SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
1 octobre 2025
PAS DE DÉVELOPPEMENT SANS SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE
Dans une lettre ouverte qui sera publiée ce samedi, près de 500 économistes et universitaires du monde demandent que l’Afrique acquière sa souveraineté monétaire afin de relancer son développement après la Covid-19
DW Afrique |
Georges Ibrahim Tounkara |
Publication 04/09/2020
C'est une lettre qui sera publiée ce samedi 05 septembre 2020 partout à travers le monde. Une lettre ouverte et disponible en 47 langues (y compris les langues africaines). Les signataires (environ 500) viennent de tous les coins du globe et incluent des économistes mondialement connus et reconnus.
Pour les signataires de cette lettre, "Si l'Afrique a été épargnée, sur le volet sanitaire, des pires effets de la pandémie COVID-19, l'arrêt économique qui s’en est suivi a mis en évidence ses carences économiques et ses vulnérabilités structurelles. Étant un continent riche en ressources, l'Afrique a la capacité d'offrir une qualité de vie décente à tous ses habitants."
Les signataires de la lettre adressée aux dirigeants afriains, invitent les États africains à élaborer un plan stratégique axé sur la reconquête de leur souveraineté économique et monétaire, qui doit inclure la souveraineté alimentaire, la souveraineté dans le domaine des énergies (renouvelables) et une politique industrielle centrée sur un contenu manufacturier à plus forte valeur ajoutée.
Au nombre des signataires : Fadhel Kaboub (économiste, Denison University, USA), Ndongo Samba Sylla, (économiste, Sénégal), Maha Ben Gadha (économiste, Tunis), Kai Koddenbrock (économiste politique, Goethe University, Francfort) et Ines Mahmood (politiste, Tunis), Mme Stéphanie Kelton (ex économiste en chef de Bernie Sanders), Prabhat Patnaik (Inde), Mme Radhika Desai (Canada), Mme Ilène Grabel (USA) James Galbraith (USA), Steve Keen (économiste australien, connu pour avoir prédit dans ses travaux la crise financière de 2007-2008).
LA COTE D’IVOIRE, PREMIER PAYS D’AFRIQUE A ADOPTER UNE PROCÉDURE POUR IDENTIFIER ET PROTÉGER LES PERSONNES APATRIDES
La reconnaissance officielle du statut d’apatride permettra à des personnes, qui n’avaient jusqu’alors aucune existence légale reconnue, de recevoir des documents d’identité, de s’inscrire à l’école, d’accéder aux services de santé, entre autres
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, se félicite de l’adoption par la Côte d’Ivoire, cette semaine, de la première procédure de détermination de l’apatridie en Afrique. Cette procédure permettra de protéger des milliers de personnes dépourvues de nationalité dans le pays.
Deux arrêtés signés le 2 septembre établissent formellement les procédures qui régulariseront le statut des apatrides et mettront ainsi en œuvre un volet crucial du Plan d’action national de la Côte d’Ivoire, conformément à son engagement pris lors du Segment de haut niveau du HCR sur l’apatridie.
La reconnaissance officielle du statut d’apatride permettra à des personnes, qui n’avaient jusqu’alors aucune existence légale reconnue, de recevoir des documents d’identité, de s’inscrire à l’école, d’accéder aux services de santé, de rechercher un emploi formel, d’ouvrir un compte bancaire ou d’acheter des terres.
« C’est une avancée significative. Nous nous félicitons de l’action audacieuse de la Côte d’Ivoire et de son engagement ferme à lutter contre ce phénomène », a déclaré Aïssatou Ndiaye, directrice adjointe du Bureau du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
« Ce progrès important aidera à protéger les apatrides, en leur permettant d’exercer leurs droits fondamentaux, qui sont restés hors de leur portée depuis des décennies », a-t-elle ajouté.
L’apatridie détruit la vie de millions de personnes dans le monde, les privant de leurs droits fondamentaux. En 2014, le HCR a lancé une campagne mondiale « #IBelong » ou « #Jexiste », visant à éliminer l’apatridie en l’espace d’une décennie.
La Côte d’Ivoire abrite l’une des plus importantes populations d’apatrides au monde. Une étude menée en 2019 par les autorités ivoiriennes et appuyée par le HCR a identifié 1,6 million de personnes comme étant apatrides ou risquant de le devenir.
Les risques pour les apatrides sont accrus avec la pandémie de Covid-19, car ils peuvent être laissés en marge des efforts nationaux de prévention et de lutte contre le coronavirus ou parce qu’ils sont dans l’incapacité d’accéder à des soins médicaux s’ils tombent malades.
Ces dernières années, le gouvernement de la Côte d’Ivoire a intensifié son action pour mettre fin à l’apatridie, en faisant suivre d’effets son adhésion en 2013 aux deux conventions internationales sur l’apatridie et l’adoption de la Déclaration d’Abidjan sur l’éradication de l’apatridie par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en 2015.
En 2017, les États membres de la CEDEAO ont fait de l’Afrique de l’Ouest la première région au monde à adopter un plan d’action juridiquement contraignant, pour mettre fin à l’apatridie. La Côte d’Ivoire a également adopté un Plan d’action national contre l’apatridie et a mis en œuvre d’importantes réformes juridiques et institutionnelles pour empêcher que des personnes deviennent apatrides.
Les autorités ont désormais créé deux comités chargés d’identifier les apatrides afin de leur donner accès à la protection dont ils ont besoin, en attendant qu’une solution durable soit trouvée à leur situation.
« La Côte d’Ivoire montre l’exemple à suivre aux autres pays d’Afrique », a déclaré Angèle Djohossou, Représentante du HCR en Côte d’Ivoire. « Des défis demeurent dans le pays et les efforts doivent maintenant être redoublés pour s’assurer que chacun dans le pays a une nationalité », a-t-elle ajouté.
Le HCR soutient étroitement les autorités ivoiriennes pour aider à prévenir et à résoudre les problèmes d’apatridie et se tient prêt à apporter son appui à la Côte d’Ivoire, dans la mise en œuvre des nouvelles procédures de détermination de l’apatridie.
Neuf autres pays d’Afrique occidentale et centrale se sont également engagés à mettre en œuvre des procédures similaires et 11 pays ont lancé des études sur l’apatridie ou ont inclus des questions pour collecter des données sur l’apatridie dans les prochains recensements de population.
Quelque 4,2 millions d’apatrides sont signalés dans 76 pays, mais le HCR estime que le nombre réel est nettement plus élevé.
Depuis que le HCR a lancé sa campagne mondiale « #IBelong » ou « #Jexiste » il y a 6 ans, 95 gouvernements, la société civile et des organisations internationales et régionales se sont engagés à lutter contre l’apatridie.
par Wagane Faye
UN CHEF DE L’OPPOSITION SERVIRAIT À QUOI ?
Cette affaire que Wade opposant, avait cherché à copier du Royaume Uni, qui est loin d’avoir fait son chemin à travers le monde, aura le mérite de subdiviser les opposants sénégalais dont certains d’ailleurs ne sont opposants que pour la forme
C’est comme si nous les sénégalais, nous ne pourrions pas vivre si quelque chose ne venait pas de temps en temps de quelque part, pour nous donner l’occasion d’avoir un sujet à débattre. Et ce quelque chose est d’autant plus captivant s’il concerne un thème en relation avec la politique ou avec des décisions de justice parmi celles célébrissimes pour leur caractère fortement critiquable.
