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5 juillet 2025
LA MONTÉE DE L'INTOLÉRANCE
Le Sénégal se singularise par son hospitalité légendaire et la cohabitation harmonieuse des différentes obédiences religieuses. Cette exception est gravement menacée, actuellement, par l’enracinement de nouvelles mœurs qui sapent cette unité
Le Sénégal se singularise par son hospitalité légendaire et la cohabitation harmonieuse des différentes obédiences religieuses. Cette exception est gravement menacée, actuellement, par l’enracinement de nouvelles mœurs qui sapent cette unité. Les causes en sont multiples et les motivations insidieuses.
Dans sa livraison de ce week-end, le quotidien ‘’Vox Popilu’’ a rapporté des menaces de la famille omarienne contre une Sénégalaise établie à l’étranger. Cette dernière, d’après les descendants de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, n’a trouvé mieux que d’insulter leur guide religieux, à travers les réseaux sociaux. Pire, rapportent les confrères, la dame en question appartient à un groupe d’expatriés qui n’épargnent aucune figure religieuse dans leurs posts. ‘’Ils semblent avoir une autre idée de la religion et de l’organisation de notre pays’’, s’indigne-t-on.
Dernièrement, on a assisté au refus de l’inhumation d’un salafiste ou ‘’ibadou’’ dans le cimetière du village de Keur Niang, à Touba. Les raisons évoquées en cette circonstance sont, entre autres, la non-appartenance du défunt à la communauté mouride, même s’il est musulman.
Ces exemples traduisent-elles une intolérance ou une nouvelle conception de la religion basée sur des principes identitaires ? Emmanuel Kant disait que ‘’la religion sans la conscience morale n’est qu’un culte superstitieux’’.
L’urgence d’éduquer les disciples
Pour le socio-anthropologue des religions, Pape Serigne Sylla, ces agissements ‘’sont symptomatiques d’une agonie de l’altérité confessionnelle dans notre pays qui tient de différents facteurs. D’un côté, la déification des figures symboliques traditionnelles (fondateurs des confréries) a provoqué chez les disciples, de part et d’autre, une attitude exclusiviste et un sentiment de supériorité. D’un autre côté, la démystification croissante des dépositaires actuels de l’autorité (khalifes généraux) a favorisé les dissidences comportementales chez certains disciples qui n’hésitent plus, à titre d’exemple, à ne pas souscrire au ‘ndigël’’’.
A cette analyse, M. Sylla rajoute l’existence d’un phénomène plus récent, qui est celui, dit-il, de la confrontation grandissante qui s’est opérée dans l’espace religieux sénégalais, entre les adeptes des rigueurs scripturaires de la ‘’Loi’’, communément appelés ‘’ibadou’’, et les partisans des subtilités spirituelles de la ‘’Voie’’, à travers les ordres soufis.
‘’Ceci constitue une véritable menace pour l’équilibre social et l’harmonisation des croyances. Nous avons ici une nouvelle tendance d’un islam de culte, sans culture, qui interpelle sur l’urgence d’éduquer les disciples à davantage de tolérance et d’ouverture. Il est certainement urgent de sortir des clôtures dogmatiques qui contreviennent à la possibilité de vivre ensemble et de bâtir une identité religieuse fidèle aux traditions fédératrices de l’islam dans notre pays’’, indique le socio-anthropologue des religions.
Cependant, la situation va au-delà de ces exemples. Le problème est même plus profond. En effet, au-delà du virtuel, il peut squatter l’espace public. Les adeptes des émissions nocturnes diffusées ces dernières années durant le mois de ramadan, ont quelquefois apprécié ou fustigé les positions radicales prises, dans certaines chaines télévisées, en faveur d’une communauté ou d’un guide religieux. La suite de ces séquences ‘’déplorables’’ s’est jouée, le plus souvent, sur les réseaux sociaux où les commentaires désobligeants se sont multipliés.
En octobre 2019 déjà, le Cadre unitaire de l’islam au Sénégal alertait sur les menaces qui pèsent sur le modèle du vivre ensemble sénégalais. ‘’Le vivre ensemble sénégalais a une réputation mondiale de solidité et de résilience. Cependant, les escarmouches et autres manifestations de la crise du vivre ensemble se multiplient entre soufis et non soufis, entre musulmans et chrétiens, à l'intérieur même des confréries soufies, parfois de même obédience’’, constatait le président du Cadre unitaire de l'islam, Cheikh Ahmet Tidiane Sy, dans une publication du site rfi.fr.
Ce qui fait dire au socio-anthropologue des religions, Pape Serigne Sylla, que les formes modernes d’expression de la religiosité au Sénégal se manifestent aujourd’hui par une adhésion de masse qui ne repose guère sur des rites d’initiation. Cela a pour conséquence, dit-il, la ‘’folklorisation’’ des pratiques cultuelles et le recours à la confrérie comme une construction idéologique. ‘’L’expression de la religion dans notre pays est devenue éminemment politique, ces dernières années. Sa dimension ésotérique est atrophiée au profit de polémiques, querelles identitaires et allusions calomnieuses. Derrière la posture affichée de solidarité et d’apaisement chez quelques marabouts, se cache une hostilité grandissante et sans concession entre les disciples’’, relève M. Sylla.
Les médias n’ont pas le droit de créer des tensions
Cependant, l’on est tenté d’interroger le rôle des médias dans ces dérives susceptibles de créer des tensions et remettre en cause la stabilité nationale. A ce propos, le journaliste-formateur Ibrahima Bakhoum est d’avis qu’il est difficile d’aborder l’histoire de nos figures religieuses au Sénégal. Car, dit-il, ‘’si vous mettez en exergue quelqu’un, il y a une tendance à penser que vous êtes en train d’affaiblir d’autres, alors que cela ne devrait pas se passer comme ça. Les gens ne sont pas des rivaux. Ce sont des personnalités sénégalaises. Chacune a son histoire et tout est lié à la religion’’.
Seulement, précise le professionnel des médias, les problèmes surviennent lorsqu’on essaye de comparer deux figures religieuses. Ce qui entraine, le plus souvent, avertit-il, des soulèvements.
‘’En invitant les gens dans une émission, on doit leur préciser que c’est pour faire de l’histoire à l’endroit de tous les Sénégalais. Les médias n’ont pas le droit de créer des tensions. La mission d’une télévision ou d’une radio n’est pas d’opposer des confréries ou des gens qui sont sur le même espace religieux. Ils doivent travailler à l’équilibre de la société, à la pacification de l’espace politique’’, poursuit le Pr. Bakhoum. Ce dernier estime, par conséquent, qu’il revient à l’animateur d’ériger des garde-fous, afin d’éviter les dérives.
