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13 juillet 2025
LE MONDE EFFACE LE SOUVENIR DE L’ESCLAVAGE ET DU COLONIALISME
La mort de George Floyd. l’afro-américain, asphyxié par un policier blanc lors de son arrestation, à Minneapolis, dans le Minnesota aux Etats-Unis d’Amérique (USA), a remis au goût du jour le racisme dans le monde
La mort de George Floyd. l’afro-américain, asphyxié par un policier blanc lors de son arrestation, à Minneapolis, dans le Minnesota aux Etats-Unis d’Amérique (USA), a remis au goût du jour le racisme dans le monde. Pour le dénoncer, plusieurs manifestations ont eu lieu aux USA notamment et dans plusieurs capitales européennes. Mieux, des manifestants outrés par les comportements racistes se sont attaqués à des symboles de l’esclavage, de la domination impérialiste et de l’envahissement de l’Afrique. De là à craindre un effet de contagion en Afrique où des symboles et représentations de ces «esclavagistes» et «colons» sont visibles dans presque toutes les capitales ou grandes villes, il n’y a qu’un pas que certaines n’hésitent pas à franchir. Mieux, pour Seydi Gassama, Directeur exécutif Amnesty International/Sénégal, «ces actes symboliques» notés en Occident «devraient avoir résonnance en Afrique».
L’image est forte. Elle est reprise par plusieurs médias occidentaux. A Bristol, dans le Sud-ouest de l’Angleterre, la statue en bronze d’un marchand d’esclaves, Edward Colston, a été arrachée et jetée dans le port fluvial par des manifestants qui protestaient contre la mort de George Floyd. Ils ont ainsi mis fin à des centaines d’années de présence de la statue dans une rue qui porte le même nom, dans la ville anglaise. Selon une déclaration, reprise par plusieurs canards occidentaux, le maire de la ville n’a pas souhaité remettre le monument qui symbolise une injustice. «En tant qu'élu, je ne peux évidemment pas tolérer les dégradations et je suis très préoccupé par les implications d'un rassemblement de masse sur la possibilité d'une deuxième vague (de contaminations de nouveau coronavirus). Mais, je suis d'origine jamaïcaine et je ne peux pas dire que j'ai un véritable sentiment de perte pour la statue», a-t-il poursuivi, expliquant qu'il la voyait comme un «affront personnel», a déclaré le maire Marvin Rees sur la BBC et repris par Francetvinfo.
A en croire le site français, l’édile de Bristol a estimé «hautement probable» que la statue finisse au musée. Edward Colston (2 novembre 1636 - 11 octobre 1721) est un négociant et mécène anglais du XVIIIe siècle associé à l'histoire de Bristol, sa ville natale. Issu d'une famille marchande prospère, Colston s’est enrichi particulièrement grâce au commerce triangulaire dans les années 1680. Après sa mort, il est durablement célébré comme un bienfaiteur de la cité portuaire. Depuis la fin des années 1990, cette mise en avant de Colston est cependant remise en question dans le cadre des débats mémoriels liés à l'esclavage.
LEOPOLD II RETIRE DES RUES D’ANVERS EN BELGIQUE
La statue de l’ex-roi de la Belgique Léopold II a été retirée par la ville d’Anvers, le mardi 9 juin. Son retrait entre dans la campagne «Black Lives Matter» (la Vie des Noirs Compte), initiée après la mort de George Floyd aux Etats-Unis d’Amérique. Elle est entreposée dans les réserves d’un musée local où la Belgique s’est aussi engagée de mettre un texte explicatif des actions entreprises par ce roi en Afrique, notamment au Congo que Léopold II a décidé d’acheter lui-même, y installant de nombreuses sociétés ; il s’agit d’une «colonisation privée» s’appuyant notamment sur l’exploitation du caoutchouc. Léopold II est le deuxième roi de la Belgique. Il a régné sur le pays de 1865 à 1909. L’histoire de ce roi est marquée par sa mainmise, aux conséquences dramatiques sur le Congo. Dans l’ouvrage, il pleut des mains sur le Congo, Marc Wiltz, retrace une histoire à la cruauté inouïe. L’auteur retrace 23 années de domination belge avec, comme maître d’œuvre, Léopold II. Des millions de Congolais exterminés, sans aucun état d'âme, par ce monarque qui n’avait d’intérêt que l’exploitation des ressources naturelles congolaises pour satisfaire les besoins de son royaume. Dès 1909, une commission officielle du gouvernement Belge estimait déjà que la population du Congo avait diminué de moitié. Comme résultat, en Belgique, des statues de ce roi Léopold II trônent partout. Des rues et des hôtels portent son nom.
LES STATUES DE CHRISTOPHE COLOMB DEBOULONNEES AUX ETATS-UNIS ET EN MARTINIQUE
Aux Etats-Unis d’Amérique d’où est parti le mouvement «Black lives matter», les manifestants se sont pris aux statues de Christophe Colomb, dans plusieurs villes. La représentation de celui qui a découvert l’Amérique a été déboulonnée à Boston, dans le Massachusetts. A Richmond, en Virginie, se statue a été jetée dans un lac. Ailleurs, c’est le même constat. A Miami, dans l’Etat de Floride, une statue de Christophe Colomb, située dans un parc, a été attaquée par des manifestants. Christophe Colomb est considéré comme celui qui a découvert l’Amérique en 1492. A Fort-de-France et à Schœlcher, en Martinique, deux statues de Victor Schœlcher, pourtant considéré comme celui qui a aboli l’esclavage en 1848, ont été saccagées par des manifestants. A Birmingham, dans l’Etat américain d’Alabama, les manifestants ont renversé la statue de Charles Linn, un capitaine de l’Armée confédérée qui se battait pour les Etats du Sud esclavagistes.
DES MANIFESTATIONS EN ALLEMAGNE POUR RECLAMER L’ENLEVEMENT DE LA STATUE DE CECIL RHODES
«La statue de Cecil Rhodes doit tomber !» Ainsi scandaient des milliers de manifestants, réclamant, le mardi 9 juin à Oxford, le démantèlement de la stèle en hommage à l’un des plus célèbres impérialistes britanniques, Cecil Rhodes. En souvenir de cet homme, l’Afrique garde la privatisation des terres des autochtones en Afrique australe au profit d’une minorité blanche. L’actuel Zimbabwe portait son nom, la Rhodésie. De son vrai nom, Cecil John Rhodes (5 juillet 1853 - 26 mars 1902) est un homme d'affaires et un homme politique britannique.
SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR EXECUTIF AMNESTY INTERNATIONAL/SENEGAL : «Ces actes symboliques devraient avoir résonnance en Afrique»
«Le meurtre de George Floyd a créé une onde de choc, une prise de conscience universelle par rapport au racisme, à la discrimination. Cette prise de conscience qui pousse aujourd’hui les manifestants, un peu partout dans le monde, à déboulonner les statues des personnes qui ont été les symboles du racisme et de la discrimination dont la colonisation, constitue une des œuvres les plus achevées. On a vu la statue de Christophe Colomb qui a été déboulonnée, la statue de Victor Schœlcher, qui est supposé avoir aboli l’esclavage, qui l’a été aussi. On a vu, en Belgique, la statue du roi Léopold II qui a été déboulonnée également. Aujourd’hui, ces actes symboliques qui sont en train de survenir en Occident, devraient avoir résonnance en Afrique. On ne peut pas comprendre que la statue de Faidherbe continue à trôner à Saint-Louis, que les autorités l’aient remise sur pied après qu’elle soit tombée d’elle-même.
On ne peut pas comprendre que certaines rues de Dakar portent encore les noms de certains colons qui ont été particulièrement violents et répressifs contre les résistants sénégalais. Il appartient aux collectivités territoriales, à l’Etat du Sénégal de déboulonner toutes ces statues, d’enlever tous les noms de toutes ces rues parce qu’ils constituent une insulte à la mémoire des résistants sénégalais, à la souffrance qu’a enduré le peuple sénégalais dans sa lutte contre l’oppression coloniale. Ce mouvement qui a lieu en Occident, il est honteux qu’il n’ait pas encore résonnance en Afrique. On n’appelle pas à la violence ; mais je dis que ce mouvement doit avoir résonnance ici, en Afrique. Elle doit être portée par les jeunes et les élus. Les statues, aussi bien que les noms des rues, renvoient à un passé colonial douloureux, au racisme, à l’oppression qu’ont subi les indigènes.
Laisser sur place les statues ou ne pas changer les noms des rues, tend à légitimer l’oppression coloniale. Il faut qu’on enseigne aux Africains, au Sénégalais, l’histoire de leur continent, les héros de ce continent, pour préserver la dignité du peuple sénégalais. C’est valable pour tous les autres Etats africains. Aujourd’hui encore, entendre des capitales porter des noms tels que Brazzaville, en l’honneur de Savorgna de Brazza, est une véritable honte. Il faut qu’on se débarrasse de ces héros et qu’on mette en valeur nos propres résistants. C’est comme ça qui va redonner de la fierté à la jeunesse africaine, l’honneur à ceux qui ont résisté. L’Afrique ne peut pas avancer si on est complexé, en pensant qu’on a pas d’histoire».
«WADE PEUT PORTER PLAINTE CONTRE LAMINE DIACK»
Le député Toussaint Manga n’est pas passé par mille chemins pour donner son avis sans concession sur le procès de l’ancien président de l’IAAF
Toussaint Manga, le député libéral, est formel : Abdoulaye Wade, l’ancien président du Sénégal pourrait porter plainte contre Lamine Diack pour avoir contribué à combattre son régime. Il se prononçait hier, mardi, sur le procès de l’ancien patron de l’Iaaf et le supposé financement occulte de la campagne électorale de l’opposition sénégalaise, entre 2009 et 2012.
Le député Toussaint Manga n’est pas passé par mille chemins pour donner son avis sans concession sur le procès de l’ancien président de l’Iaaf. Pour lui, le peuple sénégalais est impacté par les agissements de l’ex-patron de l’iaaf, Lamine Diack, et particulièrement Me Abdoulaye Wade. Et d’affirmer : « Lamine Diack a été clair. Il avait besoin d’argent pour financer l’opposition afin que le régime de Wade tombe et il l’a fait. Il a financé les affaires politiques avec l’argent d’un autre pays et la Constitution sénégalaise ne l’autorise pas ».
Le député Toussaint Manga du Parti démocratique sénégalais qui était invité de la Rfm matin dira par suite : « Je ne connais pas la liste des bénéficiaires mais tout ce que je sais, c’est que toute l’opposition, à l’époque, avait bénéficié directement ou indirectement de cet argent et tout ce qui a été fait avec cet argent à impacté la campagne de Me Abdoulaye Wade ». Poursuivant dans son commentaire, le parlementaire a fait savoir que Me Abdoulaye Wade pourrait poursuivre l’ancien boss de l’athlétisme mondial en justice: « Le Président Abdoulaye Wade est victime et s’il le désire, il peut porter plainte, au Sénégal, contre Lamine Diack. Le moment venu, le parti pourra en parler et prendre position », a-t-il affirmé.
Pour rappel, l’ancien président de l’Iaaf, Lamine Diack, inculpé par le Parquet national financier (Pnf) de Paris pour « corruption passive et blanchiment aggravé dans l’affaire de corruption à l’Iaaf» aurait affirmé devant le juge avoir financé la campagne électorale de l’opposition avec l’argent des Russes, entre 2009 et 2012 au Sénégal.
Les révélations de Diack auraient tenu en quelques phrases : « Je vous ai dit qu’il fallait à cette période pour gagner la bataille de Dakar, c’est-à-dire renverser le pouvoir en place dans mon pays, le Sénégal. Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville ».
Seulement, Lamine Diack n’accusait personne nommément. Néanmoins, ses propos vus de Dakar laissaient implicitement soupçonner les principaux ténors de la vie politique nationale, à l’exception notable de l’ancien président Abdoulaye Wade.
DES PISTES POUR UN FINANCEMENT SAIN DES PARTIS POLITIQUES
Evoquée lors des dernières concertations sur le processus électoral, mais laissée en suspens pour une éventuelle prise en charge par une Commission, la question du financement des partis politiques a été soulevée depuis belle lurette et plusieurs fois
Au deuxième jour du procès de Lamine Diack, ex-patron de l’athlétisme mondial et ses 5 co-prévenus dont son fils Papa Massata Diack, à savoir le mercredi 10 juin dernier, la Cour s’était intéressée aux contreparties qu’aurait obtenues Lamine Diack en échange du ralentissement des procédures de sanctions des athlètes suspects, pour entre autres financer l’opposition du président Wade, à la campagne électorale de 2012. Occasion saisie par la rédaction de Sud quotidien pour revisiter les propositions faites par des experts électoraux sur la lancinante question de la rationalisation et du financement des partis politiques.
Evoquée lors des dernières concertations sur le processus électoral, mais laissée en suspens pour une éventuelle prise en charge par une Commission, la question du financement des partis politiques a été soulevée depuis belle lurette et à de nombreuses reprises. Moult réflexions ont été menées dans ce sens sans pour autant aboutir à une conclusion efficiente. Des réflexions du professeur agrégé des Facultés de Droit, El Hadj Mbodj, en 1998, aux recettes de la société civile et des acteurs politiques en décembre 2015, en passant par les conclusions des Assises nationales de 2009, sans oublier les travaux de la Commission nationale de réforme des Institutions (Cnri) en 2014, des pistes de solution n’ont cessé d’être dégagées.