Durant les trois mois, à peu près, qui viennent de s’écouler, les thèmes à propos de la grève des greffiers et autres travailleurs de la justice ont largement servi de matière pour commenter et discuter, chacun y allant de sa logique dans sa conception de ce que doit faire le gouvernement, afin d’éteindre le feu dans la maison justice.
Tandis que les greffiers et autres travailleurs de la justice n’entendent pas continuer à se laisser prendre pour des moins que rien, dont le mécontentement ne pourrait ébranler le gouvernement ou donner matière à réfléchir avant qu’il ne soit trop tard. On a même l’impression que ceux qui sont à la tête de l’Etat font croire qu’une grève des greffiers ne trouble pas leur sommeil, puisque dans leur conception de l’utilité de cette catégorie de travailleurs de la justice, ils peuvent être remplacés par n’importe quels des fonctionnaires en tenue, perdant ainsi de vue certains aspects des attributions textuelles des greffiers, dont tenir la plume dans les audiences ou les cabinets d’instruction n’en constituent pas l’essentiel.
Ce mouvement des greffiers, né bien avant l’actuel ministre de la justice, très suivi dans toutes les juridictions du pays à cause de son motif bien fondé, avait quelque peu remisé certains commentaires très venimeux sur la façon dont le cas de Khalifa Sall un des plus choquants, a été traité du début à la fin, dans tous les coins et recoins des procédures judiciaires, jusqu’à son dénouement qui, sans surprendre a étonné plus d’un. Et ce qui a fini par ruiner la réputation de notre justice est, entre autres, la manière humiliante qui dépasse l’entendement du sénégalais lambda, dont le pouvoir exécutif s’était comporté à l’égard du pouvoir judiciaire en mettant fin en pleine salle d’audience, aux fonctions de Procureur spécial de la CREI, du haut magistrat Aliou Ndao. Ceux qui chercheront à savoir le crime qu’aurait commis celui-ci se donneront de la peine pour rien. Son seul tort est qu’il avait pris très au sérieux son rôle de Procureur garant des poursuites contre tout citoyen sans exception présumé avoir commis un délit. Certainement la conclusion qu’en ont tirée ses collègues méduses est que ceux qui persistent à considérer l’institution judiciaire comme un pouvoir d’Etat se mettent le doigt dans l’œil. Moult exemples vécus ça et là permettent de le prouver avec bonne foi.
Et l’opposition politique, où se met-elle le doigt en prenant au sérieux l’institution à milliards que son Excellence monsieur le président de la République est en passe de créer, à savoir le poste de chef de l’opposition qui ne manque pas de prétendants.
Cette question d’intronisation d’un chef de l’opposition que Maître Abdoulaye Wade opposant avait cherché à copier du Royaume Uni, qui est loin d’avoir fait son chemin à travers le monde, aura le mérite de subdiviser les opposants sénégalais dont certains d’ailleurs ne sont opposants que pour la forme, en distrayant ceux qui les observent et qui analysent leurs moindre faits et gestes avec dégoût.
Mais il faut comprendre ceux qui se creusent la cervelle pour trouver le créneau porteur et participer aux diverses activités politiques, côté pouvoir ou côté opposition. Qui est fou ? Il ne faut pas se laisser damer le pion dans le « tong-tong » entre politiciens de nos maigres ressources. Pourquoi pas, s’ils peuvent ravaler leur prétendue conviction, en prenant des raccourcis se tirer d’affaire.
Dans tout ça, les observateurs de cette gymnastique politicienne ont l’impression que la plupart de nos compatriotes ne prêtent aucune attention à une prétendue nécessité de création d’un poste de chef de l’opposition au Sénégal. En fait, ils n’en voient pas l’utilité, mais ils perçoivent un appauvrissement du trésor public. Ils ont donc d’autres chats à fouetter.
UN CANDIDAT MEURT EN PLEINE SESSION À KOUNKANÉ
Un candidat au baccalauréat est décédé ce vendredi, 4 septembre 2020 à Kounkané, une localité du sud du Sénégal située dans l’ouest du département de Vélingara et la région de Kolda, en Haute-Casamance.
Un candidat au baccalauréat est décédé ce vendredi, 4 septembre 2020 à Kounkané, une localité du sud du Sénégal située dans l’ouest du département de Vélingara et la région de Kolda, en Haute-Casamance.
C’est l’émoi et la tristesse au jury 1011 du CEM 1 de Kounkané où Djiby Sadio élève en classe de Terminale au lycée de Kounkané a rendu l’âme ce matin, peu avant la fin des épreuves du premier tour du Baccalauréat 2020.
C’est en pleine session que Djiby Sadio, qui se plaignait de maux de ventre, est tombé dans la salle d’examen et a perdu connaissance, avant de rendre l’âme durant son évacuation au poste de santé.
par Maram Kaire et Alassane Dialy Ndiaye
LA DESTRUCTION DE L'ANTENNE DE GANDOUL EST UNE AMPUTATION DE L'HISTOIRE DU SENEGAL
Nous ne pourrons jamais construire un futur technologique si nous effaçons, dès aujourd’hui, les témoins de nos efforts et réussites du passé
Maram Kaire et Alassane Dialy Ndiaye |
Publication 04/09/2020
Monsieur le Directeur Général, c’est avec une grande stupéfaction que nous avons constaté, à travers les réseaux sociaux mais également directement sur le terrain, le démantèlement par la Sonatel de l’antenne principale de la station terrienne de Gandoul (Sébikhotane).
Dans un souci de vérification, nous avons privilégié l’échange avec vos services qui nous ont confirmé l’effectivité du processus. Nous aurions souhaité vous rencontrer et en discuter directement, mais il est à craindre que les délais exigés par le protocole d’une demande d’audience ne nous en laissent pas le temps car à ce jour, jeudi 03 Septembre 2020, plus de la moitié de la parabole est déjà enlevée.
Monsieur le Directeur, vous le savez certes déjà, mais il est important de rappeler pour le public sénégalais, que cette antenne revêt un caractère historique qui devait, à tous les niveaux, la classer définitivement dans le patrimoine technologique du Sénégal ! En effet, avec son diamètre 30 mètres, c’est la toute première antenne de ce genre installée en Afrique. Le chantier a démarré en 1970 par la construction des bâtiments, et s’est poursuivi par la mise en place des équipements techniques et radioélectriques en 1971.
Elle fut inaugurée le 5 Avril 1972 par le président Léopold Sédar Senghor en présence des membres du gouvernement et de tous les députés de l’Assemblée Nationale, témoignant de la vision manifeste de notre jeune nation à exceller dans le secteur stratégique des télécommunications. Elle fait partie, de ce fait, du patrimoine des télécommunications au Sénégal mais aussi en Afrique. Dans sa conception, cette antenne démontre la qualité exceptionnelle de nos ressources humaines avec le leadership assuré par M. Alassane Dialy Ndiaye, reconnu comme le premier africain spécialisé dans les télécommunications spatiales et qui dirigea TéléSénégal.
En 1985 en intégrant les Télécommunications Intérieures TéléSénégal deviendra la Sonatel. Gandoul a contribué à la formation des pionniers du secteur des télécommunications en Afrique : des dizaines de Techniciens et Ingénieurs du Sénégal, de Gambie, Sierra Leone, Liberia, Gabon, Togo, Congo y ont été initiés aux Télécommunications par Satellite. La station de Gandoul a ouvert l’ère des Télécommunications modernes à notre Pays et à l’Afrique. Elle a permis au Sénégal, en 1972 de démarrer la Télévision Publique.