Le socio-anthropologue des religions, Pape Serigne Sylla, lui, est d’avis que le phénomène de compétition observé entre différentes obédiences néo-confrériques, durant le mois de ramadan, ne relève pas d’une simple contingence télévisuelle. Bien au contraire, explique le spécialiste, ‘’il s’agit d’une expression médiatique de la mort imminente de l’altérité confessionnelle au Sénégal. Si l’on considère ces groupes, dans un cadre d’analyse interactionniste propre au sociologue Erving Goffman, ces dernières années laissent apparaitre et s’accroitre une concurrence de valeur sociale positive dans laquelle aucune confrérie ne veut perdre la face’’.
Ibrahima Bakhoum pense, d’ailleurs, qu’il ne s’agit pas toujours de débordements, mais plutôt de faits racontés et qui n’arrangent pas toujours toute l’opinion. ‘’Quand quelqu’un raconte une histoire avec précision, est-ce que nous préférons, au nom de la coexistence, passer outre ces faits ? Si on les ignore, on ne fait plus de l’histoire. Si nous ne parlons pas de notre histoire, nous allons continuer de parler de De Gaulle, de Charlemagne… C’est notre histoire qui est compliquée et parler de nous renvoie à des oppositions parmi nous, alors que les figures qu’on évoque dans les débats ne se sont jamais fait la guerre’’, se désole le journaliste-formateur.
Réseaux sociaux, les dynamiteurs
Dans cette guerre des mots, les réseaux sociaux jouent un rôle central. En plus de contribuer à l’amplification des messages diffusés, c’est le lieu des invectives et autres polémiques. Le relatif anonymat y libère la parole. C’est ainsi que des organisations islamiques et des familles religieuses sont montées au créneau, en 2019, pour fustiger les injures et autres messages outrageants véhiculés à travers ces plateformes numériques.
La convergence Taxawu Ndonoy Makni a ainsi choisi de se dresser ‘’contre le fléau anti-islam (…) qui se dessine, non plus sous les formes hideuses d’exactions à l’actif de l’extrême droite occidentale islamophobe, mais surgissant des rangs même de la Oumah islamique, d’où émergent depuis quelque temps d’obscures individualités qui semblent s’être fixé pour seul et unique objectif de détruire le dernier bastion censé préserver notre cher pays contre l’intolérance religieuse et l’extrémisme violent…’’. L’organisation, mise sur pied par Mame Makhtar Guèye et Cie dénonce un nouveau challenge consistant à collecter un maximum de followers censés être convertibles en ‘’espèces sonnantes et trébuchantes’’, au détriment de la stabilité sociale du pays.
‘’Il ne se passe pas rarement un mois, voire une semaine sans que nos honorables personnalités religieuses, toutes confréries confondues, ne fassent l’objet d’inadmissibles irrévérences publiques, risquant de mettre en péril notre légendaire bonne convivialité inter-confrérique’’, s’indignaient les membres de la convergence.
Le consultant-formateur spécialisé en nouveaux médias précise toutefois que les réseaux sociaux ne créent ni une façon de voir les choses, encore moins un nouveau mode de vie, mais amplifie le fonctionnement de la société. ‘’Ils permettent de donner une visibilité exponentielle à un message ou un débat dans une communauté. Sur Internet, la parole est libérée, contrairement à ce qui se passe avec les médias classiques où seuls les professionnels peuvent s’y exprimer. Avec les réseaux sociaux, n’importe qui a la possibilité de prendre une position et de faire en sorte qu’elle soit diffusée massivement’’, explique Mountaga Cissé.
Par rapport aux dérives notées dans ces réseaux, le formateur reconnait qu’il y a des efforts à faire dans la régulation. ‘’Sur les réseaux sociaux, il existe une régulation ou modération à postériori. Des insultes peuvent être signalées à Facebook afin qu’on les retire, mais cela risque de prendre du temps. Les promoteurs de Facebook ne sont pas des Sénégalais, donc nous n’avons pas la même réalité’’, fait savoir M. Cissé.
‘’Leur seul objectif est de créer des divergences entre ‘tarikha’…’’
D’après son constat, le terme ‘’liberté d’expression’’ peut parfois déboucher sur des dérives. Mountaga Cissé en veut pour preuve les insultes proférées à l’encontre de certaines institutions ou personnalités religieuses. ‘’Il y a des gens tapis dans l’ombre qui se réclament mourides, alors qu’ils ne le sont pas et qui insultent les tidianes. Et vice-versa. Leur seul objectif est de créer des divergences entre ‘tarikha’ ou religions…‘’, relève-t-il.
Monsieur Cissé regrette cependant qu’il soit difficile de réguler les réseaux sociaux, au regard du nombre important d’utilisateurs. ‘’Sur les réseaux sociaux, il m’arrive de dire aux gens : si vous voyez ces types de contenu, il faut les signaler, même si c’est en langue wolof. Il suffit d’avoir un certain nombre de signalements sur un contenu pour que celui-ci soit bloqué ou l’utilisateur lui-même pour quelques jours ou définitivement’’, indique le consultant-formateur. Avant de souligner qu’il faut mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation, afin de venir à bout de cette situation. ‘’Les organisations de la société civile doivent faire en sorte que le message positif soit diffusé. Mais, malheureusement, sur les nouveaux médias ou Internet, une fausse information peut être très virale et distribuée massivement, alors qu’une information d’intérêt général a du mal à faire le tour du monde. C’est la personnalité humaine qui est comme ça, qui cherche tout ce qui est scandale, tout ce qui est buzz, insulte, dénigrement’’, regrette-t-il.
Monsieur Cissé pense ainsi que les spécialistes des nouveaux médias doivent jouer un rôle dans la sensibilisation. ‘’Ils ne doivent pas seulement chercher à générer de l’audience ou un grand nombre de visiteurs, mais faire en sorte que certains contenus négatifs soient supprimés, quitte à perdre des visiteurs’’.
Un retour à l’orthodoxie
Aux yeux d’Ibrahima Bakhoum, les réseaux sociaux influent d’ailleurs dans les émissions médiatiques. En effet, fait remarquer le formateur, aussi bien l’invité que l’animateur donnent l’impression d’être orientés par rapport aux débats virtuels. ‘’Si l’invité utilise son temps d’antenne pour répondre aux gens qui ont écrit des choses sur lui, le message est faussé, car celui qui n’a pas lu les réseaux sociaux ne peut pas comprendre ce que la personne en face est en train de dire. On ne répond pas à des ombres’’, souligne le journaliste.
Un retour à l’orthodoxie pourrait peut-être faire l’affaire, dans cette nouvelle ère marquée par l’ascension du numérique et la propagation des messages radicaux à travers ces supports. Le formateur spécialisé en nouveaux médias pense, d’ailleurs, que les pouvoirs publics, comme la population, ont un rôle à jouer à travers l’éducation et la sensibilisation, afin de privilégier la diffusion des messages positifs.
Le chercheur Cheikh Guèye, Secrétaire général du Cadre unitaire de l’islam, invitait, à l’époque, à un retour vers les enseignements des différents guides religieux. ‘’Tous les enseignements de paix, de cohabitation pacifique de nos grandes figures religieuses ne sont pas enseignés dans nos écoles. Il est très important que nos élèves, nos étudiants soient imprégnés de ces enseignements qui représentent des ressorts qui leur sont proches, qui peuvent, beaucoup plus que d'autres, les convaincre que l'exceptionnalité du vivre ensemble sénégalais doit être promu et sauvegardé’’. Un discours qui mérite d’être intériorisé.