Au final, la question est toujours pendante en dépit des différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays. Elle reste toujours d’actualité, surtout qu’il ressort du procès de l’ex-président de l’athlétisme mondial, Lamine Diack et ses co-prévenus, le mercredi 10 juin dernier, que de l’argent issu de cette histoire de dopage d’athlètes Russes aurait servi à financer l’opposition contre le régime d’Abdoulaye Wade, lors de la campagne électorale de 2012. Comme contribution au débat sur cette question de rationalisation et de financement des partis, plus de 300 partis, et à leur financement qui fait partie des points à débattre au dialogue politique, Ababacar Fall, Secrétaire exécutif du Groupe de recherche et d’appui conseils pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) avait expliqué que cela est due à l’existence d’un cadre juridique obsolète qui a permis une trop grande liberté dans la création des partis. L’expert électoral rappelle que sous Diouf, le verrou mis en place par Senghor a sauté avec le vote de la loi 81-17 du 11 octobre 1981, puis modifiée en modifié en 1989 par la loi n°89-36 du 12 octobre 1989. Pour lui, ces deux lois ont esquissé un cadre juridique des partis politiques, outre la Constitution et les articles 812 et suivants du Code des Obligations Civiles et Commerciales.
Par conséquent, pour venir à bout du problème, M. Fall avait préconisé la modification de l’actuel cadre juridique «obsolète» dans beaucoup de ses dispositions. Il avait, à cet effet, fait un certain nombre de propositions, dont la nécessité de corser la création des partis politiques avec l’exigence d’un nombre déterminé de signatures pour assurer la représentativité et le paiement de droit d’enregistrement; l’obligation pour le parti politique de disposer d’un local approprié devant servir exclusivement de siège et d’un compte bancaire pour les besoins du contrôle financier. Il y a aussi l’obligatoire de participer aux élections, seul ou en coalition, pour les partis. Il y a aussi l’instauration du financement public direct des partis politiques, avec des critères d’éligibilité basés sur la représentativité et l’élargissement de la fonction de contrôle financier des partis politiques à la Cour des Comptes. Sans être exhaustif, il y avait comme proposition le plafonnement des dépenses pour les campagnes électorales, tout comme l’adoption du Statut de l’Opposition, avec désignation du Chef de l’Opposition.
Abondant dans le même sens, Valdiodio Ndiaye, membre du Collectif des organisations de la société civile pour les élections du Sénégal (Cosce) propose tout d’abord que le ministère de l’Intérieur procède à une mise à jour des partis politiques, d’autant que certains ne sont plus fonctionnels. Partant de l’existant, il suggère comme deuxième élément à régler, l’exigence aux partis politiques d’avoir un siège, d’être identifié, d’avoir un contact téléphonique fixe et le dépôt des rapports financiers annuels avec les éléments institutionnels qui vont avec. Mieux, il pense qu’il faut adopter l’obligation de participer à des scrutins locaux, avec une obligation d’atteindre au moins 1% du suffrage sinon disparaitre. Il ira même jusqu’à suggérer l’instauration pour chaque parti politique d’une école du parti. Il s’est dit d’avis que ce n’est qu’après ces préalables administratifs, qu’on pourra parler du financement des partis politiques.
De toute évidence, tous s’accordent que la pléthore des partis politiques pourrait être un facteur de fragilisation de notre démocratie. Cela, d’autant plus que certains partis sont créés que pour s’assurer une situation de rente et permettre à leur fondateur d’avoir des revenus ou des positions en s’affiliant à des coalitions qui sont au pouvoir.
LA CLASSE POLITIQUE EN ÉCHEC SUR LA GESTION DE LA CHOSE PUBLIQUE
De la présidence d’Abdou Diouf à celle de Macky Sall en passant par Abdoulaye Wade, la question de la rationalisation et du financement des partis politiques a été toujours évoquée sans qu’elle ne soit suivie d’actes concrets
Au deuxième jour du procès de Lamine Diack, en France, la question du financement par l’ex-patron de l’Iaaf de l’opposition politique sénégalaise entre 2019 et 2012 a réveillé la vieille problématique de la rationalisation et du financement des partis politiques, et corrélativement le financement des campagnes électorales au Sénégal. Prétexte pour la rédaction de Sud quotidien de revisiter cette lancinante question que les différents régimes n’ont pu régler, plus de soixante ans après l’accession du Sénégal à l’indépendance, à cause de calculs politiciens et de la surenchère de gouvernants non disposés à renforcer leur opposition. Quoique des propositions judicieuses aient été faites par des hommes de droit et autres experts électoraux pour résorber définitivement cette question de rationalisation et de financement des partis politiques.
UNE REFORME, EN BUTTE AUX CALCULS POLITICIENS ET LA SURENCHERE POLITIQUE
Au Sénégal, la question de la rationalisation et du financement des partis politiques constitue une véritable surenchère politique. De la présidence d’Abdou Diouf à celle de Macky Sall en passant par les douze années de règne du président Abdoulaye Wade, cette question a été toujours évoquée sans qu’elle ne soit suivie d’actes concrets de la part des tenants du pouvoir.
Un véritable serpent de mer de la vie politique sénégalaise. La question de la rationalisation et du financement des partis politiques s’est invitée à la table des débats politiques sous les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pouvoir exécutif sénégalais, à l’exception de celui du feu le poète président, Léopold Sédar Senghor. De la présidence de Diouf à celle de Macky Sall en passant par les douze années de règne du président Abdoulaye Wade, la rationalisation et le financement des partis politiques a été toujours évoqué sans que cela ne soit suivi d’actes concrets. S’exprimant dans un entretien publié dans les colonnes du défunt quotidien «Le Populaire» en août 2010, le professeur agrégé des Facultés de droit, El Hadj Mbodj, avait situé la genèse de ce débat sous le magistère du président Abdou Diouf.
Selon lui, c’est en 1984 que cette question, sous le leadership d’Abdoulaye Wade, a fait l’objet d’une correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale dans le sens de l’inviter à légiférer sur le statut de l’opposition et le financement des partis politiques. Poursuivant son propos, le professeur El Hadj Mbodj va même plus en loin en précisant avoir été chargé en 1998 par le deuxième locataire du Palais de la République de faire un travail dans ce sens. Aussi a-t-il remis les recommandations à celui-ci qui avait l’intention d’adopter cette législation, après l’élection présidentielle de 2000.