C’est ainsi que nous avons pu assister en direct aux Jeux Olympiques de Munich, et par la suite aux grands évènements mondiaux. Grâce à l’antenne de Gandoul le Sénégal a participé au programme des USA mené dans les années 1970 pour la compréhension de l’origine et de l’évolution des ouragans dans l’Atlantique Nord. Cette antenne est aussi entrée dans l’histoire de l’exploration spatiale en jouant un rôle capital dans la réussite du programme de la Navette Spatiale Columbia de la NASA. En effet, à partir de 1981, elle a servi de station de Tracking (suivi), de contrôle et de communications dès les premiers essais de la navette spatiale américaine. Une contribution décisive et reconnue par un diplôme de la NASA, et en 1992, la visite à Gandoul de l’astronaute Kenneth « KEN » BOWERSOX, Commandant de la mission STS 50. Il décerna aux techniciens Bachir Nasre et Paul Correa le « Silver Snoopy Award », une distinction que les astronautes de la navette spatiale remettaient à certaines personnes en guise témoignage de leur importance dans la réussite de la mission. C’est une reconnaissance pour le Sénégal entier !Cette antenne parabolique de Gandoul avait aussi pour rôle de connecter le Sénégal et l’Afrique au reste du monde de manière sécurisée et entièrement autonome. C’est une station terrienne qui a permis la communication satellite au Sénégal bien avant l’avènement des sociétés de téléphonie mobile et de communication. A ce titre, une fois de plus, elle est à inscrire en lettres d’or dans le patrimoine du Sénégal et de l’Afrique entière.
Monsieur le Directeur Général, après ce rappel qui ne montre qu’une portion infime de la valeur technologique et historique de cette infrastructure, nous tenons à mettre l’accent sur la réalité qui fait aujourd’hui, de la Sonatel le fleuron des entreprises sénégalaises. La Sonatel est une fierté pour le Sénégal, à la pointe de la technologie et qui s’active à développer le secteur de l’innovation. Et c’est bien pour cette raison qu’il devient extrêmement difficile de comprendre qu’elle en arrive à décider d’effacer une infrastructure aussi importante dans l’histoire de la marche scientifique de la Nation.
Nous ne pourrons jamais construire un futur technologique si nous effaçons, dès aujourd’hui, les témoins de nos efforts et réussites du passé. Pendant que vous démontez l’antenne de Gandoul, les dispositifs similaires en Algérie et en France, par exemple, bénéficient d’une attention bien particulière : en Algérie, l’antenne est dans un musée et en France depuis 2004, elle bénéficie d’un classement aux monuments historiques du 20e siècle. Au moment où le Sénégal investit massivement dans la réorientation des enseignements et formations vers les sciences, et cherche à intéresser les jeunes générations aux filières scientifiques, la destruction en catimini de cette antenne sonne non seulement comme une grave amputation de notre histoire mais surtout comme une élimination définitive d’un important vecteur de création de vocation.Monsieur le Directeur Général, le regretté Joseph Ndiaye, ancien Conservateur de la Maison des Esclaves de Gorée, avait l’habitude de dire que « l’Histoire ne ment pas ». Et malheureusement, avec cet acte de démolition, l’histoire de cette antenne racontée aux générations futures ne bénéficiera, dans le meilleur des cas, que d’un banal « Ah bon ? ». Signe d’étonnement ? Signe d’incrédulité ? L’histoire nous le dira !Mais imaginez, d’un autre côté, son apport si elle est conservée, trônant fièrement au milieu des baobabs à la sortie ou à l’entrée de la dynamique ville de Diamniadio, nouveau symbole du progrès technologique du Sénégal avec la construction de la Cité du Savoir ou du Parc de Technologies Numériques (PTN).
Imaginez, monsieur le Directeur Général, l’impact que peut avoir la visite de cette infrastructure dans la conscience des jeunes élèves, en quête de référence dans le domaine scientifique.Nous-nous attendons déjà à toutes les explications et justifications possibles comme la vétusté du matériel, le risque sécuritaire qui en découle, le coût de l’entretien d’un équipement hors d’usage, l’installation de nouveaux équipements sur le site … mais c’est bien cela la valeur de l’histoire : elle s’entretient ! Il est possible de restaurer cette antenne, de la sécuriser et d’en faire un musée qui rentre dans le circuit touristique sénégalais.
Aujourd’hui les navettes spatiales ne sont plus en activité, la fusée Saturne 5 qui a fait le succès des missions Apollo n’est plus d’actualité et Spoutnik, le premier satellite artificiel de l’humanité date de 1954, mais tous ces équipements ou leurs copies, occupent une place privilégiée dans les plus grands musées du monde et sont au cœur d’une attention particulière de la part de leur nation. Monsieur le Directeur Général, la construction de nouvelles infrastructures ne sera pas non plus une raison suffisante. En guise d’exemple, sous prétexte de la construction d’un nouveau dispositif reliant l’ile de Saint-Louis à Sor, il reste impensable que le mythique et historique Pont Faidherbe soit démantelé ou détruit. Ce serait un sacrilège ! Tout comme il est impensable que la Tour Eiffel soit détruite sous prétexte de la construction d’un nouveau monument à Paris.
Pour toutes ces raisons, nous vous appelons, monsieur le Directeur Général de la Sonatel, à reconsidérer ce processus, hélas déjà avancé, de destruction d’une infrastructure historique, patrimoine national et africain, qui mérite toute l’attention du Sénégal.
Dans le pire scénario, reconstituez et réinstallez-la au cœur de la cité du savoir ou du Parc de Technologies Numériques (PTN) de Diamniadio, ou bien trouvez-lui une place au milieu des baobabs et transformez le site en Musée des Télécommunications.Mais de grâce, Monsieur le Directeur Général, n’effacez pas plus de 30 années de notre histoire et d’une difficile marche vers la maitrise technologique en mesure de soutenir notre ambition de développement durable !Nous taire, devant une telle situation, serait une grave trahison de la cause des générations futures que nous appelons à porter le flambeau de la renaissance scientifique de l’Afrique !Nous espérons vivement, une considération distinguée à cet appel, que nous adressons également à la plus haute autorité du pays, son Excellence monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal.
Veuillez agréer, monsieur le Directeur Général, l’expression de nos sentiments distingués.
Par Dioumel KA Wone
HOMMAGE AU « PETIT BERGER PEULH »
Cher papa, Djibo Leïty Ka, à notre tour désormais de te rendre fier et d’honorer ta mémoire et tes combats pour ce pays
« Un homme politique de dimension exceptionnelle »
« La patience est la première vertu qu’apprend le berger… » Paolo Coelho-Le Guerrier de la Lumière
Djibo Leïty Ka est né en 1948 à Thiargny, notre village familial dans le département de Linguère. Il fait ses études supérieures au Lycée Van Vollenhoven (actuel Lamine Gueye) et obtient une Licence en Sciences Economiques à l’Université de Dakar (UCAD) pour finir à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Très ambitieux, il attaque assez tôt le champs politique du Sénégal. En effet, sa carrière tant sur le plan des responsabilités gouvernementales et politiques, a fait de lui un homme « unique » par la force de sa foi et bien sûr de son engagement envers son pays et de ses capacités indiscutables.