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LE G5 SAHEL ET LA FRANCE SE RÉUNISSENT EN MAURITANIE POUR LUTTER CONTRE LE JIHADISME
Les pays du G5 Sahel et la France se réunissent ce mardi à Nouakchott pour faire le point sur leur combat contre les jihadistes, six mois après avoir décidé d'intensifier l'effort commun pour reconquérir le terrain perdu dans la région.
Les pays du G5 Sahel et la France se réunissent ce mardi à Nouakchott pour faire le point sur leur combat contre les jihadistes, six mois après avoir décidé d'intensifier l'effort commun pour reconquérir le terrain perdu dans la région.
Emmanuel Macron et les chefs d'État de Mauritanie, du Mali, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad se retrouvent, mardi 30 juin, à Nouakchott, la capitale mauritanienne, six mois après les promesses échangées à Pau. Le président français ainsi que le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez effectuent à cette occasion leur premier déplacement en Afrique depuis la crise du coronavirus à l'occasion de ce sommet du G5 Sahel .
Le 13 janvier dernier, le sommet de Pau avait été organisé après une série de revers des armées de la région face aux jihadistes, de la mort de 13 soldats français en opération et de remises en question de l'intervention française. Les chefs d'État du G5 Sahel et l'allié français avaient alors décidé de concentrer leur action contre l'organisation État islamique dans la "zone des trois frontières" (Mali, Burkina, Niger), sous un commandement conjoint de la force française Barkhane et de la Force antijihadiste du G5 Sahel.
DES MAGISTRATS FONT TOUT POUR QUE LE TEXTE NE SOIT PAS PUBLIÉE
Me Malick Sall. Me Aya Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust, accuse des magistrats en service au ministère d’être à l’origine des blocages dans la publication des décrets signés par Macky Sall, comme l’instauration du Fonds commun des greffes
Le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) n’est pas près d’abandonner le combat qui l’oppose au ministre de la Justice, Me Malick Sall. Me Aya Boun Malick Diop, secrétaire général du Sytjust, accuse des magistrats en service au ministère d’être à l’origine des blocages dans la publication des décrets signés par le Président Macky Sall, comme l’instauration du Fonds commun des greffes.
Quel bilan tirez-vous du mouvement de grève de votre syndicat ?
Il faut remarquer que c’est un mouvement largement suivi, presque je dirai à 99%. Il y a une petite défaillance du fait qu’il y a certaines personnes qui se disent qu’elles ne se reconnaissent plus de ce syndicat, donc à part ça c’est un mouvement très suivi. Aujourd’hui, les travailleurs de la justice dans leur majorité sont déterminés plus que jamais à défendre les fruits de leur lutte qui sont devenus maintenant des réformes actées par des décrets du président de la République qui, malheureusement, ne sont pas mises en œuvre par la Chancellerie.
En réalité, c’est le ministre de la Justice qui, depuis son accession à la tête du département de la Justice, peine à mettre en œuvre ces réformes. Parce qu’en réalité, on s’est rendu compte que la mise en œuvre de ces réformes est à la périphérie de son agenda. Mais maintenant, la lutte a pris une autre dimension parce qu’on s’est rendu compte que le ministre est dans une position de combat contre les travailleurs de la justice. Parce que depuis que nous nous sommes mis à le dénoncer, il s’est mis dans une posture de pourfendre tout ce que nous avons comme acquis.
En quoi faisant ? En dressant un argumentaire qu’il a exposé au gouvernement et au président de la République pour revenir sur l’ensemble de nos acquis. Donc, c’est conscient de tous ces enjeux que les travailleurs de la justice se sont mobilisés pour préserver leurs acquis qui, en réalité, sont les acquis même du service public de la justice, parce qu’avec des travailleurs motivés, on ne peut délivrer qu’un service public de qualité.
Avez-vous tenté de rencontrer le ministre de la justice Me Malick Sall ?
Il est là depuis 14 mois. Nous l’avons rencontré à deux reprises. Le Bureau exécutif national l’a rencontré à deux reprises. Nous l’avons sensibilisé, nous l’avons observé, nous avons pris le temps de voir qu’est-ce qu’il veut exactement. Lorsqu’on s’est rendu compte qu’il n’était pas dans les dispositions de mettre en œuvre les réformes qu’il a trouvées sur place, on a déposé un préavis de grève depuis le 6 février 2019.
On a attendu jusqu’à juin. On a débuté la grève le 15 juin. Mais avant d’aller en grève le 15 juin, on a fait des sorties dans le domaine public pour critiquer sa façon de faire à partir du 2 juin, 9 juin, 22, 24 et 28 juin. Donc, il avait tout le temps pour nous faire l’économie de cette crise.
D’où viennent les ressources du fonds commun que vous réclamez ?
Le fonds commun des greffes existe depuis 1993. Il est alimenté par les frais de délivrance des actes de justice (casier, jugement, arrêt). Maintenant, il y a de nouveaux décrets qui prennent en charge de nouvelles recettes. Ce sont ces décrets-là que le ministre de la Justice refuse de faire publier. Pour ces recettes, il y a de nouvelles niches. Par exemple les amendes et les consignations, certains droits ont été un peu augmentés.
Donc depuis que ces décrets ont été signés en 2018, le ministre refuse de les publier pour la simple raison qu’il y a des personnes qui veulent créer leur propre fonds commun, c’est le fonds commun des magistrats puisque les amendes et consignations alimentaient le fonds commun des magistrats qui a été créé en 2011. Mais lorsque le Président Macky Sall est venu, il a dit qu’un magistrat ne peut pas juger et prendre l’argent des amendes et des consignations et le mettre dans sa poche.
Donc il a éliminé le fonds commun des magistrats le 30 août 2012. C’est Abdoulaye Wade qui l’avait créé le 1er décembre 2011. Les amendes et consignations qui devaient alimenter ce fonds commun des magistrats ont été versées dans le fonds commun des greffiers en 2018. C’est ce que certains magistrats du ministère de la Justice n’arrivent pas à gober. Mieux, ils proposent maintenant au ministre de la Justice de créer le fonds commun de la justice pour que les magistrats bénéficient de ces amendes et consignations. Ce qui est inadmissible. C’est pour cela qu’ils ont bloqué la publication des décrets.
Donc ce sont des collaborateurs du ministre, notamment des magistrats, qui sont à l’origine du blocage ?
Mais il est entré dans leur jeu. Ils l’ont convaincu à prendre fait et cause pour eux. Depuis que le décret est sorti, ceux qui sont au ministère de la Justice, de connivence avec ceux qui sont au secrétariat général du gouvernement qui est chargé de la publication, il y a des magistrats là-bas, ils ont fait tout pour que le texte ne soit pas publié dans l’éventualité de créer leur fonds afin de reprendre les recettes qui nous ont été allouées.
