sans considération de personnes ni d’intérêts. Ils ne peuvent se prononcer dans la connaissance personnelle qu’ils peuvent avoir de l’affaire. Ils ne peuvent défendre ni verbalement ni par écrit, même à titre de consultation, les causes autres que celles qui les concernent personnellement » se trompent lourdement. A cet égard, l’éclairage du juriste Seybani Sougou est édifiant : «Téliko ne connaît pas de cette affaire le communiqué de l’UMS du 29 octobre 2017 lorsque Barthelemy-Dias l’a interpellé est limpide. L’UMS ne s’immisce pas dans une affaire pendante devant la justice. Il fait confiance aux juges en charge de l’affaire pour dire le droit. Pour évoquer une affaire, il faut la connaître. Téliko n’a ni évoqué le jugement de Malick Lamotte, ni évoqué la décision de la cour d’appel de Dakar. En résumé, Téliko ne s’est pas prononcé sur la décision de la justice sénégalaise. Il a juste fait état de la décision de la Cour de justice de la CEDEAO qui précisait que les droits de la Défense et le droit à la présomption d’innocence n’ont pas respectés pour Khalifa Sall. Le procureur Lansana Diaby a dit exactement la même chose lors du procès en appel.»
Deux poids, deux mesures
Dans l’affaire d’Aïda Ndiongue en mai 2015, le procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, avait été accusé d’avoir manqué de respect à l’institution judiciaire puisqu’il s’était autorisé à faire des critiques sur une décision rendue par ses collègues juges. En effet, dans un communiqué, il avait considéré «illégale et même troublante» la décision de relaxe de l’ex-sénatrice libérale et compagnie, prise par la 3e chambre correctionnelle. L’UMS, dirigée par Abdoul Aziz Seck, avait estimé que «si la loi, notamment le Code de procédure pénale en ses articles 483 et suivants, reconnait au procureur de la République la faculté de faire appel contre les jugements rendus en matière correctionnelle, elle ne lui reconnaît nullement le droit de commenter par voie de presse, une décision de justice, en employant notamment des termes de nature à porter atteinte à l’honorabilité des magistrats ayant rendu la décision et à jeter le discrédit sur l’institution judiciaire». Pourtant, le discrédit était manifeste et Serigne Bassirou n’a jamais fait l’objet d’une procédure disciplinaire parce que ses propos allaient dans le sens de l’intérêt du régime qui voulait en découdre avec les dignitaires libéraux rétifs à faire allégeance à sa majesté Macky Sall.
Le 9 mars 2018 à Diourbel, dans l’affaire Oumy Thiam, le député Moustapha Cissé Lo a attaqué les magistrats en des termes peu amènes sans être inquiété. «Les magistrats ne jugent pas équitablement. Ils font n'importe quoi et ne rendent pas les décisions correctement», avait-il déclaré rageusement après une décision de justice qu’il ne partageait pas.
Et que dire du nouveau directeur général de Dakar Dem Dikk Oumar Boun Khatab Sylla, du directeur général de l'Ipres Amadou Lamine Dieng et du directeur général de l’Agence de développement municipal Cheikh Issa Sall, ces magistrats-politiciens membres de l’APR qui n’ont jamais démissionné de la magistrature ? Pourtant, les articles 14 et 11 de la loi organique citée supra stipulent respectivement que «les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique et que toute manifestation politique leur est interdite», que «les fonctions judiciaires sont incompatibles avec toute activité publique ou privée».
Même si l’article 18 de la même loi organique dit clairement que «tout manquement par un magistrat aux devoirs de son état, à l’honneur, à la délicatesse ou à la dignité de ses fonctions constitue une faute disciplinaire», jamais ces magistrats-politiciens n’ont été l’objet d’une procédure disciplinaire. Nonobstant les interpellations du Comité de juridiction de la Cour des comptes et de l’UMS, ces magistrats apéristes plastronnent et mènent avec morgue au grand jour leurs activités politiques au vu et au su de tout le monde.
Mais la véritable intention du juge Niane, qui est de fragiliser l’action de ses collègues et de mener Téliko à l’abattoir, est manifeste dans l’épilogue de sa missive. Je le cite : «Dans cette perspective la déclaration du comité de ressort de Dakar exagère sur les perspectives d’actions envisagées… Ne nous laissons pas divertir par ce qui constitue, à mes yeux, un épiphénomène… Mais non à toute forme de surenchère… Pour ma part et de mon point de vue, aucune action d’envergure ne doit être engagée dans ce cadre…»
L’on peut comprendre que le magistrat Niane déplore le manque de solidarité quand, président de l’UMS, on l’a traduit devant le Conseil de discipline du CSM sans bénéficier du soutien de ses collègues. Mais cela ne doit pas être une jurisprudence privant Téliko de tout soutien. Loin d’être un épiphénomène, l’affaire Téliko qui transcende sa personne pose le réel problème de la liberté d’expression et l’indépendance des magistrats. Soutenir le président de l’UMS, c’est faire un plaidoyer pro domo. L’abandonner seul entre les mains du Conseil de discipline du CSM dont l’intention manifeste de son président (Macky Sall) et de son vice-président (Malick Sall) est d’en découdre lui, c’est laisser seul l’initiative à l’Exécutif qui, demain, décidera de la mort ou de la vie de tout magistrat rétif et jaloux de son indépendance.