Djibo Leïty Kâ a réellement débuté la pratique de la politique à une période où un parti hégémonique, le Parti Socialiste (PS), à défaut d’être unique, régnait sans partage sur la vie politique sénégalaise. Dernier directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor, il fut ensuite l’un des dauphins de son successeur, Abdou Diouf. Il a été plusieurs fois ministre à des postes clés : Information, Communication (Création de la SONATEL), Plan & Coopération, Education Nationale, Intérieur, Affaires Etrangères, Economie Maritime, Environnement (Création de la muraille verte). Administrateur Civil de métier et économiste de formation, il a par ailleurs fondé son propre parti, porteur d’idées et d’ambition pour son peuple, Union pour le Renouveau Démocratique (URD).
En 1991, lorsqu’il est nommé à la tête du ministère des Affaires Etrangères, la diplomatie sénégalaise suscite respect et admiration malgré ses relations difficiles avec la Mauritanie et la Guinée Conacry. Il devient ainsi, un des maîtres d’œuvre du rétablissement des relations diplomatiques entre le Sénégal et la Mauritanie à la suite des événements de 1989.
Un grand serviteur de l’État s’en est allé en emportant autant de secrets sur les évènements auxquels il a été impliqué directement ou indirectement. Ce culte du secret qui constitue même le socle de la République. C’était un Jeudi 14 Septembre, en pleine session d'ouverture de la 13e législature, que les députés ont appris le décès de notre défunt père. Un homme politique autant respecté que craint, le « socialiste » qui a marqué l'histoire politique en travaillant avec tous les chefs d'Etat de Senghor à Macky Sall.
3 ans déjà, je ne cesserai de le répéter : « un grand vide est depuis ressenti parmi sa famille, mais aussi au sein de la République, car certes un véritable Homme d’Etat s’en est allé… ». C’est à ce moment que nous avons compris que les choses de la vie peuvent basculer en une fraction de seconde et que les deux mondes sont simplement séparés par une faible lueur d’espoir. Nous avons ce jour-là fait face au destin cruel de la vie, nous avions perdu un père, un ami, un confident, un modèle, un leader et maître à penser et surtout un Héro.
Toujours accueillant, avec une phrase au bout des lèvres pour détendre l’atmosphère, il avait le sens de l’écoute, car selon lui l’épanouissement de son prochain était plus qu’une responsabilité, une qualité donc que seul un véritable Homme d’Etat peut avoir. « Le petit berger peulh » était un homme déterminé, qui a très vite appris depuis l’université, à se mettre au service de la communauté en restant attaché à sa cohésion et à l’équité au sein de ses membres, à croire que c’était inné dans son cas. Tout cela constituait le fondement de sa vision, de la mission de l’homme politique, il souhaitait être compris comme le Guerrier de la Lumière de Paolo Coelho qui « parce qu’il est passé par toutes les expériences n’a pas perdu l’espoir de devenir meilleur ». Un de ses écrivains préférés.
Djibo Leïty Ka, un nom qui doit figurer dans l’histoire du Sénégal et être encré dans les livres pour informer les futures générations sur tout ce qu’il a eu à accomplir envers sa patrie. En outre, un véritable Homme d’Etat par ses qualités, un personnage historique que toutes les sénégalaises et tous les sénégalais, je dirai même les africains en général doivent connaître.
Nous sommes fiers aujourd’hui que son nom soit intimement lié à l’histoire politique du Sénégal de ces 50 dernières années. Un Grand Homme ayant assumé, avec constance et passion positive, parmi les plus hautes charges de l’État.
Cet honorable Homme Politique, ne l’oublions pas était aussi un père extraordinaire, très proche de sa famille et prêt à tout ne serait-ce que pour les rendre heureux et de voir apparaître un sourire sur leur visage. Ses « trésors », comme ils les appelaient, son épouse, ses enfants, ses petits-enfants…Il a été un véritable pilier dans notre vie, toujours l’homme de la situation : sensible, aimant, tendre, généreux et fort à la fois.
Nous n’étions pas préparés à son départ mais comme dirait l’adage « la mort est le seul événement biologique auquel le vivant ne s'adapte jamais ». Il laisse certes un immense vide dans nos cœurs. Les mots qu’il nous répétait sans cesse : Discipline, Foi, Intégrité, Intelligence, qui sont désormais notre devise et leitmotiv.
Djibo Leïty Ka était sans aucun doute un Grand Homme et au nom de toute la famille Ka nous lui réitérons notre reconnaissance et rendons grâce à Dieu de l’avoir eu à nos côtés durant toute ces années et d’avoir été témoins tout ce qu’il a pu réaliser.
Nul ne peut échapper au destin cruel de la vie, nous avons perdu un père, un guide, un leader, un poète à l’esprit ouvert, un maître à penser d’une générosité immesurable et par-dessus tout un homme de conviction. Tu étais un grand homme Papa Kâ, comme tu étais surnommé, ta grande ouverture d’esprit et ton humour manquerons à tout ton entourage.
A notre tour désormais de te rendre fier et d’honorer ta mémoire et tes combats pour ce pays…
« Qu'il est grand, plus grand encore mort que vivant ! » Henry II
EVITER LE FAUX PAS
Sollicité par l’opposition ivoirienne pour faire barrage à la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat, Emmanuel Macron a jusqu’à présent louvoyé
Sollicité par l’opposition ivoirienne pour faire barrage à la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat, Emmanuel Macron a jusqu’à présent louvoyé. En recevant vendredi 4 septembre son homologue ivoirien à l’Élysée, le chef de l’État devra tout faire pour «éviter le faux pas», a confié un ancien diplomate au micro de Sputnik. Analyse.
«Je vois mal comment en Côte d’Ivoire, la France pourrait se poser en arbitre comme au Liban. La Côte d’Ivoire est un pays souverain, qui n’a rien à voir avec la situation qui prévaut aujourd’hui au Liban, où l’État est en décomposition», a commenté au micro de Sputnik France l’ancien ambassadeur Stéphane Gompertz, qui a dirigé la direction Afrique du Quai d’Orsay de 2010 à 2012.
Initialement prévu le jeudi 3 septembre, le déjeuner à l’Élysée au cours duquel Emmanuel Macron devait s’entretenir avec son homologue ivoirien a été décalé «en raison d’un agenda présidentiel français bousculé par le Liban et l’Irak», selon une source de l’équipe présidentielle citée par le média ivoirien Koaci. Au menu de ce tête-à-tête entre les deux chefs d’État, s’est finalement tenu ce 4 septembre, la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle ivoirienne du 31 octobre et la crise qui ébranle le Mali depuis le coup d’État du 18 août qui a renversé Ibrahim Boubacar Keita.
Emmanuel Macron avait officiellement salué, le 5 mars dernier, l’annonce du Président ivoirien de ne pas briguer de nouveau mandat, saluant l’«homme de parole» et l’«homme d’État».
Candidature d’Ouattara, le silence assourdissant de Macron
Or, depuis le revirement de ce dernier, le 6 août dernier, à la suite du décès du Premier ministre –qui était le candidat officiel du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, parti au pouvoir)–, son silence est devenu de plus en plus assourdissant.