Les justiciables souffrent de cette grève. Jusqu’où le Sytjust est prêt à aller ?
Ce n’est pas la bonne question. La bonne question c’est jusqu’où le ministre de la Justice est prêt à aller. Parce que tant qu’il s’emmure dans un silence alors que c’est lui le responsable du bon fonctionnement des Cours et tribunaux, tant qu’il refuse le dialogue, nous sommes obligés de nous battre parce qu’on ne va pas accepter de travailler pour ne pas jouir de notre travail.
Dans la justice, il y a des travailleurs pauvres, c’est nous. Notre fonds commun est moribond. Nous avons des salaires indécents, nous n’avons même pas de plan de carrière.
Tant que le ministre sera dans cette posture, nous serons obligés de défendre nos intérêts matériels et moraux. C’est vrai, c’est regrettable qu’il y avait des dommages collatéraux auprès des justiciables, mais on n’y peut rien. L’unique comptable, c’est le ministre de la Justice qui essaye de nous châtier en représailles à notre témérité de l’avoir dénoncé publiquement.
LA CAN REPORTÉE À 2022
Comme pour l'Euro et les JO, le calendrier original de la CAN-2021 n'aura pas résisté à la crise sanitaire liée au Covid-19. La prochaine Coupe d'Afrique des nations, initialement programmée en janvier au Cameroun, s'y tiendra finalement un an plus tard
Il n'y aura donc pas eu de miracle. Au même titre que l'Euro, la Copa America ou encore les Jeux olympiques, la Coupe d'Afrique des nations 2021 n'aura pu échapper à un report. La décision a été prise, mardi 30 juin, par la Confédération africaine de football (CAF).
Le comité exécutif de la CAF, réuni en visioconférence en raison de la pandémie de Covid-19, était invité à se prononcer sur la reprise des compétitions africaines dans les prochaines semaines. Tournoi phare du continent, la CAN-2021 a finalement été décalée d'un an. Elle se tiendra donc en janvier 2022, toujours au Cameroun.
Qualifications toujours en cours
Une décision globalement attendue puisque les qualification de la prochaine CAN n'avaient même pas pu être menées à leur terme en raison de la crise sanitaire. L'option d'une conclusion en octobre-novembre avait un temps été évoquée.
L'Algérie, tenante du titre après son triomphe en Égypte à l'été 2019, conservera symboliquement la couronne continentale un an de plus.
LA BELGIQUE S'EXCUSE POUR SON PASSÉ COLONIAL AU CONGO
Le roi des Belges a présenté "ses plus profonds regrets pour les blessures" infligées lors de la période coloniale à l'ex-Congo belge, une première historique dans le sillage de la vague d'émotion mondiale après la mort de George Floyd aux Etats-Unis
Faute de cérémonie à Kinshasa, capitale de l'actuelle République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), rendue impossible par la pandémie de coronavirus, le roi Philippe de Belgique a adressé une lettre au président de la RDC Félix Tshisekedi à l'occasion du 60e anniversaire de l'indépendance de son pays le 30 juin 1960.
Dans ce courrier communiqué à la presse, il évoque - sans nommer son ancêtre - l'époque de Léopold II, qui a été jugée la plus brutale par les historiens, quand le défunt roi gérait le Congo et ses richesses comme son bien privé depuis Bruxelles.
"A l'époque de l'État indépendant du Congo (de 1885 à 1908 quand Léopold II céda le territoire à l'Etat belge, ndlr) des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective", écrit Philippe, qui règne depuis 2013.
"La période coloniale qui a suivi (jusqu'en 1960) a également causé des souffrances et des humiliations.Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd4hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés", poursuit-il.
Le quotidien Le Soir a salué un "geste fort et historique" du souverain.
Après ces "regrets" viendront "peut-être des excuses" comme le réclame une part croissante de l'opinion et du monde politique, a souligné La Libre Belgique.
De son côté, la Première ministre Sophie Wilmès a souhaité un débat "sans tabou, avec sincérité et sévérité" sur cette "histoire partagée" entre Belges et Congolais.A l'occasion d'une cérémonie à Bruxelles, elle a rappelé qu'une commission parlementaire devait s'y atteler prochainement, associant experts belges et africains, une première en Belgique.
"Comme pour d'autres pays européens, l'heure est venue pour la Belgique d'entamer un parcours de recherche, de vérité, de mémoire" et de "reconnaître la souffrance de l'autre", a affirmé la dirigeante libérale francophone, en écho à la lettre du roi évoquant l'objectif d'une mémoire enfin "définitivement pacifiée".
- Statues vandalisées -
En 2000-2001, une commission d'enquête parlementaire s'était penchée sur le contexte de l'assassinat en janvier 1961 de Patrice Lumumba, éphémère Premier ministre du Congo.Elle avait conclu à la "responsabilité morale" de "certains ministres et autres acteurs" belges.
Outre le Congo, l'empire colonial belge comprenait également en Afrique le Ruanda-Urundi, territoire qui deviendra le Rwanda et le Burundi après son indépendance en 1962.
La mort de l'Afro-Américain George Floyd, asphyxié fin mai par un policier blanc à Minneapolis aux Etats-Unis, a ravivé en Belgique le débat sur les violences de la période coloniale au Congo et sur la personnalité très controversée de Léopold II qui régna de 1865 à 1909.
De nombreuses statues représentant l'ancien souverain à la longue barbe ont été vandalisées à travers le pays, souvent recouvertes de peinture rouge symbolisant le sang versé par les Congolais.
Certaines universités et municipalités ont également décidé de retirer statues ou bustes.Cela doit être le cas mardi après-midi dans un parc public à Gand.
Dans une pétition ayant recueilli plus de 80.000 signatures, le collectif "Réparons l'Histoire" a réclamé que "toutes les statues" en hommage à Léopold II soient retirées à Bruxelles, notamment la statue équestre érigée face au palais royal.
Le texte de cette pétition, un des éléments déclencheurs de la mobilisation désormais relayée par des élus belges, accuse Léopold II d'avoir "tué plus de 10 millions de Congolais", un nombre contesté par les historiens qui évaluent la "décroissance démographique" (morts, famines, maladies...) entre 1 et 5 millions.
Via des sociétés concessionnaires, Léopold II a recouru au travail forcé pour extraire notamment le caoutchouc au Congo.Des exactions - jusqu'aux mains coupées pour les travailleurs insuffisamment productifs - ont été documentées.
"On a mis en évidence les fameux +bienfaits de la civilisation+ apportés par les Belges, mais entre les routes, les hôpitaux, les écoles, on sait que tout ce qui a été construit visait essentiellement à servir ce système d'extraction et de production de richesses pour les colons", a fait valoir à l'AFP Romain Landmeters, chercheur à l'université Saint-Louis à Bruxelles.