Arrivé au pouvoir au soir du 19 mars 2000, Abdoulaye Wade n’a pas pu faire mieux que son prédécesseur. En effet, l’ancien opposant, devenu président de la République s’est juste à ce sujet contenté d’inscrire dans la Constitution de 2001 qu’il a fait confection, le statut de l’opposition et de son chef tout en se gardant durant les douze années qu’il a passé à la tête du pouvoir exécutif à donner corps à son idée inscrite dans la charte fondamentale par une Loi votée à l’Assemblée nationale. Il faut dire que derrière cette inertie du président Wade sur cette question qui faisait partie pourtant de ces revendications quand il était dans l’opposition se cache une stratégie politique visant à maintenir dans la précarité financière son opposition.
UNE QUESTION TOUJOURS EN SUSPENS
Conséquence, ce principe du statut de l’opposition et de son chef inscrit dans la Constitution demeure un idéal impossible à mettre en œuvre du fait de l’absence de modalités de détermination dans le contexte sénégalais. Et ce, malgré la deuxième alternance politique qui a vu arriver au pouvoir Macky Sall, ancien proche du président Wade dont il fut tour à tour (ministre, ministre d’état, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, avant de tomber en disgrâce un an après avoir réussi à faire réélire son mentor dès le première tour lors de la présidentielle de 2007 en tant directeur de campagne.
En effet, au lendemain de son élection, l’actuel chef de l’Etat n’a pas fait lui aussi mieux que ses prédécesseurs. La question est restée au point mort. Et ce, nonobstant des initiatives prises par certaines acteurs politiques et de la société civile qui ont fait une proposition de loi sur cette question de financement des partis politiques, déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse mais rangée dans les tiroirs jusqu’à l’éclatement de l'affaire de l’ancien président de l’Iaaf, Lamine Diack inculpé par le Parquet national financier (Pnf) de Paris pour corruption passive et blanchiment aggravé dans l’affaire de corruption à l’Iaaf».
En effet, après la fuite dans la presse d’une partie de ses déclarations devant le juge Français et dans lesquelles il affirmait avoir financé la campagne électorale d’un opposant avec l’argent des Russes, lors de la présidentielle de 2012 au Sénégal, le financement des partis politiques s’était encore invité au débat public pour un moment sans accoucher de quelque chose de concret. Mise à part la répétition de la situation de 2001 avec l’inscription à nouveau de ce point sur la liste des mesures soumises au référendum constitutionnel de 2016. Aujourd’hui, encore les choses sont loin de bouger. En effet, inscrite au menu des discussions au sein de la Commission cellulaire chargée du dialogue politique, cette question fait partie des points qui n’ont pas fait objet de consensus entre acteurs engagés dans ces pourparlers.
par Médard Ametepe
LE SYNDROME D’HUBRIS OU LA MALADIE DU POUVOIR
« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer» (Stefan Zweig).
« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer» (Stefan Zweig). Georges Clemenceau, homme politique français disait que «les dictatures sont comme le supplice du pal, elles commencent bien mais elles finissent mal».
En Afrique, beaucoup de dirigeants confirment cette prédiction. Le pouvoir est si grisant que dès qu’ils le touchent, ils deviennent si accros qu’ils ne comptent plus décrocher, quitte à mourir d’overdose. Sebastian Dieguez, neuropsychologue à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse, se référant au livre de David Owen « In Sickness and in Power » (Dans la maladie et le pouvoir), dissèque le syndrome d’hubris ou la maladie du pouvoir, caractérisé, selon lui, par la perte du sens des réalités, l’intolérance à la contradiction, les actions à l’emporte-pièce, l’obsession de sa propre image et des abus de pouvoir.
Les symptômes de cette maladie mentale développés particulièrement par les dictateurs, surtout africains. Même si au départ, David Owen s’était lancé dans une analyse dévastatrice des gouvernements de Tony Blair et George W. Bush, montrant comment l’un et l’autre, après les attentats du 11 septembre 2001 et dans le contexte de la guerre en Irak, ont progressivement développé les signes du syndrome d’hubris. Tous deux sont allés jusqu’à mentir délibérément à leur peuple et au monde entier à plusieurs reprises. Selon D. Owen, les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste. Précisément, certains dirigeants du fait qu’ils détiennent le pouvoir, seraient victimes d’une nouvelle entité clinique. Une maladie nommée syndrome d’hubris.
David Owen suggère que l’expérience du pouvoir peut déclencher de graves troubles du comportement et perturber la capacité à prendre des décisions rationnelles. Il semble que le succès initial monte à la tête de l’élu, et qu’il soit associé à des actes de bravoure ou à des prises de risque considérables. « Dès lors s’installe un sentiment d’invulnérabilité et d’infaillibilité. La situation se dégrade quand le leader se met à saper l’autorité d’institutions normalement autonomes, afin d’exercer un contrôle plus direct et plus étendu. Cette attitude le conduit souvent à démoraliser son entourage, ou à monter ses proches les uns contre les autres.
Le leader hubristique écarte ceux qui l’ont déçu ou qui lui semblent menaçants ; la peur et la paranoïa règnent vite au sein du gouvernement », préciset-il. Le leader hubristique, ajoute D. Owen, persiste dans des choix critiquables, n’écoute pas son entourage -et encore moins ses opposants-, et refuse toute contradiction ou compromis.Ils ne ressent pas la nécessité d’écouter -il s’enorgueillit même de ne jamais prendre conseil-, ne cache pas son mépris pour l’opinion d’autrui et ignore les leçons de l’histoire. Le reste des caractéristiques du syndrome d’hubris se confond avec le trouble de la personnalité narcissique. « Le leader hubristique est imbu de lui-même à l’extrême. Il est obsédé par l’apparence, aime se montrer et contrôler son image, cherche à donner l’illusion qu’il agit sans se préoccuper d’être réellement utile », écrit David Owen.
Pour reprendre Tierno Monenembo, «nos chefs d’État sont comme vous et moi, pudiques et respectables en apparence, mais lubriques et incontrôlables dans le fond. Ils perdent la tête, ils jettent le cache-sexe dès qu’apparaissent les formes généreuses du pouvoir». Quid de Faure Gnassingbé ?