«Emmanuel Macron peut écouter et conseiller d’éviter tout ce qui serait susceptible d’accroître les tensions [préélectorales, ndlr]. Sans cela, ce serait un faux pas que l’on ne pardonnerait pas à la France, qui s’emploie à avoir de bonnes relations avec l’ensemble de la classe politique ivoirienne», a ajouté Stéphane Gompertz
Interrogé par des journalistes accrédités à l’Élysée lors de la conférence de presse qu’il a convoquée vendredi 28 août, Emmanuel Macron s’est «catégoriquement refusé» à tout commentaire sur la présidentielle ivoirienne comme sur les autres dossiers africains en cours, selon les confidences de l’un d’entre eux à Sputnik, sous couvert d’anonymat. Toutefois, selon des médias africains citant une lettre de Brice Blondel, chef de cabinet du Président de la République française, le message de l’opposition ivoirienne aurait «bel et bien été reçu et compris par Paris». Pour autant, la France affirme pour l’heure refuser toute ingérence dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. Les demandes de l’opposition risquent donc de rester lettre morte.
Exclu de la liste pour le scrutin présidentiel du 31 octobre en Côte d’Ivoire, Guillaume Soro en a appelé à Emmanuel Macron, le 26 août dernier, dans le JDD, afin qu’il prenne position contre un troisième mandat d’Alassane Ouattara. Dans sa lettre ouverte au «représentant de la patrie des droits de l’homme et des citoyens», l’ancien Premier ministre ivoirien avait précisé que la France ne pouvait «pas aller dans le sens de ceux qui piétinent les libertés fondamentales d’un pays».
Revenant à la charge sur son compte Twitter pour dénoncer l’arrestation de femmes militantes de son mouvement politique, Générations et peuples solidaires (GPS), il a exhorté son ancien mentor à renoncer à briguer un nouveau mandat, l’avertissant: «il y a des combats qu’on ne mène pas à 78 ans!» Mieux vaudrait se retirer «quand on a atteint l’apogée de sa gloire», a-t-il encore précisé.
Pour l’opposition, le silence de l’Élysée «autorise toutes les supputations»
Dans une interview au Monde, le candidat du PDCI, l’ancien Président Henri Konan Bédié indique avoir, lui aussi, écrit à Emmanuel Macron pour lui décrire «un état des lieux des plus inquiétants» en Côte d’Ivoire. Un message largement relayé par l’ensemble des opposants à un troisième mandat d’Alassane Ouattara, mais contesté par ses partisans. Ce qui fait craindre une nouvelle montée des tensions politiques et ethniques en Côte d’Ivoire, lesquelles ont déjà fait plusieurs morts dans différentes localités à la mi-août.
De son côté, Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre et candidat du Front populaire ivoirien (FPI), a exhorté le locataire de l’Élysée à se prononcer. Dans une lettre ouverte en date du 2 septembre, il a précisé que le silence de la France «autorise toutes les supputations» en Côte d’Ivoire et qu’une prise de position claire de Paris sur cette candidature «est, a contrario, très attendue», a-t-il affirmé.
Le parti au pouvoir veut «préparer la relève»
Réunis dans un grand café parisien mardi 1er septembre avec un petit groupe de journalistes spécialistes de l’Afrique, dont Sputnik France, pas moins de cinq ministres ivoiriens appartenant à la mouvance présidentielle se sont prêtés au jeu des questions-réponses sur la situation qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire.
D’emblée, le porte-parole du gouvernement Mamadou Touré a affirmé que «le soutien à la candidature du Président Alassane Ouattara a rencontré un large soutien dans le pays», contrairement aux informations que l’opposition fait circuler en France.
Pour le directeur exécutif du RHDP, Adama Bictogo, ce soutien à la candidature du Président sortant peut non seulement se mesurer «par le nombre de partisans mobilisés au grand stade d’Abidjan le 6 août dernier, qui a atteint les 200.000», mais également par «le parrainage et le ralliement de personnalités dans les autres partis».
Quant à savoir pourquoi le RHDP n’a pas été en mesure de trouver un candidat «plus jeune» après le décès de son prétendant désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le 8 juillet dernier, le haut cadre du RHDP a été catégorique: «Une candidature présidentielle, ça ne s’improvise pas. On doit se coucher le soir en pensant que l’on va être Président et on doit se lever le matin en pensant que l’on va être Président. L’ensemble des cadres du RHDP ont estimé qu’il n’y avait personne dans ses rangs avec une stature suffisante pour endosser ce costume. Notre Président a accepté de rempiler avec, justement, l’idée de préparer la relève», a expliqué Adama Bictogo.
DANS LE LABYRINTHE DES TOMBES DE YOFF
Entre des tombes que l’on peine à retrouver et l’enchevêtrement des sépultures, il faut être d’une grande agilité et spécialiste des fouilles archéologiques pour pouvoir retrouver les dernières demeures de parents disparus
Se recueillir sur la tombe d’un proche au cimetière musulman de Yoff relève d’un véritable parcours du combattant. Entre des tombes que l’on peine à retrouver et l’enchevêtrement des sépultures, il faut être d’une grande agilité et spécialiste des fouilles archéologiques — on exagère à peine ! — pour pouvoir retrouver les dernières demeures de parents disparus. Naturellement, face à cette situation, les personnes âgées ou handicapées sont exclues.
L’alerte
Huit années sont passées depuis que la cote d’alerte a été atteinte au niveau du cimetière musulman de Yoff. En effet, c’est en 2012 que le gestionnaire avait indiqué que le seul cimetière musulman de la capitale avait atteint presque les 4/5 de sa capacité. Il prévenait qu’ « au rythme où vont les choses, dans dix ans, il ne sera plus possible d’enterrer des morts dans ce cimetière. Il ne reste que les dernières sections à exploiter » prévenait-il, alarmiste. Huit ans après, ce terrible scénario ne semble plus d’actualité dans ce lieu ouvert en 1974 pour prendre le relais du cimetière de soumbédioune ou « Abattoirs », définitivement fermé. d’espaces, le cimetière de Yoff en dispose encore contrairement à beaucoup d’autres de la capitale qui ont atteint leur seuil critique.
Parcours du combattant
Il est 10 heures. de nombreuses voitures sont stationnées sur le grand parking. Au niveau de la mosquée de ce cimetière, des personnes attendent l’arrivée de la dépouille d’un parent. Un matériel de lavage des mains, covid-19 oblige, est disponible à l’entrée. La grande porte franchie, nous sommes dans la dernière demeure des hommes après une vie sur terre qui a pu être longue ou courte, bien remplie ou inutile. dans ce cimetière, on peut discuter du sens selon lequel tous les hommes sont égaux face à la mort. En tout cas, certaines personnes reposent dans des mausolées sur lesquels de sans-abris ne cracheraient pas, tellement ils sont luxueux car bâtis avec du marbre de qualité.
Une foule immense nous rejoint dans une des allées du cimetière. Vieux, adultes et jeunes essaient de rejoindre le trou où doit reposer leur mort. de loin, on aperçoit des gens s’exercer à de véritables acrobaties en sautant d’une tombe à une autre. Certains, sans s’en rendre compte, marchent même sur des sépultures. Il faut faire attention pour ne pas se blesser avec les nombreuses tombes surmontées de tableaux en fer pour identifier les défunts qui y reposent. des tableaux la plupart du temps rouillés et qui occasionnent souvent des blessures aux visiteurs, s’ils ne déchirent pas leurs habits. se mouvoir dans ce cimetière est un véritable parcours du combattant. difficile d’accéder à certaines tombes car la plupart sont enchevêtrées de manière inextricable, si elles ne sont pas superposées.