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FLOU AUTOUR DES ÉVÉNEMENTS DE BISSINE
EXCLUSIF SENEPLUS - Qui a autorisé les populations à regagner leur village en plein hivernage ? Qui a assuré le transport dans des camions ? Les conditions de sécurité étaient-elles réunies ? L'Etat est vivement interpellé - ENTRETIEN AVEC COUMBA NDIAYE
Mondeafrik.com et SenePlus |
Publication 30/06/2020
Le 15 juin dernier à Bissine, un véhicule de l’armée a sauté sur une mine, faisant deux morts et des blessés graves, au moment du convoyage des populations dans leur village abandonné à cause de la crise casamançaise. Coumba Ndiaye Kane, ancienne député n’a pas caché son étonnement de voir des populations munies de coupe-coupes et de haches, transportées dans des camions, pour, dit-on, construire des huttes en pleine saison des pluies.
Selon elle, cette affaire est très sérieuse pour être rangée dans les tiroirs de faits divers. Et d’adresser ces questions au gouvernement, à l’Anrac et à l’Armée : qui a autorisé les populations à regagner leur village en plein hivernage ? Qui a assuré le transport dans des camions ? Les conditions de sécurité étaient-elles réunies ? Quelle est la part de responsabilité de l’Agence nationale pour la Relance des Activités économiques et sociales en Casamance (ANRAC) dans ce qui s’est passé à Bissine Albondy, quand on sait qu’elle a pour mission, entre autres, d’assurer la coordination des activités de reconstruction en Casamance ; de démobiliser et réinsérer les combattants et leurs familles et de piloter la dépollution des zones infestées (mines) ?
Au-delà de l’accident de Bissine Albondy, Coumba Ndiaye Kane exige des réponses sur le regain de tension en Casamance, après des années d’accalmie.
Il nous plait de vous féliciter sur les nombreuses mesures sanitaires prises dans le cadre de la politique de sensibilisation et de lutte contre le Coronavirus et surtout de votre leadership en Afrique avec les initiatives prises pour l’annulation de la dette africaine surtout en cette période de pandémie. Il nous plait aussi, Monsieur le Président de la République, de vous tenir informé de la situation à laquelle vivent depuis plusieurs mois les Sénégalais vivant au Maroc.
En effet, depuis la fermeture des frontières, des milliers de nos compatriotes sénégalais sont bloqués au Royaume du Maroc. Parmi ces nombreux Sénégalais, figurent de jeunes filles et garçons, regroupés au sein d’une structure de Petites et Moyennes Entreprises (PME) avec le GIE, dénommé GIE GP GLOBAL EXPRESS qui exercent dans le GP dans plusieurs destinations.
Ces derniers sont aujourd’hui dans l’expectative, car tous avaient acheté un billet pour rentrer au pays. Malheureusement ils n'ont pas pu embarquer. Ils se trouvent actuellement dans une situation de précarité et souhaitent rentrer au Sénégal.
Excellence Monsieur le Président,
Ces GP détiennent des colis qu’ils devaient expédier au Sénégal et se trouvent dans l’impossibilité de les acheminer depuis le début du confinement au Maroc.
Aujourd’hui aucun parmi ces Sénégalais ne peut plus se prendre en charge. Ils n’ont même plus de quoi payer, les frais d’hôtel, l’hébergement et pour la restauration, ils arrivent difficilement à y faire face.
Excellence, Monsieur le Président,
Compte tenu des nombreuses dépenses qu’ils ne peuvent supporter, vous connaissant soucieux et conscient du développement économique et social, nous avons pensé faire appel à votre générosité dans le cadre d’un soutien et nous sommes sûrs que votre geste ne nous fera pas défaut et contribuera à la réussite non seulement d’un élan de solidarité mais aussi à sortir ces Sénégalais des difficultés dont ils font face.
Espérant pouvoir mériter de votre soutien et à bénéficier de votre précieux concours, nous prions d’agréer, Excellence Monsieur le Président de la République, à l’assurance notre très haute considération.
LA PRESIDENTE
Ndeye Arame NGOM
Pape NDIAYE
MACKY ENFONCE UNE PORTE SANITAIRE DEJA OUVERTE
Avec la levée complète de l’état d’urgence, il n’est pas interdit d’avancer que la population risque de sauter sur mine pandémique dont les éclats feront sans doute des ravages communautaires
Hier, le président de la République Macky Sall a prononcé un énième discours… viral. Cette fois-ci, il a décrété la fin de l’état d’urgence déclaré au Sénégal depuis le 23 mars 2020 pour mieux lutter contre la pandémie du Covid-19.
Dans la foulée, il a levé définitivement le couvre-feu sur toute l’étendue du territoire à partir d’aujourd’hui, 23 heures. Entérinant une situation de fait. Car, le président de la République a enfoncé une porte de déconfinement total déjà ouverte. Ce, depuis les dernières manifestations contre ce couvre-feu à Dakar, Mbour, Mbacké, Touba, Thiès etc. Des manifestations qui avaient complètement fragilisé l’état d’urgence.
Sous la pression sociale, le président de la République avait dû écourter la durée du couvre-feu nocturne de 23h à 5 h du matin. Un couvre-feu qui avait déjà été ramené de 21h à 5h du matin après avoir été fixé à ses débuts à 20h pour se terminer à six heures du matin ! Pour en revenir au dernier format de ce couvre-feu que « Le Témoin » quotidien avait qualifié de « couvre-sommeil », les populations continuaient de repousser les « 23 h » au-delà par des violations flagrantes en cette période de chaleur.
Dans presque tous les quartiers de Dakar et sa banlieue comme Niary-Tally, Pikine, Thiaroye-gare, Parcelles Assainies, Guédiawaye, Rufisque, Hann-village, Ouakam, Colobane etc., les gens déambulaient dans les rues jusqu’au petit matin. Mieux, ils ne respectent plus les gestes barrières encore moins la distanciation sociale.
Dans les mosquées par exemple ! Pour preuve, lors des dernières prières collectives du vendredi, les fidèles n’ont pratiquement plus respecté la distanciation physique édictée par les autorités. Dans les transports en commun comme les Ndiaga-Ndiaye et cars rapides, les bonnes vieilles habitudes d’entassement ont repris. Sur les plages comme dans les lieux publics, les rares porteurs de masques les laissent pendre négligemment sur le menton c’est-à-dire au-dessous du nez et de la bouche qu’ils sont censés protéger. Le constat, le triste constat, hélas, c’est que les populations de Dakar et d’ailleurs n’ont pas attendu la levée de l’état d’urgence sanitaire pour reprendre leur vie normale en toute insécurité sanitaire.
A ce rythme, les mesures édictées n’avaient plus leur raison d’être. Pis, certains boulangeries, pâtisseries, fast-food et restaurants commençaient déjà à fonctionner jusqu’au petit matin c’est-à-dire au-delà de 23 heures.