Me Wade rédige ses mémoires
Retranché dans sa villa loin des regards et des oreilles indiscrets depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 au Sénégal, Me Abdoulaye Wade, qui cultive depuis une certaine discrétion, n’en passe pas pour autant ses journées à se tourner les pouces et à compter les étoiles. D’après des capteurs de «L’As», l’ancien président de la République meuble son temps libre en se lançant dans des activités intellectuelles. Après avoir libéré tout le personnel qui était à son service à l’exception de Bro et d’un certain Gningue, le pape du Sopi consacre actuellement son temps dans la collecte d’informations et autres données en vue de rédiger ses mémoires. Eh oui, l’ancien chef de l’Etat entend écrire ses mémoires. Et il a décidé de mettre à contribution certains de ses anciens proches collaborateurs triés sur le volet à qui il a demandé de lui collecter toutes les informations relatives aux plus grandes étapes de sa riche trajectoire. A cet effet, certains de ses proches ont la mission particulière de lui rassembler les infos sur ses différents voyages à travers les quatre coins du globe. Dans ses mémoires qui vont paraître prochainement, confient nos sources, le leader emblématique du Parti Démocratique Sénégalais (Pds) reviendra avec force détails sur l’affaire Me Babacar Sèye, du nom du vice-président du Conseil Constitutionnel assassiné le 15 Mai 1993 à la suite de contestations électorales, mais aussi sur tout son long parcours d’opposant et son exercice du pouvoir. Considérée comme l’un des douloureux épisodes de l’histoire politique sénégalaise, l’affaire Me Sèye avait éclaboussé, à l’époque, Me Abdoulaye Wade, son épouse Viviane et quelques-uns de ses partisans du Pds dont Abdoulaye Faye, Samuel Sarr, Mody Sy etc… Même si Clédor Sène et sa bande (Ibrahima Diakhaté et Assane Diop) ont été reconnus coupables de l’assassinat du juge constitutionnel, il n’en demeure pas moins que cette affaire a toujours entaché l’image de Me Abdoulaye Wade qui s’est empressé, dès son accession au pouvoir en 2000, d’indemniser la famille de Me Sèye avant de gracier les assassins et de voter la fameuse loi Ezzan qui amnistie ce tragique dossier. A souligner par ailleurs que c’est l’une des très rares fois que Me Wade reste aussi longtemps au Sénégal sans voyager. Revenu à Dakar à la veille de la dernière élection présidentielle (24 février 2019), le chantre du Sopi se trouve depuis lors dans le pays.
Abdou Karim Fofana au marché du Champ des Courses
Le chantier du marché du Champ des Courses est quasiment terminé. Le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdou Karim Fofana, en compagnie du Préfet de Dakar, Alioune Badara Samb, ainsi que des maires de Dakar, Soham Wardini et de la Médina, Bamba Fall, a visité ce site en construction pour le recasement des commerçants du marché Sandaga. D’un coût de 558,5 millions FCFA, le marché est composé de 507 cantines, d’un bureau administratif, d’un secrétariat, d’un espace de culte, d’un bloc pour la restauration et d’un autre pour les toilettes.
L’Egypte fait un don en matériels de 27 millions FCFA
Le ministère de la Santé et de l’Action Sociale continue de recevoir des dons en guise de contribution dans le cadre de la croisade contre la Covid-19. Le gouvernement égyptien est venu en appoint au Sénégal dans la lutte contre la pandémie du nouveau coronavirus en remettant au ministre Abdoulaye Diouf Sarr des équipements de protection individuelle (combinaisons, masques…) et des produits désinfectants. Le tout pour un montant estimé à 27 millions FCFA. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale rassure que le matériel sera mis immédiatement à la disposition du personnel de première ligne afin de renforcer leur protection.
Etat de santé de Karim Xrum Xax
La dégradation de l’état de santé d’Abdou Karim Guèye dit Karim Xrum Xax, en prison, est préoccupante. Du moins, si l’on en croit son mouvement «Nittu Deugg» qui alerte l’opinion nationale et internationale sur l’état de sa santé. Dans un communiqué, le mouvement renseigne que depuis plusieurs jours, Karim Xrum Xax est alité et son état de santé se dégrade de jour en jour. D’après le mouvement, la santé de Karim demeure précaire à cause des multiples opérations qu’il a subies au cours des mois passés. D’où son inadéquation avec les rigueurs d’un séjour carcéral. Le mouvement «Nittu Deugg» exige de l’Etat la libération de Karim Xrum Xax et le tiendra pour responsable de tout ce qui lui arrivera. Le mouvement appelle à la mobilisation le 23 juin prochain, si l’Etat ne libère pas Abdou Karim Guèye. Toutefois, ils informent que les dispositions sur les plans juridiques et sanitaires sont en train d’être prises pour la libération de leur camarade.
Protestation de jeunes de Guédiawaye
Des jeunes continuent de se rebeller contre les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence. Après les manifestations nocturnes contre le couvre-feu, des jeunes de Guédiawaye ont barré hier la Vdn 3 à hauteur de Hamo 3 et brûlé des pneus pour exiger la levée de la mesure d’interdiction d’accès aux plages prise par le ministre de l’Intérieur pour éviter une propagation du coronavirus. Ils se sont affrontés avec les forces de l’ordre qui ont réussi à interpeller plusieurs d’entre eux. Ces derniers sont présentement en garde-à-vue dans les différents commissariats de police de la banlieue.
Initiative pour l’annulation de la Dette publique africaine
Le Comité d’Initiative pour l’Annulation de la Dette publique africaine (IADA) a décidé de renvoyer jusqu’au jeudi 25 juin prochain la cérémonie officielle de lancement de son appel aux peuples d’Afrique et du monde, prévue à la Chambre de commerce de Dakar. La décision a été prise jeudi dernier à l’issue d’une réunion du Comité d’initiative, sous la présidence du Secrétaire général de la Cnts, Mody Guiro. Le lancement de l’appel était prévu pour le 15 juin. Ce report permettra, d’après les membres du comité, une meilleure préparation de cet événement de grande envergure. Les membres du comité vont en profiter pour l’examen ainsi que la finalisation des projets portant sur le plan d’action et le document plaidoyer de l’IADA. Déjà le comité prépare la mise en ligne de son site internet dans les prochains jours. Par ailleurs, le comité continue d’enregistrer des adhésions de membres issus de tous les secteurs de la vie nationale et à l’étranger.