Pour circuler dans ce capharnaüm, il faut souvent faire des acrobaties dignes d’un athlète. Avec les nombreuses constructions irrégulières, les mausolées dignes de palais, c’est tout naturellement que l’espace encore disponible dans ce cimetière se rétrécit comme peau de chagrin. L’anarchie fait que certaines personnes peinent à retrouver les tombes de leurs défunts. C’est le cas de ce jeune homme du nom de Malick ba rencontré sur les lieux. Tout essoufflé, transpirant énormément à cause de la forte chaleur, il est obligé de se mettre à l’ombre d’un arbre sur le muret d’une tombe. « Cela fait un moment que je suis à la recherche de la tombe de ma tante. Non seulement, il y a beaucoup d’herbe, mais également il y a beaucoup de constructions. Et évidemment, cela prend de l’espace et il devient difficile d’accéder aux tombes qui sont au fond » se plaint ce jeune homme, qui était venu pour se recueillir sur la tombe de sa défunte tante qu’il a enterrée il y a juste quelques mois et qu’il peine pourtant à retrouver. Il suggère une bonne organisation des lieux afin que les parents puissent retrouver facilement les tombes de leurs proches disparus.
Quelques mètres plus loin, une dame, la soixantaine, vêtue d’un long boubou blanc, un col de la même couleur sur la tête, confie sa peine. « Mon défunt époux repose à quelques mètres, j’ai vraiment eu du mal à venir jusqu’ici. Le chemin qui mène à la tombe est trop étroit et il faut escalader certaines tombes pour y accéder. Mais je rends grâce à Dieu d’être devant la tombe. Je ne pense pas que des personnes plus âgées que moi auraient pu accéder à cette partie du cimetière », confie notre interlocutrice, soulagée. Lors de l’enterrement auquel votre serviteur était venu prendre part, beaucoup de personnes du troisième âge ont peiné à accéder au lieu de la mise sous terre. « C’est vraiment éprouvant. Déjà, le parcours depuis le grand portail est long. Après cela, devoir escalader des tombes pour assister à la mise à terre, je n’ai vraiment pas cette force », confie un vieil homme tout essoufflé s’appuyant sur sa canne en égrenant les perles de son chapelet. Outre les vieilles personnes, les handicapés subissent eux aussi les mêmes désagréments.
« Le cimetière ne manque pas d’espaces »
seulement voilà, si certains disent avoir des peines à retrouver les tombes des leurs disparus, gestionnaire du cimetière de Yoff, Ibrahim diassy, botte en touche. Il soutient que le cimetière est accessible et qu’il n’y a pas de problème pour retrouver une tombe. sur les constructions de mausolées dignes des palais, il répond que ceux qui ont construit ces tombes luxueuses sont dans leur droit le plus absolu. « Chaque personne a le droit d’acheter sa parcelle de terre. Si elle veut construire, c’est son droit. C’est pareil partout, même chez les chrétiens » nous confie M. diassy. sur le problème d’accessibilité, il renseigne que le cimetière de Yoff a une bonne organisation. Car, assure-t-il, tout a été fait selon les règles. « Il y a d’abord des sections, des séries et pour finir des numéros. Le tout est enregistré dans un registre.
Depuis l’ouverture de ce cimetière, en 1974, il y a eu un aménagement qui a été bien fait pour qu’il n’y ait aucun problème d’orientation ou de recherche des sépultures » lance le gestionnaire qui affirme qu’il faut simplement venir demander et donner la date de décès du parent pour qu’on puisse indiquer le lieu exact où il repose. En ce sens, il affirme que le cimetière ne souffre d’aucun encombrement. En effet, le gestionnaire nous fait savoir qu’il y a des espaces qui se trouvent à l’extérieur et qui appartiennent au cimetière. seulement, fait-il savoir, ce n’est pas encore le moment de les exploiter. seulement voilà, si le gestionnaire soutient qu’il n’est pas difficile d’accéder aux tombes, beaucoup de citoyens ne sont pas de cet avis. Ils pensent qu’avec les constructions qui ont poussé comme des champignons après la pluie, il leur est difficile de se recueillir sur la tombe de leurs défunts. Un fait que nous avons pu constater. En tout cas, il faut être agile pour pouvoir se recueillir sur certaines tombes. Une qualité que tout le monde n’a pas. surtout les personnes âgées et handicapées.
Par Fadel Lo
MAIMOUNA DOUCOURE, DE LA BIOLOGIE AU CINEMA
Réalisatrice du très controversé film, « Mignonnes » Maimouna Doucouré était loin de s’imaginer à ses débuts, qu’elle allait connaitre aussi rapidement une telle consécration.
Réalisatrice du très controversé film, « Mignonnes » Maimouna Doucouré était loin de s’imaginer à ses débuts, qu’elle allait connaitre aussi rapidement une telle consécration. En effet, à l’occasion de la sortie de son film Mignonnes, le 19 aout dernier, elle a été pratiquement à la Une de tous les grands journaux français. Du « Monde » au « Figaro » en passant par « Paris Match », « Jeune Afrique » ou « La Croix », il y en avait que pour Maimouna Doucouré et son film. Cette consécration aussi rapide qu’inattendue constitue une belle revanche pour la jeune femme de trente-cinq ans. Ce premier long métrage sensible et engagé lui a valu déjà de nombreux prix. Parcours atypique de l’ancienne étudiante en biologie qui a finalement trouvé sa voie dans le cinéma.
Un amour précoce pour le cinéma
Maïmouna Doucouré a rencontré fortuitement le cinéma et le théâtre durant son parcours scolaire. Née en 1985, elle grandit devant une télévision et un cinéma où peu de personnes lui ressemblent. Parallèlement à ses études de biologie, elle suivait des cours de théâtre et s’essaye à l’écriture de scénarii. Dans le cadre d’un concours de scénario initié par l’Union sociale pour l’habitat, elle réalise en 2013 son premier court-métrage « Cache-cache ».
Coup de cœur du jury du festival « Génération Court ». Elle reçoit en 2017 le César du meilleur court-métrage pour « Maman(s) » (également prix du Meilleur Court métrage au Festival de Toronto et prix du meilleur court-métrage international au Festival de sundance). Le film raconte l’histoire d’Aïda, 8 ans, qui voit son père revenir dans l’appartement familial en banlieue parisienne accompagné d’une seconde épouse et décide, face au désarroi de sa mère, de se débarrasser de cette nouvelle venue. de festivals en projections, elle finit par rencontrer le producteur Zangro qui la motive à s’accrocher.
Maïmouna passe le cap et continue d’explorer cette voie. Avec lui, elle écrit puis monte le dossier de financement pour tourner Maman(s) son second court métrage. Maman(s), ou une histoire de polygamie racontée à travers les yeux d’une petite fille. Un scénario pas très éloigné de l’expérience personnelle de la réalisatrice qui a elle-même grandi dans une famille polygame. Produit par bien ou bien Productions, le film est sélectionné dans plus de 150 festivals à travers le monde et a remporté près de 50 prix, dont le prix international au festival de sundance, le célèbre festival hollywoodien créé par l’acteur Robert Redford, où elle fait une entrée remarquée par les professionnels américains.