Avec la levée complète de l’état d’urgence, il n’est pas interdit d’avancer que la population risque de sauter sur mine pandémique dont les éclats feront sans doute des ravages communautaires. A preuve, dès la fin du discours du président Macky Sall d’hier, les téléspectateurs et auditeurs n’ont retenu que la « fin du couvre-feu » qui sonne comme une délivrance. En effet, vous conviendrez avec nous ô combien nos compatriotes étaient pressés de se défaire de l’emprise de ce couvre-feu nocturne.
La propagation du virus, les gestes barrières, les masques, la contamination autour du thé nocturne etc., ils n’en ont cure ! Pour dire que personne ne croit plus vraiment à cette lutte contre le coronavirus et son cortège de morts. Quotidiennes.
Déjà 108 morts de covid 19 et des milliers de contaminés, la peur virale reste et demeure ! Mais la crainte de mourir de faim et de rater les vacances 2020 à cause du couvre-feu pourrait se dissiper. Sans compter la nécessité de préparer la Tabaski qui passe par l’obtention d’un bon mouton. Et pour les Sénégalais, c’est cela l’essentiel !
L’HISTOIRE D’UNE MAINMISE UR UN BIEN FONCIER COMMUNAUTAIRE
La Collectivité de Ouakam, une association créée en 2011 en tant que personnalité morale capable d’ester, a souhaité livrer sa part de vérité au titre de son droit de réponse.
Abdou Karim Diarra et Mamadou Oumar NDIAYE |
Publication 30/06/2020
A la suite des propos tenus dans notre journal (voir ci-contre) par le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, M. Abdou Karim Fofana, la Collectivité de Ouakam, une association créée en 2011 en tant que personnalité morale capable d’ester, a souhaité livrer sa part de vérité au titre de son droit de réponse.
Cette association est dirigée aujourd’hui par l’éminent constitutionnaliste, Pr Babacar Guèye, depuis le décès du premier président, le défunt greffier à la retraite et, surtout, Diaraf consensuel, Seybatou Guèye. C’est à la suite du décès de cet homme charismatique qu’on a assisté à une floraison de Diarafs autoproclamés (trois) qui viennent s’ajouter à celui que la Collectivité considère comme étant le seul légitime, Oumar Samb Guèye (voir encadré). Une curiosité à signaler : bien qu’un nouveau bureau de la Collectivité ait été élu à l’issue d’une assemblée générale convoquée dans les règles de l’art, un blocage se situerait au niveau du ministère de l’Intérieur qui refuserait de l’entériner. C’est en tout cas une délégation représentative de cette Association qui a rencontré des responsables du « Témoin » le samedi 20 mai à Ngor. Il y avait là, donc, le Pr Babacar Guèye, président de la Collectivité de Ouakam (modestement, il se présente comme vice-président en attendant que sa nomination soit entérinée), président du Conseil des Freys, appartenant à la lignée des Diarafs, Ndiambour et originaire du quartier Toglou.
Egalement présents Daour Ndoye (quartier Boulga), Ndombou Tank et secrétaire général du Conseil des Freys, Cheikh Tidiane Ndoye (Rip), Ndiambour, El Hadj Abdou Karim Diop (Santhie), secrétaire général Conseil des Ndiambours, Badou Laye Ndoye, Saltigué, Ndiambour et Ndombou Tank, Amadou Tidiane Ndiaye (Gouye Sor), Ndiambour.
Last but not least, les Freys Blaise Diagne et Moustapha Ndoye, le premier nommé étant le président de la commission des Finances de l’Association. Après s’être présentés et nous avoir expliqué la structuration de la société lébou, particulièrement du village de Ouakam, nos interlocuteurs de cette auguste assemblée ont entrepris de nous parler du fameux TF (titre foncier) 5007 DG devenu le 1751 NGA (Ngor-Almadies). Un TF qui défraie la chronique actuellement et fait l’objet d’un bras de fer entre la Collectivité et les trois Diarafs autoproclamés.
Il y a 119 ans, les ancêtres avaient déjà songé à sécuriser juridiquement les terres du village !
Un peu d’histoire, d’abord, afin de mieux comprendre les enjeux. En 1901, soucieux de sécuriser juridiquement leurs terres, les habitants du village de Ouakam étaient allés les immatriculer auprès du notaire Me Georges Paterson.
Les 47 hectares constituant l’assiette foncière du village avaient alors été enregistrés au nom du chef de village de ce temps-là, M. Alieu Guèye. Il convient de préciser qu’à l’époque, les titres fonciers n’existaient pas. En 1948, les représentants du village sont allés inscrire leurs terres dans le Registre foncier qui venait d’être créé. Pour que cela fût possible, il a fallu l’honnêteté et la crainte de Dieu du fils de M. Alieu Guèye après la disparition de ce dernier. Le fils Guèye témoigna que les terres en question appartenaient à toute la collectivité de Ouakam qui les avait enregistrées au nom de son défunt père. C’est ainsi que les 47 hectares furent immatriculés au nom de la Collectivité léboue de Ouakam. Il est important de préciser que ces terres ont toujours été indivises, c’est-à-dire qu’un consensus est nécessaire pour les aliéner ou pour une quelconque utilisation. S’agissant du TF 5007 DG à proprement parler, à l’origine c’était une carrière de basalte que les entrepreneurs venaient exploiter.
Pour sécuriser ce bien minier, les Ouakamois ont entrepris de l’immatriculer lui aussi. Autrement dit, c’est une nécessité, voire une occupation, économique qui a fait naître ce TF d’une superficie de 314.000 m2 à l’origine. Il convient d’insister sur le fait que de 1948, date de son immatriculation, à 2018, soit durant 70 ans, il n’y a eu aucun acte d’aliénation sur ce titre foncier. L’exploitation de la carrière qu’il sécurise a généré des revenus conséquents pour la Collectivité durant cette période.
Des revenus qui sont conservés sous forme de DAT (dépôts à terme) et qui ont généré des intérêts importants reversés dans un compte courant. En 2007-2008, toutefois, deux hectares ont été cédés à l’Etat pour cause d’utilité publique pour les besoins de la construction d’une route dans le cadre des préparatifs du sommet de l’OCI. L’indemnisation de l’Etat, d’un montant de 3,2 milliards de francs, est d’ailleurs toujours attendue. Elle viendra s’ajouter aux 1,3 milliard de francs qui dorment dans le compte bancaire de la Collectivité.
Une curieuse « déclaration de perte » de l’original du Titre foncier !
Si ces titres fonciers de la Collectivité ont pu dormir d’un sommeil tranquille jusqu’en 2018, leur réveil a été brusque cette annéelà. En effet, une partie des terres a été donnée en dation en paiement au profit d’un certain Issa Gassama, un entrepreneur, en contrepartie de travaux de terrassement loin d’être évidents.
Pour réussir à aliéner une partie de ce titre — encore une fois indivis et demeuré en l’état de 1948 à 2018 — , « l’autre partie » incarnée par le Diaraf Youssou Ndoye a dû user d’une entourloupe. Déclarant le titre foncier perdu, elle a fait paraître quatre avis dans le Journal Officiel (la loi n’impose que deux publications dans le cas d’espèce). Puis, en l’absence de réaction, elle est allée trouver un juge qui a donné injonction, conformément à la loi là aussi, au conservateur de la propriété foncière, de délivrer une photocopie du TF 5007 DG devenu 1751 NGA.