Aujourd’hui, il faut oser dire que Téliko est le trublion de la magistrature qui donne des insomnies au pouvoir. Depuis 2017, il est dans le collimateur du pouvoir. Le 19 avril de la même année, il avait été convoqué devant le Conseil de discipline (sur décision expresse du ministre de la Justice Sidiki Kaba) pour un banal courrier électronique envoyé à ses collègues magistrats. Aliou Niane, son plus ardent avocat à l’époque, est devenu son plus grand contempteur aujourd’hui.
Mais que chaque magistrat se mire dans ces propos contenus dans cette assez longue épître de James Baldwin écrite le 19 novembre 1970 à la militante afro-américaine des droits civiques, Angela Davis : «Si nous savons, alors nous devons nous battre pour ta vie comme si c’était la nôtre - ce qu’elle est - et nous ferons de nos corps un mur obstruant le corridor qui mène à la chambre à gaz. Car s’ils viennent te chercher à l’aube, ce soir, c’est pour nous qu’ils viendront.»
DES MILITAIRES AUX POSTES CLES DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION AU MALI
Un gouvernement de 25 membres a été nommé lundi 5 octobre par le président de transition au Mali, Bah Ndaw. Au moins quatre militaires obtiennent les postes clés dont le ministère de la Défense
Un gouvernement de 25 membres a été nommé lundi 5 octobre par le président de transition au Mali, Bah Ndaw. Au moins quatre militaires obtiennent les postes clés dont le ministère de la Défense.
Le président de transition au Mali, Bah Ndaw, a nommé un gouvernement de 25 membres dans lequel les militaires obtiennent les postes clés, selon un décret lu lundi en direct à la télévision publique ORTM.
Au moins quatre ministères stratégiques, la Défense, la Sécurité, l'Administration territoriale et la Réconciliation nationale sont confiés à des colonels, selon le décret lu par le secrétaire général de la présidence, Sékou Traoré.
par Madiambal Diagne
UMS, ATTENTION À LA SURENCHÈRE !
Pourquoi Souleymane Teliko ne devrait-il pas comparaître devant le Conseil de discipline comme le font régulièrement des magistrats contre lesquels des fautes auraient été retenues ?
Le juge Souleymane Teliko a fait l’objet d’une enquête diligentée par l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (Igaj), qui a conclu à sa traduction devant le Conseil de discipline des magistrats. L’enquête a été conduite par des magistrats qui ont conclu avoir relevé de faits susceptibles de constituer des fautes et en conséquence ont-ils préconisé la saisine du Conseil de discipline des magistrats. Cette instance qui sera, elle aussi, constituée exclusivement de magistrats, devra connaître de cette affaire et appréciera les faits retenus contre le Juge Teliko par le rapport d’enquête de l’Igaj. On ne saurait préjuger du verdict que les magistrats rendront à l’issue de l’examen du dossier de leur pair. On peut néanmoins présumer que tous les droits de la défense et les conditions d’un traitement ou procès équitable seront de rigueur. Déjà, Souleymane Teliko a exigé et a pu obtenir, au nom du principe que «tout ce qui n’est pas interdit est autorisé», ce qu’aucun magistrat n’avait eu avant sa dernière comparution, le 18 septembre 2020, devant l’Igaj, c’est-à-dire d’avoir la faculté de se faire assister par des avocats.