La Lsdh, Raddho et Amnesty défendent le Littoral
Des organisations de défense des droits humains s’impliquent dans la lutte pour la sauvegarde du littoral menacé par la boulimie foncière de gros bonnets. En effet, la Lsdh, la Raddho et Amnesty International sont montés au créneau pour dénoncer la spoliation accentuée du littoral, notamment dans la région de Dakar, en plus d’une occupation aussi anarchique qu’irrégulière. Elles expriment leur préoccupation quant au déclassement abusif des terres du littoral et du domaine public maritime, un bien commun inaliénable du peuple et leur attribution à des personnes physiques et morales privées. D’après les défenseurs des droits humains, cette situation qui dure depuis des décennies a entraîné une prolifération d’édifices privés sur la corniche qui ont gravement dégradé l’environnement et le cadre de vie dans la capitale Dakar notamment. Mieux, cette détérioration de l’écosystème heurte, à leurs yeux, la morale, car elle place nos dirigeants au cœur de la boulimie foncière qu’elle a créée. Ces organisations rappellent que la constitution adoptée par référendum en 2016 a consacré la souveraineté des populations sur les ressources naturelles et foncières, leur droit à un environnement sain. Elles réclament un audit de tous les bâtiments implantés sur le littoral du Sénégal et demandent au procureur de la République d’ouvrir une enquête.
Moody’s revoit à la baisse la note Ba3 du Sénégal…
Moody’s Investors Service («Moody’s») a procédé le 12 juin 2020 à une révision à la baisse des notes émises par le gouvernement du Sénégal en devises étrangères et locales Ba3 et ses notes senior non garanties en devises étrangères, d’après nos confrères de «Financial Afrik». Parallèlement, Moody’s a confirmé les notations d’émetteurs à court terme en devises étrangères et en devises locales du pays Not Prime (NP). Ainsi Moody’s place la note Ba3 du Sénégal en «révision à la baisse» à cause de sa participation à l’initiative DSSI du G20. La décision de revoir les notes du Sénégal pour révision à la baisse reflète…
Mort de «Baye Fall» dans l’incendie de sa cabane en Italie
C’est un décès qui fait débat en Italie. En effet, Mohamed Ben Ali, surnommé «Baye Fall», un Sénégalais âgé de 37 ans selon des médias et organismes italiens (d’autres disent qu’il est d’origine tchadienne), est mort carbonisé dans un incendie survenu dans une baraque en bois. Celle-ci leur servait de dortoir, d’après le site «Igfm». Migrant sans papier, il vivait dans une cabane en bois située dans le ghetto de Borgo Mezzanone, un bidonville construit par les ouvriers. Ils ont été surpris par les flammes au milieu de la nuit. Au petit matin, sa dépouille a été retrouvée carbonisée. L’incendie serait parti d’un feu allumé par les migrants pour se réchauffer du froid. Le coordinateur médical d’Intersos, une Ong italienne à stature internationale opérant dans l’humanitaire, Alessandro Verona pense que la mort de «Baye Fall» n’est pas une fatalité, mais la conséquence de la situation actuelle. Il explique que «Baye Fall» était contraint de vivre dans un ghetto du fait de l’exploitation du travail et surtout «du fait de l’hypocrisie des choix politiques qui continuent de ne pas reconnaître aux gens le droit d’exister et les obligent à être invisibles».
par Sidy Diop
BARATINEURS
Nous vivons, au Sénégal, dans une société de la célébration qui fête l’apparence et les raccourcis au nom d’un « Grand bégué national » que le nouvel ordre médiatique nous impose tous les soirs
Sommes-nous fâchés avec le sérieux ? Ou alors vivons-nous une époque qui sacralise une « insoutenable légèreté de l’être », pour parler comme Milan Kundera ? Une évidence. Il y a de moins en moins de profondeur dans nos acclamations et dans nos postures. Nous vivons, au Sénégal, dans une société de la célébration qui fête l’apparence et les raccourcis au nom d’un « Grand bégué national » que le nouvel ordre médiatique nous impose tous les soirs. Plus question de se prendre au sérieux, de défendre un ordre ancien qui privilégiait l’effort, le mérite, l’abnégation… C’est se prendre inutilement la tête. L’ordre ancien, nous dit-on, est mort avec les anciens.
Les nouveaux passeurs d’espoir, ceux qui « coupent les cordes du déshonneur », nous en mettent plein la vue dans le grand théâtre national qui met en scène les nouveaux codes du bonheur sénégalais. Pour compter dans ce pays, il faut être à bonne place dans le répertoire des spécialistes de la généalogie de notre mbalakh national, soigner sa mise avec minutie et distribuer des liasses de billets de banques dans les agapes musicales du samedi soir. Le nouvel ordre social porte Désormais en triomphe les baratineurs de tout acabit.
par Samuel Sene
POUR LA DÉFENSE DES INTÉRÊTS DU JOBASS
EXCLUSIF SENELUS - Il faut s’engager, prendre hic et nunc ses responsabilités pour faire entendre la voix de cette localité, qui repose sur une mine d’or : son potentiel humain. Il ne s’agit donc plus d’être amorphe ou stoïque
Sur l’hydraulique villageoise, ce n’est pas une faveur que les Jobassois demandent. Loin s’en faut ! Au contraire, ils veulent que l’Etat évalue tout le préjudice à eux causé par l’exploitation des deux plateformes hydrauliques de Notto-Ndiosmone-Palmarin et du PEAMU (Projet Eau et Assainissement en Milieu Urbain). Car, ils considérèrent que c’est un droit humain, donc leur droit qui a été sévèrement malmené, violé, bafoué, et qu’il est du devoir de l’Etat, de réparer sans délai et de manière proportionnelle, ce gravissime tort qui leur a été injustement causé. A dire vrai, nul n’est mieux placé que les Jobassois pour, en priorité, bénéficier des forages réalisés à partir de la nappe jalousement couvée et bercée depuis tant de décennies, par leur terre-mère si chère à leurs ancêtres. C’est une question de justice sociale, d’équité territoriale et de territorialisation des politiques publiques. Ou alors, ces termes forts seraient vides de sens, ou ne seraient que des slogans creux.
Rien n’est gagné d’avance. Pour sortir victorieux de ce noble combat, il est nécessaire de se parler entre Jobassois. Et ce dialogue qui ne pourrait qu’être bénéfique, s’impose. Il devient même urgent de bien se parler. Adversité ne devrait pas signifier animosité pour les jobassois. Ils peuvent être des adversaires mais pas des ennemis. Le sang les unit, la géographie les réunit. Les Jobassois peuvent et doivent discuter sans se disputer. Ils se doivent surtout d’éviter les injures et les invectives. L’injure, c’est l’arme du faible, apprend-on aux enfants. Le Jobassois abhorre les injures et a horreur des invectives. Tout juste parce qu’il est un homme d’honneur et de noblesse, un homme de valeur et de vertu. Au regard de la longue patience dont il a fait montre, il ne serait pas exagéré de dire, qu’il n’y a pas plus noble, plus authentique, plus reconnaissant et plus véridique que le Jobassois. Il est facile de constater que le Jobassois est accueillant, galant et élégant. Il se veut un exemple auquel se référer, un modèle à suivre et à imiter. Il refuse d’être un monstre revêtu de la peau d’un agneau pour mieux exploiter ses frères et sœurs. Il ne saurait répondre gratuitement à la provocation. Il refuse de descendre aussi bas pour ne point patauger dans les marécages de la bouffonnerie, de la bassesse, de la trahison et du parricide. Un Jobassois authentique ne saurait être un homme-caméléon et ne saurait non plus verser dans la prostitution politique. Il sait perdre et garder sa dignité comme il sait gagner dans la sobriété. Voilà pourquoi, il est indisposé, révolté face au comportement infamant de prétendus leaders. D’autant plus que pareil comportement versatile, irrespectueux et irrévérencieux le met dans une saine/sainte colère.