Or, l’original du titre existe bel et bien et est détenu par un éminent notable membre de la Collectivité de Ouakam, cette association que le ministre Abdou Karim Fofana semble traiter avec un si grand dédain ! Simplement voilà, le Journal Officiel ayant une diffusion presque confidentielle, aucun membre de l’association créée en 2011 n’a vu les avis faisant état de la perte du TF en question.
Toujours est il qu’à la suite de cette manœuvre, et sous prétexte de paiement en nature de travaux de terrassement, le Diaraf Youssou Ndoye a octroyé 8736 m2 à l’entrepreneur Ibrahima Gassama. Sur des terres indivises ! On peut s’étonner à ce niveau que la collectivité léboue de Ouakama, qui est surliquide — 1,3 milliard de francs dorment dans ses comptes — en soit réduite à faire une dation en paiement pour payer des travaux de terrassement !
La parcelle est divisée en un Lot 1 de 998 m2 au profit de Madiambal Diagne à travers sa Sci Pharaon, en un Lot 2 de 1000 m2 au profit de la Sci Soleil Immobilière et en un Lot 3 de 1000 m2 au profit de Issa Gassama. Le reliquat de 5738 m2 au profit de Issa Gassama. C’est en faisant l’état des lieux pour le compte de la Collectivité que les membres de sa commission ad hoc ont découvert au niveau des Domaines que le TF 1751 NGA avait été amputé.
Usant d’arguments pertinents et convaincants, l’Association dirigée aujourd’hui par le Pr Babacar Guèye a pu faire accepter par un juge l’inscription d’une prénotation non seulement sur la partie faisant l’objet d’une dation en paiement mais aussi sur le titre foncier global ! Mieux, informent nos interlocuteurs, la religion du juge a été trompée et l’acte ayant rendu possible la dation en paiement va être attaqué devant la justice. Pour dire que la bataille judiciaire ne fait que commencer…
Un projet de 100 milliards sur le site litigieux
D’après toujours les responsables de l’Association, Diaraf Youssou Ndoye et son clan auraient vendu plus de 150 parcelles à 25 millions de francs l’unité. Or, expliquent-ils, « ces parcelles ne sont pas destinées à être vendues. Il s’agit juste d’autorisations d’occuper octroyées à des fils de Ouakam qui sont les seuls ayants droit, l’objectif étant de lutter contre la promiscuité dans le village. Ces terres appartenant à 29.000 Ouakamois, les 1000 happy few qui en bénéficient doivent donc indemniser les 28.000 autres qui ne peuvent pas en jouir. D’où l’instauration d’une contribution symbolique de 2.500.000 francs par bénéficiaire.
Au bout de 12 ans, les attributaires verseront une somme complémentaire pour devenir propriétaires. Mais, encore une fois, en aucune façon ces 1000 parcelles ne sont à vendre à plus forte raison à des allogènes » tiennent à préciser nos interlocuteurs. En tout cas, le compte ouvert par le Diaraf Youssou Ndoye dans les livres de la Bicis a enregistré des mouvements totalisant 176 millions de francs à raison de 2.500.000 francs par attributaire. Pour le reste de l’argent, mystère et boule de gomme ! Le président Pr Babacar Guèye et ses amis s’étonnent du parti-pris de l’Administration, notamment du ministre de l’Urbanisme, M. Abdou Karim Fofana, qui ont pris fait et cause pour le clan du Diaraf Youssou Ndoye. « On ne sait pas qui se trouve sur la liste d’attributaires introduite au niveau du ministre et la DSCOS elle-même, en menant son enquête, n’a rencontré que des membres de l’autre partie » s’insurgent-ils tout en estimant que le ministre Fofana a tous les éléments en main pour rapporter son arrêté.
Plus grave, soutiennent-ils, « le ministre veut nous priver de 13 milliards de francs (Ndlr, 1000 parcelles à 13 millions l’unité décomposés en 2.500.000 francs versés au moment de l’attribution et 10.500.000 dans douze ans) représentant l’indemnisation des 28.000 Ouakamois non bénéficiaires puisque les terrains leur appartiennent communément.
En conclusion, nos interlocuteurs informent qu’un projet nécessitant un investissement de 100 milliards de francs va être réalisé sur le site litigieux. « La communauté s’oppose à tout morcellement sur le Super Plateau parce qu’il ne reste plus que 15 % de la superficie totale. Or, elle a des projets sur ce site où elle va réaliser un investissement de 100 milliards de francs » martèlent le Pr Babacar Guèye et ses amis. Ce projet va être porté par une fondation et il va assurer la continuité de l’activité économique des carrières. « Cette aliénation, c’est une agression culturelle contre nos valeurs. La signature du ministre détruit le ciment de notre Collectivité et fout en l’air la cohésion de notre société construite depuis des siècles ! » s’emporte un Frey.
Les propos de Abdou Karim Fofana qui ont mis le feu aux poudres
La détermination de la collectivité lébou d’accentuer la réplique sur ce dossier fait suite à une interview accordée par le ministre de l’Urbanisme Abdou Karim Fofana au journal Le Témoin du 16 Juin. Le ministre prenait position pour la bande à Youssou Ndoye sur ce dossier. « Il m’est reproché d’avoir appliqué la loi dans un contentieux opposant deux parties de la communauté Lébou de Ouakam. L’une des parties conteste une autorisation de lotir que j’ai signée. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que l’autre partie, la Collectivité Lébou de Ouakam représentée par trois Jaaraf, avait en sa possession tous les documents légaux pour obtenir l’autorisation et a satisfait à toutes les étapes de la procédure devant mes services. Ladite partie disposait d’une ordonnance signée par le juge du Tribunal régional hors classe de Dakar, d’actes notariés ainsi que d’une décision favorable de la Cour Suprême. Vous comprendrez donc aisément que je sois tenu par la loi de signer cette autorisation qui était demandée par le représentant du propriétaire du titre sur lequel le lotissement doit être fait » expliquait le ministre Abdou Karim Fofana à travers les colonnes de votre journal. Ce dernier d’ajouter toujours dans plaidoirie qu’ « en outre cette autorisation de lotir concerne à 80 % des parcelles sur lesquelles des maisons ont déjà été construites. Il est de mon devoir de régulariser la situation de ces Sénégalais qui ont investi autant d’argent et qui n’ont que des permis d’occuper. D’ailleurs, parmi les représentants de la partie qui conteste beaucoup ont indiqué, lors de cette rencontre, qu’il était nécessaire de régulariser les occupants des 1100 parcelles déjà construites. Mon rôle est de protéger les citoyens sénégalais qui ont acquis et construit sur ces terres même si la forme d’acquisition n’était pas des meilleures du point de vue juridique. En plus de cela, les Jaraaf qui sont les représentants reconnus par la justice de la collectivité Lébou de Ouakam ont introduit un recours pour excès de pouvoir devant la Cour Suprême contre le ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique qui n’avait pas donné suite à la demande d’autorisation de lotir déposée depuis 2016. Or, il s’agit d’un lotissement sur un titre privé et sur un tel titre, la loi n’autorise pas le ministre de l’Urbanisme à juger de l’opportunité contrairement à une demande de lotissement administratif introduite par une commune pour laquelle je suis fondé à apprécier l’opportunité »
Par Mamadou Oumar NDIAYE
QUE VA FAIRE ABDOU KARIM FOFANA DANS LA GUERRE DES DIARAF À OUAKAM ?
un ministre de la République peut-il se permettre d’avaliser, voire de légitimer un coup de force provoqué par le fait qu’une partie, ou un individu, s’arroge le droit de disposer des biens de toute une communauté ?