Teliko insulte Aliou Niane
Les avis sont partagés quant à la traduction de Souleymane Teliko devant le Conseil supérieur de la Magistrature. D’aucuns estiment que cela participerait à l’intimidation et au musellement de la Justice. Seulement, personne parmi les souteneurs du juge Teliko ne peut encore dire, à la face du monde, que le mis en cause n’a pas violé son serment de magistrat ou n’a pas outrepassé les autres limites fixées par la loi organisant le Statut de la magistrature. C’est comme si, pour l’intérêt que présenteraient ses déclarations pour la démocratie, l’Etat de droit ou on ne sait quelle autre cause, Souleymane Teliko pourrait continuer de violer allègrement la loi en toute impunité ! Pourtant, tout autre citoyen, en porte-à-faux avec la loi, subit la rigueur de cette loi devant les juridictions. Pourquoi Souleymane Teliko ne devrait-il pas comparaître devant le Conseil de discipline comme le font régulièrement des magistrats contre lesquels des fautes auraient été retenues? Pourquoi dans les autres corps de la Fonction publique, des agents violant les règles de leur profession peuvent-ils être traduits devant les instances régulières de discipline et qu’il faudrait une exception pour le juge Teliko ? Il y a quelques années de cela, le capitaine Mamadou Dièye, militaire soumis à l’obligation de réserve fixée par son statut professionnel, a été radié des corps de l’Armée nationale pour avoir manqué à ses devoirs. Mieux, Aliou Niane, alors président de l’Ums, avait été traduit, en 2008, devant le Conseil de discipline des magistrats pour des prises de position publiques portant sur des revendications pour améliorer la situation des magistrats et de la Justice. La session du Conseil de discipline avait fini par ne retenir aucune faute ou sanction contre Aliou Niane. En avril 2017, Souleymane Teliko avait déjà fait l’objet d’une traduction devant le Conseil de discipline des magistrats, mais la procédure avait été abandonnée. On se rappelle qu’à l’époque, Aliou Niane avait mis le bleu de chauffe pour défendre, bec et ongles et partout, Souleymane Teliko, estimant qu’il était du rôle du président de l’Ums de dénoncer des mutations de magistrats, suite à une procédure imparfaite de consultation à domicile des membres du Conseil supérieur de la Magistrature. Je peux témoigner que Aliou Niane m’avait personnellement sollicité, avec insistance, pour intercéder afin d’éviter que la procédure disciplinaire ouverte contre le juge Teliko arrivât à terme. Cette fois-ci, Aliou Niane, connu pour son inflexibilité et sa franchise, a estimé devoir, au sein des instances de l’Ums, mettre en garde ses collègues contre certaines dérives de Souleymane Teliko et de ses collègues qui voudraient apporter un soutien aveugle et irréfléchi au président de l’Ums. Aliou Niane écrit à ses collègues les mots suivants : «(…) Je regrette que la Chancellerie n’ait pas cru devoir engager une discussion avec l’Ums pour résoudre ce problème qui pourrait constituer une source de différend et d’incompréhension avec l’Ums. Je salue également toute la mobilisation développée au niveau des comités de ressort (Dakar, Thiès, Kaolack, Saint-Louis). Autant je salue cette mobilisation, autant je m’inscris en faux contre les objectifs visés. Pour ma part, je considère que le fait de commenter une décision de justice est une faute. Sur cette question, notre serment de magistrat ci-après est suffisamment explicite : «Je jure de bien et loyalement remplir mes fonctions de magistrat, de les exercer en toute impartialité dans le respect de la Constitution et des lois de la République, de garder scrupuleusement le secret des délibérations et des votes, de ne prendre aucune position publique, de ne donner aucune consultation à titre privé sur les questions relevant de la compétence des juridictions et d’observer, en tout, la réserve, l’honneur et la dignité que ces fonctions imposent.»
Le statut précise, en outre, que le magistrat «ne peut, en aucun cas, être relevé de ce serment». Cependant, même si je pense, très sincèrement, que le président de l’Ums a commis un lapsus qui demeure une faute, il est nécessaire de développer des actions de solidarité afin qu’il ne soit pas l’agneau du sacrifice. Mais, il faut savoir, en tout, raison garder. Dans cette perspective, la déclaration du comité de ressort de Dakar exagère sur les perspectives d’actions envisagées. Chers collègues, ne nous laissons pas divertir par ce qui constitue, à mes yeux, un épiphénomène. Personnellement j’ai été frappé par une mesure identique. En effet, dans le cadre strict de la défense des intérêts des magistrats, j’ai été traduit devant le Conseil de discipline. Mais le Garde des sceaux, partie demanderesse, a été débouté de ses prétentions. Rien n’a été fait pour venir à mon «secours» alors que c’était lors des négociations Ums/Gouvernement. Oui à la solidarité avec le président de l’Ums qui est mon ami et mon frère. Mais Non à toute forme de surenchère. Pour ma part et de mon point de vue, aucune action d’envergure ne doit être engagée dans ce cadre. Il faudrait revenir à nos revendications fondamentales (…)
Toute autre voie serait suicidaire et insensée. Soyons réalistes et mettons le cap sur la lutte autour de l’indépendance de la Magistrature.» Pour cette position, Aliou Niane a essuyé des invectives de Souleymane Teliko qui lui a répondu vertement : «Mon cher, drôle de fraternité que celle qui te fait jouer un rôle aussi dégueulasse. Ton raisonnement est faux et tes intentions malveillantes. Mais je te laisse entre les mains de Dieu.»