Aussi, tout intellectuel de la contrée, doit-il d’ores et déjà, se sentir investi d’une mission de protection et de sauvegarde des intérêts du Jobass. Il doit se lever contre tout prédateur foncier et se mobiliser contre tout dictateur-usurpateur. Faillir à cette mission serait se mettre du mauvais côté de l’histoire. Encore que l’intellectuel ne soit pas seulement l’instruit, le scolarisé, le diplômé. Ne sont-ils pas lésion, les instruits, les érudits et les diplômés Jobassois qui refusent de s’engager ? Par ce refus d’engagement, c’est comme s’ils faisaient fi des questions essentielles qui touchent et affectent gravement leur village, leur commune, leurs enfants, leurs parents ? L’intellectuel n’est-il pas plutôt ce visionnaire, ce leader qui œuvre inlassablement à rallier sa jeunesse, son peuple à la cause commune de la quête permanente pour le bien-être ?
Où qu’il soit et quoiqu’il fasse, l’heure est venue de se retrousser les manches et de se serrer les coudes pour mettre enfin le Jobass sur orbite et sur la rampe du développement. Il n’y a plus à attendre, il n’y a plus de temps à perdre. Il faut s’engager, prendre hic et nunc ses responsabilités individuelles et collectives pour faire entendre la voix du Jobass. Il ne s’agit donc plus d’être amorphe ou stoïque.
Un maire d’une commune rurale, sans doute charmé par la diversité et la pluridisciplinarité du capital humain jobassois, mais davantage plus conscient du potentiel réel encore inexploré/inexploité du Jobass, disait que s’il avait autant de cadres originaires de sa commune, il ferait des merveilles. Certes, un joli compliment mais aussi une pierre jetée dans le jardin des jaboissois pour les sortir de leur torpeur, leur tiédeur et leurs divisions/contradictions fratricides. A dire vrai, le Jobass repose sur une mine d’or : son potentiel humain. Un potentiel humain présent partout dans sphères de la fonction publique, dans le privé national et international. Mais un potentiel humain dont il faut humblement tenir compte à travers une démarche inclusive, participative et consensuelle, non seulement lors du débat d’orientation budgétaire, mais aussi à travers une table (dialogue permanent) de concertations, de réflexions et de propositions pour que les racines du développement durable puisent la sève nourricière qui irrigue tout le Jobass !
C’est presqu’une insulte que de voir que le Jobass qu’aucun parti ou coalition de partis ne peut perdre et gagner le département de Thiès, n’ait pas eu depuis le règne socialiste, des députés et des ministres issus du terroir. Une très longue injustice. Et encore, si le pouvoir central pouvait mieux s’appuyer sur ce potentiel immense et riche, pour d’une part bâtir le terroir du Jobass, et d’autre part développer toute la collectivité nationale.
Samuel Sene est Consultant-Formateur, Ecrivain-Chercheur
Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant
Le contexte est, plutôt, propice à l’introspection. Il m’a, au moins, confirmé une certaine incapacité à me passionner pour des sujets et des postures dont, manifestement, il est difficile de faire aisément l’économie. Connecté, comme tous ceux qui liront cette petite confession, à divers réseaux sociaux, je me sens, cependant, déconnecté de ce qui semble digne d’intérêt pour, probablement, le plus grand nombre. Je suis sur Facebook et sur Messenger, évidemment. Je suis sur Twitter mais totalement inactif. Sur WhatsApp, en dehors de mon répertoire, je suis membres de plusieurs groupes : trois groupes de recherches interuniversitaires, deux groupes de vieux amis de fac, trois groupes de camarades politiques, deux groupes de diplomates, et deux groupes très réduits d’amis tout court. J’ai aussi, en ligne, une famille, au sens de ma culture, c’est-à-dire celle de la parenté et au-delà, permanente et indéfinie. Autant dire que je nettoie constamment mon téléphone, parfois sans accéder à certains abondants contenus, pour sauver sa fonctionnalité. J’ajoute avoir suivi, depuis le confinement, beaucoup de webinaires méthodologiques et thématiques sur diverses questions. Je vis, enfin, en Île-de-France et je dispose, comme beaucoup, d’une télévision avec différents bouquets qui me lient aux informations continues du monde. Malgré cette hyper connexion, j’avoue être peu enthousiasmé par certains thèmes que je suis sensé maitriser et défendre en tant qu’entité, parfois, réduite au militant.
Militant, oui, je l’ai été sans aucun doute et je crois encore l’être car je n’ai toujours pas trouvé la moindre raison personnelle d’avoir honte de mes engagements passés et actuels, en dépit de la léthargie circonstancielle de la cause politique choisie et des condamnations tout azimut par contumace. D’ailleurs, la situation globale actuelle, imparable et confortable décharge pour les velléitaires, n’impose-t-elle pas à chaque chose, jadis digne de passion, une acuité secondaire ? Pour rappel, je suis, depuis onze ans maintenant, partisan d’une alliance politique doublement victorieuse, selon les règles de notre République. Élargie à une coalition d’une étendue et d’une longévité inédites, mon parti se retrouve, cependant, dans une expectative illisible et peu stimulante, sans que nos responsabilités dans ses structures soient interrogées. A chaque chose son temps, pour tordre le cou à l’expression populaire. La seule fébrilité que je peux reconnaître, aujourd’hui, s’apparente, parfois, à une sorte de compassion affectueuse et présomptueuse pour l’homme que j’ai choisi de soutenir, en l’occurrence Macky Sall, qui me semble, parfois, devoir faire face à de monstrueuses inconséquences sociétales, qui trahissent ses ambitions, que je sais grandes et nobles pour le Sénégal. Beaucoup de ceux qui ont, plus que d’autres, les moyens et la latitude de le soutenir et de le préserver officiellement, se montrent, jour après jour, peu entreprenants dans l’obligation d’être à la hauteur de ses promesses. Il doit être pénible de devoir répondre, en tant que Chef d’un État aux ressources fragiles, aux aspirations légitimes d’un peuple pris en otage par la démagogie contemplative d’une élite experte, prétentieuse et peu utile.