Les pouvoirs publics, depuis la colonisation mais plus sûrement encore à partir de 1960, date de notre accession à la souveraineté internationale, se sont évertués à ne pas trop s’ingérer dans les affaires coutumières et religieuses. Ce qui fait que, généralement, ces communautés peuvent gérer leurs affaires en toute liberté.
En dehors de ce qui relève du domaine de la Loi ou de l’Administration, bien sûr. C’est pour cette raison en général, et s’agissant de la Collectivité léboue en particulier, que le Gouvernement ne s’est jamais mêlé de la désignation des Grands Serignes de Dakar. Il se contente de prendre acte et d’entériner les choix faits par la Collectivité.
Cette attitude de prudence ne devrait-elle pas prévaloir face à la guerre des Diaraf qui fait rage à Ouakam sur fond d’enjeux fonciers à centaines de milliards ? Il nous semble bien, en effet, que l’Etat, le ministre Abdou Karim Fofana en particulier, n’a pas à dire qui a raison dans cette querelle ni à choisir son camp. Les Ouakamois sont suffisamment grands et responsables et disposent des ressources pour résoudre cette crise qu’ils traversent. Au « Témoin », évidemment, nous ne sommes pas qualifiés pour dire lequel des quatre ( !) Diarafs qui s’y activent est le seul légitime. A supposer que, par extraordinaire, ils le soient tous ou, de la même manière, qu’aucun d’eux ne le soit, sur quoi s’est donc basé le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique pour donner raison au Diaraf Youssou Ndoye et à son clan ?
Encore une fois, qu’on nous comprenne bien : nous ne soutenons nullement que cet ex-employé de la Sones ne soit pas un Diaraf légitime. Simplement voilà : il n’est pas le seul à Ouakam où un autre Diaraf, M. Oumar Samb Guèye notamment, peut lui aussi se prévaloir d’une légitimité apparemment incontestable. Dans ces conditions, un ministre de la République peut-il se permettre d’avaliser, voire de légitimer un coup de force provoqué par le fait qu’une partie, ou un individu, s’arroge le droit de disposer des biens de toute une communauté ? Car les terres de Ouakam sont indivises et appartiennent à tous les habitants. Elles ne peuvent être aliénées que de façon consensuelle. M. Abdou Karim Fofana pourra certes dire que ce n’est pas à son niveau que l’indivision a été levée mais avait-il à l’entériner ? D’une manière générale peut-on — et là on s’adresse à la Justice — permettre à une partie de lever une indivision alors qu’une autre partie au moins tout aussi nombreuse et puissante s’y oppose ? Là est tout le débat qui se pose à propos de ce fameux titre foncier N° 5007 DG ou 1751 NGA !
Du fait de la division de la communauté léboue de Ouakam, l’argent (1,3 milliard auquel vont s’ajouter 3,2 milliards représentant l’indemnisation de l’Etat pour les 2 ha pris pour la construction de la route de l’ANOCI) généré par l’exploitation de la carrière immatriculée sous le TF ci-dessus, cet argent est bloqué, aucune des deux parties qui s’opposent ne pouvant y accéder. Comment se fait-il donc que ce qui n’a pas été possible avec cet argent puisse l’être pour le TF de la controverse ? La sagesse ne commande-t-elle pas de geler toute attribution sur ce terrain jusqu’à ce que les parties s’entendent ou jusqu’à ce qu’une décision de justesse intervienne ?
Le ministre nous dit qu’il est tenu d’intervenir pour octroyer un titre de propriété aux acquéreurs de parcelles sur ce TF. Des acquéreurs dont il convient, selon lui, de sécuriser juridiquement le bien. Sauf que, s’agissant d’un bien immobilier indivis appartenant à une communauté dont les représentants disent qu’ils ne vendent pas mais délivrent juste des autorisations d’occuper, on voit mal comment le ministre pourrait s’arroger ce droit. Sauf à outrepasser ses prérogatives. Car enfin, si à Touba des citoyens qui ont construit des résidences valant souvent des centaines de millions de nos francs ne peuvent pas disposer de titres de propriété — et M. Abdou Karim Fofana n’osera jamais essayer de leur en donner —, le TF de Touba étant indivis, on voit mal pourquoi les gens qui construisent sur un bien immobilier indivis de Ouakam pourraient prétendre, eux, à un acte de propriété ! La situation est trop tendue dans ce village et recèle de gros risques de troubles à l’ordre public pour qu’il soit besoin d’en rajouter.
C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, il y a quelques années, le préfet avait pris un arrêté pour interdire toute construction sur le site litigieux. Des acquéreurs avaient saisi la Cour suprême qui avait répondu en substance que nul ne peut être privé de la jouissance de son bien. C’est sur cette décision que, paraît-il, le ministre se serait appuyé pour dire que la juridiction suprême avait tranché en faveur du Diaraf Youssou Ndoye !
Surtout, le Diaraf Oumar Samb Guèye, dont le nom figure sur la liste des notables qui auraient demandé la levée de l’indivision soutient que sa signature a été imitée et a porté plainte pour faux (voir encadré). Les notables que nous avons rencontrés — à la tête desquels le Pr Babacar Guèye mais aussi citons parmi eux l’expert-comptable Blaise Diagne, ancien trésorier de la Fédération sénégalaise de football ou l’homme d’affaires Moustapha Ndoye, patron de la défunte société informatique ATI— sont des gens responsables, très au fait des affaires de leur communauté au centre desquelles ils évoluent depuis des décennies pour certains, connaissent et documentent tout ce qu’ils disent. Ce ne sont pas des farceurs, croyez-nous. On ne peut pas les écarter comme ça d’un revers de main.
Au contraire, le ministre a le devoir de les écouter au même titre que les responsable de l’autre partie. Ils connaissent leurs devoirs et, surtout, leurs droits. Raison de plus pour que M. Abdou Kader Fofana ne les traite pas de manière cavalière ou par-dessus la jambe ! Car, encore une fois, l’Etat n’a pas à prendre parti dans ces affaires coutumières…si ce n’est veiller à la préservation de la paix sociale.