L’Ums avait flétri le procureur de Dakar pour avoir critiqué une décision de justice
La réaction virulente de Souleymane Teliko a ému de nombreux magistrats, car elle traduit une intolérance et un caractère réfractaire à toute contradiction au sein des instances internes de l’Ums. Pourtant, des positions et des mises en garde pareilles avaient déjà été portées publiquement par des magistrats. A la dernière Assemblée générale de l’Ums, le juge Mamadou Ndoye par exemple, a été conspué par quelques jeunes magistrats pour avoir déclaré qu’il ne «reconnaît plus la magistrature avec la propension de juges à investir les plateaux des radios et des télévisions, en violation de leur serment et de leur statut». Il faut dire que les magistrats sénégalais avaient été assez interpellés par ce nouveau phénomène de médiatisation dangereuse des juges. D’ailleurs, l’Ums elle-même s’en était offusquée quand le procureur de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, avait tenu une conférence de presse pour évoquer des dossiers judiciaires. Mieux, l’Ums avait flétri l’attitude du procureur de Dakar qui s’était autorisé, à l’occasion, à commenter et critiquer des décisions prises par des juges dans l’affaire Aïda Ndiongue. Le procureur était pourtant une partie au procès. Question à mille balles, pourquoi ce que l’Ums interdirait à Serigne Bassirou Guèye, elle le permettrait à Souleymane Teliko ? Dans ces colonnes, nous avons déjà relevé, le 4 septembre 2020, que pour bien moins que ce qui est reproché à Souleymane Teliko, Ousmane Sonko, alors Secrétaire général du syndicat des travailleurs des impôts et domaines, avait été radié du corps de la Fonction publique sénégalaise. Le phénomène qui a entraîné des magistrats dans une dérive de vedettariat à travers les médias avait été constaté au niveau du Barreau du Sénégal, au point que le Conseil de l’Ordre des avocats a été obligé d’y mettre le holà. Désormais, tout avocat demande l’autorisation du Bâtonnier avant de déblatérer dans les médias sur des dossiers judiciaires. Les conseils de Souleymane Teliko ont donc demandé une autorisation expresse au bâtonnier, en vue de tenir une conférence de presse sur cette affaire. Comment comprendre alors que les magistrats puissent continuer à se croire libres de communiquer à tous vents et sur n’importe quelle question ?
Le combat perdu d’avance
Des magistrats sont vent debout pour empêcher la comparution de Souleymane Teliko devant le Conseil de discipline. Ce sera peine perdue. Le ministre de la Justice, Me Malick Sall, n’a pas tort quand il affirme que «cette affaire est l’affaire des magistrats». En effet, c’est la hiérarchie judiciaire qui, de guerre lasse, a poussé le ministre à se résigner à enclencher la procédure de saisine de l’Igaj. Les plus hautes autorités judiciaires ont toujours voulu éviter d’en arriver à cette extrémité, en appelant Souleymane Teliko à la raison. Le ministre de la Justice lui-même a eu des tête-à-tête avec Souleymane Teliko, pour l’appeler à cesser ses provocations. Mais Souleymane Teliko semblait être habité par on ne sait quelle mission prophétique. La situation semble être arrivée à un point de non-retour. On verra ce qu’il adviendra de ce bras de fer. Il reste que pour servir de boucliers à Souleymane Teliko, des magistrats empruntent un chemin gros de dangers. Ils ont appelé, dans des communiqués rendus publics, les juges à bloquer le fonctionnement des juridictions avec des décisions de renvois de toutes les audiences. Une telle démarche est illégale, car violant l’article 14 du Statut de la magistrature, qui précise notamment que «les magistrats, même en position de détachement, n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique et toute manifestation politique leur est interdite. Toute manifestation d’hostilité au principe ou à la forme du gouvernement, de même que toute démonstration politique incompatible avec la réserve que leur imposent leurs fonctions, leur sont également interdites. (…) Ils ne peuvent ni se constituer en syndicat ni exercer le droit de grève. Il leur est également interdit d’entreprendre toute action concertée de nature à arrêter ou entraver le fonctionnement des juridictions ou d’y participer». Les magistrats qui déclarent urbi et orbi se préparer à bloquer le fonctionnement des juridictions ne peuvent ignorer les risques auxquels ils s’exposent. Le 2 mai 2011, des actions de cette nature avaient été entreprises pour bloquer le fonctionnement des juridictions du pays, pendant quatre longues journées. La réaction des autorités de l’Etat avait été ferme. Le gouvernement de Abdoulaye Wade avait adressé des demandes d’explications collectives aux magistrats, afin de tirer toutes les conséquences de leur attitude. Dans le même temps, un recensement de tous les fonctionnaires, employés comme juristes et titulaires au moins de la maitrise en sciences juridiques (plus de 200 agents), avait été effectué pour éventuellement aménager leur reversement dans les corps de la Magistrature. Cette fermeté a eu raison de ce mouvement d’humeur et le Premier président de la Cour suprême, Pape Ousmane Sakho, n’avait pas eu trop de peine pour faire reprendre les audiences dans les cours et tribunaux. De toute façon, on ne saurait combattre l’illégalité ou l’injustice en usant de procédés ou moyens illégaux, a fortiori pour des magistrats ! En cas de paralysie des services judiciaires, l’Etat du Sénégal devrait être fondé à prononcer la dissolution de l’Ums qui reste une association au regard de la loi et non un syndicat professionnel.