Et pour clôturer cette folle tournée, c’est chez elle, en France, qu’elle remporte, son premier César depuis toute jeune, Maïmouna noircit des tas de cahiers avec ses contes et autres saynètes. Les histoires, elle sait les raconter mais réaliser un film, elle n’y avait pas pensé. Elle relève le défi alors qu’elle n’a pas reçu de formation spécifique et n’a aucun lien avec la grande famille du cinéma. ses parents, éboueur et commerçante, n’ont pas du tout prévu cette carrière pour leur fille. « Je me suis moi-même beaucoup interrogée sur cette question quand j’étais enfant. à l’âge d’Amy, je voulais être un garçon, ça me paraissait plus juste », confie-t-elle à nos confrères du Figaro. Élevée avec neuf frères et sœurs dans une famille modeste d’origine sénégalaise, elle remarque très vite les injustices infligées aux femmes de son entourage. « Mes cousines, mes voisines étaient opprimées mais résignées. à l’époque, ça me révoltait car j’étais impuissante », raconte t-elle. « C’est ça qui est formidable dans le cinéma. Avec Mignonnes, j’ai l’impression de donner un énorme coup de pied dans la fourmilière et de parler de sujets pas souvent abordés et qui sont d’une violence inouïe. » explique-t-elle aux cours d’un entretien avec le journal, « La Croix ». La réalisatrice est d’autant plus sensible à ces sujets qu’elle s’est longtemps interdit de rêver au cinéma dans lequel elle ne se reconnaît pas. C’est avec son bébé dans un bras et une caméra dans l’autre, que Maïmouna doucouré a commencé le tournage de son premier long-métrage, « Mignonnes », en janvier 2018. Une façon d’affirmer que « c’est possible », rapporte la jeune femme.
Inspirée par son propre vécu
si elle réussit rapidement à monter son premier long-métrage, notamment grâce au producteur Zangro et sa société bien ou bien productions, elle reconnaît avoir travaillé dur au scénario : un an et demi d’enquête sur le sujet pour coller au plus près de la réalité et la collaboration précieuse d’une autre réalisatrice plus expérimentée, Alice Winocour (Proxima). « Ma première inspiration, c’est ma propre vie. Je suis née et j’ai grandi en France, avec une double culture. Mes parents sont d’origine sénégalaise. Nous étions dix frères et sœurs dans une famille polygame. Mais je n’ai pas vécu l’histoire telle que je la raconte dans mon film. Moi, quand je suis née, j’avais déjà deux mamans.
Pour tout te dire, au départ, en écrivant mon court métrage Maman(s), je me suis demandé si faire un film sur la polygamie avec seulement des noirs en France, ça intéresserait quelqu’un. J’avais cette peur-là, je ne savais pas si mon histoire était légitime à être racontée. J’ai été agréablement surprise en voyant la carrière de Maman(s) – deux cents festivals à travers le monde, dont sundance et Toronto, une soixantaine de prix, dont le César. J’ai compris que le plus important quand on raconte une histoire, c’est la sincérité, l’émotion qui s’en dégage pour que le propos devienne universel. C’est aussi ça que je trouve magique avec le cinéma : on ouvre une porte sur une famille ou un monde qu’on ne connait pas mais auquel on peut totalement adhérer et s’identifier grâce à l’universalité du propos. », explique-t-elle longuement dans une interview accordée à trois couleurs.fr. Il faut reconnaitre que la sortie de ce premier long métrage était très attendu.
La réalisatrice a dû faire preuve de beaucoup de courage pour surmonter tous les écueils placés sur son chemin. Il y a eu d’abord la polémique relative à l’affiche de Netflix. Alors que l’affiche française du film Mignonnes présente simplement les éclats de rire de quatre collégiennes qui s’avancent dans une rue de la capitale, Netflix avait publié une image de la bande de copines en sous-vêtements, sous les feux de projecteurs, dans une mise en scène hyper sexualisée. La réalisatrice subit les conséquences des agissements du géant du streaming. Une partie des tweets qui ont porté la polémique s’est directement dirigée vers elle, en l’accusant de véhiculer des images pédopornographiques. La vague de harcèlement conduite à son égard a poussé Maïmouna doucouré à supprimer son compte twitter. En outre, deux pétitions ont été lancées pour demander le retrait du film de la plateforme.
Une quête permanente de reconnaissance
Pourtant à la, sortie du film, elle a pu s’expliquer et donner les raisons qui l’ont poussées à réaliser ce film qui a vite fait de susciter de nombreuses réactions. « Le jour où j’ai vu dans une fête de quartier un groupe de jeunes filles de 11 ans monter sur scène et danser d’une façon très sensuelle, avec des vêtements très courts. J’étais assez choquée et je me suis demandée si elles avaient conscience de l‘état de disponibilité sexuelle qu’elles renvoyaient. Il y avait aussi dans le public des mamans plus traditionnelles, dont certaines femmes voilées : c’était un vrai choc des cultures ! J’étais sidérée et j’ai pensé à ma propre enfance car je m’étais longtemps posée des questions sur ma féminité, évoluant entre deux cultures : ma culture sénégalaise qui me vient de mes parents et ma culture occidentale. Mais j’avais besoin d’avoir la version 2020 de cette jeunesse, donc pendant un an et demi, j’ai arrêté des groupes de jeunes filles dans la rue, parfois dans des écoles ou quand des associations m’ont ouvert leurs portes. Je les ai enregistrées ou filmées quand j’avais l’autorisation des parents, et j’ai recueilli leurs histoires, leurs récits, pour savoir où elles se situaient en tant qu’enfants, que filles, que futures femmes, comment elles se plaçaient dans la société avec leurs copines, leurs familles, à l’école, avec les réseaux sociaux. Ce sont toutes ces histoires qui ont nourri l’écriture de Mignonnes. » révèle-t-elle à nos confrères de Cineurope. Même si elle se considère comme une cinéaste française, elle est aussi consciente qu’il reste encore du chemin à parcourir pour s’imposer vraiment en France. « Je ne me suis jamais sentie autant française qu’aux Etats-Unis. Là-bas, je suis une réalisatrice française. Évidemment, la question de la place des femmes est abordée, mais la notion de diversité, on ne m’en parle pas particulièrement.
En France, j’ai cette sensation qu’il y a les films de science-fiction, les drames, les comédies, etc., et un autre genre : le genre diversité. On est obligé d’en parler aujourd’hui pour que les choses changent, mais on ne sera vraiment content et on ne lâchera le combat que quand ce genre diversité disparaîtra. Car personne n’a envie par exemple d’être sélectionné dans un festival pour des raisons de discrimination positive. Qu’on soit une femme, qu’on soit issu de la diversité, ce qui compte c’est que nos œuvres soient pleinement reconnues artistiquement, pour ce qu’elles sont et non pour ce que nous représentons. », analyse-t-elle avec lucidité face à nos confrères du « Point ». La cinéaste travaille déjà sur deux autres scénarii, mais va faire « un peu grandir ses personnages ». des films engagés, parce que les inégalités ont la peau dure, et féministes, parce que c’est tellement ancré en elle, que c’est un combat qu’elle compte mener toute sa vie. Pour l’heure, elle est en train de savourer avec un réel plaisir le succès de ce film qui n’a pas encore fini de faire parler de lui.
Fadel Lo avec Internet
Par Véronique Tadjo
CÔTE D'IVOIRE, D'UNE MAUVAISE CONSTITUTION A L'AUTRE
C’est le moment de s’interroger sur les changements de Constitutions dans la région ouest-africaine d’une manière générale. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, le pays est tombé de Charybde en scylla
Voilà, c’est fait, Alassane Ouattara a été investi le 22 août 2020 en tant que candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHdP). à moins d’un revirement de situation, il se présentera à l’élection présidentielle du 31 octobre prochain, briguant ainsi un troisième mandat très controversé. Pourtant, tout avait relativement bien commencé. Alassane Ouattara avait annoncé à ses compatriotes et au monde entier qu’il partirait à la fin de ses dix années à la tête de l’état, comme le veut la Constitution.