Sans remonter très loin dans le temps de l’actualité étatique et médiatique, je suis régulièrement interpellé, via les réseaux mentionnés, pour répondre à des griefs solidairement imputés. Le plus frais et le plus âpre concerne la décision de reporter la reprise des cours initialement prévue le 2 juin 2020. Devant le poncif de l’incompétence gouvernementale, les allégations souvent fallacieuses sur des abus et des privilèges aussi élevées qu’indues et la conclusion gratuite et simpliste d’un pays résolument à vau-l’eau, il y a peu de place pour un débat serein et constructif. Lorsque l’individualité est niée ou exclue de toute crédibilité du seul fait de sa supposée étiquette, l’idée, la pensée et le raisonnement pertinents deviennent potentiellement nuls et non avenus, à défaut d’être frappés d’antipatriotisme. Or, la légitimité à interroger ne devrait pas seulement être celle de nos situations ponctuelles d’énonciation. Il n’est pas certain, non plus, que le seul fait d’avoir un diplôme, d’être encarté politiquement, d’avoir une fonction étatique, d’avoir publié un bouquin ou de se considérer expérimenté soit synonyme d’expertise pluridisciplinaire. D’ailleurs, la plupart des sujets, qui mobilisent l’opinion, surtout virtuelle, dopée au discours du tout-venant, se passe de compétences spécifiques. Le verbiage partisan et l’intimidation ont imposé l’éthique et la morale, jamais bien définies et souvent démenties par des faits, comme seuls indicateurs. Il suffit de se tailler un autoportrait de digne patriote, engagé et compétent, de déployer un populisme ostentatoire et bon marché, pour prouver son attachement à la chose commune et aux causes justes.
Tout en essayant d’imaginer ce qui pourrait convenir aux batailles d’opinion sans substance véritable (à ce stade, je ne vois que ça !), où l’on peut perdre facilement une face non requise, je ne peux me résoudre, faute d’éléments autres que les insanités que charrie le web, à plonger dans une mare boueuse et sinueuse artificiellement agitée. Il en est ainsi de tous les sujets qui ont défrayé, ces derniers mois, la chronique. Avec la meilleure bonne volonté, j’ai été incapable de suivre régulièrement les points quotidiens du ministère de la santé et les avis très autorisés mais parcimonieux des médecins ; je piquais du nez devant les circonvolutions de l’éducation nationale et des autres ministères au-devant de la scène anti-covid, avant d’être achevé par les bégaiements sur la gestion des ressources du programme de résilience, notamment à propos du riz et de l’appui à la diaspora. Pourtant, que n’aurait-on pas gagné en sympathie avec une mise en œuvre diligente, humble et rigoureuse des généreuses mesures prises par le président de la République pour soulager les populations ? Il aurait juste fallu, à mon avis, un supplément de pédagogie : rappeler inlassablement aux Sénégalais, à l’instar de l’offensive publicitaire sur les gestes barrières, que, devant l’incertitude mondiale à durée indéterminée, un État comme le nôtre peut être parfaitement solidaire mais jamais durablement provident. Cela aurait, peut-être, atténué le fantasme d’un pouvoir indolent profitant grassement de la crise au détriment d’un peuple dont la précarité est exacerbée par ses insuffisances.
En face, les coups de boutoir de la dissidence messianique ne m’inspirent, non plus, aucune volonté de débattre. Je serais, là encore, incompétent et confus devant le partage compulsif de contenus mensongers, moralisateurs, voire diffamatoires dont aucune investigation ne peut venir à bout. Leur reproduction effrénée me fait songer au fameux « temps de cerveau humain disponible » de TF1, non pas pour vendre du Coca mais pour susciter une ambiance anxiogène propre, dans le cas du Sénégal, à jeter le discrédit sur l’exécutif. Je ne cherche pas à défendre les autorités et les fonctionnaires dont le plus talentueux et vertueux peut se montrer aussi blâmable que le politicien le plus nul et vicieux. Ma position éthique générale est celle contenue dans ce cri repris par Macky Sall en 2008 : « Il n’y a rien en l’homme qui ne soit couvert de dignité ». Sans jamais mettre sur la même échelle les imposteurs et les sincères, les coupables et les innocents, les bourreaux et les victimes ou encore les prédateurs et les proies, j’ai une empathie irrépressible pour tout humain livré à la vindicte populaire. La contradiction est flagrante car je suis tout aussi mal à l’aise avec l’impunité. Les nombreux sanglots publics ou intimes consécutifs à des affaires de mœurs, des accusations de faux et d’usage de faux, de malversation, de corruption et même de crime me hantent et me désespèrent. Du directeur de l’ISEG à l’ancien président du Tchad, en passant par le faux médecin Samba, le présumé faux-monnayeur Boughazelli et le respectable Diack actuellement en procès, les déboires m’inspirent un seul air : la version wolof par Youssou Ndour du très inclusif chimes of freedom de Bob Dylan. Cela n’entame en rien mon désir de lumière et d’équité sur notre littoral, que je partage avec le président de la République.
Toujours dans l’actualité, sans avoir de difficultés orthophoniques particulières, je ne suis pas encore en mesure de prononcer le terme « honorariat » d’une traite, sans bafouiller. Il en est de même d’Akilee, malgré son portail internet très ergonomique. Ces quelques exemples traduisent l’étendue de mes réticences argumentatives en matière de débats politiques nationaux. En lieu et place d’une surenchère plus efficace, je me perds toujours dans la définition de champs, d’espaces et de cadres méthodologiques. Non, je ne suis pas dans le déni de ce qui m’est présenté comme faits dignes d’attention et d’empoignades discursives ; je suis juste inapte à les prendre systématiquement pour argent comptant. Cette frilosité s’accompagne, curieusement, d’une imprudence relationnelle exceptionnelle. J’offre, en privé, mon estime, mon amitié, mes conseils et ma solidarité à vil prix ce qui m’oblige parfois, non sans amertume, à cohabiter avec des crapauds et des limaces sans que le divorce ne soit sans peine. Ma consolation, toutefois, est à chercher dans le temps long, qui a souvent rétabli dans leur droit la plupart de mes précautions et relativisé mes déceptions. Imparfait jusqu’à la moelle osseuse, il m’arrive, cependant, de poser mon genou à terre (moins de 8mn pour ne pas frimer !) et réclamer démagogiquement de la dignité pour tous. A notre époque de grande fuite en avant, l’incapacité à hurler avec les loups est un handicap que j’expérimente mais aussi un grand privilège comparable à celui des vrais artistes : la liberté de regarder son nombril et de prétendre penser pour panser les plaies du monde.