En outre, les magistrats souteneurs de Souleymane Teliko ont commis la bourde d’exiger le départ du ministre de la Justice, Me Malick Sall. Au-delà du fait que ce serait le meilleur moyen pour garder le ministre à son poste, les magistrats qui brandissent une telle revendication apparaissent on ne peut plus incohérents. Comment peut-on prôner la séparation des pouvoirs et faire une immixtion aussi flagrante dans les prérogatives de l’Exécutif en exigeant le limogeage d’un ministre ? Est-il besoin de rappeler, à titre d’exemple, qu’en France, en dépit de l’adversité ouverte entre les syndicats de magistrats et le nouveau ministre de la Justice, Me Eric Dupont Moretti, jamais un syndicat de magistrats n’a commis le sacrilège de demander le limogeage du ministre ! Mieux, même les greffiers, malgré une grève de plus de deux mois, ont eu du scrupule pour demander le départ du ministre de la Justice, Me Malick Sall.
On a vu des organisations de la Société civile se coaliser pour apporter un soutien à Souleymane Teliko. Qui pourra m’expliquer pourquoi l’Ofnac a le droit de s’occuper du cas d’un ministre alors que le Conseil de discipline des magistrats n’a pas à convoquer un magistrat ? Il y a à se demander s’il n’y aurait pas un tout petit peu de géométrie variable dans la mise en œuvre de certains principes. On peut avoir l’impression que les uns sont forcément présumés innocents et les autres inexorablement présupposés coupables.
IMMERSION DANS LA FERVENTE COMMUNAUTÉ MOURIDE DE FRANCE
Les Baye Fall, derrière Serigne Cheikh Fall Khady Guèye, une des personnalités les plus actives dans cette communauté de foi, ne dérogeront pas à la règle de la célébration du Magal malgré la Covid-19
Cette année, c’est dans un contexte particulier de crise sanitaire due à la Covid-19 que le grand Magal se prépare. Immersion dans les lieux de ralliement des fidèles mourides en Ile-de-France.
À Paris où vit une forte communauté sénégalaise, la question est sur toutes les lèvres. Où et comment sera organisée cette 126ème édition du Magal ? Beaucoup ne pourront pas se rendre au Sénégal et les départs ont nettement diminué à cause de la crise économique et de la hausse du prix du billet d’avion. Dans la communauté mouride, on s’organise pour une célébration de l’événement adaptée aux circonstances inhabituelles marquées par la pandémie de la Covid-19. Une célébration dans le respect des mesures en vigueur.
«Berndé» des Baye Fall dans le 13ème
Les Baye Fall, derrière Serigne Cheikh Fall Khady Guèye, une des personnalités les plus actives dans cette communauté de foi, ne dérogeront pas à la règle de la célébration du Magal malgré la Covid-19. Pendant trois jours (la veille, le jour et le lendemain du Magal), ils seront en parfaite communion. Dans le 13ème arrondissement de Paris, sur l’avenue de Choisy, le guide Baye Fall, qui est par ailleurs président de l’association «Lamp pour le développement humain» en dit davantage : «nous préparerons des mets à partager avec les gens, nous leur offrirons l’hospitalité comme il est de coutume chez les Baye Fall et les Mourides. Dans tout le 13ème, comme cela se faisait les années passées, nous distribuerons de la nourriture et du café Touba dans les foyers, dans les rues aux sans-abri et à bien d’autres personnes pour marquer ce jour important. C’est aussi dans le souci de mieux faire passer le message de paix et de partage de Serigne Touba. Mais nous sommes obligés de nous conformer à l’interdiction de se rassembler. Le Magal de cette année ne peut être célébré ailleurs qu’à Keur Serigne Touba, sis à Taverny». Les rassemblements de plus de mille personnes sont, en effet, interdits. Chacun va devoir le faire chez lui, à l’exception de quelques «dahiras» tels que «Jawartoulah, Dahira Conflans», Touba Aulnay Keur Cheikh Mourtada. L’événement sera tout de même célébré mais dans une moindre envergure, au plus tard jusqu’à 22 heures.
Keur Serigne Touba porte le flambeau
Située à 20 kilomètres au nord-ouest de Paris, dans la commune de Taverny, Keur Serigne Touba tiendra le flambeau. Dans ce quartier calme, la maison (271 rue de Paris) s’étale sur une surface de plus de mille mètres carrés avec une grande cour à l’extérieur. Elle est sur deux niveaux avec 22 pièces dont une grande bibliothèque, des salles de classe. Elle a la particularité d’abriter la mosquée de Taverny. Depuis 2002, la célébration s’y tient. Les responsables ont déjà pris les devants pour les préparatifs de l’événement qui survient dans une période de crise sanitaire avec une ribambelle de recommandations formulées par l’administration française.