Pour preuve, Amadou Gon Coulibaly, son collaborateur le plus fidèle, avait été désigné comme dauphin. Mais le décès subit de celui-ci, le 8 juillet dernier a rebattu les cartes. Le président est revenu sur sa décision dans son adresse à la nation, le 6 août, lors des fêtes de l’indépendance, pour des raisons de force majeure et afin de préserver les acquis de sa gouvernance. L’annonce a provoqué un tollé général dans l’opposition et a entraîné plusieurs manifestations à travers le pays. On compte déjà entre six à huit morts, de nombreux blessés et près d’une centaine d’arrestations.
En réaction à ces mouvements de protestations, le gouvernement a interdit les manifestations publiques et mis en garde la population contre toute atteinte à l’ordre. La question est de savoir si Alassane Ouattara est dans son droit. selon le RHdP, tout cela est légal, conformément à la nouvelle Constitution de 2016 qui remet les compteurs à zéro puisqu’elle annule la précédente datant de 2000 et institue l’avènement de la Troisième République. Légitimité donc, selon le principe de la non-rétroactivité des lois. Ces détracteurs assurent qu’il n’en est rien. La nouvelle Constitution ayant reconduit les termes de l’ancienne Constitution qui consacre le principe de la limitation du nombre de mandats présidentiels. L’article 55 est clair à ce sujet : « Le président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n’est rééligible qu’une fois. » Et cela n’a pas changé dans la nouvelle Constitution.
Le président a-t-il le droit d’en briguer un troisième ?
Il est du ressort du Conseil constitutionnel de trancher définitivement sur la question du troisième mandat, en même temps qu’il se penchera sur la recevabilité des autres candidatures en lice. Le problème est que peu de personnes croient encore en l’impartialité de cette institution de la République. Le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Koné, a été nommé le 12 mars 2015 par Alassane Ouattara lui-même. Il en va de même pour les six autres conseillers actifs qui y siègent. Leur impartialité est sérieusement en doute. Dans de telles conditions, beaucoup d’observateurs estiment que les jeux sont faits. Or, par une cruelle ironie du sort, pendant la crise postélectorale de 2010- 2011, les deux candidats, Laurent Gbagbo, président sortant et reconnu par le Conseil constitutionnel, et Alassane Ouattara, reconnu par la Commission électorale indépendante et la communauté internationale, revendiquèrent chacun la victoire. Le bras de fer entraîna une guerre civile qui a coûté la vie à 3 000 personnes. Ce fut le début de la présidence d’Alassane Ouattara. Aujourd’hui, le Conseil constitutionnel est de nouveau sous le feu des projecteurs. sauf que l’histoire s’est inversée.
La Constitution comme garantie juridique
C’est le moment de s’interroger sur les changements de Constitutions dans la région ouest-africaine d’une manière générale. Dans le cas de la Côte d’Ivoire, le pays est tombé de Charybde en scylla. Certes, la Constitution de 2000 a donné lieu à des modifications importantes. Là où l’ancien texte imposait qu’un candidat soit « exclusivement de nationalité ivoirienne, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine », la nouvelle Constitution remplace cette condition par « nés de père ou de mère ». Un seul des parents d’un candidat présidentiel a maintenant besoin de posséder la nationalité ivoirienne de naissance. Par ailleurs, le fait d’avoir détenu une autre nationalité ne l’empêche plus d’être candidat. Il doit cependant y renoncer avant de soumettre son nom. Autres changements de taille, un poste de vice-président a été créé, ainsi qu’un sénat. Cependant, le fait que la limite d’âge pour se présenter, auparavant fixée à 75 ans, ait été supprimée – et que l’âge minimal ait été abaissé à 35 ans – représente un recul indéniable.
En effet, cette modification permet aujourd’hui à Henri Konan Bédié, le candidat du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PdCI), âgé de 86 ans, de se présenter à la magistrature suprême ! Dans un pays, dont près de la moitié de la population est analphabète et où une infime minorité se donne la peine de lire les textes de loi pour en comprendre les enjeux, la responsabilité de la société civile est grande. Malheureusement, ce qui manque cruellement à la Côte d’Ivoire, c’est une société civile neutre. Celle-ci n’existe pratiquement pas, car trop souvent, elle est infiltrée par des partis liés aux mouvements de l’opposition du moment. Pour cette raison, beaucoup de personnes hésitent à répondre à ses mots d’ordre de crainte d’être prises en otage par un camp. Pendant ce temps-là, la bourgeoisie ivoirienne est paralysée par son désir de préserver la stabilité à tout prix. Pourtant, elle est bien placée pour faire pression sur l’élite politique avec laquelle elle entretient des liens de parenté et d’alliance. Mais elle n’a pas encore compris que son inaction ne peut que réactiver le terrible cycle de l’instabilité, justement.
Ne pas se tromper de combat
Ne nous y trompons pas, la jeunesse va encore une fois faire les frais d’une rivalité entre hommes politiques qui ressemble plus à une vendetta qu’autre chose. Une jeunesse qui monte au créneau pendant que ses dirigeants tirent les ficelles en lui faisant miroiter des promesses qu’ils ne tiendront pas. Une jeunesse à laquelle on a coupé les ailes et qui ne sait pas dire « Non aux anciens ! ». Le silence de l’Union africaine (UA), de la Communauté des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de l’Organisation des Nations unies (ONU), de l’Union européenne (UE) et de la France, est assourdissant sur la question du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Mais fermer les yeux sur cette dérive politique, c’est être complice. C’est tuer la démocratie. Non seulement en Côte d’Ivoire, mais dans le reste de l’Afrique également. Envers et contre tout, la Cour constitutionnelle doit trouver le courage d’assumer l’énorme responsabilité historique qui est la sienne.
Il n’est pas trop tard
Il existe des Ivoiriens compétents, engagés et prêts à construire la nation. Il faut leur donner la possibilité d’utiliser leur expertise. L’ancienne génération, celle qui est au pouvoir d’une manière ou d’une autre depuis le décès de Félix Houphouët-Boigny en 1993, est arrivée à son terme. Les Ivoiriens sont fatigués d’attendre des lendemains plus heureux et de vivre la peur au ventre à chaque nouvelle élection. Face à la crise sanitaire qui pèse lourdement sur l’avenir et devant la menace djihadiste qui ronge la région ouest-africaine, toutes les énergies positives sont nécessaires pour traverser la tempête.
Pour y parvenir, et pour l’exemple, il faut obtenir le retrait de la candidature d’Alassane Ouattara et, dans le même temps, trouver le moyen d’empêcher Henri Konan bédié de se présenter du fait de son très grand âge. En bref, renouveler une classe politique autodestructive. * Véronique Tadjo est écrivaine, universitaire et peintre. Professeure à l’université du Witwatersrand, à Johannesburg, en Afrique du Sud, jusqu’en 2015, elle partage maintenant son temps entre Londres et Abidjan. En 2017, elle publie « En compagnie des hommes » (Don Quichotte), fable des temps modernes sur l’épidémie d’Ebola.