L’accès des lieux de célébration (salle du Palais des Congrès de Montreuil par exemple) n’étant pas autorisé, la maison Keur Serigne Touba, qui est par ailleurs un centre islamique, risque d’accueillir plus de fidèles que d’habitude. Le comité d’organisation se tient prêt et place cette célébration sous le sceau de la responsabilité comme l’a souligné d’emblée Gora Diop, l’un des responsables. «Le monde vit une situation sanitaire difficile qui appelle à la responsabilité de chacun. L’Islam recommande de ne pas poser des actes qui pourraient nuire à une personne. C’est tout le sens de la démarche du Khalife général, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, depuis le début de la pandémie. Il ne faut pas oublier le fait que l’événement aura lieu en début de semaine. Par conséquent, beaucoup iront au travail le lendemain et à l’école. Mais l’affluence pourrait être importante. C’est pourquoi nous parons à toutes les éventualités», explique-t-il.
En intelligence avec les autorités françaises
Taverny accueillera très probablement plus de monde que d’habitude. Mais Gora Diop, titulaire d’une Maîtrise en sociologie, reste serein et confiant. Il assure qu’un protocole en phase avec les recommandations des autorités françaises a été établi. Il s’agira de faire respecter les gestes barrières en imposant le port du masque, l’utilisation du gel hydroalcoolique, le lavage régulier des mains et la distanciation physique. Lieu culturel officiellement déclaré et reconnu par les pouvoirs publics, Keur Serigne Touba est en contact permanent avec les autorités administratives en cette période de pandémie. «Nous sommes en parfaite intelligence avec la préfecture. Nous avons d’ailleurs reçu son représentant pour discuter de l’événement et du protocole mis sur pied par notre comité d’organisation. Et il en a été satisfait. Entre temps, il y a eu de nouvelles mesures qui limitent les regroupements festifs à 30 personnes, mais les lieux de culte et les manifestations religieuses ne rentrent pas dans ce cadre. Quoi qu’il en soit, le Magal aura lieu», assure-t-il.
Dans l’application de ces mesures prises par le comité d’organisation, des équipes sont mises en place pour la gestion de la sécurité, de l’hygiène, de la communication et du «berndé» (le service alimentaire). Rien n’est laissé au hasard, même la météo. «Nous avons travaillé sur différentes hypothèses. Le protocole sera adapté en fonction du lieu de rassemblement et de la pluie. À l’intérieur, nous travaillerons alors en fonction d’une jauge du nombre de personnes, voir comment ventiler et avoir une circulation des fidèles à certaines heures», soutient Gora Diop.
Il reste, toutefois, à évaluer le nombre de personnes attendues le jour du Magal. Les années précédentes, Keur Serigne Touba Taverny accueillait très souvent plus de 300 personnes dans la journée. Mais Gora Diop rassure : «nous ne pouvons certes pas évaluer le nombre de personnes qui viendront, mais en raison de la Covid-19, nous allons être rigoureux et mettre l’accent sur la sécurité et les berndé. Il y en aura vraiment assez pour tout le monde. 150 voire 200 personnes, c’est le minimum attendu». Hormis les mesures restrictives, le changement majeur se trouve dans la programmation. Les causeries qui étaient organisées dans la journée n’auront pas lieu cette année. Cependant, des «récitals» du Coran et des déclamations de panégyriques agrémenteront la matinée.
Un plan B à Aulnay-Sous-Bois
Ailleurs, dans la capitale du pays de Marianne, le comité du 18 Safar s’active aussi pour une organisation exceptionnelle de l’événement. Il regroupe des «dahiras» et «Kourels» de l’Ile-de-France. Depuis trois ans, les responsables ont créé une nouvelle organisation nommée «Kourel» 18 Safar Paris regroupant différents «dahiras» de l’Ile-de-France. Beaucoup d’incertitudes planent sur cette édition du Magal de Touba en France. Abdou Aziz Guèye, s’exprimant au nom du responsable de Keur Serigne Touba à Aulnay-Sous-Bois où est domicilié le Collectif des mourides de France, n’en pense pas moins. Selon lui, ils nourrissaient l’ambition de louer une salle plus grande que celle du Palais des Congrès de Montreuil où, les fois précédentes, le «Kourel» 18 Safar a réussi à mobiliser des milliers de personnes le soir du Magal. Les démarches étaient bien entamées et le lieu presque acquis jusqu’à ce que le Préfet publie les nouvelles mesures restrictives interdisant les rassemblements de plus de mille personnes. «L’épidémie a repris de plus belle et le maire de la ville nous a notifié un refus pour l’organisation de l’événement. Nous attendions au moins 5.000 personnes», affirme-t-il.
Cependant, le Kourel 18 Safar a réfléchi à un plan B qui consiste à célébrer le Magal dans différents endroits. Ainsi, dans le souci de limiter le nombre de personnes, chaque « dahira » organisera l’événement à son siège avec tout le rituel festif. Ils ont prévu de distribuer des « berndé » dans le 18ème, à Trocadéro, à Louvre, à Saint-Denis. Malgré la crise économique provoquée par la Covid-19, le kourel 18 Safar compte envoyer le « hadiya » (contribution financière) au khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, et à Serigne Cheikh Dieumb Fall. Ils visent la somme de 20.000 euros. Dans le souci de collecter plus d’argent, le Kourel a lancé une activité économique en créant une société productrice de café Touba.
Dans le 18ème arrondissement, sur la rue Myrha, à l’angle de la rue Affre, c’est déjà la communion. Des fidèles se retrouvent spontanément tous les après-midis, dès le début du mois de Safar pour marquer l’événement. Café Touba et autres boissons chaudes, beignets, jus de fruits sont gracieusement distribués aux riverains et passants. Comme happés par la nostalgie, ils reconstituent l’ambiance de leur terre d’origine.
LE MAGAL, UNE BOUFFÉE D'OXYGÈNE POUR LA RELANCE ÉCONOMIQUE
En 2017, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb), en collaboration avec le comité d’organisation du Grand Magal de Touba, avait révélé que cet évènement religieux génère, chaque année, en moyenne, 250 milliards
Le Magal 2020 pourrait être le point de départ de la relance économique dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19, analyse Dr Alioune Badara Dione, chercheur et auteur de beaucoup d’ouvrages sur le Mouridisme.
En 2017, une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Alioune Diop de Bambey (Uadb), en collaboration avec le comité d’organisation du Grand Magal de Touba, avait révélé que ce grand évènement religieux génère, chaque année, en moyenne, 250 milliards de FCfa. Cette étude avait pris en compte l’activité commerciale autour de ce rendez-vous annuel, les transferts d’argent, les ruminants achetés et égorgés pendant cette célébration. Cependant, cette année, le grand Magal de Touba est célébré dans un contexte particulier marqué par la pandémie de la Covid-19. Depuis plusieurs mois, les économies des pays sont au ralenti en raison de la crise sanitaire.
Malgré les incertitudes, le grand Magal aura lieu. Touba sera le lieu de ralliement de millions de pèlerins venus du Sénégal et de la diaspora. Un intense moment d’activités économiques, indique le chercheur Dr Alioune Badara Dione, auteur de plusieurs ouvrages sur le Mouridisme. Dans le contexte actuel, a-t-il précisé, l’économie nationale a besoin d’être relancée. D’ailleurs, le Président de la République, Macky Sall, a présidé le 29 septembre 2020, au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, un Conseil présidentiel spécialement consacré à la relance de l’économie nationale. Le Magal, dit-il, peut être un point de départ de cette relance. Pendant toute la période de cet évènement religieux, Touba, la capitale du Mouridisme, est le centre de production et de consommation. Dr Alioune Badara Dione rappelle que 97% des acteurs économiques au Sénégal s’activent dans l’économie informelle. Parmi ces acteurs, une grande partie appartient à la communauté mouride. «Sans risque de se tromper, on peut dire que plus de la moitié sont des mourides», renchérit-il.
Pendant le Magal, la communauté mouride d’ici et d’ailleurs rallie Touba. Ceux qui ne peuvent pas faire le déplacement envoient de fortes sommes d’argent aux familles restées au Sénégal. Rien que cet apport, explique l’auteur de l’ouvrage «Lecture scientifique de l’action de Khadim Rassoul», permet de faire la relation entre les Mourides et l’économie nationale. «Pendant le Magal, l’activité économique est à son paroxysme. Il y a des unités économiques qui ne fonctionnent que pendant le Magal. Cela existe aussi à la Mecque. L’économie de la Mecque est tirée par le pèlerinage. C’est pareil pour le Magal. Touba, pendant cet évènement, est le centre de production et de consommation de l’économie nationale», explique Dr Alioune Badara Dione.
D’après toujours le chercheur, le Magal qui se tient ce 6 octobre est une occasion pour beaucoup d’acteurs qui ont connu des contreperformances à cause de la pandémie de la Covid-19 de se relancer. Toutefois, il précise que la pandémie de cette année risque d’avoir un impact certain sur l’économie du Magal. Le deuxième plus grand évènement religieux au monde après le pèlerinage à la Mecque, si l’on en croit Dr Alioune Badara Dione, risque d’avoir moins d’impact sur le plan économique à cause de la crise liée à la pandémie de la Covid-19. «Les interactions liées au déplacement, aux capacités d’accueil, tout sera réduit. L’impact sera amoindri mais il sera là», explique Dr Dione.
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YAYE KENE GASSAMA, FEMME DE SCIENCE
EXCLUSIF SENEPLUS - Heritages reçoit la Professeure titulaire à la faculté des Sciences et Techniques de l'Ucad, première femme au Sénégal, à avoir dirigé une chaire scientifique, pour un entretien enrichissant
Pour son troisième numéro, Heritages reçoit Yaye Kène Gassama, Professeure titulaire à la faculté des Sciences et Techniques de l'Universite Cheikh Anta Diop de Dakar. Elle est la première femme, au Sénégal, à avoir dirigé une chaire scientifique.
La chercheure, ancienne ministre de la Recherche scientifique et membre de l’Académie des sciences du Sénégal, parle de sa passion pour la science, de l’éducation des filles, de ses études en France, de ses missions en tant qu’universitaire, de sa rencontre avec le soufisme, de ses projets scientifiques, des enjeux des biotechnologies, de l’intelligence artificielle, etc.
Yaye Kène Gassama répond aux questions de l’éditorialiste de SenePlus, Paap Seen.
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DE QUOI ACCUSE-T-ON OUSMANE SONKO ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour la première fois, un opposant incite les jeunes de son parti à s'investir dans l'agriculture. Voilà une action du leader de Pastef qui devrait inspirer ses adversaires préoccupés à distraire l'opinion, estime Serigne Saliou Guèye
Serigne Saliou Gueye est formel. Le pouvoir ne dispose d'aucun élément qui pourrait incriminer Ousmane Sonko. Selon lui, le texte récemment publié par des politiciens originaires de la Casamance taxant le leader de Pastef de régionaliste, et la sortie de Mansour Faye corroborent la thèse de l'encnlenchement d'une procédure de liquidation politique de Sonko.
L'éditorialiste de SenePlus estime que le camp du pouvoir devrait attaquer le Patriote sur le terrain de la bonne gouvernance. ''Ousmane Sonko a le droit comme tout autre sénégalais de demander à rencontrer le président Macky Sall. Il a aussi le droit de donner son avis, s'il n'est pas du tout satisfait de la politique menée par le gouvernement au Sénégal et particulièrement en Casamance'', selon Serigne Saliou Guèye qui ajoute : '' Macky n'avait-il pas déclaré que le Fouta est son titre foncier ? Pour la première fois dans notre vie politique, un opposant incite les jeunes de son parti à s'investir dans l'agriculture. Voilà une action d'Ousmane Sonko qui devrait inspirer ses adversaires politiciens", relève-t-il.
DÉJÀ 13 MORTS DANS DES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Le colonel Cheukh Tine commandant du la brigade des sapeurs pompiers détacher au grand Magal a dréssé un bilan mi-parcours de la couverture sécuritaire.
Le colonel Cheukh Tine commandant du la brigade des sapeurs pompiers détacher au grand Magal a dréssé un bilan mi-parcours de la couvertue sécuritaire. Il fait état de 13 morts causées par les accidents.
«Nous avons pour le moment effectué plus de 80 interventions depuis la mise en place du dispositif de couverture. Malheureusement nous déplorons 13 décès enregistrés suite à des accidents de la route. Il faut également signaler que la plupart de ces accidents implique des motos Jakarta. », a déclaré le colonel Tine.
Il a également souligné que la brigade nationale des sapeurs-pompiers a déployé plus de 360 éléments, 80 véhicules et engins et un nombre important de motos équipées de trousses de secours et d’extincteur pour la couverture sécuritaire de ce Magal.
20 000 VÉHICULES ANNONCÉS POUR UN COÛT DE 900 MILLIARDS F CFA
Sur le segment du transport interurbain, un potentiel d’environ 20 000 véhicules est à renouveler, dont 8 000 ’’7 places’’. L’’assurance est donnée par Me Oumar Youm
Sur le segment du transport interurbain, un potentiel d’environ 20 000 véhicules est à renouveler, dont 8 000 ’’7 places’’. L’’assurance est donnée par Me Oumar Youm, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Qui ajoute dans un entretien accordé à L’Obs : "pour bénéficier de ces minibus, il faut être transporteur bénéficiant d’un agrément et remplir les critères financiers pour bénéficier d’un crédit bancaire ou acquérir sans financement bancaire mais aussi disposer d’un véhicule dans le transport interurbain avec licence."
La priorité du renouvellement sera accordée aux ’’7 places’’, aux cars-rapides, et aux ’’Ndiaga-Ndiaye’’.
Le minibus devrait coûter 19 millions F CFA (hors taxe)
"Il faut dire que l’État est responsable du service public de transport mais n’achète pas directement. Il garantit les paiements et veille sur l’acceptabilité des conditions financières. Globalement, le renouvellement du parc automobile coûtera environ 900 milliards F CFA, pour un potentiel d’environ 45 000 véhicules à remplacer sur une période de cinq ans, à compter de 2021, qui marquera officiellement la phase intensive du renouvellement. Le minibus devrait coûter moins de 19 millions F CFA HT. Il n’y aura pas de subvention. Toutefois, l’État peut prendre des mesures fiscales pour réduire le prix de revient des véhicules à travers l’exonération fiscale.
A l’en croire, en 2022, tous les véhicules âgés de plus de 25 ans seront interdits de transport public. Et tous les véhicules retirés iront à la casse, à l’exception des échantillons qui serviront de véhicules de collection ou ceux qui seront dans un Musée, retraçant l’histoire des moyens de transport au Sénégal.
En attendant, le premier lot concerne 1000 minicars qui seront importés mais le 1001e minicar sera assemblé au Sénégal. "Cela permettra de créer des emplois, plus de richesse, et de réduire encore les prix. Nous voulons profiter du potentiel de véhicules à renouveler pour jeter les bases d’un embryon d’industrie automobile au Sénégal", conclut la tutelle.